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Quelques souvenirs

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Jean Janvier

Première partie. La jeunesse et l'avant-guerre (1859-avril 1915)

Chapitre I. Les années de formation

Texte intégral

— Enfance et jeunesse

1Je suis né à Saint-Georges-de-Reintembault, arrondissement de Fougères, le 28 mars 1859, de Pierre Janvier et de Jeanne Desloges. Mon père exerçait la profession de plâtrier ; il mourut en juillet 1869, à la suite d’un refroidissement contracté dans le travail. Ma mère restée seule avec quatre enfants mineurs eut à faire face aux plus grandes difficultés. À onze ans et quelques mois, je résolus de quitter l’école communale de Saint-Georges, où M. Langlois, un brave homme d’instituteur, instruisait environ deux cents petits garçons. Sa femme l’aidait, mais était parfois obligée de s’absenter pour les besoins de son ménage et, pendant ces absences, j’eus souvent l’honneur d’être désigné comme moniteur. Ce furent là mes premières joies et j’en ai gardé toute ma vie, un agréable souvenir. De l’enfance restent surtout des impressions, qui éclairent l’ensemble un peu confus des souvenirs, et des images familières : la maison, la salle d’école, la fabrique ; car Saint-Georges-de-Reintembault avait sa fabrique.

La fabrique de lanternes vénitiennes

2Elle avait été fondée par un M. Lebouc qui, ayant été amené, par son travail, à séjourner quelque temps à Venise, eut l’idée d’introduire en France la fabrication des lanternes vénitiennes. Il s’associa, à cet effet, avec M. Godillot, le même qui plus tard devait créer la fameuse chaussure, à l’usage de l’armée, qui porte son nom. Tous deux montèrent une première maison à Paris. Ils firent de bonnes affaires, puis se quittèrent vers 1860 et M. Lebouc, continuant l’exploitation pour son seul compte, vint alors s’installer à Saint-Georges-de-Reintembault. C’était un peu son pays, puisque sa mère devenue veuve y habitait et que lui-même s’était marié, le 7 novembre 1837, avec une demoiselle Thérèse Collin, de Mellé, commune contiguë. La nouvelle fabrique prospéra très rapidement. M. Lebouc avait appelé près de lui, pour le seconder, son neveu, M. Eugène Lemoine, qui était employé de commerce à Rennes, dans la maison Turboust, mercier en gros, rue Saint-Michel. Je tiens personnellement ce détail d’un ami de M. Lemoine, M. Ripert, ancien négociant et ancien conseiller municipal à Rennes.

3Dès 1863, M. Lebouc laissait la maison à son neveu. Beaucoup de personnes de Saint-Georges travaillaient à cette fabrique qui employait près de deux cents ouvriers et ouvrières ; ma sœur aînée y était contremaîtresse : cela facilitait mes entrées et j’aimais regarder le travail, surtout celui des machines, les unes découpant le bois tendre du peuplier, les autres pressant les papiers multicolores. Mes petits camarades de classe et moi nous ramassions les déchets pour essayer, nous aussi, de fabriquer des lanternes ; quelquefois, il faut bien le dire, autre chose que des déchets ; mais c’est alors que Mme Lemoine, quand elle nous apercevait, menaçait de lancer sur nous son gros chien « Tom » qui nous faisait plus peur que mal... et nous détalions !

4La fabrique n’existe plus à Saint-Georges. Il paraît que M. Lemoine s’était présenté, vers 1870 au conseil municipal ; il fut battu. Or, quelques mois après les élections, il voulut faire installer chez lui le télégraphe, une nouveauté ; mais il fallait une décision favorable du conseil municipal qui, composé de ses adversaires politiques, déclara qu’il n’était « pas besoin de télégraphe pour ce chouan-là ». La passion politique l’emportait plutôt que le souci d’une bonne administration... La fabrique fut transportée, en 1875, à Saint-James, moins pour ce motif d’ailleurs, que parce que la rivière de Saint-James, plus importante que le ruisseau de Saint-Georges, permettait une meilleure installation et que d’autre part, l’agglomération de Saint-James, plus grande, facilitait le recrutement des ouvriers. Elle s’est maintenant très développée. Les descendants de M. Lemoine la dirigent encore.

La Société de Secours mutuels

5Nous n’avions pas seulement une fabrique ; nous avions une société de secours mutuels. On connaît le mouvement en faveur de ces sociétés naissantes, à la fin du Second Empire. La nôtre, dite « Société de Secours mutuels des ouvriers de Saint-Georges-de-Reintembault », fut constituée le 1er janvier 1869 sur l’initiative de Jacques Porin. Mon beau-frère, Francis Legrand, fut un des premiers adhérents. Le livret de la Société porte en exergue « Humanité - Dévouement », puis en plus petits caractères : « Aimez-vous les uns les autres ». Il peut paraître étrange que l’imagination d’un enfant soit frappée par une société de secours mutuels ; aussi bien n’ai-je pas besoin de dire que ce n’était pas l’idée abstraite de mutualité qui pouvait attirer mon attention ; je ne l’aurais sans doute pas comprise. Mais la vie de la société se manifestait par des cérémonies extérieures qui, dans notre petite commune, étaient des événements. À des occasions diverses, les membres de la société, revêtus de leurs habits du dimanche, se formaient en cortège avec leur bannière, prononçaient des discours. Ces réunions d’hommes très graves, cette bannière, ces discours excitaient ma curiosité. Ainsi l’enfance retient les images ; la raison, plus tard, découvre l’idée. La foule, à cet égard, ressemble un peu à l’enfance et c’est une des raisons, entre beaucoup d’autres, de l’utilité que présentent les manifestations et l’apparat des cérémonies.

Au travail — Le tour de France

  • 1 Apprenti chargé de porter les matériaux à pied d’œuvre ou sur l’échafaudage.

6J’avais douze ans quand je quittai l’école. Je décidai d’adopter la profession de mon père, et ma mère me plaça à Saint-Brice-en-Coglès (à mi-chemin entre Fougères et Antrain). Mais à cette époque, notamment à la campagne, il fallait être d’abord petit « goujat1 » avant d’apprendre le métier, et ce fut à Saint-Marc-le-Blanc (à quelques km de Saint-Brice), le 1er février 1871, maison Lepennetier, au bas du bourg, que, pour la première fois, « j’approchai » mortier, briques et plâtre aux deux ou trois ouvriers travaillant à cette maison. Du 1er février 1871 à août 1875, je suis resté à Saint-Brice travaillant dans toutes les communes des environs. Quelques bons ouvriers me mirent au travail proprement dit, en 1873 et 1874. Dès le commencement de 1875, j’exécutais convenablement les travaux courants ; heureuse, ma mère m’acheta un beau béret et, peu après, voulut bien autoriser qu’il me fût délivré un livret d’ouvrier à la mairie de Saint-Georges. C’est alors que, un bon bâton à la main, je vins m’embaucher à Fougères fin août, chez M. Marion, qui me paya 3,50 F par jour.

  • 2 Cette caserne, construite près de l’Arsenal de Rennes, le long du boulevard de la Tour-d’Auvergne (...)
  • 3 La maison centrale des femmes, toujours en service actuellement, est l’œuvre de l’architecte Alfre (...)
  • 4 L’entreprise Binard était installée place de Bretagne.
  • 5 Compagnon.
  • 6 Une des principales avenues nantaises entre la place Graslin et la place de la Bourse, dans un qua (...)
  • 7 C’est à Nantes que prend naissance le mouvement syndical breton : première grande grève (des moule (...)

7Débauché fin octobre, avec quelques autres camarades, je résolus d’aller à Rennes. Je fis le voyage à pied, la veille de la Toussaint, avec Ludovic Méret, ouvrier plâtrier rennais, qui m’aida à m’embaucher, d’abord aux travaux de la caserne de Guines2, puis à la maison centrale des femmes3. Mon oncle Eugène Gasnier, qui connaissait bien M. Binard4 le plus grand entrepreneur de plâtrerie de la région, me fit entrer, après quelques semaines de présence à Rennes, dans cette maison désirée de tous les jeunes ouvriers. Ce ne fut pas pour bien longtemps, car le désir de voir et d’apprendre me hantait de plus en plus : les premiers rayons du soleil de 1876 me conduisirent à Nantes. Embauché, dès mon arrivée, chez les frères Mercier, les plus considérables des patrons plâtriers de Nantes, j’y restai cinq mois travaillant dans le même chantier, comme « coterie5 » d’un des premiers ouvriers de la maison, pour le seconder dans les travaux délicats des salons et salles à manger d’un très important immeuble situé près le cours Cambronne6. Je prenais pension chez la « mère » Guénu, rue Saint-Similien. Je participai dans la même ville à un mouvement ouvrier, comme secrétaire adjoint du comité de grève7 ; ce mouvement nous valut une augmentation de 0,05 F par heure. Ayant besoin de me refaire une garde-robe, je profitai d’une occasion favorable pour aller travailler à Saint-Hilaire-de-Chaléons, dans le château de M. le comte de Juigné, situé presque à la limite de la Loire-Inférieure et de la Vendée. Comme le prix de la journée était fixé à 6 francs et qu’en outre nous étions nourris, je pus, en quelques semaines seulement, bien regarnir ma garde-robe, tout en constituant une réserve dans mon porte-monnaie. C’est ainsi que, pour la première fois, je fus propriétaire d’un billet de 100 francs.

8Pourvu de cette manière, je pris la route de Bordeaux, par La Rochelle, Coutras et Libourne, sans m’arrêter longtemps dans ces villes. Arrivé dans la grande cité bordelaise, qui m’attirait depuis longtemps, je trouvai aussitôt du travail chez M. Loreux, patron très compétent, actif et juste. Je restai chez lui environ un an. Je prenais pension chez la mère Plantais, rue d’Arès, « mère » des ouvriers plâtriers. Elle m’avait demandé, dès mon arrivée, comme aux camarades, un billet de pension de mon patron, mais je lui fis voir mon billet de 100 francs : tout de suite, elle me fit confiance. D’ailleurs je payais mes repas aussitôt, ce qui me donnait de grandes facilités, surtout à midi, car je pouvais manger près du chantier où je travaillais, sans avoir à prendre sur la durée du repos le temps de faire quelques kilomètres.

  • 8 Cru bourgeois du haut-Médoc, représentatif du terroir de Paulhac (croupe de graves donnant un fort (...)

9De mon séjour dans le Bordelais, j’ai conservé plusieurs souvenirs agréables. Voici l’un d’eux, que j’aime à rappeler, car il me reste comme un des points de fierté de ma vie ; c’est d’ailleurs à Bordeaux, ville de plaisir par excellence, que j’ai suivi le plus assidûment les cours d’adultes faits le soir, en hiver. Mais j’arrive au fait : donc, aux environs de cette belle ville, dans le Médoc, je travaillai pendant trois mois au château de Lanessan8 situé près du petit bourg de Cussac, sans jamais perdre une heure et sans que, mes camarades et moi, nous nous soyons livrés à la moindre « fête ». Nous étions quatre dans le même cas. Le jour de notre départ, le propriétaire du château, très content, tint à offrir à chacun de nous, une caisse de bouteilles de vieux vins renommés. Comme nous étions en gare de Moulis pour rentrer à Bordeaux, le patron du principal café de Lamarque (près de Margaux), où nous allions parfois faire une partie de billard et qui connaissait le contenu des caisses par le chef de chais du château, vint offrir 60 francs pour chacune d’elles à ceux qui auraient voulu vendre. Un seul accepta ; deux emportèrent leur caisse avec eux à Bordeaux, le quatrième se souvint qu’il avait à Saint-Georges-de-Reintembault une vieille mère qui serait heureuse de boire ce bon vin, et, aussitôt, il lui en fit l’expédition. Ma mère en conserva quelques bouteilles pour mon retour du « tour de France ».

  • 9 Allusion aux travaux effectués par l’ingénieur Pierre-Paul de Riquet (1604-1680) pour la construct (...)

10Après avoir encore travaillé quelques mois à Bordeaux, je pris, malle et porte-monnaie garnis, la direction d’Agen. Court arrêt dans cette ville ; je préférai Toulouse où, comme à Bordeaux, les travaux de plâtrerie étaient réputés. Je me trouvais dans cette grande cité quelques semaines après les inondations de la Garonne, qui avaient occasionné de grands désastres et, notamment, emporté les ponts. Je me souviens que les rues étaient en grande partie pavées de galets de rivière, chose désagréable pour ceux qui, comme moi, passaient dans ces rues avec des souliers de « trimardeur » un peu usagés. Je me souviens aussi d’avoir pu très difficilement m’habituer au goût de la cuisine à l’huile. Cela se passait au début de 1878. De Toulouse, je me rendis à Béziers, ville dont je garde une bonne impression. J’eus là, comme à Nantes, comme à Bordeaux, d’assez beaux travaux à exécuter. Ce qui m’intéressa le plus, ce furent les allées Paul-de-Riquet et les écluses du même nom, travail considérable, où en dehors des très nombreuses écluses qui se succèdent, il y a des passages superposés pour voitures, chemin de fer et piétons9.

  • 10 Ancienne orthographe de Sète.

11Mon premier arrêt, en quittant Béziers, fut Cette10. Dans cette ville, la « mère » des ouvriers plâtriers s’appelait Cinq et habitait rue de l’Hôpital. Nous aimions, pendant notre tour de France, à parler de la « mère Cinq à Cette », pour l’originalité de l’appellation et aussi parce que cette brave femme était très populaire. Enfin le désir de connaître Marseille ne tarda pas à me venir et l’envie « de voir » me fit prendre un bateau de cabotage pour me rendre de Cette dans cette grande ville. C’était ma première traversée un peu longue. Je m’en souviendrai toujours. Un orage épouvantable nous accompagna toute la nuit ; le pont du bateau était balayé par les lames ; je dus me glisser sous des toiles goudronnées qui protégeaient les bagages et les marchandises. À Marseille, je restai deux jours sans pouvoir manger et me remettant difficilement de cette pénible épreuve. Enfin je me rétablis complètement et trouvai une bonne « embauche », une bonne pension aussi, dans une petite rue près du cours Belzunce. Quelques semaines passèrent, puis je ressentis de nouveau le désir de voir quelques autres villes du midi.

12Rien ne m’y survint de particulier, sauf à Orange, où je fis la rencontre d’un camarade avec lequel j’avais travaillé à Nantes. Il me promit de m’aider à trouver du travail. Je pris pension avec lui, chez un restaurateur qui était en même temps pâtissier et fabriquait des confiseries. Aussi, après avoir cherché du travail chaque matin, et ne voulant pas être à la charge de mon camarade, je m’étais arrangé avec le restaurateur pour aller vendre, chaque après-midi, des bonbons bien rangés sur un plateau. Naturellement, j’avais la toque et le tablier blanc du pâtissier. Je faisais sans doute d’assez bonnes affaires, car nourriture et logement ne me furent pas comptés au départ. Après un arrêt à Valence et à Grenoble, je touchai à Lyon. Là je fus embauché aussitôt et fis des travaux intéressants dans un grand immeuble, près de la place Belcour. Le porte-monnaie, comme au départ de Nantes, n’était plus bien garni ; aussi fis-je comme à Nantes, en acceptant une embauche à la campagne, à Montmerle, dans le département de l’Ain. Grosse journée, nourriture et logement ; mon budget prospéra vite malgré l’acquisition de souliers, de chemises et de divers vêtements. Deux mois plus tard, j’étais à Saint-Étienne, ville noire où je fus obligé de ramasser mes blouses blanches pour ne porter que des vestons et des coiffures de couleurs foncées. Mon patron, M. Delasalle, me fit vite confiance. Il avait un frère de dix-huit ans, qui apprenait le métier de plâtrier et qu’il mit à la tâche, près de moi ; divers travaux me furent réservés qui exigeaient assez de soin et d’habileté. Je dus donner entière satisfaction car je fus seul invité, sur soixante ouvriers, à un repas de famille chez mon patron. Pendant un certain temps, je suis resté en relations avec lui.

  • 11 Le tirage au sort pour le recrutement de l’armée n’a été aboli en France que par la loi du 21 mars (...)

13Je songeais alors à faire un tour en Suisse, notamment à Genève, quand ma brave mère étant venue à Paris, chez des parents, en septembre 1879, m’écrivit qu’elle serait bien heureuse de me revoir, que je devais songer à mon tirage11 (janvier 1880) et que, si je voulais rentrer au pays, il y avait du travail dans la région, aux gares de Pontorson, d’Avranches, etc., où se construisait la ligne de chemin de fer de Lamballe (Côtes-du-Nord) à Lison (Calvados). Pris du désir d’embrasser ma mère, je me rendis donc à Paris par le train, avec une malle bien garnie et mon paquet d’outils au complet. Je me rappelle même que mes bagages pesaient plus de 30 kilos et que je dus en prendre une partie avec moi pour ne pas payer de supplément. Quoique pas bien riche, ma digne mère m’offrit un peu d’argent ; mais je lui déclarai que je n’en avais nul besoin et, trois ou quatre jours après mon arrivée à Paris, nous montions dans le tram pour gagner le pays de Fougères. En entrant gare Montparnasse, j’avais un peu devancé ma mère ; je pris nos deux billets : quand je lui remis le sien, je lui vis des larmes dans les yeux. Arrivée à Saint-Georges-de-Reintembault, elle racontait cela chez ma sœur aînée. Il me restait encore environ 70 francs ; j’en étais fier. Ainsi que me l’avait annoncé ma mère, je trouvai du travail dans la région et, quelque temps après, selon l’usage, je fêtai la conscription avec les camarades de ma classe.

— Mes cinq années de régiment

  • 12 Ancienne prison de Paris, construite en 1830 et démolie en 1900. Elle servait de lieu de détention (...)
  • 13 Aux lendemains de la Commune (l’amnistie des communards n’a été prononcée que le 11 juillet 1880) (...)

14En novembre 1880 je rejoignais, comme appelé pour cinq ans, le 114e de ligne à Parthenay ville où se trouvait le dépôt du régiment. Deux jours après mon arrivée dans cette petite ville des Deux-Sèvres, je fis partie d’un détachement d’une centaine de recrues désignées pour rejoindre et compléter l’effectif d’un bataillon du 114e, caserné à Paris, place de la République (caserne du Château d’eau). Après avoir fait les premiers exercices boulevard Richard-Lenoir, nous allions à Vincennes ; et vite les recrues eurent à coopérer aux services des places. Je pris ma première garde à la Grande Roquette, où étaient enfermés les condamnés à mort12. Je fus aussi de garde au ministère des Finances et au Palais-Bourbon. Partout, il y avait des consignes très sévères13.

15Comme je suivais le peloton d’instruction pour être caporal et que rapidement je fus classé dans les premiers, je me trouvai désigné avec quelques camarades pour être à mon tour de rôle, planton à la place. Nous nous y plaisions bien, car il était infiniment plus agréable d’occuper ce poste que de prendre la garde. Le 14 juillet 1881, comme toutes les troupes de la garnison, nous passions la revue de Longchamp ; au cours de cette revue, nous apprîmes que notre bataillon du 114e devait partir immédiatement pour la Tunisie.

La campagne de Tunisie14

  • 14 Profitant des désordres dont souffre le pays et désireuse de prévenir les intentions de l’Italie o (...)
  • 15 Rade active, à 12 km de Tunis, sur le canal reliant la ville à la mer.
  • 16 L’ancienne capitale punique, située sur une presqu’île du golfe de Tunis, aujourd’hui devenue un f (...)

16Deux jours après, nous prenions place dans ces wagons aux inscriptions bien connues : « chevaux en long 8, hommes 40 », non sans avoir entendu la population nous acclamer de la place de la République à la gare de Lyon. Et en route pour Toulon d’abord ! Le train nous conduisit jusque dans le port même où l’on nous embarqua sur un vieux et vaste transport, L’Intrépide, avec deux autres bataillons d’infanterie, un peu d’artillerie et de cavalerie, des services d’intendance et des services sanitaires, pour former une colonne volante, de deux mille cinq cents hommes environ, placés sous les ordres du lieutenant-colonel Brault, mort général, chef d’état-major de l’Armée et inhumé dans le cimetière de Saint-Servan. Débarqués à La Goulette15, nous fûmes aussitôt dirigés sur l’ancien territoire de Carthage16. Nous trouvions la Tunisie dans l’état où était l’Algérie en 1830, c’est-à-dire sans routes et sans moyens rapides de communication. Un sergent s’étant fait casser de son grade pour faute grave pendant la traversée, un caporal fut nommé sergent et, comme j’avais le n° 1 au dernier classement du peloton, je fus moi-même fait caporal.

17Taxés à 2 litres d’eau par jour et par homme, pour la toilette, le café, la soupe et pour nous rafraîchir, laver notre linge, etc., il nous fallait aviser. Avec quelques camarades et sur les indications des Pères Blancs de Saint-Louis, près de Carthage, nous nous livrâmes alors à des recherches d’eau, dans des souterrains, et en trouvâmes que les médecins reconnurent comme utilisable pour le lavage du linge ce qui réalisait une sérieuse économie sur nos 2 litres quotidiens. Ce fut en attendant mon tour de blanchissage, dans le fond d’un de ces ravins, que, faisant de nouvelles recherches, je trouvai, dans un recoin de vieilles murailles, un très joli morceau d’angle d’une frise de mosaïque, datant de bien des siècles. Au prix de mille précautions, je pus le décoller sans le casser ; j’en fis mon compagnon de voyage et, pendant plus d’un an, je le portai dans mon sac. Au bout de huit à dix mois, mon morceau de mosaïque se séparait en deux. Je l’aimais moins, mais continuais quand même à le porter, puis, en un jour de fatigue excessive, je le jetai au moment de remettre sac au dos. Comme je voudrais avoir cette mosaïque, aujourd’hui, sur la cheminée de mon cabinet de travail !

18À Carthage, nous ne sommes d’ailleurs restés que quelques jours. Au cours d’un après-midi, la soupe était sur le feu depuis un moment, quand des cavaliers vinrent aviser notre colonel que la colonne Corréard, forte de deux mille hommes, était aux prises de l’autre côté de la baie de Tunis, avec quarante mille Arabes. Il fallut renverser la soupe, mettre sac au dos et, à marche forcée, nous rendre au secours de la colonne menacée. Nous arrivâmes à temps ; des attaques de flanc combinées par l’infanterie, l’artillerie et la cavalerie mirent les Arabes en déroute. Des compagnies entières de la colonne Corréard n’avaient plus de cartouches ; son artillerie avait aussi épuisé ses munitions. Une cinquantaine de morts français furent enterrés, près de Hamman-Lif, et environ trois cents blessés, également français, furent chargés sur des chalands pour être dirigés sur le palais du Kérédine (entre La Goulette et La Marsa) qui fut converti en hôpital.

  • 17 Grand port sur la côte sud-est de la Tunisie, bombardé par l’escadre de l’amiral Garnault et pris (...)

19La colonne dont je faisais partie parcourut toute cette région, jusqu’aux premiers jours d’octobre, où des troupes furent groupées autour de Tunis en vue de son occupation. Notre bataillon avait reçu un nouveau renfort de cent cinquante hommes venant du dépôt. Le général Forgemol dirigeait l’ensemble des opérations. La brigade, à laquelle j’appartenais alors, était placée sous le commandement du général Morand. Le 8 octobre 1881, nous nous présentions, de bonne heure le matin, aux portes de Tunis ; elles étaient fermées. Nous nous attendions à donner l’assaut, mais des ordres supérieurs nous firent retourner sur les emplacements où nous campions la veille à une dizaine de kilomètres. Pendant deux jours, nos officiers nous firent la théorie sur les manœuvres à opérer, aux abords de Tunis, qu’il fallait occuper à tout prix. Les théories portèrent aussi sur la limitation des droits pendant le pillage, car nous devions avoir vingt-quatre heures de pillage si la ville ne se rendait pas, ainsi que cela s’était produit à Sfax17, quelques semaines auparavant. Enfin, le 10 octobre, à une heure du matin, nous nous mettions en marche, en plusieurs colonnes, vers Tunis. À quatre heures, mon bataillon occupait les forts d’El-Fil-Fil et de Sidi-Ben-Assen. Aussitôt, notre artillerie remplaçait les canons tunisiens par les nôtres et les pointait dans la direction de la ville. Plusieurs forts furent occupés dans les mêmes conditions autour de Tunis. Nous ouvrions alors les portes et parcourions dans tous les sens, la ville Blanche. Puis un régiment campa sur le cours de la Marine et plaça des postes partout dans la ville. Les autres troupes campèrent hors des murs, à 2 ou 3 kilomètres.

  • 18 Radès est située au sud de la lagune de Tunis, à 8 km de la capitale et près de l’embouchure de l’ (...)

20Après un séjour, assez bref d’ailleurs, dans ces conditions, les colonnes se reformèrent pour se rendre dans les régions où il y avait des troubles. Mon bataillon fut envoyé à La Goulette ; pendant trois mois, je fus chargé du dépôt des isolés. C’était là une petite administration tout à fait simple : recevoir les isolés et les détachements n’ayant pas de gradés à leur tête et tenir le cahier d’ordinaire comme pour une compagnie, mais sans que les prêts pussent se terminer par un « boni » puisque les hommes ne faisaient que passer. Il ne pouvait être réalisé de bénéfice sur les uns au profit des autres. Mais beaucoup d’isolés mangeaient en ville ; par la force des choses, il me restait des excédents. Ma compagnie était d’ailleurs au courant de ces excédents et se chargeait de les liquider, qu’il fût question de pain ou de viande, de vin, de rhum, etc. Pendant quelque temps, mon bataillon fut envoyé dans la ville sainte de Radès18 où, avant nous, n’était jamais entré un Européen : cette ville était habitée surtout par de hauts dignitaires tunisiens.

  • 19 À environ 130 km à l’est de Tunis.
  • 20 Localité tunisienne située aux confins des monts algériens de Kroumirie et de la Medjerda, près de (...)

21Après de nouvelles marches dans l’intérieur, ce même bataillon fit partie des troupes désignées pour l’Égypte et vint camper à La Goulette, où il reçut un nouveau renfort de cent cinquante hommes ; et, ce qui nous arrangeait bien, on nous habilla complètement à neuf. Après un séjour de deux semaines près de La Goulette dont la rade abritait des transports, des croiseurs et des cuirassés, constamment sous pression, un ordre nous renvoya sur l’intérieur dans la région de Souk el Arba19. Je me souviens du grand mécontentement que nous éprouvâmes de ne pas prendre part à cette deuxième expédition. L’Égypte nous attirait plus que la Tunisie. C’est vers cette époque-là que je fus nommé sergent. Ici, je dois un souvenir de reconnaissance au lieutenant Blandeau de ma compagnie, qui m’avait parfois surpris essayant de m’instruire par les moyens dont je pouvais disposer et qui se mit à ma disposition pour me donner des leçons chaque fois que nous le permettait un certain repos. Ce lieutenant est entré dans la gendarmerie après notre retour en France et nous sommes restés longtemps en relations. Mon groupe fit enfin partie de la colonne du général Sabatier et vint se placer à Aïn-Draham20, au centre des importantes et turbulentes tribus des Kroumirs.

  • 21 Plante graminée d’Afrique du Nord, abondante en particulier dans la région d’Oran, dont on fait du (...)

22C’est là que, d’accord avec le lieutenant Blandeau, je demandai à mon capitaine l’autorisation de construire des baraquements pour notre compagnie, le séjour sous nos petites tentes étant très pénible en raison de l’altitude où nous étions campés et, aussi, à cause des pluies incessantes. Je fus autorisé à disposer des hommes de ma compagnie pour établir une baraque et nous voilà partis chercher des pierres dans les collines, de l’argile et du sable dans les plaines, pendant que d’autres abattaient des arbres dans une forêt voisine. Le plus difficile fut de trouver des ouvriers couvreurs en paille, car il ne fallait pas qu’il plût dans la maison et l’alfa21, que nous employions comme couverture, demandait des ouvriers habiles pour que le toit ne fût pas perméable. Un camarade de Saint-Georges, A. Gérard, habile ouvrier zingueur, habitant actuellement Saint-Germain-en-Coglès, et qui, comme moi, avait fait son tour de France, m’aida dans la direction du travail. Gérard eut l’idée de faire un poêle avec des couches de fer blanc superposées, provenant de boîtes de conserves. Il réussit à confectionner le poêle aussi bien que le tuyau d’évacuation. Pour dessouder les boîtes, on les jeta sur un brasier. L’étain trouvé dans les cendres servit pour étamer les quarts, cuillers et fourchettes qui en avaient grand besoin. Naturellement, le général voulut sa maison. Il fallut ensuite faire un mess pour les officiers, un mess pour les sous-officiers, et chaque fois, il y eut inauguration. Le général Sabatier demandait toujours que je fusse à la table d’honneur, avec lui et les chefs de corps. Nous savions décorer nos maisons avec les toiles de tente, devenues libres, et avec nos ceintures bleues, dites de zouaves, pour garnir les murs et faire des tentures aux fenêtres. Il m’a été affirmé qu’Aïn-Draham était maintenant une ville de trente mille habitants. Tous ignorent qui a construit les premières maisons et fait les premiers grands sentiers qui nous servaient de rues.

Bilan de la vie militaire

23Enfin sonna l’heure de rentrer en France : en mars 1883, le général Sabatier me proposa de m’affecter à un autre régiment pour rester en Tunisie, mais je préférai le retour en France. Après avoir fait les étapes séparant Aïn-Draham de La Goulette, nous nous embarquâmes dans ce port, à bord d’un paquebot qui nous conduisit à Marseille. Nous y prîmes le train pour Lyon où, pour la première fois depuis vingt mois, nous disposions d’un lit. En effet, depuis juillet 1881, nous couchions par terre toutes les nuits, sans exception. Nous quittâmes Lyon dans l’après-midi pour arriver à Paris de bonne heure le matin et nous installer dans les forts de Romainville, Noisy-le-Sec et Rosny-sous-Bois. Sur les huit cents qui avaient pris part à la campagne de Tunisie, nous restions deux cent onze.

  • 22 Il s’agit de la ceinture de fortifications entourant Paris, achevée par Thiers en 1860 et qui perm (...)
  • 23 L’ordre du Nichan-lftikhar avait été institué en 1837 par Ahmed, bey de Tunis. Il comportait un ru (...)

24Après quelques semaines de repos bien gagné, on fit alors quelques petits exercices et mon bataillon fut envoyé au fort de l’Est, près de Saint-Denis22. Vers le mois de mai 1884, ma compagnie fut détachée à la poudrerie nationale de Sevran, où je fus libéré avec ma classe. Quelques jours avant la libération, le commandant Legrand, qui était à la tête du bataillon, m’invita à déjeuner chez lui avec mon capitaine et tous deux insistèrent à nouveau pour me voir contracter un réengagement. Mais j’avais confiance dans mon avenir professionnel, les contremaîtres et plusieurs des patrons, chez lesquels j’avais travaillé pendant mon tour de France, m’ayant prédit unanimement la réussite dans les affaires. Ainsi se termina mon service militaire, avec quatre campagnes. Comme tous mes camarades, je reçus la médaille coloniale ; depuis, j’ai été nommé commandeur de l’ordre du Nichan-lftikhar23 ; c’est le général Vau de la Nouvelle qui m’avait proposé pour la croix de Nichan-lftikhar, à cause de mes quatre campagnes et de ma collaboration en Tunisie.

  • 24 À environ 50 km à l’est de Tunis, sur la route de Am-Draham.

25Par contre, j’avais deux punitions de quatre jours de consigne. La première m’échut en Tunisie. Étant en colonne, nous arrivions un soir, assez tard, à l’étape de Medjez-el-Bab24 Le cuisinier de mon escouade avait oublié de moudre du café avant de s’endormir et, le matin, il vint me demander ce qu’il fallait faire. Ma réponse fut simple. « Il faut du café à l’escouade avant le départ ». Or pendant que le cuisinier tournait son moulin, je me trouvai gratifié de quatre jours de consigne « pour avoir fait moudre du café avant le réveil ». Le mieux est souvent l’ennemi du bien. Ma deuxième punition me fut infligée dans les forts, aux environs de Paris. Chargé de communiquer le rapport au jeune lieutenant de ma compagnie, un samedi matin, il me fut impossible de le trouver. J’avais pourtant d’autant plus essayé de le joindre que le rapport prescrivait un exercice des cadres pour l’après-midi. Se trouvant sous le coup d’une punition, le lieutenant vint me demander d’en accepter une de quatre jours de consigne « pour ne pas lui avoir communiqué le rapport en temps opportun ». J’acceptai et je dois dire que le lieutenant m’en fut reconnaissant.

Notes

1 Apprenti chargé de porter les matériaux à pied d’œuvre ou sur l’échafaudage.

2 Cette caserne, construite près de l’Arsenal de Rennes, le long du boulevard de la Tour-d’Auvergne percé peu auparavant (1863), porte le nom d’un ancien domaine qui fut propriété au 17e siècle d’un procureur au présidial.

3 La maison centrale des femmes, toujours en service actuellement, est l’œuvre de l’architecte Alfred Normand. Elle combine le système panoptique et cellulaire, avec une vaste cour – à la fois cloître et chemin de ronde – délimitée par le bâtiment de détention hexagonal. Le chantier, compliqué par de nombreuses contestations avec les entrepreneurs, dura quinze ans (1860-1875). Janvier participe donc, ici, aux dernières finitions.

4 L’entreprise Binard était installée place de Bretagne.

5 Compagnon.

6 Une des principales avenues nantaises entre la place Graslin et la place de la Bourse, dans un quartier de grands immeubles (dessinés par Mathurin Crucy), entrepris après la Révolution.

7 C’est à Nantes que prend naissance le mouvement syndical breton : première grande grève (des mouleurs et fondeurs) en 1873 ; création de neuf syndicats entre 1875 et 1877. En 1876, une organisation plus ancienne, la Société syndicale et philanthropique des plâtriers, se réorganise. On peut logiquement penser que Janvier a été associé à cet événement.

8 Cru bourgeois du haut-Médoc, représentatif du terroir de Paulhac (croupe de graves donnant un fort arôme médocain de cassis), ce château important (40 ha) existe toujours. Avec son musée du cheval, il fut l’un des premiers à s’ouvrir au tourisme vinicole.

9 Allusion aux travaux effectués par l’ingénieur Pierre-Paul de Riquet (1604-1680) pour la construction du canal du Midi (1666-1681) reliant la Méditerranée à l’Atlantique. À Béziers, les écluses et le pont-canal de Fontséranes sont particulièrement spectaculaires. L’ouvrage vient d’être inscrit au patrimoine mondial par l’UNESCO.

10 Ancienne orthographe de Sète.

11 Le tirage au sort pour le recrutement de l’armée n’a été aboli en France que par la loi du 21 mars 1905.

12 Ancienne prison de Paris, construite en 1830 et démolie en 1900. Elle servait de lieu de détention provisoire aux condamnés à la réclusion et aux travaux forcés, et de dépôt pour les condamnés à mort. C’est en effet devant la porte principale de la Roquette qu’avaient lieu les exécutions capitales.

13 Aux lendemains de la Commune (l’amnistie des communards n’a été prononcée que le 11 juillet 1880) et de la fondation de la Troisième République, l’atmosphère reste relativement tendue près des lieux du pouvoir. En application des lois constitutionnelles du 21 juin, les deux Chambres viennent tout juste de regagner Paris (3 novembre 1879).

14 Profitant des désordres dont souffre le pays et désireuse de prévenir les intentions de l’Italie ou de l’Angleterre, la France saisit en mars 1881 l’occasion d’intervenir par la force en Tunisie. L’opération est menée par terre (plusieurs colonnes pénètrent par le nord-ouest et la région du Kef) et par mer (débarquement à Bizerte). Au terme d’une première campagne de moins de trois semaines (23 avril-12 mai 1881), le général Bréart contraint Muhammad al-Sâdiq, bey de Tunis, à signer le traité du Bardo (du nom du palais du souverain) qui admet le protectorat : occupée militairement, la Tunisie est représentée à l’étranger par la France. Au moment où la question paraît réglée et la sécurité de la colonie algérienne assurée par cette nouvelle conquête, une autre insurrection éclate, à partir du sud tunisien. C’est à cette seconde campagne, suivie d’une période de pacification en Kroumirie, que participe Janvier. Trois colonnes françaises, rassemblant trente-cinq mille hommes, occupent successivement Sfax (15 juillet 1881), Kairouan (26 octobre), Gafsa et le Chott el Djerid (19 novembre), Gabès (30 novembre) dont la prise marque la fin de la résistance. Deux mille quatre cents soldats meurent au cours de la campagne (la plupart de maladie). Peu après ces événements, débute la crise d’Égypte : l’Angleterre bombarde Alexandrie en juillet 1882 (en raison d’émeutes anti-chrétiennes) et, pour asseoir sa tutelle sur le canal de Suez, occupe le pays dont la France est finalement évincée, en janvier 1883. Le rapport des forces étant alors stabilisé en Afrique du Nord, le protectorat français en Tunisie est officialisé par le traité de La Marsa (8 juin 1883).

15 Rade active, à 12 km de Tunis, sur le canal reliant la ville à la mer.

16 L’ancienne capitale punique, située sur une presqu’île du golfe de Tunis, aujourd’hui devenue un faubourg résidentiel, est distante de 16 km de la ville.

17 Grand port sur la côte sud-est de la Tunisie, bombardé par l’escadre de l’amiral Garnault et pris d’assaut par les troupes françaises en 1881.

18 Radès est située au sud de la lagune de Tunis, à 8 km de la capitale et près de l’embouchure de l’oued Miliane. Elle occupe l’emplacement de l’antique Maxula.

19 À environ 130 km à l’est de Tunis.

20 Localité tunisienne située aux confins des monts algériens de Kroumirie et de la Medjerda, près de la Méditerranée. Ce sont les expéditions entreprises par les tribus de cette région accidentée qui furent invoquées pour justifier l’intervention de la France en Tunisie.

21 Plante graminée d’Afrique du Nord, abondante en particulier dans la région d’Oran, dont on fait du papier, des tapis, des cordes, des semelles d’espadrilles, etc.

22 Il s’agit de la ceinture de fortifications entourant Paris, achevée par Thiers en 1860 et qui permit à Paris de tenir cent trente-deux jours de siège contre l’armée prussienne (19 septembre 1870 – 28 janvier 1871), jusqu’à la signature de l’armistice.

23 L’ordre du Nichan-lftikhar avait été institué en 1837 par Ahmed, bey de Tunis. Il comportait un ruban vert avec deux lisérés rouges de chaque côté et une croix à dix branches, et était accordé par le bey aux étrangers dont il voulait récompenser les services.

24 À environ 50 km à l’est de Tunis, sur la route de Am-Draham.

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