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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral La collectivité villageoise comme construction Sociabilité traditionnelle et politisation Dissolution ou recomposition du local ? Notes de bas de page Auteur

    Sociabilité et politique en milieu rural

    Ce livre est recensé par

    • Thibault Marmont, Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, mis en ligne le 31 décembre 2009. URL : https://journals.openedition.org/abpo/236 ; DOI : https://doi.org/10.4000/abpo.236
    • Alexandre Hyacinthe, Lectures, mis en ligne le 30 janvier 2019. URL : https://journals.openedition.org/lectures/722 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.722
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    Table des matières

    La politisation de la sociabilité communale dans le Quercy du xixe siècle

    François Ploux

    p. 113-123

    Entrées d’index

    Index géographique : France

    Texte intégral La collectivité villageoise comme construction Sociabilité traditionnelle et politisation Dissolution ou recomposition du local ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Si l’on se reporte à l’abondante littérature consacrée depuis le début des années 1970 à la question des interférences entre modes de politisation et formes de sociabilité communale, on peut dégager deux approches qui, bien que parfois présentes sous la plume d’un même auteur, peuvent paraître au premier abord sinon totalement contradictoires, du moins difficilement conciliables. En effet la collectivité villageoise a pu être perçue, selon la définition qu’on en a donnée, soit comme l’un des principaux obstacles à la politisation des campagnes, soit à l’inverse comme l’un des vecteurs de cette politisation.

    2D’un côté, ainsi que le souligne fort justement Christine Guionnet1, l’historiographie n’a cessé d’associer l’archaïsme politique des populations villageoises à la prégnance des structures et des comportements « communautaires ». Leur persistance à l’aube de l’époque contemporaine aurait gêné la diffusion des valeurs de l’individualisme démocratique. L’impossibilité pour les habitants des campagnes d’agir et d’opiner de manière totalement autonome découlait en grande partie, nous dit-on, de leur inscription dans des réseaux de solidarités ou des rapports de dépendance étroitement locaux. Et d’autre part ces villageois, dont l’identité sociale dépendait de l’appartenance à une communauté d’habitants, n’étaient pas en mesure de se penser comme des sujets politiques singuliers2. Les conditions n’étaient donc pas réunies pour que le vote pût être véritablement un acte individuel, produit d’une volonté autonome, exprimant une opinion intime : l’acte électoral était avant tout un acte social, dont la logique serait à chercher dans la dynamique des interractions internes de la collectivité locale. Et l’on a souvent fait du vote unanimiste (parfois encore désigné comme un vote « communautaire3 ») le symptôme de cet « archaïsme » des « mentalités » et des comportements rustiques, puisqu’au travers de ce geste les électeurs ne manifestaient rien d’autre que leur appartenance à une communauté locale de référence. L’individualisme démocratique ne pouvait logiquement apparaître qu’avec l’avènement de sujets politiques autonomes, c’est-à-dire avec la constitution de la politique en sphère désencastrée des structures communautaires. Autrement dit la dislocation des appartenances territoriales était l’une des conditions de la politisation des campagnes.

    3Cependant on a aussi montré combien la sociabilité coutumière avait pu contribuer à faciliter l’infiltration de la politique dans les rapports sociaux quotidiens. Une sociabilité villageoise intense, en multipliant les interactions sociales à l’intérieur du village comme les contacts entre la commune et son environnement, aurait accéléré l’acculturation politique des paysans. Elle aurait joué un rôle central dans le processus de réception et de réappropriation du politique par les collectivités locales traditionnelles. À l’inverse, une vie sociale atone aurait plutôt constitué un facteur d’apolitisme et de soumission passive aux notables4.

    4Ces deux propositions (les structures communautaires comme obstacle à la politisation ; la sociabilité communautaire comme facteur de politisation) me paraissent contradictoires, si l’on veut bien admettre que cette sociabilité coutumière constituait l’une des dimensions essentielles de la vie communautaire traditionnelle. Et il me semble que si ces deux points de vue antinomiques ont pu coexister, c’est peut-être parce que les chercheurs n’ont cessé d’hésiter entre deux définitions, ou plus exactement deux approches, de la collectivité villageoise traditionnelle. À une vision holiste, organiciste de la « communauté » villageoise, qui met l’accent sur la contrainte (intériorisée ou non) que le groupe exerce sur chacun de ses membres, s’oppose une approche plus attentive aux interactions sociales, éventuellement conflictuelles, à l’intérieur de la collectivité.

    5En fait certains des postulats de l’histoire, comme du reste la sociologie des collectivités villageoises, doivent être attribués au fait que les travaux consacrés à cette question sont longtemps restés arrimés à une théorie de l’évolution historique (systématisée par Tönnies) selon laquelle on aurait assisté, au cours des siècles, à la transition entre deux modèles de relations sociales : la Communauté et la Société selon la terminologie du sociologue allemand5. Et tandis que le modèle de la Communauté aurait trouvé sa pleine réalisation dans la collectivité villageoise « traditionnelle », c’est dans l’univers urbain moderne que se seraient développées des relations sociales supposées caractériser la Société6.

    6Mais il importe de souligner ici plusieurs implications de cette assimilation de la collectivité villageoise à la Communauté au sens de Tönnies. En premier lieu toute une tradition historiographique a attribué à la collectivité rurale un certain nombre de traits (tels que l’isolement, la stabilité, la cohésion, l’harmonie, le consensus, etc.) censés la caractériser en propre, la définir dans son essence. D’autre part, le fait d’associer ces formations sociales à un type de rapports sociaux condamnés par l’évolution historique (par l’affirmation simultanée du Capitalisme, de l’Individualisme et de l’État-nation), conduisait logiquement à percevoir la persistance des solidarités villageoises comme un frein à la modernité (politique notamment).

    7En m’appuyant sur l’exemple des villages du Haut-Quercy, je voudrais tenter d’apporter quelques nuances ou correctifs à cette conception encore très prégnante de la collectivité villageoise.

    La collectivité villageoise comme construction

    8Il faut d’abord rappeler que la solidarité villageoise n’était jamais quelque chose d’évident. La collectivité locale (qu’il ne faudrait pas réduire à sa dimension institutionnelle7) n’était en aucun cas une communauté « naturelle ». La société quercinoise du xixe siècle se caractérisait en effet par une très grande mobilité : il s’agissait certes essentiellement d’une micro-mobilité, mais qui n’en impliquait pas moins d’incessants déplacements d’une localité à l’autre. Les relations sociales et les échanges commerciaux s’organisaient indépendamment du découpage de l’espace en communes ou en paroisses. Les communes rurales n’étaient pas des microcosmes clos. Elles ne formaient pas des entités discrètes. Les solidarités et les identités communales (et il faut reconnaître que ces dernières étaient particulièrement vigoureuses dans la région8) étaient en permanence démenties par les pratiques sociales effectives. On peut dire de la collectivité villageoise du Haut-Quercy qu’elle était une construction et non pas un donné. Le territoire communal était en effet autant l’objet d’un investissement symbolique et affectif qu’un cadre à l’intérieur duquel s’organisaient les rapports sociaux quotidiens. La collectivité locale, qui était au moins en partie une communauté imaginée (pour reprendre l’expression que Benedict Anderson appliquait naguère aux communautés nationales), se livrait à un perpétuel travail de construction symbolique de la différence, et simultanément d’affirmation de son identité (au moyen d’emblèmes9, de blasons, au travers de rites, de violences codifiées ou par le biais d’un discours sur l’altérité que l’on peut lire dans les pétitions rédigées par les villageois qui protestent contre un projet de fusion de leur commune avec une localité voisine). L’unanimisme communautaire, tel qu’il pouvait par exemple se manifester à l’occasion de certains scrutins, ou lors des insurrections antifiscales, n’était jamais le résultat d’un élan spontané, mais impliquait la sanction des déviants et des dissidents10. Enfin le contenu même de l’identité communale n’était pas fi gé, et ne faisait pas forcément consensus. La conscience communale, pas plus que le rapport affectif au territoire ou le sentiment d’appartenance, n’étaient nécessairement homogènes à l’intérieur du groupe. Si, par exemple, la communauté était perçue comme une sorte de réplique grand format de la famille, pour les notables l’assimilation du village à la famille visait à souligner la dimension paternaliste des rapports sociaux à l’intérieur du groupe, tandis que pour le reste de la population la grande famille communale était à l’image de l’ostal – la famille paysanne – c’est-à-dire une entité définie par sa capacité à défendre son capital d’honneur (d’où la fréquence des violences intervillageoises)11.

    9Signalons une troisième implication de la référence implicite au modèle tönnisien. À partir du moment où la collectivité villageoise est défi nie comme un groupe uni, solidaire et consensuel, n’importe quel conflit à l’intérieur de ce groupe va être interprété comme l’indice d’un processus de désagrégation (processus de toute manière inévitable tant qu’on reste dans le cadre d’une théorie du changement social qui définit la collectivité villageoise par référence au modèle de la Communauté et postule le passage, au cours des âges, du stade de la Communauté à celui de la Société). Et l’on observera que pratiquement tous les historiens qui se sont intéressés au problème de la collectivité villageoise se sont crus obligés de repérer les causes et les symptômes de sa décomposition, et en ont dressé l’acte de décès12. Ainsi a-t-on pu situer l’entrée en décadence des collectivités villageoises à l’aube des Temps modernes (Jean Jacquart)13, au xviiie siècle (Pierre de Saint-Jacob ou Tocqueville)14, au lendemain de l’abolition du régime seigneurial (Albert Soboul)15, à la Belle Époque (Eugen Weber)16 ou encore après la Seconde Guerre mondiale (Maryvonne Bodiguel par exemple)17.

    10La désagrégation de la communauté territoriale traditionnelle a fréquemment été décrite à la fois comme la condition et comme la conséquence de la politisation des campagnes (la régression des votes unanimistes traduisant l’éclatement de la cellule villageoise)18. Je voudrais tenter de montrer ici que c’est parce que les relations sociales à l’intérieur de la collectivité villageoise étaient conflictuelles que cette collectivité a pu jouer le rôle de vecteur de la diffusion de la politique moderne dans la société paysanne. Et d’autre part que si cette politisation a forcément contribué à modifier la représentation que les villageois se faisaient de la nature des relations à l’intérieur du groupe local, elle n’impliquait pas nécessairement la disparition de la collectivité villageoise (si on accepte l’hypothèse d’une recomposition des attaches locales sur d’autres bases).

    Sociabilité traditionnelle et politisation

    11Il me paraît donc nécessaire d’insister sur le caractère fondamentalement conflictuel de la sociabilité villageoise dans le Haut-Quercy du xixe siècle. La commune rurale était en permanence travaillée par toutes sortes de conflits. Et ce n’est pas chercher à cultiver le paradoxe que d’affirmer que cette conflictualité contribuait indirectement à renforcer la cohésion du groupe territorial, puisqu’aussi bien la collectivité se perpétuait en tant qu’instance de régulation du conflit (les formes infrajudiciaires de règlement du différend étaient essentiellement, bien que pas exclusivement, communales, le maire jouant par exemple un rôle clé dans les procédures de médiation ou d’arbitrage). La fréquence de ces dissensions (dont rien n’autorise d’ailleurs à affirmer qu’elle s’est accrue au cours du siècle) ne révèle en aucun cas un dépérissement des solidarités territoriales.

    12Cependant il va de soi que toutes les formes de conflit n’étaient pas au même degré perméables à la politique : les querelles intervillageoises, par exemple, comme les dissensions relatives aux droits d’usage ou aux communaux ne prenaient que très exceptionnellement une tournure politique19. Selon un processus maintes fois décrit, et dont on ne reprendra pas ici l’analyse détaillée, ce sont les luttes de pouvoir ou de prestige entre petits notables de village s’affrontant dans l’arène communale qui tendaient à se politiser (même si, pour des raisons qui nous échappent souvent, certaines disputes restaient totalement hermétiques à la grande politique20). Je voudrais tenter de préciser rapidement quelques-unes des raisons qui peuvent expliquer cette propension de la dispute factionnelle à la politisation (et par politisation j’entends ici le fait pour une « coterie » villageoise de se doter d’une identité politique censée masquer sa dimension factionnelle et clientélaire et gommer le caractère étroitement local de l’enjeu de la dispute).

    13Il faut d’abord souligner que l’affrontement des petites ambitions locales débouchait presque systématiquement sur la division de la collectivité en deux « partis » hostiles. Et le caractère toujours très polarisé du champ politique local ne pouvait que favoriser le sentiment d’une interdépendance entre la dispute villageoise et les luttes qui divisaient un champ politique national lui-même clivé. On notera encore que les villageois étaient d’autant plus enclins à percevoir leurs démêlés en termes politiques que les affrontements sur la scène nationale étaient intenses. C’est pourquoi au xixe siècle la politisation de la dispute locale n’est en aucun cas un phénomène irréversible : on observe une alternance entre phases de politisation et phases de dépolitisation de la dispute locale21.

    14D’autre part, pour bien saisir les mécanismes de la transfiguration des luttes de prestige locales en affrontements politiques, et la logique de l’articulation entre sociabilité coutumière et mobilisation politique, il faut prendre en considération le positionnement très particulier – à l’intersection de deux champs conflictuels – de ceux dont l’antagonisme est presque toujours à l’origine de la dispute. Ces petits notables (il s’agit du desservant, du maire, de l’adjoint, d’un conseiller municipal, de l’instituteur, d’un propriétaire influent, etc.) sont en effet impliqués simultanément dans les rivalités internes à la collectivité villageoise et dans les conflits politiques nationaux. C’est cette position qu’ils occupent au croisement du local et du national, du coutumier et du politique, qui explique leur aptitude à mobiliser simultanément dans la lutte des ressources (matérielles, symboliques ou relationnelles) qui relèvent de l’un ou l’autre de ces deux univers sociaux et culturels.

    15Même s’il est très difficile de mettre en évidence comment une querelle de préséance en vient à être perçue au travers des catégories de la politique nationale, il est évident que cette rationalisation a posteriori (car c’est bien de cela qu’il s’agit) résulte d’un travail d’importation dans la dispute locale, par les chefs de factions locales, de thématiques propres au champ politique national. Et cette conversion du conflit de pouvoir local en affrontement idéologique n’est certainement pas totalement désintéressée. Elle procède d’une stratégie, dont on ne saurait dire dans quelle mesure elle est consciente, d’universalisation de l’intérêt particulier : le petit notable qui veut accéder à la mairie va par exemple chercher à mobiliser les habitants de la commune en dénonçant le curé qui empiète sur la sphère de compétence municipale, ou, plus tard, en l’accusant de « cléricalisme ». C’est là une manière de camoufler la dimension clientélaire des factions locales. Mais il est bien évident que cette instrumentalisation de la politique à des fi ns particulières aura des effets à long terme sur la conscience politique des ruraux.

    16Par ailleurs, ce ne sont pas seulement des ressources symboliques qui vont être mobilisées dans la lutte, mais, de plus en plus, à compter des années 1870, la manne publique (sous forme de subvention, d’autorisation de cultiver du tabac, de nomination à un poste de petit fonctionnaire…). Et dans la mesure où la distribution de ces ressources fait l’objet de manipulations électoralistes (le pouvoir en place privilégiant systématiquement ses partisans), elle constitue un facteur de politisation. Il faut souligner ici un point important. Le marchandage des votes et des ressources publiques s’opère presque toujours par l’intermédiaire des chefs de parti villageois (le maire ou son rival). Ce sont eux qui transmettent à l’élu ou au candidat en campagne les requêtes de leurs administrés. C’est l’une des raisons pour lesquelles la mobilisation de l’électorat reste essentiellement municipale.

    17D’un autre côté, la sociabilité coutumière au sens large va fournir aux chefs de faction ou aux partis en présence toute une gamme de ressources susceptibles d’être mobilisées dans l’affrontement. En effet la mobilisation des villageois par les chefs de faction s’effectue pour l’essentiel dans le cadre de la sociabilité habituelle : au cabaret, à la foire, sur la place publique, à la messe (utilisée par nombre de curés comme une tribune politique), à l’occasion des fêtes de village. Ni la mise en place des scrutins municipaux, ni la diffusion tardive de la presse, ni l’apparition d’agents électoraux n’ont pu déconnecter totalement le conflit, même politisé, de la sociabilité ordinaire. Les agents électoraux ne sont d’ailleurs souvent, au début de la IIIe République, que de simples villageois particulièrement impliqués dans la lutte (il s’agit d’instituteurs, de tenanciers de débits de boissons ou d’ecclésiastiques)22. D’autre part la dispute continue d’être perçue au travers des catégories indigènes de la honte et de l’honneur. C’est une lutte de prestige, dont l’enjeu est l’estime publique. C’est pourquoi le conflit donne lieu à des joutes où chacun des deux camps va s’efforcer de déconsidérer le parti adverse au moyen d’un ensemble de démonstrations inscrites dans la coutume locale et qui sont habituellement destinées à stigmatiser des écarts de conduite privés (charivaris, bravades, paillées, chansons satiriques, etc.). Parallèlement, les membres de chaque parti vont adresser à leurs leaders des louanges publiques qui prendront la forme de sérénades, de triomphes, d’érection de mais d’honneur23. Enfin, le processus d’agrégation des partis locaux fait jouer les clivages et les solidarités infra-politiques. La jeunesse, souvent en mauvais termes avec le curé au sujet des danses et de la fréquentation du cabaret, se range habituellement dans le camp des anticléricaux.

    18Tout ceci révèle combien les rapports que les représentants de cette petite élite villageoise précocement politisée entretiennent avec la sociabilité et la culture coutumières sont ambigus. Les instituteurs et les desservants de paroisse en particulier – qui sont de ce point de vue très proches –, bien que directement issus de l’univers villageois, en sont devenus étrangers du fait de leur passage par l’école normale ou le séminaire, synonyme d’acquisition d’une culture lettrée aux antipodes de la culture virile caractéristique de la société villageoise24. Ils sont volontiers enclins à dénoncer certains usages caractéristiques de la sociabilité populaire (la fréquentation du cabaret, les danses, la justice coutumière), qu’ils ne cessent pourtant de mobiliser dans la lutte.

    Dissolution ou recomposition du local ?

    19Il est évident que la politisation de la dispute intra-communale – même si elle fut sans doute assez superficielle dans les premières décennies du siècle – n’a pu que modifier les fondements aussi bien objectifs que subjectifs de l’identité communale. Ajoutons, même si cela va sans dire, que bien d’autres facteurs sont intervenus ici (élargissement de l’horizon géographique des paysans, déclin progressif mais inexorable des pratiques coutumières, régression d’une culture orale dont François Furet et Jacques Ozouf affirment qu’elle était essentiellement collective, par opposition à une culture écrite secrète et personnelle)25. Pour ne retenir qu’un aspect de la question, mais qui me paraît fondamental, si certains représentants de la petite bourgeoisie rurale ont pu prendre appui sur un anticléricalisme coutumier plus ou moins latent pour affirmer leur autorité locale au détriment du clergé, ils ont donné à cet anticléricalisme populaire une dimension plus politique, ce qui a favorisé l’approfondissement, dans les campagnes, d’une conscience municipale laïque. Par ailleurs la mise en concurrence des autorités sociales a eu pour résultat d’ébranler l’évidence de la soumission aux notables, qui, si elle est toujours perceptible sous la IIIe République, apparaît beaucoup moins déférente, beaucoup plus intéressée que sous la monarchie constitutionnelle (on prend parti pour celui dont on a le sentiment qu’il a la capacité de peser sur les décisions de l’administration)26.

    20La politisation de la conflictualité intracommunale a donc été un facteur de transformation des rapports sociaux à l’intérieur de la collectivité territoriale. Mais a-t-elle pour autant provoqué la dislocation des solidarités territoriales ? Peut-on soutenir qu’elle a contribué au processus de dissolution du local dans le national qu’un auteur comme Eugen Weber s’est efforcé de décrire ?

    21Avant de tenter d’apporter quelques éléments de réponse à cette question, il faut souligner combien les choses ont évolué lentement au cours de la période. Jusque dans les premières années du xxe siècle au moins, on continue d’observer une articulation entre enjeux locaux et enjeux nationaux censée caractériser les premières phases de la politisation des campagnes (à Gramat, par exemple, où la question de la reconstruction de l’église est à l’origine d’une violente dispute qui, engagée dès 1876, s’envenime en 1902, les conservateurs se disent partisans de l’église neuve tandis que les républicains préconisent la réparation de l’ancienne église Saint-Pierre)27. Le recours aux insultes rituelles dans les conflits politiques ne régresse que très progressivement au début de la IIIe République. Enfin un simple aperçu de la fréquence des votes unanimistes dans les années 1870-1880 suffit à démontrer que ce type de scrutin, dont on se plaît à répéter que la régression aurait traduit l’affaissement des solidarités villageoises et l’avènement de l’individualisme démocratique, a connu une évolution complexe et paradoxale.

    22Les résultats des élections de 1876 et 1877 correspondent tout à fait à l’image que l’on se fait de l’unanimisme électoral comme produit de la domination notabiliaire. C’est en effet dans la partie occidentale du département (arrondissements de Cahors et de Gourdon), là où les grands notables bonapartistes restent très influents, que les scores communaux en faveur des candidats de la droite monarchiste avoisinent ou dépassent 85 % (et les taux sont d’autant plus élevés que l’on se rapproche du fief du candidat conservateur). En revanche, dans l’arrondissement de Figeac, où l’audience des républicains est beaucoup plus grande, les scores sont plus serrés.

    23Cependant la montée en puissance des républicains à compter de 1881 provoque une inversion de cette géographie de l’unanimisme électoral. Autour de Figeac, les candidats républicains obtiennent des scores souvent supérieurs à 90 %, voire dans certaines communes la totalité des suffrages. En revanche dans les arrondissements de Cahors et Gourdon, la percée des républicains se traduit par des scores plus équilibrés, à l’intérieur de chaque commune, entre bonapartistes et républicains.

    24Il faudrait bien entendu s’interroger sur la signification de cet unanimisme des années 1870 et 1880. A-t-il par exemple tout à fait le même sens que celui d’avril 1848 élevé au rang de paradigme (mais qui doit sans doute beaucoup à l’influence du contexte de fraternisation caractéristique des premières semaines de la IIe République) ? Mais quoi qu’il en soit, l’image d’un unanimisme qui se délite au fil des ans doit être nuancée.

    25Et dans les nombreuses localités où la politique est source de division, il me semble qu’on assiste, au début de la IIIe République, à une recomposition des rapports entre le local et le national davantage qu’à une dislocation des solidarités communales consécutives à l’intégration nationale par la politique.

    26Au début du siècle, alors que les rapports entre la société civile et l’État restent très conflictuels, la vigueur des solidarités communales apparaît comme la condition de l’efficacité d’une stratégie collective de mise à distance d’un État qu’on ne tolère qu’à la condition qu’il ne se manifeste que lorsqu’on le sollicite. Dans les années 1870, la municipalité est plutôt le relais de l’État (c’est-à-dire à la fois le point de pénétration des institutions englobantes28 et l’instance qui médiatise l’accès aux ressources publiques). On n’a peut-être pas suffisamment pris la mesure de l’importance de la localité (commune ou municipalité) dans le processus de construction de la Nation, de consolidation de l’État et de légitimation du régime républicain29. Sans évoquer tous les aspects de la question, il apparaît qu’à cette date, le local ne prend sens et consistance qu’en relation avec le national. L’écriture par les érudits locaux (instituteurs ou desservants de paroisses) de monographies de villages destinées à être lues par les habitants a par exemple contribué à refonder l’identité communale en lui donnant une profondeur historique, mais toujours en relation avec l’histoire nationale (l’histoire de la commune est conçue comme un décalque en miniature de l’histoire de France)30. Et pour en revenir au politique, il me semble que c’est en partie par leur implication dans des conflits municipaux politisés que les villageois du Haut-Quercy ont pu éprouver simultanément leur appartenance à une collectivité territoriale et leur inscription dans l’espace national. La commune délimite moins que jamais un espace à l’intérieur duquel se déploieraient les échanges sociaux quotidiens, et la collectivité prend désormais conscience de son existence au travers d’un conflit dont l’enjeu est la détention d’un pouvoir qui s’exerce dans les limites de son territoire31. Mais dans la mesure où ce conflit est politisé (et peu importe ici à quel degré), c’est en même temps son appartenance à la Nation que le paysan éprouve en s’impliquant dans la dispute.

    Notes de bas de page

    1 Guionnet Christine, L’Apprentissage de la politique moderne. Les élections sous la monarchie de Juillet, Paris, L’Harmattan, 1997, 328 p.

    2 Ibid., passim.

    3 Qui, soit dit au passage, n’a pas véritablement fait l’objet d’enquêtes systématiques : on en revient toujours aux élections d’avril 1848.

    4 « La vie en village, écrit Charles Tilly, élève la sensibilité et la conscience politiques, l’action collective et l’unanimité (forcée) » (Tilly Charles, La Vendée. Révolution et contre-Révolution, Paris, Fayard, 1970, p. 97). On observera que pour Charles Tilly unanimisme et conscience politique ne sont pas incompatibles.

    5 Newby Howard, The Deferential Worker. A Study of Farm Workers in East Anglia, Madisson, The University of Wisconsin Press, 1977, p. 95 sqq.

    6 Sans doute les typologies binaires qui opposent de manière tranchée sociétés holistes et sociétés individualistes, ou, dans un autre registre, mentalités et opinion, s’inspirent-elles en partie de ce type de construction théorique.

    7 Dans le Quercy, la collectivité villageoise est d’abord une instance de surveillance, de régulation sociale et de sanction. Les frontières communales délimitent un espace de circulation des ragots et des commérages.

    8 En témoigne la fréquence des guerres intercommunales (Ploux François, Guerres paysannes en Quercy. Violences, conciliation et répression pénale dans les campagnes du Lot, 1810-1860, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2002, p. 127-191).

    9 Le clocher, le mai municipal, le bâton d’honneur des jeunes garçons…

    10 Garrigou Alain, Histoire sociale du suffrage universel en France, 1848-2000, Paris, Seuil, coll. « Point histoire », 2002, 368 p. Il faudrait cependant ajouter que cet unanimisme communautaire pouvait à l’occasion se manifester dans la contestation de la domination notabiliaire. On pourrait distinguer un unanimisme de déférence et un unanimisme contestataire.

    11 Il s’agit en réalité de véritables guerres intercommunales (Ploux François, Guerres paysannes en Quercy, op. cit., p. 127-191).

    12 Cette vision pessimiste du devenir des collectivités territoriales s’explique aussi par le fait que nombre d’historiens, constatant la tombée en désuétude de certaines dimensions particulières de la vie communautaire (exploitation collective du terroir, sociabilités traditionnelles), ont été tentés d’en déduire que c’est tout l’édifice communautaire qui s’effondrait. On n’a guère pris en considération la possibilité d’une recomposition des attaches locales, sur un plan symbolique notamment (voir Cohen Anthony P., The Symbolic Contruction of Community, Londres/New York, Routledge, 1985, 128 p.).

    13 Jacquart Jean, Histoire de la France rurale, 2 : L’Âge classique des paysans de 1340 à 1789, Paris, Seuil, coll. « Point histoire », 1975, p. 262-283.

    14 Saint Jacob Pierre de, Les Paysans de la Bourgogne du Nord au dernier siècle de l’Ancien Régime, Rennes, Association d’histoire des sociétés rurales (« Bibliothèque d’histoire rurale »), 1995, 644 p. Tocqueville Alexis de, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1967, 378 p.

    15 Soboul Albert, « Problèmes de la communauté rurale (xviiie-xixe siècles) », Problèmes paysans de la Révolution (1789-1848), Paris, Maspero, 1976, p. 147-166.

    16 Weber Eugen, La Fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, 1870-1914, Paris, Fayard, 1983, 840 p.

    17 Bodiguel Maryvonne, « Au milieu du xxe siècle : une nouvelle génération d’associations », Agulhon Maurice et Bodiguel Maryvonne, Les Associations au village, Le Paradou/Actes Sud, p. 42-43.

    18 Garrigou Alain, op. cit., p. 235.

    19 Il est vrai que les conflits autour des communaux ont pu contribuer à la radicalisation du vote paysan sous la IIe République. Voir le cas de Florac. Arch. dép. du Lot, 2 O 126/3 et 2 U 230.

    20 « La commune de Sainte-Alauzie, observe un contrôleur des contributions directes au début des années 1840, est divisée en deux camps qui forment deux partis ennemis l’un de l’autre en ce qui concerne les affaires individuelles ou de la mairie, mais en politique, grâce à un meneur habile, ils n’ont tous qu’une même opinion qui n’est pas celle de l’ordre » (Constant-Le Stum Christiane, Le Lot vers 1850. Recueil de monographies cantonales et communales établies par les contrôleurs des contributions directes, Cahors, Arch. dép. du Lot, 2001, p. 101).

    21 Ploux François, « Luttes de factions à la campagne. L’exemple du Lot au xixe siècle », Histoire et sociétés rurales, n° 22, 2e semestre 2004, p. 103-134.

    22 Foissac Charles, Comment le Lot est devenu républicain en 1889, mémoire de maîtrise, Toulouse-Le Mirail, 1971, 266 p.

    23 Sur ce point : Ploux François, « Insultes au village (Haut-Quercy, xixe siècle) », Bouchet Thomas et al., L’Insulte (en) politique. Europe et Amérique latine du xixe siècle à nos jours, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2005, p. 41-51.

    24 Muel-Dreyfus Francine, Le Métier d’éducateur. Les instituteurs de 1900, les éducateurs spécialisés de 1968, Paris, Minuit, 1983, p. 17-140.

    25 Furet François et Ozouf, Jacques, Lire et écrire. L’alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, Paris, Minuit, 1977, p. 358. Le processus d’intimisation et d’autonomisation des consciences citoyennes, de même que l’affirmation d’une opinion publique nationale, repose sur la pratique de la lecture solitaire du journal. L’alphabétisation des ruraux a provoqué la disparition d’une culture orale du face-à-face qui était au fondement des solidarités communautaires.

    26 Ploux François, « Disputes au village quercynois. Querelles locales et histoire nationale à l’aube de la IIIe République », Demartini Anne-Emmanuelle et Kalifa Dominique (dir.), Imaginaire et sensibilités au xixe siècle. Études pour Alain Corbin, Créaphis, 2005.

    27 AN, F/19/6002.

    28 Thibon Christian, Pays de Sault. Les Pyrénées audoises au xixe siècle. Les villages et l’État, Paris, CNRS, 1988, 278 p.

    29 Dumons Bruno et Pollet Gilles, « Espaces politiques et gouvernements municipaux dans la France de la IIIe République. Éclairage sur la sociogenèse de l’État contemporain », Politix, vol. 14n° 53/2001, p. 15-32 ; Hazareesingh Sudhir, « The Société d’Instruction Républicaine and the Propagation of the Civic Republicanism in Provincial and Rural France, 1870-1877 », The Journal of Modern History, 71, juin 1999, p. 271-307. Pour Maurice Agulhon, « le civisme de la commune a préparé la voie à un civisme de la République, avant d’être absorbé par lui, et aussi revigoré par lui en retour » (Histoire de la France rurale, 3 : Apogée et crise de la civilisation paysanne, de 1789 à 1914, Paris, Seuil, coll. « L’Univers historique », 1976, p. 504).

    30 Sur cet emboîtement des appartenances et des identités, voir les réflexions d’Hubert Pérès, « Identité communale, République et communalisation. À propos des monuments aux morts des villages », Revue française de science politique, 39, 5, 1989, p. 665-682 ; « Le village dans la nation française sous la Troisième République. Une configuration cumulative de l’identité », Martin Denis-Constant (dir.), Cartes d’identité. Comment dit-on « nous en politique », Paris, Presses de la FNSP, 1994, p. 209-227.

    31 « En faisant de la mairie l’enjeu sérieux de rivalités réitérées et arbitrées électoralement, les camps en présence se reconnaissent mutuellement comme les partenaires inévitables d’un monde social épousant les frontières de la commune » (Pérès Hubert, « Identité communale, République et communalisation… », art. cit., p. 680).

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    François Ploux

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    1 Guionnet Christine, L’Apprentissage de la politique moderne. Les élections sous la monarchie de Juillet, Paris, L’Harmattan, 1997, 328 p.

    2 Ibid., passim.

    3 Qui, soit dit au passage, n’a pas véritablement fait l’objet d’enquêtes systématiques : on en revient toujours aux élections d’avril 1848.

    4 « La vie en village, écrit Charles Tilly, élève la sensibilité et la conscience politiques, l’action collective et l’unanimité (forcée) » (Tilly Charles, La Vendée. Révolution et contre-Révolution, Paris, Fayard, 1970, p. 97). On observera que pour Charles Tilly unanimisme et conscience politique ne sont pas incompatibles.

    5 Newby Howard, The Deferential Worker. A Study of Farm Workers in East Anglia, Madisson, The University of Wisconsin Press, 1977, p. 95 sqq.

    6 Sans doute les typologies binaires qui opposent de manière tranchée sociétés holistes et sociétés individualistes, ou, dans un autre registre, mentalités et opinion, s’inspirent-elles en partie de ce type de construction théorique.

    7 Dans le Quercy, la collectivité villageoise est d’abord une instance de surveillance, de régulation sociale et de sanction. Les frontières communales délimitent un espace de circulation des ragots et des commérages.

    8 En témoigne la fréquence des guerres intercommunales (Ploux François, Guerres paysannes en Quercy. Violences, conciliation et répression pénale dans les campagnes du Lot, 1810-1860, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2002, p. 127-191).

    9 Le clocher, le mai municipal, le bâton d’honneur des jeunes garçons…

    10 Garrigou Alain, Histoire sociale du suffrage universel en France, 1848-2000, Paris, Seuil, coll. « Point histoire », 2002, 368 p. Il faudrait cependant ajouter que cet unanimisme communautaire pouvait à l’occasion se manifester dans la contestation de la domination notabiliaire. On pourrait distinguer un unanimisme de déférence et un unanimisme contestataire.

    11 Il s’agit en réalité de véritables guerres intercommunales (Ploux François, Guerres paysannes en Quercy, op. cit., p. 127-191).

    12 Cette vision pessimiste du devenir des collectivités territoriales s’explique aussi par le fait que nombre d’historiens, constatant la tombée en désuétude de certaines dimensions particulières de la vie communautaire (exploitation collective du terroir, sociabilités traditionnelles), ont été tentés d’en déduire que c’est tout l’édifice communautaire qui s’effondrait. On n’a guère pris en considération la possibilité d’une recomposition des attaches locales, sur un plan symbolique notamment (voir Cohen Anthony P., The Symbolic Contruction of Community, Londres/New York, Routledge, 1985, 128 p.).

    13 Jacquart Jean, Histoire de la France rurale, 2 : L’Âge classique des paysans de 1340 à 1789, Paris, Seuil, coll. « Point histoire », 1975, p. 262-283.

    14 Saint Jacob Pierre de, Les Paysans de la Bourgogne du Nord au dernier siècle de l’Ancien Régime, Rennes, Association d’histoire des sociétés rurales (« Bibliothèque d’histoire rurale »), 1995, 644 p. Tocqueville Alexis de, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1967, 378 p.

    15 Soboul Albert, « Problèmes de la communauté rurale (xviiie-xixe siècles) », Problèmes paysans de la Révolution (1789-1848), Paris, Maspero, 1976, p. 147-166.

    16 Weber Eugen, La Fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, 1870-1914, Paris, Fayard, 1983, 840 p.

    17 Bodiguel Maryvonne, « Au milieu du xxe siècle : une nouvelle génération d’associations », Agulhon Maurice et Bodiguel Maryvonne, Les Associations au village, Le Paradou/Actes Sud, p. 42-43.

    18 Garrigou Alain, op. cit., p. 235.

    19 Il est vrai que les conflits autour des communaux ont pu contribuer à la radicalisation du vote paysan sous la IIe République. Voir le cas de Florac. Arch. dép. du Lot, 2 O 126/3 et 2 U 230.

    20 « La commune de Sainte-Alauzie, observe un contrôleur des contributions directes au début des années 1840, est divisée en deux camps qui forment deux partis ennemis l’un de l’autre en ce qui concerne les affaires individuelles ou de la mairie, mais en politique, grâce à un meneur habile, ils n’ont tous qu’une même opinion qui n’est pas celle de l’ordre » (Constant-Le Stum Christiane, Le Lot vers 1850. Recueil de monographies cantonales et communales établies par les contrôleurs des contributions directes, Cahors, Arch. dép. du Lot, 2001, p. 101).

    21 Ploux François, « Luttes de factions à la campagne. L’exemple du Lot au xixe siècle », Histoire et sociétés rurales, n° 22, 2e semestre 2004, p. 103-134.

    22 Foissac Charles, Comment le Lot est devenu républicain en 1889, mémoire de maîtrise, Toulouse-Le Mirail, 1971, 266 p.

    23 Sur ce point : Ploux François, « Insultes au village (Haut-Quercy, xixe siècle) », Bouchet Thomas et al., L’Insulte (en) politique. Europe et Amérique latine du xixe siècle à nos jours, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2005, p. 41-51.

    24 Muel-Dreyfus Francine, Le Métier d’éducateur. Les instituteurs de 1900, les éducateurs spécialisés de 1968, Paris, Minuit, 1983, p. 17-140.

    25 Furet François et Ozouf, Jacques, Lire et écrire. L’alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, Paris, Minuit, 1977, p. 358. Le processus d’intimisation et d’autonomisation des consciences citoyennes, de même que l’affirmation d’une opinion publique nationale, repose sur la pratique de la lecture solitaire du journal. L’alphabétisation des ruraux a provoqué la disparition d’une culture orale du face-à-face qui était au fondement des solidarités communautaires.

    26 Ploux François, « Disputes au village quercynois. Querelles locales et histoire nationale à l’aube de la IIIe République », Demartini Anne-Emmanuelle et Kalifa Dominique (dir.), Imaginaire et sensibilités au xixe siècle. Études pour Alain Corbin, Créaphis, 2005.

    27 AN, F/19/6002.

    28 Thibon Christian, Pays de Sault. Les Pyrénées audoises au xixe siècle. Les villages et l’État, Paris, CNRS, 1988, 278 p.

    29 Dumons Bruno et Pollet Gilles, « Espaces politiques et gouvernements municipaux dans la France de la IIIe République. Éclairage sur la sociogenèse de l’État contemporain », Politix, vol. 14n° 53/2001, p. 15-32 ; Hazareesingh Sudhir, « The Société d’Instruction Républicaine and the Propagation of the Civic Republicanism in Provincial and Rural France, 1870-1877 », The Journal of Modern History, 71, juin 1999, p. 271-307. Pour Maurice Agulhon, « le civisme de la commune a préparé la voie à un civisme de la République, avant d’être absorbé par lui, et aussi revigoré par lui en retour » (Histoire de la France rurale, 3 : Apogée et crise de la civilisation paysanne, de 1789 à 1914, Paris, Seuil, coll. « L’Univers historique », 1976, p. 504).

    30 Sur cet emboîtement des appartenances et des identités, voir les réflexions d’Hubert Pérès, « Identité communale, République et communalisation. À propos des monuments aux morts des villages », Revue française de science politique, 39, 5, 1989, p. 665-682 ; « Le village dans la nation française sous la Troisième République. Une configuration cumulative de l’identité », Martin Denis-Constant (dir.), Cartes d’identité. Comment dit-on « nous en politique », Paris, Presses de la FNSP, 1994, p. 209-227.

    31 « En faisant de la mairie l’enjeu sérieux de rivalités réitérées et arbitrées électoralement, les camps en présence se reconnaissent mutuellement comme les partenaires inévitables d’un monde social épousant les frontières de la commune » (Pérès Hubert, « Identité communale, République et communalisation… », art. cit., p. 680).

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    • Cardona, Aurélie. Chrétien, Fanny. Leroux, Benoît. Ripoll, Fabrice. Thivet, Delphine. (2014) Dynamiques des agricultures biologiques. DOI: 10.3917/quae.cardo.2014.01.0241
    • (2021) Nouvelle sociologie politique de la France. DOI: 10.3917/arco.frina.2021.01.0263
    • Aubert, Gauthier. (2015) Révoltes et répressions dans la France moderne. DOI: 10.3917/arco.auber.2015.01.0223
    • Tanguy, Jean-François. (2015) Une figure oubliée du monde rural : le garde particulier des châtelains de l’Ille-et-Vilaine sous la IIIe République. Histoire & Sociétés Rurales, Vol. 44. DOI: 10.3917/hsr.044.0027
    • Baggioni, Vincent. Cacciari, Joseph. (2020) La fabrication de l’« acceptabilité sociale » des parcs photovoltaïques au sol. Espaces et sociétés, n° 178. DOI: 10.3917/esp.178.0137
    • Barrault, Lorenzo. (2013) Des négociations collectives de l'action publique entre concertation et contestation. Revue internationale de politique comparée, 20. DOI: 10.3917/ripc.204.0103

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    Antoine, Annie, et Julian Mischi, éditeurs. Sociabilité et politique en milieu rural. Presses universitaires de Rennes, 2008, https://doi.org/10.4000/books.pur.4240.
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