Chapitre I. Haïti, terre d’asile ? La première tentative d’émigration volontaire des Noirs américains en Haïti dans les années 1820

« Je me suis souvent demandé, pourquoi Hayti, dont le climat est si doux, et dont le gouvernement est comparable à celui des États-Unis, n’était pas leur lieu de refuge préféré1. »

Jean-Pierre Boyer

1Les premières allusions à l’expatriation des Noirs commencèrent à circuler dès l’ère coloniale. Pour l’historien Walter L. Fleming, l’idée était aussi vieille que l’antiesclavagisme et les préjugés raciaux2. Mais c’est pendant la période révolutionnaire, et plus encore dans les premières années de la jeune république, que cette idée de « coloniser », « déporter », « déplacer », « délocaliser », ou encore « expatrier » les individus noirs – de préférence libres ou fraîchement émancipés – se développa réellement aux États-Unis. Alors que l’on s’attachait à écrire une Constitution qui fédérerait le plus grand nombre, générant de houleuses discussions autour de l’abolition du commerce transatlantique des esclaves, et que de nombreuses sociétés pour l’abolition de l’esclavage fleurissaien