Chapitre 10. Plaintes contre la Chambre

92 Marc-René-Marie Le Voyer d’Argenson (1771-1842), prit parti pour la Révolution, mais après les événements du 10 août 1792, il se tint à l’écart des affaires politiques. Préfet sous l’Empire, il fut élu député de l’arrondissement de Belfort pendant les Cent-Jours, puis du département du Haut-Rhin, en août 1815. Il fit partie de la minorité de la Chambre introuvable. Il fut plusieurs fois réélu par la suite. Il se déclara favorable à la Révolution de 1830.

93 Corbière évoque ici le faubourg Saint-Germain où s’exprimait l’opposition royaliste sous l’Empire.

94 Organisation catholique philanthropique, la Congrégation est née, en 1801, de la rencontre de six étudiants en droit et en médecine. Sous le patronage de la Vierge Marie, elle fut dirigée par un ancien Jésuite, l’abbé Dupuits. Supprimée par Napoléon en 1809, elle fut rétablie en 1814, dirigée à nouveau par un Jésuite, le Père Ronsin. Elle fut accusée, à tort, d’avoir une influence politique. Le mythe de la Congrégation a été éclairci lorsque fut révélée la société secrète des Chevaliers de la foi, fondée par le comte Ferdinand de Bertier. Sous la Restauration, elle fut l’âme du parti ultra. La confusion entre les deux sociétés s’explique par le fait que des membres faisaient partie de l’une et de l’autre. Sur ce sujet, voir l’étude définitive de Guillaume de Bertier de Sauvigny, Le comte Ferdinand de Bertier et l’énigme de la Congrégation, Paris, Les Presses Continentales, 1948.

95 Denis-Antoine-Luc Frayssinous (1765-1841), originaire de l’Aveyron, fut ordonné prêtre dans la Compagnie de Saint-Sulpice, en 1789. Il se cacha dans sa province natale où il exerça un ministère clandestin. Revenu à Paris avant même la fin du Directoire, il devint professeur de théologie dogmatique au séminaire de Saint-Sulpice. En 1801, il commença à donner, sous le nom de « catéchismes raisonnés », des conférences religieuses qui attirèrent un public si nombreux que la police s’en inquiéta et en provoqua la suppression sur ordre impérial. Il reprit ses conférences au début de la Restauration. Nommé premier aumônier du Roi, il fut ordonné évêque in partibus d’Hermopolis. En juin 1822, le gouvernement royaliste voulant affirmer l’influence du clergé sur l’éducation, rétablit pour M^gr Frayssinous le titre et la fonction de Grand-Maître de l’Université. La même année, il entra à l’Académie française, fut créé pair et anobli par Louis XVIII. Le 26 août 1824, il devint ministre des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publique. En décembre 1827, à la chute du ministère Villèle, il perdit son portefeuille de l’Instruction publique et, le 3 mars 1828, démissionna des Affaires ecclésiastiques. Il refusa à trois reprises le cardinalat. Lors de la Révolution de 1830, son appartement des Tuileries fut pillé. Il se réfugia à Rome puis fut appelé par Charles X à Prague, pour assurer l’éducation du duc de Bordeaux. Il regagna la France en 1838.

96 Mathieu-Jean-Félicité de Montmorency (1767-1826), entra dans la carrière des armes et participa à la guerre d’Indépendance des États-Unis. Élu aux États généraux, il manifesta des idées réformatrices, en acceptant notamment certaines des réformes de la Constituante. En 1792, il émigra en Angleterre puis en Suisse, auprès de M^me de Staël. Rentré en France en 1795, il fut un moment incarcéré ; relâché, il fit preuve alors d’une piété exemplaire. En 1810, il devint préfet de la Congrégation et se révéla un partisan ardent des Chevaliers de la foi qu’il travailla à répandre sous le couvert d’activités de bienfaisance. Membre de la Chambre des pairs en 1815, il siégea parmi les ultra-royalistes, confessant souvent à la tribune ses anciennes erreurs. Nommé, le 24 décembre 1821, ministre des Affaires étrangères dans le cabinet Villèle, il poussa énergiquement à la guerre d’Espagne. Au Congrès de Vérone, il intervint en ce sens, ce qui irrita Villèle qui obtint son renvoi du ministère, le 22 décembre 1822. Louis XVIII le nomma membre du Conseil privé et ministre d’État. Il mourut subitement, le vendredi saint 24 mars 1826, alors qu’il était en prière à l’église Saint-Thomas d’Aquin.

97 La société secrète des Francs-Régénérés, créée peu de temps après le retour de Louis XVIII, en 1815, est née d’une dissidence de la maçonnerie. Elle se donnait pour objectif de servir le Roi et de défendre la légitimité. On n’en entend plus parler après 1816. Sur ce sujet, voir G. de Bertier de Sauvigny, op. cit., p. 195-210.

98 François-Marie Agier (1780-1848), substitut du procureur général près de la cour impériale, puis royale, depuis 1810, se mit à la tête des manifestations royalistes à la rentrée des Bourbons. Il fut l’un des créateurs des Francs-Régénérés et devint président de cette société secrète. Il collabora activement à la rédaction du Conservateur. Destitué par Decazes à cause de l’exaltation de ses opinions, il réintégra ses fonctions en 1822. Il devint par la suite député des Deux-Sèvres. Il rompit avec les ultras et finit par se rallier à Louis-Philippe.

99 Robert Walpole (1676-1745) commença sa carrière comme député Whig aux Communes ; il fut entraîné dans la chute de Malborough. Après un passage dans l’opposition, il revint au pouvoir et y resta jusqu’en 1742. Son rôle dans la vie politique anglaise fut déterminant ; le Premier ministre devint comptable de son activité, non devant le Roi, mais devant le Parlement. Pacifiste, il rechercha l’alliance avec la France, favorisée à Paris par le cardinal Dubois.

100 Le but du Prince n’est plus une énigme depuis la découverte, en 1810, de la lettre de l’auteur à Vettori (Histoire littéraire d’Italie, de Guinguené). Avant cette clé, c’était Guiraudet qui avait le plus approché de la solution (Note de Corbière).
Charles Guiraudet (1754-1804), spécialiste d’économie politique, publia les Œuvres de Machiavel, en 9 volumes (1799).