1 « Faits Divers » : le mot n’avait pas alors le sens qu’il a aujourd’hui : les premières occurrences, sous le sens de « nouvelles de peu d’importance », sont de 1837. L’expression n’était pas encore lexicalisée et chaque mot ici a son sens propre. Guépin l’utilise dans un ouvrage qu’il vient de publier (en 1832), Essais historiques sur les progrès de la ville de Nantes, pour désigner au contraire, une énumération de faits politiques importants (p. 253).

2 Le 1^er janvier, la Garde nationale rend traditionnellement visite au maire, au préfet, à l’état-major et à l’évêque. Ce dernier, Monseigneur de Guérines, légitimiste lui-même, représente un clergé qui est légitimiste dans sa presque totalité, ce qui explique le malaise. Guépin fait partie de ces officiers de la Garde nationale qui se sont retirés. L’année suivante, cette visite est supprimée.

3 Antoine Hennequin (1786-1840), légitimiste, avocat à la cour de Paris, arrive de Blois où il a plaidé dans le procès intenté contre les légitimistes Kersabiec et Guilloré. Dans sa plaidoirie, il tient des propos injurieux à l’encontre de Nantais et de leur Garde nationale.

4 La duchesse De Berry est arrêtée le 7 novembre, rue Haute-du Château, chez les demoiselles Duguiny (ou Du Guiny), Pauline et Marie-Louise. Elles ne sont poursuivies que pour détention d’une imprimerie clandestine, car on a trouvé à leur domicile une petite presse et du matériel typographique. Leur procès s’ouvre le 5 janvier, devant la première chambre du tribunal civil présidé par Hyacinthe Colombel (1781-1851). Après avoir fait ses études de droit à Rennes, celui-ci s’installe à Nantes comme avocat en 1807. Nommé par l’empereur juge suppléant au Tribunal civil de Nantes en 1811, il est un des promoteurs de la Fédération bretonne en 1815. Destitué par la Restauration, il redevient avocat. Le Gouvernement de Juillet le nomme président du Tribunal civil de Nantes en août 1830.

5 Joseph Napoléon Guérif, ami d’Ernest Ménard, participe avec lui à la calamiteuse fabrique de noir animal de Guépin. ADLA 13 J 1. Il participe à une souscription pour le mouvement saint-simonien, NAF, manuscrit 24612, folio 362.

6 Début 1832 se tenait, chaque jeudi, une réunion saint-simonienne chez Pitre Athenas. Au début de l’année 1833, elle est remplacée par une réunion politiquement élargie le mercredi chez Guépin.

7 Guépin exprime son insatisfaction à l’égard des publications existantes : « Il est publié, chaque année, dans notre ville, deux Étrennes, ou Indicateurs nantais, et cinq ou six almanachs à deux sous. Celui de MM. Mellinet et Sebire, pour 1834, contenait une histoire de France ; peu soignée comme style. » Ange Guepin et Eugène Bonamy, Nantes au XIX^e siècle, op. cit., p. 181.

8 Directeur du journal L’Ami de la Charte.

9 Constantin François Chasseboeuf de La Giraudais, comte Volney (1757-1820). Titulaire de la chaire d’histoire à l’École normale, il y professa que la certitude historique est presque impossible, même pour la réalité de l’existence de Jésus-Christ.

10 Marc François Joseph Le Sant (1786-1865), pharmacien, élu conseiller municipal en 1831 et nommé par ordonnance royale adjoint au maire, le 9 février 1832. Guépin épouse sa fille, Adelaïde-Renée, le 15 juin 1830.

11 Le passage Bouchaud, qui relie la Basse Grande-Rue à la rue de la Juiverie, est ouvert en juillet 1830 ; de nombreux commerces y sont installés, dont un magasin d’estampes.

12 L’Ami de la Charte du 4 janvier publie en première page la lettre de Guépin : « M. Kersabiec, arrêté sur la route d’Aigrefeuille par la Garde nationale de Nantes, […] ce n’est point là qu’il a été blessé ». Il signe « Guépin, grenadier de la 8^e comp. du 4^e bataillon de la garde nationale de Nantes ».

13 Jean Marie Angélique Siochan de Kersabiec (1769-1840), légitimiste, est arrêté les armes à la main, sur la route d’Aigrefeuille à Nantes, le 4 juin 1832, par des membres de la Garde nationale de Nantes. Il est condamné à mort par un Conseil de Guerre spécial. Le jugement est cassé, et il est rejugé par les Assises de Blois où il est défendu par Hennequin qui laisse entendre dans sa plaidoirie qu’il a été malmené par les gardes. À la fin de l’audience du 5 janvier, le maire Ferdinand Favre accompagné de Douillard, colonel de la Garde nationale demandent à Maitre Hennequin de s’expliquer sur les accusations portés à Blois. Ce dernier reconnaît que c’est à la Garde nationale de Nantes que Kersabiec et Guilloré doivent leur salut.

14 Il s’agit du Blaisois du 29 décembre 1832. Henry Celliez, avocat, en est le principal rédacteur. À la suite de cet article, le Blaisois publie une lettre de Guépin se félicitant de l’acquittement obtenu au procès intenté à L’Ami de la Charte après son article intitulé « Patriotes, réveillez-vous ! »

15 Plan de la ville de Nantes, dressé par Bilange, élève breveté de l’École des Mines de Saint-Étienne, lithographie de Engelmann et Compagnie, échelle ca 1/6 200, Nantes, P. Sebire, 1833. Plan de Nantes dressé par Jouanne, conducteur des Ponts et Chaussées, échelle 1/10 000. Gravé à Paris par Pierre Tardieu, écrit par Richomme, Nantes, publié par Forest, 1832.

16 Le verdict est rendu le 7 janvier, elles sont acquittées. À l’énoncé du jugement, quelques cris hostiles aux carlistes sont entendus, des échauffourées sans gravité se produisent à la sortie du tribunal. Colombel est nommé chevalier de la Légion d’honneur un mois plus tard.

17 Antoine Peccot (1804-1848) tient une librairie passage Bouchaud, qui diffuse la littérature saint-simonienne. En 1839, il devient le bibliothécaire de Nantes, et le reste jusqu’à sa mort en 1848. C’est un républicain proche de Guépin, il a participé à sa calamiteuse entreprise de noir animal. Il y a à Nantes cinq cabinets de lecture et neuf cercles, où l’on emprunte chaque année 270 000 livres.

18 Guépin emploie tantôt la première personne, tantôt la troisième.

19 Charles Aubert, avocat, républicain, membre de la Société des Droits de l’Homme. Celle-ci ne se crée à Nantes qu’au printemps 1833.

20 Alexandre Freslon est avocat à Angers. Avec Billault, il défend Pelloutier et Mangin pour l’article de L’Ami de la Charte (voir note 14), et obtient l’acquittement le 21 décembre.

21 Il s’agit de Grégoire Bordillon.

22 Joseph Rey (1779-1855).

23 Guépin prépare la « Réunion de l’Ouest ».

24 René Marie Luminais (1788-1870) s’intéresse au développement de l’agriculture et se lance dans une entreprise de d’assèchement et de mise en valeur de grands étangs en Indre-et-Loire. Ami de jeunesse de Guépin et de Souvestre, il aide ce dernier à créer un établissement d’enseignement à Nantes, où l’on emploie la méthode Jacotot. Élu député en novembre 1830, il est réélu en 1831 : sa candidature est soutenue par la « Société Aide-toi, le ciel t’aidera », c’est un patriote.

25 Connue sous le nom d’« Association pour la défense de la presse patriotique », ou d’« Association pour la liberté individuelle et pour la liberté de la presse… ». Cette association, apparue après Juin 1832 et dont Cormenin et Armand Carrel sont les promoteurs les plus énergiques, joue un rôle important.

26 Le Conseil Général de commerce, manufactures et agriculture, convoqué à Paris par le roi, sollicite des réflexions et propositions des représentants des grandes villes. La Société académique, le 7 janvier 1833, décide des questions agricoles qui doivent être mises en discussion ; Guépin participe à l’élaboration des thèmes à traiter. L’Académie fait la liste de seize questions, dont trois vont être traitées par le docteur Guépin : la 9^e question (avec Verger), Avantage des baux à longs termes, moyen de les encourager, la 11^e (toujours en compagnie de Verger), Amélioration des communications, et la 14^e (cette fois en compagnie d’Hectot), Établissement des banques agricoles. Les Annales de la Société Académique de 1833 publient le travail de Guépin.

27 Prosper Sebire est libraire et éditeur à Nantes, et tient un salon littéraire place du Pilori. Il publie les Étrennes ou indicateurs Nantais. Il a publié le premier ouvrage de Guépin consacré à Nantes : Essais historiques sur les progrès de la ville de Nantes paru en 1832.

28 Le 6 février 1834 Guépin propose à la Société académique de publier un Annuaire Statistique Départemental. Cette proposition ne suscite guère d’enthousiasme, on se contente de créer une commission chargée d’examiner la proposition.

29 Guépin fait allusion à un ouvrage de Michel Chevalier, une reprise d’articles parus dans Le Globe, intitulée Système de la méditerranée, Paris, mars 1832.

30 Guépin se passionne pour la phrénologie et parle souvent de Gall comme de « son maître et son ami ».

31 Paul Romain Chaperon (1808-1879). Ingénieur polytechnicien (promotion de 1827), saint-simonien, participe avec Blache et Fourichon à l’enseignement de la doctrine à Toulon. Il se montre très critique à l’égard de la retraite de Ménilmontant et de ses extravagances, sa foi ne résiste pas au schisme. Spécialiste de la construction ferroviaire, il participe dès 1837 à la construction de la ligne Strasbourg-Bâle. Devient directeur de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée.

32 Auguste Bonamy (1806-1862), frère d’Eugène. Polytechnicien, saint-simonien depuis 1829, sa foi survivra difficilement au schisme.

33 Émile Barrault (1799-1869). Professeur, il joue un rôle important dans le mouvement saint-simonien : prédicateur à la salle Taitbout, il participe à la retraite de Ménilmontant. Après le procès et l’emprisonnement d’Enfantin et de Michel Chevalier, il fonde l’« Association des Compagnons de la Femme » en janvier 1833, et déclare que c’est en Orient qu’on doit aller chercher la Mère. Il embarque le 26 mars avec douze apôtres et arrive à Smyrne. À son retour en France il sera élu représentant du peuple à l’Assemblée législative de 1849.

34 Cette fois il s’agit vraisemblablement d’Eugène Bonamy, qui réside en permanence à Nantes, son frère n’étant que de passage.

35 F. Gonnet, épicier, décoré de Juillet, blessé dans les combats de rue à Paris. Son arrivée à Nantes, le 30 juillet au matin, fait connaître aux Nantais l’existence des combats parisiens. Il participe à la « Réunion de l’Ouest », où il fait partie de la commission des sciences.

36 Le Journal de Maine et Loire, publié à Angers : journal gouvernemental pendant la Restauration, racheté en 1828 par l’imprimeur saint-simonien Ernest Lesourd, le journal représente alors l’opposition libérale. Revendu le 14 mars 1830 par Lesourd (qui en reste l’imprimeur) ; les nouveaux propriétaires confient la rédaction aux saint-simoniens Bordillon et Freslon et le jour même le contenu rédactionnel se transforme. Le journal affiche ses sympathies saint-simoniennes et ses penchants patriotes jusqu’au départ de ces deux directeurs, le 21 avril 1833, date à laquelle le journal devient résolument anti-républicain.

37 Article publié par L’Ami de la Charte du 26 janvier (article non signé) intitulé « À tous ceux qui dans les départements de l’Ouest désirent un meilleur ordre social » et qui est un appel à organiser une réunion annuelle. L’article se termine par l’appel « à organiser la société d’après les grands principes renfermés dans les trois mots : LIBERTÉ, ÉGALITÉ, ASSOCIATION ».

38 Le préfet décore de la Légion d’honneur cinq officiers de la Garde nationale, dont Douillard ; tous les cinq sont d’anciens militaires.

39 Journal de Brest, Le Finistère, Journal politique, maritime, commercial et littéraire. Annonces judiciaires et articles divers, tri-hebdomadaire, s’intercale entre les jours de parution du Brestois, journal politique, commercial, maritime et littéraire. Souvestre le dirige du 9 octobre 1832 au 29 juin 1833, Guépin lui fait parvenir régulièrement des articles.

40 Émile Pehant (1813-1876). Après un passage au séminaire de Guérande, des études au lycée de Nantes et de droit à Rennes, il se lance dans la littérature et part à Paris. Il est l’auteur de sonnets et de pièces de théâtre. Une critique élogieuse parue dans Le Réformateur du 10 janvier 1835, dénonçant le sort qui est fait à ces jeunes auteurs « par un gouvernement avare et faux », permet de penser que Péhant est dans le camp des patriotes. De retour à Nantes, il devient directeur de la bibliothèque de 1848 à 1876 ; il en rédige le catalogue, et le fait imprimer. Hippolyte Étiennez (1813-1871), auteur de romans et de comédies, deviendra archiviste de la ville de Nantes en 1849 et historiographe de la ville en 1865 (à ne pas confondre avec son père, Maurice Étiennez secrétaire de la mairie de 1813 à 1838).

41 Il s’agit de la librairie Thoisnier-Desplaces, à Paris, rue de l’Abbaye. Le feuilleton de L’Ami de la Charte du 23 juillet 1833 fait l’éloge d’un roman d’Hippolyte Étiennez : Pauline.

42 L’Ami des lois, journal de la Sarthe et de la Mayenne, publié au Mans du 14 juin 1832 au 30 septembre 1841 (900 abonnés). Nous n’avons pas trouvé trace des articles auxquels Guépin fait allusion (mais les collections consultées sont incomplètes) : il n’y avait guère de chances que cette feuille préfectorale approuve le projet de réunion. Le 16 avril le journal publie un article qui tourne férocement en ridicule la « Réunion de l’Ouest ».

43 Guépin fait allusion à l’autre journal du Mans, Le Courrier de la Sarthe, qui lui est tout à fait républicain.

44 L’Ami de la Charte du 5 février écrit : « Notre projet de réunion centrale a reçu bon accueil dans les villes de l’Ouest, et chose remarquable ! au moment même où nous émettions notre vœu, M. Armand Duchatellier de Quimper, auquel nous avions jugé inutile d’écrire, sûrs que nous étions de son adhésion, en émettait une semblable. »

45 Le télégraphe optique, installé sur une des tours de la cathédrale, fonctionne pour la première fois le 16 janvier 1833. Il semble que Guépin ait envoyé des articles (enthousiastes) sur l’Égypte à tous ses amis directeurs d’un journal : Le Blaisois du 16 mars 1833 publie ainsi « Le droit du Pacha d’Egypte à l’estime des Européens », signé A. G.

46 Le Blaisois, dont Celliez est rédacteur en chef, reprend souvent des articles de Guépin, parus dans L’Ami de la Charte, ainsi que des articles originaux envoyés par Guépin, et ne manque pas d’annoncer ses ouvrages.

47 Il s’agit, bien sûr, de Michel Chevalier.

48 L’Ami de la Charte du 3 février publie un article intitulé « Réforme industrielle, colonie agricole et sociétaire de Condé » qui ambitionne « de faire connaître d’une manière nette et de mettre à la portée de tous le système de Fourier ».

49 L’Ami de la Charte publie un premier article sur le fédéralisme le 5 février, suivi d’un second le 16 février, puis un troisième intitulé « Le progrès » le 21 février.

50 François René Lebreton, né à La Suze dans la Sarthe en 1794, sous-préfet de La Flèche du 19 mai 1831 au 2 novembre 1838. Michel Chevalier le qualifie de « bon et solide saint-simonien », Fonds Enfantin, manuscrit 7647, folio 7, Michel à Alphonse Bayle, Sainte-Pélagie, le 26 décembre 1832. Lebreton est chargé par son préfet (lui-même sympathisant saint-simonien) de trouver un rédacteur de même obédience pour le journal local. Il s’adresse à Simon, directeur du Breton, qui transmet la demande à Michel Chevalier. Patriote, il témoigna d’une grande fermeté dans la lutte contre la chouannerie.

51 Il s’agit vraisemblablement de la préparation de Nantes au XIX^e siècle, écrit par Ange Guépin et Eugène Bonamy.

52 Un long article intitulé « Affaire d’Orient » paraît dans L’Ami de la Charte du 22 mars.

53 Le domaine de Grand-Jouan, à Nozay, est une ferme-école dirigée par Jules Rieffel qui est, comme Devay, ancien élève de Roville. L’Ami de la Charte du 15 février consacre un article élogieux à ce domaine.

54 Guépin écrit trois articles intitulés « Le peuple et les arts », le premier le 30 mars et développe l’idée toute saint-simonienne que l’art est un puissant moyen de faire l’éducation du peuple et qu’il a « une puissance moralisante et gouvernementale ». L’article intitulé « Le peuple et les arts, l’orgue industriel » paraît le 6 avril 1833. L’orgue industriel s’oppose à l’orgue des églises et Guépin lui promet un bel avenir : « sa voix mélodieuse descendra sur les cités comme une inspiration divine émanée des cieux pour fêter l’association ». Guépin rédige un autre article dans la série « Le peuple et les arts », qui paraît le 21 avril 1833, et encourage la propagation de la musique chez les ouvriers.

55 L’Ami de la Charte du 2 mars fait allusion à cette lettre de Freslon.

56 La Revue de Bretagne paraît en janvier 1833, à Rennes, chez l’imprimeur-éditeur libéral Marteville ; Souvestre y collabore, elle n’aura que deux ans d’existence. L’article de Guépin n’y apparaît pas, il se trouve en revanche dans La Revue de l’Ouest de Sainte-Hermine (troisième livraison, mars 1833) p. 97. L’Ami de la Charte du 9 janvier 1834 consacre un feuilleton élogieux à la revue. Cette revue paraît en avril 1832 à Bourbon-Vendée puis à Niort ; en janvier 1834 elle fusionne avec La Vouivre, qui cesse de paraître, semble-t-il en décembre 1835.

57 Doublon.

58 Guépin s’est beaucoup intéressé à la reforme du système pénitentiaire, privilégiant la prévention et la réforme plus que la répression ; s’opposant au régime cellulaire, il est partisan de la création de colonies pénitentiaires. Voir son Mémoire sur la réforme pénitentiaire publié en 1839, dans les Annales de la société académique de Nantes (p. 444-464). Guépin admire et soutient l’action de Charles Lucas.

59 Vingt ans plus tard, Guépin reformulera d’une manière un peu moins obscure son explication de la liberté de choisir : « Les organes cérébraux de notre intelligence sont donc une véritable assemblée délibérante chargée de présider aux actes volontaires de la vie. La volonté n’est autre chose que le résultat d’une de ces délibérations qui sont incessantes, que la résultante des forces qui nous entraînent vers une action quelconque ou vers une abstention, que le produit du vote des propensions cérébrales, que le résultat de leur scrutin. L’on me demande d’aller au théâtre entendre d’excellente musique, de là un désir représenté par 2. Un autre désir exprimé par 7 m’arrête à écrire ces lignes et je reste à travailler, retenu par une puissance dont le chiffre 5 est l’expression. Si les votes sont égaux ou presque égaux il y a indécision, la volonté est oscillante », Philosophie du socialisme, op. cit. p. 209.

60 En termes d’économie la société en commandite est, pour les saint-simoniens une association vertueuse qui unit le capitaliste et le producteur, un échange de bons procédés. Enfantin précise « que ce qui distingue le prêteur ordinaire du commanditaire ; c’est que celui-ci est intéressé, dans une certaine proportion, aux bénéfices que l’emprunteur obtient de l’application de son intelligence à l’emploi des capitaux », Le Producteur, tome 1, 1825, p. 147.

61 « nous unit », religieux étant donc pris ici dans son sens étymologique.

62 Jules Bréauté, libraire-éditeur, installé rue de Choiseul à Paris. Ménard a énormément de difficulté à faire publier son premier roman Pen-March, finalement édité en 1834, à Paris, par Moutardier.

63 Ange Guepin, Essais historiques sur les progrès de la ville de Nantes, Nantes, Prosper Sebire, 1832. Il aborde le sujet, p. 290-291, et explique que l’entreprise de Rieffel à Grand-Jouan est en péril car « les fermiers ne faisant que des baux de 9 années, n’ont aucun avantage à confier à la terre leurs capitaux ; certains qu’ils sont de travailler uniquement pour leurs propriétaires, et de n’obtenir un second bail qu’à des conditions plus élevées ». C’est un sujet qui lui tient à cœur et sur lequel il revient souvent.

64 Annuaire statistique, historique et administratif du département du Morbihan, 1833, Vannes, De Lamarzelle. Le texte est signé par Cayot-Délandre, il dénonce les baux à court terme (p. 77-80) et propose que l’on construise un chemin de fer qui suive le cours de canal de Nantes à Brest (p. 95) en précisant « Cette idée, qui ne nous appartient point, mais que nous partageons pleinement, nous paraît mériter l’attention du gouvernement ».

65 Le journal de Brest déjà cité.

66 À cette date deux Chéguillaume sont adjoints au maire de Nantes : Thomas Charles (1795- ?), Nantais, négociant, fabricant de cuirs et son cousin, Mathurin Jean (1772-1857), né à Ancenis, marchand de draps.

67 Ferdinand Favre (1779-1867), de famille protestante, exilée en Suisse après la révocation de l’Édit de Nantes, entrée en France en 1789, manufacturier (indiennes) et négociant. Opposant sous la Restauration, il est nommé maire de Nantes par Louis-Philippe en 1832 et le reste jusqu’en 1848. Élu en avril 1848, représentant de Loire-Inférieure à l’Assemblée constituante, député de 1852 à 1857, sénateur du Second Empire.

68 L’Ami de la Charte du 9 mars publie en première page une lettre des rédacteurs du journal, adressée à « Monsieur Dubois, député de la Loire-Inférieure, inspecteur général de l’Université, destitué pour avoir parlé en patriote contre le maintien des pensions accordées aux chouans ».

69 Il s’agit vraisemblablement de Cazes, professeur au collège, lecteur du Globe.

70 Auguste Laurant, éditeur-libraire à Nantes, a travaillé trois ans chez Mellinet, où il dirige la Librairie Industrielle et le cabinet de lecture, lors de son ouverture, en mars 1829. Il s’agit de la revue La Vouivre. Camille Jalaber publie en 1839, Le dernier janissaire, Yeni-Scherry, édité par Laurant.

71 Il s’agit de Léonce Pelloutier, qui signait ainsi ses articles dans L’Ami de la Charte depuis novembre 1832 (voir L’Ami de la Charte du 4 décembre 1832).

72 Guépin n’aime guère le commissaire. Dans une lettre à Dubois il écrit : « Il faudrait encore un commissaire général de police probe et non pas un repris de justice comme était Le Normand », 18 octobre 1840, BMN, manuscrit 3023.

73 Philippe Beaulieu, avocat, membre résidant de la Société académique de Nantes, républicain, est maire de Sautron, ville située au nord de Nantes.

74 Francesqui [ou Franceschi] est un mouleur installé à Nantes qui a mis au point un procédé de moulage en creux de « chaux hydraulique » ; c’est un ami de Hawke et de Guépin, qui s’intéresse à son travail, il a quelques sympathies saint-simoniennes. Lorsque Charles Duguet se fait recruteur d’ingénieurs pour l’Égypte, Francesqui fait acte de candidature mais réclame des garanties quant à son avenir et son gîte : il ne partira pas. Cette tête de Napoléon « arrangée phrénologiquement » par Guépin sera présentée par Hawke au Jardin des plantes d’Angers. BMN, manuscrit 2940, lettre 244, de Hawke à Guépin du 30 mai 1834.

75 Guépin écrit un article particulièrement élogieux dans Le Breton du 19 mars 1833 sur le journal que vient de créer Édouard Charton, Le Magasin Pittoresque, dont la première livraison sort le 9 février 1833.

76 François Polo aîné, marchand de draps, adjoint au maire de Nantes, nommé par ordonnance royale du 9 mars 1832.

77 Joseph Michel Félicité Vincent Robineau de Bougon, [ainé] (1773- ?). Militaire, colonel de la Garde nationale de Nantes, conseiller municipal de 1831 à 1846, président de la Société industrielle, il est élu en juin 1834 député dans le cinquième arrondissement électoral (Châteaubriant). Il siège dans le Tiers-parti et ne se représente pas en 1837. Une pétition pour protester contre la destitution de Dubois est rédigée par des « patriotes de la Loire-Inférieure, jaloux de manifester hautement leur sympathie pour l’opinion émise à la tribune nationale par M. Dubois » et publiée dans L’Ami de la Charte du 14 mars.

78 Louis Prudent Douillard, architecte.

79 Seuls quelques officiers de la Garde nationale sont promus, Douillard l’est en souvenir de ses services militaires passés et comme responsable de la Garde nationale. Ces rares nominations font des mécontents, mais Le Breton du 28 janvier note « l’empressement que la garde nationale a mis hier à se rendre à la cérémonie de leur réception ».

80 Tous deux viennent de Bordeaux qu’ils ont quitté vers le 15 mars. Ils partent très vite de Nantes pour se rendre en Allemagne, dans le but de visiter les bagnes et d’y prêcher la parole saint-simonienne.

81 Julien Rateau, rédacteur en chef de La Feuille Commerciale et Maritime de Mangin, refusa la médaille de Juillet.

82 Jean de Sainte-Hermine (1809-1870) fonde La Revue de l’Ouest, dont la première livraison sort en avril 1832, à Bourbon-Vendée. Dans Le Breton du 27 septembre 1833 on lit : « La Revue de l’Ouest, seul recueil qui s’occupe de travaux, de recherches historiques relatifs au Bocage et à l’ancienne province du Poitou, sous la direction de M. de Saint-Hermine, jeune littérateur, qui s’acquitte avec talent, zèle et patriotisme de la tâche qu’il s’est imposée. » Secrétaire du préfet de Bourbon-Vendée, il est nommé Conseiller-secrétaire-général de préfecture en avril 1835. Il est admis comme membre correspondant à la Société Académique de Nantes le 7 août 1839.

83 J. Muterse, avocat, est le délégué de l’« Association Républicaine de Bretagne » de Charles Provins, à l’« Association en faveur de la presse républicaine ».

84 Publié, sous ce titre, dans le numéro du 30 mars (éditorial non signé). Guépin n’a pas fait figurer de 1°.

85 Les guinguettes sont des débits de boisson où l’on danse, ce sont des lieux populaires, alors que le bal public ne l’est pas nécessairement. Le bal est un lieu ouvert, où on est admis en payant : dans Nantes au XIX^e siècle, Guépin et Bonamy décrivent le bal comme un loisir des ouvriers aisés. La Grande Chaumière, boulevard du Montparnasse, est alors un bal public parisien très en vogue. L’utilisation des salles de bal pour la tenue de réunions politiques est fréquente, les saint-simoniens et les républicains ne s’en privent pas, quoique la police veille. Guépin raconte que les banquets bretons auxquels il participait, à Paris, « avait lieu dans le principe à la Chaumière ». La Revue de l’Ouest – de Mellinet – du 27 mai 1829 ; les guinguettes s’installent en dehors des barrières de l’octroi, où le vin est moins cher ; à Nantes les guinguettes de la Ville-en-Bois sont réputées.

86 Camille Guibert (1795-1867), avoué à Angers, fait partie de la minorité républicaine à la « Réunion de l’Ouest ». À Angers, il participe à l’activité de la « Société Aide Toi » et fonde une filiale des « Droits de l’homme ». En avril 1833 il organise une collecte pour participer au paiement de l’amende infligée à La Tribune (voir le n° du 26 avril 1833). Membre actif de la Société industrielle d’Angers. Il est en conflit avec un autre républicain très actif à Angers, le docteur Lefrançois.

87 L’Auxiliaire breton, journal politique, judiciaire, industriel et d’annonces du département d’Ille-et-Vilaine et des départements de l’Ouest, journal de Rennes, gouvernemental.

88 Le projet de Constant « d’élever sur le quai, et dans l’axe de la rotonde de la poissonnerie, un monument-fontaine destiné à élever l’eau et à en fournir aux porteurs d’eau et au public » est présenté au conseil municipal du 1^er février 1833, et adopté le 13. Le premier article est publié dans le numéro du 6 avril : « Distribution des eaux à Nantes ».

89 Leur arrivée est annoncée en première page de L’Ami de la Charte du 4 avril.

90 La Vouivre, revue hebdomadaire consacrée à la littérature ; le libraire Auguste Laurant en est l’éditeur, Busseuil l’imprimeur. De périodicité irrégulière il n’a été publié que neuf livraisons, du premier avril à août 1833. L’Ami de la Charte annonce sa parution le 21 avril. Guépin annonce sa participation dans la sixième livraison qui paraît le 6 juin 1833 : « Il est du devoir de tout homme qui désire vivement l’émancipation de ses compatriotes d’y travailler de toutes ses forces. Aucun scrupule d’amour propre ne doit le retenir lorsqu’il pense pouvoir être utile : aussi devez-vous compter sur ma coopération », p. 82-85. Guépin se propose de rédiger des articles consacrés à la science. L’article n’est signé que de ses seules initiales. La revue publie (p. 173) « une lettre écrite par Michel Chevalier à un médecin du midi » intitulée « Races humaines » : il est permis de penser que c’est par l’entremise de Guépin que cette lettre paraît ici.

91 Guépin fait allusion à son propre article : « Les patriotes ne sont pas hostiles au gouvernement mais aux fautes du gouvernement… » paru dans L’Ami de la Charte du 30 mars 1833.

92 L’Industriel, journal du progrès, publié à Verdun de 1832 à 1834, devient L’Industriel de Verdun et cesse de paraître le 15 septembre 1835.

93 L’éditorial du Breton du 12 avril se félicite de la bonne tenue de la « Réunion de l’Ouest » et ajoute : « nous annonçons avec plaisir à nos lecteurs que le résultat de ces séances est tel, qu’il doit satisfaire tous les hommes à la fois amis de l’ordre et des progrès, le but de l’association devant se borner uniquement à des études toutes pacifiques sur les sciences, l’industrie et les beaux-arts dans leurs rapports avec la civilisation. » Le même jour, L’Ami de la Charte publie un article de Mangin d’un tout autre ton : « Nous devons maintenant expliquer avec netteté et précision ce que nous croyons être le but de l’association, c’est-à-dire le progrès. Le point de départ est naturel : c’est à la fois la révolution de juillet, le programme de l’Hôtel de Ville dont la Charte est une conséquence, et la royauté du 7 août avec des institutions républicaines. Or la révolution de juillet, le programme et la charte, et la royauté du 7 août, sont des faits accomplis que nous voulons maintenir, mais dont nous réclamons toutes les conséquences. Nous devons donc présentement nous occuper que de réclamer les institutions républicaines qui nous manquent. »

94 Simon est gérant responsable du Breton.

95 Imprimeur, ancien directeur du Breton.

96 François Joseph Verger (1789-1871). Avocat de formation il se présente comme négociant puis propriétaire ; il entre à la Société académique de Nantes le 5 novembre 1829, préside brièvement la Société industrielle de Nantes (en 1831). À la Société académique, en avril 1834, il présente un mémoire, « Coalition des ouvriers, moyens d’en prévenir le retour », où il affirme que « les coalitions doivent leur naissance à la misère de l’ouvrier ». Il participe à la « Réunion de l’Ouest », où il s’inscrit à la commission de l’industrie. Il est l’auteur des Archives curieuses de la ville de Nantes et des départements de l’Ouest, Nantes, livraisons mensuelles, publiées de 1837 à 1841, constituant cinq volumes.

97 Finalement c’est Ernest Lesourd, l’imprimeur d’Angers, sympathisant saint-simonien, qui a participé à la « Réunion de l’Ouest », qui publie les comptes rendus : Réunion de l’Ouest, procès verbaux des séances des 9 et 10 avril 1833, Angers, 1833.

98 Explication de la religion saint-simonienne, fascicule de 12 pages, 1833, Nantes, Mangin imprimeur, sans nom d’auteur. Rousseau et Massol ont vraisemblablement participé à la rédaction de cet opuscule.

99 La stupidité du policier a frappé Guépin, seize ans plus tard il écrira au commissaire de police : « Si vous envoyez dimanche un agent, île Feydeau, choisissez-le convenablement. L’un des agents de Lenormand avait pris, vous le savez, les ogives pour un mot d’argot qui signifiait la République » (Guy Frambourg, op. cit., p. 231).

100 Indret est une importante manufacture de machines à vapeur pour la Marine nationale, installée à 10 kilomètres en aval de Nantes.

101 Le 14 avril, trois missionnaires saint-simoniens partent en délégation pour Indret, dans l’espoir d’y être embauchés. Ils ont sur place un fidèle ami, Grey, officier de marine. Le général Drouet d’Erlon, commandant de la 12^e division, fait obstacle à cette démarche et Grey est contraint de partir immédiatement pour Brest.

102 La Tribune du samedi 20 avril 1833.

103 Dans Le Journal de Maine et Loire du 21 avril 1833, Freslon et Bordillon écrivent : « Ainsi, quand le domicile d’un citoyen a été indignement violé, sa porte brisée, et sa vieille mère octogénaire et sa jeune femme malade épouvantées par des cris furieux, nous avons regretté que pareilles scènes ne suscitassent de la part du pouvoir ni poursuite, ni blâme ou témoignage public d’improbation, nous avons regretté qu’aucun fonctionnaire ne se soit trouvé là pour arrêter le désordre. » Après cette déclaration les deux journalistes annoncent qu’ils quittent le journal, ce dont L’Ami de la Charte (du 27 avril) les félicite.

104 Économiste, homme politique, érudit, éditeur de l’œuvre de Jérémy Bentham. Chantre du libre-échange, il est envoyé par le gouvernement anglais pour négocier un traité de commerce. Il participe au banquet qui se tient à Nantes pour célébrer la fête du Roi, le 1^er mai.

105 Dans le numéro daté du 1^er mai : « Mission de M. Bowring. »

106 La Feuille Commerciale et Maritime de Nantes, journal publié par Mangin, consacré aux activités portuaires et au commerce en général. L’article paraît dans le numéro du 27 avril, il ne tarit pas d’éloge à l’égard de M. Bowring. Le premier article auquel Guépin fait allusion n’a pas été retrouvé.

107 « Nos deux peuples, si longtemps ennemis et tous deux rassasiés de gloire et de victoires, ont commencé à sentir que les triomphes de la paix sont plus durables, plus bienveillants, plus honorables que les triomphes militaires. La marche des lumières, et plus encore la marche de la liberté, ont créé pour la France et l’Angleterre un avenir solidaire. Représentant de la Grande-Bretagne, j’aime à exprimer publiquement cette pensée, que nous devons nous unir dans l’intérêt de la civilisation de tous les peuples. Nous étions forts séparés, associés, nous pourrons exercer une dictature pacifique », L’Ami de la Charte du 3 mai 1833.

108 François Rives, tanneur, né à Gennes, âgé de trente ans et Claude Ganichon, polisseur de marbre, originaire de Troyes, trente-quatre ans. Ils font partie de la seconde mission saint-simonienne, dirigée par Félix de Lamaillauderie, composée de huit membres ; ils arrivent à Nantes le 29 mars.

109 Finalement ces tableaux de Duchatellier ne seront pas publiés, ils ne figurent pas dans le compte rendu imprimé par Lesourd.

110 La métairie de Rosabonnet, où habite monsieur Heureux, est située sur la commune de Nozay. Le journal est une ancienne mesure de terre.

111 La « deuxième édition revue et augmentée » est pratiquement identique à la première et ne comporte toujours pas de nom d’auteur.

112 Joseph Rey, Statistique des prisons du département de Maine-et-Loire, accompagnée d’observations sur les moyens d’améliorer notre système pénitentiaire, Angers, Le Sourd, 1833. Le Breton du 19 décembre 1833 annonce : « M. Joseph Rey, de Grenoble, conseiller à la Cour royale d’Angers, vient de publier sur l’état des prisons du département de Maine-et-Loire une notice statistique d’un haut intérêt […] il invoque hautement la création des colonies agricoles associées d’après la méthode de M. Fourier comme le seul vrai et efficace préservatif contre la démoralisation croissante des classes nécessiteuses et la rechute des criminels libérés. »

113 Antoine Michel Blache, saint-simonien toulonnais, obtiendra ce poste de professeur d’histoire naturelle et aura l’occasion de sympathiser avec Souvestre lui aussi installé à Brest.

114 Antoine d’Abbadie (1810-1897), explorateur, géographe, naturaliste, spécialiste du magnétisme terrestre. Après avoir manifesté quelques sympathies saint-simoniennes, il part en 1836 au Brésil, puis parcourt pendant plus de dix ans l’Éthiopie et bien d’autres pays. Savants dans de nombreux domaines, auteur prolixe (124 entrées au catalogue de la BnF), il est élu à l’Académie des sciences en 1882.

115 Charles Lucas (1803-1889), originaire de Saint-Brieuc, ancien carbonaro, ami de Dubois, est avocat. Avec Guépin il participe aux banquets des Bretons de Paris. En 1827 alors qu’il participe à la rédaction du Globe, publie un mémoire en faveur de l’abolition de la peine de mort. Il est promu par la monarchie de Juillet inspecteur des prisons. Il combat pour réformer le système pénitentiaire, il est hostile au régime cellulaire et à la loi Tocqueville. Il adhère à la Société phrénologique de Paris, fondée le 14 janvier 1831.

116 Réunion de l’ouest, procès verbaux des séances des 9 et 10 avril 1833, op. cit. Le Breton du 24 mai en annonce la publication en première page et L’Ami de la Charte du 26 mai entreprend de publier les rapports de la commission scientifique, du comité de l’industrie et de l’art.

117 Johan-Christophe Spurzheim (1776-1832), physiologiste allemand, collaborateur de Gall. Pendant ses cours de phrénologie Guépin avait l’habitude d’utiliser une tête de Napoléon, en plâtre, qu’il avait « divisé lui-même d’après Spurzheim », Le Breton du 5 avril 1835.

118 La Vouivre p. 65-67 : « Système de Gall – Tête de Napoléon. » La tête de Napoléon est vendue, passage du Commerce, par Franceschi, 12 francs, « avec l’explication ».

119 Le 16 mai, Lamaillauderie et Bertinet visitent la ferme modèle de Grand Jouan dont le directeur, Jules Rieffel, est un sympathisant saint-simonien. Sur le chemin du retour ils sont menacés et injuriés par une bande d’énergumènes, on leur lance des pierres. Lamaillauderie est légèrement touché, Bertinet l’est plus sérieusement.

120 L’Ami de la Charte du 21 mai, l’article se termine par ses mots : « Ce fait sera pour nous une raison nouvelle d’attaquer sans relâche les légitimistes turbulents, leurs chefs, et les membres du clergé dont l’intolérance passe toutes les bornes. »

121 Le Breton du 21 mai, l’article n’est pas signé. Dans un article plus général, daté du 29 mai (et publié le lendemain) consacré à la liberté des cultes, le journal revient sur l’affaire.

122 Il s’agit de la Feuille d’annonces, littéraire, agricole, industrielle, commerciale des Côtes-du-Nord qui publie, le 18 mai 1833, un article enthousiaste sur la mission en Bretagne de Bowring, qui est passé à Saint-Brieuc le 15 mai. Le 1^er juin, le journal, plutôt patriote, fait paraître une biographie élogieuse de Bowring.

123 L’éditorial du Breton du 30 mai s’intitule « Liberté des cultes » et professe une tolérance totale à l’égard de l’exercice de toutes les religions ou sectes (en reparlant de l’agression des deux saint-simoniens à Nozay) : « Quant à nous, plein de cette conviction que la foi ne s’impose pas, que l’homme n’est pas maître de soumettre son esprit à telle ou telle croyance, nous professons des doctrines de tolérance universelle, et nous déclarons que, sauf le fait de prédications de carrefour, nous reconnaissons à chacun le droit de se livrer publiquement à l’exercice de son culte, et nous voulons qu’il ait pour cet exercice liberté et protection. » L’Ami de la Charte du 21 mai n’y consacre qu’un petit article : « Dans un pays ou la liberté des cultes est un droit fondamental, toutes les religions peuvent y élever des temples, mais les cérémonies ne peuvent être qu’intérieures : malgré la route rétrograde que nous avons suivie depuis la dernière révolution, on ne peut déroger en 1833 aux antécédents de 1831 et 1832. » L’affaire s’envenime (entre les deux titres) à la fin du mois.

124 Personne non identifiée, déchiffrage peut-être incorrect.

125 À cette date Michel Chevalier est toujours incarcéré à Sainte-Pélagie. Il n’est libéré que le 1^er août et le 18 octobre il quitte la France, pour une mission officielle que lui confie Thiers : l’étude des chemins de fer en Amérique du Nord. Sa correspondance avec Guépin ne s’interrompt que quelques mois et Chevalier lui écrit de New York dès la fin décembre 1833.

126 La Loire, journal commercial et maritime de Nantes : le premier numéro est publié le 2 novembre 1832 par l’imprimeur Forest. Sa création est destinée à concurrencer un journal de Mangin : La feuille Commerciale et Maritime, qui assure le financement de L’Ami de la Charte.

127 Le mémoire de Guépin apparaît bien dans le Bulletin de la Société industrielle d’Angers de 1833, p. 44. Il concerne les tarifs des échanges commerciaux avec l’Angleterre. Le mémoire de Guépin a été amputé d’une première partie « purement politique » empreinte du « brulant patriotisme qui anime toutes ses pensées », précise le rapporteur qui présente le texte. Guépin est élu membre correspondant de la Société industrielle d’Angers, le 16 février 1834 sur la proposition de Bordillon et Guillory. C’est l’industriel Pierre Constant Guillory, (Guillory aîné) gendre de Leclerc-Guillory, qui fonde, au début de l’année 1830, la Société industrielle d’Angers et de Maine et Loire, comme celle de Nantes, sur le modèle de celle de Mulhouse.

128 Ces questions ne semblent pas avoir passionné la société savante. Le 6 juin 1833 elle nomme une commission pour y répondre (sans les énumérer) et un an plus tard elle constate que ladite commission soit par « défaut de temps pour répondre à des questions d’une aussi haute importance, soit tout autre motif qu’il ne m’appartient pas d’apprécier » n’a pas encore présenté son travail.

129 Guépin se considère comme un expert en matière de noir animal. Son expertise est reconnue en avril 1834 lorsque le préfet le nomme à une commission chargée de rechercher les moyens de prévenir la fraude du noir animal.

130 Dans sa séance du 6 juin 1833, la Société académique nomme une commission « pour répondre à une suite de questions » adressée par le docteur de Guépin, sans plus de précisions.

131 Les deux saint-simoniens sont pris à partie par la foule en sortant du restaurant, ils ne doivent leur salut qu’à l’intervention de l’armée, et doivent abandonner leur habit saintsimonien pour pouvoir regagner leur hôtel. Le Courrier de la Sarthe du 23 juin 1833.

132 Armand Flachat, selon sa fiche de signalement, a 18 ans et demi ; il est pâtissier et réside habituellement à Saint-Étienne. ADLA 4 M 236.

133 Le premier Congrès scientifique de France se tient à Caen du 20 au 25 juillet 1833 (chronologiquement, donc, après la « Réunion de l’Ouest ») ; c’est l’œuvre de monsieur de Caumont (« correspondant de l’Institut, secrétaire de la société des antiquaires et de la société Linnéenne de Normandie ») qui, s’inspirant de ce qui se fait en Allemagne, décide de réunir, chaque année, dans une ville différente, « tous ceux qui s’occupent des arts, des sciences et des lettres ». Le projet s’oppose au centralisme parisien ; Guépin s’inscrit au congrès mais n’y participe pas.

134 François Arlès (pour manifester son attachement au principe de l’égalité de l’homme et de la femme, à son mariage il accole le nom de sa femme, Dufour, au sien), (1797-1872). Soyeux lyonnais, saint-simonien. Dans Nantes au XIX^e siècle, Guépin écrit : « M. Arlès-Dufour, négociant éclairé et membre de la Chambre de commerce de la ville de Lyon » (p. 298). Rédacteur à L’Écho de la Fabrique, il est un partisan du libre échange et un fidèle allié de Bowring, qu’il reçoit à Lyon, en mai 1832 alors qu’il apporte les souscriptions des Anglais en faveur des victimes de Juillet. Après la dissolution du mouvement saint-simonien et l’exode à Lyon, Arlès-Dufour accueille, à l’automne 1832, les troupes saint-simoniennes. Un an plus tard, en septembre 1833, c’est Enfantin sorti de prison et partant en Orient, qu’il reçoit. Il ne soutient la révolte des canuts ni en 1831 ni en 1834.

135 L’Ami de la Charte du 30 juin publie les questions posées par Guépin à la Société académique. Le même jour le journal consacre un article élogieux à la mission de Bowring, lequel vient de repartir dans son pays. Guépin pose trois questions au sujet de la liberté du commerce : « I. La Société académique approuve-t-elle les marchands de Londres lorsqu’ils proclamaient en 1810 le principe de la liberté d’échange et de la spécialité de production pour chaque pays, et conséquemment les 12 mille propriétaires de vignes du midi lorsqu’ils suivaient cet exemple en 1828 ? II. La Société académique accepterait-elle comme règle sage celle qui se résumerait dans les trois propositions suivantes : 1° Tous les droits doivent être entièrement supprimés, mais cependant d’une manière progressive, sur les matières premières nécessaires à la vie ou propres aux principales opérations industrielles. 2° Ils doivent être considérablement diminués sur les articles étrangers utiles à la vie ou à l’industrie, mais non indispensables. 3° Il est bon, même dans l’intérêt du trésor, qui perd toujours aux droits trop élevés, d’examiner jusqu’à quel point il convient de réduire les droits sur les objets de luxe. III. La société académique croirait-elle pouvoir établir à peu près la classification suivante… » Suit la classification de tous les produits, denrées…

136 L’Ami de la Charte du 30 juin consacre un article à cette affaire : « Les épîtres de Saint-Paul ayant été répandues en grand nombre dans plusieurs communes par des membres de la Société biblique, d’autres, par des disciples de Lamennais, les curés ont ordonné à leurs ouailles de les leur livrer, afin qu’ils pussent brûler ces publications sataniques. On assure que l’un des motifs de cette croisade, contre les épîtres de Saint-Paul, c’est que, dans une brochure saint-simonienne, dont plusieurs milliers ont été vendus aux habitants de nos campagnes, il est fait un grand éloge de l’apôtre chrétien, ce qui l’a tout à fait déconsidéré aux yeux de nos prêtres. »

137 Monsieur de Sainte-Hermine écrit à Guépin que son article est sous presse et « qu’il va commencer le prochain numéro de la revue », ADLA 19 J 12, s. d.

138 Jeune pêcheur breton assis au bord de la mer et jouant avec un crabe, statue en plâtre exposée en 1834 au salon de Paris, remarquée par David d’Angers, et en 1836 au salon de Nantes ; elle est représentée dans Nantes au XIX^e siècle, p. 317. L’œuvre (qui a disparu) est saluée par la critique et le gouvernement, qui octroie à Suc un bloc de marbre pour l’exécution du buste du général Dumoustier.

139 Pitre Athenas, le père (1752-1829). Érudit, inventeur (notamment d’une charrue à défricher), directeur de la Monnaie de 1795 à 1817, il est un des fondateurs de l’Institut Départemental qui deviendra la Société Académique.

140 Pierre Dumoustier (1773-1831), général d’Empire, refuse de servir sous les Bourbons. Le 2 août 1830 on lui confie le commandement de la Garde nationale et le 5, il remplace le général Despinois en fuite. Il est extrêmement populaire et sa mort, le 15 juin 1831, des suites d’une chute de cheval, bouleverse les Nantais. Le buste du général, est exposé au salon de Paris en 1834 (modèle en plâtre). Le buste en marbre est au musée des Beaux-Arts de Nantes.

141 Guépin s’est beaucoup intéressé à l’étude des races, il ne se démarque guère du racisme scientifique qui prévaut alors. Voir ce qu’il écrit à ce sujet dans sa Philosophie du XIX^e siècle et Philosophie du socialisme.

142 L’Ami de la Charte du 8 août publie, en feuilleton, un article de Guépin sur la polarité universelle. Il y annonce sa volonté de rendre la science accessible au plus grand nombre mais ne témoigne guère de talent pédagogique dans cet article. Si Guépin rend hommage à Saint-Simon d’avoir énoncé l’universalité des lois de la pesanteur, il reconnait qu’il a laissé de côté les « affinités et la polarité ». Cette notion de polarité universelle va prendre de l’importance dans les réflexions scientifiques de Guépin et se confondre avec le magnétisme.

143 Le 5 juillet, il est nommé secrétaire des fêtes de Juillet par le Comité central. Le feuilleton de L’Ami de la Charte du 4 juillet contient un article intitulé « Fête de Juillet » qui commence ainsi : « Il est plus important qu’on pourrait le penser au premier abord, de bien choisir les commissaires chargés de régler le cérémonial de notre troisième anniversaire. Ne faut-il pas en effet que la fête de Juillet serve à rallier tous les véritables patriotes ? »

144 Henri Pierre Hassenfratz, né en 1794, fils de Jean Henri, le savant républicain, fervent révolutionnaire, professeur à Polytechnique. Le fils fait des études à l’école d’artillerie de La Flèche, devient officier en 1814, part à l’île Bourbon. De retour en France, devenu conducteur aux Ponts et Chaussées, il habite Nantes. En Juillet il participe aux combats et il sera décoré pour ses faits d’armes. Compte tenu de son passé militaire et de sa bravoure, il est nommé capitaine de la 6^e compagnie du 2^e bataillon de la Garde nationale : il tente alors de réintégrer l’armée. AN F/9/558-559. Sa participation à l’insurrection populaire de Paris des 5 et 6 juin 1832 lui vaut d’être condamné à mort. Finalement déporté au Mont Saint-Michel, il ne cesse de dénoncer les conditions d’incarcération. L’Ami de la Charte (du 14 août 1833) publie dans son feuilleton une lettre collective de protestation, datée du 12 juin, adressée à Thiers, cosignée par Hassenfratz.

145 Fournier, juge de paix, Pensées religieuses, par un saint-simonien, croyant à l’égalité de l’homme et de la femme, Angers, Le Sourd, juillet 1833. Avant d’être juge de paix, Fournier avait exercé la médecine à Montreuil-Bellay. Il exprime son idéal féministe dans une lettre à Michel Chevalier : « J’ai reçu la nouvelle de l’émancipation de la femme avec autant d’admiration que j’avais précédemment reçu celle de l’émancipation du prolétaire. » Fonds Enfantin, mss 7603, lettre de Fournier à Michel Chevaliers, Angers, 23 mars 1832.

146 Le feuilleton de L’Ami de la Charte du 18 juillet contient une « Histoire philosophique de Napoléon » par deux rédacteurs de L’Ami de la Charte. Le même journal publie le 20 juillet la représentation de la nouvelle statue de Napoléon qui doit remplacer celle qui avait été délogée en 1814, sur la colonne Vendôme ; elle est dévoilée le 28 juillet. Le 25 juillet le journal propose qu’on débaptise le cours Henri IV pour lui redonner son nom d’origine : cours Napoléon.

147 « Encyclopédie des Connaissances utiles, six sous le volume de 108 pages, la science mise à la portée de tout le monde par une société de savans, il paraît deux volumes par mois. » Pirolle est directeur-gérant, Paris rue des Grands Augustins. Cette encyclopédie « travaille à l’amélioration morale et intellectuelle de tous les hommes et en particulier de la classe laborieuse » et s’adresse tout particulièrement aux patriotes. Dans une publicité parue dans L’Ami de la Charte du 6 juin 1833, qui énumère ses rédacteurs habituels, on lit « Venez, patriotes de l’Ouest, venez vous réunir à ces nombreux citoyens, dont les opinions franches, indépendantes, sont connues de la France entière ! » Guépin n’apparait pas comme rédacteur de cette encyclopédie qui semble s’être interrompue au 19^e volume, paru en 1837, à la lettre C (dernier mot : constituante).

148 Guépin en donne cette définition dans Philosophie du socialisme : elle « apprécie les facultés de l’homme d’après la forme de sa boîte osseuse. Évidemment la cranioscopie ou craniologie, basée sur une science incertaine ne peut donner que des indications semi-positives ; leur valeur diminue encore quand on tient compte de tout ce qui peut influencer les formes de la boîte cérébrale, cependant elle n’est pas à dédaigner », p. 223.

149 1833, bien entendu.

150 C’est une « commission des toasts » composée de neuf membres (Guépin et Mangin en font partie) qui se réunit le lundi 29 juillet à six heures du matin et décide de l’ordre et du contenu des toasts. Mais le maire et les fonctionnaires contestent l’autorité de la commission et imposent leur choix. La commission s’incline car elle « a cru devoir céder dans l’intérêt de l’ordre public qui doit régner dans notre banquet national », L’Ami de la Charte du 30 juillet.

151 L’Ami de la Charte du 30 juillet écrit qu’il y a beaucoup « d’espions » à Nantes pendant les fêtes, mais n’en fait pas grand cas.

152 Le gouvernement a entrepris de construire des forts autour de Paris (« des forts détachés ») pour assurer la défense de la capitale. Les patriotes contestent leur intérêt stratégique et les dénoncent comme de futures bastilles. L’Ami de la Charte du 1^er août écrit : « Ce qu’il y avait de plus remarquable tant en ville que pendant la promenade militaire et dans le banquet, c’étaient le cri de à bas les forts détachés. » Guépin, lui, a plutôt entendu « à bas les Bastilles » et Favre, le maire, n’a entendu ni l’un ni l’autre, mais des vivat adressés au roi. Il l’écrit à Mangin le 5 août.

153 Le ton de L’Ami de la Charte du 2 août est enflammé et présente la fête comme une manifestation de mise en garde du pouvoir contre toute tentative de remise en cause des acquis de la révolution de Juillet. Quant aux cris proférés, on lit : « En traversant la ville, les cris de vive la liberté ! vive la Charte ! mêlés de quelques cris assez rares de vive le roi retentissaient dans les airs ; on entendait aussi et très distinctement ceux de à bas les carlistes, à bas les chouans, à bas les forts détachés, à bas les bastilles ! Il était tout naturel que l’on proférât ces dernières acclamations, car les citoyens de l’Ouest, n’ignorent pas que si l’on opprime Paris, c’est afin d’être plus heureusement maître de la province. »

154 Le Breton n’a ni vu ni entendu de signes discordants pendant ces festivités : « Un de MM. les présidents des députations a ensuite porté un toast que nous n’avons pu entendre […] Les cris de vive le roi ! vive la liberté ! y ont accueilli la plupart des toasts portés. Le plus grand ordre a régné dans cette immense assemblée, comme partout dans ces belles journées, qui laisseront de durables souvenirs, et qui ont attesté principalement quelle confiance générale rattache notre population au gouvernement de Juillet », Le Breton du 1^er août 1833.

155 Le Pêcheur-Bertrand, architecte à Saint-Brieuc, président de l’Association républicaine pour la liberté individuelle et pour la liberté de la presse des Côtes-du-Nord, membre de la Société des Droits de l’Homme. Il sera nommé maire de Saint-Brieuc en mars 1848. Longlé des Alleux, lui aussi de Saint-Brieuc, est agriculteur et capitaine de la Garde nationale, il est « connu par son instruction et la fermeté de son caractère, est le fils du conventionnel du même nom », L’Ami de la Charte du 2 août 1833. Ils représentent les Côtes-du Nord aux fêtes de Juillet.

156 En pleine « guerre des toasts » (ceux rédigés par la commission, ceux des fonctionnaires et les « toasts privés »), Aubert porte un toast (privé) : « Au 14 juillet 1789 ! A la destruction de la Bastille ! » qui est couvert par un roulement de tambour. Émile Dufeu est nommé conseiller de préfecture en août 1830, promu conseiller de préfecture-secrétaire général en mai 1832, puis sous-préfet de Paimbœuf en 1835.

157 Jean-Marie Vincent Audin (1793-1851), libraire-imprimeur à Paris, quai des Augustins. Il abandonne sa librairie en 1836 et se consacre entièrement à un travail d’historien (histoire de la Réforme) et, sous le pseudonyme de Richard, publie une très abondante collection de Guides du voyageur.

158 Stéphane Mony dit Flachat (1800-1884), saint-simonien, directeur du « degré des industriels », membre du « Collège », participe à la retraite de Ménilmontant. Ingénieur des Mines, il prend part à la construction de la première ligne de chemin de fer pour le transport de voyageurs, la ligne Paris-Saint-Germain, qui entre en exploitation en 1837. Devient directeur des mines de charbon de Commentry puis dirigeant de la société sidérurgique Commentry-Forchambault et député sous Napoléon III. Son demi-frère, Eugène Flachat (1802-1873), est lui aussi ingénieur et saint-simonien, mais peu actif dans le mouvement ; à partir de 1840 il joue un rôle considérable, auprès des frères Pereire, dans la construction des chemins de fer.

159 Le congrès de Caen tient sa première séance le 20 juillet ; deux cents personnes y participent, Guizot en est le président honoraire.

160 Cela témoigne de l’importance de la communauté noire à Nantes. À cette époque, le martiniquais Cyrille Bissette, descendant d’esclaves, est à Paris où il prépare la parution de la Revue des colonies, et s’apprête à fonder la « Société des hommes de couleur », qui demande l’abolition « complète et immédiate de l’esclavage ».

161 Hippolyte Carnot (1801-1888). Saint-simonien, membre du « Collège », il fréquente les milieux républicains et prend les armes le 29 juillet 1830. Il rachète à Marc Antoine Jullien la Revue encyclopédique, qu’il cède ensuite à Pierre Leroux et Jean Reynaud, mais il en reste rédacteur. Au moment du schisme, il suit Bazard.

162 L’Ami de la Charte du 30 août écrit : « Un grand perfectionnement vient d’être introduit dans les machines à vapeur par M. Théodore Bordillon, ingénieur civil à Angers, naguère chargé de la direction des machines à vapeur des bateaux qui faisaient le service entre Nantes et Orléans. Ce perfectionnement consiste dans la solution complète du problème tant de fois incomplètement résolu, de produire immédiatement un mouvement de rotation, c’est-à-dire de supprimer le piston, la bielle et la manivelle, enfin tous les moyens mécaniques qui transformaient le mouvement alternatif de va et vient en un mouvement de rotation. » Théodore Bordillon (1810-1872) est le frère de Grégoire.

163 Dans le manuscrit la date est insérée entre ces deux lignes.

164 Il s’agit d’un dénommé Réveillon, assassin récemment condamné à mort. Le feuilleton de L’Ami de la Charte du 14 septembre reprend cette histoire avec beaucoup plus de modestie. Francesqui, le mouleur, récupéra ce crâne dont il assurait, pour un franc le moulage, pour tous les amateurs qui souhaitaient enrichir leurs collections. Vingt ans plus tard dans sa Philosophie du XIX^e siècle, Guépin se félicite encore de sa perspicacité et donne de nouveaux détails sur le crâne de Réveillon qui ressemblait à celui « des naturels de la Nouvelle-Zélande » : « Sa boîte osseuse était celle d’un carnivore ; elle rappelait le chat, le tigre, le renard », p. 509.

165 Il s’agit des Essais historiques sur les progrès de la ville de Nantes que Guépin a publiés en octobre 1832, où il consacre des pages à l’histoire de la Révolution. Son Histoire de Nantes n’est, elle, publiée qu’en 1839.

166 Le Breton du 22 juillet annonce la publication par Suc, chez Sebire, d’une collection de portraits de célébrités nantaises : les trois premiers parus sont Athenas, Dumoustier et Delaville, ancien régent de la banque de Nantes.

167 Il s’agit vraisemblablement de Louis Joseph Marie Audic, né à Pontivy en 1802, licencié en Droit et en Lettres, qui est alors régent de seconde au collège de Vannes et qui sera nommé inspecteur primaire à Rennes en novembre 1836. La création de l’École normale primaire s’inscrit dans le contexte de la loi de Guizot de 1833 sur l’organisation de l’enseignement primaire : l’article 11 de la loi du 28 juin 1833 oblige chaque département à entretenir (et non à construire) une école normale primaire de garçons. L’école, qui fonctionne avec un financement municipal, s’installe dans un logement de location rue Saint-Léonard, près du Muséum : elle ouvre ses portes le 3 novembre 1834, sous la direction d’Arsène Leloup.

168 Ce qui ne se fera pas.

169 Joseph Gustave Bonnet (1810-1875), polytechnicien, élève à l’École des Ponts et Chaussées dont il démissionne en 1832 pour suivre le Père. Membre du troisième degré, il est rédacteur du Globe. Il prend assez rapidement ses distances avec le mouvement saint-simonien et sera nommé inspecteur général par Napoléon III.

170 La machine à vapeur, innovation considérable, dont les usages sont multiples, est célébrée par la presse saint-simonienne ; Guépin, fasciné par les progrès techniques et scientifiques, reprend à son compte cette célébration.

171 Le docteur Guépin est l’auteur du feuilleton dithyrambique consacré au « sculpteur Suc », paru dans L’Ami de la Charte du 7 septembre 1833.

172 Charles Lucas a un frère, Prosper (1808-1885), condisciple de Guépin, qui vient de soutenir sa thèse de médecine : De l’imitation contagieuse, ou de la propagation sympathique des névroses et des monomanies, Paris, le 28 août 1833. De ce livre, son ami Valentin Solaville écrit à Guépin : « Prosper fait un livre qui lui eut infailliblement préparé un bûcher, avec force eau bénite, au temps où vivait Urbain Grandier », 7 octobre 1834, ADLA 19 J 12. Deux ans plus tôt il avait écrit un ouvrage très engagé politiquement contre le monopole de l’enseignement (De la liberté d’enseignement, Paris 1831). Médecin aliéniste à Bicêtre et à Sainte-Anne, il est l’auteur d’un Traité philosophique et physiologique de l’hérédité naturelle dans les états de santé et de maladie du système nerveux, Paris, 1847-1850, qui lui vaudra la notoriété.

173 Valentin Solaville, correspondant de Guépin. Dans une lettre au docteur il se décrit ainsi : « Ma vie est un singulier mélange d’incompatibilité, un composé burlesque d’agitation mondaine et de religieuse aspiration ! Je me ferais volontiers prêtre de Dieu, si je n’étais par trop livré au culte de sa créature. » ADLA 19J 12, Valentin Solaville à Guépin, 7 octobre 1834.

174 Alors que Rennes possède une Faculté de droit et de lettres, Nantes ne possède (depuis 1808) qu’une École secondaire de médecine, promue École préparatoire le 31 mars 1841. À partir de 1832, le milieu médical nantais essaye d’obtenir l’ouverture d’une faculté de médecine à Nantes, le 6 janvier 1834 le Conseil municipal, sur la proposition de Billault, émet le vœu de la création d’une Faculté de médecine et d’une École de pharmacie.

175 La grève des typographes empêche la sortie de L’Ami de la Charte du 16 septembre. Guépin ne semble pas savoir que l’Association typographique et philanthropique de Nantes s’est constituée le premier septembre et qu’elle est à l’origine de la grève. Dans sa première lettre à Enfantin (s. d., automne 1834) il est plus précis sur son projet : « Je rédige à ce sujet un projet d’association tendant à rendre la propriété des imprimeries sociale, d’individuelle qu’elle est. » Voir la lettre en annexe p. 376.

176 Auguste Chevalier (1809-1868), frère de Michel, normalien (sciences), professeur de physique, saint-simonien, participe à la retraite de Ménilmontant. Il cherche à intégrer l’université et il écrit à Guépin qu’il a sollicité Guizot, dont il n’a qu’à se louer. Guépin lui conseille de passer l’agrégation. Il finira par obtenir un poste à Louis-le-Grand. Il deviendra secrétaire du cabinet de Napoléon III.

177 Le père d’Hippolyte Carnot, Lazare Carnot, surnommé « l’organisateur de la victoire » du fait de son rôle au Comité de Salut public. La ville de Dijon lance une souscription nationale pour lui ériger un monument (dans la ville de Nolay, lieu de sa naissance), L’Ami de la Charte du 17 septembre 1833 s’en fait l’écho, « elle doit rallier tous ceux qui aiment la France ».

178 Le directeur de la Bibliothèque populaire avait sollicité Michel Chevallier pour lui confier la rédaction du Traité d’économie sociale : il refusa faute de temps, c’est son frère, Auguste Chevalier, qui suggère au directeur de la proposer à Guépin. Le traité est publié en mars 1834 : Ange Guepin, Traité d’économie sociale, Paris, Bibliothèque populaire, 1833. Il sort dans une collection qui comptera 120 volumes (format in-12 de 108 pages), dite Bibliothèque populaire ou l’instruction mise à la portée de toutes les intelligences. C’est dans ce traité que Guépin présente un projet d’association des imprimeurs, maîtres et ouvriers, en huit points. Le Breton du 29 mars 1834 annonce la parution du Traité : « Bien que la lucidité de ces traités, la simplicité de leur rédaction, les mettent à la portée de beaucoup d’intelligences, nous croyons cependant que cette publication ne mérite pas complètement le nom de Populaire, et qu’elle serait plus exactement dénommée Bibliothèque bourgeoise. C’est l’œuvre de bourgeois éclairés pour l’instruction de la classe de la bourgeoisie. » L’Ami de la Charte du 14 janvier 1834, dans son feuilleton, en annonce la parution prochaine et, pour sa sortie, y consacre un feuilleton dithyrambique (18 avril). L’ouvrage est très rapidement épuisé (fin août), une nouvelle édition paraît en 1835. À noter que pour Guépin économie politique ou économie sociale sont deux expressions synonymes.

179 François Julien Frédéric Huette (1790-1871), opticien, directeur de l’observatoire de Nantes installé sur une maison de la place Graslin. En 1833 il soumet au conseil municipal la proposition d’un musée industriel, commercial et maritime qui s’installe, en juillet 1834, près de l’École primaire supérieure, l’accès étant réservé à ses étudiants. Guépin avait quant à lui proposé à la Société académique « d’établir dans le palais de la Bourse un Musée commercial, offrant des collections complètes de tous les produits exotiques, et d’y joindre des cours qui formeraient une éducation complète pour les jeunes gens qui se destinent au commerce » (séance du 1^er décembre 1831).

180 « Du Manifeste de la Société des Droits de l’Homme » paraît dans L’Ami de la Charte du 1^er novembre. Guépin s’exprime après la parution de ce Manifeste dans La Tribune du 23 octobre. Sa critique est très mesurée et son principal grief vise le projet de la SDH de « de subalternis[er] la souveraineté de la raison à la souveraineté du peuple ». Murois est un des saint-simoniens qui accompagnent Félix de La Maillauderie et qui arrivent à Nantes le 29 mars 1833. Nous ne savons rien sur son compte.

181 Jules Lechevalier (1806-1862) joue un rôle important dans le mouvement saint-simonien, qu’il quitte au moment du schisme. C’est Victor Considérant, son condisciple de Polytechnique, qui le convertit au fouriérisme. Jules Lechevalier ambitionne la chaire d’Économie politique du Collège de France, rendue vacante par le décès de son titulaire, Jean Baptiste Say, en novembre 1832 (la chaire reviendra à Pellegrino Rossi auquel succéda… Michel Chevalier en 1840). C’est dans ce contexte qu’il entreprend de se faire connaître en organisant des tournées en province, où il fait des cours d’économie politique. Invité par Simon, il vient à Nantes faire une série de douze cours « de sciences sociales ou d’économie politique ». Le Breton s’était résolument engagé dans le soutien de sa candidature au Collège de France en consacrant son feuilleton du 23 mai 1833 au Programme d’un cours d’Économie Générale, que vient tout juste de publier Lechevalier, comme titre de candidature à la chaire d’Économie politique. Simon ne lésine pas sur les moyens pour informer ses lecteurs de la venue à Nantes de Lechevalier. Les cours commencent le 29 novembre : dès le 21 les lecteurs du Breton sont informés du programme, du lieu, de l’heure ; les deux premiers cours se passent à la mairie, les suivants dans le local de la Société industrielle.

182 Si Le Breton du 21 novembre annonce en termes très élogieux le cours d’économie politique de Jules Lechevalier, L’Ami de la Charte est nettement plus sobre : « M. Jules Le Chevallier doit commencer à Nantes la semaine prochaine un cours de science sociale […] Nous engageons ceux de nos compatriotes qui désirent connaître les théories de Fourier, dont M. Jules Le Chevallier expose les solutions avec un talent très remarquable, à profiter de cette occasion. » Dans sa première lettre à Enfantin (s. d., automne 1834), Guépin livre le fond de sa pensée : « Jules Lechevallier vient à Nantes faire du fouriérisme, à ce sujet je fais observer que pour un membre du Collège, Jules n’est guère fort, que ce n’est pas un meneur d’hommes et qu’il n’a pas assez d’amour dans le cœur pour être un prêcheur d’hommes » (voir la lettre en annexe p. 376). Simon qui a rencontré Lechevalier, s’enthousiasme pour le projet de phalanstère de Condé-sur-Vesgre et participe à son financement. L’engouement de Simon pour Lechevalier explique sûrement sa susceptibilité et ses reproches pas vraiment justifiés à l’encontre de Guépin pour la manière dont il a annoncé le cours dans L’Ami de la Charte.

183 L’Ami de la Charte du 1^er décembre écrit : « Monsieur Chevallier a fait hier sa première leçon ; elle a été très fructueuse, et le public l’a écouté dans un profond silence, 150 personnes au moins. » La critique, sur le fond, est très mesurée.

184 Le Phalanstère : journal pour la fondation d’une phalange agricole et manufacturière, associée en travaux et en ménage. Le journal de Fourier paraît du 1^er juin au 30 août 1832. Jules Lechevalier en était rédacteur.

185 Émile Pereire (1800-1875) et Isaac (1805-1880). Saint-simoniens, les frères Pereire prennent leur distance au moment du schisme. Le National paraît du 3 janvier 1830 au 2 décembre 1851. Il est fondé par Thiers, Mignet et Carrel, ce dernier reste seul rédacteur en chef après la Révolution de Juillet. Émile Pereire publie en 1830 un très grand nombre d’articles dans Le National. En 1835 les frères Pereire obtiennent la concession de la ligne de chemin de fer Paris-Saint-Germain.

186 Colette Aché.

187 Paul Rochette (1805-1889), saint-simonien. En 1828 il est répétiteur de rhétorique au lycée de Rouen. Il participe à la rédaction du Globe, puis entre à Ménilmontant, comme « acolyte », y tient la bibliothèque, fait la cuisine et sert de secrétaire à Enfantin pendant son emprisonnement. C’est notamment lui qui réceptionne le courrier pour qu’il échappe à la surveillance exercée à Sainte-Pélagie. Il mène une carrière de journaliste. Lorsqu’au printemps 1833 Souvestre quitte la direction du Finistère, Michel Chevalier propose à Guépin que Rochette le remplace (Fonds Enfantin, manuscrit 7647, folio 64, Chevalier à Guépin, le 22 mars 1833). Il ne semble pas que cela se fasse. En 1833 Paul Rochette écrit dans L’Artiste et dans le Siècle ; en 1834 il devient rédacteur en chef du Journal du Haut et du Bas-Rhin.

188 À la séance du 5 décembre.

189 Le 6 février 1834, Guépin propose à la Société académique de publier un Annuaire statistique du département qui devra être « le tableau des sciences, des arts et de l’industrie de la Loire-Inférieure, et de leurs applications locales ».

190 Guépin ne publiera qu’en 1854 l’ouvrage auquel il pense : Philosophie du XIX^e siècle, étude encyclopédique sur le monde et l’humanité, Paris, G. Sandré.

191 Guépin fait vraisemblablement allusion à la « Société philanthropique des ouvriers tailleurs de Nantes », qui se crée en octobre 1833, et qui est à l’origine de la grève des tailleurs nantais qui commence le 12 octobre. L’Ami de la Charte attend le 5 décembre pour parler de cette grève et la condamner sévèrement.

192 L’Ami de la Charte du 7 décembre 1833 publie ce très long rapport de la Chambre de commerce de Lyon sans aucun commentaire et la Feuille Commerciale l’annonce dans son numéro du 30 novembre. Dans les deux cas, le nom d’Arlès-Dufour n’apparaît pas : on parle d’une lettre de Lyon, écrite par « l’un des négociants les plus instruits et les plus recommandables de cette ville ».

193 Le buste de Guépin, en plâtre, est présenté au salon de Paris en 1834 ; le buste en marbre, réalisé en 1836, est au musée des Beaux-Arts de Nantes.

194 Reproduction du manuscrit.

195 Victor Le Moign, neveu de Guépin, qui participe à l’épopée du noir animal.

196 Charles Lemonnier (1806-1891), saint-simonien, philosophe et avocat. Directeur de La France Méridionale de Toulouse. Avocat pendant douze ans à Bordeaux, il est rédacteur du journal de Bordeaux La Gironde (revue mensuelle des sciences et des arts) en 1835 et 1836. Il devient chef du contentieux au chemin de fer du Nord et travaille au Crédit Mobilier. Il contribue avec Guépin et Léon Brothier à la création de la Revue philosophique et religieuse. Ami de Guépin, ils restèrent toujours très proches. Lorsqu’en 1867 Lemonnier participe à la création de la « Ligue internationale de la paix par la liberté », Guépin y adhère avec enthousiasme.

197 Henri Richelot, qui est professeur d’histoire et géographie à l’École primaire supérieure qu’il a contribué à créer, est passionné de phrénologie. Rédacteur au Breton et à La Revue du Breton, il est membre de la Société académique de Nantes et de la Société industrielle. Il devient professeur au collège Chaptal à Paris. Économiste de renom, auteur de nombreux ouvrages, il connaît bien Michel Chevalier avec qui il reste en relation.

198 Charles Lemonnier est nommé secrétaire de la troisième section, Sciences Sociales, au congrès de Toulouse qui se tient du 15 au 23 mai 1835. Le congrès de Toulouse ou « Congrès méridional » ne fait pas partie des Congrès scientifiques de France, c’est un évènement annuel qui se tient à Toulouse. Ses organisateurs, dans une déclaration préalable, ont pris soin de déclarer que le congrès ne sera pas une assemblée politique. Sa proximité avec le congrès de Poitiers qui se déroule du 7 au 16 septembre 1834 explique son peu de succès et Guépin n’y participe pas.

199 Monsieur Léonce de Lavergne, de l’Académie de jeux floraux, est élu secrétaire général du congrès de Toulouse.

200 Rapports et discussions de l’Académie royale de médecine sur le magnétisme animal, recueillis par un sténographe, et publiés avec des notes explicatives par M. P. Foissac, imprimerie de Pihan Delaforest, Paris, chez J. B. Baillière, 1833. Cet ouvrage sert de référence à C. G. Simon, du Breton, dans le mémoire sur le magnétisme animal qu’il présente au congrès de Poitiers, Guépin exprimant, lui, quelques réserves.

201 Le docteur Guépin s’intéresse à l’homéopathie. Il est l’auteur de l’article « De la médecine homéopathique » que publie L’Ami de la Charte du 22 décembre, long article très pédagogique.

202 Julien Marie Danielo (1800-1866), historien, proche de Chateaubriand, entreprend de publier chaque mois une Histoire de toutes les villes de France. Le Breton du 8 février 1834 note que M. Daniélo « est à Nantes en ce moment, où il s’occupe de recueillir les documents nécessaires à l’histoire de notre cité ». Seules les deux premières livraisons consacrées à la Province de Champagne, contenant l’histoire de la Gaule Belgique et de Reims seront publiées, en avril 1833. Dans sa première lettre à Enfantin (s. d., automne 1834), Guépin écrit : « Je cherche à convertir Daniélo. » Voir la lettre en annexe p. 376.

203 Jean-Pierre Ouvrard (1786-1866), professeur d’anatomie et de clinique chirurgicale à l’École secondaire de médecine d’Angers. C’est le docteur Guépin qui lui a fait connaître l’homéopathie. Ouvrard lui annonce la guérison de deux cholériques (BMN, manuscrit 2940, lettre 93, s. d.), ce que s’empresse d’annoncer Guépin dans le feuilleton de L’Ami de la Charte du 1^er février 1834 : « M. Ouvrard, d’Angers, professeur à l’école secondaire de cette ville, vient d’obtenir de beaux succès dans le traitement du choléra, en suivant la méthode homéopathique qui gagne chaque jour de nouveaux partisans. » Guépin fait également la publicité pour le Journal de la Médecine Homéopathique, publié par deux anciens saint-simoniens, les docteurs Simon et Paul Curie, et dont le premier numéro sort le 1^er décembre 1833. Pendant son séjour à Angers Guépin et Ouvrard débattront, avec d’autres collègues, des problèmes que pose l’homéopathie.

204 Le Magasin Pittoresque (1835, troisième année, page 208) publie l’article (non signé et parfois attribué à Souvestre) avec le dessin de Suc gravé par l’atelier Andrew Best Leloir. Guépin reprend à son compte les travaux de W. F. Edwards (Des caractères physiologiques des races humaines considérés dans leurs rapports avec l’histoire, 1829) et cette idée de permanence physiologique de la race, qui permet de distinguer aujourd’hui encore les Kimris des Gall. Il reprend des éléments de cet article dans son Nantes au XIX^e siècle (p. 118 à 120) qui paraît l’année suivante, et reparle des Kimris, page 385, dans sa Philosophie du XIX^e siècle. Le mot est orthographié soit avec un I soit avec un Y (Kimry).

205 Le 25 janvier 1834, une loi soumet à autorisation préalable « la profession de crieur, vendeur ou distributeur sur la voie publique, d’écrits ». Le 31 janvier, les typographes de Nantes rédigent une pétition qu’ils adressent à la Chambre des députés pour dénoncer cette loi. Le Breton et L’Ami de la Charte du 4 février publient ce texte. Une campagne de pétitions adressée à la Chambre des députés, pour la réforme électorale et le vote universel, rencontre un grand succès. Dans sa séance du 8 février, l’assemblée refuse le débat qui n’est pas inscrit à l’ordre du jour.

206 Le Breton du 9 mars 1834 s’insurge, dans son éditorial, contre le projet de loi contre les associations, « bien que nous condamnions de toutes nos forces les sociétés factieuses contre lesquelles la loi est spécialement dirigée ».

207 Histoire du peuple en France, fascicule de quatre pages, hebdomadaire, dont la première livraison sort le 1^er février 1834 (50 numéros sont prévus, dix verront le jour). Henri Cavel est un ancien saint-simonien qui s’était fait exclure (par Enfantin) de la retraite de Ménilmontant pour immoralisme (il avait séduit Annette Flachat) ; il a été rédacteur du Globe. Il est l’éditeur-libraire de cette revue dont les articles ne sont pas signés. Le 10 janvier, Auguste Chevalier avait envoyé à Guépin une lettre de chaudes recommandations pour cette publication qui ambitionne de décrire les différentes « races [qui] ont peuplé notre beau pays » et commence par les Gaulois. BMN, manuscrit 2940, n^o 178. Le 14 février L’Ami de la Charte annonce « que les deux premières livraisons de l’Histoire du Peuple Français ont paru ; elles sont rédigées avec science et talent, aussi ne saurions nous trop encourager cette publication patriotique de M. Cavel qui le vend à trois sous chez tous les libraires ».

208 Il s’agit d’une brochure de 12 pages, sans date ni nom d’auteur, intitulé Dernier cri de la presse populaire, avec un en-tête : Association Républicaine de l’Ouest. La Société des Droits de l’Homme aux Nantais. Le texte est très radical, prône la révolution et l’instauration d’un gouvernement républicain. L’Ami de la Charte du 21 février note que « les républicains ont continué à vendre leurs imprimés et toujours le nombre des acheteurs était supérieur à celui des exemplaires ». Il faut attendre le 28 février pour que Mangin écrive qu’il s’agit de la brochure de la Société des Droits de l’Homme et qu’il s’en est vendu plus de huit mille exemplaires. Un journal parisien l’avait devancé.

209 Le Conseil Général des Côtes-du-Nord ayant le projet d’ériger un monument à la gloire de Duguesclin sur son lieu de naissance, au château de Lamotte-Broons, près de Saint-Brieuc, Suc fait ses offres de services qu’appuient Guépin en écrivant à une de ses relations, M. Habasque, président du tribunal de Saint Brieuc et promoteur du projet. Le préfet répond qu’il ne s’agit que d’une simple colonne de marbre. BMN, manuscrit 2940, 1^er mars 1834. L’emploi du mot « tombeau » par Guépin doit être un lapsus.

210 À la fin de l’année 1833 la vie de Stéphane Flachat subit des bouleversements : à la suite de conflits familiaux, il intente une action pour changer de nom, et à partir de 1835 il s’appelle Mony (du nom de sa mère) ; il est poursuivi par des créanciers. Sur le plan professionnel, il rejoint l’équipe d’ingénieurs qui participent au projet des frères Pereire, la construction du premier chemin de fer pour voyageurs, la ligne Paris-Saint-Germain-en-Laye.

211 Dans le feuilleton du supplément de L’Ami de la Charte du 18 mars. Guépin fait une relation enthousiaste de son séjour de trois jours à Angers : il est rasséréné et réconforté par l’unité de vue avec ses amis angevins sur tous les grands problèmes. Il a rencontré, comme prévu, le docteur Ouvrard et quelques-uns de ses collègues ; ils ont discuté de l’homéopathie mais « de graves débats se sont élevés entre ces messieurs ».

212 Dans sa première lettre à Enfantin (s. d., automne 1834), Guépin écrit : « Je vais à Angers, deux réunions ont lieu à mon sujet, nous y discutons les plus hautes questions de politique, il y a là des juste-milieu en grand nombre à ces deux réunions, dont l’une chez Freslon avocat, l’autre chez Leclerc-Guillory, négociant qui possède 1 800 000 f. » Voir la lettre en annexe p. 376.

213 Un blanc dans le texte, il s’agit du 13 avril. Guépin n’écrit pas un mot sur la manifestation républicaine du dimanche 30 mars, qui a réuni plus de 500 personnes d’après le journal de Mangin (1^er et 3 avril). À la fin d’un banquet d’ouvriers, réunissant une centaine de personnes, s’organise une manifestation qui parcourt la ville en criant « Vive la république ! à bas la loi des associations ! » L’insurrection, à Lyon, commence le 9 avril.

214 Selon Le Breton du 15 avril la prestation de serment ne concerne que les jeunes soldats incorporés depuis la dernière revue.

215 Jean Charles Persil (1785-1870), député d’opposition. En juin 1830 il s’oppose aux ordonnances. Procureur général après Juillet, il pourchasse sans relâche les journaux républicains et se montre acharné à maintenir l’ordre. Le 4 avril 1834 il est nommé ministre de la Justice et des Cultes dans le premier ministère Soult.

216 L’Ami de la Charte, dans son supplément du 15 avril, relate les événements d’une manière très semblable. Guépin est vraisemblablement l’auteur de l’article.

217 Alys (ou Athys) Pouponneau, avoué, républicain, président de la Société des Droits de l’Homme de Nantes.

218 Un blanc dans le manuscrit.

219 Mangin n’en souffle mot dans son journal. Le numéro du 15 avril de L’Ami de la Charte remet en cause, à juste titre, une dépêche télégraphique du 13 avril, qui assure que l’ordre règne à Lyon et Paris. On ne lui pardonne pas cette incartade et le 17 avril, la Chambre de commerce lui retire son titre d’imprimeur de ladite Chambre. La sanction économique est sévère. Mangin ne dénonce cette affaire que le 3 août.

220 Non identifié : il ne s’agit pas de l’ingénieur fouriériste Émile Allard qui s’occupe de la comptabilité de la boulangerie sociétaire.

221 Le Breton couvre habituellement l’actualité à partir de la presse parisienne ou locale, de sa Correspondance de presse à Paris et des dépêches télégraphiques. Pour rendre compte des événements de Paris, le journal daté du 17 avril publie deux longues lettres, datées du 14 avril (le jour du massacre de la rue Transnonain) et sans signature. C’est le récit d’un témoin oculaire (Dubois en l’occurrence) de la répression des événements parisiens, Dubois prend sans retenue le parti du pouvoir et approuve la terrible répression. Le lendemain Le Breton publie, dans les mêmes conditions, une lettre datée du 15 qui célèbre la victoire du pouvoir et désigne les coupables : « Comme il était naturel de le supposer, cette folie sanglante a été inspirée à la partie la plus ardente de la Société des Droits de l’Homme par le désir tenir le gouvernement en échec, d’empêcher le renvoi de renforts à Lyon, d’inspirer courage aux insurgés de cette ville, et de répandre partout en France un ferment de révolte et l’espoir du succès. » Dubois fournissait régulièrement des articles (jamais signés) au Breton par l’intermédiaire de Mellinet.

222 Guérin-Doudet, négociant, est nommé président du Conseil d’arrondissement de Nantes le 9 janvier 1833. L’Ami de la Charte du jour écrit de lui « l’une des lumières du commerce que nous espérons voir un jour figurer avec avantage à la Chambre des députés ».

223 François Jacques Guy Faverot de Kerbrec’h (1773-1853). Volontaire de 1792, se distingue dans les campagnes d’Italie et du Rhin, devient baron de l’Empire. Le 30 septembre 1831, il prend le commandement du Morbihan, en remplacement du général Janin et termine sa carrière militaire en 1834.

224 « des choses » : lecture incertaine.

225 Lettre de Guépin à Enfantin (s. d. automne 1834) : « Simon, le gérant du Breton, fait des dénonciations, il dénonce deux fois la même personne à mon beau-père, qui est adjoint à la mairie, pour la faire destituer : je lui donne sur les doigts, je publie ce fait et j’essaye à relever le moral des républicains en leur montrant la route qu’ils ont à suivre. » Voir la lettre en annexe p. 376.

226 L’essentiel de l’activité médicale de Guépin est consacrée à l’ophtalmologie dès 1830-1832. En 1834, il pratique dix-sept opérations de la cataracte en utilisant différentes techniques. Il expose à la séance du 9 mai 1834 les modifications qu’il a apportées à un instrument d’un médecin de Bordeaux pour opérer la cataracte. La lecture du rapport (ASAN 1835, p. 181) ne permet pas de retrouver l’approbation de la société savante ; quelques mois plus tard le docteur Guépin reconnaît d’ailleurs les faiblesses de sa technique (ASAN 1835, p. 311).

227 Pierre François Leclerc-Guillory (1789-1858), industriel angevin, créateur d’une entreprise de textile associant les fibres de lin et de chanvre. Il gravite dans le milieu saint-simonien d’Angers, sans beaucoup de conviction. Guépin semble impressionné par sa fortune, il annote une lettre qu’il reçoit de Leclerc-Guillory : « Millionnaire éclairé mais timide. »

228 Le docteur Guépin est élu capitaine au deuxième bataillon d’infanterie, dans la cinquième compagnie, le 13 mai. Les officiers supérieurs de la Garde nationale sont choisis par le roi, sur une liste de 10 candidats élus par les officiers. Le 10 juin Robineau de Bougon est reconduit comme colonel et Douillard au grade de lieutenant colonel.

229 Cuvier souhaitait étudier un tapir venu d’Inde. Le capitaine Salaün, parti à sa recherche, en captura un à Sumatra et le ramena vif, à Nantes, sur son navire Le Melayo, fin mars (Le Breton du 30 mars 1834). L’animal est exposé à la curiosité du public (prix d’entrée 50 centimes), place Bretagne. Salaün négociait son transfert au Muséum, lorsque l’animal meurt. Le Magasin Pittoresque (deuxième année, 1834, p. 215-216) qui publie une illustration de l’animal, raconte l’issue affligeante de l’affaire : « Une portion de ses dépouilles est arrivée au Muséum, mais dans un état si incomplet et si détérioré, que la curiosité et le talent d’observation de nos savans zoologues et anatomistes ne pourront être que très imparfaitement satisfaits. »

230 Il s’agit de Grégoire Bordillon. L’Ami de la Charte du 1^er mai annonce la publication prochaine des Quatre processions ou Angers en 1770, 1790, 1810, 1830 : « Tel est le titre d’une brochure extrêmement originale et pleine de philosophie, que M. Lesourd, d’Angers, doit publier à la fin de mai, et dont l’auteur est M. Bordillon aîné, d’Angers. »

231 Un blanc dans le texte et la forme des grêlons n’apparaît pas non plus dans le manuscrit. L’orage s’est produit dans la soirée du vendredi 23 mai, et Le Breton du 25 parle de grêlons « de dimensions extraordinaires » dont « la grosseur moyenne était celle d’une noisette », et L’Ami de la Charte du même jour les a vus « sans exagération » de la grosseur « d’un œuf ordinaire ».

232 Il s’agit de renouveler la Chambre des députés, le scrutin commence le 22 juin.

233 Dubois, député sortant est réélu, au deuxième tour, dans le premier arrondissement électoral de Nantes.

234 Evariste Jean-Marie Colombel (1813-1856), fils du président du tribunal civil de Nantes, Hyacinthe Colombel. Il fait des études de droit à Rennes, puis à Paris. Docteur en droit en 1836, il s’inscrit au Barreau de Nantes dont il devient le bâtonnier de l’Ordre. Il mène une carrière prestigieuse d’avocat. En 1843, il est élu conseiller municipal et nommé par le roi adjoint au maire ; il élu député de Paimbœuf en 1846, et devient, en 1848, le premier maire de Nantes élu au suffrage universel ; il fait partie du Conseil général pendant plusieurs années.

235 Il se présente finalement dans le troisième arrondissement électoral (Pont-Rousseau), où il est battu et n’obtient que 30 voix sur 237 votants.

236 Varsavaux, candidat ministériel est battu à Savenay (7^e arrondissement). Le candidat des patriotes, également battu, était Méresse, le maire de Guérande. Chaillou, député sortant, est battu dans le deuxième arrondissement électoral (Halle aux toiles), il obtient 111 voix sur 413 votants. Au deuxième tour, c’est François Bignon, négociant, qui est élu. Évariste Colombel, activement soutenu par Le Breton, est battu dans le troisième arrondissement électoral (Pont-Rousseau), il n’obtient que 45 voix sur 237 votants.

237 L’Hermine est le nouveau journal légitimiste de Nantes, le premier numéro sort le 6 avril 1834.

238 L’Hermine éreinte Dubois, le 22 juin le journal consacre deux de ses trois colonnes de la première page à un article particulièrement virulent contre sa candidature.

239 Sa fureur transparaît dans la lettre qu’il adresse à Mangin et que publie L’Ami de la Charte du 3 juillet. Son père étant président du tribunal de Nantes, on peut imaginer qu’il puisse aider son fils pour cette basse manœuvre.

240 Guépin fait de la publicité dans le feuilleton de L’Ami de la Charte du 21 juin pour le dernier ouvrage de Stéphane Flachat : L’industrie française (en fait : L’Industrie. Exposition de 1834, Paris, L. Tenré, 1834). Il présente également un ouvrage de Ribes et donne une critique élogieuse des Quatre souffrances de Souvestre. De façon inhabituelle le feuilleton est signé : A. G…

241 François Ribes [dit Ribes jeune] (1798-1864). Il soutient sa thèse à Montpellier en 1824. En 1828, il vient quelques mois à Paris où il devient saint-simonien et se lie d’une amitié durable avec Enfantin. De retour à Montpellier, il est agrégé en 1828 et nommé professeur d’hygiène à la faculté de médecine. Membre de la Société phrénologique de Paris. Guépin entretient des relations privilégiées avec le professeur de Montpellier et se fait le propagandiste de sa doctrine médicale de la vie universelle.

242 Jérémie Babinet (1797-1855), magistrat, se définit lui-même comme « Président démissionnaire du Tribunal civil des Sables d’Olonne, 9 août 1830 ». Candidat légitimiste à Poitiers en 1834 et 1837. Il participe au Congrès de Poitiers.

243 Le congrès de Poitiers s’ouvre le 7 septembre : Verger, Simon et Guépin y participent.

244 L’Ami de la Charte du 24 juin et Le Breton du 26 rapportent que dans la dernière séance de la Société académique, le docteur Guépin a exposé un procédé de lithographie, plus économique, en utilisant une plaque de zinc (les pierres à lithographier coûtent très cher). Guépin a lu dans les journaux que la méthode est employée en Allemagne. Il expose le procédé à la Société académique le 5 juin 1834. Annales de la Société Académique 1834, p. 280.

245 Adrien Népomucène Dembour (1799-1887), Description d’un nouveau procédé de gravure en relief sur cuivre dite ectypographie métallique, inventé par A. Dembour, Metz, imprimerie de S. Lamort, 1834.

246 Nantes au XIX^e siècle, coécrit avec Bonamy, est publié le 4 juillet 1835.

247 La concurrence est rude pour le traitement de la cataracte : un traitement médical existe et est proposé par des médecins parisiens de passage à Nantes, qui font de la publicité dans la presse locale (voir L’Ami de la Charte du 31 janvier 1834). Les docteurs Pellerin et Legouais seront admis à la section de médecine de la Société Académique le 25 juillet 1835.

248 L’attentat de Fieschi a lieu le 28 juillet. La dépêche télégraphique arrive à Nantes le 29 juillet à midi, datée de Paris, du 28 juillet, 14 heures (délai anormalement long).

249 Raspail, invité à Nantes par Léonce Pelloutier, vient pour participer au banquet populaire du 30 juillet. Il est arrêté le 29 au soir à La Seilleraie, près de Nantes.

250 Le gouvernement interdit la tenue des banquets populaires « qui serait une insulte à la douleur générale ». Le banquet, auquel 1 800 personnes avaient souscrit, est organisé par une dizaine de commissaires, dont Guépin ne fait pas partie, et à forte représentation républicaine (Mangin, Rocher, Pelloutier, Bouëdron et Pouponneau y jouent un rôle prépondérant). Le banquet doit se tenir sur le cours Henri IV, le 30, à partir de 16 heures. L’interdiction arrive en plein milieu des préparatifs, le 29, à 19 heures. Refus des commissaires, qui décident de se réunir le lendemain matin, à 5 heures en assemblée générale. À 6 heures un représentant de la mairie leur confirme l’interdiction, à 8 heures un « garde ville » leur demande d’obtempérer. À 9 heures, Guépin, accompagné d’Ernest Ménard vient témoigner sa solidarité aux commissaires toujours réunis, qui décident de ne partir que sous la contrainte. La Garde nationale et l’armée interviennent alors pour faire évacuer, dans le calme, le cours Henri IV. Dans ce contexte, la revue militaire, qui elle n’a pas été supprimée, ne suscite pas l’enthousiasme populaire.

251 L’Hermine réagit avec violence aux insinuations de L’Ami de la Charte qui tentent de faire passer Fieschi pour un légitimiste : « Serait-il vrai, comme le bruit en a été assez accrédité à Nantes, que MM. Raspail, Audry-de-Puyraveau et Michel (de Bourges) ne venaient présider le banquet patriotique que pour proclamer leur république ? Serait-il vrai par conséquent, qu’eux et leurs amis auraient eu une connaissance anticipée de l’attentat, puisqu’ils prenaient leur disposition à l’avance ? », L’Hermine du 11 août.

252 François Marie Alexandre Hamelin, installé comme relieur à Rennes, dépose en 1821 une demande de brevet de libraire qui ne sera acceptée qu’en 1828 compte tenu de son passé pendant la Révolution (Fédéré et acquéreur de domaines nationaux). Il est républicain, très proche de Charles Provins, très actif au sein de l’« Association républicaine de l’Ouest ».

253 Charles Provins, avocat au barreau de Rennes, fonde dans cette ville, vers le mois de mai 1833, l’« Association républicaine de l’Ouest », qui s’affilie à la Société des Droits de l’Homme tout en gardant son appellation.

254 Ce n’est pas réciproque. Le feuilleton du Réformateur du 6 août 1834, repris par L’Ami de la Charte du 14, fait paraître une relation, par Raspail, de son arrestation. Il décrit ainsi Lenormand : « Le commissaire-empoigneur se nomme Lenormand, c’est je crois, celui qui a, un moment, appartenu à la société des Amis du peuple, d’où on l’a mis à la porte, comme agent occulte d’une police dont il est devenu aujourd’hui magistrat. »

255 « pointus » : lecture incertaine.

256 À la nouvelle de l’attentat, le conseil municipal se réunit et le maire propose « une adresse au roi ». Polo tient alors à un discours enflammé et propose qu’on se sépare de tous les hommes opposés au gouvernement. Finalement, c’est un texte proposé par Mellinet qui sera adopté.

257 Henri Richelot est un ami de Mellinet et Simon lui ouvre ses colonnes après l’attentat de Fieschi. Le 1^er et le 4 août Richelot écrit des articles violents pour dénoncer l’attentat, et le 11 et 15 août pour soutenir les lois contre la presse. Les articles sont signés Hi. R.

258 Albert de Montry (1812-1873), est l’auteur d’une méthode pour apprendre la grammaire et l’orthographe. Comme Jacotot, il ambitionne de faire accéder le plus grand nombre au savoir et dénonce l’enseignement élitiste : « De nos jours, les idées marchent si rapidement qu’elles créent sur leur passage des besoins nouveaux et impérieux difficiles à satisfaire, parce que nos institutions, loin de se modifier et d’obéir à la nécessité, s’opposent au développement du génie populaire. » En introduction de sa Grammaire mnémonique ou cours d’orthographe de principes, Paris, Houdaille, 1836.

259 Son ouvrage Quiberon, royalistes et républicains, est publié en 1836, à Paris, chez l’éditeur Desessart.

260 Il est nommé professeur de rhétorique au collège municipal. Il est admis à la Société industrielle, son séjour à Mulhouse sera de courte durée, il s’installe à Paris en 1837.

261 François Gustave Boucheron et Henri Derouet (ou Félix) sont des médecins exerçant à Nantes ou à proximité ; Jicquiau n’a pas été identifié.

262 Guépin, dans Nantes au XIX^e siècle (p. 467-472) donne la description des bals qui se donnent dans la haute bourgeoisie, constituée de négociants, médecins, avocats et vraisemblablement d’avoués. Comme il convient d’inviter trois ou quatre cents personnes, il y a certes une certaine cohue mais « sans ce défaut de proportion entre le nombre des invités et l’espace qu’on leur accorde, ces fêtes seraient brillantes ; car les femmes y sont belles, avec leurs riches parures, sur lesquelles les lustres et les candélabres projettent des flots de lumière, et que multiplient sans fin des glaces heureusement disposées, pendant que la musique s’élance joyeuse, pendant que les bonnets des femmes parfument, en passant, l’air que vous respirez ; pendant que les vastes plateaux, portés par des mains habiles, serpentent à travers la foule, chargés de rafraichissements de toutes sortes ».

263 Feuilleton du Breton du 28 janvier.

264 Hennebont, ville du Morbihan où exerce le docteur Pierre Onésime Chottard.

265 Le docteur Gély est professeur de pathologie externe à l’École de médecine et chirurgien suppléant à l’Hôtel-Dieu. Guépin le tient pour un chirurgien de grand mérite.

266 Ce projet est publié dans la Revue du Breton, tome 1, première livraison, juillet 1836, Nantes, Mellinet, p. 23-30 : « Projet d’un musée breton, pétition adressée au conseil municipal de Nantes. Nous venons vous proposer, Messieurs, d’établir dans notre ville un musée breton, c’est-à-dire spécialement consacré à conserver, par des peintures, des sculptures, des sculptures peintes, des dessins, et tous les autres moyens possibles, le souvenir des races diverses qui habitent notre province, de leurs types, de leurs usages, de leurs costumes, de leurs mœurs, des animaux domestiques qui y vivent depuis un temps immémorial, et celui non moins précieux des faits qui s’y sont passés, des personnages célèbres qui l’ont illustré, des œuvres d’art qui peuvent y appeler les étrangers. » Guépin fait ensuite des propositions pour organiser et financer le musée. Ce projet est approuvé par le Conseil municipal mais ne verra jamais le jour.

267 Soirées d’hiver de Poitiers, essais sociaux et littéraires, publiés par des écrivains de l’ouest, Paris, E. Legrand et Bergougnoux, 1836. Un seul article n’est pas signé mais il est attribuable à Guépin : Notions élémentaires d’hygiène (p. 39-44 et 65-75). Adolphe Caillé, fervent républicain, est rédacteur à L’Écho du peuple de Poitiers, avec David de Thiais. Il fait partie des défenseurs au « procès monstre » pour Poitiers.

268 Guépin s’intéresse très tôt au problème de la navigabilité de la Loire. Il fait une communication à la Société académique de Nantes dès 1831. Il adhère aux solutions préconisées par l’ingénieur Lemierre : amélioration du lit du fleuve et creusement d’un canal latéral.

269 C’est de son poste de professeur de chimie médicale à l’École secondaire de médecine (qui se tient à l’Hôtel-Dieu) dont parle Guépin. Il l’exerçait gratuitement jusque-là, un arrêté ministériel du 15 septembre 1837 rend cet enseignement obligatoire et implique une rémunération. Les charges de médecins des hôpitaux, ou d’autres institutions ne sont pas toujours rémunérées, elles font partie de la pratique charitable que doit s’imposer le médecin. Pour son enseignement de chimie médicale à l’École secondaire de médecine, Guépin ne sera rétribué qu’en 1841. Comme médecin des douanes, en revanche il est payé dès 1832. Ces emplois sont faiblement rémunérés mais constituent un complément assuré et surtout contribuent à accroître la notoriété.

270 « trésor » : lecture incertaine.

271 Ouvrage non identifié. Louis Desessart est éditeur, installé au 8 de la rue des Beaux-Arts à Paris. C’est un ancien saint-simonien qui a participé à la retraite de Ménilmontant.

272 Camille Mellinet est membre du Conseil municipal.

273 Jean Fidèle de Hersant [ou Dehersant], né en 1800, est journaliste à Caen. Il a participé héroïquement aux combats de Juillet à Nantes : « Monsieur de Hersant, d’Orléans, après avoir tiré un premier coup de fusil, aperçoit de sa fenêtre le général Despinois qui faisait signe de cerner les jeunes gens, il s’avance sous les baïonnettes de la troupe, recharge son arme, tire sur le général et tombe frappé à l’épaule d’une balle qui ne lui fait qu’une forte contusion ; mais il se relève et conserve assez de force et de sang froid pour voler au secours de M. Piou. » Événements de Nantes pendant les journées des 28, 29, 30 et 31 juillet 1830, [A. Guepin et G. Simon]. Il fait partie du petit groupe qui, en compagnie de Guépin coupa l’arche du pont de Pirmil, il reçut la médaille de Juillet. Il fait partie de la délégation de blessés qui partent à Paris, avec Gustave Grignon-Dumoulin, et sont reçus par le roi le 22 septembre, après avoir rencontré le général Lafayette et Benjamin Constant. À Caen, il préside l’Association en faveur de la presse républicaine et entretient une correspondance régulière avec Guépin.

274 Thomas Madiou est l’auteur d’une Histoire d’Haïti, Port-au-Prince, Courtois, 1847-1848. L’ouvrage a connu trois rééditions dont une en 1987-1991. Guépin conserve des liens d’amitié avec Madiou et correspond longtemps avec lui.

275 Guépin a toujours été partisan de l’abolition de la peine capitale.

276 Histoire de Caen et de ses progrès, Georges Mancel (conservateur de la bibliothèque de Caen) et Charles Ferdinand Woinez, Caen, Clérisse, 1836. Ouvrage publié par livraison mensuelle de 3 feuilles, la première est livrée le 1^er avril 1836 (in octavo de 220 pages). Mancel avait annoncé son projet à Guépin dès 1834, ils correspondent régulièrement et débattent des différences entre les races qui peuplent la Bretagne et le Calvados. Dans la préface, les auteurs font l’éloge des livres de Guépin sur Nantes.

277 Il existe aux Archives départementales de Loire-Atlantique un manuscrit de six pages, de la seule écriture de Guépin qui s’intitule « Fragment d’un roman philosophique, Jacques de Moncontour », il n’est pas fait mention d’un co-auteur.

278 Guépin est médecin de la douane.

279 Il s’agit de Léonce Pelloutier. Les entrepôts éclusés sont des lieux de stockage installés dans le port qui bénéficient d’un avantage fiscal : les taxes ne sont perçues qu’à la sortie des marchandises.

280 Guépin reprend effectivement quelques années plus tard son ouvrage Essais historiques sur les progrès de Nantes, paru en 1832, pour faire un autre beaucoup plus considérable, Histoire de Nantes, éditée par Sebire, en 1839, avec des dessins de Hawke.

281 12-13 mai, tentative insurrectionnelle d’Armand Barbès, Martin Bernard, Auguste Blanqui et de la Société des Saisons. Au moins 77 insurgés sont tués, 28 côté force de l’ordre, près de 700 arrestations.

282 Théophile Guillard de Kersausie (1798-1874), lié à Raspail avec qui il dirigea La Société des Droits de l’Homme, et défendirent tous deux le principe du suffrage universel dans Le Réformateur. Emprisonné en 1835, il est amnistié en 1837 et s’exile. Il est donc à Nantes en avril 1839.

283 En arrivant à Nantes, Guépin était devenu professeur de chimie « appliquée aux arts industriels » à l’École de médecine et se passionne pour la chimie agricole. En 1837, il crée une entreprise qui fabrique un « noir animal factice » moins cher que le « vrai » obtenu à partir des résidus de la raffinerie du sucre. Son engrais est inefficace, l’entreprise ferme le 5 septembre 1839, c’est un fiasco et un désastre financier. Pour les raisons de l’échec de l’engrais de Guépin, voir René Bourrigaud, Le développement agricole au XIX^e siècle en Loire-Atlantique, op. cit., p. 139-142.