1« La censure ne croit pas pouvoir souscrire à l’impression du premier et deuxième volumes des papiers du chanoine Le Sage à moins qu’ils ne soient expurgés de toute allusion caustique ou désobligeante à l’endroit des congrégations religieuses ou choses de l’Église1 » : ce jugement de M^gr Morelle, évêque de Saint-Brieuc de 1906 à 1923, annonce un document qui tranche avec le ton policé et convenu des archives religieuses du XIX^e siècle et ne manque pas d’aiguiser la curiosité de l’historien. Et la surprise est à la hauteur de la réputation sulfureuse des Mémoires d’Hervé Le Sage (1757-1832) : quiconque plonge dans les écrits de ce chanoine briochin est rapidement séduit par la rare liberté de ton, la vivacité intellectuelle et les qualités littéraires de l’auteur, dont la vie fut aussi extraordinaire que les écrits.

– Les trois vies d’un chanoine

2Hervé-Julien Le Sage naquit le 27 avril 1757 à Uzel, une trentaine de kilomètres au sud de Saint-Brieuc, à une dizaine de kilomètres à