L’armée, la guerre et les politiques de la Terreur
p. 53-67
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Texte intégral
1La Terreur est, depuis ses débuts, étroitement associée dans le discours public avec la crise militaire et sa résolution. Selon le premier article de la déclaration du 10 octobre 1793, le gouvernement devait rester « révolutionnaire jusqu’à la paix »1, aussi les Jacobins ne se lassaient-ils pas de rappeler aux Français la nécessité de la Terreur pour la défense de la patrie en danger. Autrement dit, on justifiait le recours à la Terreur par les besoins de la guerre, en expliquant que, sans des mesures exceptionnelles de salut public, y compris l’abandon de certains des droits de l’homme garantis pendant les mois précédents, la République serait condamnée à la défaite, sinon à l’anéantissement par ses ennemis (ennemis intérieurs aussi bien qu’extérieurs, les uns comme les autres engagés politiquement dans une guerre contre les principes de la Révolution française). Comme le note Mona Ozouf, cette justification contemporaine trouve de forts échos dans l’historiographie, dans la mesure où les historiens ont préféré prendre à la lettre les explications avancées par les révolutionnaires, et surtout par les Jacobins partisans de la Terreur2. Selon cette lecture, les mesures d’exception sont à la fois des réponses aux premières défaites, donc à une catastrophe attendue, et la clef des victoires à venir. La Terreur, nous assure Albert Soboul, « […] est dans une dépendance si étroite de la défense nationale qu’elle en subit les contrecoups »3. D’ailleurs, elle est nécessaire pour la poursuite d’une guerre révolutionnaire, guerre conduite avec une armée de masse et la mobilisation de toute une société, et avec les réquisitions qu’exige une mobilisation de cette envergure4. La poursuite d’une telle guerre risque, bien sûr, de soulever des protestations sinon des courants de refus. La cause militaire se confond donc facilement avec la cause politique, d’où la nécessité de défendre en même temps la cause du peuple, celle de la République, et toute l’idéologie révolutionnaire.
2Ce qui distingue ces guerres de celles du xviiie siècle, c’est moins leur ambition militaire ou la manière dont les armées se conduisaient sur le champ de bataille, que les buts idéologiques proclamés par la Convention nationale et dont se vantaient ses partisans, militaires et politiques. Buts militaires et buts idéologiques se mêlaient sans effort, souvent inconsciemment. Le soldat est avant tout un citoyen, fier de son statut civil, étroitement lié à la terre et au village dont il est issu, le produit à la fois du discours politique de la Révolution et du durcissement physique et moral produit par la vie militaire. Il appartient à la nation, à la société civile, au « peuple » bon et généreux qui est le héros collectif de Robespierre5 ; dans l’armée comme dans la société civile, il est membre d’une collectivité qu’il représente et à laquelle il doit rester fidèle. La vraie lutte, si l’on en croit Billaud-Varenne, est celle entre la République, la collectivité, et l’individu, condamné pour son intérêt personnel, son égoïsme face à un autre intérêt, celui du peuple6. Et le soldat, en tant que citoyen et représentant de ce peuple, fait partie de cette lutte, la République lui assigne cette responsabilité. Il est là non seulement pour combattre des ennemis extérieurs, mais pour former des républicains, pour contribuer à la régénération de la société, régénération dont la discipline et l’entraînement militaires font eux-mêmes partie7. Comme l’écrit le chef d’un bataillon tarnais en l’an II, il n’y a aucune tension entre l’état militaire et la loi républicaine : « Rien de si naturel que l’obéissance aux lois, d’abord parce qu’elles sont l’émanation de notre volonté et qu’en y obéissant nous ne faisons que confirmer des arrêtés pris par nous, enfin c’est que les lois ont été faites pour le bonheur de tous et qui désobéit se déclare l’ennemi du bonheur public »8. Autrement dit, il est déjà, par ses ambitions et son tempérament, le soldat-laboureur si cher aux nostalgiques du xixe siècle9.
3Les soldats, à en juger par leurs rapports et écrits, acceptaient de bon gré cette mission libératrice, y croyaient même, au moins dans les premiers mois de la guerre, quand on les appelait à exporter chez autrui les idées révolutionnaires – mission nécessairement difficile quand on l’effectuait avec violences, au bout d’un fusil ou d’une baïonnette10. Les instructions reçues à l’armée du Nord, par exemple, par Choudieu et Richard en juin 1794, sont mi-militaires, mi-politiques. Il faut, bien sûr, protéger les arrières de l’armée et mettre la place d’Ypres en état de défense permanente, ce sont là des nécessités stratégiques et militaires. Mais il faut aussi assurer la sécurité civile, question largement policière, même si la politique s’exprime avec un ton égalitaire, donc idéologique : « Les contributions doivent tomber exclusivement sur les riches, s’il s’en trouve des marquants, de plus spécialement dévoués au parti impérial, qui puissent nous servir à ravoir nos collègues enlevés par eux ; il faudra les prendre pour otages. Il faut aussi avoir soin de faire désarmer tout le monde, soit dans les villes, soit dans les campagnes, prévenir les rassemblements, défendre sous peine de mort que les habitants puissent se réunir au-dessus du nombre de trois, leur ordonner de rentrer chez eux avant la nuit, chasser ceux qui pourraient exciter des mouvements, faire une recherche exacte des émigrés »11. Sur les frontières et dans les pays envahis ou annexés, l’armée est ainsi obligée d’imposer son autorité sur la population civile, et ses méthodes – même quand elle est employée pour le maintien de la paix – utilisent en partie la menace judiciaire. On instruit aussi par l’exemple.
4Mais il y a des moments de tension entre l’armée et les autorités civiles, moments qui soulignent pour les Jacobins les dangers d’une armée insuffisamment politisée ou attirée par le modérantisme des autres. En temps de révolution, une telle armée est toujours tentée par la désobéissance et en proie aux ambitions des généraux ; elle peut être incapable des efforts de régénération qu’exigent les Jacobins. On trouve un bon exemple de ces tensions en décembre 1792, moment de conflit et de délation mutuelle entre les Montagnards, le ministre de la Guerre Pache, et le chef de l’armée du Nord, Dumouriez. D’après Jean-Paul Bertaud, ce conflit a ses racines dans les différents politiques. Dumouriez avait essayé de faire appel à ces Belges qu’il prenait pour être des modérés et des alliés sûrs en leur promettant l’indépendance pour la Belgique, le respect des lois et la sûreté des propriétés. Mais « la Convention voulait exporter en Belgique la Révolution : les autorités en exercice devaient être supprimées, la féodalité anéantie, la noblesse pourchassée et le pays transformé en satellite »12. Pour les politiques, Dumouriez est un faible qui veut apaiser les peurs des Belges et chercher un appui parmi la bourgeoisie sur place. Mais il y a aussi un intérêt militaire dans sa stratégie, car sa tactique est plus facile à appliquer avec la coopération des élites locales qu’avec l’épuration du régime qu’exige la Convention, épuration imposée de l’extérieur par un vainqueur déterminé à imposer ses institutions et sceller sa victoire.
5Par ailleurs, l’armée est traditionnellement, bien entendu, un instrument de répression à l’intérieur, une police utilisée par tous les régimes contre le brigandage et la grande criminalité, et il serait faux de penser à la Révolution comme novatrice dans ses méthodes, ni à la Terreur comme unique dans l’histoire du pays. Pour juger de son efficacité – et parfois de sa brutalité envers la population civile – il suffit de penser à la réputation des dragons envoyés par Louis XIV dans les Causses pendant les guerres de religion au xviie siècle ou à celle des armées de tous côtés pendant la guerre de Trente Ans, campagnes dont le souvenir continuait à hanter les pays les plus ravagés. Il va sans dire que les révolutionnaires n’ont aucun désir de laisser se perdre ces capacités. Comme sous la monarchie, ils continuent à se servir de l’armée pour les opérations de police, et surtout pour la répression de toute opposition anti ou contre-révolutionnaire. En Vendée et dans les pays de l’Ouest, à Lyon et dans le Sud-Est, on fait appel à l’armée pour arrêter ceux qu’on classe comme contre-révolutionnaires ou fédéralistes, ou qu’on imagine à la solde des Anglais, mission qui sème la terreur dans les villes et dans les campagnes. On lui présente le conflit comme une guerre sainte pour sauver la chose publique, tandis que l’ennemi est noirci par la propagande gouvernementale, tenu pour avoir perpétré la pire des trahisons. Par exemple, les représentants en mission aux armées des Alpes et d’Italie décrivent ainsi les crimes des fédéralistes en août 1793 : « Vous y verrez [écrivent-ils de Marseille] la trahison infernale des meneurs de cette ville et de celle de Toulon, qui, avec le mot de république à la bouche, entraînaient le peuple au royalisme et livraient la France à un ennemi perfide. À Toulon [ajoutent-t-ils], les traîtres ont adhéré aux propositions de l’amiral Hood, ont adopté à l’unanimité le gouvernement monarchique et proclamé Louis XVII ; [ils ajoutent qu’en conséquence] on y a pris la cocarde blanche et arboré le pavillon blanc »13. Il s’agit d’expliquer aux soldats que les Marseillais, les Toulonnais ou les gens de l’Ouest sont bel et bien un ennemi qu’ils ont l’obligation de combattre, sinon d’anéantir.
6Bref, l’armée, dans des contextes spécifiques mais multiples, se voit convertie en instrument de répression, et les soldats – les volontaires de 1791 et de 1792 tout comme les soldats-citoyens de la levée en masse – doivent accepter de jouer un rôle de plus en plus idéologique, rôle, d’ailleurs, qui leur montre les fractures de la société et risque de les mettre aux prises avec d’importants éléments de la société civile. Ces opérations sont présentées par le gouvernement comme des actions de guerre, entreprises pour le salut de la patrie. Elles deviennent une extension logique des combats sur la frontière, car en temps de Révolution la guerre se poursuit au-dedans aussi bien qu’en dehors du pays, et tout soldat, comme tout citoyen, doit accepter de combattre pour son régime aussi bien que pour sa nation. Quand l’armée a recours sur le territoire national aux moyens de pacification qu’on serait prêt à justifier chez l’ennemi, ces moyens risquent de susciter des résistances et d’être mal ressentis par la population. Pour le gouvernement, il s’agit de mesures de pacification ; pour les autres, c’est un niveau de violence tout à fait exceptionnel. Est-ce qu’on y reconnaît les passions de la guerre civile, brutales mais compréhensibles dans une guerre perçue comme juste, ou s’agit-il plutôt d’une terreur banale, consciente, et tout spécifiquement militaire ? Une fois le discours robespierriste accepté, toute la qualité idéologique de la guerre est reconnue, et l’armée devient une simple force de répression qui se bat et terrorise au nom d’une seule idéologie, le jacobinisme. Et quel niveau de terrorisme ! N’oublions pas que ce sont des députés envoyés aux armées – plus précisément, à l’armée des Alpes – qui ont été chargés de la terrible vengeance contre la ville de Lyon après la fin de sa révolte en 1793 : « La ville de Lyon sera détruite. Tout ce qui fut habité par le riche sera démoli. Il ne restera que la maison du pauvre, les habitations des patriotes égorgés ou proscrits, les édifices spécialement employés à l’industrie et à l’instruction publique »14. La destruction de Lyon devient ainsi une opération militaire.
7Notable, également, est le degré exceptionnel de contrôle qu’exerce le Comité de salut public sur les affaires de l’armée, dans des situations militaires souvent délicates où la sûreté de l’État est compromise et où il est facile – parfois trop facile – d’imputer aux généraux toute la responsabilité d’un revers, d’une perte, ou même le manque de courage de poursuivre un ennemi en pleine retraite. En effet, si dans la société civile la Terreur est souvent un compromis entre la volonté gouvernementale et les exigences des militants sur place – qui cherchent souvent à augmenter le poids de la répression15 – dans les armées c’est généralement la politique de la Convention qui s’impose. En 1793, des représentants sont envoyés aussi fréquemment aux armées que dans les départements pour faire appliquer les instructions du Comité de salut public, et cela à un moment où le Comité s’engage à détruire les derniers vestiges d’opposition et de Contre-Révolution par la Terreur. Le but de leur mission, dans la majorité des cas, est de répondre à une crise dans le recrutement ou à l’indiscipline des armées, ou de redresser une situation militaire jugée déjà compromise16. L’approche des députés est souvent sévère et inflexible, cherchant à éduquer l’armée par l’exemple et à démontrer, aux officiers autant qu’aux hommes, la nécessité d’une discipline forte et rigoureuse. De temps en temps ils vont plus loin, empiètent sur l’autorité des généraux et se lancent au combat aux côtés des militaires. Au député Châles, blessé sur le champ de bataille au cours de sa mission avec l’armée du Nord, le Comité de salut public répond qu’il « a partagé la douce émotion qu’a produite sur l’armée le spectacle d’un législateur qui affronte les plus grands dangers et qui scelle de son sang le généreux serment qu’il a fait de vivre libre ou de mourir. Le sang d’un représentant du peuple, quand il le verse au champ de gloire, est un germe heureux qui ne peut qu’enfanter des héros et accélérer l’heure du triomphe »17. Il a aussi l’heureux effet de rappeler aux soldats que leur premier devoir d’obéissance n’est plus à leurs officiers – toujours suspects aux yeux des Jacobins – mais à la patrie, à la Convention, à la chose publique. C’est un message qu’on doit renforcer par une justice exemplaire.
8La justice militaire était depuis des siècles un instrument pour imposer la discipline et supprimer les mutineries dans les corps. En 1791, quand la Révolution institua pour les civils un système de justice plus doux, qui garantissait les droits d’un défenseur et d’un jury pour tous, il ne fut pas question d’offrir ces mêmes droits de citoyenneté aux militaires. Le soldat continuait à être entendu, jugé et, le cas échéant, condamné par ses officiers, et les procédures étaient sommaires. La sévérité des juges au procès des mutins de Nancy, par exemple, rappela à tous le devoir de l’obéissance et les punitions qui attendaient ceux qui y manquaient18. Sous la République les pires excès de l’ancienne justice militaire sont sans doute abolis – on ne craint plus la pendaison ou la roue pour les fautes disciplinaires –, mais on montre peu de compassion pour les hommes de troupe qui subissent la tentation du pillage, du vol, ou de la désertion face à l’ennemi. Les peines, il est vrai, sont très inégales, reflets des pressions du moment ou du moral de la troupe. À cet égard, les missions de Saint-Just et Le Bas aux armées du Nord et du Rhin peuvent servir d’exemple. Devant une baisse catastrophique du moral des troupes, ils se servent de tous les pouvoirs de représentant pour sévir contre les abus et restaurer une bonne discipline dans les rangs. À l’armée du Rhin, où ils transforment le tribunal militaire déjà existant en « commission spéciale et révolutionnaire », l’effet immédiat est de multiplier le nombre des condamnations à mort : sur 264 personnes jugées entre octobre 1793 et les premiers jours de mars suivant, 64 – soit presque le quart – sont punies de mort19. On apporte ainsi la Terreur aux bataillons. Les peines sont généralement appliquées immédiatement, souvent quelques heures après, sans possibilité d’appel ni de grâce. Le coupable est fusillé – ou guillotiné, car on apporte aussi la guillotine dans les camps – devant ses camarades, ou pour les officiers devant leur régiment. Ce qui distingue ce système de justice de celui de Vergennes, d’ailleurs, ce n’est pas la douceur, c’est plutôt le manque de respect pour la hiérarchie, sociale ou militaire ; l’égalité de tous devant la justice, sans distinction de grade. Les peines les plus graves sont souvent réservées aux officiers, à ceux qu’on suppose plus instruits, plus enclins à la conspiration, et donc plus responsables pour leurs actions et celles des soldats qu’ils commandent. Parmi eux les officiers de l’armée de ligne, qui ont servi les Bourbons, sont les plus vulnérables à la justice et les plus exposés à la vengeance révolutionnaire.
9Considérons un instant le cas du comte de Custine, député de Metz à la Convention et général à l’armée du Nord, suspect sans doute pour ses origines nobles autant que pour ses opinions supposées modérées, et un de trois généraux de l’armée du Nord – les autres sont Luckner et Houchard – à terminer ses jours sur l’échafaud20. Brutalement destitué de son poste, il se trouve accusé en 1793 de crimes de trahison, et est traduit devant le tribunal révolutionnaire à Paris. Quels sont ses crimes ? Il a, « sans doute pour mieux couvrir la trahison qu’il tramait », faussement dénoncé le général Kellermann « comme un traître ou un ignorant dans l’art militaire ». Pire, il a abandonné Mayence quand elle était aux mains des Français et il a laissé à Francfort une garnison de 3 000 soldats sous un commandant étranger, « qui, conjointement avec les habitants de Francfort, ont tué et massacré une bonne partie des braves Français qui composaient cette garnison ». Bref, ses actions dans le Nord ont permis à l’ennemi de s’échapper à des moments où les Français étaient plus nombreux que leurs adversaires ou bien alors que l’armée ennemie semblait en piteux état. « Par la suite de ces manœuvres et intelligences, les villes de Francfort, Mayence, Condé et Valenciennes sont tombées au pouvoir des ennemis »21. Chaque fois, ses mauvaises décisions tactiques et ses faiblesses stratégiques sont interprétées comme des actes de trahison. Même ses efforts pour imposer une discipline sévère, efforts qui ailleurs auraient attiré l’approbation, contribuent à donner l’impression d’un général pusillanime, dénué de patriotisme, qui maltraitait les volontaires sous son commandement tout en espérant un retour de l’ancienne monarchie. D’après l’accusation, « Custine enfin, de son autorité privée, sans aucune forme et toujours sous prétexte d’indiscipline, a fait fusiller différents officiers et gardes nationaux volontaires, notamment trois ou quatre dans des vignes, près de Spire ; et au moment où ces volontaires étaient à manger du raisin, Custine, après avoir fait faire ainsi cette fusillade, s’est écrié : « Voilà comme on établit la discipline ! » »22. Condamné à la peine de mort, il est guillotiné en septembre 1793 sur la Place de la Révolution, victime de dénonciations politiques et de la Terreur au sein de l’armée.
10Peut-être importe-t-il toutefois d’hésiter et d’examiner des chiffres, avant de conclure que la justice militaire était toujours draconienne, ou que le sort des soldats était plus pénible que celui subi par leurs pairs dans la vie civile. L’armée fait face, bien sûr, à des problèmes immenses – le nombre d’hommes, énorme quand on les compare avec leurs prédécesseurs sous l’Ancien Régime ; la jeunesse et le manque d’expérience de ces hommes sous les drapeaux ; l’esprit de liberté et d’indépendance encouragé par la Révolution elle-même et difficile à interpréter dans un contexte militaire. D’ailleurs, il y a le fait que les officiers continuent à être regardés avec méfiance – d’où la décision d’assujettir les soldats à la loi et non pas à l’autorité des officiers. En l’an II, en effet, des soldats accusés des crimes les plus sérieux ne sont pas jugés par des juges civils, et l’autorité du général commandant est ici secondaire à celle du représentant en mission23. Ces crimes sont ceux qui sont les plus nuisibles à la discipline et au moral de la troupe : les vols commis entre soldats, le refus d’obéir aux ordres, la désertion face à l’ennemi, et surtout le pillage, infraction qui menaçait, beaucoup plus que la désertion, de détruire l’esprit et l’intégrité de l’armée. On devait sévir contre ces crimes, dans cette armée comme dans les autres, mais les soldats commettent aussi des infractions moins sérieuses, comme l’ivrognerie, l’indiscipline, la perte d’habits ou de fusils. La justice militaire dans l’armée du Rhin est intéressante à cet égard. Entre octobre 1793 et mars 1794, période où le tribunal jugeait « révolutionnairement » par ordre de Saint-Just et Le Bas, 62 hommes – officiers et soldats – sont condamnés à la peine de mort. Mais pendant ces mêmes mois, il y a environ 600 accusations ; de ce nombre 282 sont acquittés et 188 envoyés à l’intérieur pour être incorporés dans de nouvelles unités. Des autres, 36 sont condamnés à la perte de leur rang militaire, 34 aux fers, 34 à des peines de prison fixes, 24 autres à la prison jusqu’à la paix. C’est une justice sévère, qui choque peut-être dans une société qui se dit championne des droits de l’homme, mais c’est aussi une justice qui sait faire des distinctions entre les actions qui nuisent à l’effort militaire et celles, plus nombreuses, qu’on peut réprimer moins brutalement24.
11Avec les Jacobins le caractère idéologique de l’armée se renforce : les généraux et les autres officiers supérieurs sont choisis directement par le ministre de la Guerre, souvent en considération de leur contribution politique, tandis que par les proclamations, les chansons, les insignes et les pièces de théâtre on essaie de s’assurer de la loyauté des hommes de troupe. Avec Bouchotte au ministère de la Guerre, on introduit dans l’armée active des généraux républicains, choisis pour leur sans-culottisme et pour leurs opinions radicales parmi les militants des sections de la capitale. L’exemple le plus flagrant est peut-être Lavalette, ancien commandant du bataillon de la section des Lombards à Paris, promu général à l’armée du Nord, et qui s’entoure de lieutenants qui partagent ses opinions et cherchent à radicaliser la troupe25. Cette radicalisation prend de nombreuses formes, la plus importante étant la création dans les régiments mêmes de clubs et sociétés populaires, souvent affiliés au club des Jacobins parisien et regardant d’un œil fortement critique la discipline traditionnelle des armées26. Le citoyen-soldat devient également le sujet de toute une galerie iconographique – il est représenté sur les estampes, la faïence, et la numismatique, vêtu de l’uniforme bleu et patriotique de garde national, défendant son pays contre l’ennemi, arme blanche à la main, avec parfois un bonnet rouge sur la tête. C’est le moment aussi où le sabre démocratique triomphe de l’épée aristocratique, la période où se montrent partout les fameux « petits montmorency à coquille »27. Tout sert à souligner le même message politique, celui qu’on communique de plus en plus dans les bataillons eux-mêmes. Il faut une armée disciplinée, obéissante, qui défend le pays et la loi. Comment les hommes y répondent-ils ? En quelle mesure acceptent-ils d’être assujettis à une discipline républicaine, à ce qui devient ensuite une politique de Terreur militaire ? Et comment réagissent-ils au spectacle de la guillotine dans les camps, ou à l’exécution d’un des leurs pour des fautes militaires, comme la désertion, le pillage, ou le refus d’obéir aux officiers, fautes qu’on avait tenté d’excuser par la pauvreté, le manque de nourriture ou d’habits, ou le mal du pays ?
12Dans la mesure où ils en parlent dans leurs Mémoires et correspondances personnelles, les soldats semblent hésitants, peureux, conscients du fait qu’eux aussi auraient pu si facilement se trouver à la place de l’accusé. Le pillage, en particulier, est souvent puni de mort, même si, pour beaucoup de militaires, les petits vols de poulets ou de nourriture semblent souvent les seuls moyens d’échapper à la faim. Mais il faut à tout prix éviter la colère de la population civile, et pour cette raison la répression qui suit peut être terrible. Les vols de chevaux ou de bêtes de somme à des paysans dans les campagnes où passe l’armée peuvent entraîner la peine capitale pour les coupables28. Quand sept soldats de son bataillon sont dénoncés par une paysanne pour pillage aggravé avec menaces et blessures, dans les campagnes près de la frontière belge, le sergent-major Dumey note sèchement que « l’arrêté des représentants en Hollande, formel sur de tels excès, les condamne à avoir la tête lavée avec une poignée de plomb ». Et nul n’est excepté de la rigueur des lois : « Un homme estimé se trouve parmi les coupables [note-t-il] et, malgré cela, il sera sans doute puni de même pour s’être associé à des gens d’une conduite généralement reconnue mauvaise »29. D’après les souvenirs et les carnets de route publiés après la guerre, la sévérité de la discipline inspire la pitié aussi bien que la peur. Bricard se rappelle le cas de six tambours qui, ayant volé une vieille femme, furent envoyés devant un conseil de guerre en thermidor an II. Il note que « le conseil de guerre prononça : les deux plus avancés en âge furent condamnés à être fusillés, et les quatre autres, trop jeunes pour subir la peine de mort, furent condamnés à être spectateurs de l’exécution de leurs camarades »30. C’est une scène affligeante – les tambours étaient des garçons très jeunes – et les soldats expriment leur tristesse et leur pitié. Pour les officiers condamnés, en revanche, et surtout ceux qui ont abandonné leurs hommes en fuyant l’ennemi, il y a moins de sympathie. Jean Massip décrit sans émotion la scène au milieu du camp, près de Perpignan, quand il est, avec ses camarades, témoin de l’exécution d’un commandant de cavalerie condamné pour avoir laissé capturer cinquante de ses dragons : « Nous sommes assemblés [écrit-il à son père en germinal an II] au moins douze mille autour de la guillotine pour le voir à guillotiner, mais ça est bientôt fait […] »31. L’exécution n’est donc guère digne de commentaire et certainement pas de réprobation. Elle ne suscite ni horreur ni protestation, mais est acceptée par les soldats comme ils acceptent les fatigues de la guerre, les exercices, la marmite. Car la mort est partout dans le régiment, surtout au lendemain des batailles, lorsque vient « le temps des comptes » et qu’il faut estimer les pertes et corriger les registres de contrôle32. Une mort de plus, même celle d’un officier sur l’échafaud, ne suscite donc aucune émotion séditieuse.
13Pour quelques-uns – une minorité, sans doute, mais importante, et déjà gagnée à l’idéologie révolutionnaire – les condamnations des contre-révolutionnaires et les exécutions des officiers lâches ou timorés sont même accueillies avec une certaine satisfaction, sinon avec enthousiasme. Ce sont ceux qui collaborent avec les commissaires en dénonçant leurs officiers pour une discipline jugée excessive, qui discutent les jugements des tribunaux, et assez fréquemment qui assistent aux exécutions : dans les régiments comme dans la société civile, on sème la terreur pour instruire les soldats, pour encourager par l’exemple. Coupables des crimes les plus graves à leurs yeux, les accapareurs et les fournisseurs corrompus, quoique civils, sont justiciables des conseils de guerre. À Strasbourg, par exemple, Saint-Just cherche à stimuler le moral des soldats en faisant guillotiner devant eux un profiteur qui a contaminé le pain fourni pour la troupe. Pour des soldats réduits par la faim à manger des chats et des rats, le spectacle n’est pas sans un certain plaisir. Leclerc, un sergent-major en garnison dans la ville, en veut aussi aux prêtres qui continuent à corrompre les citoyens en leur prêchant des idées superstitieuses. Il approuve dans de tels cas le recours à la Terreur et l’utilisation des commissions militaires pour accélérer le cours de la justice. Non sans plaisir, il annonce ainsi à son père que « la fenêtre nationale nous a fait raison ces jours derniers d’un scélérat de prêtre et de deux femmes chez qui il logeait »33. L’homme n’est d’ailleurs pas des plus tolérant, il est vrai, car il se répand aussi en injures contre les Juifs, qu’il rencontre en grand nombre en Alsace. Il observe qu’ils « n’ont jamais été révolutionnaires […, qu’ils] ne sont autrement guidés que par l’appât du gain et la soif de l’or, trafiquant sur la monnaie sonnante, accaparant la plupart des denrées, et dont les principes ont été depuis le commencement de notre révolution contraires et bien éloignés de la chose publique, de vils agitateurs qui ne vivent que de tromperies, calculant et préférant leurs intérêts personnels au bien de la chose publique »34. Pour un soldat qui a fait de grands sacrifices pour la Révolution, l’égoïsme des autres semble insupportable, et la Terreur, même la guillotine, doit jouer son rôle. La culture particulière de l’armée, culture mâle et républicaine, qui fait appel à l’honneur, à l’obéissance et au sacrifice, contribue à stimuler cette intolérance vis-à-vis des faiblesses des autres, et à encourager dans la troupe un esprit de vengeance.
14La justice militaire prend souvent un air moralisateur, surtout pendant les mois de la Grande Terreur. Les délits qui résultent de l’égoïsme ou du laxisme – comme les absences répétées, l’ivrognerie persistante ou la licence sexuelle – sont sévèrement punis par les conseils de guerre ; on veut à tout prix réprimer la débauche et le libertinage dans les régiments. Les juges cherchent à imposer à la troupe un respect non seulement pour les institutions de la Révolution, mais aussi pour la vertu révolutionnaire. Les peines sont, en conséquence, une forme d’instruction morale, surtout pour les officiers. La loi les condamne sans appel : « Tout officier ou sous-officier qui serait trouvé ivre le jour d’une affaire ou étant de service sera destitué de son grade et détenu jusqu’à la paix comme suspect » ; « tout officier ou sous-officier qui serait attaqué du mal vénérien sera pareillement destitué et mis en état d’arrestation comme suspect »35. Une Révolution qui a essayé, sans beaucoup de succès, de chasser les femmes de mauvaise vie et les prostituées des armées, entend ici punir la troupe pour ses fréquentations douteuses. Il y a dans cette volonté un évident pragmatisme, car les fièvres et maladies condamnent à une mort prématurée beaucoup plus de jeunes soldats que blessures et pertes au champ d’honneur. Toutefois, cette campagne ne s’explique pas entièrement par les exigences de la salubrité, on cherche aussi à inculquer la vertu.
15Les Jacobins attachent une importance particulière à la vertu dans les rangs de l’armée, d’autant plus qu’elle assure pendant toute la période un rôle civil et est utilisée par les autorités pour semer la Terreur dans la société. Après Thermidor, cette insistance sur la probité et la conduite sans reproche fait place à un plus grand laxisme sur le plan de la moralité, mais cela n’implique pas qu’on cesse d’utiliser l’armée pour terroriser la population. Car la terreur militaire n’est pas l’œuvre d’un seul régime. On continua à s’en servir, là où on avait les effectifs, pour extirper le brigandage, comme on continua, sous le Directoire et le Consulat, à demander à l’armée un rôle actif dans la suppression de toute opposition politique. Déjà, en effet, l’armée jouait un rôle important dans ce que Howard Brown appelle « l’État-sécurité » promu par la Révolution et retenu par Napoléon36. Le brigand est l’« Autre » éternel, le hors-la-loi qui refuse la juridiction de la République, qui par malhonnêteté ou ignorance ne reconnaît pas les bienfaits de la société révolutionnaire. Et les pires des brigands sont les Vendéens, contre lesquels on déploie l’armée dans toute sa force militaire. Pour les soldats envoyés dans l’Ouest contre les rebelles, ceux-ci sont des gens méprisables – des ignorants, des superstitieux, parfois des bêtes sauvages qu’on trouve à rôder autour de leurs tanières37. Même leur vocabulaire est terroriste – un discours d’exclusion qui cherche à déshumaniser l’ennemi et à le dépeindre moins comme un être humain à convertir ou punir que comme un animal à abattre. Enflammés par la propagande anti-vendéenne comme par l’expérience d’une guerre civile souvent barbare, les soldats risquent alors de perdre la discipline et de brutaliser ceux qui tombent entre leurs mains. Boissé, un officier municipal accompagnant le premier bataillon de la Gironde dans l’Ouest, écrit qu’en Vendée « l’idée de pardonner à un ennemi est impensable ». Les soldats n’aiment pas leur devoir, et n’apprécient guère les tueries auxquelles ils doivent participer, mais ils en acceptent la nécessité : « Le bataillon est dans la Vendée, dont nous avons bien battu les brigands [écrit un jeune volontaire de l’hôpital de Nantes], brûlé, tué hommes, femmes et enfants, au reste tous ceux qui se présentaient devant notre armée, mais ce qui était le plus triste, c’étaient les pauvres enfants »38.
16Si l’on se sert de l’armée pour poursuivre des campagnes militaires – ou, tout au moins, paramilitaires – contre les insurgés, on utilise aussi la justice militaire pour les punir. Dès 1793, on crée des commissions militaires pour des buts essentiellement civils, imposant les lois d’exception sous la juridiction militaire, arbitraire et sans appel, et surtout en province. Sans jury, ni droit de défense, ces commissions partagent pleinement l’optique du Comité de salut public devant lequel elles sont responsables. Elles sont créées, d’ailleurs, avec l’intention expresse de délivrer une justice sévère et exemplaire, et de retirer à ceux qu’on soupçonne de crimes politiques les droits offerts à tout accusé par les réformes judiciaires de 1791. Leur aspect militaire est voulu, visant à semer la peur dans la population, à terroriser par association. Car la justice n’est militaire que de nom. La plus grande partie des juges sont des civils, choisis parmi les Jacobins, les sectionnaires, les révolutionnaires connus pour leur loyauté, leur fidélité au régime. Les commissions font partie d’un système de gouvernement d’exception imposé de l’extérieur sur des villes rebelles et des départements jugés ingouvernables. Prenons le cas de Bordeaux, où les représentants en mission Ysabeau et Tallien décident en octobre 1793 la mise en place d’un régime d’exception appuyé sur une commission militaire. Toutes les autorités constituées sont renouvelées ; les comités sectionnaires sont supprimés ; et tous les corps de cavalerie et d’infanterie dans la ville doivent s’adjoindre un nouveau bataillon choisi parmi les sans-culottes du Club et des sections afin de se reformer comme une armée révolutionnaire. Cette armée doit être, bien sûr, une force militaire, rassemblée pour faire obéir la population. Et la Commission militaire est établie dans le même but, imposer la loi et « reconnaître l’identité des personnes mises hors de la loi par les divers décrets de la Convention »39. Qui sont les membres de la Commission, les sept juges auxquels on donne la responsabilité de juger révolutionnairement les Bordelais ? Leurs métiers sont connus. Tous sont des bourgeois, même si quelques-uns sont en marge du monde du barreau ou du commerce. On y compte, par exemple, un marchand de vin, un soldat, un comédien, un pharmacien, un artiste graveur, des hommes qui appartiennent au monde de la boutique ou des arts, et qui ont souvent fait leur apprentissage politique dans les sections. Leur président, Jean-Baptiste-Marie Lacombe, est un maître d’école qui, par ses dénonciations des chefs girondins de la ville, a gagné une certaine notoriété parmi les Jacobins. C’est à cet homme, originaire de Toulouse, donc sans trop de liens encombrants avec la grande bourgeoisie bordelaise, à la réputation déjà souillée par des aventures financières et une condamnation pour vol, qu’on offre la présidence du tribunal le plus terroriste du Sud-Ouest aquitain40.
17Les tribunaux militaires ou révolutionnaires sont installés dans toutes les régions où Paris affrontait une population hostile. C’est bien sûr en Vendée que leur travail est le plus sanglant, envoyant par milliers des hommes et des femmes à la fusillade. En trois jours, à Savenay, Bignon condamne à mort 661 personnes dans un procès qui n’est juridique que dans les apparences. D’après Alain Gérard, « il s’agit moins de juger des hommes que d’effacer une engeance que la rhétorique exterminatrice a depuis longtemps déjà soustraite à l’humanité »41. Bref, les deux contributions qu’on peut classer comme militaires – celle de l’armée et celle de la justice militaire – sont ici des aspects complémentaires d’un seul processus terroriste, la réputation de la justice militaire y contribuant presque autant que les jugements rendus. Dans l’Ouest, les représentants en mission pensent résoudre les problèmes de sécurité en « portant la terreur » dans les communautés par la double arme du bataillon et de la justice – force militaire complétée par justice militaire pour supprimer toute opposition à la politique de la République et réussir la « pacification » de la Vendée.
18Les réussites de Carrier et de Turreau encouragent d’ailleurs ceux qui les suivent à se servir, eux aussi, de mesures terroristes chaque fois qu’ils font face au brigandage ou au désordre. Eux aussi penseront à utiliser la force militaire ; et, comme dans l’Ouest, ils chercheront à imposer une justice d’exception. Le langage de cette proclamation, issue de la Préfecture de l’Ardèche en nivôse an IX, offre le même justificatif de terreur que dans l’Ouest en 1794 :
19« Le gouvernement, lassé des crimes qui se commettent depuis si longtemps dans le Midi, vient d’ordonner la formation d’un corps spécialement destiné à poursuivre les brigands ; des éclaireurs, commandés par un général de brigade, vont parcourir successivement tous les départements qui composent la 9e division militaire. Ils sont suivis par une Commission militaire extraordinaire, chargée de juger dans les vingt-quatre heures tous les brigands pris les armes à la main. Que ces mesures rigoureuses ne vous effrayent pas, citoyens paisibles : elles ne doivent porter la terreur que chez ces hommes qui depuis longtemps se souillent de crimes, qui se font un jeu de tous les forfaits. »42
20Les jugements le confirment. Le procédé est expéditif, et ces brigands qui sont pris armes à la main sont guillotinés, sans possibilité d’appel. Les autres, convaincus d’avoir fréquenté les brigands, mais pris sans armes, en sont quitte pour des années en prison43. Sous le Directoire et surtout sous Napoléon, les leçons de la Grande Terreur auront été bien apprises.
Notes de bas de page
1 Déclaration du gouvernement révolutionnaire, 19 vendémiaire II.
2 Mona Ozouf, L’École de la France. Essais sur la Révolution, l’utopie et l’enseignement, Paris, Gallimard, 1984, p. 110-111.
3 Albert Soboul, La Civilisation et la Révolution française, Paris, Arthaud, 1982, t. II, p. 375.
4 S. P MacKenzie, Revolutionary Armies in the Modern Era - a Revisionist Approach, Londres, Routledge, 1997, p. 34.
5 Annie Jourdan, « Robespierre and revolutionary heroism », dans Colin Haydon and William Doyle (éd.), Robespierre, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 60-63.
6 Billaud-Varenne, Éléments du républicanisme (cité par Lucien Jaume, Le discours jacobin et la démocratie, Paris, Fayard, 1989, p. 21).
7 Annie Jourdan, La Révolution, une exception française ?, Paris, Flammarion, 2004, p. 186.
8 Jean-Paul Bertaud, La Révolution armée. Les soldats-citoyens et la Révolution française, Paris, Robert Laffond, 1979, p. 201.
9 Gérard de Puymège, Chauvin, le soldat-laboureur. Contribution à l’étude des nationalismes, Paris, Gallimard, 1993, p. 279.
10 Alan Forrest, The Soldiers of the French Revolution, Durham, North Carolina, Duke University Press, 1990, p. 159-160.
11 Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de Salut Public, avec la correspondance officielle des représentants en mission, Paris, 1889-1951, vol. 14, p. 385 (ensuite indiqué RACSP).
12 Jean-Paul Bertaud, La Révolution armée (…), op. cit., p. 95.
13 RACSP, vol. 6, p. 158-159.
14 Ibid., vol. 7, p. 376.
15 Les exemples d’initiatives terroristes invoquées ou initiées par des clubistes locaux sont très nombreux. Voir le cas du département de la Sarthe : Christine Peyrard, Les Jacobins de l’Ouest, Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 129-158.
16 Michel Biard, Missionnaires de la République. Les représentants du peuple en mission, 1793-1795, Paris, Éditions du CTHS, 2002, p. 302.
17 RACSP, vol. 6, p. 466-467.
18 Samuel F. Scott, The Response of the Royal Army to the French Revolution. The Role and Development of the Line Army, 1787-93, Oxford, Oxford University Press, 1978, p. 95.
19 Michel Biard, Missionnaires (...), op. cit., p. 302.
20 John A. Lynn, The Bayonets of the Republic. Motivation and Tactics in the Army of Revolutionary France, 1791-94, Urbana, Illinois, University of Illinois Press, 1984, p. 14.
21 Réimpression de l’Ancien Moniteur, vol. 17, p. 554.
22 Ibid., p. 414-415.
23 John A. Lynn, Bayonets (...), op. cit., p. 97.
24 Ibid., p. 115-116.
25 Général Herlaut, « Le général baron Dufresse », Revue du Nord, 14 - 1927, p. 170.
26 Pierre Dufay, Les sociétés populaires et l’armée, 1791-94, Paris, Daragon, 1913, p. 7-28.
27 Gérard Sabatier, « Une imagerie emblématique du soldat-citoyen : “les petits montmorency à coquille” », dans Michel Vovelle (éd.), Les images de la Révolution française, Paris, Publications de la Sorbonne, 1988, p. 215-216.
28 J.-M. Lévy, « La vertu aux armées pendant la Révolution française », Cahiers d’histoire, 12 - 1967, p. 365.
29 « Lettres de campagne du sergent-major Dumey de la 8e demi-brigade », Carnet de la Sabretache, 3e série, 1 (1913), p. 612.
30 L.-J. Bricard, Journal du canonnier Bricard, 1792-1802, Paris, Delagrave, 1891, p. 126.
31 Archives de la Guerre, Vincennes, Xw7, lettre de Jean Massip à son père, 1er germinal II.
32 Jean-Paul Bertaud, La vie quotidienne des soldats de la Révolution, 1789-1799, Paris, Hachette, 1985, p. 248.
33 Ernest Picard, Au service de la Nation. Lettres de volontaires, 1792-1798, Paris, Alcan, 1914, p. 48.
34 Ibid.
35 J.-M. Lévy, art. cit., p. 360.
36 Howard G. Brown, « From organic society to security state : The war on brigandage in France, 1797-1802 », Journal of Modern History, 69 - 1997, p. 661-695.
37 Alan Forrest, « La guerre de l’Ouest vue par les soldats républicains », dans Jean-Clément Martin (éd.), La guerre civile entre Histoire et Mémoire, Nantes, Ouest Éditions, 1995, p. 92-93.
38 G. Pagès, « Lettres de requis et de volontaires de Coutras en Vendée et en Bretagne », Revue Historique et Archéologique du Libournais, 190 - 1983, p. 158.
39 A. D. Gironde, arrêté des représentants Ysabeau et Tallien, 18 octobre 1793.
40 Pierre Bécamps, La Révolution à Bordeaux. J.-B.-M. Lacombe, président de la Commission Militaire, Bordeaux, Éditions Bière, 1953, p. 41-51.
41 Alain Gérard, “Par Principe d’humanité...”. La Terreur et la Vendée, Paris, Fayard, 1999, p. 305.
42 A. D. Ardèche, 7U 13, Proclamation du Préfet de l’Ardèche aux habitants du même département, 25 nivôse IX.
43 Ibid., Commission militaire, an VIII -an IX, pièces de procédure.
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