Chapitre 2. Second ministère du duc de Richelieu

24 Joseph-Jérôme Siméon (1749-1842), professeur de droit à l’université d’Aix-en-Provence en 1783, dut renoncer à sa chaire en raison de son refus de la Constitution civile du clergé. Il s’exila en Italie. Rentré en France après prairial an III, il fut élu député des Bouches-du-Rhône au Conseil des Cinq-Cents. Il siégea parmi les modérés. Président du Conseil au moment du coup d’État de Fructidor, il protesta contre ce coup de force et fut condamné à la déportation. Rentré après le coup d’État de Brumaire, il prit une part importante à la rédaction du Code civil. Il remplit plusieurs missions diplomatiques sous l’Empire. Il adhéra au retour des Bourbons, ainsi qu’aux Cent-Jours. Son attitude réservée lui permit de se rallier avec empressement à la seconde Restauration et de se faire élire député du Var. Il siégea dans la minorité ministérielle de la Chambre introuvable. Il fut ministre de l’Intérieur du 21 février 1820 au 4 décembre 1821. Nommé pair de France dès octobre 1821, il défendit à la Chambre haute les libertés constitutionnelles ; il prêta serment au gouvernement de Juillet. Il se démit de ses fonctions à 90 ans.

25 Antoine Boin (1769-1852), médecin à l’armée du Nord pendant dix ans, exerça sa profession à Bourges, sa ville natale. Il fut nommé par la Restauration inspecteur général des eaux minérales. Élu député du Cher en août 1815, réélu en 1816, il siégea au centre gauche. Il prit une part active aux débats parlementaires. Il fut réélu député en 1820 et 1824. Il parut moins souvent à la tribune.

26 Étienne-Jacques-Joseph-Alexandre Mac Donald, duc de Tarente (1765-1840), issu d’une famille originaire d’Écosse, participa aux campagnes de la Révolution et de l’Empire. Un temps en disgrâce, Napoléon le rappela au moment de la campagne de 1809 en Autriche. Il fut fait maréchal sur le champ de bataille de Wagram. Après l’abdication de Napoléon en 1814, il se rallia aux Bourbons. Lors du départ de Louis XVIII pour Gand, il l’accompagna jusqu’à la frontière, et revint à Paris. Il devint, en 1815, l’un des quatre majors généraux de la Garde royale, et, le 5 octobre, ministre d’État, membre du conseil privé du roi et gouverneur de la 21^e région militaire.

27 Louis-François Bertin de Vaux (1771-1842), frère de Louis-François Bertin, dit Bertin l’Aîné (1766-1841), fut d’abord employé à la Bibliothèque royale. Il dirigea L’Éclair avec son frère. Ils firent l’acquisition du Journal des débats, le 21 janvier 1800. Ils furent liés, l’un et l’autre, avec Chateaubriand. Élu député de Seine-et-Oise, le 14 novembre 1820, après avoir créé une maison de banque, il intervint dans les discussions relatives au crédit public, parla contre la censure, fut réélu en 1824 et nommé conseiller d’État par le ministère Villèle. Quand la majorité royaliste se scinda en deux, il fit partie de la fraction modérée. Il combattit le projet de loi pour la conversion des rentes et la loi sur le sacrilège. Il fut réélu le 17 novembre 1827 et, après la chute de Villèle, la Chambre le nomma vice-président. Il s’opposa au ministère Polignac. Les Bertin furent tout puissants sous la Monarchie de Juillet.

28 Charles-Dominique Nicolle (1758-1835), prêtre et professeur au collège Sainte-Barbe, à Paris, lorsque éclata la Révolution, devint professeur du fils du duc de Choiseul, ambassadeur à Constantinople. Il accompagna son élève en Italie et à Saint-Pétersbourg. À l’appel du duc de Richelieu, il se rendit à Odessa, puis retourna en France en 1817, où il fut nommé aumônier honoraire de Louis XVIII. Il devint, en 1821, recteur de l’Académie de Paris. Il a publié des ouvrages consacrés à la pédagogie.

29 Claude-Bernard Petitot (1772-1825) fut nommé chef du bureau de l’Instruction publique de la Seine en 1800. Il devint, en 1809, inspecteur général des études et, en 1824, directeur de l’Instruction publique. Il a traduit le théâtre d’Alfieri et des nouvelles de Cervantes. Il dirigea avec Monmerqué, la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France.

30 Antoine Roy (1764-1847), avocat, ne prit aucune part à la Révolution. Proche des royalistes, il acquit, moyennant une rente annuelle, les biens du duc de Bouillon qui mourut peu après. Il devint ainsi l’un des plus riches propriétaires fonciers de France. En raison d’un procès intenté à la suite de cette acquisition réclamée par la famille Beauharnais, il fut un adversaire implacable de Napoléon. Pendant les Cent-Jours, député de la Seine, il s’opposa systématiquement au pouvoir. Réélu député en août 1815, il vota souvent avec la minorité de la Chambre introuvable. En 1817 et 1818, il fut rapporteur du budget. Ministre des Finances du 8 au 29 décembre 1818, puis du 19 novembre 1819 au 14 décembre 1821, et enfin du 4 janvier 1828 au 8 août 1829, il administra son département avec compétence. En décembre 1820, il s’opposa à l’entrée de Villèle et Corbière au Conseil. Il devint l’adversaire permanent de Villèle, également ministre des Finances. Il se rallia à Louis-Philippe et laissa à sa mort une fortune évaluée à quarante millions.

31 Marie-Victor-Nicolas de Latour-Maubourg (1768-1850) émigra en 1792 et rentra en France sous le Directoire. Engagé dans plusieurs campagnes militaires, il sut montrer son héroïsme à Leipzig où il eut la jambe emportée par un boulet. Il adhéra à la déchéance de l’Empereur et fut créé pair de France, le 4 juin 1814. À l’écart pendant les Cent-Jours, il vota la mort du maréchal Ney. Il était ambassadeur à Londres lorsqu’il fut appelé au ministère de la Guerre, le 19 novembre 1819. Il resta dans le gouvernement constitué par Richelieu jusqu’à la chute de celui-ci. En 1822, il devint gouverneur des Invalides. Il donna sa démission de pair en 1830. Gouverneur du duc de Bordeaux en 1835, il ne revint en France qu’en 1848.

32 Jacques-Alexandre-Bernard Law, marquis de Lauriston (1768-1828), petit-neveu du célèbre contrôleur John Law, fils d’un gouverneur des possessions françaises dans l’Inde – il est né à Pondichéry –, entra à l’école militaire de Brienne où il se lia avec Bonaparte. Général de brigade en 1802, il fut aide de camp de Napoléon. Après des fonctions de gouverneur de Raguse et de Venise, il combattit en Espagne et en Allemagne. Il fut ambassadeur à Moscou en février 1811, rejoignit Napoléon à Smolensk et redevint son aide de camp. Il fut fait prisonnier à Leipzig (octobre 1813) et ne retrouva la liberté qu’avec le retour des Bourbons. Aide de camp du comte d’Artois dès la fin d’avril 1814, il accompagna Louis XVIII sur la route de Gand. Après Waterloo, il rejoignit le Roi à Cambrai, le 29 juin. Dès lors les charges et les honneurs s’accumulèrent : pair de France en 1815 – il vota la mort de Ney –, marquis en 1817, ministre de la Maison du Roi de 1820 à 1824. Peu familier de la politique, il put ainsi passer du ministère Richelieu au ministère Villèle.

33 Claude-Victor Perrin, dit Victor, duc de Bellune (1764-1841), entré jeune dans l’armée, la quitta pour se marier. Il reprit du service en 1797 et fut de toutes les campagnes de la Révolution et de l’Empire. Après Tilsitt, il fut, pendant quinze mois, gouverneur de Berlin, et créé duc de Bellune, le 10 septembre 1808. Il participa aux campagnes d’Espagne et de Russie, puis à la campagne de France. Il offrit ses services aux Bourbons dès leur retour, et reçut la pairie. Il suivit le Roi à Gand, et fut nommé l’un des quatre majors généraux de la Garde royale. Il reçut le portefeuille de la Guerre en 1821, jusqu’en octobre 1823. Il y fit preuve de médiocres talents administratifs. L’expédition d’Espagne, qui eut lieu sous son ministère, manifesta l’inorganisation catastrophique de l’intendance, ce qui contraignit le duc d’Angoulême à faire appel à l’affairiste Ouvrard. Il commanda le camp de Reims lors du sacre de Charles X, en 1825.

34 Horace-François-Bastien Sébastiani (1772-1851) s’engagea à 17 ans dans l’armée royale. Il fut distingué par Bonaparte pour sa bravoure à la bataille d’Arcole. Il coopéra au coup d’État du 18 Brumaire. Il était aussi apprécié de Talleyrand qui le chargea d’une mission en Turquie. Sa double carrière militaire et diplomatique se poursuivit sous l’Empire. Après l’abdication de Napoléon, il se rallia aux Bourbons. Au retour de l’île d’Elbe, il revint à l’Empereur et fut élu représentant à la Chambre des Cent-Jours, par l’arrondissement de Vervins. À la seconde rentrée des Bourbons, il passa en Angleterre. De retour en 1816, il fut mis en demi-solde, mais Decazes l’aida, en 1819, à se faire élire en Corse. À la Chambre, il siégea dans l’opposition. Sous la Monarchie de Juillet, il fut comblé d’honneurs : pair, ministre, ambassadeur à Londres.

35 Armande-Simplicie-Gabrielle du Plessis de Richelieu, marquise de Jumilhac (1778-1840), « promenait son épouvantable figure sans le moindre embarras à travers toutes les foules et toutes les fêtes », écrit la comtesse de Boigne. Le duc de Richelieu préférait son autre sœur, la marquise de Montcalm. M^me de Jumilhac est morte à Rome.

36 Pierre-Louis-Auguste de La Ferronays (1777-1842), né à Saint-Malo d’une famille de la vieille noblesse bretonne, les Ferron, la branche La Ferronays tenant son nom d’une terre située près de Dinan, suivit son père en émigration et rejoignit l’armée des Princes. Sa mère, arrêtée sous la Terreur, mourut dans les prisons de Nantes. Aide de camp du duc de Berry, il rentra en France avec les Bourbons. Louis XVIII le nomma pair de France, le 17 août 1815. Après un premier poste au Danemark, il fut appelé, en juillet 1819, à l’ambassade de Russie où il s’attira la confiance de l’empereur Alexandre. Il participa aux Congrès de Troppau (1820) et de Laybach (1821). À celui de Vérone (1822), il représenta la France comme plénipotentiaire avec Chateaubriand et Caraman. Excellent négociateur, il contribua à résoudre la question d’Orient. Rappelé en France, Charles X lui confia les Affaires étrangères, le 4 janvier 1828. Sa nomination manifestait un rapprochement franco-russe qui facilita l’émancipation de la Grèce dans laquelle La Ferronays joua un rôle déterminant. Frappé de paralysie dans le cabinet du Roi, le 2 janvier 1829, il confia l’intérim de son portefeuille à Portalis. Le 24 avril, il fut remplacé par le duc de Montmorency-Laval qui refusa le poste. Le 8 août, le Roi le nomma ambassadeur à Rome. Après la Révolution de 1830, il démissionna et retourna dans la vie privée. Chateaubriand, dans ses Mémoires d’outre-tombe, évoque son compatriote en ajoutant : « tout le monde l’estime et personne ne le hait, parce que son caractère est pur et son esprit tempérant ».

37 François-Charles de Wendel (1778-1825) émigra avec sa famille et servit dans l’armée de Condé. Après s’être mis au service de l’Autriche, il rentra en France en 1808. Il acheta alors les forges d’Hayange et celle de Mayerre, lançant ainsi la prospérité économique de sa famille. Député de la Moselle de 1815 à 1816 et de 1818 à 1825, il siégea dans la minorité ministérielle à la Chambre introuvable. Par la suite, il se rangea du côté droit.