Être mobile : la circulation d’une épithète entre gendarmerie et police (1871-1914)
p. 439-451
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Texte intégral
1Durant la Troisième République, un adjectif investit à la fois l’histoire de la police et celle la gendarmerie par la double entrée de la police judiciaire et de la police administrative. De la création de la légion de gendarmerie mobile en 1871 à la naissance des brigades mobiles de police judiciaire en 1907, l’épithète « mobile » fut, en effet – successivement et simultanément – accolée à ces deux forces de l’ordre, mais avec des significations différentes, voire opposées, selon le contexte. Avant la Première guerre mondiale, une force mobile est sans cesse désirée dans la gendarmerie, mais jamais réalisée ; elle serait dévolue au maintien de l’ordre, donc ressortissant de la police administrative. Dans la police, l’adjectif est associé à la police judiciaire, au contre-espionnage, au renseignement, mais aussi au maintien de l’ordre. à première vue, deux histoires parallèles coexistent, dotées chacune d’une évolution, voire d’une concrétisation propre de l’idée de mobilité. Néanmoins, loin d’être discordants, ces processus révèlent des convergences chronologiques et suggèrent des interactions. L’alternance de la circulation de l’épithète « mobile » dans la police et la gendarmerie répond-elle au télescopage de projets volontaristes traversant des institutions distinctes ou navigue-t-elle au hasard de la construction d’une police tendant à l’unification ? à la Belle époque, la mobilité s’impose comme l’un des paradigmes de la modernité policière. La mobilité apparaît comme le gage d’une efficacité accrue. Cette représentation, qui envahit le champ judiciaire, reste inopérante dans le domaine du maintien de l’ordre, ce qui prive la gendarmerie d’une force mobile pour remplir une fonction qui la sollicite pourtant de plus en plus fréquemment. Comment expliquer, enfin, ce décalage aux effets institutionnels contrastés ?
L’épithète « mobile », entre police administrative et police judiciaire (1871-1905)
Des gendarmes qui cessent d’être mobiles et des policiers qui doivent le devenir (1871-1894)
2Sans doute pour prévenir toute reviviscence communarde, le général de Cissey institue le 23 juin 1871 « une force publique mobile pour assurer la sécurité à Versailles et, au besoin, renforcer la gendarmerie départementale 1 ». Une légion de gendarmerie mobile, d’environ 1 200 hommes, est créée. Reformée plutôt, car l’innovation en la matière est apparue sous la monarchie de Juillet, puis renouvelée sous la Deuxième République, qui institua un bataillon de gendarmerie mobile pour assurer le maintien de l’ordre à Paris. Le Second Empire à peine installé, cette gendarmerie, en récompense de sa loyauté, perd son adjectif de « mobile » pour gagner le titre honorifique d’ » élite 2 ». Faut-il interpréter comme une vexation des républicains le décret du 27 novembre 1879 supprimant l’escadron de la légion de gendarmerie mobile ? Le maigre bataillon qui demeure, essentiellement dévolu à la garde du Sénat, ne tarde pas à être lui-même dissout, le 28 mars 1885, face à la concurrence de la Garde républicaine. La gendarmerie mobile a-t-elle définitivement vécu ? Jusqu’en 1914, les discours corporatifs transmettent sa postérité par des projets récurrents de reconstitution, empêchés, toutefois, par une pesante procrastination institutionnelle.
3Dans les années 1870, la question de la mise en place d’une police mobile n’est pas plus soulevée que celle de la mobilité même des policiers. à l’instar des gendarmes des brigades limitant leur surveillance à leur canton de résidence, les commissaires municipaux bornent leur activité à l’horizon de la ville où ils sont nommés par le ministère de l’Intérieur. Militaires et policiers municipaux composent les forces de l’ordre dites « sédentaires ». Au début des années 1890, une des « spécialités 3 » de la police paraît pourtant soucieuse de s’adapter à une époque marquée par la révolution des transports et l’accélération des déplacements : la Police spéciale des chemins de Fer 4, dont le renseignement des préfets est la raison d’être. Les policiers spéciaux sont souvent installés dans les gares de leur département de résidence pour faciliter la surveillance des voyageurs suspects ainsi que la rapidité de leurs propres déplacements. Au début de l’année 1894, le ministre de l’Intérieur déplore néanmoins leur sédentarité excessive et entend les transformer en « fonctionnaires actifs, mobiles 5 », intervenant sur les points jugés nécessaires par les préfets et en élargissant leurs compétences à la répression judiciaire : « Leur mobilité s’adaptera à la mobilité des malfaiteurs eux-mêmes [qu’ils pourront] surprendre par une action soudaine et par des investigations imprévues 6 ». Le contexte des attentats anarchistes offre une occasion de résurgence au sourd cheminement de l’idée de police mobile. Le recul de ce péril et la baisse budgétaire corollaire qui affecta la Police spéciale réduisit-elle cette volonté à une simple velléité ?
Une gendarmerie mobile sans allant face aux petits pas de la police mobile (1885-1905)
4Durant une quinzaine d’années, l’épithète « mobile » traverse l’histoire des deux principales forces de l’ordre, mais apparemment dans des directions distinctes. La relative concomitance chronologique de l’investissement de chaque institution par ce mot permet-elle d’entr’apercevoir des correspondances entre police et gendarmerie ?
5Pendant cette période – et jusque dans l’entre-deux-guerres –, la place d’un corps mobile autonome dans la gendarmerie nationale tient dans cette formule : « pensons-y toujours, ne la faisons jamais 7 ! ». De ces ajournements répétés 8 ressortent deux traits : d’abord, tous les plans de reformation d’une gendarmerie mobile sont associés à une finalité de maintien de l’ordre et jamais à une perspective de police judiciaire ; ensuite, cette récurrence signe l’intérêt persistant des militaires pour une telle troupe, en dépit des polémiques relatives à son organisation et d’oppositions ponctuelles. Dans la presse corporative, la question ressurgit fréquemment après des troubles sociaux, qui renouvellent à chaque fois sa légitimité, et fait écho aux débats parlementaires à son propos. En 1893, à la suite de grèves, le journal proche des officiers de la gendarmerie évoque la restauration d’un escadron mobile, tombée dans oubli après avoir été discutée dix mois auparavant au Parlement 9. Deux hypothèses l’ont alors soutenue : l’organisation, premièrement, d’un corps indépendant de la gendarmerie départementale ; l’augmentation, ensuite, des effectifs des brigades de la Seine et de Seine-et-Oise par des gendarmes à cheval, mobilisés lors de circonstances graves. Un des motifs de mécontentement invoqués pour soutenir l’idée de l’utilité d’une gendarmerie mobile est la perturbation de leur service courant. En effet, pour assurer leurs missions de maintien de l’ordre – de plus en plus lourdes au fur et à mesure que les troupes de ligne sont désengagées face aux manifestants –, les gendarmes sont prélevés dans les brigades départementales 10. Au tournant des xixe et xxe siècles, le sujet de la reformation d’une troupe mobile est de nouveau d’actualité au sein de la gendarmerie. La menace du siège de Paris par de féroces grévistes est agitée pour dénoncer l’insuffisance du dispositif de protection existant 11. Mais le recrutement difficile de gendarmes hypothèque toute concrétisation 12.
6Dans la police, non seulement la généalogie de l’épithète « mobile » est fuyante, mais la signification de l’expression « police mobile » ou « brigade mobile » diffère selon les époques et les institutions qui la font émerger. Une première mention à des « brigades mobiles dans les trains 13 » apparaît en 1887, soit à peine deux ans après la dissolution d’une troupe mobile dans la gendarmerie. Faut-il y déceler le souci de maintenir au sein de la police, sous une autre forme, alors plus acceptable par les parlementaires, un attribut ayant disparu dans la gendarmerie ? La Sûreté générale est sollicitée par les compagnies ferroviaires pour assurer la sécurité des voyageurs et des marchandises. En juin 1887, l’essai de ces « brigades mobiles » est proposé pour satisfaire le « progrès réclamé par l’opinion publique 14 ». être mobile, c’est être moderne, et la police doit s’adapter à cet impératif catégorique à une époque où l’opinion, travaillée par une presse conquérante, est devenue prépondérante dans la république parlementaire. La question se pose alors de savoir quelle devrait être l’apparence la plus adéquate des agents de cette future police : en tenue bourgeoise ou en uniforme ostensible ? Cette dernière aurait entre autre avantage de rassurer les voyageurs : « c’est un gendarme qui les accompagne 15 ». L’argument indique que, dans les années 1880, la gendarmerie fait encore bonne figure dans le milieu policier ; elle ne prête pas encore à rire, comme dans les mémoires de certains de ses représentants à la Belle époque. Au contraire, un service en tenue de ville permettrait les « surveillances occultes » et les « filatures, qui n’ont pas de caractère criminel 16 », autrement dit le contre-espionnage. Deux aspects déterminant deux finalités distinctes de l’activité policière, donc.
7Si ce projet paraît être resté en l’état, une « brigade mobile d’agents de la sûreté 17 » paraît voir le jour en Seine-et-Oise en 1892, après un crédit voté par le conseil général. Composé de dix agents, ce service à vocation et financement intercommunal 18 est destiné à se consacrer aux recherches judiciaires, sous l’autorité du préfet. Cette imagination policière s’exporte puisque l’effervescence en la matière est également à l’œuvre en Belgique, où le ministre de la Justice préconise, le 26 février 1892, la création d’une police judiciaire mobile, à disposition des parquets, pour lutter contre la criminalité impunie. Le modèle de la « brigade de sûreté 19 » française est invoqué comme argument à l’appui de cette demande. La concordance chronologique laisse penser que l’idée du préfet Bargeton essaime, mais l’expression peut aussi désigner le service de la sûreté de la Préfecture de police. Quoi qu’il en soit, l’exemple signale la circulation rapide des termes des problématiques policières en Europe – au moins francophone –, dont les pays connaissent des problèmes d’organisation similaires, marqués par des débats autour du choix entre logique centralisatrice ou permanence de l’héritage administratif municipal. Réciproquement, le constat de ces échanges informels invite à s’interroger – sans éléments de réponse – sur l’une éventuelle influence de la proposition belge sur les projets français ultérieurs 20.
8Cependant, l’absence de sources accrédite l’idée d’une disparition rapide de cette brigade expérimentale en Seine-et-Oise. L’expression ressurgit, en 1900, lors de l’Exposition universelle. La Préfecture de police met alors en place une « brigade mobile 21 », liée au service de la Sûreté, dont le dessein courait depuis au moins deux ans ; elle surveille particulièrement les prostituées, les mendiants et les pickpockets. Ses tâches ressortissent donc à la fois de la police administrative et de la répression judiciaire.
La mobilité à la gendarmerie ou la police ? (1905-1907)
Une police mobile ou une gendarmerie mobile pour le maintien de l’ordre ?
9Durant les années 1905, 1906 et 1907, police et gendarmerie semblent chacune en mesure de s’accaparer le titre de la mobilité, mais en poursuivant des enjeux distincts. En 1905, le désir d’une gendarmerie mobile est à nouveau une préoccupation d’officiers de l’Arme, à la suite de la grève des gardiens de la paix à Lyon22. Ce mouvement social permet à un défenseur de la gendarmerie de démontrer l’inanité du plan d’une police mobile destinée au maintien de l’ordre ; au contraire, cette grève manifesterait la supériorité des gendarmes – mobiles, de surcroît – en la matière 23. La proposition du sénateur Montfort, qui entend constituer une « force spéciale de police […] à laquelle reviendrait exclusivement le devoir de maintenir l’ordre 24 », est ainsi facilement contrée. Le sénateur préfère la police à la gendarmerie et à l’armée dont l’emploi « a toujours eu […] les plus douloureuses conséquences 25 ». à la suite de cette grève de policiers, le ministre de la Guerre est chargé de relancer un projet de loi relatif à la renaissance d’une gendarmerie mobile. En écho à ces travaux, une troupe mobile, composée de « professionnels des grèves », est à nouveau réclamée par la presse corporative des officiers 26. Si le souci du maintien de l’ordre sous-tend cette revendication, celle-ci vise surtout à obtenir des conditions satisfaisantes, et réglementées, de logement et de déplacement pour cette troupe spécialisée, au contraire du sort réservé aux gendarmes départementaux, tirés de leurs brigades pour être « mal installés, mal logés, mal nourris 27 » sur les lieux de leur détachement. Ce vœu paraît devoir se réaliser le 3 avril 1906, avec le projet de loi d’instauration d’une « gendarmerie mobile chargée d’assurer le maintien de l’ordre 28 ». Celle-ci pourra également être employée à des missions de surveillance en période calme. Si l’échec du projet est surtout imputable à l’opposition parlementaire socialiste, il l’est également à l’absence de soutien dans l’Arme. Ainsi, la presse proche des officiers récuse l’institution d’une force rattachée au ministère de l’Intérieur et « regardée comme une troupe policière avec ce que ce qualificatif comporte d’humiliant 29. » En somme, aux yeux de cet officier, la militarité cultivée prime sur l’essor des fonctions si celui-ci implique une policiarisation accrue, ce qui peut facilement laisser penser que la gendarmerie se complaît dans une tour d’ivoire incompatible avec ses missions. En cultivant sa spécificité, l’Arme n’a-t-elle pas alors concouru à son propre immobilisme et à son discrédit en matière de sécurité publique alors que, concomitamment, des personnalités puissantes, le climat d’insécurité exacerbé par la presse 30, des hommes politiques œuvrent à la réalisation d’une police judiciaire mobile ?
Des « brigades de sûreté générale et de recherches criminelles » aux « brigades mobiles de police judiciaire » (1906-1907)
10La naissance des brigades mobiles en 1907 apparaît comme l’avatar des deux brigades de Police spéciale attachées à la Direction de la Sûreté générale, à la suite de l’attentat de Vaillant, pour des « missions d’ordre particulièrement délicat 31 ». Nées dans l’ombre de la police politique, ces brigades connaissent néanmoins la publicité des débats parlementaires 32 et sont régulièrement convoquées, au début de xxe siècle, par les rapporteurs successifs du budget de l’Intérieur pour réclamer « l’institution d’une brigade volante de sûreté générale et de justice criminelle, destinée à rayonner dans les départements pour suppléer à l’insuffisance de la gendarmerie et des polices locales 33. » L’un des arguments soutenant cette vue dénonce l’irrégularité du détachement en province des agents de la Préfecture de police afin de résoudre les crimes les plus graves. Sortie de la rue des Saussaies, la mobilité de ces brigades glisse du registre de la haute police vers celui de la police judiciaire. Les arguments ont d’autant plus de chance de porter qu’ils sont précédés et soutenus par les revendications d’élus s’alarmant officiellement de la prétendue inflation de la criminalité. Ainsi, en 1905, à la suite de sept meurtres crapuleux, le conseil général de la Côte-d’Or déplore l’ » impuissance de la justice locale » et « l’insuffisance des services de police en province 34 » pour solliciter la création d’une section d’agents de la Sûreté générale, mise à la disposition des Parquets. Au même moment, la bande des frères Pollet « terrorise » la Flandre 35. Leurs crimes s’ajoutent à ceux commis par les « chauffeurs de la Drôme », la bande Bouchery ou ceux des « bandits d’Abbeville ». L’opinion est également sensible à la criminalité, réelle ou fantasmée, des nomades dans les campagnes ; en même temps, les villes paraissent envahies par les « apaches » – terme générique incarnant la dangerosité urbaine au début du xxe siècle 36 – quand leurs banlieues deviennent un nouveau foyer criminogène. En somme, le danger criminel semble partout, sous les formes les plus atroces.
11Dans un tel climat de psychose insécuritaire, en juillet 1906, le directeur de la Sûreté générale, Henri Huard, n’a d’autre choix que de proposer au ministre de l’Intérieur Clemenceau, « deux brigades, dites de recherches de sûreté générale et de recherches criminelles 37 », qui seraient mises à la disposition des magistrats ou appelés à intervenir « en cas de troubles, de manifestations, de grèves… 38 ». Directement issus des brigades dirigées par les commissaires Moreau et Hennion, créées en 1894 – pour lutter contre les anarchistes, donc –, ces nouveaux organismes se consacreraient essentiellement à la police judiciaire, même si la participation ponctuelle à des opérations de maintien de l’ordre n’est pas exclue. Les décrets déjà rédigés lors de la remise de ce projet ne furent néanmoins jamais signés. La circulation de l’épithète entre police judiciaire et police administrative signe la porosité de deux champs pourtant bien délimités par le Code d’instruction criminelle et l’enchevêtrement des activités qui leur sont liées, par-delà les clivages légaux. Alors tout semble réuni pour permettre l’institutionnalisation de ce dessein, son ajournement laisse perplexe. Manque de crédit, défiance du ministre ou… résistance de Célestin Hennion au nouveau rôle qui lui est destiné ? Il n’est pas sûr, en effet, que ce dernier soit l’objet d’une promotion avec une telle nomination, puisque le directeur de la Sûreté générale, Huard, a d’abord consacré plusieurs dizaines de pages de son rapport à saper l’honnêteté professionnelle et morale, ainsi que les compétences judiciaires, du seul commissaire principal de la Sûreté générale. Peut-on, dès lors, supposer que les brigades imaginées par Huard aient avant tout été conçues comme un moyen d’éloigner Hennion de Paris, de l’accaparer tout entier à une nouvelle tâche et… de récupérer des dossiers accumulés qui, selon le directeur de la Sûreté générale, pourraient compromettre les politiciens en place ? Comme on le voit, hier pas plus qu’aujourd’hui, la politique sécuritaire ne saurait être réduite à de hautes considérations invoquant le bien public et la défense des citoyens… Sept mois plus tard, le 30 janvier 1907, Hennion remplace Huard à la tête de la Sûreté générale, sans que les deux « brigades de recherches de sûreté générale et de recherches criminelles » ne soient sorties de leur carton.
12Alors que les crédits accordés à la Police spéciale des chemins de fer ne cessent de diminuer, le 30 décembre 1907, douze brigades mobiles de police judiciaire, peuvent enfin être instituées – le second fait étant favorisé par le premier –, à la suite d’une vague de réformes 39 permises par l’installation de Hennion. Celui-ci a donné une nouvelle impulsion à une vieille idée par des moyens enfin conséquents, à défaut d’être suffisants. Pour cela, il a fallu adopter une posture témoignant de la volonté de débarrasser cette nouvelle force à vocation judiciaire de sa gangue natale de police politique. Ces brigades mobiles de police judiciaire sont filles de la Spéciale et l’homme qui les a portées est lui-même un commissaire qui a fait jusqu’alors toute sa carrière dans cette police politique. L’année 1907 constitue donc autant un aboutissement qu’un commencement pour la police mobile. Achèvement pour des brigades dont les origines remonteraient aux années 1890, qui disparaissent pour renaître sous une autre forme concrétisant l’idée de mobilité. C’est désormais la police qui est « mobile » alors que l’épithète avait été initialement institutionnalisée par la gendarmerie. Cette passation s’est accompagnée du glissement de son application du maintien de l’ordre à la police judiciaire. Clemenceau, partisan de la modernisation des forces de l’ordre, a réussi avec la police ce qui avait échoué avec la gendarmerie en avril 1906 parce que le registre différait. Dans la gendarmerie, le débat alimentant l’idée d’une force mobile n’est pourtant pas clos, même s’il connaît un étiage jusqu’en 1909. L’installation d’une « brigade mobile de gendarmerie 40 », s’ajoutant à la brigade sédentaire déjà présente dans les cantons, est imaginée. Si la circulation de l’expression « brigade mobile » entre gendarmerie et police, maintien de l’ordre et police judiciaire révèle une imprégnation des représentations, traduit-elle plus profondément une maturité des institutions rendant possible l’apparition de nouveaux dispositifs ? À bien des égards, l’année 1907 fut donc celle de la mobilité, rêvée ou concrétisée, pour les forces de l’ordre.
La mobilité à l’épreuve de son application (1907-1914)
Une mobilité policière, mais pas seulement judiciaire
13Paradoxalement, pour que les policiers mobiles aient les moyens principiels de leur épithète, il leur fallait se sédentariser, ce qui n’allait pas de soi. L’activité des « mobilards », dans les mois qui suivent leur institution, reste d’abord statique puisqu’ils surveillent la mobilité des autres, comme le rapporte le chef de la 7e brigade mobile, à Bordeaux. Celui-ci indique que l’essentiel du service de ses hommes, au printemps 1908, est de « s’occuper spécialement du service de la gare 41 ». Deux étapes, recouvrant une double perspective, ont été nécessaires pour imprimer aux brigades mobiles un dynamisme à leur mouvement et de l’efficacité à leurs recherches. Dans un premier temps, il faut créer l’habitude, par les parquets de la circonscription, de la sollicitation de la nouvelle force de police judiciaire. Certains magistrats, appuyés par des préfets, préférant le dispositif existant 42, Célestin Hennion intervient en Gironde pour imposer le nouveau service aux autorités administratives et judiciaires 43. Cette phase terminée, les « mobilards » constituent ensuite leur fichier. Toute personne interpellée est fichée. En outre, les policiers se déplacent dans toutes les prisons de leur circonscription pour procéder à la mensuration anthropométrique des détenus 44.
14Les brigades mobiles visent à se déplacer « rapidement 45 ». La rareté, si ce n’est l’absence, d’automobiles jusqu’en 1912 46 perdure durant l’entre-deux-guerres 47. Alors que les « mobilards » circulent d’abord avec le chemin de fer et la bicyclette, l’usage de ce premier moyen de transport impose des contraintes budgétaires qui restreignent la capacité de rayonnement des policiers et la durée de leurs investigations. En 1909, les agents de la 4e brigade mobile doivent payer leurs trajets sur le réseau ferroviaire des Côtes-du-Nord. Ces frais, non prévus, réduiraient les possibilités d’action du service, déplore le commissaire divisionnaire 48, ainsi que le chef des « mobilards » toulousains 49. Si les policiers sont « investis d’une compétence étendue 50 », les moyens de la rendre effective sur leur territoire d’exercice sont limités. Cette gêne financière, freinant la mobilité, s’accompagne d’un personnel numériquement insuffisant dans des circonscriptions trop vastes. Plusieurs commissaires divisionnaires regrettent cette faiblesse et réclament rapidement des moyens humains supplémentaires 51. La mobilité affichée occulte ainsi la difficile appropriation du territoire dans lequel la nouvelle force de l’ordre s’installe.
15La mobilité de cette nouvelle police nécessite pour cela l’enracinement de ses agents. En dépit de la volonté affirmée d’employer un personnel d’ » agents expérimentés 52 », les policiers mobiles ne sauraient être de complets hominesnovi. Ainsi, la connaissance des « idiomes locaux 53 » est une nécessité pour des agents enquêtant principalement dans les campagnes 54. La majorité des premiers « mobilards » toulousains est originaire de la région, ce qui semble impliquer de facto la maîtrise des patois locaux ; quant aux agents jugés incapables de converser avec la population, leur mutation est demandée 55. La mobilité est donc assujettie à des contraintes géographiques humaines qui nuancent son image de modernité répressive. Remarquons également que cet enracinement régional, s’il est censé favoriser l’activité des « mobilards », limite la mobilité d’une carrière à un horizon géographique forcément restreint.
16La mobilité n’est pas au service exclusif de la police judiciaire, malgré la fonction dévolue aux brigades de la Sûreté générale et la profession de foi de Clemenceau 56. L’infiltration, en concertation avec un commissaire spécial, des ouvriers viticoles du Gard par un inspecteur de police mobile « employé au sulfatage des vignes […] pour pénétrer dans le milieu 57 » lors de mouvements sociaux s’accompagnant de sabotages, prouve que le rattachement des policiers mobiles à la Police spéciale recouvre une similarité de pratiques. C’est moins le procédé qui dérange le chef des « mobilards », qui avait donné son accord au commissaire spécial, que le risque de scandale lié à l’ébruitement du procédé. Si, dans ce cas, l’emploi des brigades mobiles hésite entre police judiciaire et renseignement, il est également difficile de déterminer si le commissaire divisionnaire de la 12e brigade mobile agit dans le cadre de ses attributions lorsqu’il arrête des meneurs de grève, accusés de sabotage, après une charge de dragons menée sabre au clair, appuyée par la gendarmerie requise par la police mobile pour une tâche de maintien de l’ordre 58. Police judiciaire et police administrative s’interpénètrent donc ; répression et maintien de l’ordre se complètent en associant policiers et gendarmes.
La gendarmerie, mobile sans le savoir, mobile par nécessité, mobile par imitation de la police
17À partir de 1907, l’épithète « mobile » est institutionnalisée par la police. Les textes officiels et les représentations rangent les gendarmes dans la catégorie des forces de police sédentaires. Pourtant, cette force militaire investie de missions civiles est habitée par un paradoxe. Si, en matière de police judiciaire, les brigades sont rivées à leur canton de résidence, les militaires employés au maintien de l’ordre sont détachés de leur circonscription pour être envoyés où les nécessités l’exigent.
18Avec les réticences croissantes pour l’emploi des troupes de ligne durant les opérations de maintien de l’ordre, et en dépit des échecs récurrents de reconstitution d’une force mobile de gendarmerie, l’Arme doit être de plus en plus mobile sans l’exhiber officiellement. La question de la reconstitution d’une gendarmerie mobile est à nouveau à l’ordre du jour, à la fin de l’année 1909, au Parlement. La presse proche des officiers de l’Arme s’en fait l’écho en soutenant l’idée « la mobilité doit être […] la première des qualités à rechercher dans toute force publique appelée […] pour le maintien de l’ordre 59 ». Les prélèvements sur la gendarmerie départementale sont rejetés au nom de l’impossibilité d’arriver à un mouvement assez rapide et en raison d’effectifs aléatoires en début de grève. Se dégage le plan de faire de cette formation une école préparatoire où enseigneraient « des cadres spéciaux, choisis, tout à fait aptes au métier d’instructeurs et connaissant à fond les meilleures méthodes d’éducation technique et professionnelle 60 ». Au terme de leur instruction, les gendarmes choisiraient la gendarmerie « sédentaire » ou cette nouvelle gendarmerie « nomade ». Alors que la reformation d’une gendarmerie mobile paraît pouvoir enfin aboutir s’observe une inversion des représentations dans la presse proche des officiers. En effet, en 1906, après l’ajournement du projet, le Journal de la Gendarmerie avait récusé la constitution d’une troupe susceptible d’être ponctuellement rattachée au ministère de l’Intérieur. Au contraire, en 1910, l’image valorisée du policier sert un plaidoyer en faveur d’une force mobile, et plus largement de « la gendarmerie [qui] remplit […] le rôle de gardien de la paix publique et de protecteur de l’ordre 61 ». Puisqu’il ne suffit pas de dire que la création d’un corps de gendarmerie mobile est rendue nécessaire par un système désorganisant le service des brigades, l’exemple des gardiens de la paix est convoqué pour souligner que les arrondissements parisiens connaitraient une recrudescence du crime, s’ils étaient dépourvus de leurs « soldats de la loi ». Si, dans les années 1880, le gendarme sert de référence pour constituer des « brigades mobiles dans les trains », vingt-cinq ans plus tard, ce sont les gardiens de la paix parisiens qui servent de caution aux revendications des militaires.
19L’aspiration des gendarmes à la mobilité est un des linéaments révélant l’attraction du modèle policier au sein de l’Arme. Mais, plus qu’un rapprochement, une véritable convergence s’opère dans les esprits autour de ce thème après l’affaire Bonnot et les critiques endurées par les forces de l’ordre en 1912. Dans la gendarmerie, pourtant tellement attachée à ses chevaux et où l’apparition de la bicyclette ne se fit pas sans heurt, « l’utilisation de l’automobile au service de la police criminelle 62 » est ardemment souhaitée par certains militaires, au nom du droit de la population aux « perfectionnements à rechercher en vue d’une police meilleure 63 », après les crimes de la bande de malfaiteurs. Quelques mois plus tard, Célestin Hennion, demandant une augmentation budgétaire pour ses brigades mobiles, désormais établies à quinze, prône l’essor de l’usage de l’automobile, gage d’amélioration de la sécurité publique. à ses yeux, elle « résume […] les qualités fondamentales d’une bonne police 64 ». Outil facilitant les recherches criminelles, mais la police du roulage pour faire appliquer « des règlements […] dont l’inexécution […] est cause de tant d’accidents graves 65 ». Enfin, vecteur de coordination et d’interrelation entre polices et gendarmerie, car « l’emploi de l’automobile aura encore pour résultat important de nouer plus étroitement et plus pratiquement les différents rouages de la police entre eux 66 ». La mobilité, au début des années 1910, est transversale. Elle constitue l’un des paradigmes d’une police moderne rassemblant les forces de l’ordre en un appareil centralisé.
20L’histoire d’un adjectif attribué successivement ou concomitamment à la police et à la gendarmerie est une des pistes pour mener une histoire en miroir des forces de l’ordre et mettre en lumière leurs interstices. Cette ruse de l’historien tente d’éviter la juxtaposition d’histoires parallèles pour éclairer les ressorts réciproques animant policiers et gendarmes dans leurs actions communes comme dans les évolutions de leurs institutions respectives. De même que l’épithète « judiciaire » appliquée à la police, l’adjectif « mobile » dans l’histoire des forces de l’ordre est polysémique et multidimensionnel. En effet, si cette épithète a primitivement été accolée à une troupe de la gendarmerie dévolue au maintien de l’ordre, celle-ci a glissé dans la police et s’est concrétisée officieusement dans la Police spéciale, puis officiellement dans la police judiciaire. La constitution des pelotons mobiles de gendarmerie en 1921, renommés Garde républicaine mobile en 1926, est l’aboutissement des projets avortés de l’avant-guerre 67. Alors que l’adjectif n’est plus l’apanage des seules brigades de la Sûreté générale, son partage jusqu’en 1941 va de pair avec une spécialisation au sein de chaque institution qui lui ôte toute spécificité fonctionnelle.

Notes de bas de page
1 Journal de la Gendarmerie, 1899, p. 573-574.
2 Décret, 11 décembre 1852.
3 Terme désignant la police politique dans le langage de la Sûreté générale.
4 Créée au début du Second Empire.
5 Circulaire du ministère de l’Intérieur, 5 mars 1894, Archives départementales (AD) Charente, 4 M 6.
6 Circulaire de la Direction de la Sûreté générale, 17 janvier 1894, AD Ain, M. 1 291.
7 Expression empruntée à Léon Gambetta à propos de la revanche sur l’Allemagne après la défaite de 1871.
8 Pour leur histoire institutionnelle, X. Borda, Gendarmerie et pouvoir politique. De la fin du Second Empire à la crise boulangiste (1869-1889), Maisons-Alfort, SHGN, 1998, 83 p. et J.-Ch. Jauffr et, « Armée et pouvoir politique. La question des troupes spéciales chargées du maintien de l’ordre de 1871 à 1914 », Revue historique, n° 547, 1983, p. 97-144 ; pour l’histoire sociale de l’arme, A.-D. Houte, Le Métier de gendarme national au xixe siècle. Pratiques professionnelles, esprit de corps et insertion sociale, de la Monarchie de Juillet à la Grande Guerre, thèse d’histoire, université Paris 4, 2006, p. 793-803.
9 Journal de la Gendarmerie, 1893, p. 243-244.
10 L’idée se répand que la participation des gendarmes au maintien de l’ordre, hors de leur circonscription, engendrerait une recrudescence d’insécurité. Il faudrait vérifier ce lien qui sert de justification commode aux militaires.
11 Journal de la Gendarmerie, 1898, p. 751-753 et 1899, p. 574.
12 Journal de la Gendarmerie, 1900, p. 21.
13 Rapport du Contrôle général des services extérieurs de la Direction de la Sûreté générale, 20 février 1888, Centre des archives contemporaines (CAC), art. 180, 19 940 493.
14 Ibid.
15 Ibid.
16 Ibid.
17 Journal des Commissaires de police, 1892, p. 75.
18 L’idée de l’intercommunalité émerge timidement à la fin du xixe siècle. Ce projet en est une des expressions les plus audacieuses.
19 L. Van Outrive, Y. Cartuyvels, P. Ponsaers, Les Polices en Belgique. Histoire socio-politique du système policier de 1794 à nos jours, Bruxelles, 1991, p. 69.
20 Sur l’internationale policière européenne à la veille de la Première guerre mondiale, L. López, « Des gendarmes luxembourgeois chez les brigades du Tigre : la coopération policière transfrontalière européenne à la Belle époque », Revue de la gendarmerie nationale, à paraître.
21 H. R. Lebrun (inspecteur principal au service de la Sûreté), Manuel de police judiciaire, Paris, Librairie de Droit et de Jurisprudence, 1907, p. 8-9 ; Archives de la Préfecture de police, DB 45. Strauss A. relève que « M. Laurent, secrétaire général de la Préfecture de police […] préconise […] la création de brigades mobiles que le ministre de l’intérieur pourrait envoyer partout […], qui suppléeraient ainsi au manque d’une police d’État », Des autorités investies d’attributions de police, thèse, Droit, Paris, Henri Jouve, 1898, note 1, p. 176.
22 Journal de la Gendarmerie, 1905, p. 430.
23 Les militaires sont privés du droit de grève et de syndicalisation.
24 Sénateur de Montfort, proposition portant création d’une brigade de police mobile, 23 mai 1905, J.O., p. 827.
25 Ibid.
26 Journal de la Gendarmerie, 1905, p. 759.
27 Ibid., p. 790.
28 Gouvernement dirigé par Ferdinand Sarrien ; Georges Clemenceau est ministre de l’Intérieur depuis mars 1906.
29 Journal de la Gendarmerie, 1906, p. 261.
30 D. Kalifa, Crime et culture au XIXe siècle, Paris, Perrin, 2005.
31 Rapport du directeur de la Sûreté générale H. Huard au ministre de l’Intérieur G. Clemenceau, 20 juillet 1906, CAC, art. 121, 19 940 493.
32 Ibid. Le député Henry Boucher mentionne, le 13 juillet 1895, la création d’une « brigade mobile d’inspecteurs et de commissaires spéciaux destinés à se transporter rapidement sur un point quelconque du territoire ».
33 Rapport du directeur de la Sûreté générale, 20 juillet 1906, CAC, art. 121, 19 940 493.
34 Extrait du rapport de la commission des demandes et vœux du conseil général de la Côte-d’Or, 1905, CAC, 19 940 493, art. 43.
35 J.-M. Chaumeil, La Police judiciaire. Examen, critique et défense des brigades mobiles, G. Sautai, Lille, 1953, p. 28-38.
36 M. Perrot, « Dans la France de la Belle époque, les « Apaches », premières bandes de jeunes », in Les Marginaux et les exclus dans l’histoire, Cahiers Jussieu n° 5, Paris, UGE, 1979, p. 389-407.
37 Rapport du directeur de la Sûreté générale, 20 juillet 1906, CAC, art. 121, 19 940 493.
38 Ibid.
39 J.-M. Berlière., Le Monde des polices en France, Bruxelles, Complexe, 1996, p. 59-62.
40 P.-A. Fabre (capitaine), Police rurale et Gendarmerie mobile, Paris, Charles-Lavauzelle, 1907, p. 20 sq.
41 Lettre du commissaire divisionnaire, 30 mai 1908, AD Gironde, 4 M 4.
42 Rapport du commissaire divisionnaire, 3 juillet 1908, CAC, art. 120, 19 940 493.
43 Ibid., lettre du directeur de la Sûreté générale, 16 février 1909.
44 L. López, « « Tout en police est affaire d’identification ». Techniques et pratiques de la police judiciaire par la 11e Brigade mobile (1908-1940) », Les Cahiers de la Sécurité, n° 56, 2005, p. 201-224.
45 Préambule, décret, 30 décembre 1907.
46 J.-M. Berlière, « Les brigades du Tigre ou la seule police qu’une démocratie puisse avouer ? Retour sur un mythe », in M.-O. Baruch et V. Duclert (dir.), Serviteurs de l’État. Une histoire politique de l’administration française, 1875-1945, Paris, La Découverte, 2000, p. 311-323.
47 Rapport de l’Inspecteur général Mosse, 20 mai 1926, CAC, art. 121, 19 940 493.
48 Rapport du commissaire divisionnaire, 28 janvier 1909, AD Côtes-d’Armor, 4 M 1.
49 Lettre du commissaire divisionnaire, 25 février 1910, AD Haute-Garonne, 13 M 55.
50 Préambule, décret, 30 décembre 1907.
51 CAC, 19 940 493, art. 120.
52 Préambule, décret, 30 décembre 1907.
53 Notices de notation des agents de la 8e brigade mobile, 1908, AD Haute-Garonne, 13 M 58.
54 La 1re brigade mobile, installée à Paris, échappe-t-elle à cette empreinte régionale ?
55 Le concours pour l’emploi d’inspecteur de police mobile du 27 mai 1913 compte parmi ses épreuves facultatives une composition et une conversation en dialecte régional (basque, catalan, breton, flamand), AD Côte-d’Or, 20 M 371.
56 Extraits de la séance à la Chambre des Députés, 28 octobre 1907, Journal des Commissaires de police, 1907, p. 323.
57 Lettre, 1er juin 1911, Archives nationales (AN), F7 14 863.
58 Rapport du commissaire divisionnaire, 12 avril 1911, AN, F7 14 863.
59 Journal de la Gendarmerie, 1909, p. 823.
60 Ibid., p. 839.
61 Journal de la Gendarmerie, 1910, p. 115.
62 Journal de la Gendarmerie, 1912, p. 276.
63 Ibid.
64 Note de Célestin Hennion au rapporteur du budget du ministère de l’Intérieur, 30 août 1912, AN, F7 13 043.
65 Ibid.
66 Ibid.
67 L’idée d’une « garde républicaine mobile » est développée dans le Journal de la Gendarmerie en 1912, p. 130-131.
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