Etats-Généraux

130 Juin 1789. A demain l’élection de nouveaux Officiers. M. l’Archevêque de Vienne sera élu Président ; c’est une marque de la reconnaissance que la Nation doit au Clergé et au vertueux Prélat. Aux Etats de 1614, le Cardinal du Perron qui devait tout, dit Voltaire (Hist. du Parlement de Paris, p. 203) à Henri IV, intrigua, harangua dans les trois Chambres, pour empêcher que l’indépendance et la sûreté des Souverains ne fût établie par une Loi du Royaume. Il conspira contre la cause du genre humain. La terre entière, ajoute le Philosophe, devait élever sa voix contre le Cardinal du Perron.

2Aux Etats de 1789, la présidence sera sans doute toujours confiée à des Pontifes, qui ne tiennent à l’Eglise de Rome que par respect pour son antiquité ; à des Gentilshommes qui ne se regardent que comme des aînés dans le systême social, et comme les frères jumeaux dans l’ordre de la nature ; à de simples Citoyens dont les vertus attendent, de l’hommage du rang, le partage des prééminences.

3Beaucoup de protestations de Bailliages Nobles ont été déposées sur le Bureau avec leurs pouvoirs.

41^re. Les Députés du Poitou déclarent ne pouvoir participer aux délibérations, attendu que leurs mandats leur défendent de s’abstenir de l’opinion par Ordre.

52^e. A été présentée par le Baron de Montagu. On ne Marchande pas avec l’honneur, a dit le Député Limousin : il faut être d’accord avec sa conscience. Il paraît que M. de Montagu a l’esprit proverbial.

63^e. Faite par le Député Noble de Saint-Four, M. le Duc de Caylus. Ce nom me rappele le Comte fameux de ce nom, et le charmant Rondeau dont j’ai oublié l’Auteur, mais que nos Lecteurs pourront se rappeller. Elle finit : ne suis Caylus.

74^e. Du Comte de Montfort. – 5^e. D’un Député de la Noblesse du Nivernais. – 6^e. De la députation d’Amiens. – 7^e. De la députation de Bresse. – 8^e. D’un Député de Paris. – 9^e. De la députation du Périgord. – 10^e. De celle d’Amont. – 11^e. De Verdun. – 12^e. D’Évreux. – 13^e. Du Berry. – 14^e. Du bas Limousin. – 15^e. De la basse Marche. – 16^e. De Nemours. – 17^e. De Coutances. – 18^e. De Bigorre. – 19^e. De Bourgogne. – 20^e. De Castel-moron. – 21^e. De Besançon. – 22^e. De La Rochelle. – 23^e. De Bugey. – 24^e. De Limoux. – 25^e. De Clermont en Beauvoisis. – 26^e. De Sezanne. – 27^e. De Rodés. – 28^e. De la part du Marquis d’Ambly, Député de Rheims, qui a été vigoureusement contredit par le Marquis de Sillery, son collegue.

8On allait continuer la lecture des protestations, lorsque plusieurs motions ont donné le jour à l’Arrêté suivant, adopté à l’unanimité.

« L’Assemblée Nationale ordonne que les Pouvoirs mis sur le Bureau par MM. du Clergé et de la Noblesse, seront renvoyés au Comité de vérification, pour y être vérifiés et ensuite en faire le rapport à l’Assemblée ».
« Quant aux Actes également remis sur le Bureau par quelques-uns de MM. de la Noblesse, ils demeureront entre les mains des Secrétaires, pour être ensuite avisé par l’Assemblée ce qu’il appartiendra, après la vérification des Pouvoirs ».

9De Versailles. – L’on apprend avec un sentiment mêlé de douleur et de plaisir, que MM. les Gardes du Roi réfléchissant sur l’écart de service qu’on leur faisait faire, s’en sont plaint avec énergie par l’organe de deux de leurs Brigadiers. Que ces Officiers ayant été cassés le plus militairement possible par M. le Duc de Guiche, leurs camarades ont déclaré positivement, au nombre de plus de deux cents, que si on ne rendait pas le Corps à son service naturel, et leurs Brigadiers au Corps, ils remettraient la bandoulière. Ils se sont plaint, avec amertume, qu’on assimilât l’emploi de gardes de la personne de Sa Majesté à celui de Gardes de M. le Prévôt de l’Hôtel. Ils n’ont pas craint d’ajouter, que la Nation n’avait pas besoin d’être investie par des Troupes comme la Conciergerie du Palais Marchand ; qu’enfin, leur dévouement au Roi et à la chose publique ne méritait pas une humiliation aussi mortifiante que celle d’être ravalés jusqu’à faire les fonctions d’Archers de la Robe-Courte. Leurs représentations ont été jusqu’aux oreilles du Roi, et si on leur a rendu justice, en rendant à l’élite guerrière de la Noblesse Française ses Officiers, ils espèrent l’obtenir à l’égard de M. le Duc de Guiche.

10De Paris. – Les Grands se sont souvent plaint de l’inconstante faveur de la multitude, mais ne sont-ils pas injustes quelquefois ? Ne sont-ils pas comme les Dieux de la Chine que l’on promène ornés de fleurs, tant qu’ils donnent le temps qu’ils promettent, et qu’on couvre de boue dès qu’ils trompent l’atteinte qu’ils ont inspirée ? Nous avons vu M. le Duc du Chatelet, à l’Assemblée des Notables, demander, le premier, la représentation double des Communes. Son nom a retenti d’une extrémité du Royaume à l’autre ; les vates et les prosateurs se sont disputés l’honneur de le célébrer : depuis qu’il a succédé au Maréchal de Biron dans sa place de Tribun Militaire de la Légion des Gardes-Françaises, depuis que le Bailliage de Bar-le-Duc a consolé ce Seigneur des préférences que celui de Moret et de Melun a données à M. Freteau de Saint-Just, Magistrat ; l’opinion s’est resserrée, à son égard, comme la sensitive lorsqu’elle supporte sur ses feuilles pudiques, une colonne d’air trop pesant.

11Enfin, cinq Gardes-Françaises on été emprisonnés le 29 à la prison militaire de Saint Germain. Ils ont fait prévenir aujourd’hui le Public du Palais Royal, qu’on se proposait de les transférer, à la nuit, dans la prison de Bicêtre.

12On employait un tel excès de sévérité, dit-on, parce qu’ils avaient pris part à la joie publique, parce qu’on exigeait d’eux et de leur Régiment un serment nouveau, inutile ; parce qu’ils avaient témoigné, ainsi que leurs camarades, leur mécontentement de ce que l’on réformait le Dépôt du Régiment, à la formation duquel le Maréchal de Biron, si cher aux vieux Soldats, avait sacrifié ses plaisirs et sa fortune ; de ce qu’on voulait dépouiller de leurs priviléges leurs Sergens, seuls Officiers de fait, seuls supérieurs qu’ils connaissent bien, et qui parvenaient à l’Ordre Militaire de Saint-Louis : de ce qu’on appliquât une partie des fonds destinés à la subsistance du Soldat, à l’achat de nouveaux uniformes.

13Ces plaintes ne sont peut-être pas exactes ; vraies ou fausses, elles ont été répandues dans le Public, et n’ont pas peu contribué à décolorer l’opinion prise à l’égard de M. le Duc du Chatelet ; il ne tient qu’à lui, si son cœur est pur, de la rétablir.

14L’avis donné par les cinq prisonniers, exalta facilement des têtes déjà préoccupées. On proposa d’aller les reclamer du Colonel ; cet avis fut aussi-tôt repoussé que proposé. On envoya vers les détenus pour être certain du motif de leur captivité. Les Députés revenus, vingt mille personnes sortant avec précipitation du Palais Royal, enveloppèrent, comme un tourbillon, les individus qui se trouvèrent à leur passage. Cette masse, plus serrée par le nombre que par l’intérêt qu’elle avait de ne se pas désunir, se présente à la porte de la prison de l’Abbaye, et enfonce, par la puissance irrésistible de son choc, le bois, le fer et l’airain. Les cachots sont forcés, les prisonniers enlevés, portés en triomphe, et déposés sous la sauve-garde publique dans un appartement du Palais Royal, du côté de la grande allée. La force militaire se rassemble lorsque la force civile a exécuté son projet, et des Dragons n’arrivent dans la rue Dauphine que pour être témoins de la joie publique, et remettre leurs sabres luisans dans leurs fourreaux. Le fameux Baron de Trenck, qui est dans la Capitale, a ressenti le plus grand plaisir en apprenant que beaucoup de Militaires avaient profité du bonheur de cinq Gardes-Françaises. Nous craignons que l’aristocratie ne regarde le coup-de-main, comme une occasion favorable de calomnier le Peuple.

15Les volontaires patriotes ont député à Versailles, pour demander la liberté des otages.

16L’autorité paternelle aurait bien tort de s’effaroucher de ce léger mouvement convulsif. L’usurpation aristocratique sentira seule tout ce qu’il signifie ; elle mettra tout en œuvre pour exténuer la vigueur populaire, mais elle n’y réussira pas. Faisons la rire : qu’elle se mette bien dans la tête que c’est le Carnaval de Venise.

17Premier Juillet. – Les vingt Députés des Communes de Paris ont demandé à l’Assemblée Nationale, par l’organe de son Président, qu’elle voulût bien s’occuper des moyens nécessaires de rendre le calme à la Capitale, et de procurer une liberté légale aux Gardes Françaises.

18MM. Freteau, Mounier, de Clermont-Tonnerre, ont représenté que la discipline militaire et la surveillance de la sûreté publique ne pouvaient dépendre des Etats-Généraux, qui n’avaient que le pouvoir législatif : que ces deux objets, en conséquence même des charges des Cahiers, appartenaient pleinement au pouvoir exécutif, et regardaient la justice distributive.

19M. Desmeuniers, Député de Paris, a observé que des Députés de l’Assemblée Nationale pourraient calmer, par leurs prières, l’agitation de la Capitale. – M. le Prince de Poix a combattu le préopinant, en soutenant que cette affaire étant purement militaire, devait être jugée suivant les Loix militaires. Plusieurs Membres de la Noblesse l’ont étayé, en disant que la Députation proposée par M. Desmeuniers serait une entreprise sur la puissance exécutrice, si elle avait lieu sans son consentement. Des Membres des trois Ordres se sont élevés contre ce paradoxe. MM. de Mirabeau, Target, Camus ont fait aussi des propositions. On allait aller aux voix, lorsque M. le Chapellier a demandé la parole. Après avoir posé en fait que l’origine des émeutes de Paris avait sa source dans le coup d’autorité porté aux Etats-Généraux dans la Séance Royale, il a proposé de nommer six Députés, à l’effet de conférer avec le Ministère des moyens d’appaiser l’agitation de Paris. Il a trouvé des opposans ; et après six motions, et d’après celles de MM. Target et de Boufflers, l’Assemblée a pris l’Arrêté suivant.

« Il sera répondu par M. le Président aux envoyés de la Capitale, qu’ils doivent reporter dans cette Ville le vœu de la paix et de l’union, qui seul peut faciliter les travaux auxquels va se consacrer l’Assemblée Nationale ».

20La déclaration suivante sera imprimée et affichée.

« L’assemblée Nationale gémit des troubles qui agitent la Capitale. Elle déclare que la connaissance des affaires qui y sont relatives appartient uniquement au Roi. Les Membres ne cesseront de donner l’exemple du plus profond respect pour l’autorité royale, de laquelle dépend la sécurité de l’Empire. Elle conjure donc le Peuple de la Capitale de rentrer sur le champ dans l’ordre, et de se pénetrer des sentimens de paix qui peuvent seuls assurer les biens infinis que la France est prête à recueillir de l’Assemblée libre des Etats-Généraux, et auxquels la réunion volontaire des trois Ordres ne laisse aucun obstacle ».
« Il sera fait une Députation solemnelle à S. M., pour invoquer sa clémence en faveur des personnes qui pourraient être coupables, l’instruire du parti pris par l’Assemblée, et la supplier d’employer pour le rétablissement de la paix, les moyens infaillibles de douceur et de bonté si naturels à son cœur, et dignes de la confiance que mérite son bon Peuple ».

21Cette émotion populaire a causé un grand bien, celui d’exprimer légalement l’esprit des Etats-Généraux sur l’étendue du pouvoir exécutif, et sur la compétence du pouvoir législatif. Voilà les Aristocrates encore bridés de ce côté ; ils ne pourront plus insinuer que l’Assemblée Nationale tend à dépouiller la Royauté. Mais de ce que M. Desmeuniers a dit qu’il savait que le pouvoir législatif seul résidait dans la Nation, ils ont méchamment induit que les Etats-Généraux pensaient que l’autorité exécutrice ne coopérait point aux actes de la puissance législative ; que par conséquent, suivant le système qu’ils leur prêtaient, le Roi n’étant que le Magistrat et le Capitaine suprême de l’Etat, ne pouvait se refuser d’exécuter un Décret émané de la Nation. Les gens instruits, ceux qui sont animés des vrais principes, répondront aux Aristocrates de manière à les bourrer encore ; mais ces MM. sont comme les Seigneurs Russes, ils se font une habitude, et je crois un honneur du knoutt.

22Une Députation de seize Membres, présidé par M. l’Archevêque de Paris, est partie pour le Château.

23Les protestans de la Noblesse ont délibéré aujourd’hui ; on en augure bien. Mais soyons toujours en garde, on ne s’est pas senti de force pour nous combattre en rase campagne, et l’on nous attend au passage d’un défilé. Des troupes arrivent ; il semblerait que l’on veut nous donner une idée du siége de Paris, par Henri IV Des canons, des mortiers, des caissons de boulets et de cartouches sont, dit-on, un simulacre de respect que l’on veut opposer à la fougue populaire, et à des explosions que préparent des émissaires secrets de l’Angleterre. Cepandant, je vois à la joie qui éclate ou qui perce sur certains visages mitrés et casqués, que cet appareil militaire ne nous promet rien que de sinistre. Ce cordon de troupes dont on nous environne avec tant d’ostentation, se circonscrit dans quelques lieues quarrées, et il faudrait si la Nation qui en occupe quarante mille, venait à croire qu’on veut la faire mettre aux fers par le pouvoir militaire, pour la soumettre plus facilement au joug aristocratique, qu’on pût placer autant de Hussarts et de Dragons qu’il y a d’arbres dans l’étendue. Mais où trouver un nombre suffisant de Chasseurs-féodaux ? dans le nombreux et brillant Etat-Major de l’armée et des villes ouvertes de l’intérieur.

2 Juillet – Réponse du Roi à la Députation de l’Assemblée Nationale

« Je trouve votre Arrêté fort sage ; j’approuve les dispositions de l’Assemblée des Etats-Généraux, et tant qu’elle continuera à me marquer de la confiance, j’espère que tout ira bien ».

24Cette réponse a excité les cris de vive le Roi. L’Auteur d’un Journal supérieurement rédigé, qui a pour titre Assemblée Nationale, s’extasie sur les mots : tout va bien. Mais il n’a pas fait sentir qu’ils étaient précédés de ceux-ci : tant qu’elle continuera à me marquer de la confiance. Nous croyons y découvrir un reste d’affliction et un épanchement de bonté. O ! mon Roi, quand votre cœur porta cette réponse sur vos lèvres, il se ressouvenait encore des insinuations perfides de vos Courtisans ; en obéissant au penchant de cette bonté qui fait votre caractère, il était affecté d’amertume. Eh ! mes chers enfans, pourquoi manquez vous de confiance dans votre père ? Je ne cesse, depuis que je suis sur le Trône, de la desirer. Aidez-moi dans la recherche du bonheur que je veux trouver avec vous, Tout ira bien, je m’unirai à ce que vous voudrez faire, j’approuverai ce que vous desirerez, pourvu que la defiance de mon Peuple ne l’éloigne pas d’un pouvoir dont je ne veux faire usage que pour le rendre heureux. Il connaît mon caractère, il rend justice à la pureté de mes intentions ; et quoiqu’on m’en ait dit, j’aime à croire qu’il se repose sur la probité de son Roi. Je suis affecté, non par les soupçons qu’on s’efforce chaque jour de m’inspirer, mais de ce que des gens fassent entre le père et la famille, le lâche métier de les désunir. Ma clémence se refuse à les punir ; que votre miséricorde leur épargne encore le supplice de l’opinion.

25Voilà j’imagine les idées qui se sont présentées à l’esprit du Roi lorsqu’il a déterminé sa réponse. Voici celles que je démêle dans l’âme de ses fidels Sujets, lorsqu’elle s’ouvre aux doux sentimens de la reconnaissance ; du moins elles filtrent leur baume dans mes sens ; j’aime mon Roi comme j’aimerais une épouse à laquelle je devrais l’honneur, l’existence, la paix et la félicité. Je ne l’en chéris que davantage encore, depuis que de faux amis ont vainement tenté de la séparer de moi ; fais ma divinité, parce qu’une compagne vertueuse, belle et tendre, ressemble aux Dieux humains, aux Rois bienfaisans.

26N’écoutez pas, Sire, les paroles qui sortiront de la bouche d’intriguans intéressés et avides de sang. Elles prêtent à vos Peuples une satisfaction qu’ils n’éprouvent pas, ou un mécontentement qu’ils n’ont pas ressenti. N’essayez point de les prendre à mentir, car le mensonge n’a laissé dans eux aucune place à la vérité, aucune retraite à la pudeur, aucune ressource au repentir. Quand vous éprouverez le doux, l’honorable besoin de connaître le vœu de vos Sujets, percez cette foule de mauvais génies qui vous tiennent prisonnier dans votre Palais ; venez étendre des bras d’amour et de liberté sur la Nation ; interrogez les sentimens des Peuples sur les visages expressifs de leurs Représentans, et vous connaîtrez enfin la vérité !

27L’Assemblée, divisionnée en trente bureaux, d’après le régime adopté, allait se mettre en activité pour nommer ses Officiers, lorsque M. de Cucé de Boisgelin, Archevêque d’Aix, a dit hautement qu’il ne se retirerait pas. Il comptait sans doute sur un appui dans la minorité de son Ordre ; mais M. Petion de Villeneuve a observé, que ce ne sont pas des Membres ligués qui peuvent usurper la puissance du Corps ; qu’au Corps seul appartenait le pouvoir d’imposer la loi du mouvement à ses Membres. M. de Mirabeau a demandé s’il était possible de donner acte de réserves aussi inconvenantes que celles de M. de Boisgelin et ses adhérens.

Sans préjudice du droit qui appartient au Clergé de s’assembler et de voter séparément, droit qu’ils ne veulent ni ne peuvent abandonner pendant la session des Etats-Généraux, et qui leur est conservé par les articles de la Déclaration du 23 Juin.

28Pour vérifier si la minorité protestante du Clergé, aux Etats-Généraux, n’a pas suivi un plan tracé depuis long-temps, et adopté par le très-haut-Clergé et la très-haute-Noblesse de Bretagne : voyez leur Délibération du 17 Avril dernier, N° 55, page 875. Le Clergé de Languedoc déclarait alors subordonner ses Déclarations et renonciation à la décision de la Chambre du Clergé de France, qui serait aux Etats-Généraux. lb. p. 871.

29MM. de Clermont-Tonnerre, du Galant, Mounier, le Grand, Bailly, ont successivement fait sentir à M. l’Archevêque d’Aix, l’indécence des réserves des Freres Mineurs que M. de Mirabeau a dévoilé dans son Discours ; M. de la Borde de Mereville a fait voir qu’on avait substitué au travail convenu, une occupation qui lui était étrangère ; il a proposé de s’assembler en Bureaux, ce qui a été reçu unanimement. L’accord a été le même pour ne juger les protestations et réserves, qu’après la vérification des pouvoirs. Monsieur l’Archevêque d’Aix et son escouade n’ont pas eu la journée pour eux ; mais avec de la persévérance et de la ruse, on peut prendre sa revanche, il sera une autre fois moins obscur, plus méthodique et plus concis ; et sans doute qu’il sera convaincu que les sanglots, les larmes, les hocquets douloureux, le râle de l’affliction ne paraissent, à la gravité d’une Assemblée Nationale et logicale, que des vapeurs et des palpitations de petite maîtresse sur le retour. Cependant, sans quelque gouttes d’ether que M. l’Archevêque de Vienne a fait prendre à propos à son confrère Boisgelin, il est certain que M. de Mirabeau le pistonait dans sa machine pneumatique, où plus d’un téméraire parleur a perdu le mouvement.

(La suite au N^o prochain).