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Aux origines idéologiques de la Révolution

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Roger Dupuy

Le Héraut de la Nation (No 15 à 22)

N° 17. Le Héraut de la Nation sous les auspices de la patrie

Mangourit

Texte intégral

Suite de quelques Faits et Réflexions sur l’émeute du 26 janvier

1JUSTIFIERA-T-ON un des premiers Habitans de la Ville, de la manière avec laquelle il a retiré un de ses Gens arrêté par un Garde public, et qu’il n’a pas craint, écumant de fureur et d’ivresse, d’arracher à la Justice, le pistolet à la main ? Le justifiera-t-on, ce Citoyen dont l’humanité devrait égaler la fortune, d’avoir renvoyé ses Domestiques au combat, quand ils s’en étaient retirés après l’explosion de la première sédition ?

2Pourra-t-on s’imaginer encore, qu’afin d’étouffer la voix si puissante de la vérité, le Commandant de la Province, qui doit la chérir et la protéger, ait été entouré d’hommes assez peu délicats, pour ne pas craindre de se déshonorer, en le trompant, et en prétextant le prix du pain, pour motif d’une émeute formée par des gens gagés et nourris, et qui ignorent le besoin d’acheter ?

3Croira-t-on encore, que des Magistrats, prévenus un jour d’avance du trouble qu’on préméditait, ont répondu à ceux qui sollicitaient leur pouvoir et leur humanité : « que voulez-vous ? Nous n’avons pas le droit de nous y opposer ». Que pensera-t-on d’une pareille conduite, quand on a distingué à la tête de la troupe effrénée qui courait les rues, la livrée de ces mêmes Magistrats ?

4Peut-on penser sans douleur, qu’un homme blessé, en en blessant d’autres, dans un moment où les vapeurs du vin ont fait place aux impressions du repentir et de la vérité, a déclaré avoir sacrifié son existence pour 48 liv. ?

5Que pensera-t-on enfin des dépositions d’une multitude d’Ouvriers, gens honnêtes dans leur condition, qui ont résisté à la séduction et au vil métal dont on payait la rebellion et l’homicide ? Ces dépositions sont publiques, et l’on y peut joindre le repentir et les rétractations aussi authentiques des malheureux Domestiques que la crainte de déplaire à ceux dont ils tiennent leur subsistance, et des promesses insidieuses, avaient égarés, et dont l’ame s’est r’ouverte aux sentimens de l’honneur et de la probité.

6Et vous vous parez du nom fastueux de Protecteur de la Patrie, et vous osez souiller un titre sacré en en parant votre front avili ! Quel droit avez-vous pour y prétendre ? Répondez.

7Est-ce le Citoyen et le Patriote qui veut jouir aux dépens du bonheur des quatre-vingt-dix-neuvièmes d’une Nation, d’un droit dont un abus l’a pourvu, et que la raison et l’honneur réprouvent ?

8Est-ce le Citoyen, le Patriote qui, à l’instant où cette Nation assemblée, vient de déposer au pied du Trône d’un Souverain bien intentionné ses doléances, ses demandes, ne craint point d’employer les trames odieuses, des moyens insidieux et des négociations ténébreuses et pour égarer un jeune Prince qui ne peut juger que par des rapports, et aux oreilles duquel on empêche de parvenir les cris de la multitude opprimée : est-ce un Citoyen, un Patriote qui sanctionne de telles horreurs par un serment solennel et pris à la face de la Patrie ?

9Est-ce un Citoyen qui, craignant encore l’habitude de ces moyens odieux, après avoir voulu par des Ecrits insidieux et traduits plus insidieusement dans une langue vulgaire, armer le Peuple contre le Peuple, et déchirer l’héritage envahi qu’il ne veut rendre que teint du sang de la Patrie ; qui, honteux et humilié de son inutile activité, fomente une sédition, stipendie une troupe d’assassins, et sous un prétexte frivole, fait attaquer par une foule enivrée et gagée, une Jeunesse confiante sans armes et sans défense, dont ils auraient craint d’éprouver par eux-mêmes le courage : assez généreux d’ailleurs pour ne pas les soupçonner capables d’un assassinat ?

10Répondez, vous qu’on a vus, au mépris de tous les sentimens sacrés qui devraient être précieux, oubliant les premiers principes de la Nature, armer la main égarée de vos valets, dont le vin et le vil intérêt vous ont assuré l’usage, répondez ! Je vous ai vus avec l’air d’appaiser les désordres qu’ils ont commis, encourager leur fureur, et les dérober à la poursuite des gardes publiques. Répondez, êtes-vous Citoyens ? Êtes-vous les descendans de ces Héros humains et généreux, qui répandant leur sang pour la Patrie, venaient après l’avoir servie, après avoir vaincu l’ennemi, gémir sur leurs lauriers, du triste fruit d’une vengeance toujours cruelle à l’humanité, quelque légitime qu’on la suppose ?

11O vous ! en qui on eût respecté et chéri de pareilles vertus, vous, pour la sûreté desquels on a prodigué son sang et compromis tant de fois ses intérêts ; voilà donc les titres avec lesquels vous vous désignez les premiers hommes de la terre, et une caste distincte et honorable, le plus précieux sang de l’Etat, le plus ferme appui de la Couronne ! Non, non, vous n’êtes rien, pas même des Citoyens obscurs : eussiez-vous tous les titres, toutes les prérogatives, il vous manque les deux premières vertus de la Nature, la justice, l’humanité.

12Si en défendant nos intérêts avec cette fermeté noble qui n’insulte ni n’attaque que le méchant, si en faisant entendre des cris de douleur et d’oppression, la seule ressource du malheureux, les Citoyens ont pu blesser votre oreille peu accoutumée aux accens plaintifs de l’infortune, si enfin vous croyez devoir à vos droits et à votre cause une vengeance et une réparation publique, c’était vous qu’il fallait armer, et non la troupe avilie qui vous entoure. Nous sommes dignes de vous répondre ! Le sang qui circule dans nos veines, moins illustre que le vôtre, a plus coulé, peut-être, dans les combats, et nous ne craignons point de le répandre ; mais nous nous croirions déshonorés, flétris à jamais, si, dans une cause personnelle, nous avions stipendié un bras mercenaire, pour épargner des jours que l’homme ne doit chérir, que quand sa vie est sans tache, et sa conduite sans reproche.

13Rennes, 30 Janvier. La nuit du 27 au 28 fut calme ; les Ouvriers qui s’étaient emparés du magasin des armes s’étant bornés à monter des patrouilles. Les Dragons d’Orléans, et quelques détachemens d’infanterie arrivés, se sont emparés des postes principaux, et notamment de la porte des Etats, où les Gentilshommes montaient eux-mêmes la garde, pour repousser une attaque à laquelle heureusement l’on n’a pas songé. La portion de Noblesse qui était hier à salle, n’en est point sortie ; les autres se tiennent chez eux, ou sont partis pour leurs donjeons, déguisés en habits rustiques. Le Peuple, touché de ce qui s’est passé les journées des 26 et 27, et instruit parfaitement de la cause des mouvemens du Tiers, est disposé à s’armer contre la Noblesse. Il est sur-tout aigri contre le Parlement, qui l’a trompé, en faisant publier Lundi le pain à 24 sols, tandis qu’il est resté à 30 sols 6 den., échelle que l’on a eu bien soin de conserver pour contredire l’assertion d’une promesse de diminution à vingt-quatre sols.

14Les Nobles du Fort Franciscain s’y font servir à manger, et Mercredi 28 on leur a porté des lits ; ils se sont fait apporter des fusils et d’autres armes dans des matelats et dans des couvertures ; ils ont deux mille coups à tirer. La Bourgeoisie s’est assemblée à l’Hôtel-de-Ville, et a proposé de s’armer de son côté, et de convoquer, pour la défense commune, la Milice Bourgeoise. Vignon, l’Officier de M. le Comte de Boisgelin, est dans la salle des Nobles, sous leur sauve-garde ; et s’il ne tenait qu’aux principes et à la reconnaissance de quelques mauvaises têtes, les Etats se feraient sans le haut Tiers, en nommant ce Vignon Président du troisième Ordre. Ils ont blessé à mort son fils, lorsqu’il passait par une fenêtre pour leur porter des balles : l’ayant pris pour un Chef d’assiégeans, ils lui tirèrent deux coups de fusil dans le ventre. Voilà la récompense des loyaux services que son père et lui ont rendus à cet Ordre.

15De 150 Nobles excités par les Jeunes-gens à vuider la querelle par des combats singuliers, M. le Marquis de Montbourcher, d’une grande et illustre Maison, est le seul qui ait relevé le gant. Il s’est battu sur la Place Royale avec un brave jeune homme, M. Ulliac, qui lui a fait, d’un coup de fouet, tomber l’épée. Le Chevalier a sauté au cou du vainqueur, et toute la Jeunesse l’a embrassé, en lui disant : Montbourcher, tu es digne de tes ancêtres !

16Le Présidial de Rennes, dès le 27, avait enjoint au Procureur du Roi d’informer contre les auteurs des attroupemens ; le même jour le Parlement évoqua cette procédure. Le Présidial communiqua au Ministère Public l’Arrêt de défenses ; et sans avoir égard aux conclusions de M. Droüin, tendantes à s’y conformer par adhésion, comme à la protestation des seize, ce Siège déclara en conséquence des Articles II, du Tit, 1er et 26 de l’Ordonnance 1670, ne pouvoir et ne devoir obéir à l’Arrêt du Parlement. Ce jugement, approuvé des Jurisconsultes et du Public, fait le plus grand honneur au Présidial de Rennes, et l’on y continue l’information. Le Parlement a commencé de son côté une procédure ; il n’est point de reproches plus amers que ceux qui ont été faits par le Barreau et le Peuple au Parlement ; ils lui ont déclaré qu’on ne souffrirait pas qu’il fût Juge de l’affaire, et qu’on demanderait une Commission du Conseil. Les Magistrats vont, dit-on, quitter une ville où leur autorité n’est méconnue que parce qu’ils en ont abusé envers ses habitans comme envers le Souverain. Nous croyons que le Parlement et le Présidial sont incompétens : l’un est composé de Roturiers, l’autre de Nobles. Celui-ci est même Partie au procès. Que fera le Gouvernement ? Il ne nous appartient point de chercher à pénétrer sa conduite ; mais il nous semble qu’aucun Parlement du Royaume ne peut instruire et juger cette affaire, et qu’il n’y aurait peut-être d’autre moyen pour satisfaire les deux Parties, que d’envoyer en Bretagne une Commission composée de juges Nobles et de juges Roturiers, mi-partie de Maître-des-Requêtes et de Conseillers au Grand-Conseil.

17Le Parlement a rendu le 28 au matin, Arrêt qui défend aux Citoyens, sous les peines les plus graves, de se trouver dans les rues plus de deux ensemble le jour, et trois la nuit ; mais il a paru plus simple de faire bannir à son de trompe défenses aux habitans de sortir de leurs maisons. Cette Compagnie, par des Arrêts et des ordres multipliés, continue de vouloir mettre obstacle aux instructions du Présidial et de la Police. Un Conseiller a mandé un Commissaire, qui a fait le procès-verbal de la mêlée, et lui a ordonné de lui remettre ce résumé historique. Le Commissaire a refusé, le Conseiller a menacé, et le subalterne s’est retiré en disant au Magistrat qu’il allait ajouter à son procès-verbal cette conversation, en nature d’incident. M. de la Motte Fablet, Ex-Maire, a trouvé la récompense de la douceur et des vertus de son ancienne administration dans le choix que la Jeunesse a fait de lui pour négocier son accommodement. Les Evêques de Rennes et de Dôl ont été au nom de la Noblesse chez M. de Thiars, pour faire des propositions de paix, à condition que la Jeunesse fût désarmée ; vingt et quelques Jeunes-gens, mandés chez le Commandant, les ont acceptées, à condition que la Noblesse consentît à marcher, ainsi qu’eux, sans armes. A cette audacieuse réponse les Eperviers se sont attaché des rubans blancs pour se reconnaître dans l’attaque qu’ils projetaient de recommencer. Les Bourgeois en sont instruits. On se rallie aux environs de la salle du Droit, le Peuple s’attroupe dans les rues qui l’avoisinent, l’alarme se répand dans tous les foyers. On s’attend à une scène encore plus sanglante que celles des jours antérieurs. La Maison de Ville s’assemble, les Généraux de Paroisses et les Corporations s’y rendent ; les pères-de-famille y accourent en foule ; on se propose de mettre sur pied la Milice Bourgeoise, de sonner le tocsin pour appeler les campagnes. On ne veut plus exposer le sang de la Jeunesse seule. Les pères crient dans les rues et sur les places : « Concitoyens, amis, pères, verrons-nous de sang froid égorger nos enfans ? Ne devons-nous pas plutôt voler à leur défense ? Qui pourrait décrire l’impression que faisait le père de quinze garçons (M. Rapatel) qui, à la plus belle figure, à l’organe le plus attendrissant, à la taille la plus majestueuse, réunit humanité, honneur et probité… »

18Heureusement on calma cette effervescence ; la négociation fut renouée de part et d’autre ; et M. de la Motte Fablet fut chargé par M. le Commandant, qui honore ce Magistrat de toute son estime, d’apporter à l’Assemblée générale de la Ville les conditions suivantes.

« MM. de la Noblesse promettent, sur leur parole d’honneur,

  1. Qu’ils ne répandront point le sang ; qu’ils ne désarmeront pas ; mais qu’ils ne se serviront de leurs armes que dans le cas d’une légitime défense.

  2. Qu’ils abandonneront à toute la rigueur des Loix et de la Justice ceux d’entre-eux qui contreviendraient à cette parole.

  3. Qu’ils exigeaient que les Jeunes-gens missent leurs armes dans un dépôt.

  4. Qu’ils exigeaient encore que la Communauté de ville et les pères-de-famille garantissent la parole d’honneur des Jeunes-gens. Ces conditions, excepté la troisième, furent acceptées ».

19La convention Noble, rédigée à la très-grande pluralité des voix, et signée par M. le Baron de Boisgelin, Président, fut déposée entre les mains de M. le Commandant ; et la Noblesse, par un Ecrit déposé entre les mains de M. de Thiars, s’est engagée sur son honneur à n’attaquer aucun Citoyen, promettant de livrer à toute la sévérité des Loix ceux de son Ordre qui violeraient cet engagement. Six Bourgeois pour eux et leurs enfans, six Echevins pour la ville, six Etudians de Droit pour la Jeunesse, et six Artisans pour le Peuple, signèrent la cessation des hostilités, due principalement aux sentimens nobles du Tiers-Etat, de sa Jeunesse, et aux soins de M. de la Motte Fablet, ancien Maire, et de M. l’Evêque de Dôl, qui a regardé la ville avec l’affection qu’il aurait eue pour son Diocèse.

20Néanmoins cette pacification n’annonce pas une grande solidité. Les Nobles veulent venger la mort de leurs camarades, et se fortifient de jour en jour dans leur salle ; il en arrive jusque de Paris. Les Jeunes-gens ne quittent pas celle du Droit, qui ressemble à un arsenal. Ils y font l’exercice, et l’apprennent à un certain nombre de gens du Peuple qui se sont réunis avec eux. Ils ont fait une Pétition pour le Peuple dans l’esprit des Arrêtés des Municipalités, que les Artisans vont signer en foule, librement et sans intérêt.

21La Noblesse commence à se diviser. Les gens sages et vertueux veulent faire retraite, comme Gilblas de la caverne. A propos de Gilblas, une Dame Léonarde, Mme des Tronchays, s’est enfermée aux Cordeliers (animée par un désir bien différent de celui de Ninon de l’Enclos). Pendant le blocus, elle n’a pas quitté son mari ; Le Chevalier de Trop-Roux, faisant auprès de lui, armé d’un fusil à deux coups, le service des gardes, rondes, etc. Cette bravoure a fort humilié les Dames Nobles, et sur tout les vieilles fées qui avaient envoyé solliciter de M. le Commandant, des vertus-gadins contre les Montrose roturiers. On assure que la Noblesse se bat dans sa salle ; et qu’après un très-grand tapage, on a dû mettre l’épée à la main ; ce qui est certain, c’est qu’un Chirurgien y a été appelé. On espère que l’avis des vrais Gentilshommes l’emportera sur celui de ceux qui ne le sont plus.

22Les Détachemens de Penthièvre et de Forêt sont arrivés. Mais on a raison de se plaindre d’avoir celui de Penthièvre. Ce Régiment de Prince est depuis plus de quinze ans en Bretagne, et compte vingt Bretons votans dans la salle de la Noblesse, au nombre de ses Officiers. Le 28, les Dragons et la Maréchaussée furent à cheval toute la journée. L’Ordre des Avocats s’assembla ; on ignore le résultat de leur assemblée.

23Les Boulangers ayant porté à la salle du Droit, après l’affaire du 27, un immense gâteau couvert de lauriers, et douze bouteilles de vin pour rafraîchir les vainqueurs, ce présent fut envoyé, par délibération, chez une voisine pauvre et en couche ; les Jeunes-gens ont aussi, par souscription, assuré vingt-quatre sols par jour à la mère d’un jeune Boucher, mort d’un coup de couteau qu’il a reçu d’un Laquais de la Noblesse. Les Avocats lui ont donné 600 liv.

24La Jeunesse a été informée que des Domestiques des Nobles avaient été vus travestis en Bourgeois, et que leur dessein était de se mêler parmi le Tiers, et de porter des coups à jeu sûr. Elle a encore eu avis que beaucoup de Gentilshommes avaient juré la perte de M. le Chapelier (c’est cet Avocat qui, à l’âge de trente-quatre ans, donne à la Bretagne le tableau de ce que peuvent les talens de l’esprit, et les vertus de l’ame réunis à la philosophie et au patriotisme). Pour s’en assurer et prévenir l’Alcibiade Renais, les Jeunes-gens et les Bourgeois assemblés à la salle du Droit ont député vers lui. Il n’a que trop confirmé les soupçons, en déclarant qu’on l’avait de bonne part averti de se tenir sur ses gardes, parce qu’on en voulait à sa vie, et il a promis (bon Dieu que cette promesse est flatteuse à donner, quand c’est l’amour public qui l’implore !) d’être prudent et de rester chez lui, à moins que les Citoyens ne fussent en danger.

  • 1 Son nom est Omnes, et il y a ajouté celui d’Omnibus, parce que la légende des médailles est Omnes O (...)

25Si la Noblesse a fait de la salle de son Assemblée une redoute et un magasin d’armes, le Tiers-Etat reçoit journellement des renforts des villes de Nantes, de Saint-Malo, l’Orient, etc. jusque de Caen en Normandie. Ont dit que la Jeunesse compte déjà 1500 défenseurs, et que si celle de Rennes n’avait pas contenu ses auxiliaires, la salle noble était prise de vive force ou par famine. On est curieux sans doute d’être instruit du message des Jeunes-gens de Rennes, après l’assassinat du 26. Voici le discours de M. Omnes-Omnibus1 prononcé le 28 Janvier à l’hôtel de la Bourse, dans l’Assemblée des Jeunes-gens de Nantes.

Messieurs,
« Député par mes Compatriotes pour vous faire part de l’horrible assassinat de deux de nos amis, je viens au nom des jeunes Citoyens de Rennes, chercher parmi vous les secours de ceux qui se sont si bien montrés pour la cause commune ».
« En 1784, j’eus le bonheur de sauver à Paris deux personnes et leurs voitures entraînées par les glaces. Notre Monarque, toujours bienfaisant, récompensa mon action par deux médailles, que M. le Baron de Breteuil me donna, en m’adressant, au nom de S.M., ces paroles que les circonstances me rappellent avec attendrissement : Mon ami, vous êtes jeune ; c’est ainsi que le Roi récompense votre zèle : soyez toujours utile a vos Concitoyens… »
« MM. et chers Compatriotes, voici le moment de prouver quelle est l’impression qu’ont faite sur moi ces paroles mémorables. Je me sacrifierai, s’il le faut, pour mes Compatriotes !… La Patrie est en danger : marchons pour la défendre ».

(La suite au No prochain).

Notes

1 Son nom est Omnes, et il y a ajouté celui d’Omnibus, parce que la légende des médailles est Omnes Omnibus.

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