1 François-Yves Besnard écrit par erreur 1852 au lieu de 1752, de plus il se trompe de mois, le registre paroissial le fait naître à la Chouanière le 10 septembre et non le 10 octobre.

2 À partir de 1730, la charge de mise en valeur du prieuré est confiée à la famille Besnard par les prieurs J.-B. Meza, puis J.-J. Gros. Pendant trois générations, les Besnard gèrent le prieuré par contrat de bail de 9 ans renouvelable. La charge est très convoitée et excite l’envie. Une véritable dynastie s’est donc installée au prieuré. Ce n’est pas une pratique singulière : les frères Grignon installés dans le Saumurois, amis des Besnard, opèrent de la même manière.

3 Le prieuré des Alleuds appartient aux Bénédictins de l’abbaye de Saint-Aubin d’Angers. Un cartulaire de Saint-Aubin précise que la comtesse d’Anjou Adèle, mère de Foulque Nerra, donne la terre « Alodi » à l’abbaye bénédictine de Saint-Aubin en 974. Les moines y établissent un prieuré. Les terres sont défrichées, les points d’eau valorisés (étang aux moines), les cours d’eau maitrisés (Pied sec), la terre devient prospère. L’abbaye surnommée « la riche » possède des biens considérables, au nord comme au sud de la Loire. Elle est mise en commende définitivement en 1536.

4 En 1770, les rentes féodales s’élèvent à 500 livres et sont payées en argent. Pour maintenir leurs droits, les religieux de Saint-Aubin ont eu recours vers 1760 aux services d’un feudiste qu’ils paient 850 livres par an. De nouveaux censifs de fiefs et seigneuries sont rédigés vers 1780 (AD 49 : H 37-H38-H39).

5 La vaccination contre la variole qui consiste à inoculer la variole bégnine commence à se répandre en France à partir de 1756, à l’instigation de Théodore Tronchin et de l’italien Angelo Gatti qui l’applique aux deux enfants du duc d’Orléans. En 1769, Angelo Gatti inocule systématiquement les 400 élèves de l’école militaire de la Flèche. Voir Le journal de Stanislas Dupont de La Motte, inspecteur au collège de La Flèche (1771-1776), présenté et préparé par Didier Boisson, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005, p. 45.

6 Ces chandelles de résine ou oribus sont placées dans la cheminée.

7 La région de Doué-la-Fontaine est riche de ces habitations troglodytes creusées à l’origine pour extraire la pierre de falun, une pierre coquillère appelée aussi « grison ».

8 Ce tarif qui avait été établi par un arrêt du 3 octobre 1752, garantissait un rapport à la ville de 3 300 livres par an.

9 Il s’agit de l’été 1759.

10 Marie-Ursule-Jeanne Besnard, de 4 ans l’aînée de François-Yves, est née le 1^er février 1748 aux Alleuds.

11 Erusser est une expression régionale employé au « Poitou, au Maine et au Centre ». C’est une action qui consiste à faire tomber le chènevis en tirant le chanvre entre deux baguettes rondes. Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural, les mots du passé, Fayard, 1997,1 766 p.

12 La millée est un bouillon ou lait épaissi avec des graines de millet décortiquées.

13 François Vallée, notaire royal de Couture, est le parrain de François-Yves Besnard.

14 Julien Liger prend possession du collège de Doué-la-Fontaine, en janvier 1748 en remplacement de Moreau qui a laissé l’école dans un piteux état. Le collège débute son exercice en 1724, date à laquelle le sulpicien François Chollet, directeur du séminaire d’Angers, cède une maison pour y placer un collège. Ce sont des prêtres séculiers qui assurent l’enseignement.

15 Toutes ces familles ; les Bascher, Faligan, Peltier, Bureau et Caffin, appartiennent à l’élite rurale de Doué-la-Fontaine et des environs. Ce sont des chirurgiens, des commerçants que l’on retrouve comme échevins.

16 La dîme de Saint-Aubin des Alleuds fait l’objet d’une réclamation des paroissiens à l’intendant. Ils se plaignent qu’en certains cantons, ils paient la sixième gerbe pour la dîme de blé due au prieur.

17 La population ne peut acheter que le sel provenant des fermiers du roi, qu’elle le veuille ou non. Chaque chef de famille est forcé de prendre une quantité fixe réglée par l’ordonnance de 1680 à un quintal ou minot pour 14 personnes sans exception ni privilège pour aucun des ordres de l’État, et ce, uniquement au moment prescrit.

18 Le cahier de doléances des Alleuds reflètent la difficulté des petites gens, et le rôle du fermier général du prieuré. « Nous nous plaignons d’un abus qui est dans notre paroisse, dont il y en a peut-être pas un semblable dans toute la province d’Anjou et qui est extremement gesnant aux pauvres agriculteurs de cette paroisse dans le temps si précieux de la récolte. C’est la dixme presque de toute la paroisse dans la paroisse qui appartient aux dits Messieurs religieux de Saint-Aubin que nous payons au douzième et même une partie au sixième que nous rendons à la maison du fermier de ces messieurs religieux, après qu’elle a été contée sur le cham par ledit fermier ou gens de sa part, que souvent on attans longtemps sur le cham avant qu’ils viennent à vous, et que si toutefois il vient du mauvais temps les grains se gastes sur le cham sans qu’on puisse l’entassé ; et que si au contraire le fermier avec deux harassiers, comme partout ailleurs pour rendre les dixmes à la maison qui ne lui coutera pas beaucoup de plus que deux commis qu’il lui faut tous les pauvres particuliers an soufrirais bien moins… »

19 Les brigands désignent les soldats à pied organisés en brigades, qui, par leur comportement témoignent du sens actuel donné à ce mot.

20 L’ouverture de la grande route d’Angers à Doué-la-Fontaine date de 1763-1767. L’ouverture du canal de Monsieur, pleinement utilisable en 1779, met en valeur, petit à petit, la région du Layon, facilitant le commerce du vin et les exportations de céréales.

21 Anne Fillon donne une étude détaillée et significative sur la vie matérielle dans « Comme on fait son lit on se couche, 300 ans d’histoire du lit villageois aux XVII^e et XVIII^e siècles », p. 109-123, Fruits d’écritoire, Sociétés et mentalités aux XVII^e et XVIII^e siècles, Le Mans, Lhamans, 2000.

22 Les débuts de l’industrie horlogère remontent au XVII^e siècle (1640). Les premières pendules à coucou ont été construites en Forêt Noire. La forme du boîtier représente une guérite de garde-barrière et un oiseau mobile annonce les heures.

23 Philippe Haudrere, « Esquisse d’une histoire des intérieurs angevins au XVIII^e siècle » 1992, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, p. 227-242. L’inventaire après décès de Marie Vaslin, la mère de François-Yves Besnard, fait en l’étude de Maître Vallée (5^E 55 151) le 28 juillet 1773, recèle plusieurs pièces d’argenterie, des bijoux et des montres.

24 Daniel Roche évoque un siècle d’« accumulation lingère ». La culture des apparences, une histoire du vêtement XVII^e-XVIII^e siècles, Paris, Fayard, 1989, 549 p.

25 Essanger est l’action de décrasser du linge dans l’eau.

26 La Tour Grenetière est une tour de l’enceinte de Saumur construite sur l’angle sud-ouest qui servait à contrôler les routes autour de la ville. Elle était utilisée comme prison pour les faux saulniers. Voir G. Delage, « À propos de la Tour Grenetière », La Province d’Anjou, n° 1, 1926, p. 188-206.

27 La consommation de viandes de gibier, de volaille et des œufs est interdite pendant le carême. Pour faire respecter cette prescription, les boucheries sont fermées sauf une qui détient le monopole de la vente de viande aux personnes dispensées de jeûne : malades, enfants, vieillards. L’adjudication de ce monopole, obtenue lors d’enchères, favorise les bouchers aisés de la ville. En contrepartie le détenteur de ce droit doit pratiquer des prix modérés et fournir gratuitement de la viande aux hôpitaux.

28 Le « Despautère » a été longtemps un classique utilisé dans les écoles. En Anjou, il est concurrencé par les « nouveaux rudiments de la langue latine mis par demandes et réponses dans un ordre très clair » par Jean Blordier, bénéficier de l’église d’Angers, maître de grammaire et de pension.

29 « Gradus ad Parnassum » est d’abord un dictionnaire latin ou grec compilé par le jésuite Paul Aller en 1687 puis, il devient un ouvrage pédagogique concernant la littérature, la musique ou les arts en général.

30 « Appendix de Diis » de Joseph de Jouvency est publié en 1704.

31 Besnard rédige ses mémoires à la fin de sa vie : il est à Paris et a quitté son Anjou natal depuis de très nombreuses années. Il peut citer chacun de ses 45 camarades de collège. Contrairement à ce qu’il écrit ici, il ne rédige pas de mémoire, mais il s’appuie sur des fiches établies tout au long de son existence.

32 Le 30 juillet 1762 (et non 1766), Maître Yves Richard, notaire royal âgé de 36 ans a été inhumé en présence de Pierre Décosse marchand et de Thomas Loiseleur notaire royal à Doué-la-Fontaine et plusieurs parents.

33 Marie Bisneau, veuve de Maître Jean Richard notaire royal à Doué-la-Fontaine, est morte le 14 novembre 1760 à la Chapelle-sous-Doué. Elle était âgée de 95 ans.

34 La terre de la Bournée est située dans la commune de Louresse-Rochemenier. C’est une ancienne chatellenie avec manoir.

35 Les bougettes sont des sacs de voyage en cuir.

36 Besnard commet une erreur de 4 ans. Son père a été inhumé dans le cimetière des Alleuds, le 1^er avril 1766. « Le 1^e jour d’avril mil sept cent soixante six, a été inhumé dans le cimetière de ce lieu, le corps de Pierre Besnard marchand décédé d’hier vivant âgé 38 ans, époux de Marie-Françoise Valin et en présence de Pierre xxx et autres qui ne savent signer. Launay curé. »

37 La tonsure est la première étape d’entrée dans les ordres. En principe, elle n’est conférée, à partir de 1750, qu’aux candidats âgés d’au moins 14 ans. Les exceptions sont nombreuses.

38 L’évêque Jacques de Grasse (1758-1782) est « un prélat mondain aux mœurs douteuses » selon François Lebrun dans L’Anjou Chrétien, collect. Histoire des diocèses de France, Paris, Beauchêne, 1981, p. 147.

39 Grignon-Dumoulin appartient à une famille de marchands fermiers comme les Besnard. Comme eux, ils afferment des biens d’église de père en fils, occupent les domaines les plus riches et les plus vastes et habitent des demeures cossues.

40 Célestin Port donne une description détaillée des bâtiments du prieuré, et en particulier de la chapelle : L’église et son chœur (5,3 m sur 3,6 m) sont modernes, sans caractère. Une curieuse chaire du XVIII^e siècle montre le patron Saint-Aubin ; une statue en bois grossièrement sculptée. Le clocher est un campanile de brestèche à jour. Une fresque représente l’humanité souffrante aidant le christ à porter sa croix. Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l’ancienne province d’Anjou, Siraudeau et C^ie, Angers, 1978.

41 La grigne du pain est une scarification faite sur la croûte du pain pour faciliter sa cuisson, ici sans doute il s’agit du morceau de pain portant l’entaille.

42 C’est comme représentante du seigneur du lieu, que la mère de François-Yves Besnard, Marie Vaslin, reçoit du curé et du sacristin ces offrandes.

43 François-Yves Besnard utilise indifféremment le mot franc et celui de livre. Sous l’Ancien Régime, c’est la livre (divisée en sol et denier) qui a cours. La création du franc date de frimaire an II et s’impose sous le Directoire. Par la loi du 17 floréal an VIII, un franc vaut une livre. Notre mémorialiste qui écrit en 1840, modernise par touches ses notes et adopte la nouvelle monnaie.

44 Maître Vallée qui, le 28 juillet 1773, dresse l’inventaire des meubles et effets de Marie Vaslin, la mère de François-Yves Besnard, nous livre au contraire, une garde-robe riche, variée, colorée et adaptée à chaque activité de la journée et des saisons. On y trouve, pêle-mêle, dentelles, soie, taffetas, des tissus rayés, fleuris. Le temps a figé le souvenir que François-Yves Besnard conserve de sa mère, une femme austère.

45 Les rillauds sont des morceaux de poitrine de porc préparés dans du sel et cuit ensuite dans la graisse.

46 Rayé par l’auteur.

47 François-Yves Besnard adoptera le même principe lorsqu’il sera installé à Nouans. Il vendra sa production au presbytère, évitant ainsi un déplacement au marché de Fresnay le Vicomte, coûteux en temps et en argent.