Être élu local. De quelques considérations sur les usages et les formes de notabilité politique en milieu rural
p. 275-287
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« Cet homme qui traverse le bourg juché sur son tracteur et qui se rend au travail des champs, pourquoi l’arrête-t-on si souvent au lieu de le laisser passer son chemin ? Il est armé d’une belle patience car pour chacun de ses interlocuteurs, il a un sourire, alors que cependant, tout prouve qu’il est pressé d’en finir avec cette traversée du bourg qui doit lui paraître interminable. Mais voici le garde champêtre qui l’aborde et lui tend un papier. Il semble lui indiquer qu’il s’agit d’une affaire urgente. Une signature… Il espère enfin avoir gagné la partie ; mais au moment de dépasser les dernières maisons, on l’appelle encore ; dernière halte, le temps d’empocher une enveloppe qu’on lui remet. C’est le maire de la commune1. »
1La « société villageoise » ou plus généralement la « sociologie du local » est une constante de la recherche depuis longtemps, ponctuée de travaux qui demeurent des références « canoniques » : Nouville, Chanzeaux, Plodémet, et tant d’autres2. Tous ces écrits, pour la plupart des monographies, ont privilégié la spécificité de la politique au village, produisant ses propres mécanismes d’autorégulation du politique (apolitisme, consensus généralisé, absence de clivage partisan…). Parmi les critères légitimant ou « labellisant » la vie politique au village, la figure « totémique » du notable3 caractériserait les sociétés rurales depuis le début du xixe siècle. « Les élus locaux appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler les “élites politiques” sont trop souvent perçus à travers la figure immuable du “notable”. Cette image […] avait sans doute une réalité certaine à la fin du xixe siècle ou au début du xxe mais on peut s’interroger sur sa pertinence aujourd’hui4. » Elle semble être ainsi un excellent baromètre pour saisir les transformations et les tensions qui s’exercent autour des définitions de la vie politique villageoise. Dans quelle mesure ce critère rend-il compte des espaces de sociabilité rurale ? Est-il pertinent pour apprécier et mesurer les caractéristiques de la « petite politique5 » ? Est-il opérant pour éclairer les pratiques politiques rurales ?
2On a beaucoup écrit sur les notables. Le mot évoque un personnage, un comportement, un style.
« La prestance qu’on lui accorde est celle de l’embonpoint, (double sens confondu de l’expression : “c’est un monsieur important”), de l’emphase du geste, de la parole et de l’habit. Il a toujours la boutonnière fleurie et on l’imagine volontiers ceint de son écharpe de maire, présidant quelque banquet ou cérémonie. Il s’impose et il en impose par le spectacle qu’il donne ; le discours est son mode d’expression privilégié. Il est toujours en représentation6. »
3Le plus souvent, il s’agissait de poser un certain nombre de critères qui servaient à « définir » le concept. Ces définitions essentialistes ont permis à certains d’enfermer la notion dans un cadre spatio-temporel très strict. Symbole d’une époque révolue, ils se seraient éteints avec la IIIe République. C’est la thèse que des historiens tels que Daniel Halévy ou André-Jean Tudesq ont soutenue avec force7. Selon cette acception, le notable se définit alors par la confusion dans les mêmes mains des pouvoirs économiques, sociaux et politiques, confusion institutionnalisée par le régime censitaire qui jusqu’en 1848 traduit une conception oligarchique du pouvoir, conforme à la société inégalitaire, traditionnelle et en majorité rurale. En fait, chez certains historiens, cette définition revenait à décrire un nombre variable de caractéristiques qui permettaient de donner une caution scientifique au sens « vulgaire » du mot. D’autres, au contraire, ont pu entrevoir dans une époque récente un « retour » des notables8. La notion demeure floue et difficilement utilisable en tant que concept sociologique. Les différentes acceptions qu’en ont les maires confirment ce caractère « fourre-tout » chargé de rancœurs historiques ou de projections personnelles9. Le notable définirait un statut social dans la société locale à travers des indicateurs empiriques (ancienneté et « réputation » de la famille, situation professionnelle, prestige, notoriété, réseaux relationnels…) très précis. Il évoquerait également une fonction de médiation qui renvoie plus généralement au règne des relations interpersonnelles et des « petits arrangements entre amis ». Ces différentes approches ont contribué à vider largement cette notion de toute signification un tant soit peu rigoureuse. Au terme de ces (re)définitions successives, tout édile devient ou est par nature un notable, grand ou petit, traditionnel ou nouveau selon le cas et les circonstances. La notion s’est considérablement banalisée et il est parfois difficile de s’y retrouver. Pour tenter de dissiper ces incertitudes génératrices de confusion et d’échapper aux approximations qui en découlent, on se propose ici de changer sensiblement d’optique ou de registre, en s’interrogeant sur les activités constitutives de ce qui peut s’apparenter à un « métier politique local », son contenu et sa transformation. On l’aura compris ici, il ne s’agit pas de discuter « de la disparition ou de la perpétuation des notables dans l’univers local10 » mais de comprendre en quoi cette dénomination est une boussole pour saisir les formes pratiques du politique en milieu rural.
Une reconstruction sélective de la figure de l’élu local : être notable sans l’être
4Les élus construisent et redéfinissent leur identité et l’identité de l’espace public local en fonction de stratégies de mise en scène bien particulières. S’intéresser aux édiles « suppose de prendre en considération l’ensemble de ces différents modes d’existence publique. L’objet de l’analyse devient du même coup, l’ensemble de ces “identités” qui s’inventent dans la relation entre les instances locales et l’enjeu proprement politique que constitue la présentation de soi11 ».
Une contestation ambiguë de l’image traditionnelle du notable
5La prééminence de la figure notabiliaire refléterait le fonctionnement de l’institution municipale et du pouvoir local en milieu rural. L’édile ne peut être alors qu’un notable. Très ancrée historiquement et institutionnellement peu valorisante, les élus rejettent d’emblée cette qualification. Elle serait l’un des marqueurs sociologiques essentiels de la société rurale au même titre que l’absence de clivages partisans ou la persistance des relations interpersonnelles12.
« Le notable est [ainsi] défini par son impact local. Son enracinement est primordial et, contrairement au fonctionnaire, le notable fait carrière dans le local et sa carrière s’appuie sur une clientèle enracinée elle aussi. […] Le notable est en position dominante, donc visible par rapport à une base sociale locale, clientèle personnelle et dépendante13. »
6Derrière cette acception, c’est l’image patriarcale de l’édile – le « châtelain des campagnes » ou le « monarque aux petits pieds » – avec son poids de traditions qui transparaît. Celle qui
« […] n’exclut pas à son égard une certaine forme de respect. Ce qu’on respecte en lui, c’est l’image même qu’il donne de la collectivité qu’il représente. C’est que, chez lui, être représentatif et être en représentation se confondent étroitement. La dignité quelque peu emphatique du maire, c’est l’affirmation de la dignité de sa commune. Chacun se reconnaît en elle14 ».
7Plus inconsciemment, le critère de définition du notable renvoie à l’évocation d’une monarchie municipale ou d’un « présidentialisme municipal15 ». Il est celui qui détient de par sa position, sa réputation et sa « capacité décisionnelle » les leviers du pouvoir politique. La légitimité de son accès aux fonctions mayorales reposerait principalement sur une notoriété acquise de longue date grâce à un ancrage territorial ancien. Alors qu’il s’agit à certains égards d’une réalité sociologique encore vivace16, c’est l’image « passéiste » et « désuète » renvoyée par ce qualificatif que contestent les édiles.
« Je ne me considère pas comme un notable. La figure du notable, c’était quand même la figure fin de siècle, […] bourgeois au sens de bien installé et devenant un peu naturellement le responsable politique local, non ? Ce n’est plus du tout vrai dans une commune populaire comme la mienne. Les gens sont attachés à la fonction de maire mais sans le caractère de notabilité17. »
8C’est donc une certaine figure du notable que les élus évoquent ici. Celle qui renferme l’édile dans une catégorie « toute faite » et non dans ce qu’il représente réellement aux yeux de la population. Elle semble définir plus largement une sociabilité villageoise fondée sur une relation de dépendance entre les autorités politiques (les élites locales) et la population. C’est cette vision paternaliste, renvoyant au règne des relations interpersonnelles et à l’indifférenciation des rôles politiques, que les élus semblent récuser. En préférant se définir d’emblée comme des élus politiques à part entière, les édiles souhaitent légitimer leur position dans l’espace public local. La labellisation « homme politique » constituerait a priori dans l’imaginaire édilitaire une symbolique suffisante, voire une ressource majeure de l’exercice du pouvoir. Il s’agit cependant beaucoup plus d’une stratégie de présentation et d’étiquetage que d’un véritable processus d’intériorisation de la norme « homme politique18 ». Par exemple, les édiles font remarquer que pour majorer leurs « chances19 » dans la compétition politique locale, le laissez-passer notabiliaire ou partisan ne suffirait plus. L’image idéale typique de l’enfant du pays ayant une implantation familiale locale depuis des générations ne s’observerait plus que dans des cas isolés. Pour avoir des « chances » d’être élu dans une petite commune, il faudrait que les candidats présentent un véritable programme électoral et accumulent le plus de ressources possibles (capital de voix, nombre de mandats, étendue de ses réseaux…). C’est ce que nous ont affirmé la plupart des élus rencontrés. La dimension notabiliaire ne serait désormais plus suffisante pour obtenir l’assentiment populaire et par conséquent la position d’éligible20. Les élus sont ainsi nombreux à contester la perception d’un échelon local où la compétition électorale demeurerait encore inexistante. Celle-ci se caractériserait, au contraire, par une importance croissante des enjeux politiques21. Ils rejettent ainsi l’image traditionnelle du notable. Celle qui le présente comme
« […] plus qu’un élu, car sa représentativité [dépasserait] son mandat en qualité et en durée. C’est une représentativité autant morale qu’élective. Cela explique qu’on [aimerait] à le choisir parmi les membres d’une “vieille famille” locale, dont l’ancienneté [traduirait] en elle-même la permanence de la localité où elle est implantée et parmi ceux dont le statut social relativement élevé permet de rehausser le prestige de la collectivité qu’il représente22 ».
9L’instant électoral constituerait ainsi aujourd’hui un symbole fort de la remise en cause de la posture de notable.
« Pour gagner les élections aujourd’hui, on ne peut plus simplement se permettre de faire une petite campagne de proximité quelques semaines auparavant. Il faut vraiment mettre en place en vrai projet, une vraie stratégie… moi, depuis les dernières élections j’ai même été obligé de mettre en place une équipe de campagne qui ne se consacre qu’à ça pendant quatre mois ! Alors oui, pour ça, j’ai vu l’évolution. […] Pour ma deuxième élection en 1977, j’avais organisé quelques réunions d’information dans le café de la commune et dans la salle polyvalente, enfin, entre nous, c’était plutôt de bons moments entre amis autour d’un verre, des discussions informelles quoi euh… bref, je faisais le point sur mon action, je notais sur un calepin les propositions des uns et des autres, j’annonçais quelques orientations futures, et puis voilà, je finissais toujours en payant ma tournée, et ça suffisait amplement, car j’ai été réélu (rires). »
10Si, à première vue, les édiles s’affranchissent sans peine de la figure du notable, le fond de leur discours n’est pas aussi tranché. Une certaine nostalgie, souvent plus imaginée que réellement vécue parcourt leurs propos. La coexistence entre la mise en scène d’une posture identitaire de légitimation de la fonction mayorale et l’héritage de réflexes et de comportements politiques plus ancien ne résiste pas cependant à l’épreuve de leur discours. La fonction exige que l’on se présente d’abord comme un « politique » rigoureux gérant sa commune selon des modalités préalablement définies (cf. la notion de « programme électoral ») et non comme un « amateur ». Cependant, les pratiques de la « petite politique » (rhétorique du dévouement, de la médiation…) resurgissent souvent au fil des évocations comme pour mieux évacuer tout ce qui pourrait briser le « consensus ambigu23 ».
Un espace de sociabilité décrit comme apolitique ou la réaffirmation de la figure notabiliaire
11Si certains travaux ont déjà pu légitimement s’interroger sur la pertinence d’une « homologie fonctionnelle croissante des différents espaces politiques sur le modèle du champ politique central24 », la rhétorique discursive des édiles viendrait rappeler les formes d’une certaine singularité de la sphère politique locale. Il convient cependant de considérer avec prudence les informations recueillies au cours des entretiens. Une simple lecture d’ensemble ne permet pas de toujours saisir les ambiguïtés et les contradictions du discours. En effet, il n’est pas rare que les maires présentent l’espace communal comme une photographie idyllique mettant ainsi en exergue l’absence présumée de rivalités partisanes, la convivialité des rapports sociaux ou la solidarité partagée.
« La commune, c’est vraiment la proximité. Par exemple, si je prends une décision qui gêne les habitants d’une rue ou d’un quartier, je dérange 15 ou 20 % de mon électorat. Quand je descends dans la rue le lendemain d’un conseil municipal, je sais si nos décisions sont bonnes ou pas. J’ai le retour immédiat. Il y a vraiment un rapport de proximité dans les petites collectivités que l’on ne trouve pas ailleurs. […] Quand je fais mes courses, les gens viennent me voir et me sollicitent pour un tas de problèmes. »
12Le registre argumentatif des élus s’inscrit sans ambages autour d’une valeur « refuge » commune : la proximité. Elle est présentée comme un étendard de l’espace politique local. Alors que
« […] se parer de la modernité politique [a pu consister] au temps des fondateurs de la Cinquième République [à] s’attaquer aux féodalités locales et aux notabilités qui faisaient écran à l’intérêt général, moderniser la vie politique, [revient] au contraire aujourd’hui pour ces thuriféraires [à] multiplier les relations individualisées et les contacts entre les représentants et représentés25 ».
13Les édiles réinvestissent au gré de leurs discours le modèle de la grandeur26. Si à certains moments, ils associent cette figure à la distance des rapports élus/citoyens et aux enjeux de la « grande politique », ils n’hésitent pas aussi à la re-qualifier dans le registre de l’intimité démocratique. Ils s’inscrivent dans un processus de « re-notabilisation » de l’espace public local délaissant le modèle de la « cité civique » au profit de celui de la « cité domestique27 ».
« Dans le modèle de la “cité domestique” décrit par Luc Boltanski et Laurent Thévenot, la dignité des personnes n’est pas en effet liée à leurs aspirations aux droits civiques, mais aux soins et à l’attention dont elles sont l’objet. Les grands ne trouvent une justification de leur existence que dans leur volonté de “protéger les petits”, de privilégier la proximité par des liens de familiarité. Or, c’est bien ce qui se joue ici à travers la mise en scène par les maires de leur souci de prendre en charge les problèmes quotidiens […] de leurs administrés et de les protéger par une présence bienveillante, voire maternante à leurs côtés28. »
« Pratiquer la concertation est très important. Quand on veut mettre en place un projet, on crée des groupes de travail qui vont jusqu’à quatre-vingts personnes. Cela a été le cas sur la piscine et le centre culturel […] il y avait souvent un consensus qui s’établissait. Il m’est arrivé de retirer un projet lorsqu’un consensus n’avait pas été trouvé. Le dialogue est perpétuel. »
14Cette valorisation de la proximité comme « art du bon gouvernement local » est utilisée par les édiles comme une ressource visant à légitimer un peu plus leur position de notable dans l’espace public. La « politique au village » s’articulerait ainsi autour du débat public, de la confrontation d’idées, de l’échange permanent dont le metteur en scène ne serait autre que le maire. En évitant soigneusement la confrontation politique « classique » autour de la dimension partisane, les élus souhaitent se préserver des éventuels adversaires politiques qui pourraient surgir dans la sphère locale, et par la même occasion, remettre en cause leur posture – acquise parfois de longue date – dans la cité. Tel cet édile qui résume la situation en faisant remarquer qu’ » il a toujours évité d’afficher trop fortement ses idées politiques [et encore moins de s’inscrire dans un parti] afin que les citoyens mais aussi les opposants qui souhaitent lui ravir sa place ne puissent le juger [et l’attaquer] concrètement que sur ses réalisations effectives et non sur des considérations purement politiciennes ». Prôner la délibération, le débat et le consensus permet aux maires d’affirmer et d’enraciner leur position mais vise aussi à délégitimer les « ennemis29 » qui s’aventureraient sur le registre de la « grande politique ».
15À travers leurs discours, on perçoit toute la difficulté pour les élus de fournir les clefs de ce que pourrait être une définition claire et univoque de leur situation politique. Rejetant souvent en apparence avec vigueur l’image a priori discriminante et surannée du notable, les maires participeraient pourtant à son enracinement. Le pouvoir notabiliaire serait indissociable de l’exercice du métier politique local. Telle est l’hypothèse que nous souhaiterions éclaircir maintenant.
Pratiques édilitaires et pouvoir notabiliaire : deux conceptions indissociables ?
« Le notable est celui qui saura le mieux assumer et défendre les intérêts spécifiques de sa circonscription : les assumer, c’est-à-dire les faire valoir, les justifier et en exiger la satisfaction. La “défense des intérêts locaux” est en effet la première fonction que l’on reconnaît au notable ; défense contre les intérêts des autres collectivités et contre l’“État”. Défense que certains taxent volontiers de “démagogique” ou “d’esprit de clocher” sans s’apercevoir qu’elle participe de la nature même de la représentativité du notable, qu’elle est intimement liée à la structure du pouvoir local […]. Mais le notable n’est pas seulement celui que l’on reconnaît comme le plus apte à défendre les intérêts de sa circonscription envers et contre tous. C’est aussi celui qui “a ses entrées” auprès du pouvoir et […] qui dispose d’un réseau personnel de “relations”30. »
Une connaissance approfondie du terrain politique et social
16Les conditions sociales et politiques d’accès à la fonction mayorale semblent s’inscrire dans un processus désormais bien répertorié. Pour s’imposer dans l’univers politique, les acteurs doivent mobiliser des ressources collectives (appartenance à un parti, une association) et personnelles (notoriété, réseau mobilisé) diverses. Le « capital politique31 » exigé ne sera pas le même selon les typologies de lieux et d’élections. L’analyse des trajectoires des élus rencontrés permet d’inventorier les ressources et les propriétés « nécessaires » ou « suffisantes » pour accéder aux mandats municipaux. L’ancrage territorial est souvent la première valeur évoquée par les maires. Elle suffirait encore à légitimer leur implication dans la vie politique locale. À part quelques cas isolés (notamment au sein de l’aire suburbaine), l’immense majorité des élus est née dans le département ou est arrivée dans la commune il y a plus d’une génération. La « tradition » est une source particulièrement importante de la légitimité de l’édile. Les racines dans le temps et dans l’espace viennent renforcer l’héritage mayoral.
« J’ai été élu comme enfant du pays [l’élu nous précise alors que sa famille vit dans la commune depuis plus de cinq générations]. […] C’est tout […] Je n’ai même pas besoin de faire campagne si je veux, je connais tout le monde ici et quand je vous dis tout le monde c’est tout le monde. […] Je peux vous faire la généalogie de chaque famille ici [sic] ! »
17Selon Jeanne Becquart-Leclerc, « ces facteurs d’enracinement semblent plus importants que les facteurs de visibilité car, ni la grande fortune, ni l’instruction supérieure ne semblent être des atouts indispensables ; le maire doit rester proche de la population, et l’identification être toujours possible avec “l’enfant du pays”32 ». La « notoriété locale » s’avère encore largement déterminante dans la conquête des mandats municipaux33. Si la labellisation « enfant du pays » peut suffire, elle s’accompagne généralement d’une connaissance approfondie du terrain. En effet, la majeure partie des élus interrogés est issue du milieu associatif et est arrivée à la politique communale par une action militante souvent localisée (association de parents d’élèves ou de quartier, présidence d’un club de sport…) et circonstanciée (engagement dans des collectifs pour défendre le maintien d’une usine locale, contre la fermeture d’une classe dans une école publique, pour la préservation du service public de proximité ou la défense du patrimoine culturel local…). Le parcours de cet édile s’inscrit bien dans cette configuration.
« Je suis né à Saint-Gonlay en mars 1943 […]. Je suis parti en apprentissage à Rennes, j’étais apprenti pâtissier […]. Après mon apprentissage, j’ai parcouru les quatre coins de la France pendants quelques années. Puis […] je suis revenu habiter à Saint-Gonlay. À l’époque, je n’étais pas du tout intéressé ni par un mandat de conseiller municipal ni par quoi que ce soit ! J’avais pas mal de discussion avec les conseillers municipaux et un jour, au début des années 70, la municipalité en place envisageait de vendre le presbytère de Saint-Gonlay pour créer un lotissement. Moi, j’étais contre la vente de ce presbytère. […] On a donc contesté encore cet aspect-là en créant une petite association. Je me suis introduit avec cette association-là dans la vie municipale. Je me suis présenté en 1977 et je n’ai pas été élu à quelques voix près. Je me suis représenté en 1983 et là j’ai été élu directement maire. Je n’avais pas été conseiller municipal avant et je remplaçais le maire qui me précédait et qui avait été élu juste avant la guerre ! »
18L’importance des réseaux d’interconnaissances semble encore aujourd’hui un puissant vecteur d’acculturation politique. « Le candidat ne peut être qu’un notable, caractérisé par un ensemble de relations interpersonnelles positives avec les villageois. La légitimité de [son intégration dans le champ politique local] est indissociable d’une certaine notoriété et d’un respect dû à son attache familiale et à ses actions ou comportements passés34. » Les trajectoires politiques « liées à une seule ambition personnelle et n’émanant pas d’une sollicitation sociale, reconnaissance informelle de légitimité, seraient alors [vouées à l’échec]35 ». Rares sont encore les édiles qui affirment s’être présentés de leur plein gré pour défendre, par exemple, des choix politiques pour la collectivité. Au contraire, ils sont souvent là « par hasard » ou « parce qu’on est venu les chercher ». La seule compétence exigée semble celle d’être étiqueté ou perçu comme étant du « cru ». Elle a souvent pour corollaire des rhétoriques politiques fondées sur des relations « clientélistes » et « paternalistes ».
Des relations clientélaires nécessaires et entretenues
19« Une fois élu, le plus dur est de réaliser ce qu’on avait promis aux électeurs et de garder le contact pour montrer qu’on ne les oublie pas. » La réflexion de cet édile reflète justement les rôles qui lui sont dévolus. Il convient de distinguer à cet égard deux formes d’action complémentaires.
20D’une part, la nécessité de maximiser un réseau relationnel par un travail de « notabilisation externe » toujours plus important afin de « faire avancer les dossiers et les projets ». Ainsi, tel élu cherchera à entretenir de bonnes relations avec le sous-préfet, le directeur de tel service déconcentré, le conseiller régional ou général, le député ou le sénateur local afin d’être en mesure de bénéficier de plus de « souplesse administrative ». Si, depuis une dizaine d’années, le développement croissant de la gestion intercommunale a pu faire évoluer les modalités pratiques de mise à l’agenda et élargir les espaces de décision36, les édiles vivent souvent leur représentation du métier sur le mode clientélaire comme une nécessité absolue.
« Moi je suis maire depuis longtemps euh… donc ça me connaît les bons circuits, là où il faut quémander, parce que c’est ça dont il s’agit, s’adresser à la bonne porte […] c’est tout un art ! Je vois là par exemple un jeune collègue qui fait son premier mandat et bien il m’appelle souvent pour me demander des conseils […]. Il y a vraiment des élus qui galèrent ! »
21L’élu local qui fait appel aux services d’un « élu national » espère un gain à court ou moyen terme pour la gestion de sa collectivité (choix d’un lieu pour la construction d’une salle de sport, d’un établissement scolaire, d’un supermarché, pour le développement du réseau routier ou encore pour l’implantation d’une zone d’activités commerciales…). À l’inverse, « l’élu national » sollicité peut espérer un soutien politique « sans faille » lors des élections régionales, législatives ou sénatoriales suivantes. Ainsi, un élu local peut appeler lors d’élections à caractère « extra locale » à voter pour tel individu (pour des élections sénatoriales, il peut « promettre » d’apporter sa voix). Il s’agit là d’un jeu politique où le calcul coûts/avantages revêt une importance considérable. Chaque acteur cherche alors à obtenir des gains qu’il estime proportionnels à son investissement politique. Jean François Médard fait remarquer que « l’existence même d’une relation d’échange [ou d’un rapport de clientèle] a pour condition que chaque partie y trouve son intérêt, non en ce qu’elle gagne plus que l’autre mais en ce que sa récompense est plus grande que son coût37 ».
22D’autre part, la nécessité de « fidéliser » son électorat par un travail de « notabilisation interne ». Il faut à l’élu « mettre en scène l’art d’être là38 ».
23Il n’est pas simplement question d’une proximité politique (cf. supra) mais d’une proximité physique. Le maire doit ainsi se démultiplier – au sens propre du terme – pour montrer qu’il est à l’écoute de ses concitoyens. L’emploi du temps dominical de cet édile souscrit à ce mot d’ordre.
« Bon, le dimanche, c’est presque la journée la plus importante de la semaine. […] C’est un marathon. Ça commence par une présence dans le centre-ville tôt le matin. Il faut être là à la sortie de l’église, serrer des mains, aller faire un tour au “café du centre”, j’y reste au moins une bonne heure voire deux heures, je discute de tout, j’écoute aussi, euh […] parfois, j’offre des tournées, bref, je me montre. Ensuite, retour rapide chez moi, et encore c’est de plus en plus rare, je suis souvent invité par une association à un déjeuner et donc j’y vais. […] L’après-midi, en général, c’est la tournée des terrains de sport. Football et handball, parce qu’ici on a deux bonnes équipes, il faut soutenir les dirigeants et les gars, ils représentent nos couleurs, montrer toujours qu’on est toujours là. […] Je ne suis jamais rentré avant 21 h alors que je suis sur le terrain depuis 8 h du mat’. »
24Loin d’être isolé ou caricatural, cet exemple s’inscrit dans un rituel démocratique39. L’élu doit rendre sa présence naturelle et évidente sur le terrain pour qu’elle puisse se traduire dans les urnes. Il faut toujours à l’élu
« […] travailler directement, quotidiennement, personnellement, à produire et à reproduire les conditions toujours incertaines de son [éligibilité]. Ne pouvant se contenter [aujourd’hui] de s’approprier les profits d’un [état social antérieur], il [est] condamné aux formes élémentaires de la domination directe d’une personne sur une autre personne. [Il] ne [peut] s’approprier […] [les suffrages] des autres sans se les “gagner” personnellement, sans se les “attacher”, bref sans créer un lien personnel, de personne à personne40 ».
25À défaut, une implication territoriale approximative peut lui coûter sa réélection : « La campagne électorale commence le soir même de son élection. Si un maire ne comprend pas ça, il est foutu [euh] je dirais même il est “mort” ! Moi, j’ai vu des collègues qui se sont réveillés trop tard, un an avec l’élection, mais c’était beaucoup trop tard, ils avaient abandonné la place. » La présence du maire est loin d’être anecdotique. Elle est beaucoup plus qu’un simple outil de communication permettant d’établir un lien entre élu et citoyen. Elle participe d’un véritable processus d’identification à la commune et à celui qui l’incarne, son premier magistrat.
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26Les contestations apparentes de la figure du notable semblent plus traduire un rejet de l’imaginaire et de la puissance évocatrice qui lui sont associés qu’un symbole de rupture et de transformation profonde de la « politique au village ». Loin de s’être évanoui avec la « modernité politique », la figure constitue un prisme pour mieux saisir les variations de la vie politique locale. Si elle en demeure a priori une singularité, elle traduit néanmoins des formes très différentes de représentations des pratiques politiques. Le « notable local » du xixe siècle se définirait prioritairement par son état (propriétaire terrien, grande fortune, formes de vassalité…)41 alors que celui d’aujourd’hui se caractériserait avant tout par sa position et son rôle dans l’espace public local (valorisation de la proximité, « génération terrain », chantre de l’identité villageoise…). Si certains avaient déjà cru voir dans l’avènement de la IIIe République et la professionnalisation du politique la « fin des notables » ou des terroirs42, d’autres s’interrogent aujourd’hui, et parfois à juste titre, sur leur devenir. Ainsi, les transformations récentes des structures de décisions avec le développement de l’intercommunalité43 conduisent plus que jamais à s’interroger en profondeur sur les formes de légitimation mayorale.
Notes de bas de page
1 Schmitt Charles, Le Maire de la commune rurale, Paris, Berger-Levrault, coll. « L’administration nouvelle », 1967, p. 21.
2 Bernot Lucien et Blancard René, Nouville, Un Village français, Paris, Institut d’ethnologie, 1953, 448 p. ; Wylie Lawrence, Chanzeaux, village d’Anjou, Paris, Gallimard, 1970 ; Morin Edgar, Commune en France. La métamorphose de Plodémet, Paris, Fayard, 1967.
3 Le terme qui apparaît dans le dictionnaire de l’Académie de 1694 définit le mot ainsi : « “Les principaux et plus considérables d’une ville, d’une province, d’un état”. Le terme de “notable” a pris un sens administratif au xviiie siècle, par exemple l’édit de 1764 lui donne une place plus précise dans la formation de certaines municipalités ; les assemblées provinciales, enfin l’Assemblée des notables de 1787, consacrent l’emploi du mot, sinon de l’institution. La Révolution a répudié le mot, mais le Consulat fait apparaître des “listes de notabilités” dans le système électoral et les tribunaux de commerce, jusqu’en 1848, furent élus par les “notables patentés” » (Tudesq André-Jean, « L’étude des notables. Inventaire des sources et projets d’enquête », Bulletin d’histoire moderne et contemporaine du comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, Imprimerie nationale, 1956, p. 25).
4 Garraud Philippe, « Le métier politique : dimensions et transformations », Congrès de l’Association française de science politique, Bordeaux, octobre 1988, p. 57.
5 Ce terme qui est ici utilisé pour singulariser la politique au village se définit d’autant mieux par son opposition à la « grande politique ». Celle-ci renvoie à ce que nous appelons le « noyau dur » du politique, la politique institutionnelle, sur lequel il existe un consensus social (a priori). Ainsi, l’imaginaire collectif ou édilitaire entend par « grande politique » l’ensemble des processus, des facteurs, des lieux ou des événements qui sont perçus par le corps social ou « l’opinion publique » comme étant politiques. Par exemple, chez les élus locaux interrogés, la « grande politique » renvoie presque exclusivement à la politique dite « politicienne », aux querelles partisanes, à la « démocratie des partis » ou à l’État.
6 Worms Jean-Pierre, « Le préfet et ses notables », Sociologie du travail, 1966, 3, p. 253.
7 Halévy Daniel, La Fin des notables, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », 1995 ; Tudesq André-Jean et Jardin André, La France des notables (1815-1848), 2 t., Paris, Seuil, coll. « Points », 1973.
8 Rondin Jacques, Le Sacre des notables : la France en décentralisation, Paris, Fayard, 1985. Les lois de décentralisation de 1982-1983 auraient consacré le retour des notables en renforçant notamment le leadership mayoral.
9 Becquart-Leclerc Jeanne, Paradoxes du pouvoir local, Paris, FNSP, p. 176.
10 Mabileau Albert, « De la monarchie municipale à la française », Pouvoirs, 73, 1995, p. 12.
11 Collovald Annie, « Identités stratégiques », Actes de la recherche en sciences sociales, 73, 1989, p. 29.
12 Voir à cet égard les analyses de Daniel Gaxie et Patrick Lehingue qui ont montré, à travers l’exemple des élections, la spécificité des « champs politiques périphériques » par rapport au « champ politique central » : Gaxie Daniel et Lehingue Patrick, Enjeux municipaux. La constitution des enjeux politiques dans une élection municipale, Paris, PUF, 1984, p. 19-20.
13 Becquart-Leclerc Jeanne, Paradoxes du pouvoir local, op. cit., p. 176.
14 Worms Jean-Pierre, art. cit., p. 254.
15 Sorbets Claude, « Est-il légitime de parler de présidentialisme municipal ? », Pouvoirs, 24, 1983.
16 La simple observation des parcours des édiles rencontrés (plus particulièrement dans les communes rurales) suffit à s’en convaincre (voir infra).
17 Pour des raisons qui tiennent aux « exigences » du format de la présente publication, nous ne référencerons pas à chaque fois les entretiens. Le dispositif d’enquête repose sur un corpus de trente-quatre entretiens semi-directifs réalisés auprès de maires ruraux et périurbains dans le département d’Ille-et-Vilaine au cours de l’année 2000 enrichi par onze entretiens supplémentaires (pour quatre d’entre eux, auprès d’édiles déjà rencontrés en 2000) effectués au cours de l’hiver 2005. L’ensemble des extraits cités dans cette contribution est issu de ce corpus.
18 Sur les stratégies de présentation et d’étiquetage des édiles, nous nous permettons de renvoyer à notre travail, Tanguy Gildas, « À propos des luttes de définitions de la politique locale. Discours et représentations des maires ruraux et périurbains en Ille-et-Vilaine », Arnaud Lionel et Guionnet Christine (dir.), Les Frontières du politique. Enquête sur les processus de politisation et de dépolitisation, Rennes, PUR, 2005, p. 145-176.
19 Nous utilisons ce terme dans l’acception de Norbert Élias (La Dynamique de l’occident, Paris, Calmann-Lévy, 1975, p. 31). La référence « aux chances » nous sert ici à caractériser un processus : celui de la monopolisation des ressources (autres que notabiliaire) comme moyen d’accéder à la fonction mayorale.
20 Au sens où le définit Marc Abélès (Jours tranquilles en 89. Ethnologie politique d’un département français, Paris, Odile Jacob, 1989).
21 Cf. Gaxie Daniel et Lehingue Patrick, Enjeux municipaux, op. cit.
22 Worms Jean-Pierre, art cit., p. 254.
23 Cf. Kesselman Mark, Le Consensus ambigu, op. cit. Selon les hypothèses dégagées par l’auteur, le « consensus ambigu » correspond au désir permanent d’éviter les affrontements partisans afin de maintenir (au moins en apparence) l’unité politique du village.
24 Vignon Sébastien, « La dynamique des marchés électoraux périphériques : l’exemple des élections municipales de mars 2001 dans les communes rurales de la somme », Lagroye Jacques, Lehingue Patrick et Sawicki Frédéric (dir.), Mobilisations électorales. Le cas des élections municipales de mars 2001, Paris, PUF, 2005, p. 1-2 (la citation est ici tirée du texte avant parution que l’auteur nous a aimablement communiqué).
25 Lefebvre Rémi, « Rhétorique de la proximité et crise de la représentation », Cahiers lillois d’économie et de sociologie, Paris, L’Harmattan, février 2001.
26 Sur la ré-appropriation et le basculement du concept de « grandeur », cf. Le Bart Christian, « Introduction. Une nouvelle grandeur politique ? », Le Bart Christian et Lefebvre Rémi (dir.), La Proximité en politique. Usages, rhétoriques, pratiques, Rennes, PUR, 2005, p. 11-30.
27 Boltanski Luc et Thevenot Laurent, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991.
28 Le Goff Tanguy, « L’insécurité saisie par les maires. Un enjeu de politiques municipales », Revue française de science politique, vol. 55 (3), juin 2005, p. 443.
29 Guionnet Christine, « Élections et apprentissage de la politique. Les élections sous la monarchie de Juillet », Revue française de science politique, vol. 46 (4), août 1996, p. 563 sq.
30 Worms Jean-Pierre, art. cit., p. 254.
31 Au sens où le définit Pierre Bourdieu (« La représentation politique », Actes de la recherche en sciences sociales, 36-37, 1981, p. 3-24).
32 Becquart-Leclerc Jeanne, « Les chemins du pouvoir local : la sélection du maire », Pouvoirs, 24, 1983, p. 98.
33 Si cette remarque demeure pertinente dans les entités rurales, elle est à nuancer pour les aires périurbaines. Par exemple, pour les communes qui se situent dans la communauté d’agglomération « Rennes métropole », les propriétés des édiles diffèrent à la marge. La dimension partisane et l’inscription dans un parcours « politisé » (syndicats, mouvements d’action professionnelle, etc.) sont évoquées sans retenue. Pour des exemples précis, nous nous permettons de renvoyer à notre travail, Tanguy Gildas, Le Local introuvable. Discours et représentations des maires ruraux et périurbains en Ille-et-Vilaine, université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, mémoire pour le DEA sociologie politique, septembre 2000, p. 82 sqq. Le développement de l’intercommunalité et notamment des EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) à travers la loi « Chevènement » du 12 juillet 1999 joue aussi sur les transformations du « métier politique » local. Sur ce point, cf. Vignon Sébastien, « Les rétributions inégales de l’intercommunalité pour les maires ruraux. Les improbables retours sur investissement(s) politique(s) », Le Saout Rémy et Madoré François (dir.), Les Effets de l’intercommunalité, Rennes, PUR, 2004, p. 17-38.
34 Guionnet Christine, « La politique au village : une révolution silencieuse », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 45-4, octobre-décembre 1998, p. 777.
35 Ibid.
36 Vignon Sébastien, « Les rétributions inégales de l’intercommunalité pour les maires ruraux… », art. cit.
37 Médard Jean-François, « Le rapport de clientèle. Du phénomène social à l’analyse politique », Revue française de science politique, vol. 6 (1), février 1976, p. 107-108.
38 Sur ce point, voir Le Bart Christian, « Métier politique et ubiquité : l’art d’être là », Le Bart Christian et Lefebvre Rémi (dir.), La Proximité en politique, op. cit., p. 145-166.
39 On peut tenter un parallèle et opérer un détour par l’histoire (en évitant bien entendu les extrapolations trop hâtives) avec le rituel monarchique des écrouelles décrit notamment par Marc Bloch (Les Rois thaumaturges, Paris, Gallimard, 1993).
40 Bourdieu Pierre, « Les modes de domination », Actes de la recherche en sciences sociales, 2-3, 1976, p. 126.
41 Sur les représentations emblématiques de ces figures, voir Phélippeau Éric, L’Invention de l’homme politique moderne. Mackau, l’Orne et la République, Paris, Belin, coll. « Socio-histoires », 2002, notamment chap. 1 et 2.
42 Weber Eugen, La Fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, 1870-1914, Paris, Fayard, 1983.
43 On comptait ainsi 2 195 communautés de communes au 1er janvier 2003 contre 193 au 1er janvier 1993 ! (source : Le Courrier des maires et des élus locaux, juin-juillet 2003, n° 159-160).
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