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Aux origines idéologiques de la Révolution

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Roger Dupuy

Le Héraut de la Nation (No 15 à 22)

N° 22. Le Héraut de la Nation sous les auspices de la patrie

Mangourit

Texte intégral

Suite des Nouvelles de Rennes du 2 Février

1CE même jour, MM. les Etudians en Médecine ont pris l’Arrêté, dont l’extrait suit.

« Nos ennemis cherchent à nous ravir le plus bel attribut de notre être, la liberté : le sang de nos Concitoyens et de nos frères vient de couler sous leur glaive meurtrier ; et tous ces actes de despotisme sont exercés, consommés sous le règne et contre les intentions du plus juste des Rois ! Toi, digne émule des Colbert et des Sully... toi dont la tombe sera arrosée des pleurs de nos arrière-neveux ; illustre Necker... n'aurais-tu donc commencé le grand ouvrage de notre liberté... que pour le voir aussi-tôt s’écrouler » !...
« Remplissons avec honneur le devoir sacré de l’homme ; et s’il est écrit que la liberté doive périr, mourons du moins avec la douce consolation d’avoir tout tenté pour la sauver ».
« D’après ces considérations, il a été arrêté... que tous se tiendraient prêts à partir au premier signal, pour voler au secours de nos frères les Rénais... Qu’on réputerait lâche et infâme quiconque d’entre nous oserait être réfractaire audit Arrêté... Protestons et jurons de partager le sort que pourrait subir l’un de nous, quel qu’il puisse être ; protestons d’avance contre tout Arrêt tendant à annuller les résolutions par nous prises, et qui taxerait de sédition les démarches que le patriotisme nous suggère ».

Extrait d’une Lettre de Rennes, 4 et 5 Février

2Les Députés des villes, formant les Représentans du Tiers aux Etats, se sont assemblés à l’Hôtel-de-Ville, cette après-midi, avec les Représentans des Corporations, et quelques autres chargés des procurations d’un grand nombre de Paroisses de la campagne. Parmi ces derniers, il y avait même plusieurs Curés, et voici l’Arrêté tel qu’il vient d’être pris.

« L’Assemblée délibérant, a déclaré unanimement persister dans les résultats des délibérations prises à l’Hôtel-de-Ville de Rennes, des 22 au 27 Décembre dernier, (voyez les Nos 3-4) et attendu que, suivant l’article 2 de l’Arrêt du Conseil du 20 Janvier 1789, les Membres qui la composent ne sont autorisés à se réunir à l’Hôtel-de-Ville de Rennes, que pour se concerter sur les propositions qui pourront être faites aux Etats, relativement aux plaintes et aux intérêts du Tiers-Etat de Bretagne, l’Assemblée déclarant sa mission remplie a arrêté de cesser toutes séances ultérieures, et néanmoins de supplier de nouveau Sa Majesté, de vouloir prononcer incessamment sur les réclamations du Tiers-Etat de sa Province de Bretagne. Au surplus, a arrêté que copie de la présente sera imprimée et adressée à toutes les Villes et Paroisses de la Province, à la suite du cahier des charges des 22 au 27 Décembre dernier ».

3M. le Comte de Thiars avait inutilement fait notifier, par l’un des Officiers de ses Gardes, aux Députés des Corporations, n’ayant pas, aux termes de l’Arrêt du Conseil du 20 Janvier dernier, voix délibérative, de se retirer de l’Assemblée.

4Aujourd’hui 5, M. le Commandant instruit de l’Arrêté de la veille, et que les Membres du Tiers se préparaient à retourner dans leurs foyers, leur a fait notifier un ordre du Roi, qui leur défend de désemparer jusqu’au retour d’un Courier expédié en Cour.

5P. S. Nous craignons que les témoins entendus pour les affaires du 26 et 27, ne compromettent plusieurs des nôtres, et même notre Chef ; (c’est le Conseiller aux Requêtes qui nous écrit). Les Juges Présidiaux mettent la plus grande activité. Quatre dentr’eux entendent les témoins. MM. le Marchand, Desrieux, Bouvier et Foumel ; deux autres Commissaires pour le rapport des Procès-verbaux, sont MM. Reslou et Denouai ; mais nous doutons fort que ces Officiers soient assez instruits et assez intelligens pour mettre leur procédure en concurrence avec la nôtre.

6Rennes, 7 Février. La Jeunesse de Nantes, après avoir renouvelé son alliance avec celle de Rennes, est partie, emportant avec elle les regrets et la reconnaissance. Tous ces Jeunes-gens se sont comportés avec une sagesse admirable. Trente Rénais ont été reconduire leurs braves camarades, et passer quelques temps avec eux, tandis que pareil nombre de Nantais restent ici comme otages de la concorde fraternelle. Les partans ont payé les dettes de M. Omnes et lui assurent l’avenir le plus heureux, dans l’éloignement du siége du Sénat Breton, et dans le sein de la bienfaisance hospitalière. Voici le discours que le Chef des Nantais a adressé à la Jeunesse de la Capitale.

Chers amis, braves Rénais.

« Le calme est rétabli, et vous jouissez, à l’abri de vos lauriers, d’une paix que nous desirons être perdurable ».
« Heureux si nous eussions pu partager avec vous l’honneur que vous ont mérité les mémorables combats que vous avez si noblement soutenus ! La Postérité frémira d’horreur, quand elle apprendra les noirs complots de vos ennemis ; elle lira avec attendrissement que vous fûtes justes et vainqueurs. Déjà la renommée a publié votre gloire, et vous prouvez à tout l’Univers que si la valeur fait le Héros, le cœur fait le bon Citoyen : nous voilà maintenant unis par la vie ; et la Nature, qui semble s’élever au dessus de ses forces, a resserré les liens qui nous attachaient à vous ».
« Recevez donc, au nom de tous vos amis, et particulièrement des Nantais, les sentimens de l’amitié la plus pure, de l’estime la mieux méritée et de la reconnaissance la plus vive qu’ils vous doivent, qu’ils vous témoignent, et dont, dans tous les temps, il sera doux pour eux de vous donner des preuves ».
« Recevez pour gage de leur promesse, leurs cœurs qui vous restent, quand ils sont forcés de se séparer pour aller dans leur Patrie chanter vos louanges, et faire retentir la Bretagne du bruit de vos belles actions et de vivent les Rénais ».

7Que l’on ôte à ce discours l’écorce de la civilisation, on y verra le type de l’éloquence mâle de la Nature ; éloquence de ces Nations de l’Amérique douces, mais guerrières, appelées par de paisibles Hurons, contre des tribus antropophages et carnacières.

8La perfidie, les noirceurs sont si étrangères au cœur de l’homme, que dans le siècle le plus dépravé, vous voyez, au seul récit de leurs odieuses trames, tous les individus se réveiller de leur langueur, reprendre le caractère primitif et restituer à l’Histoire les temps héroïques. La Jeunesse sur-tout, plus capable de recevoir les grandes impressions, se rassemble par les triples liens de la vengeance, de l’honneur et de la générosité. Les vertus d’instinct, unies aux vertus de police, donnent alors à l’homme civilisé la plus grande élévation sur l’homme sauvage.

9Ne craignons plus les hasards de la guerre, avec une Jeunesse qui se réunit au seul nom de Patrie. Père bienfaisant de tant de Peuples, ce ne sera ni avec les bannières de tes Chevaliers, ni sous le labarum de tes Pontifes que tu triompheras de tes ennemis... Invoque la Patrie ; et toutes les Cités de ton Empire, tous les Habitans des Campagnes dont tu dores les épis par ta bienfaisance, te répondant par le cri universel de Louis, environneront ta personne de la Jeunesse la plus brave et la plus généreuse : cum hoc signo vinces.

10Trois pensées seront les sources de ton triomphe et de leur gloire. L’amour de la Patrie pour se rassembler, ta présence pour terrasser ; les vertus de ton épouse pour accorder la vie aux vaincus, et pardonner.

11Ce ne sera plus aux caprices ou aux besoins de l’Europe, que le Français devra le premier rang ; mais à la circulation directe et durable des vertus, du centre du Royaume à ses extrémités. Le dernier de tes Sujets sera ton fils, et sûr d’arriver à toi sans obstacle, si ceux qui déshonorent ta puissance lui en font une nécessité ; plus sûr encore de n’être plus comme autrefois dépouillé sur la route par des compagnies de brigands, il déposera dans ton cœur paternel l’outrage qu’on lui fait en profanant ton nom ; tu le vengeras toi seul de l’oppression qu’il aura soufferte ; car ta justice n’aura plus besoin d’être secondée : les Auxiliaires stipendiés ont dans tous les temps passé pour mauvaises troupes... N’est-ce pas au sein de la bonté que l’on est sûr de trouver la justice ?

  • 1 La ville de Nantes devrait ériger une statue au Citoyen Cottin, pour que la postérité n’oublie jama (...)

12Nantes, 3 Février. La grande Municipalité, assemblée aux fins de l’Arrêt du Conseil d’Etat, qui permet aux Habitans des Communautés qui ont droit de suffrage aux Etats, de choisir, chacune selon ses formes et usages, des Représentans en nombre double ; les Députés de la Chambre-des-Comptes et du Chapitre absens, MM. Cottin, Jarry, Giraut et Guinebaut ont été élus ; le premier (Secrétaire du Roi) sans que sa nomination puisse tirer à conséquence, et cette fois seulement, en considération de son zèle et de son dévouement pour la cause du Tiers-Etat1 l’Assemblée a chargé, tant ses Députés ordinaires que ceux nommés par la présente, de persister dans le cahier de charges du Tiers-Etat, du 22 au 27 Décembre dernier ; les autorisant, néanmoins, à adopter ce qui sera adopté sur le tout, à la pluralité du Tiers-Etat, et à délibérer sur les demandes du Roi, etc.

13Rennes, 8 Février. Connaissez-vous l’Homélie aux Plébéiens, dont le texte est tiré du pseaume : Dirumpamus vincula nostra, et projiciamus à nobis jugum ipsorum.

« Que doit-on penser de la conduite de l’Eglise et de la Noblesse depuis l’ouverture des Etats ? Que penser de celle du Parlement ? Voilà la division ».
« Ave, Maria-Antonia gratiâ plena, populus tecum, benedicta tu ; voilà l’invocation ».

14Après avoir amené la pensée de l’Auditoire sur l’objet de la première division, le Missionnaire s’exprime ainsi :

« Vous n’ignorez pas, mes frères, la résolution que les Nobles ont prise de ne pas députer aux Etats-Généraux, et de regarder comme infâme tout Gentilhomme Breton ou Français qui osera s’y présenter. Infâme... ! ne dirait-on pas que ces Aristocrates ont exclusivement à leur disposition le tonneau de l’infamie » ?
« Mes frères, je me suppose Roi de France pour un moment. Si après avoir envoyé mes Lettres de Convocation pour la tenue des Etats-Généraux, les Membres de la Noblesse ou du Clergé de quelque Province refusaient d’y députer, voici à-peu-près le langage que je leur tiendrais » :
« O vous ! qui n’étant pas assez généreux pour sacrifier des priviléges qui grèvent mon Peuple, refusez de vous rendre aux tendres invitations de votre Souverain ; êtres inutiles, fardeau de l’Etat, séparez-vous, j’y consens, du reste de la Nation : assez d’autres sans vous concourront à mes vues bienfaisantes. Non, votre absence n’apportera aucun obstacle à la tenue de mes Etats-Généraux. Je vais m’entourer des Membres de la Noblesse et du Clergé, que l’amour de la Patrie a disposés d’avance à tous les sacrifices, et de tous les Représentans d’un Peuple que je chéris, et qui m’aime. Je ne puis sans votre consentement, je le sais, vous faire contribuer à la dette Nationale ; je n’attends de vous aucun secours : je les dédaignerais désormais, s’ils m’étaient offerts. Je vais supprimer tous les dons, pensions, et gratifications dont peuvent jouir les Nobles et les Ecclésiastiques des Provinces qui refusent de députer aux Etats-Généraux... Quant aux graces à venir je les en exclus à jamais... Des Citoyens aussi peu attachés au bien général, ne sont pas dignes d’être les Pasteurs de mon Peuple, et ne méritent pas l’honneur d’être en chefs les défenseurs de la Patrie. Ces sublimes emplois seront réservés à ceux de toutes les classes qui se seront distingués par leurs vertus, leurs talens et leur attachement à la chose publique : je ne suis pas le maître de vos propriétés, mais je le suis de mes bienfaits ».

15Dans la seconde Division, on a beaucoup goûté ce morceau.

  • 2 La veille du jour où les Trésoriers de Paroisse devaient comparaître au Palais, un Conseiller du Pa (...)

« Quoi ! MM. du Parlement... – vous que le Peuple se félicitait d’avoir recouvrés... vous qui connaissez si bien l’esprit du droit public... est-ce bien sérieusement que vous avancez qu’une poignée de Citoyens, qui n’est pas du choix du peuple, a le pouvoir de le représenter2 ?... osez à présent vous nommer les pères du Peuple » !
« Dites plutôt que, de concert avec la Noblesse, vous cherchiez à étouffer ses plaintes. Eh ! qu’ont nos Assemblées de plus répréhensible que celles qui, depuis un an, ont été tenues par la Noblesse ? Qu’ont-elles de plus criminel que celles qui ont été faites par le Parlement, dans les temps orageux ?... Si vos Assemblées étaient permises, les notres le sont aussi. Est-ce bien vous qui osez les défendre » ?...
« Ingrats !... avez vous oublié le tendre et vif intérêt que nous avons pris à votre sort, et que ces mêmes Citoyens, dont vous proscrivez aujourd’hui les Assemblées, vous ont fait un rempart de leurs corps pour protéger les votres » ?
« O ! Peuple, a dit Jean-Jacques, que ton sort est à plaindre ! Elèves-tu la voix ; tes cris sont étouffés : et tel-est ton malheur, que tes justes réclamations sont toujours traitées par les Grands et les Puissans, de cris de faction et de clameurs séditieuses ! »

Parlement de Bordeaux

16Le 23 Janvier cette Cour, Chambres assemblées, a adressé une Lettre au Roi pour se plaindre de la suspension, ordonnée par Sa Majesté, de l’exécution d’un Arrêt à intervenir sur la tête d’un accusé « d’avoir, en complicité de plusieurs autres, attiré un Horloger de Bordeaux dans une maison écartée et louée pour exécuter des forfaits ; de l’avoir assassiné en plein jour, traîné dans une cave souterraine, dépecé ses membres, de les avoir entassés dans une fosse d’aisance, et d’avoir jeté sa tête dans un puits ; de s’être transporté ensuite dans la maison de l’homicidé, et d’avoir enlevé son argent, ses montres et ses effets ».

17Que ce soit en plein jour ou en nuit pleine, que Benoît ait perdu la vie, que son corps ait été traîné dans une cave souterraine ; que l’on ait jeté ou entassé ses membres dans des latrines, ces circonstances n’ajoutent que de l’horreur à l’atrocité de l’assassinat caractérisé par la perfidie, la cruauté, et la rapine. Les premiers Juges, auxquels le Parlement reproche la lenteur dans l’instruction du crime, condamnent les accusés aux derniers supplices. Un seul était resté pour gage à la vengeance publique ; le Parlement se préparait à la satisfaire. Au mépris de l’art. 195 de l’Ordonnance de Blois, et de l’Edit de Novembre 1759, les protecteurs de l'aneau obtiennent, par obsession, une défense au Parlement de s’occuper du procès.

18Cette Cour, en portant ses doléances au pied du Trône, rappelle au Ministère, qu’en 1785, un accusé de parricide avait de même obtenu une Lettre de sursis à l’exécution de son Arrêt. « Votre Majesté, dit-elle, de concert avec les Etats-Généraux, fera sans doute disparaître et l’inégalité des peines et l’injustice des graces... Elle pesera dans sa sagesse, si les procédures doivent être profondément secrettes, si les malheureux, dans les fers, peuvent se faire aider d’un conseil, et si dans tout le cours de l’instruction ils peuvent présenter à leurs Juges les preuves de leur justification ».

« Mais, Sire, afin que les Etats-Généraux produisent tout le bien que l’on a droit d’attendre d’une Assemblée aussi auguste, il faut que la confiance, la concorde et la paix règnent au milieu de ses Membres... Le plus beau droit des Officiers de votre Parlement, c’est de pouvoir demander à votre Majesté de supporter, de la manière la plus égale, les contributions et les charges publiques. Sans préjugé, comme sans passion, votre Parlement, Sire, desire avec ardeur la réformation des abus qui se sont glissés dans toutes les parties de l’administration ».

19Sans préjugé, comme sans passion... cette profession de foi des Chambres assemblées du Parlement de Bordeaux, va inspirer la confiance la plus entière aux Bretons. La connaissance des scènes tragiques passées à Rennes les 26 et 27 Janvier dernier, est attribuée, par évocation et à la sollicitation du Parlement de Bretagne, à celui de Bordeaux, et l’on a tout à espérer des Magistrats qui viennent de donner la preuve de leur impassibilité et de leur sagesse.

Notes

1 La ville de Nantes devrait ériger une statue au Citoyen Cottin, pour que la postérité n’oublie jamais son patriotisme et sa vertu.

2 La veille du jour où les Trésoriers de Paroisse devaient comparaître au Palais, un Conseiller du Parlement disait à un Gentilhomme : « Nous avons arrêté de mander à la barre de la Cour les Trésoriers des Paroisses ; s’ils obéissent, la victoire est certaine ; dans le cas contraire, nous sommes F*****.
« On sait qu’un Magistrat célèbre par ses préjugés et par son zèle fougueux pour tout ce qui tient à la Noblesse, M. Loz de Beaucours, Avocat-Général du Parlement, s’oublia jusqu’à dire à la Chambre de Lecture, à-propos des demandes du Tiers-Etat, il faudra donc jouer du couteau ! (Apologie du Tiers-Etat, page 5) ».
« Par une suite du plan du Chevalier de Guer, exprimé dans ses Lettres, on a vu des Nobles, tantôt menacer ouvertement les Marchands et les Ouvriers de la ville, de se retirer à la campagne et de ne les plus faire vivre ; tantôt les plaindre affectueusement de cette désertion combinée ; tantôt supprimer les aumônes pour faire crier les mendians ; tantôt les plaindre avec un air de bonté et de commisération ; nous partagerons avec vous tant que nous aurons ; mais nous ne pourrons plus vous donner quand le Tiers-Etat nous aura dépouillés. (Ibidem) ».
« On a vu des Nobles, et même un Magistrat, applaudir, par un rire insolent et traître, aux assassins par eux soudoyés, insulter avec ce sang-froid qui fait frémir des victimes sans défense. – Bon ! cela commence à prendre couleur, disait l’un. – Courage ! disait l’autre. – Il en est qui arrêtent les Jeunes-gens par les bras, comme pour les empêcher de commettre des violences, et qui les laissent battre en même-temps par leurs valets. Celui-ci voit son domestique, l’appelle par son nom, en criant : Qu’est-ce que tu fais ? Et le valet répond : ce que vous avez commandé. (Ibid. p. 12) ».
« M. de Ksalaun, Doyen de la Cour, dit au sieur Martin, Procureur au Présidial, qu’il était un séditieux ; que s’il ne se retirait pas sur le champ, il allait le faire punir. Vous pouvez me faire prendre par vos satellites et assommer par vos valets, répondit le Procureur ; mais ce que vous me dites-là est une horreur. (Ibid. p. 13 et 14) ».
Les valets de M. Loz de Baucours ont menacé de tuer M. Bidard à son retour ; leur maître, forcé d’avouer ces menaces, a dit qu’elles avaient été faites en badinant. M. de Beaucours et M. Bidard logent dans le même hôtel. (Ibid. p. 16).
Katry qui de ses fenêtres à travers les jalousies tirait sur les Jeunes-gens, et qui, un moment auparavant, s’était prosterné aux genoux d’un d’entre-eux pour obtenir qu’on lui laissât la vie (Ibid. p. 19).
Une femme de Condition (Mme de la Ville Theard) resta constamment à ses fenêtres avec deux pistolets à la main, en criant : Est-ce un Etudiant qui passe ? (Ibid. p. 20). Comparez la Veuve de Saint-Malo avec cette femme de Condition ; rappelez-vous sur-tout ces femmes de la Cour de Charles IX, qui, le lendemain de la Saint Barthélémy, examinaient avec un plaisir barbare les... des morts.

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