– Lettre LXXX, de Paris

1Je suis obligée, Madame, de commencer ma lettre par un endroit aussi triste que celui par où vous finissez votre dernière, et la mort de Monseigneur, que les gazettes vous ont sans doute déjà annoncée, me fournit un sujet bien douloureux de vous entretenir. Vous savez combien ce cher dauphin était aimé, et vous pouvez juger par là combien on est affligé de sa perte ! C’est un deuil général dans Paris. On doute même que Sa Majesté puisse y survivre, quoique sa piété lui ait fait prendre la chose avec beaucoup de fermeté ; mais ces efforts coûtent à un cœur véritablement touché, et la nature y succombe quelquefois. On fait pourtant tout ce qu’on peut pour le dissiper un peu, et vous croyez bien que M^me de Maintenon ne s’oublie pas dans cette occasion, et qu’elle fait de son mieux pour le consoler ; il n’y a personne qui soit plus propre à cela qu’elle l’est.

2C’est la petite vérole qui en quatre ou cinq jours de temps nous a enlevé ce cher prince, l’amour e