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N° 11. Le Héraut de la Nation sous les auspices de la patrie
p. 165-170
Texte intégral
Suite de l’extrait de l’Arrêt du parlement de Bretagne du 10 janvier 1789
1CEPENDANT (et la dignité de la Cour en impose le devoir) d’Athlètes bénévoles ils deviennent Juges du combat. De la lice ils s’élancent dans la chaire du Censeur, et par voie d’information, et suivant la maxime qu’il faut être très-circonspect dans la poursuite de la magie et de l’hérésie1, ils ordonnent au Marquis Euzenou de découvrir, avec circonspection toutefois, les Auteurs de l’impression, affiche et distribution du placard ; et voici le motif, car il faut l’expliquer, il suffira de citer un passage de la Lettre de notre Correspondant, Commissaire aux Requêtes :
« Nous avons bien le droit de casser un Arrêt du Conseil d’Etat du Roi, et d’éluder ou d’anéantir par des modifications sages, Edicta Principum. Voyez les Registres du Parlement de 1766 à 1789 ».
« Mais si le prétendu Arrêt du Conseil d’Etat du Peuple est un véritable Plébiscite, les Senatus-Consultes ne sont même pas des avis de prud’hommes, des responsa prudentum. Or, pour suivre le plan de la République Française, il faut bien se donner de garde de toucher aux véritables Plébiscites. Il est donc nécessaire d’informer s’il est véritablement émané de la puissance du Peuple. A Rome, tout Citoyen avait le droit d’appeler au Peuple des Arrêts iniques des Tribunaux ; il est vrai que les Empereurs se mirent à la place du Peuple, et que le Roi de France prétend que l’appel à sa Justice est l’attribut le plus précieux de sa Couronne ; il est vrai que sa Justice ne réside que dans nous : heureux effet de la Constitution des Corps de Robe inamovibles ! »
L’Arrêt du Parlement, sitôt son affiche, a été lacéré par le Peuple.
2Rennes, le 11 Janvier. Les deux Ordres sont toujours aux Chambres. Ils ont prié M. le Commandant de faire refuser des chevaux aux Députés du Tiers qui partent pour Paris. M. le Comte de Thiars a cru d’abord qu’il y avait hors Bretagne peste ou épizootie pour le moins ; mais rassuré contre les épidémies, il a répondu qu’il n’avait point d’ordres à donner. Cette réponse a fort mécontenté les amans de la liberté qui ne se donne pas à tout le monde.
3Trois Gentilhommes ont tiré l’épée sur le Général des Monnaies, M. Gazon, au moment où il se disposait à partir ; ce Magistrat très-brave n’a pu leur témoigner son mécontentement.
4Nous citons ces anecdotes particulières pour inspirer des réflexions aux étourdis et pour exciter les avis des gens sages. Heureux si nous pouvions, dans notre obscurité, réussir à calmer une fermentation qui s’enfle de jour en jour !
5Le Modérateur de la chose publique, le Ministère qui doit être le Pilote du vaisseau de l’Etat, ne peut-être que très-imparfaitement instruit de la nature et des effets des vents qui désolent la France, et qui ravagent sur-tout la Bretagne, encore moins des feux souterrains qui préparent une explosion morale extrêmement inquiétante.
6Les avis que la Cour reçoit sont-ils bien exacts, bien réfléchis, bien purs ? Ses Correspondans voient-ils avec des lunettes fidelles ? Leur cristallin conserve-t-il la vraie couleur des objets ? Ces Observateurs peuvent-ils d’ailleurs descendre le degré d’où le peuple de tous les ordres et les ambitieux de toutes les classes peuvent être observés ?
7Notre fonction la plus chère consiste à instruire, par le plus noble des motifs, le Roi, ses Ministres et les bons Citoyens ; à prévenir par nos avis des événemens interminables ; à tenir chaque Corps dans son tourbillon, à nous opposer à l’aberration la plus dangereuse ; et réunissant tous les frères, aînés, cadets et posthumes, à les amener, par une critique juste et par des exhortations patriotiques, aux pieds du meilleur des Princes et de la Divinité qui le console dans ses chagrins.
8Voilà notre vœu ; et s’il faut en acheter l’accomplissement au prix du dévouement le plus douloureux, nous sommes prêts à nous y soumettre. Allons, braves Français ! ne sentez-vous pas comme nous le filtre de la Patrie se mêler à votre sang et embrâser vos cœurs ? C’est ce filtre qui fait les Héros, les grands Hommes et les vertueux Citoyens.
9La Noblesse Bretonne répand aujourd’hui un Manifeste très-singulier, sous l’humble titre de Déclaration. Elle l’envoie dans toute la Province pour qu’il soit affiché, lu aux prônes, et distribué avec profusion. Cet imprimé est traduit en bas-Breton.
10Nous imprimons ici les Pièces Françaises et Celtiques, espérant qu’elles seront la dernière production du délire chevaleresque.
Déclaration de l’Ordre de la Noblesse Rennes le 10 janvier 1789 | Déclaration a lez great geant an Noblançs evit souten ar bopl |
L’ORDRE de la Noblesse, après avoir proféré le serment solemnel de ne participer à aucune administration qui serait contraire à la Constitution de la Bretagne, croit devoir faire connaître ses vrais sentimens au Peuple, qu’on veut tromper. Les intérêts de cette portion précieuse de la Nation, ont toujours été chers à l’Ordre de la Noblesse : s’ils étaient lésés dans la répartition générale des impôts, ledit Ordre déclare qu’il est dans son cœur de discuter ces intérêts avec la sagesse, la justice et le désintéressement qui font la base des sentimens qui lui sont propres. Si cette discussion n’a pas encore eu lieu, l’Ordre du Tiers y a seul mis obstacle. | AN Noblançs eus a vreis, assemblet er stadou, dalhet er guéar à roasoun, er blaves 1788 ; goude beza touet var o lez, né Guemergent na plaçs na carg nevez, a Guement a vijé countrol d’o lezennou sacr, douguet en amzer on duchecs memorabl Anna ; en em gred obliget, varo enor, a dré o choustiançs da ziscleria dar bopl, a glasqueur da zalla, é vir sanctimanchou. |
11Nous joignons la traduction fidelle et littérale de la Déclaration des Nobles en langue celtique. Le Lecteur sera à lieu de comparer, et nous ne croyons pas qu’il soit nécessaire d’appuyer sur l’infidélité perfide que l’on s’est permise.
« La Noblesse assemblée aux Etats qui se tiennent à Rennes en l’année 1788, après avoir juré qu’elle ne prendrait aucune place ni charge qui fût contraire aux Loix sacrées établies par la mémorable Duchesse Anne, se croit obligée, sur son honneur et sur sa conscience, de déclarer au Peuple qu’on cherche à tromper ses vrais sentimens ».
« Oui : le soulagement des paysans fut toujours cher à la Noblesse. Si les paysans sont actuellement surchargés d’impôts, la Noblesse jure qu’elle est prête à entendre leurs demandes avec justice et vérité, pour leur plus grand soulagement ; et si l’on n’a pas jusqu’ici entendu ses demandes, c’est par la faute des Bourgeois ».
Signé le Comte de Boisgelin,
Président de la Noblesse.
12Il existe encore une Déclaration de la Noblesse pour la partie de la Basse-Bretagne dont l’idiome est différent. Il serait inutile de l’imprimer ; mais comme elle diffère des deux autres, nous en donnons la traduction, que le célèbre M. le Brigant, Avocat, nous a fait parvenir.
« Les Nobles, après avoir juré sur leur honneur et conscience qu’aucun d’eux ne participera jamais en rien dans les changemens que l’on cherche à introduire aux Loix instituées en Bretagne, et qui sont le soutien du pays, ont cru nécessaire d’éclairer tout le monde sur leurs sentimens particuliers, et sur leur amour pour le Peuple, que l’on ne cherche qu’à tromper ».
« Dans tous les temps, la Noblesse a eu la volonté de soutenir et de défendre les intérêts des Bretons ; et si l’on n’a pas jusqu’ici réparti les impôts également, la Noblesse déclare, de tout son cœur, qu’elle est prête d’entendre toutes les raisons des paysans, et de rendre justice où elle sera due avec sagesse et vérité ; et si l’on n’a pas discuté cette matière aux Etats, ce sont les Députés des villes qui en sont la cause, puisqu’il est vrai qu’ils ont quitté l’assemblée pour ne pas consentir aux anciens Règlemens ».
Signé le Comte de Boisgelin.
13Les Noblançs espèrent de cette manœuvre le plus grands succès. Leur intention est de gagner les Paysantet, et de les brouiller avec les Bourchissien. Ils refusent de payer les Marchands auxquels ils doivent, en leur disant : « Voilà de l’argent qui vous était destiné ; mais la conduite du Tiers fait que vous ne l’aurez pas ». Ils renvoient leurs porteurs-de-chaises vers les Bourgeois, et cajolent les Privilégiés.
14L’occupation des Gentilhommes gardes-salle pendant la nuit est de sauter l’âne et de jouer à colin-maillard et à la main chaude. Messieurs les Noblançs, le Tiers ne veut plus du premier jeu vous jouez le second depuis long-temps ; mais, croyez-nous, prenez garde au troisième.
15Rennes, Lundi 12. Plus de la moitié des Nobles désapprouvent le Manifeste, et le regardent comme une barrière malheureuse établie à jamais entre-eux et le Tiers-Etat. Ils blâment les assertions fausses qui le composent, et sur-tout celles contenues dans la version Celtique ; plusieurs s’en expliquent très-hautement. On annonce que la Noblesse va prendre l’arrêté de consentir à l’égalité de l’impôt, ce qui serait raisonnable, mais contradictoire. Les Généraux des Paroisses de Rennes s’assemblent, malgré les foudres du Sanhédrin. Celle du Général de Toussaint était au moins de six mille hommes. La Chambre des Comptes s’attend à être supprimée, et demandera, dit-on, des charges, soit dans les Présidiaux, soit dans les Bailliages ; mais il faudrait que l’on commençât par les Secrétaires du Roi ; on pourrait en faire des Notaires, et attribuer leurs fonctions au Parlement ; à ce moyen le Roi rentrerait dans le droit de n’anoblir que pour de vrais services.
16Les enfans des Gentilshommes qui ont approuvé le juron des papas se font inscrire pour monter les patrouilles nocturnes ; les vieux Nonces ont l’air de Capucins dans le sanctuaire : la Duchesse Anne ne ferme pas l’œil toutes les nuits, elle a des toux très-violentes, et l’on croit qu’elle ne passera pas les Etats-Généraux.
17Assemblée de la ville, à laquelle ont assisté tous les Membres du Tiers, à la réserve des Protestans. M. l’Abbé de Goyon s’y présenta, non par effronterie, mais à dessein de concilier les esprits ; on le fit sortir, parce qu’on ne devina pas la pureté de ses intentions. L’assemblée saisit unanimement le principe que, si le Tiers consentait les demandes du Roi, l’Eglise et la Noblesse feraient les Etats sans lui, le concours des trois Ordres n’étant guères nécessaire que pour cet objet, presque tous les objets de délibération n’ayant besoin que de l’accord des deux Ordres. On se persuade ici que S. M. va prononcer sur les réclamations de l’Ordre du Tiers. Elle y est d’autant plus fondée, dans l’état des choses, que par le refus de la Noblesse d’écouter les réclamations justes du Peuple, le grief est entièrement consommé. Mais si le Roi veut porter sa patience au plus haut degré de bonté, elle tardera de juger la question, mais permettra sans doute, par un Arrêt de son Conseil, aux Municipalités Bretonnes, d’admettre comme votans les Députés des corporations des villes et des campagnes : parmi plusieurs avantages que procurerait cet Arrêt, deux sont bien remarquables. On y connaîtrait le vœu des Communes de la Province ; et en rendant aux Municipalités la liberté et la composition que le Parlement de Rennes réclame dans son Arrêt du 7 de ce mois, l’on ne mettrait plus à l’avenir cette Cour dans la nécessité de sévir contre des assemblées insolites, et de s’immiscer dans la connaissance de matières privatives au Conseil du Roi et aux Etats de Bretagne.
Délibération de l’Assemblée Municipale de Rennes du 12 Janvier 1789
18L’Assemblée, instruite que plusieurs Députés des Communes et corporations se sont rendus à Versailles pour présenter au Roi un Mémoire justificatif, sur l’imputation faite au Tiers-Etat de Bretagne, d’avoir, par les charges données à ses Députés aux Etats de la Province, formé obstacle à ce qu’on y délibérât sur aucune matière, et notamment sur les demandes du Roi.
19Considérant qu’il faut que la justice et la bonté du Souverain ayent été surprises ; qu’on lui ait dissimulé que le régime des Etats de Bretagne est tel, que (à l’exception de quelques gratifications ou dépenses) les demandes du Roi sont le seul objet sur lequel le consentement et même le concours des trois Ordres soit nécessaire pour former une Délibération ; que dans toute autre matière les Délibérations sont formées par l’avis de deux Ordres ; que lors même que le troisième refuse de délibérer, son refus est seulement pris pour avis contraire, et que la Délibération subsiste comme s’il avait délibéré ; que par une suite de ce régime, le seul moyen de forcer les Ordres de l’Eglise et de la Noblesse à entendre les demandes du Tiers-Etat et à y faire droit, était d’interdire à ses Députés tout pouvoir de délibérer, jusqu’à ce que les Etats eussent pris connaissance de ses Délibérations, et lui eussent rendu justice ; que sans le concours de ce moyen, des Députés du Tiers-Etat eussent demandé inutilement à être entendus ; de même qu’ils l’ont sollicité sans succès pendant les dix jours que les Etats ont été assemblés, que MM. des Ordres de l’Eglise et de la Noblesse (si l’Ordre du Tiers eût concouru à donner la forme au registre des Délibérations) eussent fait toutes les affaires par l’avis de ces deux Ordres réunis, malgré la réclamation du Tiers-Etat, et malgré son refus de délibérer jusqu’aux demandes du Roi exclusivement ; que quand il n’y aurait plus eu qu’à délibérer sur ces demandes, le Tiers-Etat se fût trouvé dans la cruelle alternative, ou de consentir ces demandes, et de voir ensuite terminer les Etats sans avoir rien obtenu, sans même avoir été entendu, ou d’essayer de rappeler les deux Ordres à la justice qui lui aurait été refusée, en s’opposant aux demandes du Roi ; que par cette opposition il eût mis sa conduite apparente en contradiction avec son dévouement le plus sincère et le plus étendu aux volontés de Sa Majesté, pour le bien de l’Etat et pour la gloire du Trône ; et qu’il eût été exposé à se voir avec beaucoup plus de vraisemblance qu’aujourd’hui, dénoncé comme le seul Ordre qui mît obstacle à la concession des tributs, tandis qu’il ne craint point d’assurer qu’il est dans son cœur comme dans l’esprit de ses arrêtés, de l’emporter sur les deux autres, dans tout ce qui pourra manifester à la personne sacrée du Roi sa reconnaissance infinie et inexprimable de ce que Sa Majesté a fait, et de ce qu’elle annonce pour le bien de ses Peuples.
20Considérant que la Délibération sur la répartition des impôts doit nécessairement précéder la Délibération sur l’impôt même, puisque sans cela le Tiers-Etat ne peut savoir ce qu’il peut concourir à accorder en masse, à raison de l’incertitude de la quotité qu’on lui en fera supporter ; que cette Délibération préalable sur la répartition est d’autant plus nécessaire, qu’après la concession de l’impôt, deux Ordres en Bretagne font la loi au troisième, sur la manière de le payer ; que cette réflexion doit suffire pour justifier l’interdiction de tout pouvoir aux Députés du Tiers, de délibérer sur les impôts, jusqu’au règlement préalable de la répartition, et pour rejeter sur les deux Ordres qui n’ont pas voulu délibérer sur la répartition, tout reproche d’avoir arrêté le travail des Etats.
21Considérant que la conduite des Ordres de l’Eglise et de la Noblesse, développée aux yeux du Souverain, justifiera les précautions que le Tiers avait prises, et qu’une trop longue experience lui avait prescrites, ces deux Ordres ont mieux aimé rester dans une inaction absolue jusqu’à la publication de l’Arrêt du 3 Janvier, que de consentir seulement à écouter les demandes du Tiers-Etat ; ils n’ont pas dissimulé qu’ils maintiendraient, comme une propriété sacrée, ce qu’ils appellent leurs priviléges pécuniaires, et ce qui ne peut se nommer qu’une usurpation sur le Tiers-Etat, une injuste possession de faire payer la dette du puissant et du riche par le faible et le malheureux ; et lorsque, depuis la publication de l’Arrêt du 3 Janvier, ils ont imprimé et publié qu’ils avaient offert d’entendre et de discuter les demandes du Tiers-Etat à l’instant où ce dernier Ordre ne pouvait plus rester dans une Assemblée que le Roi avait suspendue ; ont-ils exprimé aucun consentement à une répartition égale des impositions ? La demande de cette répartition est-elle donc encore un objet de discussion, quand la majorité des Notables, les Ducs et Pairs de France, le Parlement de Paris ont hautement attesté qu’elle était de toute justice ; et quand long-temps avant cette époque, la raison, qui est éternelle, et l’humanité ont réclamé contre l’oppression et la surchage du Tiers-Etat, de cette partie tellement nombreuse et plus utile de la Nation, que c’est en elle seule qu’existe la Nation même ; que c’est par ses forces que les Souverains sont puissans ; que c’est par son amour que les Rois de France sont sûrs de leur puissance, et, ce qui est bien plus propre à flatter leur ame paternelle, que c’est par son bonheur seul qu’ils peuvent être heureux ?
22L’Assemblée a arrêté d’adhérer à tous les moyens que feront valoir les Députés des Communes et Corporations de la Province ; à toutes les représentations que leur dicteront le zèle et la fidélité, pour justifier le Tiers-Etat des imputations qui lui ont été faites, et qui l’affectent d’autant plus vivement, que c’est une injure bien sensible à son cœur, dont les dispositions sont aussi pures qu’on a essayé de les rendre suspectes : a chargé M. Phelippes de Tronjolly, l’un des Membres de la présente Assemblée, et l’un des Députés des Communes et Corporations, de présenter et de faire valoir la présente adhésion ; en conséquence ont arrêté qu’il lui en sera délivré telles expéditions qui seront vues appartenir.
23Voilà sans contredit la plus belle et la plus victorieuse apologie de la conduite du Tiers-Etat de Bretagne. Puisse cet exposé faire l’impression que cet Ordre a droit d’espérer, sur les ames justes et dans tous les cœurs que l’égoïsme n’a pas entièrement corrompus. D’après un arrêté aussi volumineux que convaincant, comment ne s’élève-t-il pas dans l’Ordre de la Noblesse un cri universel, le cri de César ; tu l’emportes Ciceron. Faudra-t-il que cette Noblesse, sublime image de vertus transmises aux générations des hommes par une suite d’hommages mérités, faudra-t-il qu’elle n’offre aux yeux de la France étonnée, qu’une race abâtardie et dégénérée, aussi incapable de porter les armures de ses glorieux ancêtres, que d’en imiter la loyauté généreuse ? Faudra-t-il qu’elle se laisse enchaîner par le veto de ses intriguans, dont la résistance opiniâtre a fait douter des motifs. Eh ! quels sont-ils… ? Les dirons-nous… ? oui ; il faut demasquer les artifices des conjurés ; attachons-les sur le pivot de l’ignominie. Ainsi exposés au dédain des Sages, et ballottés par les insultes et les railleries de la multitude, il en résultera les plus heureux effets.
(La suite au No prochain).
Notes de bas de page
1 Esprit des Loix, Tome 2, page 11.
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Aux origines idéologiques de la Révolution
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