Annexe n° 2 – La vie de Jules Lelorrain vue par ses collègues juges de paix (1892)
p. 454-455
Texte intégral
1Notice biographique sur nos collègues. M. Le Lorrain [sic], Juge de paix du XIIe arrondissement de Paris.
2Après Piogey, voilà Le Lorrain qui nous quitte : La retraite du juge de paix du XIIe arrondissement nous sépare encore d’un collègue des plus distingués et des plus sympathiques.
3Quelques vifs regrets que j’éprouve, je comprends que Le Lorrain ait ressenti le besoin de prendre du repos. Lisez, en effet, ses états de service judiciaires qui viennent de m’être communiqués :
4M. Le Lorrain, après avoir exercé pendant 10 ans au barreau de Joigny (Yonne), comme avoué-avocat-plaidant, a été nommé procureur de la République à ce tribunal en mars 1848.
5Successivement nommé en la même qualité en mars 1849, à Point-Audemer (Eure), et en janvier 1851, à Semur (Côte-d’Or), il a été assis comme président du Tribunal civil de cette dernière ville, le 31 mars 1852.
6M. Le Lorrain a ainsi traversé comme procureur de la République les quatre années les plus difficiles, de 1848 à 1852.
7Il est resté président à Semur jusqu’au 23 janvier 1861, époque où il a été appelé à la présidence du Tribunal de Chaumont, chef-lieu du département de la Haute-Marne.
8Après quatre années de présidence à ce siège, il a été nommé conseiller à la Cour d’appel de Dijon, le 15 février 1865.
9Puis, il a été appelé à la présidence du Tribunal de cette ville, le 15 avril 1868, qu’il a conservée jusqu’au 14 novembre 1872, époque de son installation comme conseiller à la Cour d’appel de Lyon.
10Très fréquemment, il a été appelé à présider la Cour d’assises.
11Mais voyant approcher la limite d’âge et pour échapper à la fatalité de la retraite, alors qu’il se sentait encore plein d’activité, M. Le Lorrain a demandé et obtenu d’être nommé juge de paix à Paris, où il a été installé au XIIe arrondissement, le 23 avril 1879.
12En résumé, 44 ans de services.
13Depuis 1869, il est chevalier de la Légion d’honneur ; il a les palmes d’officier d’Académie.
14Tout en admirant sa longue et brillante carrière, tout en rendant hommage à sa science profonde du droit, je ne veux voir en Le Lorrain que l’aimable collègue avec lequel j’ai vécu depuis 1879. Je ne veux me rappeler que le charme de sa conversation, la finesse de son esprit, la séduction de sa bonhomie enjouée. Dans nos réunions intimes, à nos banquets confraternels, Le Lorrain apportait toujours la note artistique et littéraire ; il nous disait des monologues en vers, et avec quelle justesse !
15En bon camarade, Le Lorrain n’a pas voulu nous quitter sans nous serrer la main ; et à notre conférence du 30 juin, il nous a dit d’une voix émue combien il lui en coûtait de se séparer de nous. Et le doyen lui répondait : « Vous avez fait partie, dans votre longue carrière, de plus d’une Compagnie judiciaire, et, dans toutes, vous avez dû trouver bien des amitiés ; mais soyez-en sûr, c’est dans la nôtre que vous laisserez le plus de regrets et d’affection. »
16Le décret qui admet à la retraite M. Le Lorrain, le nomme conseiller honoraire à la Cour d’appel de Lyon. Si l’honorariat existait pour la magistrature cantonale, je ne doute pas que notre collègue, en souvenir des années passées avec nous, n’eut sollicité le titre plus modeste de juge de paix honoraire.
17[Non signé]
18Le XIIe arrondissement de Paris (Reuilly), a eu pour juges de paix :
19MM. Fariau (26 pluviôse an X) ; Odent (11 novembre 1815) ; Chauvet (12 mai 1824) ; Trouillebert (24 octobre 1832) ; Durand-Claye (12 juillet 1846) ; Papillon (25 février 1847) ; Levincent (13 juin 1850) ; Lefrançois (14 mai 1862) ; Germain (13 juin 1868) ; Chenain (27 décembre 1869) ; Piogey (4 novembre 1871). Raux (16 décembre 1871) ; Le Lorrain (8 avril 1879).
20LF Source : Le Moniteur des juges de paix, 1892, p. 335-336.
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