La légitimité de l’action policière et les contacts avec la population face aux réformes récentes de la sécurité publique
p. 275-286
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Index géographique : France
Texte intégral
1En 1950, la police enregistrait 190 000 plaintes pour vol. En 1992, ce chiffre est passé à 2 600 000 ! Du coup, le taux d’élucidation est passé de 36 % à 14 %. Mais si l’on tient compte du fait que sur la période le nombre de gendarme et de policier a été multiplié par deux, on peut en conclure que le nombre moyen de faits élucidés par gendarme ou par policier a été multiplié par 2,85 1 ! Cette situation est paradoxale : d’une part, la productivité moyenne de chaque gendarme ou policier a augmenté, mais dans le même temps, l’idée que la police est capable de supprimer la délinquance est de moins en moins crédible. Cela d’autant plus que les enquêtes de « victimation » suggèrent que la délinquance réelle est bien supérieure :
« En 2005, 18,7 % des ménages déclarent avoir subi un vol, une tentative ou un acte de vandalisme. Dans leur majorité, les victimes « ne portent pas à la connaissance de la police et de la gendarmerie les atteintes aux biens » et agissent en fonction de la « gravité du préjudice ». Moins d’un quart de ces atteintes, qui incluent notamment les actes de vandalisme, font l’objet d’une plainte. Quant aux vols, moins d’un sur deux est déclaré, à l’exception des vols de voiture qui sont déclarés à 90 % et des cambriolages à 70 % 2. »
2Dans ce cadre, la légitimité du travail policier doit d’autant plus être affirmée. Le travail policier, est toujours menacé en effet de remises en causes diverses du fait du recours possible à la force, de la difficulté à évaluer le « service produit », de l’ambivalence des attentes d’un public hétérogène (plus de sécurité et d’efficacité et moins d’interventions coercitives), etc. C’est dans ce contexte que tout un ensemble d’évolutions ont été impulsées par le pouvoir politique depuis les années 1980 : reconnaissance et valorisation du droit des usagers et des mis en cause, mesure de l’activité et de la productivité (« politique du chiffre ») ; police de proximité, etc.
3Pas toujours bien appréciées des services de police, ces politiques n’ont pas apporté tous les résultats escomptés. Cet échec relatif peut s’expliquer par la difficulté de développer des modes alternatifs de valorisation du travail policier. Les policiers, sur le terrain, s’efforcent en effet de développer une représentation de leur travail qui leur permette de « tenir » les différents aspects contradictoires de leurs activités tout en préservant leur motivation et leur intérêt pour le travail. Cette représentation a d’abord une fonction interne au groupe de travail (construire le « vrai travail » policier, donner du sens, donc limiter les insatisfactions), mais peu aussi avoir une fonction externe (discours de justification aux yeux de l’extérieur 3). Il s’agit de produire le sentiment d’un travail bien fait ! Pour les policiers que nous avons rencontrés, le travail devient légitime et motivant quand :
- Il s’agit d’empêcher ou de sanctionner un délit ou un crime caractérisé.
- Il y a pour cela une prise de risque et une action rapide justifiée par l’évidence de la cause.
- La légitimité de la sanction (ou de l’action) est clairement perçue par les collègues, les supérieurs et le public.
4À partir d’un travail sociologique sur les difficultés relationnelles des policiers de Sécurité publique 4 (observations et entretiens menés en 2004 dans quatre commissariats français), il s’agit de montrer comment les processus de construction identitaire à l’œuvre parmi les gardiens de la paix et brigadiers entrent en conflit avec les différentes « réformes » de la police et, ainsi, de mieux en comprendre les effets non désirés ou les situations relatives de mise en échec.
Valorisation de l’action et valorisation de soi dans le travail de sécurité publique
5Si tous les policiers interrogés ou rencontrés n’ont pas choisi la police uniquement pour faire un métier d’action, l’affirmation de soi à travers « la belle affaire », toujours espérée et rarement rencontrée, la présence sur voie publique et la capacité à agir vite pour mettre hors d’état de nuire les « méchants » apparaissent comme des signes distinctifs forts, notamment par rapport aux collègues « des bureaux » : les officiers (anciens inspecteurs), supérieurs hiérarchiques, ayant le prestige des affaires traitées mais dévalorisées au nom de leur faible présence sur le terrain, les gardiens de la paix retirés de la voie publique (parfois suite à des problèmes, une fragilité personnelle), etc.
6Cette valorisation de l’action est renforcée par son double caractère ludique et moral. La belle action est celle qui met fin à un délit reconnu, mais c’est aussi celle qui s’organise comme un jeu où policiers et « voyous » jouent à armes égales : la victoire de la police n’en est alors que plus méritoire comme le montre le croisement des deux entretiens suivants : le premier est celui d’un policier « usé », qui a quitté la voie publique pour un emploi de bureau :
« Moi j’aimais bien quand on faisait du flagrant délit, on roulait avec le car et puis on voyait en pleine nuit 4 gars qui avaient vu le car de police et qui commençaient à courir. On fonçait, on les interpellait, on les faisait monter dans le car et puis on se rendait compte qu’il y avait 4 ou 5 voitures avec les carreaux cassés, les auto-radios volés… ça m’intéressait comme travail. […] Moi c’est mon tempérament, j’avais envie de l’avoir, et puis des fois j’ai regretté d’avoir un diesel, les autres bien souvent avaient une Renault 25, V6… Ils la volent donc ils prennent ce qui leur faut, ils connaissent les bonnes voitures, et nous on était avec des 305, des véhicules qui rament avec un moteur diesel, quand on a envie de faire du boulot, c’est quand même stressant. Des fois je me suis dit, ils gagnent toujours et jamais nous j’aurais voulu être avec eux parce qu’ils avaient ce qu’il fallait, parce que c’était pas nous c’était eux les plus forts. » (Sous-brigadier, Villedieu, 48 ans).
7Le second est celui d’un policier qui évoque son « meilleur souvenir » :
« O n a essayé de contrôler un véhicule, deux individus qui n’avaient pas la ceinture, qui roulaient un peu tordu… on se dit, ils doivent être bourrés, on a essayé de les contrôler, ils ont pris la fuite. Ils sont partis sur la voie rapide, ils ont essayé d’écraser les collègues, on est parti sur la ville de X, on a essayé de les interpeller… ils sont rentrés dans une impasse… il y avait cinq voitures de police derrière… ça c’était marquant […] Cette chasse-là il n’y en a pas eu de si grosse depuis. En général 35 km, c’est rare. En général, ils nous sèment ou on interpelle ou ils perdent le contrôle et se plantent. Là le mec était pilote de Buggy, et les voitures étaient de même puissance, donc c’est pour ça qu’on est resté derrière. » (Gardien de la paix, Serbourg).
8Toutefois, ce n’est pas seulement « le frisson du danger 5 » qui est source de plaisir au travail, mais aussi la satisfaction du devoir accompli, de l’action utile et dont on peut être fier, comme le montre a contrario cette séquence d’observation :
8 h 25 : appel général pour collègue en difficulté au RER de la ville voisine qui compte deux gares RER. Nous partons à toute vitesse avec le deux ton. Les trois policiers s’énervent contre les véhicules qui ne se poussent pas assez vite. La tension est forte. En arrivant dans la ville, à un rond-point, nous passons trop vite, la voiture glisse à travers le rond-point et le conducteur parvient in extremis à reprendre le contrôle, nous heurtons sans trop de dégât le trottoir. « Ben dis donc, je parlais des risques d’AVP [accident sur la voie publique], tout à l’heure avec la pluie, et c’est nous qui avons failli y passer ! roule doucement, ça patine. » Nous repartons vers le RER où affluent déjà d’autres véhicules de Police. 8 h 35 : nous arrivons à la gare RER. La chef de Bord me demande de rester dans le véhicule. Les trois policiers s’engouffrent dans la gare où tournent déjà d’autres patrouilles. Tout le monde cherche le collègue en difficulté sans le trouver. Il y a en tout quatre voitures et un car de Police-secours. Sur la radio de bord, j’apprends l’histoire : un policier (hors service) a été témoin d’un braquage : un individu a braqué la boulangerie dans le RER et a blessé son gérant avec un couteau. Le policier a appelé des renforts, mais s’est mal expliqué : il se trouve en fait à l’autre gare RER ! Les policiers à pied commencent à avoir la nouvelle et rentrent vers les véhicules. L’équipage de Villedieu arrive, ils n’ont pas tout compris sur leur radio portable dans la précipitation. Je leur confirme les faits. Les policiers sont un peu dépités : « Putain, celle qui est à la salle, on va lui envoyer un de ces savons ! » « Surtout que quand il y a un appel pour collègue en difficulté, tout le monde vient. » « Et les collègues, ils ne nous ont même pas remerciés d’être venus. Et en plus, on a failli se planter en route ! » ; « Il y a plus de morts dans la police avec les accidents de voiture que tués par des voyous. » (Observations, Villedieu).
9La peur ressentie après coup est d’autant plus mal vécue par les policiers qu’ils ont pris des risques pour rien (l’information était mal donnée) et que personne ne leur en sait gré.
10À ces deux conditions, le goût pour l’action se constate très fortement. Dans tous les commissariats étudiés, nous avons vu les équipages prendre des risques et montrer un grand enthousiasme pour être les premiers arrivés sur les lieux (mêmes des anciens qui ont déclaré par ailleurs ne plus vouloir prendre de risques pour le salaire et la reconnaissance qu’ils en tiraient, étaient animés du même désir d’arriver au plus vite, de débusquer la belle affaire). Par contre, pour une intervention sur un accident de la route ou une IPM (ivresse publique manifeste), les équipages se pressent moins. L’autonomie laissée aux patrouilles de choisir, parmi plusieurs interventions survenant en même temps, celle qui doit être traitée comme prioritaire 6, permet rapidement de comprendre la hiérarchie des taches : en haut, l’intervention pour des braquages, agressions, bagarres, vol, en bas les différends familiaux, les IPM, les accidents de la circulation (les « affaires de merde »).
11Mais les affaires intéressantes sont rares, surtout pour les brigades de police secours et l’ennui est fréquent. L’intérêt au travail dépend alors de la capacité du groupe à susciter un enthousiasme suffisant pour les activités les plus routinières (contrôle routier, patrouilles, interventions pour un différend, etc.). Cela repose sur l’entretien, par la discussion entre collègues les souvenirs de « belles affaires 7 », du mythe du gendarme et du voleur. Une autre stratégie collective, surtout dans les commissariats où les anciens sont bien intégrés, est de déplacer les frontières entre « belles affaires » et « affaires de merde », c’est-à-dire en donnant un sens positif à ces dernières. L’exemple typique est la verbalisation de voitures garées indûment sur les places réservées aux handicapés ; pour les patrouilles qui s’y adonnent, ce n’est pas simplement faire un travail « de contractuelle », mais défendre le faible comme le montrent les discussions dans la voiture qui suivent la rédaction du PV.
12Une des difficultés des réformes en cours, pour les policiers de terrain en sécurité publique, est qu’elles sont prises et appliquées bien souvent sans respecter ni prendre en compte les mythes mobilisateurs ni le travail, spécifique à chaque commissariat, voire à chaque brigade, sur les frontières entre « belles affaires » et « affaires de merde ».
Réticences et résistances face à la police de proximité et à la reconnaissance des droits des victimes et mis en cause
13Retracer l’historique de la « police de proximité » en France est une entreprise difficile tant ce concept a fait l’objet de conflits et de réappropriations politiques ou idéologiques qui l’ont éloigné de sa cousine nord-américaine, la « police communautaire ». Les critiques d’abord adressées par Nicolas Sarkozy en tant que ministre de l’Intérieur puis ses tentatives de récupérer la notion lors de la campagne présidentielle en illustrent bien les enjeux complexes. En tant qu’étiquette officielle 8, la « réforme de la police de proximité » française trouve son origine, en 1997, dans les rapports de Daniel Vaillant et Bruno Le Roux pour le parti socialiste 9. Les principes étaient de partir des demandes et des attentes des citoyens, de développer une approche globale au niveau local avec les différents partenaires concernés de la sécurité, de redistribuer les effectifs vers les zones les plus touchées tout en développant l’îlotage et la stabilité des fonctionnaires et la création « d’agents de proximité de la police nationale ». Mais c’est Jean-Pierre Chevènement qui aura la charge de mettre en œuvre une réforme qu’il ne s’est pas totalement réapproprié. La crainte du communautarisme, l’accent mis sur le seul aspect « relations publiques », la volonté centralisatrice, la création des emplois jeunes (ADS) vont à l’encontre des objectifs initiaux. La réforme de 1999 fait essentiellement de l’îlotier un policier de contact interpersonnel, à part des autres services qui gardent comme objectif officiel l’interpellation des délinquants.
14Dès lors, les conditions ne sont pas réunies pour permettre à ceux qui occupent la nouvelle fonction de se valoriser aux yeux de leurs collègues ou de la hiérarchie. Aux yeux de la majorité des policiers, la « vraie police » reste inchangée et la « police de proximité » telle qu’elle est mise en place par la réforme risque d’être perçue comme un « gadget » qui n’est pas prioritaire. On y affecte ainsi souvent des ADS ou des jeunes sans grande expérience et leur fonction n’est pas toujours bien définie. Il n’est pas rare qu’ils servent de « bouche-trou » pour des tâches jugées indues ou indignes des brigades de roulement, comme porter un pli à la préfecture, coordonner l’enlèvement de véhicules mal garés ou assurer la circulation ou la sécurité lors du tournage d’un film dans la circonscription.
15Concrètement, des unités administratives sont délocalisées dans des « postes de police », disséminés dans les zones dites sensibles ou éloignées du commissariat central, les patrouilles se font à pied et doivent aller au-devant des habitants et avec qui on doit avoir des échanges cordiaux ou intéressés. La coopération volontaire de la population est recherchée. Dans les quatre commissariats étudiés, seuls Villedieu, une banlieue aisée, et Grandville ont conservé leur police de proximité. Les expériences de police de proximité racontées par les policiers de Pandore et Serbourg (dans lesquelles elles ont d’ailleurs été volontairement stoppées) ont toujours été vécues sur le mode négatif, avec quantité de récits douloureux : « on nous a brûlé le poste plusieurs fois ». Ces expériences sont relatées sur le mode de l’intrusion en territoire étranger, avec le minimum de protection et de capacité de mise en scène. Le contact avec des populations réticentes et stigmatisées a également été vécu comme dévalorisant. La police de proximité « relationnelle » est à l’opposé du jeu du « gendarme et du voleur ». Elle produit un résultat à long terme et difficile à mesurer et ne favorise pas les « belles affaires ». Cependant, certains des policiers qui ont été affectés à la police de proximité ont cherché à se réapproprier leurs nouvelles missions pour les faire entrer dans le cadre mythique du jeu du « gendarme et du voleur ». Ainsi, le fait de se rapprocher de la population, de gagner sa confiance, n’est pas interprété comme une fin en soi (être plus proche des citoyens et de leurs besoins), mais comme un moyen éventuel d’avoir des informations qui permettraient de dénicher une « belle affaire », donc de faire un « vrai » travail policier 10. Comme le remarquait un gardien de la paix rencontré à la fédération police de la CGT :
« La police urbaine de proximité n’existe plus. Quand on voit les îlotiers qui avant, quand j’étais auxiliaire dans l’armée, on allait discuter chez les commerçants, on buvait le café, c’était une manière de savoir ce qui se passe avec les jeunes, tout ça ; d’aller voir les jeunes, de leur dire c’est pas bien et tout ça… On n’est pas là pour verbaliser le mec qui vient acheter son pain et qui se gare en double file vite fait. Quand on connaissait le commerçant, le mec il nous disait « excusez-moi, j’en ai pour deux minutes », tant qu’il ne gênait pas trop la circulation, ça allait. Maintenant, les mecs ils arrivent, ils verbalisent toute une rue, que les commerçants râlent ou pas, après les policiers ils sont montrés du doigt et puis on n’a plus aucune remontée d’information. Tout le travail d’îlotage qui normalement est essentiel dans la police n’existe plus ! Avant on avait des rapports : « telle personne va régulièrement de telle heure à telle heure à tel endroit, apparemment, d’après le commerçant elle trafique de la drogue » ; on disait aux civils d’aller faire une planque… Il n’y a que comme ça que l’on peut travailler. Les informations, ça ne tombe pas du ciel. »
16Mais le manque de moyens, la concurrence des autres brigades rend cette démarche peu aisée.
17À Villedieu, où la police de proximité existe toujours au moment de l’enquête le travail de cette brigade reste très particulier et peu recherché. La plupart des gardiens de la paix qui s’y trouvent ne l’ont pas choisie le type de mission qui y est réalisé. Certains y ont été affectés d’office, d’autres sont là pour avoir des horaires de journée, plus compatibles avec la vie familiale que les brigades de roulement 11. Dès les premières observations, les policiers suivis expliquent au chercheur tous les inconvénients qu’il y a à leurs yeux à travailler ainsi : c’est d’abord le fait de ne pas être en voiture qui empêche de se rendre rapidement sur le lieu d’un éventuel délit ; ensuite, être à pieds expose à être régulièrement sollicité et dérangé par la population. Dans cette circonscription, la commissaire en poste est très soucieuse des bonnes relations avec les commerçants et beaucoup de policiers estiment qu’elle leur donne trop d’importance (tolérance pour un patron de restaurant qui ne respecte pas un édit municipal sur les débits de boissons, rue du commissariat régulièrement bloquée par des « braderies » commerciales, etc.). Les policiers de proximité sont mal à l’aise face aux sollicitations faites par ces commerçants (faire bouger un clochard, faire sauter un PV…) lors de leurs rondes. Ce malaise se manifeste dans les interactions avec le chercheur. La police de proximité de Villedieu est la seule brigade où les agents ne se sont pas montrés fiers de faire découvrir leur métier 12, la seule où un refus d’entretien est apparu !
18Du coup, tout est fait pour « normaliser » le travail de proximité : alors qu’ils sont censés tourner à pieds, certains policiers se débrouillent pour avoir un véhicule ou au moins un scooter ; quand cela n’est vraiment pas possible, ils vont faire des contrôles fixes (contrôles routiers ou à la sortie du RER) ou vont prendre le Métro (de façon curieuse, l’ambiance relationnelle est très différente dans le métro où les voyageurs n’abordent pas les policiers, contrairement à la rue)13. Par ailleurs, dans ces patrouilles, la « machine à mythe » fonctionne encore plus qu’ailleurs : c’est en suivant la police de proximité que le chercheur apprendra de la bouche des policiers toute l’histoire récente du grand banditisme dans le département ; c’est aussi la seule brigade de Villedieu où on lui fera essayer et porter un gilet pare-balle.
19Sur les onze agents de la Proximité, seuls deux ont déclaré prendre plaisir à faire un travail plus relationnel et ont choisi véritablement la PUP (l’un des deux vient même de la Brigade anti-criminalité, BAC). Mais cet engagement est pour une part vécue dans la honte et la clandestinité. Ainsi, malgré les arguments avancés lors des patrouilles passées avec eux pour revaloriser la police de proximité, ces deux policiers se sont montrés gênés d’être observés discutant avec des commerçants ou des élus locaux. Ils ont même refusé d’être suivis lors de leur participation avec les services sociaux pour organiser l’opération « prévention canicule ». Lors de l’observation également, un de ces deux gardiens a demandé au chercheur des renseignements sur le BAFA afin de pouvoir encadrer des camps de vacances organisés pour la police pour les jeunes de certains quartiers difficiles. Ce gardien a ensuite précisé au chercheur qu’il ne fallait absolument pas qu’il évoque devant les autres policiers cette demande : « Ils ne comprendraient pas ! » Pour les policiers extérieurs, les rapports avec les jeunes perçus comme délinquants peuvent sembler suspects, presque une « trahison » !
20Même s’il n’est pas lié à la police de proximité, un autre mouvement a été engagé par les socialistes à la fin des années 1990 : la reconnaissance de droits nouveaux pour les mis en cause, les gardés à vue et a heurté la vision policière du jeu du gendarme et du voleur : là où le vrai délinquant, de par son appartenance à un milieu aux règles dures et violentes permettait de se constituer une virilité héroïque, ne se retrouve plus qu’un citoyen ordinaire, voire privilégié. Cette évolution du droit des usagers créé des nouvelles forme d’évaluation et de contrôle des règles appliquées par le policier. Un citoyen qu’il faut choyer, respecter et qui se plait à le rappeler. Un citoyen face auquel les policiers se sentent ramenés vers les rôles féminins du maternage et du nourrissage : « On doit leur servir des repas en tablier blanc ». La grande crainte, exprimée sous la forme d’une boutade est que « l’hôtel de police » se transforme en « hôtel-restaurant ». Une étude par entretiens auprès de policiers britanniques ayant été confronté au « nouveau management public » (culture de l’évaluation du service rendu et des droits de l’usager) a mis au jour des réactions similaires 14.
Les effets de la politique du chiffre
21Nommé ministre de l’intérieur le 7 mai 2002, Nicolas Sarkozy va rapidement, notamment devant des auditoires de policiers, multiplier les piques contre ce qu’il estime être l’échec de la police de proximité. En 2003, à Toulouse il lance ainsi à un îlotier qui lui présentait un tournoi de football organisé avec les jeunes du quartier : « Vous n’êtes pas des travailleurs sociaux. Les citoyens attendent d’abord de vous que vous arrêtiez les délinquants ». À plusieurs reprises, le ministre répétera qu’il veut recentrer les policiers sur « leur cœur de métier : l’interpellation ». Le problème est que ce « cœur de métier » ne représente en fait qu’une part très limitée du temps de travail. Comment alors donner de la valeur aux autres tâches ? Comment être fier quand 90 % du temps de travail est consacré à autre chose que « le cœur de métier » ? De plus, le nouveau ministre de l’Intérieur demande aux directeurs et responsables de la police nationale de « fixer chaque année des objectifs quantifiés d’amélioration de l’efficacité en termes de réduction de la criminalité, d’augmentation du taux d’élucidation » ; et il ajoute : « Nous devons être jugés sur nos résultats » (cité dans Monjardet, 2006). La publication des statistiques doit alors devenir mensuelle. Des sanctions sont prises, comme le licenciement très médiatisé en octobre 2003 d’un commissaire de sécurité publique à Marseille. La mise en place de primes au mérite à partir de 2004 15 vient compléter cette politique.
22Pour évaluer la performance des services de police, Nicolas Sarkozy a donc proposé de donner un poids croissant aux indicateurs chiffrés d’activité. La mesure de la performance de l’activité policière est devenue avec les ambitions de modernisation de l’institution un objectif central. Pensée traditionnellement (le principe de « l’index 4 001 » existe depuis plus de trente ans) sur le mode du contrôle chiffré de l’activité, à l’instar des entreprises productives de biens matériels, la performance se mesure au nombre d’interpellation et au taux d’élucidation (nombre de dossiers résolus sur nombre de dossiers ouverts). Ces principes se sont accentués ces derniers temps avec les objectifs sécuritaires fixés à la police et l’introduction d’une notion directement reprise du management des entreprises privées : l’attribution de moyens aux circonscriptions qui le justifient. A priori, cela n’est pas contradictoire avec la représentation de la police comme jeu du « gendarme et du voleur ». Mais le risque est justement de trop prendre au sérieux cette représentation et de saper le travail, notamment des anciens, visant à donner un sens positif aux activités des brigades de roulement. À Grandville, un certain nombre d’anciens ont ainsi exprimé leur malaise face à la demande de « faire du chiffre 16 » :
« On ne va pas inventer la délinquance. L’objectif c’est quand même faire baisser la délinquance. Par exemple, sur le parking d’un grand supermarché, vous avez des délinquants qui cassent des voitures. On va surveiller pour essayer de les interpeller. Ce qui nous intéresse c’est toutes les formes de délinquance. Par exemple, des jeunes qui fument, on va être présent. Être réactif, ce n’est pas le problème des chiffres. Si on est réactif, après ça tombe tout seul de toute façon. » (Brigadier, Grandville, province).
« Il n’y a aucune gloire dans le travail que l’on fait. C’est vu par les gens comme de la répression. On n’est pas là pour se faire aimer, on est habitué à endosser. Ça c’est pas du stress on est habitué avec le temps, le négatif c’est avec la hiérarchie. Il y a des primes aux mérites, on est dans une usine. Il faut faire des interpellations, faire du chiffre. Tout dans l’ombre, tout sans suite. C’est les “bûchettes”. » (Gardien, Grandville, province).
23La politique du chiffre est ainsi entrée de plein fouet en contradiction avec les objectifs de la police de proximité (multiplier les petites affaires éloigne les policiers de la population et le travail relationnel ou préventif n’est pas comptabiliser), comme avec la politique de reconnaissance des droits des usagers, vus plus facilement comme de délinquants potentiels 17.
24À Serbourg, où il est difficile aux patrouilles de procéder à des contrôles et des interpellations dans la cité difficile qui constitue une partie de la circonscription, les policiers passent leurs journées à rechercher des petits fumeurs de joints un peu partout, sauf là où la probabilité d’en trouver serait la plus forte. Les jeunes policiers affectés dans cette ville en ressentent de la frustration (ne pas pouvoir faire ce qui serait le plus efficace) et une perte de sens (le temps n’est pas consacré aux problèmes de la population).
25Cependant, d’après la majorité des policiers interrogés, la pression hiérarchique pour faire du chiffre n’est pas trop forte. Mais cette pression est variable. À Villedieu, sur les trois brigades de roulement, deux sont assez peu préoccupées par les résultats chiffrés. Dans la troisième, le chef met au contraire une forte pression, source de conflit et de tensions avec ses hommes. D’après les résultats hebdomadaires, cette brigade est bien celle qui a les plus mauvais chiffres de timbre-amendes et d’interpellation. Mais cela ne s’explique pas forcément par la faible productivité individuelle ou la mauvaise volonté des agents. Dans cette brigade, il y a en effet neuf agents dont quatre femmes contre dix agents et trois femmes dans les autres brigades. Or le chef, à la fois protecteur et autoritaire, refuse de faire sortir un équipage exclusivement féminin. Bien souvent, un seul équipage peut sortir pendant la vacation alors que deux sortent dans les autres brigades, d’où de moindres occasions de faire du chiffre. À cela s’ajoute le cercle vicieux de la mauvaise ambiance, du turn-over, de l’arrivée de nouvelles recrues (souvent féminines) et du manque de motivation et d’expérience, etc.
26Même quand la pression ne vient pas de la hiérarchie, la culture du résultat peut imprégner les esprits et les chiffres peuvent devenir un palliatif à une légitimité vécue comme insuffisante. Il est tout à fait révélateur de constater, à Villedieu, que les gardiens de la paix les plus acharnés à produire du chiffre, notamment par la saisie de toutes les opportunités de faire des « timbres-amende » et la mise en place de contrôles routiers beaucoup plus longs qu’ailleurs sont ceux de la police de proximité. Leurs collègues les appellent parfois pour plaisanter des « verbalisators ». Ce comportement n’est pas lié à une incitation financière ni à une pression hiérarchique, mais à une sorte de réalisation du goût – frustré et contrarié – pour la « chasse », « la belle affaire » à travers la satisfaction du suivi des statistiques de la brigade. Cette fuite dans les chiffres est tout à fait congruente avec la fuite du contact et de la proximité chez ces mêmes agents qui ont pourtant la charge officielle de la mettre en œuvre. Le chef de la PUP préfère fermer les yeux, mais est gêné par cette situation. Il refusera d’ailleurs l’entretien.
27Enfin, la volonté politique de faire du chiffre a poussé au développement de services spécialisés, notamment les BAC, qui ont tendance non seulement à prendre les « belles affaires » aux brigades de roulement, ce qui peut développer un sentiment de concurrence déloyale (ils sont en civil, ce qui favorise les flagrants délits), mais permettent le développement d’une évaluation quantitative qui dévalorise le type de travail fait en police secours ou en police de proximité :
« Les relations entre la section et la BAC sont devenues plus tendues, car avant ce n’était qu’eux le chiffre. Maintenant c’est eux et nous. Donc c’est plus que de la compétition, c’est de la rage. Le service de proximité c’est la section la plus dévalorisée par rapport aux autres sections, car c’est une section pas spécialisée. Or il faut savoir tout faire et on n’est pas reconnu. On nous appelle toujours parce qu’il y a un problème. » (Gardien, Grandville).
28Pour les BAC, le jeu du gendarme et du voleur est moins un mythe que pour les unités de Police-Secours. Du coup, les BAC renvoient ces dernières à leur rôle dévalorisant ; comme lorsque, après une intervention pour un cambriolage ou une agression, les agents de la BAC appellent leurs collègues de police-secours pour s’occuper des victimes et faire les papiers.
29Si les réformes entrent en contradiction ou perturbent le travail identitaire qui permet aux policiers de sécurité publique de conserver une image positive de leur travail, c’est d’abord qu’elles ne font qu’ajouter de nouvelles tâches, de nouvelles contraintes sans toucher ni s’intéresser suffisamment à la question du rôle et de la fonction de la sécurité publique. Pour régler un problème général, on ajoute une nouvelle règle et surtout un nouveau service : la police est jugée trop éloignée des citoyens, on crée des services de police de proximité chargés d’améliorer les relations publiques ; la police semble ne plus pouvoir juguler la montée de la délinquance, on crée des BAC et on impose la culture du résultat sans se demander si la fonction de la police se limite à ce qui est mesuré et mesurable.
30Depuis les émeutes de novembre 2005, la culture du résultat est de plus en plus critiquée y compris par ceux qui en avaient été les défenseurs et la police de proximité est de plus en plus revendiquée par tous, même par Nicolas Sarkozy qui en avait naguère diagnostiqué l’échec. Mais pour qu’elle réussisse, la police de proximité ne devrait plus se présenter comme la délégation du « sale boulot » à ceux qui sont les moins prestigieux (les ADS, les jeunes sans expériences, les femmes 18, etc. au nom de leur supposées compétences relationnelles, les anciens qui ont « posés les valises », les marginaux…). Mais développer la culture et les pratiques de proximité dans l’ensemble de la sécurité publiques est perçu par certains, que cela soit souhaité ou non, comme un retour en arrière, un retour à « la police à papa ». Ainsi, un responsable d’Alliance déclarait en entretien :
« la police de proximité, c’est quelque chose qui n’est ni plus ni moins qu’un retour en arrière. À une époque, on a voulu, c’est là qu’on voit que les grandes décisions énarquiennes, elles ne sont pas toujours réfléchies et pensées, pensant qu’avec les moyens radio, voitures et tout, on allait pouvoir faire des grands hôtels de police et déshabiller les quartiers et pouvoir faire depuis les hôtels de police envoyer des effectifs s’il y avait besoin. On n’a simplement oublié qu’en faisant cela, on coupait la population du flicard de base, qui est pour moi l’élément essentiel ».
31De même, un gardien de la paix retraité de la CGT Police, pourtant sur une ligne très différente, expliquait, quasiment avec les mêmes mots :
« Et actuellement, moi j’habite dans une cité, j’allais sur mon carrefour en tenue, il y a sept huit ans, et maintenant, je ne vois pas comment un fonctionnaire de Police peut descendre de sa cité en tenue et aller au boulot. Parce qu’on a laissé tout se dégrader ! En 85, si vous voulez revenir dans l’histoire, c’était monsieur Joxe, tout était dans son discours sur la modernisation de la police. Ce qui est malheureux, c’est que c’est un choix politique, ça ! Que la police soit en dehors de la population ! Le plan de modernisation de la police en 1985. Il y a eu les grands hôtels de police qui ont été faits. »
32Est-il possible de revenir en arrière ? La police d’autrefois était-elle une police de proximité ?
33De même, la volonté de transparence et de communication sur ce que produit le travail policier est probablement très importante dans un contexte de faible légitimité et de sentiment de manque de reconnaissance de beaucoup de policiers. Le bon accueil reçu, lors de notre étude, dans les commissariats a bien montré que les policiers avaient à cœur de montrer la nature de leur travail. Mais fonder cette démarche sur une vision erronée du travail de la police (« le cœur de métier c’est l’interpellation ») ne peut que produire des effets pervers et des déceptions (y compris dans l’opinion publique). Autrement dit, proximité et résultats ne devraient pas être perçus comme contradictoires, mais au contraire comme complémentaires. Les réformes et les objectifs attendus nécessitent une mobilisation des acteurs et des moyens facilitant le portage de sens et de valeurs de la police, la rappropriation par les agents de terrain.
Notes de bas de page
1 Chiffres cités dans H. Lagrange, Demandes de sécurité. France, Europe, États-Unis, Le Seuil, 2003, coll. « République des idées ».
2 Enquête de l’Insee et de l’Observatoire national de la délinquance (OND ) citée dans Le Monde du 20 décembre 2006.
3 V. Boussard, M. Loriol et S. Caroly, « Catégorisation des usagers et rhétorique professionnelle. Le cas des policiers sur la voie publique », Sociologie du travail, Vol. 48, n° 2, 2006, p. 209-225.
4 Cette recherche s’appuie sur l’observation de terrain de patrouilles de sécurité publique de quatre commissariats français, sur des entretiens (N = 60) auprès de policiers et sur l’usage secondaire d’une enquête quantitative (menée par l’IHESI ) sur les conditions de travail dans la police. Les commissariats étudiés présentent des situations assez variées. Deux se trouvent en grande banlieue parisienne. Pandore (les noms sont fictifs) est une grande ville comptant des quartiers aisés, mais aussi des quartiers difficiles, même si ce ne sont pas les plus réputés du département ; Serbourg comporte une grande cité difficile souvent citée dans les médias à propos des « violences urbaines ». Dans ces deux commissariats, et surtout à Serbourg, les effectifs sont jeunes et le turn over élevé. Villedieu est une circonscription aisée de la petite couronne parisienne, la délinquance y est faible et la moyenne d’âge des policiers est plus élevée. Beaucoup de fonctionnaires y font toute leur carrière. Grandeville, enfin, se trouve en province et comporte plusieurs quartiers difficiles ainsi qu’une délinquance organisée assez importante. La proportion d’anciens est assez importante. Ce travail a reçu le soutien financier du ministère de la Recherche pour l’ACI « Travail dans la fonction publique ».
5 S. Roche, Le frisson de l’émeute. Violences urbaines et banlieues, Paris, Le Seuil, 2006.
6 D Monjardet, Ce que fait la police. Sociologie de la force publique, Paris, La Découverte, 1996, coll. « extes à l’appui ».
7 S. Holdaway, Inside the British police. A force at work, Oxford, Basil Blackwell, 1983.
8 Au début des années 1980, dans le cadre de la « Politique de la Ville » plusieurs réflexions et revendications avaient tourné autour de l’idée de redonner plus de pouvoir aux municipalités pour mener une politique policière et de sécurité plus proche des habitants, mais l’implication des maires n’est plus revendiquée comme centrale dans la police de proximité de 1997-2002.
9 « La sécurité pour garantir la cohésion sociale » et « U ne politique de sécurité au plus près du citoyen », cité dans S. Roche, Police de proximité. Nos politiques de sécurité, Paris, Le Seuil, 2005.
10 D. Katane, « Police, population et quartiers sensibles : une sémantique à questionner », Les Cahiers de la sécurité intérieure, n° 49, 2002, p. 57-78.
11 C’est le cas par exemple du dernier arrivé : un jeune papa dont la mère de ses enfants est partie et qui doit en assurer la garde, c’est la mort dans l’âme qu’il a demandé la police de proximité.
12 À l’inverse, dans les quatre commissariats, les policiers des BAC, avec lesquels il n’avait pas été prévu à l’origine de tourner, sont venus solliciter les chercheurs en expliquant que c’est là que pouvait être observé le vrai travail policier.
13 Suivant lui aussi des patrouilles de police de proximité à Marseille et Roubaix, le sociologue Damien Cassan observe comment les agents détournent les missions qui leur sont confiées pour les faire correspondre aux valeurs professionnelles dominantes. Les rares qui adhèrent à l’idée de dialogue et d’écoute sont marginalisés, D. Cassan, « La police nationale et la réforme de la police de proximité », dans L. Deroche et G. Jeannot (dir.), L’action publique au travail, Octares, 2004, p. 71-78.
14 A. Davies et T. Robyn, « Talking Cop : Discourses of Change and Policing Identities », Public Administration, Vol. 81, Issue 4, 2003, p. 681-699.
15 F. Ocqueteau, Mais qui donc dirige la police ? Sociologie des commissaires, Armand Colin, 2006, coll « U ».
16 Comme le remarquait Christian Mouhana (Le Monde du 27 avril 2007), « les chiffres en question sont une augmentation des gardes à vue et mises en examen, mais aussi une amélioration des taux d’élucidation, c’est-à-dire du nombre d’affaires résolues par rapport au nombre de faits constatés. D’où des pratiques qui ont été la focalisation sur, par exemple, la consommation de stupéfiants (un fait résolu = un fait constaté = taux d’élucidation 100 %), ou bien un moins bon accueil dans les commissariats qui a pu dissuader les gens de porter plainte (moins de plaintes = meilleur taux d’élucidation) ».
17 Davies et Thomas, 2003, op. cit.
18 La féminisation est la plus faible dans les unités les plus prestigieuses. Le taux moyen est à 6 % pour les unités spécialisées sur les flagrants délits (les BAC) et monte à 20 % (Serbourg) et 50 % (Pandore) pour les unités spécialisées sur les contrôles routiers et les accidents. À Villedieu et à Grandville, la BAC ne comporte aucune femme et la police de proximité en a 30 % pour l’un et 25 % pour l’autre.
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