L’année 1800

Mort de M^r Branchu

1M^r Branchu, qui étoit Curé de Chemiré-le-Gaudin avant la Révolution, est mort au Mans, du 10 au 15 mars presque subitement. Il pouvoit avoir environ 63 ou 65 ans1.

Retour de M^me de Rouillon

2M^me de Rouillon et M^me de Belle-Fille sont arrivées de Nantes où elles étoient allées pour se soustraire des Administrations pour un mandat d’arrest contre M^me de Rouillon, et pour otages, contre les deux sœurs2. Elles sont arrivées, le 15 mars 1800.

3Il y a bien des choses que je nay point écrites, soit morts, mariages, etc. ; je les ignorois3.

Mort de M^lle de S^t Victor

4Le 7 may 1800, M^lle Pauline de S^t Victor, l’ainée des demoiselles de S^t Victor, est morte d’une fièvre maligne ; elle pouvoit environ 20 ou 21 ans. C’étoit une demoiselle très aimable, tant du caractère que du costé des talents ; elle a été généralement regrettée, et surtout de sa mère et de sa grand-mère.

Réception du Préfet

5Le 6 may 1800, M^r d’Auvray, qui étoit Commendant de place dans la Ville du Mans, a été reçu Préfet pour le Département de la Sarthe4. C’est M^r Bonnaparte premier Consul, qui l’a nommé et qui nomme seul à touttes les places, puisqu’il a, au moins, le même pouvoir que pouvoit avoir le Roy. Les membres du Conseil du Préfet sont : M^rs Chesneau, Hardoin, Brillant et Despolart. Le Maire de la Ville est M^r de la Crochardière, M^r Le Febvre de la Reinière, et M^r Coqueret, marchand ; M^r Le Page est toujours Secretaire de la Municipalité. C’est M^r des Armants, qui est premier secrétaire du Préfet ; on a donné des festes pour M^r le Préfet. M^r de la Crochardière a été reçu Maire de Ville.

Mariage de M^r Bourdet avec M^lle Le Feubvre

6Le 20 may 1800, M^r Bourdet a épousé M^lle Le Feubvre âgée de 22 ans, et le jeune homme en a 24 ; il est allé aux Isles, où il a perdu toutte sa fortune. Il est parent de M^r Moinerie, voisin de M^me Le Febvre ; la demoiselle sera riche5.

Mariage de M^r de Tilly avec M^lle Rivault, la cadette

7Le 30 may 1800, M^lle Rivault la cadette, qu’on appelle M^lle du Bosq, âgée de plus de 30 ans, epouse M^r de Tilly, âgé de 22 ans, qu’on appelle Stanislas. Son père, qui étoit Gentilhomme, est mort Sénéchal de Beaumont ; il avoit obtenu de Monsieur, frère de Louis Seize, qu’il nommast son enfan, et il avoit donné sa procuration. Le jeune homme n’a point de fortune6.

Installation des Juges

8Le 21…, M^rs les Juges du Tribunal ont été installés. Voir les Affiches du jour7.

Mort de M^me de Bordigny

9Le 20 juin 1800, M^me de Bordigny la mère, âgée de 79 ans, est morte au Mans ; elle n’a été que trois jours malade. Elle étoit sœur de M^r Poisson et M^r du Breuil, son frère8 ; elle n’avoit qu’un enfans qui est marié et qui a des enfans. C’étoit une Dame bien respectable et qui, depuis la Révolution, faisoit beaucoup de bien, surtout au Clergé9.

Mort de M^r Le Peletier, Négotiant, mon voisin

10Le 29 ou le 30 juillet 1800, M^r Le Peletier, négotiant, est mort, âgé d’environ 46 ans, subitement, garçon. Il avoit un frère marié, qui demeure à Pontlieue, qui a plusieurs enfans, qui est venu demeurer dans la maison et qui va continuer le commerce de son frère. Il demeuroit vis-à-vis de moy, dans une belle maison qu’il avoit fait bâtir sur le terrain des Religieuses de la Visitation ; il avoit achetté beaucoup de bien d’églises10. Il faisait beaucoup de bien à ses parents qui n’étoient pas riches.

Mort de M^me Besnard

11Le 8 aoust 1800, M^me Besnard, veuve, âgée de 84 ans, est morte ; elle étoit en enfance depuis plus de trois ans.

Cérémonie du baptesme de l’enfans de M^r et M^me de la Paumerie

12Le 15 juillet 1800, j’ay fait le baptême de l’enfans de M^me de la Paumerie, ma niepce ; c’est un garçon ; il étoit né au Château-du-Loir, le 1^er avril 1799. Il a été nommé Etienne, du nom de son père, Jacques, du nom de mon frère qui étoit parain et Grand-père de l’enfans et Félix, parce qu’il est né le 1^er avril, jour de S^t Félix ; le père l’a désiré ainsi. C’étoit M^lle de Vaugirard, niepce de M^r de la Paumerie, qui étoit maraine, comme fondée de M^me du Vaugiraud, sa mère et sœur de M^r de la Pommerie. La cérémonie s’est faite dans la chapelle de Belle-Fille11.

Grande sécheresse

13Le 20 aoust 1800, il a tombé de l’eau d’orage ; il n’en avoit point tombé depuis le 18 ou le 20 juin12. La chaleur a été très considérable, surtout dans la semaine du 17 aoust ; le thermomètre a monté à un degré près du Sénégal, et au dessus degrés poules13.

Pluye d’orage

14Le mardy 26 aoust 1800, il a tombé au Mans, dans la ville seulement, un pluye si forte et si considérable, qu’on ne croit pas en avoir vu tomber aussi fort ; c’étoit une pluye d’orage.

Mort de M^me de Grandmaison

15M^me de Grandmaison, veuve, est morte à sa terre de Pambourg14 paroisse de Beaufay subitement, elle avoit plus de 50 ans. Elle avoit deux enfans, un garçon qui est au service de la République, dans le corps de l’artillerie, il est au moins Colonel et, dans ce moment, à l’armée d’Italie15. Elle avoit une fille qui a épousé M^r Despaulart, qui, dans ce moment, est membre du Conseil du Préfet. M^r Chicault, son beau-père, et qui étoit Procureur-Général du Département, avoit achetté le château et les Dépendances de Touvois, paroisse de Savigné-l’Evesque ; tous ces biens dépendoient de l’Evesché. Il a en outre, achetté plusieurs fermes dépendantes de l’Abbaye de la Perrigne. M^me Despolar étoit en couche, lors de la mort subite de M^me sa mère.

Arrivée de M^r Nepveu l’ainé

16M^r Nepveu l’ainé est arrivé au Mans, après 10 ans d’absence, au grand contentement de toutte sa famille16.

Mort de M^lle Lambert, âgée de 9 ans

17Le 18 septembre 1800, il est mort une fille de M^r Lambert l’avocat, âgée de 9 ans, de la dissenterie et des vers ; elle n’a jamais voulu prendre aucun remède. Il reste encor à M^r et M^me Lambert, plusieurs enfans17.

Vendanges

18On a vendangé au Mans et aux environs, le lundy 13 octobre et le mercredy 15. Les vendanges ont été bonnes et le vin sera bon.

Mort de M^me de Sourches

19M^me de Sourches de la Davière est morte âgée de 77 ans, à son château de la Davière, près Bonnétable18. Comme elle a un grand nombre d’héritiers, qu’à peine connoit-elle, elle a vendu à M^me de Maupeou19, belle-mère de M^r Le Vayer, de Vandeuvres, qui étoit Sénéchal du Maine, la terre de La Davière, à rente viagère, ou pour une somme de…, et qu’elle en jouiroit sa vie durante ; cet acte de vendition a été fait, il y a deux ans. On dit que M^me de Maupeou est chargée de donner aux quatre sœurs de M^r Le Vayer, à chacune, une somme de trente à quarante mille livres ; malgré ce don, on assure que cette vendition produira à M^me de Maupeou, environ trente mille livres de rente. Elle a donné ou vendu, à des anciens domestiques, des fermes, pour les avantages. Depuis la Révolution il y a un Chanoine Régulier qui avoit un Prieuré-Cure, qui étoit chés la ditte Dame, comme son homme de confiance ; on dit qu’il aura bien huit mille livres de rente, comme on dit aussi que M^me de Champflé, qui est la sœur de M^r Le Vayer, n’aura rien des dons qu’elle a faits.

Couche de M^me Garnier la jeune et sa mort

20Le 30 octobre 1800, M^me Garnier la jeune, âgée d’environ 18 ans, est morte en couche ou d’une suitte de couche. Cette jeune femme s’étoit affectée et disoit qu’elle mouroit ; elle est morte au bout de 19 jours, comme étoit morte M^me de la Crochardière, sa sœur. C’étoient les deux soeurs, qui étoient filles de M^me Lavit. L’enfans, qui est un garçon, vit ; il est mort trois semaines après. Suivant la nouvelle loy, le père hérite de son enfans, et par conséquent de la dot qu’il a eue en mariage20. Elle avoit épousé M^r Garnier fils, âgé de 20 ans, dans le mois de juillet 179921.

Mort de M^r de la Fuye

21Le 10 novembre 1800, M^r de la Fuye, qui étoit, il y a longtemps, Procureur des Eaux et Forests, vient de mourir d’une attaque de paralisie et de goutte, âgé d’environ 72 ans. Il avoit deux enfans dont la fille a épousé M^r Lambert, et le garçon est je ne say où, dans un bureau de contrôle22.

Mort de M^r de la Boussinière

22Le 16 ou le 18 novembre 1800, M^r Prudhomme de la Boussinière est mort, âgé d’environ 64 ans ; d’une goute remontée, attaque dapoplexie et paralisie, à sa terre de Folet23. Il avoit deux garçons dont un est émigré24. Il25 avoit été Président de l’Election et subdélégué. Il a un frère qui a eu la foiblesse de prendre l’Evesché du Mans, M^r de Gonssans vivant ; il avoit un frère Bénédictin, mort en Espagne26. Il reste encor M^me Desarcy, qui étoit sa sœur27.

Mort de M^r Ruzé d’Effiat

23Le 7 décembre 1800, Rusé d’Effiat, âgé de 83 ans est mort au Mans ; il étoit propriétaire de la terre de Fontenailles28. Il a été obligé de la quitter au commencement de la Révolution et, comme tous les gens riches, il a essuyé bien des malheurs et pertes29. Il avoit avec luy une demoiselle qui étoit contrefaite ; elle avoit un Brevet qui luy donnoit le droit d’estre appelée Madame. Il est mort regretté de tous ceux qui le connoissoient ; il étoit respectable à tous égards.

Mort de M^me Vétillard, à Pontlieue

24Le 30 décembre 1800, M^me Vétillard, qui demeuroit à Pontlieue, et dont le mary faisoit le commerce de toiles, est morte. Elle étoit M^lle Haton de la Goupillière ; elle pouvoit avoir 20 ans, quand elle a épousé M^r Vétillard ; c’étoit un mariage d’inclination. Elle a, je crois, 3 enfans30.

Mort de M^r Terreau, Curé de S^t Benoist

25M^r Terrau, qui étoit retiré et avoit été caché dans une maison, rue de S^t Vincent, vient de mourir, âgé de plus de 80 ans31.

L’année 1801

Mariage du fils aîné de M^r Martigné, avec une Demoiselle de Tours

26Dans le courant du mois de janvier 1801, le fils aîné de M^r Martigné, le Notaire, a épousé une Demoiselle de Tours, dont je ne say pas le nom. Ils sont arrivés au Mans, le 12 janvier.

Mort de M^me de Vancay

27M^me de Vançay est morte, le 3 février ; elle étoit veuve, âgée d’environ… ans. Elle avoit 4 enfans, qui sont tous mariés ; M^r de Vançay, seul de fils a épousé une demoiselle de Coudereau et a des enfans. L’ainée des demoiselles avoit épousé M^r de Bellemare, morte à la Révolution, sans enfans ; la cadette a épousé M^r de S^t Remy ; il y a des enfants. La dernière a épousé M^r Ogier d’Ivry ; il y a aussi des enfans32.

Mariage de M^lle de Châteaufort avec M^r du Ponceau d’Angers

28M^lle de Châteaufort a épousé M^r du Ponceau, d’Angers ; c’est un jeune homme qui sera riche. La demoiselle, qui est très bien en tout, sera aussi très riche ; le jeune homme a M^me sa mère qui demeure à Angers.

29[note] : Le mariage de M^lle de Châteaufort est différé ; M^r le Préfet a reçu ordre, de M^r le Ministre, de suspendre tous les mariages des Emigrés en surveillance, le 6 février 180133. Voir la datte du 24 avril 1801.

Mariages de M^lles de Richebourg

30M^lle de Richebourg l’ainée a épousé un M^r d’Evron, M^r des Guillonières, et M^lle de Richebourg, la cadette, M^r de Foisy. Il a un autre nom ; c’est le neveu de M^r de Foisy. Elles se sont mariées en janvier et avril suivant, et ont fait de très bons mariages.

Mariage de M^r de la Girouardière avec M^lle Desson de S^t Aignan

31M^r de la Girouardière, le cadet, âgé de 21 ans, qui demeure avec M^me sa mère, a épousé M^lle Desson de S^t Aignan, âgée d’environ 19 ans ; M^r et M^me Desson de S^t Aignan demeurent ordinairement à leur terre de S^t Aignan34 ; ils ont plusieurs enfans. On assure que la jeune personne a eu des accès de folie, et dès en arrivant à la Freslonnière35.

Mort de M^r de Vennevelles le père

32Le 15 février 1801, M^r de Vennevelles est mort, âgé d’environ 50 ans36 ; il avoit épousé une demoiselle de Poitiers dont il a eu deux enfans ; c’étoit dans l’année 1782, le 23 décembre37. Il étoit placé dans la Cavallerie ; à la Révolution, il a émigré avec sa femme et un garçon qui est né au Mans, le 13 décembre 1783. Pendant son absence, on avoit vendu tout son bien ; il a rentré et n’a pas trouvé où loger, luy, qui avoit une belle maison, bien meublée et étoit très riche38. Il est mort de chagrin. M^me de Vennevelles est restée à Londres avec son dernier enfans, où elle travaille pour vivre.

Mort de M^me de la Pommerais ; c’étoit une Demoiselle de Broc

33Le 26 février 1801, M^me de la Pommerais, qui étoit une Demoiselle de Broc, est morte, au Mans, d’un abcès qu’elle avoit dans la gorge ; elle avoit été Dame d’Honneur de M^me la Princesse de Lamballe. Etant à Paris, M^r Boutin de la Pommerais la demanda en mariage ; il étoit fort riche et luy donna beaucoup. Elle devint veuve peu de temps après et tint une bonne maison. Elle étoit déjà un peu sourde ; cette infirmité avoit beaucoup augmenté. C’est M^r de Broc et M^me de S^t Aignan, qui en héritent. Elle avoit achetté la terre de la Panlouère en Tennie39 ; elle pouvoit avoir 50 ans.

Mort de M^r Savare, chanoine de S^t Julien

34M^r Savare, Chanoine de S^t Julien, est mort à Rouen, âgé de 50 ans ; il étoit chanoine en 1776. Dans le temps de la Révolution, il avoit passé dans le pays étranger ; il avoit rentré et avoit trouvé à Rouen, une bonne maison, où il vivoit caché et a cependant travaillé beaucoup comme prestre. Il y a ici M^r Savare, le laïque, qui en hérite, et un frère qui étoit curé de Jublains, dans le Bas-Maine40.

Mort de M^r Haton de la Goupillière

35Le 14 mars 1801, M^r Haton de la Goupillière est mort ; il avoit plus de 60 ans, et étoit paralitique depuis plusieurs années41. Il avoit épousé M^lle Charpentier, fille du médecin ou Chirurgien, dont il y a quatre ou cinq enfans42. Les deux Demoiselles ont épousé les deux frères. M^me Vétillard l’ainée, est morte le 30 décembre dernier ; les deux garçons sont à Paris. Il demeuroit au bas du Bour danguy43.

Mariage de M^lle de Blanchardon, avec M^r de Gastines

36M^lle de Blanchardon a épousé, à Paris, il y a environ trois mois, M^r de Gastines, de Sablé, qui étoit garde du Roy. Il avoit été obligé d’émigrer, comme les autres officiers, surtout de la Maison du Roy. Quelques mois avant de sortir de France, les parolles d’honneur étoient données pour le mariage ; la malheureuse Révolution a tout changé ; M^r de Gastines n’a rentré en France qu’à la fin de l’année dernière. C’est un bel homme ; M^r son père vit, et demeure à Sablé où il étoit Receveur du Grenier à Sel avant la Révolution44. M^lle de Blanchardon doit avoir 33 ans, et son mary à peu près autant ; elle a épousé à Paris, le 22 décembre 1800. Le nouveau ménage va demeurer chés M^r de Blanchardon, leur père ; ils sont arrivés de Paris le 20 mars 180145.

Jour de la Publication de la Paix

37Le 31 mars 1801, on a publié la paix faite entre l’empereur et la France, mais non avec l’Angleterre46. On trouvera le cérémonial dans les Affiches du Mans, numéro 38, de l’an 9 de la République, qui répond au 30 mars 180147. On avoit sonné la grosse cloche de S^t Julien, qui est la seule qui reste ; elle a sonné trois fois, le jour de sa publication. Le matin, de six heures jusqu’à sept à midy, une heure et à six heures ; on devoit la sonner trois fois par jour, et un quart d’heure à chaque fois, mais il faut six hommes qui demandent, chacun, 300 # par an ; la Municipalité n’est pas assés riche pour faire cette dépense48. Cette cloche n’avoit pas sonné depuis l’entrée des Brigands ou des Vendéens, au Mans, ou, pour mieux dire, l’armée des Royalistes ou l’armée Chrétienne49.

Mort de M^lle de Lauberdière

38Le 9 avril 1801, M^lle Chesneau de Lauberdière est morte de la poitrine, âgée de 21 ans ; elle demeuroit chés M^r Chesneau, son oncle, qui étoit Conseiller du Présidial et dans ce moment, Conseiller de la Préfecture50. M^me Chesneau avoit pris avec elle cette Demoiselle, et en mourant, luy avoit fait un don, comme on peut le voir à l’article du 12 may 1798.

Mort de M^me d’Andigny, qui étoit une demoiselle d’Aux

39Le 16 avril 1801, on a appris la mort de M^me d’Andigny, qui étoit une Demoiselle d’Aux, nommée Sophie, très aimable. Elle étoit âgée d’environ 26 ou 27 ans, et est morte en couche, je crois, à Nantes.

Mort de M^r Trouillard

40Le 23 avril 1801, M^r Trouillard est mort, âgé d’environ 70 ans, c’étoit un bel homme, qui avoit servy dans les Chevaux-Légers et avoit eu la Croix de S^t Louis. Il avoit épousé, le 7 janvier 1770, une Demoiselle Poulard, à qui la teste a tourné ; par contrat de mariage, il luy donnoit tout son mobilier qui est considérable, et un gros douaire. Les héritiers sont M^me Le Proust de Chevaigné, M^me du Valoutin, M^r Maulny et M^r de la Crochardière.

Mariage de M^r du Ponceau, avec M^lle de Châteaufort

41Le Vendredy 24 avril 1801, M^r l’abbé du Mourier, Premier Grand-Vicaire du Diocèse, a épousé M^lle du Châteaufort avec M^r du Ponceau, d’Angers51. Ce mariage auroit du estre fait cet hiver : c’est une lettre du Ministre de la Justice qui en a empesché. Depuis huit jours, le Conseil des Consuls a rendu une loy qui déclare les prévenus d’émigration, citoyens et propres à faire des actes52.

Mariage de M^r Guion avec M^lle Godefroy

42M^lle Godefroy, dont le père et la mère demeurent au Mans, vient d’épouser M^r Guion, Maire à Vallon53. M^r Godefroy a marié trois de ces demoiselles en très peu de temps, et bien mariées. Le père et la mère, qui sont de Sablé, vont y retourner ; il avoit l’entrepost du Tabac. Il a une opinion qui n’est pas équivoque54.

Mort de M^r Hervé semi-prébendé

43Le 23 avril 1801, M^r Hervé, prestre, semi-prébendé de la Cathédrale, est mort au Mans ; il étoit né le 26 septembre 1729, et avoit pris possession d’une semi-prébende en 1777. M^r Desgraviers, sous-chantre, arrivé depuis peu, a dit les prières de l’enterrement, dans sa chambre, comme on fait dans ces malheureuses circonstances55.

Mort de M^me Clouet

44M^me Clouet, qui étoit une demoiselle Hurteau, est morte, âgée de plus de 60 ans ; elle avoit épousé M^r Clouet, étant déjà d’un âge, hors detat d’avoir des enfans. M^r Clouet étoit un officier de fortune dans le Régiment de Monsieur, frère du Roy. Quand on a fait une nouvelle gendarmerie, qui étoit autrefois Maréchaussée, il est devenu le Colonel, et le Sieur Philippon, qui étoit Brigadier à Sillé, est devenu Capitaine Commandant au Mans56.

Mort de M^me de la Martinière

45Le 1^er may 1801, M^me de la Martinière est morte âgée de 79 ans ; elle demeuroit derrière l’Eglise de S^t Benoist. Elle avoit été Dame de Charité et elle a fait beaucoup de bien au Clergé, &c, &c57.

Mort de M^me Martigné la mère

46Le 1^er may 1801, M^me Martigné la mère est morte, âgé de 86 ans au moins ; elle demeuroit au bas de la rue du Bour danguy. Elle laisse trois garçons et une demoiselle ; l’ainé des garçons est Notaire et a succédé à son père ; il est riche et a déjà un fils marié depuis quatre mois58. Il y a un second fils marié, sans enfans, heureusement, car sa femme a perdu la teste ; le troisième vit comme garçon, à son ménage ; il est contrefait. Il y a une Demoiselle qui étoit avec sa mère ; elle a été mariée, je crois, à un Mons. Garnier, qui s’est tué.

Mort de M^r de Vaucenay

47Dans la nuit du 28 au 29 juin 1801, M^r de Vaucenay, qu’on appeloit le Président, est mort subitement ; il pouvoit avoir 68 ou 69 ans. Il avoit été Président de la Juridiction du Grenier à Sel ; il étoit marié depuis longtemps. Il avoit épousé une demoiselle qui luy avoit donné du bien et la veuve reste avec un garçon qui a au moins 20 ans.

Arresté de M^r le Préfet de la Sarthe – Soumission

48Depuis le 22 juin 1801, jusqu’au 22 du mois de Juillet suivant, il y a eu un arresté de M^r le Préfet du Département de la Sarthe, qui obligeoit tous les prestres qui voudroient exercer le culte Catholique dans les Eglises, de faire la Soumission à la Constitution. M^r l’abbé du Mourier, seul Grand-Vicaire (il étoit chanoine et Archidiacre de Montfort), a fait pour cela, une petite instruction qu’on trouvera dans le volume des Affiches du Mans, à la datte du 20 et 22 juin 180159.

Première grande Messe à la Coulture

49Le 5 juillet 1801, M^r du Mourier, Grand-Vicaire du Diocèse du Mans, a dit la première grande Messe dans l’Eglise de l’Abbaye de la Coulture ; depuis la Révolution, il n’y en avoit point eu. M^r Bureau, Curé du Pré, y a prononcé un Discours sur la Religion, il y avoit beaucoup de monde.

Mort de M^r de Landemont

50Le 16 juillet 1801, M^r Pantin de Landemont, âgé de 79 ans, est mort ; il laisse une femme âgée et infirme60. Il y a un garçon déjà d’un certain âge, mais une teste très légère ; lors du commencement de la Révolution, il étoit arresté par une lettre de petit Cachet61 ; il a sorty, comme tous ceux qui en avaient ; il a émigré et n’est point encor Rentré. M^r son père avoit fait son partage avec la Nation62 et elle n’aura plus rien63.

Mort de M^r Le Houx, médecin

51Le 18 juillet 1801, M^r Le Houx, medecin, est mort subitement d’une hidropuisie de poitrine ; il avoit épousé en premières noces, M^lle Trotté de la Roche, dont il n’a point eu d’enfans. Deux ans après, ou environ, il épousa M^lle Liberge l’ainée dont le père étoit apothicaire, et M^r Liberge, frère de M^me Lehoux, est Médecin et très bon Médecin. Il n’y a point d’enfans de ce mariage ; il a tout donné à sa femme. Il est mort âgé de 61 ans, aimé et regretté de tout le monde et surtout des pauvres.

Couche de M^me Savare

52Dans le courant du mois d’Aoust, M^me Savare de la Prébende64, est accouchée d’un enfans mort.

Mort de M^r Amyot

53Le 10 septembre 1801, M^r Amyot du Viviers est mort d’une chutte de cheval. Il étoit allé de chés luy (ou du Bois de Maquilly, nom de sa terre, paroisse de Flacé)65 sur un cheval qui étoit très vif et peureux, pour faire une visite chés M^r Blin des Roches. Il a tombé ou son cheval l’a jetté sur des pierres ; et la teste a porté sur les dittes pierres et il a resté sans connoissance. Il y a eu des Chirurgiens et Médecins qui ont fait tout ce qu’ils pouvoient faire en pareil cas, la saignée et les sangsues. Il paroist qu’il y a eu un épanchement de sang au cerveau ; il est venu sans connoissance, jusqu’au Jeudy matin. Son sang s’est corrompu sur le champ, et il a été enterré, le soir, dans la fosse où ont été enterrés son père et sa mère, dans le cimetière de Vallon, et on a fait le service, le jeudy 17 du même mois, dans l’Eglise de Flacé où est la terre du Bois de Maquilly.

54D’abord que66 M^me Amyot a su le triste événement, elle a party sur le champ et l’a vu sans connoissance et ne l’a quitté qu’au dernier moment. Elle est revenue au Bois de Maquilly, bien affligée, ainsi que tous ses parens amis, et tous ceux qui l’approchoient. Il est générallement regretté de tout le monde ; il avoit 53 ans. On a trouvé un testament, par lequel il donne à M^me Amyot, sa femme, l’usufruit de la terre du Bois de Maquilly pendant sa vie. V [oir] la datte du 18 octobre 1774.

Mort de M^r d’Arcy

55Le 23 septembre 1801, M^r Darcy est mort, âgé d’environ 60 ans67 ; il avoit servy dans l’artillerie, dans l’ancien Régime68 et avoit continué le service jusqu’au moment qu’il avoit tombé paralitique de tous ses membres. Il en étoit revenu par les eaux qu’il avoit été prendre ; il s’étoit retiré et avoit resté au Mans, dans sa maison, vivant avec sa femme et ses deux enfans dont un garçon qui a au moins 20 ans et une demoiselle d’environ 16 ou 18 ans. Il avoit épousé M^lle de Cajola de l’Isle d’Oléron, en 178369. Il s’est trouvé que Bonnaparte, premier Consul, avoit servy dans sa Compaignie, comme Sous-Lieutenant70 ; il luy a fait présenter une pétition pour luy demander sa retraitte. Le Cⁿ Bonnaparte s’est ressouvenu avoir servy sous luy et a répondu à sa pétition en luy conservant son service et ses appointements.

Couche de M^me d’Hardemare

56A la fin du mois de septembre 1801, M^me d’Hardemare sœur de M^me Cailleau, est accouchée d’une fille.

Mort de M^r de S^t Mars le père

57A la fin du mois de septembre 1801, M^r de S^t Mars, le père, est mort âgé d’environ 84 ans ; il avoit été marié et du premier mariage, il avoit eu un garçon qui a épousé M^lle de Fline. Bien des années après, il avoit épousé une fille, très jolie, qu’il avoit fait venir de sa terre de Tramblevif, pour garder sa basse-cour. Il en avoit eu une fille qu’il a fait élever, et depuis, il l’a mariée en 1796, à M^r de Renaulme, dont il y a des enfans. M^r de S^t Mars étoit frère de M^me de Fondville ; il a fait un testament par lequel il donne à sa femme ce qu’il peut donner71.

Feste de la Paix72

58Le 9 novembre 1801, on a fait à Paris, au Mans, et par toutte la France, la feste de la Paix généralle avec l’Angleterre et touttes les autres puissances armées contre la France, ou plutost la feste de Bonnaparte, premier Consul, qui est, depuis deux ans, regardé comme le Roy et le Maistre de la République françoise73. Il y a eu un Te Deum en grande musique, chanté dans l’Eglise de la Coulture où étoient M^r le Préfet, M^r le Général La Rue et M^r le Maire de la Ville avec touttes les Compaignies qui ont coustume d’assister aux grandes cérémonies74. Il y a eu une grande illumination par toutte la Ville, et un feu de joye sur la place des Jacobins.

Ma maladie

59Le 17 octobre 1801, jay tombé malade au Bois de Maquilly, chés M^me Amyot ; je suis revenu coucher à la Manouillère. Jay resté le dimanche et le lundy que je suis venu coucher au Mans, toujours avec de la fièvre. C’est M^r Liberge, le médecin, qui m’a gouverné ; je ne me suis relevé de cette maladie que le…75.

Couche de M^me de Tilly

60Le 17 novembre 1801, M^me de Tilly, qui étoit M^lle Rivault, la cadette, est accouchée d’une fille. Elle avoit épousé M^r de Tilly, le 30 may 1801.

Couche de M^me de Gastines

61Le 18 novembre 1801, M^me de Gastines, qui étoit M^lle de Blanchardon, est accouchée d’un garçon, bien heureusement76 ; elle avoit épousé M^r de Gastines, le 22 décembre 180077. C’est M^r de Blanchardon, son père, qui étoit parain, avec une tante de M^r de Gastines.

Mort de M^r Joubert, ancien Prieur

62M^r Joubert, ancien Prieur de Château l’Hermitage78, est mort très âgé, le 8 novembre 1801.

Mort de M^lle d’Effiat

63Le 20 novembre 1801, M^lle Ruzé d’Effiat est morte à sa terre de Fontenailles, paroisse d’Ecomoy, âgée d’environ 50 ans, de la suitte d’une oppression79. Elle étoit très contrefaite ; elle avoit un Brevet de Comtesse, voilà pourquoy on l’appelloit M^me d’Effiat80.

Couche de M^me Martigné la jeune

64M^me Martigné, la femme du fils du Notaire81, est accouchée d’un garçon ; c’est une demoiselle de Tours.

Mort de M^r Vétillard le jeune

65Le 28 novembre 1801, M^r Vétillard le jeune, âgé d’environ 30 ans, est mort d’une fièvre putride ; il faisoit un commerce assés considérable de draps, etc. Il avoit épousé une Demoiselle de la Goupillière la cadette, dont il y a un enfans de trois ans ; c’étoit un mariage bien uny82.

Couche de M^me Latour

66Du 20 au 24 novembre 1801, M^me Latour, fille que M^r de la Livaudière a reconnue, est accouchée d’une fille ; c’est le troisième enfans depuis trois ou quatre ans qu’ils sont mariés. M^r et M^me Latour demeurent chés M^r de la Livaudière qui leur a donné la Livaudière, paroisse de Fay.

Mort de l’enfans de M^r de la Crochardière le fils

67Le 3 décembre 1801, la fille de M^r de la Crochardière le fils, est morte ; elle n’avoit pas encor 8 ans. M^me sa mère étoit accouchée le 4 janvier 1799, et est morte le 24 du même mois, de la suitte de sa couche. M^r de la Crochardière avoit épousé M^lle Lavy en janvier 1798.

Couche de M^me des Guillonnières

68Du 12 au 15 décembre 1801, M^me des Guillonnières, qui étoit M^lle de Richebourg l’ainée, est accouchée d’un garçon qui, dit-on, pesoit quinse livres. Elle a eu une couche très rude ; elle a accouché chés M^me sa mère, au Mans83.

Mort de M^me des Guillonnières

69Le 26 décembre 1801, M^me des Guillonnières est morte des suittes de sa couche ; elle n’avoit que 26 ans qu’elle alloit avoir au premier de l’an. L’enfans vit.

L’année 1802

Mort de M^r de Foisy

70Le 2 janvier 1802, on a appris la mort de M^r de Foisy84, mort subitement à sa campaigne, près la Ferté-Bernard, où il faisoit bâtir une maison de Maistre85. Il laisse deux enfans, dont une demoiselle qui a épousé M^r de Larsonneau86 ; le garçon, qui a été Oratorien, vit dans une ferme qu’il fait valoir ; il est singulier et naime pas le monde. M^me de Foisy est morte il y a longtemps.

Mariage de M^me veuve des Bois avec M^r Flotté, qui est veuf

71Le jeudy 27 janvier 1802, M^me veuve Guitton des Bois a épousé M^r Flotté, qui demeure dans les environ de Mortagne. Elle avoit épousé M^r des Bois, le 9 février 1781 ; il avoit 60 ans et M^lle Blandé en avoit 26 ; elle en a eu un bon mobilier et un bon douaire. A 47 ans, elle a donc épousé M^r Flotté, qui est veuf et a une demoiselle grande et bonne à marier. On dit qu’elle doit quitter Mortagne, pour aller demeurer à la terre de son nouveau mary.

Mort de M^me de Maridort

72Le 1^er février 1802, M^me de Maridort vient de mourir âgée de 78 ans ; elle avoit eu une demoiselle qui avoit épousé M^r de Courcival fils, qui avoit émigré avec son père. Il a rentré en France et a épousé la fille de M^r Latour de Maubourg87 et c’est par ce mariage-là, qu’il a obtenu du Consul Bonaparte, sa radiation88. M^me de Maridort étoit une demoiselle Chouet de Vilennes.

Couche de M^me de Perrochel

73M^me de Perrochel, qui est une demoiselle de Biseul, est accouchée, dans le commencement de février, d’un garçon qu’elle nourit89 ; elle en avoit eu un qui est mort. Elle demeure ordinairement à la terre de S^t Aubin90, près Fresnay.

Mort de M^me de Savonnière

74Le 6 ou le 8 février, on a appris la mort de M^me de Savonnière, qui étoit M^lle de Savonnière la cadette ; elle avoit épousé M^r de Savonnière à cause du nom, car il étoit plus jeune que sa femme et avoit très peu de fortune. Elle pouvoit avoir environ 30 ans, au plus ; il n’y a point d’enfans ; il n’y avoit que deux ou trois ans qu’elle étoit mariée. Comme M^me sa mère ne demeuroit plus au Mans, je n’avois point écris son mariage ny celuy de M^me de Broc la Ville-aux-forrier91, qui est demoiselle de Savonnière l’ainée92.

Mort de M^me de Salennes

75Le 12 février 1802, M^me veuve de Salennes, qui est une demoiselle Pousset, est morte sans enfans, âgée de 95 ans.

Mort de M^me Drugeon

76Le 31 mars 1802, M^me Drugeon, veuve, qui demeuroit au bout du pont de S^t Jean, est morte, âgée de plus de 50 ans. Elle avoit deux enfans qui sont grands93.

Mort de M^r Haton

77Le 2 avril 1802, M^r Haton, qui avoit été Procureur du Roy des Eaux et Forests, est mort âgé d’au moins 75 ans. Il n’a qu’un garçon qui demeure à Paris et est Médecin, je crois.

Couche de M^me de la Pommerie

78Le 22 avril 1802, M^me de la Pommerie, ma nièce, est accouchée d’une fille qu’ils ont nommée Stéphanie. Elle a accouché bien heureusement à sa terre de la Viellière, commune de Flées, près le Château du Loir94. C’est M^me de Bellefille qui doit estre Maraine avec M^r … parent du père ; M^r du Mourier a donné permission de l’ondoyer pour six mois. Elle ne peut quitter mon frère qui est malade95.

Mariage de M^lle de Montigny avec M^r Carrier

79Le 25 may 1802, M^lle Guichain de Montigny âgée d’environ 20 ans au plus, a épousé M^r Carié, de Chartres. M^me sa mère est veuve ; elle a deux demoiselles qui sont riches. L’ainée a épousé un M^r de Fontenay, qui demeure près le Château du Loir ; la cadette, qui vient d’épouser M^r Carier, va demeurer au Mans avec M^me sa mère96.

Mariage de M^lle de Fontay, avec M^r Le Febvre le cadet

80Le 31 may 1802, ou quelques jours devant, M^lle de Fontay, autrement M^lle des Hormeaux, a épousé M^r Le Feubvre, le cadet97.

Mariage de M^lle de Biseuil avec M^r de Maulny

81Dans le courant du mois de may 1802, M^lle de Biseuil la plus jeune a épousé M^r de Maulny ; elles sont toutes très riches. Elles avoient perdu leur mère qui étoit M^lle de la Moustière ; elles étoient très jeunes98.

Mort de M^me Pain

82Le 28 may 1802, M^me Pain, qui demeuroit au Mans avec M^r son fils et une demoiselle, vient de mourir, d’une maladie de langueur. Elle possédoit la ferme des Courbes et la prée de Fondue et la maison et les moulins de Chaoué99. Elle étoit riche, et laisse 4 enfans, dont deux au Mans et deux dans le Poitou. Il y a une demoiselle de mariée, chés qui demeure un M^r Pain qui étoit Capitaine de Chouans, sous le nom de l’Espérance100.

Mariage de M^lle de Féron avec M^r Richer

83Le mardy 8 juin 1802, M^lle de Féron, âgée d’environ 18 à 20 ans, a épousé M^r Richer dont le père et la mère demeurent ordinairement à leur terre de Rochambeau101 qui donne sur le grand chemin de la Ferté, à trois lieues de la Ferté-Bernard. Il est fils unique ; il est un peu plus âgé que sa femme. M^lle de Féron sera très riche ; elle est fille unique.

Mariage de M^lle Jouteau avec M^r Dubois, d’Angers

84Le mardy 8 juin 1802, M^lle Jouteau a épousé M^r Dubois qui est déffenseur au Tribunal d’Angers ; il y est en grande réputation. On dit qu’il sera riche. M^r et M^me Jouteau sont très riches102 ; ils sont venu s’établir au Mans dans le temps qu’on y a établi des Procureurs103. Il n’avoit pas 300 # pour tout bien ; aujourd’huy, il est un des plus riches particuliers de la Ville. On assure qu’il a plus de cinquante mille livres de rentes ; il n’a que deux ou trois enfans au plus. Il a fait sa fortune depuis la Révolution, par les acquisitions des biens Nationaux et d’Emigrés, qu’il a achettés et revendus.

85Il manque bien des choses jusqu’au 7 juillet, jour de l’arrivée de M^r l’Evesque104.

Arrivée de M^r Pidolle Evesque du Mans105

86Le 7 juillet 1802, M^r Pidolle, nommé par le premier Consul Bonaparthe et confirmé par la cour de Rome, est arrivé au Mans, à 7 heures du soir, au milieu d’un nombreux cortége de troupe de Gendarmerie, de la Musique et de la Municipalité. On l’a déposé dans une maison qui dépend de l’auberge du Croissant106 où il va demeurer jusqu’à ce que le Gouvernement ait fait l’acquisition de la Maison de l’ancien Evesché qui avoit été achetté par M^r Bardou de Boisquetin.

87M^r du Mourier a invité tous les chanoines, M^rs les Curés et autres Ecclésiastiques, de se trouver dans la maison de M^lle La Brainière107, où il demeure, à 8 heures, pour aller tous, en corps, luy faire visite. Nous sommes tous party, M^r du Mourier à la teste ; il a fait une petite harangue, où il a fait l’éloge de tout le Clergé qu’il conduit depuis qu’il est Grand-Vicaire. Après la visite, M^r l’Evesque a répondu en peu de mots, et chacun s’est retiré. Il doit s’occuper aujourd’huy à nommer ce qui doit former son Clergé et M^rs les Curés de Ville.

Suitte de l’entrée de M^r l’Evesque et Cérémonial

88Le 10 juillet, M^r de la Crochardière, Maire de Ville, a publié le Concordat fait entre la Cour de Rome et le Gouvernement françois ; cette publication s’est faite avec grande cérémonie. M^r le Maire a publié le dit Concordat dans tous les carefours de la Ville, accompaigné de la Musique.

89Le 11 juillet 1802, M^r Michel de Pidoll Evesque du Mans, a été reçu et installé Evesque du Mans ; ce n’est plus comme autrefois. M^r l’Archevesque de Tours, M^r de Boisgelin, a envoyé à M^r l’abbé du Mourier, une commission pour installer M^r de Pidoll.

90Le sammedy soir, on a sonné la grosse cloche de la Cathédralle et celle de l’Hopital ; (il n’y a que ces deux-là), depuis 7 heures du soir jusqu’à huit. Le lendemain, touttes les authorités constituées se sont assemblées à 9 heures, ainsi que la troupe et la Garde Nationnalle, pour aller chercher M^r le Préfet, et de là, M^r l’Evesque est venu au milieu de la troupe, de la Musique, &c, &c. Tout le Clergé, tant les chanoines que les Curés et autres Ecclésiastiques, se sont réunis en soutannes, surplis et rochets. Quand M^r l’Evesque et tous ceux qui sont venus avec luy, ont été près de la grande porte, tous les prestres, qui étoient dans l’Eglise, sont allés, la croix levée, sans rang ny distinction, à la grande porte, où il y avoit un Dais. Quand il a été sur la première marche, M^r le Préfet luy a présenté les clefs de l’Eglise, et luy a fait un compliment, auquel il a répondu en peu de mots. M^r l’Evesque a entré dans l’Eglise ; à la porte, M^r du Mourier luy a fait un petit compliment ; il avoit l’étole ; M^r l’Evesque a répondu. Il y avoit un dais porté par quatre prestres en chappes ; il a été ainsi sous le dais jusque dans le coeur. Il a monté dans son throsne ; il est allé dans le Revestiaire où il s’est habillé pour la Messe, et est revenu dans son throsne, commencer la Messe. C’étoit M^r Fay, de Neuvy, Chanoine, qui faisoit Diacre d’honneur, et M^r du Bourneuf, Archidiacre du Passais, qui faisoit sous-Diacre d’honneur ; M^rs Chereau et Taupin, l’ancien Minime, faisoient Diacre et sous-Diacre d’office. Il y avoit deux chappiers, pour assistants. M^r Desgraviers, le sous-Chantre, M^r Bareau, Chanoine de S^t Pierre, portoient la chappe, et M^r Belingand, Curé du Grand S^t Pierre, portoit la chappe d’honneur. M^r de la Boussinière, Evesque Constitutionnel du Mans, a fait sa rétractation entre les mains de M^r Pidoll, nommé Evesque du Mans ; il a eu la hardiesse de venir à la Cérémonie avec plusieurs prestres, ses grands-Vicaires, qui ont, sans doute, fait leur rétractation108. Après la Messe, M^r l’Evesque est allé se déshabiller et a entonné le Te Deum ; après le Te Deum, on est party pour conduire M^r l’Evesque chés luy dans le même ordre qu’on avoit été le chercher. Tout le Clergé y est allé aussi, la croix levée. La cérémonie n’a finy qu’à deux heures ; il n’y a point eu de Vespres, mais le Salut à six heures.

Mort de M^r Le Clerc

91M^r Le Clerc, ancien Procureur du Roy, est mort, âgé de 89 ans ; il laisse sa femme et deux enfans. M^r son fils est veuf et a un enfans. Il laisse une demoiselle qui est déjà âgée et il est probable qu’elle ne se mariera point109.

Le jour de l’Assomption

92Le jour de l’Assomption, M^r l’Evesque Pidoll a officié à la Grande Messe et à Vespres, je faisois Diacre et M^r Roman, Sous-Diacre. Ce même jour là, il y avoit une feste Républicaine pour la nomination à vie du premier Consul Bonnaparte, pour le jour de sa naissance et pour le jour de la signature du Concordat. Touttes les autorités constituées ont assisté à la grande Messe. Ce même jour, il y a eu un mariage national fait par M^r l’Evesque à la Grande Messe après laquelle il y a eu un Te Deum. Le lendemain, M^r l’Evesque est party avec M^r le Préfet pour aller à Laval y organiser le clergé110.

Mort de M^me de la Poissonnière

93Dans le commencement du mois d’Aoust 1802, M^me de la Poessonnière, âgée de 62 ans, est morte subitement à Paris, où elle étoit allé consulter les Médecins ; elle avoit plusieurs cas de maladie, surtout un polipe sur le coeur. Elle étoit fille de M^r de Madrelle, mort depuis plusieurs années, M^me de Madrelle vit ; elle a un frère qu’on nomme M^r l’abbé de Moncé, qui étoit chanoine de S^t Pierre ; il est très riche111.

Mort de M^me d’Hauteville

94Le 18 septembre 1802, M^me de Remusson d’Hauteville, en son vivant, M^lle du Perrier, est morte âgée de 89 ans. Elle avoit deux garçons, dont l’ainé avoit épousé une demoiselle de Tours ; il en a eu un enfans et il est veuf. Le cadet est garçon et vivoit avec sa mère qui est morte dans la maison de Ville-bourse, autrefois la maison de l’Abbatial de l’abbé de la Coulture112.

Nouvelle de la radiation de mon frère et de M^r de Rouillon

95Jay reçu une lettre de M^r Besnard, qui étoit autrefois Président du Département et qui à présent demeure à Paris, qui m’annonce la radiation de mon frère et de M^r de Rouillon. M^r le Préfet l’a reçu le 22 septembre, qui est 8 jours après113.

Couche de M^me Charbonnier

96M^me Charbonnier, fille ainée de M^r Moinerie, est accouchée d’une fille à la fin du mois de Septembre ; c’est pour le troisième.

Mort de M^r Tuffier

97Le 9 octobre 1802, M^r Tuffier, chanoine semi prébendé, est mort d’une hidropuisie, âgé de 50 ans ; il est né le 26 décembre 1752, dans la paroisse du Pré ; il a été enterré dans le grand Cimetière. Depuis qu’il avoit quitté la paroisse de Chaufour où il travailloit comme Curé, il s’étoit retiré dans une petite maison dans la rue du Greffier, où il est mort. Il a été enterré en toutte cérémonie. C’est M^r l’abbé du Mourier, comme le premier Grand-Vicaire, qui a fait l’enterrement. Comme le plus ancien du chapitre, je portois le sceau114.

Mariage de M^lle d’Hardemare, avec M^r du Bourneuf

98Le 5 octobre 1802, M^r de la Fontaine du Bourneuf a épousé M^lle d’Ardemare ; ils sont tous deux, à peu près du même âge, de 32 à 36 ans. Elle sera riche ; on dit beaucoup de bien de l’un et de l’autre et tout le monde a applaudy à ce mariage. Ce sont des enfans qui n’ont point de bien ; il y a M^lle du Bourneuf l’ainée qui demeure avec M^r son frère, l’ex-chanoine et Archidiacre de Passais. Elle avoit trois sœurs, dont une étoit Religieuse à l’Abbaye de la Perrigne, une autre aux Ursulles, et une autre s’étoit donnée à l’Abbaye d’Estival, où elle est dans ce moment, avec M^me l’Abbesse et les Religieuses qui vivent ensemble.

Mort de M^r de Linières de la Fosse

99Le jeudy 23 octobre 1802, M^r de la Fosse de Linières, qui étoit à la teste d’une manufacture de toiles peintes, est mort âgé d’environ 48 ans. Comme il avoit mal fait ses affaires, il s’étoit retiré à sa manufacture qui étoit dans l’ancienne Maison du Pré115. Il laisse une femme qui avoit eu de la fortune ; il y a une demoiselle qui est déjà grande et qui a été très bien élevée. Il y a encor plusieurs autres enfans.

Mort de M^r Belin des Roches

100Le 29 octobre 1802, M^r Belin des Roches, âgé de 51 ans, est mort subitement, en sortant de chés M^r et M^me de Gastines, son beau-frère et sa belle-sœur ; il a tombé mort à la porte de M^r le Général La Rue, sans donner la moindre connoissance. Il laisse deux enfans, dont une demoiselle, âgée de 14 ans, qui est en pension chés M^me du Buisson ; il a un garçon qui est en pension au Collège de Vendosme. Il avoit épousé M^lle de Blanchardon l’ainée, le 22 may 1787, et elle est accouchée d’une fille, le 5 juin 1788. Le second enfans qui est un garçon, est du 12 novembre 1789116. Elle est morte peu de temps après.

Mort de M^me Trouillard

101Mort de M^me veuve Trouillard, âgée d’environ 55 ans, M^r Trouillard, son mary, est mort le 23 avril 1801. Comme elle avoit la teste dérangée, on avoit nommé, par assemblée de famille, M^r Pain, il n’y a point d’enfans.

Mariage de M^r Pain, avec M^lle Cherrier

102Le 23 novembre 1802, M^r Pain, propriétaire de la Grande Maison et du Moulin de Chaoué, en Allonnes, et Maire de la Commune, âgé d’environ 33 ans, a épousé M^lle Cherrier, âgée de 19 ans, fille unique117. C’est une demoiselle bien élevée, bien douce, et qui sera riche. C’est M^r Moins118, Curé du Pré, qui les a mariés dans l’Eglise de la Coulture, leur paroisse.

Mariage de M^r Goussault avec M^lle Bignon

103Le 23 novembre 1802, M^r Goussault le fils, âgé d’environ 24 ans, a épousé M^lle Bignon, dont le père demeuroit à Bonnétable, faisant le commerce de bois et où il a gagné beaucoup de bien ; il est veuf, et n’a que deux enfans, un garçon et une fille. Depuis la Révolution il a achetté la terre de Touars dans la paroisse de S^t Mars-sous-Ballon119, où il demeure à présent ; cette terre de Touars étoit à M^mes les Religieuses de la Visitation du Mans. M^r Bignon donne, dit-on, mille écus de rente à M^lle sa fille.

Couche de M^me de Courcival

104M^me de Courcival la jeune est accouchée à Paris, d’une fille ; c’est son premier enfans. Elle s’appelle M^lle de Latour Maubourg120.

Les Réverbères, qui n’ont point eu lieu

105Le 26 novembre 1802, jay souscrit un abonnement pour l’entretien des Réverbères. Il y en avoit eu autrefois, mais la Ville n’étant pas assez riche pour cette dépense, a demandé que les habitans contribuent à cette dépense qui coustera 7 500 # par an et si on veut contribuer à cette dépense volontaire, on pourra éviter d’avoir le droit d’octroy. Jay fait ma soumission volontaire pour 12 # par an ; jay fait comme ma sœur.

106[note] : L’abonnement n’a point eu lieu, on a rendu les 12 # le 1^er may 1803. L’octroy a commencé le 30 avril 1803, malgré touttes les oppositions de la Ville121.

Le 8 décembre 1802

107Le 8 décembre 1802, Jour de la Conception de la Vierge, est la première feste qui a été supprimée par le Concordat, M^r l’Evesque a donné un Mandement à l’occasion de la suppression des festes. La plus grande partie du peuple n’a point travaillé122.

Couche de M^me de Malherbe

108M^me de Malherbe est accouchée à la terre de son mary, près M^r de la Pommerie ; il n’y a que la rivière à passer. M^r son mary est revenu de son émigration, depuis un an. Elle est accouchée d’un garçon ; elle a une demoiselle qui est de l’âge de la petite de Rouillon, environ 11 ans.

109[note] L’enfans est mort peu de jours après.

Mort de M^r Varosson

110Le 23 décembre 1802, M^r Varosson, Président du Tribunal Criminel, est mort, âgé d’environ 55 ans. Il avoit été Président du Comité de Surveillance pendant le passage de l’armée chrétienne, qu’on appeloit l’armée chrétienne (sic) ; on a dit qu’il a fait mourir beaucoup de personnes. Si cela est, il en a bien fait pénitence, car il a souffert, plus de trois ans, d’une humeur cancéreuse dans le bas-ventre, dont il est mort en vray chrétien. Il laisse une femme encor jeune, et une Demoiselle123.

Mort de M^lle Hervé

111Le 26 décembre 1802, M^lle Hervé est morte, âgée d’environ 76 ans. C’étoit une Demoiselle qui a fait beaucoup de bien à M^rs les Ecclésiastiques et en a eu de cachés plusieurs pendant la Révolution et persécution.

Mort de M^me d’Aubigny, du Château-du-Loir

112Le 31 décembre 1802, M^me d’Aubigny, âgée de 44 ans, est morte au Châteaudu-Loir, d’une fluxion de poitrine. Elle demeuroit au Château-du-Loir, avec M^me Leroy, sa mère et une tante. Elle avoit épousé M^r d’Aubigny qui étoit Procureur du Roy ; elle laisse deux garçons dont un est marié à Paris. Elle a une petite fille âgée de 12 ans124.

L’année 1803

Premier de l’an

113Par le Concordat, la feste de la Circoncision est supprimée ; on a fait l’office dans l’Eglise, comme auparavant, une plus grande partie du peuple a festé125.

Mort de M^r Le Peletier

114M^r Le Peletier, qui faisoit un petit commerce de plume et qui après la mort de son frère mort le 31 juillet 1800, il avoit un frère qui demeuroit à Pontlieue, qui en hérite seul, et il pouvoit avoir cinq mille livres de rente, ce dernier vient de mourir. Il laisse une femme encor jeune et quatre enfans ; l’ainé peut avoir neuf ou dix ans ; il n’a joui de sa fortune qu’environ 3 ans. Il s’est tué à force de boire ; la veuve veut garder sa maison, au moins quelque temps126.

Couche de M^me de Montulé

115M^me de Montulé est accouchée d’une fille vers la moitié du mois de janvier ; c’est le second enfans.

Mort de M^me Picot

116M^me Picot, veuve, est morte âgée d’environ 40 ans au plus, dans sa terre, dans le bas-Maine ; elle laisse quatre demoiselles dont l’ainée peut avoir 25 ans. M^r Picot avoit émigré ; il est mort en revenant en France, le vaisseau a péry. Ces demoiselles seront riches ; il y a encor M^lle des Bois, qui est leur tante, qui est riche et très âgée, dont elles hériteront.

Mort de M^me Fontaine

117Le 28 janvier 1803, M^me Fontaine est morte, presque subittement d’une suitte d’une attaque de paralisie, âgée d’environ 54 ans ; elle n’a point d’enfans. Elle étoit fille de M^r de Roches et sa mère étoit sœur de M^me Lebon. C’est M^me de la Porte de S^t Jeamme, M^me Le Peletier de Feumusson et le fils de M^r de Jean des Roches, qui en héritent, mais elle aura sûrement fait un testament en faveur de M^r Fontaine, son mary.

Pain bénit de la Cazerne de S^t Vincent

118Le 13 février 1803, qui étoit un dimanche, la Cazerne de S^t Vincent a donné le pain bénit à la Cathédralle qui est la paroisse de la ditte Cazerne127 ; il y en avoit six qui étoient portés sur des brancards par des Grenadiers. Tous les Grenadiers étoient sous les armes ; on a déposé les pains bénis au pied du trosne de M^r l’Evesque qui les a bénis. Tous les Officiers y étoient, ainsi que M^r le Général, M^r le Préfet, M^r des Armands, Sécrétaire Général, M^r Perrier, adjoint de la Municipalité et la Musique du Régiment. C’est M^r Herpell, ancien Curé de S^te Croix128, qui a dit la Grande Messe ; il y a eu de la Musique avant de commencer la Messe et aux Kiriés. M^me Le Preux, femme de M^r le Chef de Brigade, qui a présenté le pain bénis, a fait la queste ; M^r Le Général La Rue luy donnoit la main. Le tambour-major, magnifiquement habillé d’un nouvel uniforme, marchoit devant avec deux Grenadiers, et c’étoit un Grenadier qui tenoit le bassin où l’on donnoit pour la queste. Quatre Grenadiers ont distribué le pain bénis coupé par petits aloyaux129, à tous les Officiers qui étoient dans le chœur et au Clergé ; le pain bénis étoit très bon, fait de la pâte des brioches.

Prestation de serment

119Le jeudy 3 mars 1803, M^rs les Curés de canton et tous M^rs les Curés des Succeursalles du ressort de la Préfecture, ont presté le serment entre les mains de M^r le Préfet, qui y a mis un grand appareil. Toutes les assemblées constituées y étoient ; M^r le Général et la troupe ; M^r l’Evesque y étoit et y a prononcé un petit discours, et M^r le Préfet un autre. On a lu le serment que chaque individu fonctionnaire devoit faire et M^r le Préfet a fait l’appel et a commencé par M^rs les Grands Vicaires Généraux, M^rs les Chanoines en titres, M^rs les Curés et M^rs les desservants des succursalles, et une main sur le livre d’Evangilles, disoient seulement sic juro, et ont signé le Régistre130.

Installation du Chapitre

120Le samedy suivant, qui étoit le 5 mars 1803, M^r l’Evesque a installé M^rs les Chanoines qui composent son Chapitre, savoir : M^r l’abbé du Mourier, comme Premier Grand-Vicaire, dans la stalle de Doyen ; la seconde place pour M^r Rivière qui, avant la Révolution, étoit Curé de Voutré, entre Connérré et la Ferté-Bernard131. Il avoit presté le premier serment, et comme le Gouvernement vouloit un Grand-Vicaire Constitutionnel, M^r l’Evesque l’a nommé. Il demeuroit, depuis quelques années, à l’Oratoire où il étoit Professeur de Mathématiques ; c’est un homme doux et tranquille ; il peut avoir environ 66 ans. C’est M^r D’Orlodot, qui est premier Chanoine ; il étoit Evesque de Laval. Ensuitte, M^r l’abbé Le Conte, ancien Chanoine ; pour troisième Chanoine, M^r Hitzler, qui étoit Chanoine à Trèves, et est venu au Mans avec M^r l’Evesque, comme son amy ; à peine parle-t-il françois. Il y a M^r du Bourneuf de la Fontaine, M^r Roman et M^r de S^t Chereau, anciens chanoines. M^r Herpell, qui étoit Curé de S^te Croix, et M^r Bigault, Secrétaire de M^r l’Evesque, lequel est jeune et a fait ses études à la Flèche, d’où il est, je crois. Ces M^rs ont été installés suivant leurs lettres de Prétrise, je crois ; M^r l’Evesque a donné la première place, dans le cœur, à M^r Bureau, Curé de S^t Julien, Tous ces M^rs ont pour habit de cœur, un rochet et une mozette de soye en noir et doublée en rouge132.

Installation de la Cure de S^t Julien et de la Coulture

121Le Dimanche suivant, qui étoit le 6 mars 1803, M^r l’Evesque a installé M^r Bureau, dans la Cure du Crucifix ou de S^t Julien, où sont réunies celles de S^t Vincent, de S^t Ouen et une partie de S^t Nicolas, S^t Pavin de la Cité et du Petit S^t Pierre.

122Le même dimanche, après la Grande Messe de la Cathédralle, M^r l’Evesque est venu à la paroisse de la Coulture, faire la même cérémonie. Comme M^r Huard est très aimé et respecté, une compaignie d’hommes, sous les armes, est allé chés M^r Huard le chercher et le mener faire le tour de la paroisse. Il étoit au milieu des Commissaires de la paroisse ; il y avoit six petites filles habillées en blanc, dont une portoit un petit aigneau. Il y avoit six petits garçons habillés bien proprement, qui portoient un bouquet et deux tourterelles dans une cage. Après le tour de la paroisse, le Clergé de la Coulture, avec la Croix, est venu chercher M^r l’Evesque et M^r le Curé. En entrant dans l’Eglise, où étoit M^r de la Crochardière, le Maire, avec toutte sa suitte et toutte la Musique, qui a dressé procès-verbal de son installation, M^r l’Evesque luy a fait un petit compliment auquel M^r le Curé a répondu, quand il a monté dans la chaire, d’une manière très touchante. Le même cortège, qui l’avoit promené autour de la paroisse, l’a conduit chés luy et ils luy ont déposé leurs présents.

123Le même dimanche, après Vespres, M^r du Mourier, premier Grand-Vicaire, est allé à S^t Benoist, installer M^r Cailleteau, comme succursalle. Les habitans, n’étans point prévenus, n’ont point fait de cérémonies.

124Le même jour de dimanche, après Vespres, M^r Rivière, second Grand-Vicaire, a été au Pré, faire la même cérémonie à M^r Moins qui étoit cy-devant Curé du Pré. M^r de la Crochardière a été, comme le matin, faire la même cérémonie d’installation133.

Mort de M^r de la Borde

125Le 7 mars 1803, M^r Le Peletier de Feumusson, surnommé la Borde, âgé d’environ 60 ans, est mort. Il avoit épousé une veuve Paulmier, dont il n’y a point d’enfans ; ils ne vivoient point ensemble. C’étoit un homme bien singulier.

Mort de M^r de Broc, des Perrays

126Le 8 mars 1803, M^r du Broc des Perrays est mort, âgé d’environ 80 ans, à sa terre des Perrays ; il laisse trois héritiers. M^r de Broc, l’ainé, qui demeure à Breteau, paroisse de Beillé134 ; il est veuf et a un garçon qui est marié, et qui, dit-on, doit avoir le Château des Perrays. Il y a M^me de S^t Aignan, dont le mary avoit passé à la Cayenne, et qui a un fils qui étoit dans la Marine et l’ancienne135. Il y a encor M^me de Samson, qui est séparée d’avec son mary ; il y a un garçon âgé d’environ 20 à 22 ans136.

Mort de M^r de S^t Mars

127Le 8 mars 1803, on a appris la mort de M^r de S^t Mars, âgé d’environ 60 ans. Il avoit épousé M^lle de Fline, que M^me de Fondville avoit élevée chés elle137.

Mariage de M^r Coindé avec M^lle Gouesereau

128Le 10 mars 1803, M^lle Gouesereau a épousé M^r Coindé138, beau-frère de M^r Thoré139, qui étoit autrefois dans le commerce. M^r Gouesereau est riche ; M^lle sa fille peut avoir environ 25 ans, et M^r Coindé environ 34 ans. Ils demeurent dans la paroisse de la Coulture.

Mort de M^r de Linières, de Paris

129Le 10 mars 1803, on a appris la mort de M^r Desportes de Linières, l’ainé des enfans, mort à Paris. Il avoit épousé, au mois de juillet 1792, une demoiselle de l’Aubépine, qui est d’un grand nom, dont il y a trois enfans. C’est une perte pour cette famille et pour ses amis et la Ville ; il avoit de très bonnes connoissances140. Il étoit très riche, mais il y aura bien de l’embarras dans ses affaires ; on dit qu’il n’a rien fait pour mettre ordre à ses affaires pour ses enfans, car on dit que sa femme n’est pas en état de gérer son bien, ny celuy de ses enfans.

Installation des Chanoines honoraires

130Le dimanche 13 mars 1803, M^r l’Evesque a installé M^rs les Chanoines Honoraires, au nombre de… M^r l’Evesque, après le prône de M^r Bureau, est allé se placer à son throsne. Tous M^rs les Chanoines, qui étoient désignés pour estre chanoines, étoient debout, autour du trosne141 ; ils ont entendu un petit discours latin que M^r l’Evesque a lu, et après, il a donné la bénédiction. M^r Bigault, son Secretaire, qui est chanoine, a fait un appel, suivant l’ordre de prêtrise. Le premier est M^r Yvon, ancien Curé de S^t Pavin des Champs. J’en ay une liste à part.

Couche de M^me de la Crochardière la jeune

131Le 7 mars 1803, M^me de la Crochardière la jeune est accouchée d’un garçon ; c’est M^r de la Crochardière le père, qui a été parain, avec M^me de Claircigny, mère de l’accouchée142. M^r le Préfet a porté les gans143 avec M^me la Généralle, et M^r le Général, avec M^me de la Crochardière144, mère. Il y a eu grande cérémonie.

Mort de M^lle Brunet

132M^lle Brunet, agée de 56 ans, née le 18 janvier 1746, est morte d’une attaque de paralisie dans la teste après 51 jours, sans connoissance, et d’un abcès dans la teste. Elle est morte, le 17 mars 1803.

Mort de M^r Pillon

133M^r Pillon, ancien Conseiller du Présidial du Mans, est mort, âgé d’environ 80 ans145. Il étoit veuf, et il avoit une Demoiselle qui a épousé M^r Négrier de la Crochardière, qui est Maire de la Ville du Mans. Il y a un garçon qui vient de se marier en secondes noces, à M^lle de Claircigny, qui a accouché le 7 du courant. M^r Pillon est mort le 21 mars 1803.

Mort de M^me de Châteaufort

134Le 26 mars 1803, M^me de Châteaufort est morte de la poitrine, après avoir langui longtemps. Elle avoit deux enfans, dont un garçon qui apprend le commerce ; il est, je crois, à Bordeaux. Il y a une demoiselle qui a épousé M^r du Ponceau, d’Angers146.

Mort de M^r Le Royer de Forges, chanoine

135M^r Le Royer de Forges est mort d’une indigestion ; il avoit environ 79 ans. Il avoit été nommé Chanoine par M^r de Froullay, Evesque du Mans, son parent, en 1753, qui l’avoit ordonné sous Diacre pour qu’il eut place au Chapitre, et dans les hautes stalles. Il a toujours été attaché à l’argent.

S^tes huilles et le Jour de Pasques

136Le 7 avril 1803, M^r Pidoll, Evesque du Mans, a fait les S^tes Huilles et pour le Diocèse de Tours. C’est pour la première fois ; je faisois Diacre et M^r Livré, ancien Chanoine de S^t Pierre, faisoit Sous-Diacre. Le Samedy Saint, il a fait l’ordination d’un prestre. M^r l’Evesque a officié le jour de Pasques, et a diné chés M^r Bureau, ainsi que M^r le Préfet, M^r des Armants147, et M^r le Général. Il y avoit 25 personnes à diner ; j’y étois148.

Mort de M^r Jannard à Paris

137Le samedy 16 avril 1803, on a appris la mort de M^r Jannart, mort à Paris, des suittes de l’opération de la pierre149 ; il avoit environ 58 ans. Il avoit épousé M^lle de S^t Chereau, du 15 au 25 avril 1774 ; il n’a point eu d’enfans. Il a pour héritiers M^r de Toussants, qui étoit un Chevallier de Bellemare150, dont il y a trois enfans. Il a encor un frère qui est le dernier ; il avoit émigré et son bien a été vendu. Il avoit épousé une demoiselle du Genetay, de Bellesme, dont il y a plusieurs enfans151.

Mariage de M^lle Ysambard, avec M^r Lefeubvre

138Le 19 avril 1803, M^lle Ysambard, âgée d’environ 21 ou 22 ans, a épousé un des M^rs Le Feubvre, dont la mère demeure au haut de l’escalier…152. Il y a trois M^rs Le Feubvre ; c’est le dernier et le plus jeune ; il se nomme M^r de Mécorbon153. Les deux mariés ne font pas 40 ans.

Couche de M^me de Gastines

139Le 1^er may 1803, M^me de Gastines, fille de M^r de Blanchardon, est accouchée d’un garçon ; c’est le second. Elle a accouché de son premier enfans le 18 novembre 1801 ; elle s’est mariée à Paris au commencement de l’année 1801. L’enfans, ainsi que le premier, a été ondoyé.

Mariage de M^lle de Villiers avec M^r de Montesson

140Le sammedy 14 may 1803, M^lle Hérisson de Villiers, née le 15 juin 1776, petitefille de M^r et M^me Maulny, a épousé M^r de Montesson, qui avoit émigré et a rentré depuis six mois environ. Avant la Révolution, il étoit Colonel d’un Régiment ; après le massacre de son frère cadet, à Ballon154, qui étoit avec M^r Cureau, il avoit servy dans le pays étranger, dans l’armée du Prince de Condé155. Quand l’armée de ce Prince, qui étoit à la solde du gouvernement anglois, a été dissoute, M^r de Montesson a trouvé des connoissances qui luy ont obtenu la permission de rentrer en France, où il a obtenu sa radiation156. Tout son bien avoit été vendu ; il luy a resté une ferme et d’autres biens qui ont surement été oubliés par la Nation, ou ses représentans. Il a encore, dit-on, 3 000 # de revenu157.

Couche de M^me Savare

141Le 14 may 1803, M^me Savare est acouchée d’un garçon.

Mort de M^r Le Balleur de l’Isle

142Le 29 may 1803 qui étoit le jour de la Pentecoste, M^r Le Balleur de l’Isle, qui étoit, avant la Révolution, le Bâtonnier des Avocats, et qui est devenu depuis, le premier Juge du Thribunal Criminel, est mort subitement ; il avoit 78 ans. Il avoit trois garçons dont l’ainé demeure presque ordinairement à Paris ; il avoit autrefois une charge dans les Eaux et Forests. Le cadet est Recepveur des Imposts de la Ville ; c’étoit M^r Merruau qui avoit pris cette commission au rabais, mais M^r Le Balleur de l’Isle fut nommé par le Ministre des Finances. Le troisième demeure à la Suze ; il est Contrôleur et reçoit le bien des Emigrés. On a fait une grande cérémonie à son enterrement, et touttes les authorités constituées y ont assisté.

Mariage de M^r Auvray, Préfet, avec M^lle Pellegrain de Létang

143Le 30 may 1803, M^r Auvray, Préfet du Département de la Sarthe, est arrivé avec M^lle Pellegrain de l’Etang, sa femme158. Il a épousé M^lle Pellegrain de Létang, le samedy 28 may, à la terre de son beau-père, près le Château-du-Loir. Cette Demoiselle est et sera très riche et très bien de figure ; elle est âgée de 23 ans. M^r Auvray et sa femme sont arrivés avec la sœur de sa femme, dans une belle voiture à 4 chevaux, et un détachement de gens d’armes qui accompaignoient la voiture. Ils sont arrivés dans la maison qu’il occupe dans ce moment, qui est la maison de M^r et M^me de Fondville, qui sont morts depuis quelques années. Il y avoit un grand souper, et la Musique nationalle a été leur donner des aubades159. Le lendemain et plusieurs jours après, on a fait des visites qu’ils ont rendues. C’est M^me de Mainville, mère de M^me Auvray, et M^lle de Létang, qui ont fait les visites de noce.

Jour de la Feste-Dieu

144Le 12 juin 1803, qui étoit un Dimanche, d’après le Concordat fait entre le souverain Pontife Pie sept et le gouvernement françois, Bonnaparte, premier Consul, il y a beaucoup de festes supprimées ou remises au Dimanche précédent ou suivant. Le jour de la Feste-Dieu, qui est toujours le Jeudy d’après la Trinité, la feste, ce jour-là, se trouve supprimée et remise au Dimanche suivant, qui étoit le 12 juin. On a fait la procession suivant la marche suivante. On a sonné la seule cloche qu’il y ait à S^t Julien ; on a commencé tierce solennel, à 7 heures et demie, pour partir à 8 heures. M^r l’Evesque avoit chargé M^r du Mourier, son premier Grand-Vicaire, d’aller prier M^r Auvray le Préfet, M^r le Général, M^r de la Crochardière, le Maire de la Ville, de se trouver à la procession. M^r le Préfet avoit envoyé des billets de convocation à touttes les authorités constituées, et à M^rs de la Musique de la Ville. Après tierce, on est party suivant l’ordre cy-après. M^r l’Evesque avoit envoyé une Lettre-circulaire aux quatre curés de la Ville, de se trouver à la procession, en chappe, avec leur Clergé, ce qui a été fait bien exactement. C’est la Croix du Clergé de la paroisse de S^t Benoist, qui commençoit la procession ; ensuitte, la paroisse du Pré, la Coulture et le Clergé de S^t Julien ; ensuitte M^rs les Chanoines honoraires ; M^r Roman, chanoine en titre, et chargé par M^r l’Evesque du cérémonial, avoit bien arrangé le tout. Après tout le Clergé en chappe, il y avoit les tambours de la Ville, toutte la Musique, et pour reposer ceux qui chantoient, les tambours et après la Musique. Ensuitte, venoient six ecclésiastiques en aube qui étoient pour en relever six autres qui portoient le days, qui est très beau et très pesant. Puis suivoient huit chanoines ou autres, qui étoient en Dalmatique pour faire Diacre et sous Diacre d’honneur et d’office ; ils étoient avant les Ecclésiastiques qui sont pour relever ceux qui portent le days. Ensuitte, quattre jeunes gens, qui sont thuriféraires et deux porte-Navettes, et deux autres et plusieurs autres qui se réunissoient pour jetter des fleurs. Après, suivoit le days, les deux chanoines qui portoient le S^t Sacrement, M^r du Bourneuf et moy. Après le days, suivoit M^r l’Evesque en chappe et M^rs ses deux aumoniers aussi en chappe. Puis venoit M^r le Préfet, M^r le Général, M^r le Maire M^r le Secrétaire Général et ensuitte les autres authorités constituées suivant l’ordre et l’appel d’un Commissaire de Police. On est donc party de l’Eglise, comme il est dit cy-dessus, à 8 heures passées et par la place du château. Au-dessus de la porte du Château, on a trouvé un reposoir à l’entrée de la rue Neuve160, près les prisons de l’Evesché. On a été tout le long de la rue qui vient gagner la rue des Jacobins et gagner le carrefour de la Cirène, où l’on a trouvé un reposoir fait à la boutique de M^lle Plot, Marchande de Mode ; leur reposoir étoit à la dernière Boutique qui est entre la rue Marchande et la rue des Ursulles. Du carrefour de la Cirenne, on est allé par la rue Marchande ; de là, au carrefour des quatre Vents, ensuitte la rue de Paris et à l’Eglise de la Coulture, où toutte la procession est entrée ; on y a donné la bénédiction. Le Clergé de la Coulture a sorty dans la rue et on a resté à la porte de dehors pour laisser passer toutte la procession et a rentré pour dire la Grande Messe. La procession a dessendu par la rue de la Coulture jusqu’au Puits de Quatre Roues ou de Quatre Œufs ; a monté jusqu’à la maison des Demoiselles Perdrigeon qui est la dernière qui va en détournant pour aller à une rue du Greffier ; cette rue-là n’est point pavée. Après ce reposoir, on a monté la rue des quatre-roues, ou de la Fidélité, la rue de la Visitation, de là à la Vieille-Porte ; il y avoit un reposoir au détour pour monter la Cigogne. C’est là que jay senty que les jambes me manquoient161. Je portois le S^t Sacrement avec M^r l’Abbé du Bourneuf ; M^r l’Abbé Livré a pris ma place et M^r Gravelle a pris la place de M^r du Bourneuf. Voilà la première fois qu’il m’étoit arrivé la moindre incommodité depuis 35 ans que je faisois cette fonction, il est vray que j’auray 71 ans, le 3 aoust prochain. A ce reposoir, le Clergé de S^t Benoist et celuy du Pré ont quitté la procession pour s’en aller. De ce reposoir, on a monté la Cigogne jusqu’au haut de la Grande Rue, vis-à-vis la Rue qui va gagner la rue des chanoines. De ce dernier, on a monté la Grande Rue où il y avoit un reposoir. Je portois le S^t Sacrement avec M^r l’abbé du Bourneuf ; au reposoir qui étoit vis-à-vis la rue de la Vieille-Porte, je me suis aperçu que la force dans mes jambes manquoit ; M^r Labbé Livré, qui étoit Diacre, a pris ma place, et M^r Gravelle, celle de M^r du Bourneuf.

145Le dimanche au soir, la paroisse du Pré a fait la procession de leur Sacre. Comme les paroisses de S^t Jean et de S^t Gilles y sont réunies, ils ont fait un très grand détour.

Mariage de M^lle le Boindre l’ainée, avec M^r Mérillon

146Le mardy 14 juin 1803, M^lle Le Boindre l’ainée a épousé M^r Mérillon dont le père étoit Procureur depuis l’établissement des Procureurs. Elle est née le 11 février 1783, et luy est né le 20 avril 1782. M^r Mérillon le père est mort ; la veuve, qui est riche, vit et est encor Jeune et bien. Elle demeure à la Chartre où est sa mère et sa grande mère dont elle aura de la fortune. Le jeune homme est fils unique et sera très riche ; on dit qu’il fera le commerce de toiles et sera associé avec M^rs de Launay, oncles de sa femme. La jeune personne l’aimoit, il y a plus d’un an.

Couche de M^me de Maulny

147Le 19 juin 1803, M^me de Maulny, qui est une demoiselle de Biseuil, qui demeure, dans ce moment dans la maison de mon frère, Grande-Rue, vient d’accoucher d’un garçon. C’est M^r de Biseuil, le père, qui a été parrain, et M^me de Maulny, mère du père, qui a donné sa procuration à M^me de Touchemoreau, qui a été maraine.

148[note] : l’enfans est mort le 10 septembre 1804.

Couche de M^me de la Boussinière

149Le 22 juin 1803, M^me de la Boussinière la jeune, est accouchée d’une fille ; M^r de la Boussinière l’ainé avoit émigré et avoit une place chés un négotiant à Londres, ou aux environs162. Il en a épousé la fille dont il vient d’avoir un enfans. C’est sans doute M^me de la Boussinière, mère du marié, qui a nommé l’enfans. Il paroist que ce jeune ménage ira demeurer à Folet que la mère leur a abandonné163.

Mandement et Grande Messe

150Mandement de M^r l’Evesque, qui a dit une grande Messe pontificalle, le mardy 5 juillet où étoient touttes les authorités constituées, pour la prospérité de nos armes contre les Anglois164.

Mariage de M^r d’Haraucourt avec M^lle de S^t Mars

151Le 5 juillet 1803, M^r d’Haraucourt-Longueval, dont le père demeure à sa terre, paroisse de Brette165, a épousé la fille de M^r de S^t Mars qui est mort dans le mois de mars dernier. Il avoit épousé M^lle de Fline, dont il avoit eu deux enfans dont l’ainée est née le 21 juillet 1778 ; elle a donc 25 ans. Le second est un garçon qui est en ce moment au Collège de Vendosme.

Mariage de M^lle de Vançay avec M^r de Bordigny

152Le 19 juillet 1803, M^r de Bordigny, âgé de 20 ans, a épousé M^lle de Vançay, à peu près du même âge, grande et bien faite et jolie ; on luy donne en mariage 1 500 # de rente. On donne à M^r de Bordigny, 5 000 # de rente ; ils demeureront chés M^me de Bordigny la mère. Ils ont épousé à Brette, diner à Coudereau, la terre où demeure ordinairement le père de M^r de Vançay166, et de là sont revenu souper au Mans.

Mort de M^r l’abbé Le Conte, chanoine

153Le 24 juillet 1803, M^r l’abbé Le Conte, qui avoit été chanoine de S^t Julien, en 1765, et avoit été nommé par M^r Pidoll, est venu mourir au Mans, chés M^r Cornilleau. Il avoit 77 ans et deux jours ; il étoit asmatique. Il a tombé paralitique et a finy en deux jours.

Couche de M^me Le Feubvre

154Le 1^er aoust 1803, M^me Le Feubvre, qui est M^lle Launay des Ormeaux, vient d’accoucher d’un garçon. Elle avoit épousé M^r Le Feubvre, le cadet, le 25 mars 1802.

Mariage de M^lle de S^t Victor avec M^r de Perrochel

155Le 2 aoust 1803, M^lle Cécille de S^t Victor née le 19 novembre 1781, a épousé M^r de Perrochel le fils, âgé d’environ 24 ans, qui demeure ordinairement avec M^r son père, à sa terre de S^t Aubin. C’est un grand mariage pour la fortune ; les biens de M^r de Perrochelle et de M^r de S^t Victor sont voisins ; la terre de M^r de S^t Victor est proche Fresnay, et nouvellement bâtie. M^r de Perrochel le père a donné à sa nouvelle bru des diamants très beaux et des dentelles superbes. Il est convenu que les jeunes mariés demeureront quatre mois à la terre de S^t Aubin, quatre mois au Mans, chés M^r de S^t Victor, et quatre mois à Paris. Le père du marié donne à son fils neuf mille livres de rente, et M^r et M^me de S^t Victor en donnent autant, dit-on. Elle prend le nom de M^me Max de Perrochel.

Jour de l’Assomption

156Le jour de l’Assomption, M^r l’Evesque a dit la grande Messe à laquelle ont assisté touttes les authorités constituées. On a dit l’antienne Sub tuum et les Versets propres et une Oraison pour Bonaparte. C’est aujourd’huy l’anniversaire de sa naissance, le jour qu’il a été nommé Consul et qu’il a signé le Concordat167. Il y a un Mandement.

Mort de M^r Vouvereau

157Le 5 septembre 1803, M^r Chesneau de Vouvereau est mort à sa terre qui est dans la paroisse de S^t Aubin, près Le Mans168 ; il avoit plus de 80 ans. Il avoit eu trois demoiselles dont l’ainée avoit épousé M^r Ouvrard, qui a plusieurs enfans qui sont mariés. La seconde avoit épousé M^r Lavit, qui a eu une demoiselle qui avoit épousé M^r de la Crochardière le fils, dont il y a un enfans qui est mort. Il y a eu une troisième demoiselle qui a épousé M^r Garnier, le fils du Directeur des Domaines, laquelle est morte d’une suitte de couche, comme sa sœur, M^me de la Crochardière.

Déjeuner au Port Beleau

158Le mercredy 14 septembre 1803, M^r Pidoll, Evesque du Mans, a donné un déjeuner dinatoire au Port-Beleau, que luy a donné à vie Episcopalle, ou tant qu’il seroit au Mans, M^r Maulny, Doyen et ancien Conseiller du Présidial du Mans, pour 200 # par an, pour le loyer de la maison et des jardins, seulement, avec l’obligation d’en payer les imposts pour ces deux parties. M^r l’Evesque voulant aller voir ledit endroit pour la première fois, donna le déjeuner à M^r Maulny fils, M^r du Mourier, son premier Grand-Vicaire, M^r l’abbé Roman, chanoine en titre, M^r Pain et M^r Charrier, son beau-père, propriétaire de Chaoué et de la Grande-Maison, le tout voisin de Port-Beleau. J’en étois, ainsi que M^r Dugué, ancien Curé de Sablé et M^r Péan, ancien Curé de Vallon ; ces deux M^rs étoient à la Manouillère, M^r l’Evesque m’avoit dit de les emmener169. Il y avoit les trois commenseaux de M^r l’Evesque, y compris M^r son neveu, M^r Suavin, prestre et chanoine Honoraire. M^r l’Evesque a paru très content d’avoir cet endroit170.

Mort de M^r Le Tessier, chanoine Honoraire

159Le 14 septembre 1803, au soir, M^r l’abbé Le Tessier, ancien Curé de S^t Jean des Echelles171, près la Ferté-Bernard et pendant le commencement de la Révolution a fait les fonctions de Grand-Vicaire, est mort âgé de 7… ans. Il avoit été nommé chanoine Honoraire.

Mort de M^r Gauquelin, Curé d’Allonnes

160Le 14 septembre 1803, au soir, M^r Gauquelin, Curé d’Allonnes, est mort d’une fièvre maligne ; il avoit environ 69 ans. Il a été remplacé par M^r Dumur qui étoit Vicaire à Sceaux. C’est un très bon prestre et bon amy de M^r Huard, Curé de la Coulture.

Mort de M^r de Broc, à Bresteau

161Le premier jour d’octobre 1803, M^r de Broc est mort à Bresteau, paroisse de Beillé172, d’une fièvre maligne âgé de 53 ans. Il laisse un fils, qu’on nomme M^r Charles, à qui M^r de Broc, père de celuy qui vient de mourir, a donné, par testament, le Château des Perrays, et les alentours qu’on appelle le vol du chapon173. Ce M^r Charles de Broc est marié et a un enfans.

Entrée de M^r le Préfet dans sa maison

162Le 6 octobre 1803, M^r Auvray, Préfet du Département, est enfin venu coucher dans sa maison de la Préfecture174.

Vendanges

163Le 10 et le 12 octobre, on a fait les vendanges ; elles ont été bonnes. Il y a eu généralement busse au quartier et le vin sera bon.

Mort de M^r Fay, ancien Receveur des Décimes

164M^r Fay, ancien Receveur des Décimes, est mort, âgé d’environ 76 ans ; il avoit perdu la teste. Il avoit épousé, en dernières noces, une demoiselle Le Romain ; il n’a point eu d’enfans de ses deux femmes.

Mort de M^me Le Bon

165Le 20 octobre 1803, M^me Le Bon est morte au Mans, à la Guyardière, près l’Hôtel de Tessé175, âgée de plus de 89 ans. Après la perte de son bien, elle s’étoit retirée au Mans. M^r et M^me de Charantais et mon frère luy faisoient, chacun, 600 #176.

Assemblée des Electeurs

166L’assemblée des Electeurs a commencé le lundy 7 novembre 1803 ; elle étoit très bien composée. Ils ont nommé aux places de Sénateurs, M^r de Talhouet, seigneur du Lude, qui étoit Président de l’assemblée et dont la femme est Dame de Compaignie chés M^me Bonnaparte. Ils ont nommé M^r Auvray, Préfet, pour la place de Sénateur, et beaucoup d’autres places dont le nom est dans les Affiches, ainsi que la Liste des Electeurs177.

Mort de M^lle de la Bouchardière

167Le 16 novembre 1803, M^lle de la Bouchardière, sœur de l’ancien chanoine de la Cathédralle, qui est mort il y a longtemps, vient de mourir âgée d’environ 88 ans, au Mans, dans sa maison, au bas de la rue Bouquet178. C’est M^me Le Roy, sa nièce, et M^r Gravelle, qui étoit chanoine Régulier, qui en héritent.

Mort de M^r Chapelain du Ribay

168Le 14 novembre 1803, M^r Chaplain du Ribay, est mort, âgé d’environ 84 ans. Il étoit garçon et de la famille des Chapelain, qui avoient eu la confiance de la Maison de Tessé.

Mort de M^me de Létang

169Le 14 novembre 1803, M^me de Létang, qui étoit veuve de M^r de Ponthôme, est morte d’une fluxion de poitrine, âgée d’environ 88 ans, à sa terre de Thomassin, paroisse de Chantenay179. Elle avoit épousé M^r de Létang qui étoit Avocat du Roy du Présidial du Mans, le 3 décembre 1770. Comme veuve de Ponthôme, nous luy faisions un douaire de 232 # 10 sols180.

Mort de M^r l’abbé Trotté

170Le 26 novembre 1803, M^r l’abbé Trotté, qui étoit chanoine de S^t Julien, est mort à sa terre de Montlongis, paroisse de Volnay, âgé d’environ 81 ans181. Il avoit la goutte et avoit eu une attaque de paralisie.

Mort de M^lle de Sireuil

171Le 9 décembre 1803, M^lle de Sireuil, âgée d’environ 40 ans, est morte de la poitrine ; elle demeuroit chés M^me de Sireuil, sa mère. C’étoit elle qui conduisoit le ménage et celuy de M^r Boucher, son oncle.

Fausse couche de M^me de Montesson

172Le 10 décembre 1803, M^me de Montesson, qui étoit M^lle de Villiers, est accouchée d’une fille morte en naissant, ou plutost, a eu une fausse couche, pour avoir été, dit-on, en voiture diner à Sargé, chés M^r son père182. Elle a été dangereusement malade de cette fausse couche.

Ouragan et coup de vent

173Le… décembre 1803, il y a eu dans la nuit, et surtout le matin depuis six heures jusqu’à neuf, un vent affreux, comme on n’en avoit point vu depuis un temps immémorial. Cela a occasionné une perte considérable sur tous les bastiments et Eglises. J’ay perdu une cheminée ; c’est celle de ma chambre et beaucoup d’ardoises et thuilles sur tous les bastiments de peu de bien que jay. On dit qu’il y a pour deux cent mille francs de perte pour la ville et les environs.

Couche de M^me du Plessis

174Le 28 décembre 1803, M^me du Plessis, qui étoit M^lle de Launay, fille de l’avocat, est accouchée d’un garçon, très heureusement.

Couche de M^me de Courceval

175Les derniers jours de Décembre 1803, M^me de Courcival est accouchée d’une fille, à Paris ; elle a un œil perdu, ou presque perdu. Il luy en faudra un de verre.

L’année 1804

Installation de M^rs Denis et Toupin

176Le 1^er janvier 1804, M^r Denis, ancien Curé de Pezé183, a été installé chanoine Honoraire, ainsi que M^r Toupin qui avoit été Minime ; il a beaucoup travaillé pendant la Révolution et a été caché184. C’est M^r l’Evesque qui leur a donné cette place de Chanoine Honoraire ; M^r Denis est du costé gauche.

Mort de M^r Livré, ancien Maire

177Mort de M^r Eustache Livré, qui avoit été appoticaire dans la Rue Marchande ; il avoit cédé sa boutique et sa maison à M^r… Depuis qu’il s’étoit retiré, il avoit été Maire de la Ville ; il avoit été nommé à la Convention, et après son temps, il a été nommé juge suppléans. Il est mort garçon185.

Anniversaire de M^r de Gonssans

178Le 23 janvier 1804, on a fait l’anniversaire de M^r de Gonssans, ancien Evesque du Mans, mort à Paderborn, le 23 janvier 1799. Il y a eu un service bien solennel et beaucoup de monde ; c’est M^r Pidoll, son successeur, qui a dit la Messe.

Couche de M^me Pain

179Les premiers jours de janvier 1804, M^me Pain186, fille de M^r Cherrier, qui étoit libraire, est accouchée d’un garçon.

Paralisie

180Je suis tombé paralitique du costé droit, le 29 janvier 1804187.

Feu

181Le feu a pris, la nuit du mardy au mercredy 8 février 1804, au Carrefour de la Cirenne188.

Feste de M^r le Préfet

182La nuit du samedy au dimanche 11 et 12 février, M^r le Préfet a donné une grande feste.

Mort de M^lle des Bois

183Le 16 février 1804, M^lle Guitton des Bois est morte, âgée de 82 ans environ. Ce sont les demoiselles Picot qui en héritent ; elle étoit riche189.

Te Deum

184Le 4 mars 1804, on a chanté un Te Deum et M^r du Mourier, le premier du cœur de S^t Julien, a dit la Grande Messe en actions de grâce de ce que l’on a découvert une Conspiration contre Bonnaparte, le premier Consul190. M^r l’Evesque, après la Grande Messe, a entonné le Te Deum, où touttes les autorités constituées ont assisté. Il y a eu illumination depuis 8 heures jusqu’à 10 heures.

185Comme je ne saurois plus écrire, je ne mettroy plus rien sur le présent Registre191.

Mort de M^me Le Marié

186Le 5 mars 1804, M^me Le Marié, veuve, est morte d’une suitte d’un cancer, âgée de 63 ans.

Mort de M^me Leconte

187Mort de M^me Leconte, âgée de 75 ans.

Mort de M^r Receveau

188Le 12 mars 1804, M^r Receveau, premier Vicaire de la Coulture, est mort, âgé de 57 ans, d’épuisement. C’étoit un Saint, qui a été bien regretté.

Jubilé

189Le Samedy 17 mars 1804, on a fait l’ouverture du Jubilé ; On trouvera le petit livre dans le livre des Affiches du Mans192.

Mort de M^r Mouessard

190Le 19 mars 1804, M^r Mouessard, ancien curé de Fontenay, est mort, âgé de 68 ans, Il demeuroit chés ma sœur depuis la Révolution193.

Couche de M^me Richer

191M^me Richer, qui étoit M^lle de Féron, est accouchée.

Mort de M^r Fontaine

192M^r Fontaine est mort, âgé de 61 ans.

Couche de M^me Berard

193M^me Bérard, de Pontlieue, est accouchée.

Couche de M^me de Bordigny

194Le 20 may, M^me de Bordigny, la jeune, est accouchée, d’un garçon ; il a été ondoyé. C’est M^r de Bordigny le père, qui doit estre le parain, avec M^me de Vançay mère de la commère. Elle s’est mariée le 19 juillet 1803.

Couche de M^me Desmares

195Le 29 may 1804, M^me Desmares est accouchée d’un enfans mort. M^r Desmares est un gros négotiant, qui a épousé sa nièce.

Proclamation de M^r Bonnaparte, Empereur

196Le 29 may 1804, on a proclamé Bonnaparte, Empereur des Français ; on a annoncé, la veille, par le Son de la cloche et les deux de l’Hopital. On est allé, ce matin, annoncer la proclamation dans tous les carefours. M^r le Préfet, M^r le Maire et autres, ont mis, ce soir, des Chandelles aux Croisées194.

Couche de M^me de Mécorbon

197Le 3 juin 1804, jour de la Feste-Dieu, M^me de Mécorbon est accouchée d’une fille ; c’est M^lle Ysambard, qui avoit [épousé] M^r Le Feubvre, le plus jeune des trois, le 19 du [mois d’] avril 1803.

Grande Messe et Te Deum pour Bonnaparte, Empereur

198Le 10 juin 1804, M^r l’Evesque, d’après une lettre de Bonnaparte, nommé Empereur des François, ordonne qu’on chantera une Grande Messe précédée d’un Veni Creator, et après la Messe, un Te Deum, où seront touttes les autorités constituées. Cela se trouva le jour de la petitte Feste-Dieu ; on avancera l’heure de la procession qui fera le même tour que l’année dernière.

Départ de M^r l’Evesque

199Le lendemain, lundy 11 juin, M^r l’Evesque doit partir pour ses visites.

Mariage de M^lle Henriette Nepveu avec M^r de Savonnières

200Le 26 juin 1804, cérémonie de mariage de M^lle Henriette-Adélaïde-Joséphine Nepveu, née le 2 juillet 1779195. Elle a épousé M^r Jacques-Jean-Baptiste-Louis de Savonnières, âgé d’environ 31 ans ; il étoit veuf. Il avoit épousé, en premières noces, une demoiselle de Savonnières la cadette, qui étoit plus âgée que luy ; ils n’ont été que deux ans en mariage, elle est morte le 6 ou le 8 février 1802. Il a, dit-on, une petite terre dans la paroisse de Br… près le Château-du-Loir, où il demeure ordinairement et où ils demeureront196. Le mariage s’est fait à la Manouillère, dans la Chapelle ; j’ay donné la bénédiction nuptiale seulement. C’est M^r Chereau qui a dit la Messe197.

Mariage de M^lle Le Feubvre de la Barre avec M^r de Létang

201Le 25 juin 1804, M^r de Létang, de Noyen, âgé de plus de 40 ans, a épousé M^lle de la Barre, ou M^lle Le Feubvre, la cadette, âgée d’environ 30 ans198. M^r de Létang a au moins, 3 000 # de rentes ; la demoiselle a 1 500 # de rente.

Mort de M^me Ameslon

202Le 14 juin, M^me Ameslon, âgée d’environ 64 ans, est morte d’un cancert.

Présent d’une pendule

203Le 23 juin 1804, M^me Amyot a fait mettre sur la cheminée de ma chambre, une très belle pendulle dont elle m’a fait présent199.

Couche de M^me de Perrochel

204Le 2 aoust 1804, on a su que M^me de Perrochel est accouchée d’une fille, qui est très petite et très foible ; je ne crois pas qu’elle vive. M^me de Perrochel, sa belle-mère, est morte le printemps dernier. M^lle de S^t Victor a épousé M^r de Perrochel, le 2 aoust 1803.

205[note] : la mère et l’enfans se portent bien.

Mort de M^r Charpentier

206Le 11 aoust 1804, M^r Charpentier, ancien Prieur, Curé de S^t Pavin de la Cité, est mort, âgé de 79 ans. Il étoit chanoine Honoraire200.

Mariage de M^r Garnier avec M^lle Le Romain

207Le 4 septembre 1804, M^r Garnier fils a épousé M^lle Le Romain ; les deux mariés sont jeunes. Il étoit veuf ; il avoit épousé M^lle Lavit qui est morte en couches, dans le mois de juillet 1799 ; il n’y a point eu d’autres enfans.

208[note] : le mariage a été différé à cause de maladie201.

Mort du fils de M^r Mérillon

209Le 10 septembre 1804, l’enfans de M^me Mérillon est mort ; il pouvoit avoir 8 mois. Il y avoit un clergé comme à une grande personne. Le père et la mère avoient épousé le 14 juin 1802.

Service pour M^r l’Archevesque de Tours

210Le 12 septembre 1804, M^r l’Evesque du Mans a fait faire un service solennel pour M^r de Boisgelin, Archevesque de Tours202. C’est luy qui a dit la grande Messe.

Mort de M^me Martigné

211Le 15 septembre 1804, M^me Martigné, femme du Notaire, est morte, âgée de 50 ans203.

Couche de M^me Auvray, femme du Préfet

212Le 6 octobre 1804, M^me Auvray, femme du Préfet, est accouchée d’un garçon ; c’est la Ville, ou la Municipalité qui doit le nommer avec M^r de Létang. Ils ont épousé le 3 may 1803. Pour annoncer la couche de M^me Auvray, on a sonné la grosse cloche pendant une heure, et on a tiré les mauvais petits canons. Le baptesme s’est fait dans la chambre de l’accouchée en présence du Corps Municipal, on a donné, à l’enfans, les noms de Anatole-Louis-Le Mans204. Quand la mère se portera bien, elle doit se présenter à l’Eglise, où il y aura une grande cérémonie.

213Voir les Affiches du Mans, n° 3 de l’an 13, le 7 octobre 1804.

Grande Messe à S^t Julien, pour la Distribution des Croix de la Légion d’honneur

214Le 18 octobre 1804, il y a eu une grande Messe du S^t Esprit, chantée à la Cathédralle par M^r l’Evesque, à l’occasion de la Distribution des Croix d’Honneur. On poura voir ce qui s’est passé à cette cérémonie, dans les Affiches du Mans, n° 6, l’an 13, le 22 octobre 1804205.

Vendanges

215Le 19 et le 20 octobre 1804, on a vendangé. Les vendanges ont été bonnes et abondantes.

Couche de M^me Bréard

216Le 1^er novembre 1804, M^me Bréard est accouchée d’un garçon. M^r Bréard, Juge, a épousé la fille de M^r Tamboy ; il demeure chés M^r Tamboy, Rue de la Juiverie206.

Rentrée du Collège

217Le 12 novembre, le Collège a commencé les classes ; il y a eu un Prospectus qui est avec les Affiches207.

Couche de M^me de Clermont

218Le 13 novembre 1804, M^me de Clermont est accouchée d’une fille ; elle a deux garçons et deux demoiselles. L’ainée peut avoir dix ans.

Départ de M^r l’Evesque, pour Paris

219Le 26 novembre 1804, M^r l’Evesque est party pour Paris, d’après une lettre de Bonnaparte, nommé Empereur des François qui sera sacré par le Pape qui est venu à Paris. On a fait, pour cette circonstance, une dépense incroyable ; on en verra le détail dans les papiers publics.

Couronnement de l’empereur208

220Le 2 décembre 1804, on a couronné Bonaparte empereur des Français. On trouvera tout le cérémonial dans les papiers publics du temps209.

Mort de M^r l’abbé Desilles210

221Le 26 décembre, M^r l’abbé Desilles, chanoine honoraire est mort âgé de soixante dix neuf ans passés.

Année 1805

Mort de M^r Duhail

222Le 2 janvier 1805, ancien marchand d’étamines, est mort âgé de 81 ans ; il laisse une femme plus âgée que lui211. Il a plusieurs enfants mariés, qui ont de grands enfants. Il y a une demoiselle Duhail qui a épousé M^r Dutertre mon voisin212.

Mort de M^r Champion, médecin

223Le 8 janvier 1805, M^r Champion, médecin, est mort âgé de 65 ans ; il était garçon213. C’est une perte car il faisait beaucoup de bien ; il était de la paroisse de Saint Julien. La famille a demandé, comme autrefois que douze enfants bleus de l’hôpital se trouvent à l’enterrrement, portant un flambeau. C’est la première fois depuis la Révolution214.

Mort de M^r Lavie

224Le 6 janvier 1805, M^r Lavie, qui avait épousé une des demoiselles de Vouvereau, est mort215 ; Il était avant la Révolution, procureur des Eaux et Forêts de Bellême. Il avait eu deux filles dont une avait épousé M^r Garnier fils ; elle est morte d’une suite de couche. La seconde a épousé le fils de M^r de la Crochardière, le maire de la ville, morte aussi en couche.

Grand’messe à Saint Julien pour Bonaparte

225Le dimanche 17 février 1805, on a chanté une grand’messe, où toutes les compagnies, tant de justices que militaires, ont assisté, pour M^r Bonaparte qui a été sacré Empereur au mois de décembre dernier. Il y avait un mariage doté par le gouvernement216. On pourra voir la cérémonie dans les Affiches du Mans, n° 29 an XIII. On n’a point chanté de Te Deum parce que M^r l’Evêque a resté à Paris pour les affaires, pour une indisposition et pour la maladie de François, son domestique ; et comme il n’avait point envoyé de mandement, on le chantera sans doute dimanche prochain.

Retour de M^r l’Evêque

226Le vendredi soir, 22 février 1805, M^r l’évêque est arrivé de Paris.

Le Te Deum217

227Le dimanche 24 février 1805, on a chanté le Te Deum. Il y a eu une grand’messe chantée par M^r l’Evêque, où toutes les autorités constituées se sont trouvées et ont été invitées selon le mandement de M^r l’Evêque – Changement de cérémonial pour la place de M^r le préfet et du maire de la ville. Ils sont, à présent, placés chacun dans un fauteuil vis-à-vis le trône de M^r l’Evêque et l’autel des Saintes Huiles, où on leur donne les honneurs du chœur218.

Baptême de M^r l’enfant de M^r le préfet

228Le lundi gras qui était le 25 février 1805, M^r l’Evêque a baptisé l’enfant de M^r le préfet qui avait été ondoyé le 6 octobre dernier. M^r de la Crochardière a été en grande cérémonie, chercher la marraine ; c’est la mère qui a présenté son enfant. M^r L’Evêque a fait la cérémonie, dans l’église de la Coulture. On assure que la ville a donné au préfet une belle pendule qui a coûté mille livres, plus un grand plat d’argent, rempli sans doute de bouquets… M^r le préfet a donné un grand déjeuner dînatoire ; il n’y avait que des hommes219.

Couche de M^me Courcival

229Le 1^er mars 1805, M^me Courcival est accouchée d’une fille ; c’est pour la seconde. Elle est de la paroisse de Saint Benoît. L’enfant est mort le lendemain.

Mort de M^me de Savonnières du Château du Loir

230Le 12 mars 1805, M^me de Savonnières, demeurante à Orléans, est morte ; elle étoit veuve, et avoit deux enfans. La demoiselle est mariée à Paris ; le garçon, qui étoit veuf, a épousé M^lle Henriette Nepveu, ma nièpce, la dernière des demoiselles. Voir la datte du 26 juin 1804.

Mort de M^r de Grimaldy

231M^r de Grimaldy, qui avoit été Evesque du Mans en 1767 (il avoit alors 32 ans), et qui avoit passé à l’Evesché de Noyon, à la Révolution en 1790, il avoit passé à Londres, où il est mort à la fin de janvier 1805220.

Mort de M^r de Bellefille

232Le 26 mars 1805, mon frère, qui s’appelloit Jacques-Nicolas Nepveu, est mort, à sa terre de Bellefille ; il avoit été malade très longtemps. Il avoit fait un testament par lequel il demande à être enterré dans le cimetière de la paroisse de Chemiré-le-Gaudin. Il étoit né le 17 avril 1728 ; il avoit 77 ans, moins 22 jours221.

Couche de M^me de Savonnières

233Le 18 avril 1805, M^me de Savonnières est accouchée d’une fille ; elle a été ondoyée à S^t Julien, sa paroisse. Elle sera nommée Catherine-Mathilde, par M^r Nepveu l’ainé et M^me …, mariée à Paris où elle demeure. Il est probable que la cérémonie se fera à la Bruère, où est la Maison-Rouge, la terre de M^r de Savonnières222.

Couche de M^me de Broc

234Dans les premiers jours d’avril 1805, M^me de Broc, qui est M^lle de Savonnières, est accouchée d’un garçon. Elle demeure avec M^me sa mère, à une terre proche Le Lude223. M^r de Broc, qui est auprès d’un Prince Etranger, est venu nommer l’enfans de sa belle-sœur224, qui demeure au Lude225.

Mort de M^r Binneau

235Le 18 avril 1805, M^r Binneau est mort, âgé d’environ 60 ans ; il a tombé malade d’une paralisie à Ecommoy, où il étoit allé pour affaires de son état. Il étoit marié à M^lle Leroy, de Ballon ; il laisse une grande demoiselle, enfans unique, qui peut avoir environ 24 ans. Nous étions voisins de campaigne226.

Accident arrivé à M^rs d’Alexandre et de Monthulé

236Le 17 avril 1805, il est arrivé un grand accident ou malheur à M^rs d’Alexandre et de Monthulé. Ils étoit à l’auberge du Dauphin227 ; étant à la croisée le balcon a manqué, et ces deux Messieurs ont tombé dans la rue ; ils sont tous deux, bien malades.

Mort de M^r Boivyer

237Le 22 avril 1805, M^r Boivier, chanoine Honoraire, est mort, âgé d’environ 67 ans. Il demeuroit chés M^r son neveu, Juge au Tribunal Correctionnel. Il avoit été Curé de Forcé, près Laval, ensuitte à Courcival ; il étoit de Savigné228.

Mort de M^me de Féron

238Le 22 avril 1805, M^me de Féron, qui étoit veuve, est morte âgée d’environ 50 ans, d’une fluxion de poetrine229 ; elle laisse une fille qui a épousé M^r Richer de Beauchamps, qui sont et seront très riches230. Il y a eu un enterrement pompeux.

Mort de M^r Joubert

239Le 23 avril 1805, M^r l’abbé Joubert, Chanoine Honoraire, est mort de la poitrine, âgé d’environ 55 ans. Il avoit été chanoine de S^t Pierre231.

Mort de M^r d’Alexandre

240Le 24 avril 1805, M^r d’Alexandre, âgé de 38 ans, est mort des suittes de son accident arrivé, il y a huit jours232. Il avoit épousé la cadette des deux demoiselles Montaupin, dont il y a deux demoiselles ; la cadette est au Mans, avec M^me sa mère, et l’autre est en Auvergne, chés M^me sa belle-Grande-Mère.

Mort de M^r Belingant

241Le 26 avril 1805, M^r Belingand, Chanoine Honoraire, est mort d’une suitte de pleurésie ; il avoit été Curé du Grand S^t Pierre. Dans le commencement de la Révolution, il avoit quitté la France et passé dans le pays étranger. Il étoit revenu au Mans où il travailloit beaucoup, il est mort âgé de 69 ans233.

Mort de M^me Le Prince

242Le 27 avril 1805, M^me Le Prince, qui étoit une Demoiselle Godard d’Assé, est morte, âgée de 61 ans ; il y avoit bien longtemps qu’elle étoit malade ; elle n’a point eu d’enfans234.

Mariage de M^r d’Armaillé avec M^lle de Robethon

243Dans le mois d’avril 1805, on a appris le mariage de M^lle de Robethon, avec M^r d’Armaillé ; la demoiselle demeuroit chés M^r son père à Authon235.

Mariage de M^r de Beauchamps avec M^lle Denis

244Dans le courant de may 1805, jay reçu une lettre de M^me de Beauchamps, qui fait part du mariage de M^r son fils, avec M^lle Denis, d’Angers236. Ils doivent demeurer aux Granguenières, près Durtail237.

Mort de M^r Toupin chanoine honoraire

245Le 16 may 1805, M^r Toupin est mort, âgé de 51 ans ; il avoit été Minime jusqu’à la Révolution. Il a beaucoup travaillé pendant la Révolution238 et a toujours continué. M^r l’Evesque l’avoit nommé chanoine Honoraire239.

Le Te Deum

246Le 24 may 1805, on a chanté, à la Cathédralle seulement, le Te Deum pour l’empereur Bonnaparte, lequel, ce jour, a été sacré Roy des Lombards, à Milan240 ; il n’y a point eu de Lettre Officielle. On a donc fait comme dans les autres Villes. M^r l’Evesque a écrit à M^r le Préfet et aux Présidens des Assemblées Constituées, de se trouver demain, jour de l’Ascension, pour chanter au Te Deum ; il n’y a point eu de Mandement. Le soir, il y a eu divertissements pour le peuple et illumination.

Mort de M^me de Madrelle

247Le 24 May 1805, M^me de Madrelle, âgée de 90 ans passés, est morte dans sa maison, au bas de la Rue de S^t Vincent241. Elle n’a, pour héritier, qu’un fils, qui est prestre. Il étoit Chanoine de S^t Pierre et il est, dans ce moment, Chanoine Honoraire de S^t Julien ; il est le plus riche Ecclésiastique du Diocèse242.

Mort de M^r Moulins, ancien Curé du Grand S^t Georges

248Le 26 May 1805, M^r Moulins243, ancien Curé du Grand S^t Georges, est mort au Mans, dans une maison, rue Basse244. Il avoit quitté sa Cure dans le temps de la Révolution, et n’avoit pas voulu y retourner. C’est M^r Montanger qui étoit dans sa place.

Jour de la Feste Dieu

249Le 16 juin 1805, le dimanche, jour de la Feste Dieu, M^r Lemercier, Sénateur, a assisté à la procession et à la grande Messe. On luy avoit mis un grand tapis et un fauteuil au milieu du cœur. Comme M^r l’Evesque est malade, il n’a point assisté à la procession ; c’est M^r du Mourier qui a fait l’office245.

Mort de M^me de Tascher

250Le 16 juin 1805, M^me de Tascher a été enterrée à 8 heures du soir ; elle étoit malade depuis longtemps. Elle n’avoit que 22 ans, et n’avoit point d’enfans. M^r son mari ne peut avoir que 26 ans246.

Couche de M^me de Létang

251Le 26 juin 1805, M^me de Létang, qui est une demoiselle Le Feubvre de la Barre, la cadette, est accouchée d’un garçon ; il y a un an, de ce jour, qu’elle est mariée247. C’est M^r l’abbé du Mourier qui a fait le baptesme, et M^r de Létang, ancien Avocat du Présidial, qui a été parain, et M^me du Plessis Lambert, tante, qui a été maraine.

Mariage de M^lle de Bordigné avec M^r de Châteaufort

252Le 2 juillet 1805, M^lle de Bordigné a épousé M^r de Châteaufort ; la demoiselle n’a que 18 ans, et le marié a 22 ans248. C’est un mariage riche pour la Province249.

Arrangement de famille ou partages des enfans de Bellefille

253Le 22 juillet 1805, jay diné chés M^me du Vauguion, ma sœur, avec M^me de Bellefille et ses sept enfans et les trois gendres ; M^r de Rouillon et leur fille, M^r de la Pommerie et ses deux enfans, M^r de Savonnières et sa fille qui a trois mois. Il y avoit 14 enfans, gendres ou petits-enfans ; M^me Nepveu y étoit. Ce même jour ils ont signé les partages de la succession de leur père, mort le 26 mars dernier. Le tout s’est arrangé sans la moindre contestation, et tout le monde a été content250.

Couche de M^me Mérillon

254Le 29 juillet 1805, M^me Mérillon, fille de M^r le Boindre, du Greffier, est accouchée d’un garçon. Son premier enfans, qui étoit un garçon, est mort le 10 septembre dernier.

Départ de M^r l’Evesque

255Le 1^er septembre 1805, M^r l’Evesque est party avec M^r du Mourier, premier grand Vicaire, M^r Herpel et M^r Isler, chanoines, pour aller donner la confirmation à Laval et à Mayenne ; ils doivent revenir pour l’ordination251.

Mort de M^me de la Carrière

256Le 4 septembre 1805, M^me de la Carrière, âgée de 28 ans, est morte à une petite campaigne, près la Ville ; elle étoit fille de M^me Montigny, qui demeure au Mans.

Couche de M^me de Cacqueray

257Le 6 septembre 1805, M^me de Cacqueray est accouchée ; elle est fille de M^me de Chassilly. C’est M^r son fils et M^lle de S^t Cher, qui ont nommé l’enfans. Elle demeure à Isaac, maison de campaigne, qui appartient à M^r Ory252.

Couche de M^me Charbonnier

258Le 26 octobre 1805, M^me Charbonnier, fille de M^r Moynerie, est accouchée d’un garçon ; c’est pour le troisième vivant.

Vendanges

259Le 25 et le 28 octobre 1805, on a vendangé les petites et grands clos des environs de la Ville du Mans ; il y aura, à peu près, autant de vin que l’année dernière, et généralement il ne sera pas bon.

Mandement

260Mandement de M^r l’Evesque, qui ordonne des prières pour la paix ; on a commencé le 13 octobre 1805253.

Chapelle

261Le 28 octobre 1805, M^r l’Evesque du Mans a béni ou consacré la chapelle de la Denisière appartenant à M^r de Blanchardon254.

Te Deum

262Le 1^er novembre 1805, après la grande Messe, on a chanté un Te Deum, auquel ont assisté toutes les autorités constituées. C’est M^r l’Evesque qui a dit la grande Messe, a entonné le Te Deum, et a donné la bénédiction du Saint Sacrement, suivant un Mandement cy-dessus. Il y en a encor un pour le Te Deum.

Prise de Vienne

263Le 28 novembre 1805, on a reçu, par les papiers publics, la nouvelle de la prise de Vienne, la capitale d’Autriche, par Bonnaparte, empereur des François. Le même soir, à dix heures, la Municipalité, avec les tambours et la musique, a été par les rues, annoncer cette nouvelle. Le lendemain, à dix heures, on a sonné les cloches, et on a tiré le canon ou les boëtes de la Ville255.

Mort de M^r Guillonneau chanoine honoraire

264Le 15 décembre 1805, M^r Guillonneau, ancien Curé de Téloché, et Chanoine Honoraire, est mort âgé de 74 ans256.

Mort de M^me de la Fuye

265Le 17 décembre 1805, M^me de la Fuye, dont le mary étoit Procureur des Eaux et Forests, est morte, âgée de 75 ans257. Elle laisse un garçon qui n’est point marié ; il est Controleur à cheval à Angers. Elle avoit une fille qui a épousé, le 13 février 1786, M^r Lambert, l’avocat et elle a six enfans.

Mandement, Te Deum

266Le… décembre 1805, M^rs de l’Hotel de Ville ont annoncé, par toutte la Ville, le gain d’une grande bataille258 ; ils étoient avec les tambours et la Musique. Le lendemain, à dix heures du matin, on a sonné les cloches et on a tiré les boëtes. Le dimanche, 22 décembre, on a chanté un Te Deum où touttes les authorités constituées ont assisté, comme à l’ordinaire ; après la messe du cœur, M^r l’Evesque a donné la bénédiction du S^t Sacrement. Il y a eu aussi un Mandement.

L’année 1806

Mort de M^me de Curby

267Le 1^er janvier 1806, M^me Parent de Curby est morte, âgée de 73 ans ; elle demeuroit, avec son mary dans la même maison que M^r l’Evesque259, du costé de la Rue Dorée260. Elle est morte sans enfans ; son mary, qui vit, étoit Fourier dans une Compaignie des Gardes du Roy. Elle étoit, en son nom, une demoiselle Marÿ, du Mans.

Service pour M^r Bourdon du Rocher

268Le lundy 13 janvier 1806, on a fait à S^t Julien, un service solennel pour le fils de M^r Bourdon du Rocher, ancien Maistre de forges de Chemiré261, Colonel d’un Régiment de Dragons, qui a été tué à la guerre d’Allemagne, dans le mois de Décembre dernier262. Il étoit très avancé, Colonel à 32 ans, et Officier de la Légion d’Honneur. M^r son oncle, qui est Chanoine Honoraire, a fait faire un service auquel ont assisté M^r le Général et M^r le Préfet ; il y avoit les soldats qui sont au Mans, le tout, suivant les ordonnances de Napoléon, il y a environ un an. On a sonné comme pour un service de Chanoine ; on a mis la représentation263 dans la nef, comme pour les paroissiens de S^t Julien. C’étoit M^r Bureau qui a dit la Messe. M^r le Général et M^r le Préfet étoient aussi dans la nef, sans place marquée. Il y avoit quatre Officiers de la Légion d’Honneur, aux quatre coins de la Représentation.

Mort de M^r de Coudreux

269Le 15 février 1806, M^r de Coudreux est mort, âgé d’environ 63 ans ; il avoit été autrefois, sous Ingénieur dans la Touraine. Il avoit épousé M^lle Courtois ; il a laissé un garçon qui tombe du mal264. Sa femme vit et demeure dans le Bourdanguy265.

Couche de M^me Auvray

270Le 20 février 1806, M^me Auvray est accouchée d’un garçon ; c’est pour le second enfans. Le premier a été nommé par la Ville, le 28 février dernier.

271Il y a bien des Notes qui manquent266.

Mort de M^r des Ardilly

272Le 7 may 1806, M^r Blondeau des Ardilly est mort garçon ; il y avoit longtemps qu’il avoit eu une attaque de paralisie ; il avoit 64 ans267. C’est M^me Nepveu, sa sœur, qui hérite de luy.

Mort de M^r Matagrin, chanoine honoraire

273M^r de Matagrin, chanoine Honoraire, est mort à Laval, Curé de la Trinité ; il pouvoit avoir 77 ans. On a fait un service pour luy à S^t Julien, le 2 juin.

Mariage de M^lle de Montesson avec M^r de Candé

274Le 24 may 1806, M^lle de Montesson, âgée de 24 ans, a épousé M^r de Candé ; il est d’Anjou. Elle doit aller demeurer dans une terre de son mary ; ils ont épousé dans l’Eglise de l’Hopital268.

Mort de M^r Basse

275Le 1^er juin 1806, M^r Basse, Notaire, est mort subitement, c’est une perte. Il étoit très occupé, bon défenseur, et le soutien de sa famille269.

Mort de M^r Bigot

276Le 20 juin 1806, M^r Bigot, le Notaire, est mort, âgé de 72 ans270.

277Jay bien oublié des articles sur le présent livre, parce que je ne puis plus écrire.

Mariages

278Le mardy 26 novembre 1806, il y a eu, à S^t Julien, 3 mariages271, savoir : M^lle du Vot qui a épousé M^r … ; M^lle Binneau, qui a épousé M^r Fouret, et M^lle Landereau, qui a épousé M^r B…, qui va demeurer dans la maison de M^r de Villiers père de M^me de Montesson272.

Mort de M^r de Bellemare

279Le 13 décembre 1806, M^r Carey de Bellemare est mort âgé de… ans ; il avoit été marié deux fois, en premières noces, il avoit épousé M^lle de Vançay l’ainée, à qui le père ne donnoit que 500 # de rente ; elle est morte.

L’année 1807

Mort de M^r Deschamps

280Monsieur Deschamps, prestre, sous Diacre de Saint Julien, est mort, le 18 février 1807, âgé de 63 ans273.

Mort de M^me de Bordigné

281Le 8 mars 1807, M^me de Bordigné, âgée de 52 ans, est morte au Mans, d’un abcès dans la poitrine ; son mary demeure ordinairement à Fontainebleau. Elle avoit deux garçons, dont un garçon est marié à M^lle de Vançay, et la demoiselle a épousé M^r de Châteaufort.

Mort de M^r Larue

282Le 9 mars 1807, Mort de M^r Larue, général274.

Mort de M^r Champion

283Le 19 avril, M^r Champion de la Livaudière est mort275.