Les MJC
|Troisième partie. Des Maisons pour tous ? 1970-1981
Chapitre XIV. L’après 1977 : mise en cause du socio-culturel
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FranceTexte intégral
1La victoire de nombreuses listes de gauche aux élections de mars 1977 s’est accompagnée d’une plus grande attention portée aux questions culturelles, qui avaient parfois même été au centre des campagnes électorales. Loin cependant de régler la question des rapports entre MJC et municipalités – comme cela avait été rêvé – le basculement de nombreuses villes à gauche s’accompagna d’ajustements difficiles. Dans les villes moyennes surtout, les MJC perdaient de leur légitimité, tandis qu’elles devaient affronter la concurrence de nouveaux équipements culturels. De façon plus grave, l’émergence au tournant de la décennie d’une nouvelle question de la jeunesse prenaient les MJC de cours, d’autant plus que les nouvelles orientations de l’action publique privilégiaient la dimension sociale par rapport à la dimension éducative.
L’union est-elle un combat1 ?
- 1 Allusion bien sûr à une formule célèbre. Étienne Fajon, L’union est un combat, Éditions sociales, (...)
- 2 Renseignements donnés par Christian Maurel.
2Les résultats des élections de mars 1977 furent accueillis avec enthousiasme dans les MJC : des administrateurs, des sympathisants issus des MJC figuraient dans les nouvelles équipes municipales de gauche. À Épernay (union de la gauche à majorité PCF), six administrateurs de la MJC entraient au conseil municipal2, à Romans (PS), le nouveau conseil municipal comptait six administrateurs des MJC, dont les présidents des deux Maisons, devenus adjoints à la Culture et aux Sports. À Annemasse, où « la MJC n’avait pas été une pépinière seulement culturelle mais aussi politique », son vice-président Jean Cambefort, élu en 1976 conseiller général socialiste, devint adjoint à la culture, en compagnie d’autres administrateurs. Son témoignage illustre le rôle qu’ont pu jouer les MJC comme « banc d’essai de la citoyenneté » dans les années soixante-dix :
- 3 Témoignage écrit de Jean Cambefort.
« Habitués par la pratique de la MJC à la confrontation permanente d’idées et d’opinions diverses, à la gestion rigoureuse d’un budget, […] à la nécessité de la cohésion de l’équipe dans l’action malgré les divergences de vues, etc., le passage de la vie associative à la vie politique ne nous posa guère de problème. […] Quant à moi, je crois me souvenir que mes premières réunions de CA de la MJC m’ont paru plus impressionnantes que les premières sessions du conseil général [il en fut vice-président en charge de la culture]3. »
3Plus que des équipes, les Maisons ont formé des individus qui ont rejoint, en nombre variable selon les communes, les nouvelles équipes municipales. Le phénomène était déjà perceptible en 1971, il prit toute son importance en 1977, ce qui eut pour effet de vider certaines Maisons de leurs militants les plus expérimentés : des administrateurs durent renoncer à leurs fonctions, en raison des charges municipales qui pesaient sur eux. Chez les militants MJC, la conscience d’avoir joué un rôle dans la victoire des forces de gauche s’accompagnait de l’espoir de voir les nouvelles municipalités « renvoyer l’ascenseur » selon une expression fréquemment utilisée. Ces sentiments prévalaient dans la mouvance associative en général, à une nuance près toutefois qui tenait à ce que les MJC étaient des associations polyvalentes qui revendiquaient le statut de service public cogéré avec les municipalités et qui avaient avec elles une longue pratique des relations contractualisées. Dans le même temps, des MJC affiliées à la FFMJC revendiquaient depuis le congrès de Metz en 1975 le rôle de « contre-pouvoir »… particulier, certes, puisqu’il s’agissait d’un « contre-pouvoir qui acceptait de se mettre à la place de l’autre », mais de « contre-pouvoir » quand-même. D’où des ajustements parfois difficiles.
4Il n’est pas aisé de dresser un bilan des relations avec les nouvelles équipes municipales : les situations diffèrent selon les contextes locaux. Un quart de siècle, plus tard, les témoignages mettent en avant un enthousiasme initial qui laissa rapidement place à une désillusion. En se polarisant sur les conflits, la mémoire des « militants MJC » surestime les difficultés rencontrées par leurs associations après 1977. Mais l’amertume des militants n’est d’abord que la rançon des espoirs de mars 1977.
Municipalités socialistes : confier n’est pas abandonner
- 4 Marie-Thérèse Eyquem, « Le PS et les associations… », art. cité, p. 25. Nous soulignons.
- 5 Communes de France, n° 189, sept. 1980, p. 59-61. Alain Barrau, député PS et maire de Béziers de 1 (...)
5L’existence de nombreuses municipalités d’union de la gauche n’empêchait pas la persistance dans l’esprit des militants de types de rapports distincts avec les associations, selon la couleur politique dominante des municipalités. Pour les MJC, les élections municipales de 1977 apportaient une nouveauté remarquable : elles avaient désormais pour principaux interlocuteurs des municipalités socialistes. Par le simple effet des conquêtes électorales, le pourcentage de MJC (FFMJC) implantées dans les communes socialistes passa en effet de 17,1 % à 36,4 % du total (40,8 % en province). Les municipalités socialistes suscitaient de l’espoir parmi les fédérations d’éducation populaire en raison de l’importance accordée aux projets culturels dans les programmes électoraux. Mais les MJC n’appartenaient pas à la nébuleuse associative variée qui entourait le PS, et une majorité de responsables socialistes classaient la FFMJC parmi les associations proches du PCF, en raison de ses professionnels syndiqués à la CGT. Les responsables des MJC suspectaient les municipalités socialistes de favoriser la Fédération Léo Lagrange. Plus encore, ils soupçonnaient « les municipalités socialistes [d’avoir] une conception jalouse et exclusive du pouvoir », selon les termes de l’accusation, que reprenait pour les récuser, dès mars 1977, Marie-Thérèse Eyquem, secrétaire nationale aux associations. Celle-ci déclarait aussi, toujours en mars 1977, que « le secteur associatif pouvant devenir un lieu privilégié d’autogestion, le PS ne peut que faciliter la promotion d’une vie associative véritable allant jusqu’au contre-pouvoir4 ». Trois ans et demi plus tard, dans la même revue des élus socialistes, Alain Barrau, président du CNAJEP, comité qui rassemblait les grandes associations d’éducation populaire, déclarait que l’idée même d’un contre-pouvoir associatif était désormais refusée par une large majorité des associations, position qui était d’ailleurs celle des fédérations de MJC, et que résumait la formule de la FFMJC : « Ni contre-pouvoir, ni courroie de transmission5. » Le candidat François Mitterrand répondant à un questionnaire de la FFMJC en mars 1981 prenait toutefois la peine de rappeler :
- 6 Lettre de François Mitterrand, 12 mars 1981, arch. Gérard Kolpak, Chauvigny.
« Je m’oppose résolument à l’idée de transformer la vie associative en une sorte de substitut de l’action élective. Ceux qui rêvent de constituer un front politico-social de ce genre se bercent d’illusions. D’abord parce que la plupart de ces associations n’en ont pas la moindre envie, ensuite parce qu’un tel bric-à-brac ne résisterait pas longtemps aux contraintes du quotidien6. »
- 7 La presse en témoignait avec de nombreuses interrogations en 1978 au sujet des rapports entre pouv (...)
6L’idée autogestionnaire dans le domaine associatif avait vécu7.
- 8 Document de travail, automne 1980, groupe de travail FNESR, arch. Gérard Kolpak, Chauvigny.
- 9 Documents de travail de la FNESR, archives Gérard Kolpak, Chauvigny.
7L’attitude des municipalités socialistes vis-à-vis du secteur associatif dépendait des orientations définies par le PS, mais surtout des élus et de leur fédération, la FNESR (Fédération nationale des élus socialistes et républicains). À l’initiative de Roland Predieri, maire de Villepreux, la FNESR fonda un groupe de travail pour le domaine socio-culturel. L’une des fonctions implicites du groupe de travail consistait visiblement à arbitrer les rapports entre élus et mouvance associative. Le groupe définit, non sans difficulté, quelques orientations fin 1980, dont une « position de principe » qui était « de dissocier du pouvoir communal, toutes les fois que cela [était] possible, l’animation socio-culturelle ». Cela supposait d’une part de lutter au côté des associations contre la politique gouvernementale de rigueur appliquée au secteur et d’autre part de multiplier les conventions avec les grandes fédérations d’éducation populaire pour l’emploi des animateurs8. Aucune politique-type de conventionnement ne fut définie pour autant : les documents de travail de la FNESR se contentèrent de donner pour modèles les deux conventions mises au point en 1979-1980 par les municipalités de Rennes et Grenoble9. Ces protocoles marquaient un réel progrès pour les associations dans la mesure où elles consacraient leur reconnaissance officielle et où elles instauraient officiellement le principe d’un engagement pluriannuel des communes en matière de financement, en dépit de quelques clauses limitatives sur ce dernier point. Mais, les MJC dotées pour un nombre important d’entre-elles de conventions depuis plusieurs années, ne pouvaient percevoir aussi favorablement que d’autres associations des textes qui exigeaient de leur part davantage de contrepartie que les conventions qui avaient été signées au début des années soixante-dix. Leurs directeurs, tout particulièrement, demeuraient cependant sinon hostiles, du moins méfiants, vis-à-vis d’initiatives qui remettaient en cause, selon eux, la liberté des professionnels, en portant atteinte au principe du taux moyen et en imposant des règles strictes en matière comptable.
- 10 « Angers : le maire PS s’attaque aux associations », L’Humanité, 26 déc. 1979.
- 11 Entretien avec Patrik Paupy.
8Un certain nombres de conflits graves éclatèrent avec des municipalités socialistes, le plus sérieux étant celui qui, à Angers, déboucha sur la dénonciation des neuf postes de directeurs, fin 1979, seuls deux étant préservés à la suite d’un long combat des MJC et d’un jugement du tribunal administratif. L’objectif du maire Jean Monnier était de renégocier le taux moyen versé aux fédérations MJC, jugé trop élevé. Les attendus politiques de la décision étaient aussi évidents, cette décision coïncidant avec la rupture locale de l’union de la gauche. Ainsi commença un de ces conflits où les partis de gauche s’accusaient mutuellement d’être les fossoyeurs du mouvement associatif. L’Humanité publiait un article dénonçant « Angers, un maire PS s’attaquant aux associations », oubliant pudiquement qu’au même moment des maires communistes agissaient de même10. Sans aller jusqu’à des conflits aussi ouverts, les pressions exercées par les élus socialistes mais aussi communistes sur les responsables des MJC étaient constantes. Délégué régional FFMJC à Lyon et membre du PS, Patrik Paupy, finit par démissionner de son parti, les rapports avec les élus devenant incompatibles avec son métier11.
Municipalités communistes : continuités et rupture
9En janvier 1980, L’élu d’aujourd’hui, revue destinée aux élus locaux du PCF publiait un article qui était une diatribe contre les MJC :
- 12 Jean Collet, « Une politique municipale de la jeunesse », L’élu d’aujourd’hui, janv. 1980.
« Conclusion importante : Nous avons estimé qu’il appartenait à la municipalité seule de mettre en œuvre une politique municipale de la jeunesse, sans se dessaisir de ses prérogatives entre les mains de telle ou telle association d’une représentativité contestable [les MJC étaient évoquées quelques lignes plus haut]. […] Il faut regretter d’ailleurs qu’un certain nombre de nos municipalités puissent parfois céder aux démarches de certains organismes dits de gauche. Ces organismes font le siège de nos municipalités pour se faire confier sur la base de contrats la quasi exclusivité de nos activités en direction de l’enfance et de la jeunesse. Mais il est évident que leur démarche ne saurait répondre aux exigences qui nous sont propres à nous, élus communistes12. »
- 13 Le programme du PCF pour les municipales de 1977 (adopté en octobre 1976) évoquait déjà une profon (...)
- 14 Le 24 décembre 1980, éclatait l’affaire du bulldozer de Vitry.
- 15 Hasard ou non, le mois suivant celui-là même où la revue de l’ANECR fustigeait les MJC, la revue d (...)
- 16 Dossier préparatoire au CA de mars 1980, AFF.
10« L’organisme dit de gauche » FFMJC apprécia le compliment à sa juste valeur… L’auteur de la diatribe était Jean Collet, maire-adjoint de Vitry, commune longtemps administrée par Marcel Rosette, responsable des élus au Comité central13. Précisons que Vitry n’avait jamais disposé de la moindre MJC sur son territoire, mais de foyers municipaux. L’article était à replacer dans le contexte de la fin de l’union de la gauche et du repli du Parti communiste après les législatives de 197814. L’Élu d’aujourd’hui qui le publiait émanait de la nouvelle association des élus communistes l’ANECR (Association nationale des élus communistes et républicains), née en octobre 1977, en rupture avec la FNER (Fédération nationale des élus républicains), plus favorable à une logique unitaire, mais aussi plus provinciale que sa nouvelle concurrente15. Les municipalités étaient fermement invitées dans l’article à rompre avec les fédérations d’éducation populaire, puisque si la FFMJC était la seule organisation nommément attaquée, les CEMEA étaient aussi visés. L’attaque contre les MJC n’était pas due à l’initiative personnelle d’un élu, puisque le mois suivant, la FFMJC qui consultait l’ensemble des partis politiques relevait laconiquement que seul le PCF différait l’entretien sous des prétextes divers16.
- 17 Charles Fiterman, « Pour que toute la jeunesse prenne sa place dans le combat de classe », Comité (...)
- 18 Idem.
- 19 Rappelons que la lutte contre la drogue fut à partir de 1980 un des mots d’ordre du PCF.
- 20 Charles Fiterman, « Pour que toute la jeunesse… », voir supra note 17.
11En novembre 1979, Charles Fiterman avait présenté, lors du Comité central d’Ivry, un rapport sur la jeunesse, « l’une des plus grandes questions politiques de l’heure ». Ce texte relevait les effets de la crise économique sur la jeunesse, « la délinquance, la violence gratuite » et notait des « aspects contradictoires : positifs et négatifs dans la même jeunesse17 ». Les intervenants lors du débat relevaient surtout le désarroi : « Les jeunes sont peu enthousiasmés : jeunesse, parents, Parti se sentent désemparés18 », tandis que Pierre Zarka mettait en garde : « Les aspects négatifs de la jeunesse ne sont plus marginaux. […] La drogue est devenue une phénomène de masse19. » Le PCF s’inquiétait surtout de sa faible emprise sur les jeunes de milieu populaire, soulignant que la Jeunesse communiste n’avait aucun impact sur les jeunes des lycées d’enseignement professionnel. Pour un parti qui avait fait de la jeunesse l’avant-garde du combat révolutionnaire, il y avait là une situation inquiétante qui devait entraîner « une réévaluation complète des politiques municipales20 ». La page de l’encadrement par les loisirs et la culture, était définitivement tournée.
- 21 Serge Reneau, Politiques et pratiques culturelles au Havre 1944-1983, thèse de doctorat d’histoire (...)
- 22 Rapport de stage de X, 1980, dos. personnel, boîte 34, FRMJC IDF, Paris.
- 23 Gérard Machelard était membre du comité de rédaction de L’Information municipale.
- 24 Rapport de directeur, dos. pers., boîte 34, FRMJC IDF, Paris, et entretien avec Alcine Salangros.
12Des preuves concrètes d’un tournant des politiques municipales étaient bien visibles en 1979-1980 : des municipalités communistes créèrent, par exemple, des postes de coordinateur-jeunesse ou réformèrent et renforcèrent leurs services municipaux de la jeunesse, à Vénissieux, au Havre, où, dans un contexte de crise des CLEC, le secteur jeunesse était réorganisé, tandis que les thèmes ouvriéristes se multipliaient dans la programmation socio-culturelle21. À Romainville, en Seine-Saint-Denis, la municipalité embauchait un coordinateur jeunesse et le bulletin municipal publiait un article anonyme intitulé « Loisirs : y a comme un malaise… » qui critiquait la MJC, tandis qu’une Association Jeunesse Loisir Romainvilloise, destinée à faciliter le travail du service municipal de la jeunesse était fondée par le président de la MJC, adjoint au maire22. Le maire de Romainville était pourtant réputé plus ouvert que d’autres à la vie associative et il appartenait non pas à l’ANECR, mais à la FNER23. La MJC fut finalement sauvée, à l’issue de conflits où des questions de personnes se doublaient de divergences au sein du PC local. Mais dans la commune voisine de Noisy-le-Sec, la liquidation fut brutale et la MJC remplacée par un service municipal24.
- 25 Le nombre élevé d’articles consacrés à la jeunesse dans L’Élu d’aujourd’hui était significatif. La (...)
13L’attitude des municipalités communistes était loin d’être uniforme. En Champagne-Ardennes, des MJC continuaient à se développer dans des villes communistes comme Châlons-sur-Marne, Épernay ou surtout Reims. Ces villes n’étaient, il est vrai, pas de tradition communiste, point important. Toutefois, même en Seine-Saint-Denis, la situation, globalement très défavorable, n’était pas tranchée : alors que Bagnolet et Noisy-le-Sec municipalisaient brutalement, qu’à Bobigny et Pantin les MJC achevaient de disparaître, Noisy-le-Grand, reconquis par le PCF en 1977, avait créé l’année suivante une MJC avec un poste fédéral. Plus surprenant encore, dans les Hauts-de-Seine, Nanterre créait un poste de directeur FFMJC, tout comme Malakoff, dont pourtant la MJ municipale avait été tenue à l’écart de la FFMJC depuis sa fondation dans les années soixante. Ces créations d’associations MJC et de postes de directeurs semblaient en partie dictées par la volonté de rénover des dispositifs municipaux en crise. De ce point de vue, il était clair que les quelques affiliations à la FFMJC, comme les municipalisations brutales témoignaient surtout de la crise des banlieues rouges et de l’immense désarroi des municipalités communistes face à la nouvelle question de la jeunesse qu’elles avaient, plus que toutes autres municipalités, à affronter, celle des jeunes de « la galère25 ».
Le statut des animateurs municipaux
- 26 Claude Vossart « IFAC : quand l’animation intéresse les politiques », Revue de l’UFCV, juil.-août (...)
14Depuis le début des années soixante-dix, des centres de formation d’un genre nouveau, proches de certaines familles politiques, avaient pris une importance croissante. Les deux plus importants étaient le CEDIRC (Centre d’éducation, de diffusion et de recherches culturelles), fondé à Drancy en 1973 et l’IFAC (Institut de formation d’animateurs de collectivités) créé un an plus tôt. Le créateur du CEDIRC n’était pas inconnu à la FFMJC, puisqu’il s’agissait de Paul Markidès, son propre vice-président. Si le CEDIRC, puis Formation et Démocratie qui lui succéda partiellement étaient loin de limiter leur champ à la formation d’animateurs socio-culturels pour les municipalités PCF, cette création, soutenue, à sa naissance, par le conseil général de Seine-Saint-Denis, attestait bien l’importance grandissante accordée par les collectivités locales à la formation des animateurs. L’IFAC (Institut de formation des animateurs de collectivités), créé par André Santini, était, quant à lui, subventionné par le conseil général des Hauts-de-Seine, et, selon ses détracteurs, ne comprenait que des communes de la majorité présidentielle de l’époque26. À la fin de la décennie, cet institut avait acquis une certaine ampleur et surtout avait essaimé dans d’autres départements, comme les Yvelines. Quant à la mouvance socialiste, elle disposait de structures analogues, puisque la fédération Léo Lagrange formait des cadres pour ses équipements, mais aussi pour des municipalités.
- 27 Seuls les départements disposaient d’un cadre réglementaire depuis 1977, essentiellement pour des (...)
- 28 À Strasbourg, des animateurs étaient recrutés sous le statut de sapeurs-pompiers. ENA Promotion Vo (...)
- 29 Jean Collet, « Une politique municipale… », art. cit.
15La circulaire du 29 octobre 1970 dite Bord-Comiti du nom des ministres de l’Intérieur et de la Jeunesse et Sports, « relative aux règles de recrutement et d’emploi par les collectivités locales de personnel professionnel d’animation socio-éducative », fixait le cadre juridique et administratif jusqu’en 1981. En fait, elle n’en fixait guère, puisqu’elle recommandait de n’employer que des vacataires, en attendant l’élaboration d’un statut adapté27. Aussi les élus devaient-ils recourir soit à des fédérations d’éducation populaire, soit à des structures associatives para-municipales qui n’apportaient aucune garantie aux animateurs. Ils pouvaient enfin utiliser de manière abusive les statuts des cadres communaux, en les détournant de leur usage, et en bénéficiant d’une large tolérance administrative28. Le gouvernement prépara à la fin de l’année 1980 un projet de statut municipal d’animateur qui s’inscrivait dans le cadre de la loi Bonnet de décentralisation que l’opposition combattait. Consultées, les fédérations d’élus donnèrent leur avis sur la question spécifique du statut des animateurs. Pour les communistes, le projet répondait à une revendication ancienne. Le combat devait porter sur les moyens confiés aux communes pour la rémunération de ces personnels29. Pour les socialistes, la question était plus délicate et nécessita un effort d’harmonisation au sein de la FNESR, en février 1981. La synthèse produite à cette occasion témoignait de la nécessité de ménager les intérêts des maires et les susceptibilités des militants socialistes responsables associatifs :
« Au moment où se prépare l’intégration, l’assimilation à des fonctions communales, des emplois d’animateurs communaux, il importe d’affirmer notre position de principe, de dissocier du pouvoir communal, toutes les fois que cela est possible, l’animation socio-culturelle, terrain privilégié de la vie associative et affirmer notre réticence à la municipalisation de la profession d’animateur. »
16Mais cette prise de position hostile à la municipalisation pouvait apparaître comme une prétérition, compte-tenu de ce qui suivait immédiatement :
- 30 Note de la commission de travail…, réf. citée note 8. C’est nous qui soulignons.
« Les Élus ont toujours mal ressenti, quelles que soient leurs bonnes intentions vis-à-vis de l’éducation populaire et de ses structures, la disparité des charges qui leur étaient demandées, et en particulier ils ont fort mal supporté – souvent jusqu’au conflit – la notion de coût moyen de poste. […] Cette crise larvée risque désormais d’éclater. Il y a là, incontestablement, un moment à saisir pour engager un débat avec les fédérations nationales d’éducation populaire, et pour unifier le statut des animateurs30. »
17On ne saurait mieux dire qu’en ce printemps 1981, les municipalités étaient devenues en partie maîtresses du jeu.
- 31 Pour le détail des calculs, voir notre thèse, p. 640-42.
18Les statistiques de création et de disparition de postes de directeurs de MJC constituent un indicateur, certes très imparfait, mais global qui permet d’appréhender la nouvelle donne locale après 1977. Les chiffres reconstitués mettent en valeur le fait que les créations de postes de directeurs après 1977 se sont poursuivies mais à un rythme plus faible qu’au cours de la période immédiatement antérieure : on peut estimer que le niveau de création de postes était d’environ 10 % inférieur à ce que la croissance au cours de la période 1970-1976 laissait attendre31. À partir de 1979, la situation s’aggravait. Il est certes difficile de faire la part de ce qui relevait de la détérioration de la situation économique et des effets des nouvelles politiques municipales. L’essentiel était que la faiblesse des créations de postes avait des effets redoutables à moyen terme pour les fédérations de MJC. Seule, l’arrivée de jeunes professionnels aurait en effet pu permettre de maintenir le taux moyen à un niveau acceptable pour les communes, en limitant la progression indiciaire du corps des directeurs. À plus court terme, le danger venait des dénonciations-renégociations de contrats de postes par les municipalités. Ces procédures, jusqu’alors rares, tendaient à se banaliser à partir de 1979. Les associations voyaient leur sort suspendu à des négociations à l’issue incertaine et ne pouvaient bâtir de projets. Ces dénonciations de contrats affaiblissaient tout autant les services fédéraux, régionaux et nationaux, contraints de consacrer une partie toujours plus importante de leurs efforts à la gestion des postes et du personnel.
La place des MJC en question
19La « formule MJC » pour reprendre l’expression qui avait cours dans les années soixante, était gravement mise en cause, « par le haut », du fait du dés engagement financier de l’État, mais aussi « par le bas », en raison des exigences nouvelles formulées par les municipalités. Le relatif consensus politique qui se formait autour du statut des animateurs municipaux, la volonté des élus de « réformer » le système du taux moyen prouvaient qu’une page était en train de se tourner. Les communes entendaient désormais jouer un rôle moteur dans le domaines culturel et socio-culturel et non pas simplement déléguer leurs prérogatives au monde associatif, comme cela avait été longtemps le cas. Les nouvelles municipalités de gauche prenaient davantage en compte des besoins jusqu’alors peu reconnus, comme ceux du domaine socio-culturel. Elles consacraient donc plus de moyens au secteur, point qu’il ne faut pas oublier. Cela pouvait aussi signifier qu’elles entendaient exercer une action politique municipale forte, plus interventionniste.
20L’espace disponible pour les associations s’en trouvait réduit, au moins sur un plan symbolique. À la Roche-sur-Yon, un journaliste socialiste relevait :
- 32 Philippe Parmantier, « Mairie-associations, une partie serrée », Communes de France, juin-juil. 19 (...)
« Avant les dernières élections [qui avaient vu la victoire du PS], les associations avaient pris l’habitude de se débrouiller seules et d’occuper le terrain pour palier les carences. Elles se substituaient, en quelque sorte, à la ville. Aujourd’hui la municipalité a renforcé ses moyens d’intervention […] [avec en particulier] un attaché recruté dans un contrat avec Léo Lagrange et chargé de participer à l’élaboration technique de la politique municipale. [Les associations] développent une crainte presque obsessionnelle de la puissance publique sur la vie associative32. »
21L’institutionnalisation du secteur socio-culturel s’imposait progressivement. Les associations polyvalentes, à vocation large, comme les MJC, s’en trouvaient plus affectées que d’autres. Leur existence était dans quelques cas menacée. Plus souvent, leur légitimité était contestée, d’autant plus que le secteur socio-culturel dans son ensemble subissait de fortes critiques.
Les MJC dans le débat « culturel/socio-culturel »
22Le débat « culturel/socio-culturel » qui agita fortement les milieux de l’action culturelle entre 1978 et 1981 donna lieu à des prises de position souvent tranchées et s’acheva par la défaite des « socio-cultureux » : le socio-culturel devenait le sociocul, au sens de sociocucul… Les séquelles de cet affrontement, vieux de trente ans, demeurent encore fortes aujourd’hui, du moins parmi les associations qui sont les héritières du socio-culturel. Les termes du « débat » sont donc difficiles à retrouver, d’autant plus que des strates successives sont venues recouvrir le terrain du conflit initial. Il est ainsi parfois impossible de faire admettre que la querelle animation/création n’est pas un produit des « années Lang », mais qu’elle lui est antérieure, et que la légitimité du socio-culturel était chancelante dès le tournant des années quatre-vingt.
La querelle créateurs-animateurs
- 33 Jean Caune, La culture en action, de Vilar à Lang : le sens perdu, Grenoble, PUGrenoble, 2de éd. 1 (...)
- 34 Pascale Goestchel, Renouveau…, op. cit., p. 447. Voir aussi Jean Caune, « Créateur/animateur », in (...)
- 35 Ibid, p. 432. Sur l’opposition progressive entre création et animation à partir de 1967 dans les M (...)
- 36 ATAC-Information était la revue de l’Association technique pour l’action culturelle regroupant les (...)
23Jean Caune rappelle que « la divergence d’attitudes, d’intérêts et de conception entre les créateurs et les animateurs (entre les artistes et les pédagogues, entre les animateurs de troupe et les animateurs de groupe) s’est exprimée dès les premiers temps de l’action culturelle33 ». De même, la distinction entre un secteur « culturel » de création et un secteur « socio-culturel » soucieux de diffusion, de pédagogie a toujours existé, même s’il convient de ne pas lui donner un caractère ontologique, ni d’oublier que des passerelles ont toujours existé entre les deux. Mais, ces divergences, ces distinctions se transformèrent en oppositions tranchées à la fin des années soixante-dix : des « créateurs », surtout ceux du monde théâtral, proclamèrent hautement leur autonomie, par rapport à l’animation, ou à toute fonction pédagogique ou sociale. L’exemple des artistes de la décentralisation théâtrale, dont les liens initiaux avec le monde de l’éducation populaire n’avaient pas été négligeables, est particulièrement éclairant. Longtemps isolé sur ce point, Roger Planchon, au Théâtre national populaire de Villeurbanne, « avait toujours revendiqué l’indépendance de l’acte créateur34 ». Il avait été progressivement rejoint sur cette position par d’autres metteurs en scène comme Patrice Chéreau ou Jean-Pierre Vincent dans un contexte de changement du climat idéologique global de la société française et surtout de constat d’un enlisement des pratiques d’animation culturelle, conduisant à des impasses politiques, sociales et esthétiques35. Le débat prit corps au cours de l’année 1977, dans la revue ATAC-Information et surtout dans des Maisons de la culture, où il put prendre la forme de conflits retentissants, comme à Grenoble36.
- 37 Philippe Poirrier, L’État et la culture…, op. cit., p. 135-136.
- 38 Serge Reneau, Politiques…, op. cit., p. 456-460.
- 39 Pascal Ory, « Les partis politiques, nouveaux acteurs culturels », in Robert Abirached (dir.) La d (...)
24Parallèlement et sans qu’il y ait nécessairement de liens directs avec ce qui précède, les élus locaux et les partis politiques prirent progressivement position en faveur de l’autonomie d’un secteur culturel spécifique par rapport au socioculturel. Ceux de la majorité étaient peu concernés par ces débats37. De même, le Parti communiste, attaché depuis le comité central d’Argenteuil à la défense de la création, n’était qu’assez peu affecté par les débats en cours. Toutefois, au Havre où la Maison de la culture avait longtemps accordé une grande importance à l’animation, des élus et professionnels, militants communistes, réorientaient l’action vers la création aux dépens de l’animation, une création élargie à l’ensemble de la production artistique et scientifique38. Ce fut surtout au sein du Parti socialiste que l’évolution fut la plus nette. Très schématiquement, le parti passait entre 1974 et 1981 d’une conception large de la culture, plutôt « socio-culturelle », refusant de réduire la culture aux Beaux-arts et intégrant la créativité des individus et des groupes, à une conception qui reconnaissait davantage la spécificité de la création artistique. L’éloignement progressif des thèses autogestionnaires, la disparition du secrétariat national à l’action culturelle de Dominique Taddéi après le congrès de Metz et son remplacement par Jacques Lang, délégué national à la Culture, constituaient la toile de fond de cette évolution. Celle-ci était aussi le produit de la meilleure connaissance des problèmes des professions artistiques acquise par les cadres du parti et du dynamisme des collectivités locales socialistes dans ce domaine après 197739. L’évolution des élus en faveur d’une distinction grandissante entre « culturel » et « socio-culturel », tendait à renforcer le principe hiérarchique qui faisait du secteur socio-culturel, un secteur beaucoup moins prestigieux que le secteur culturel. Cette hiérarchie était visible, par exemple, dans les commissions de travail de la FNESR : la commission « socio-culturelle » créée en 1980 ne comptait, à la différence des commissions culturelles, aucun élu de premier plan, à l’exception relative de Martial Gabillard, adjoint à Rennes.
25Toutes couleurs politiques confondues, les élus exprimaient leur sentiment que le socio-culturel « classique » donnait des signes d’essoufflement, qu’il souffrait d’un manque de qualité, de professionnalisme. Charles Hernu accueillant les directeurs de MJC réunis en Journées nationales d’études à Villeurbanne en mai 1980 déclarait, dans une intervention qui se voulait pourtant apaisante vis-à-vis de représentants du socio-culturel :
- 40 Cahiers des directeurs de MJC, n° 5, nov. 1980, p. 12. Si Charles Hernu, n’était pas un spécialist (...)
« Les MJC font partie de ce qu’on appelle communément le socioculturel. Pour nous, le socioculturel n’est pas la forme dégradée ou subalterne de la culture : il en est la base. Mais pour que toutes frontières disparaissent, il faut supposer que les animateurs et directeurs de ces établissements (que vous êtes) puissent être dotés d’une formation plus large que celle qu’ils reçoivent actuellement et surtout que cette “filière” s’ouvre aux professionnels des disciplines artistiques ayant reçu la formation complémentaire convenable40. »
26La mise en cause du socio-culturel prenait souvent, comme ici, la forme d’une mise en cause des animateurs et de leurs compétences. D’où le caractère extrêmement passionnel des débats.
Concurrence des équipements culturels spécifiques
- 41 Équipements plus modestes que les Maisons de la Culture, destinés aux villes moyennes.
- 42 Mireille Pongy, L’évolution de la politique de deux villes moyennes, Valence et Annecy, CERAT-CNRS (...)
27Depuis la fin des années soixante, les MJC, prises globalement, formaient le premier réseau de diffusion culturelle dans les villes moyennes et les petites villes. Réseau très imparfait car réseau, par défaut, « de fait », pourrait-on dire, au sens où l’on parle du « logement social de fait », c’est-à-dire non programmé. Rappelons que ce phénomène découlait du succès des plans d’équipements socio-éducatifs, de la formule associative qui permettait une rationalisation de la vie culturelle locale et de la rareté des équipements spécifiquement culturels dans les villes : le réseau des Maisons de la culture et Centre d’action culturelle (CAC)41en fonctionnement effectif, se limitait en 1976 à 13 Maisons de la culture et à 21 CAC en métropole, dont seulement 13 étaient pourvus de leur équipements quatre ans plus tard, les autres restant en préfiguration42. Si bien évidemment aucune MJC ne pouvait se comparer à un CAC sur le plan de la création, ni sur le plan de la « qualité » de la diffusion, l’absence d’équipements spécialisés les conduisaient bien souvent à jouer ce rôle, même s’il existait des exceptions. Jean-Claude Marrey dans l’étude qu’il consacrait à L’Action culturelle des villes moyennes soulignait le faible effort qui avait été réalisé jusqu’alors parl’État en direction de ces villes et reconnaissait l’importance, de fait, des MJC dans la diffusion culturelle :
- 43 Jean Claude Marrey, « L’action culturelle dans les villes moyennes », Atac-Informations, n° 89, dé (...)
« La seule cellule permanente – quand elle existe – est constituée par la MJC ou son équivalent. Le travail de cette petite équipe est très inégal. Ses rapports avec la municipalité (et plus encore avec le Maire, car fréquemment un ou deux adjoints se montrent ses défenseurs) sont parfois difficiles. Une salle de spectacles rarement bien conçue et bien équipée, la MJC joue dans ces villes moyennes un rôle contesté et irremplaçable, bien souvent comme quelque chose en attente, prêt à se développer. Elle démontre en tout cas qu’il ne peut y avoir d’équipements sans personnel permanent43. »
- 44 Gérard Kolpak, « Politique culturelle de l’État, MJC et action culturelle », Les Cahiers de la FFM (...)
- 45 AM Châtellerault, XVI f 2.
- 46 AM Châtellerault : III a 2., XVI f 2.
- 47 En particulier le Théâtre éclaté d’Alain Françon.
- 48 L’expression était de Gabriel Monnet, qui y fut instructeur d’art dramatique au Centre des Marquis (...)
28Les responsables des MJC saluèrent ce constat et se montrèrent, par ailleurs, plus élusifs à propos de quelques-unes des observations de l’enquête, qui critiquait, par exemple, les salles polyvalentes, « monstres architecturaux44 ». Les responsables voyaient dans cette enquête la juste reconnaissance d’une réalité déjà ancienne et méconnue jusqu’alors. Or, précisément le rôle de nombreuses MJC comme centres culturels de fait, commençait à être remis en cause, au moment où cette enquête était réalisée. Ainsi à Châtellerault, l’adjoint aux Affaires culturelles lançait le projet de construction d’une salle de spectacle, le « Nouveau théâtre », mieux adapté au théâtre et à la musique que la salle de spectacle polyvalente de la MJC, qui près de quinze ans après sa mise en service avait vieilli45. Le « Nouveau théâtre de Châtellerault », installé dans un ancien cinéma situé à quelques centaines de mètres de la MJC, devait ouvrir ses portes en 1982. La dégradation des relations avec la MJC qui allait conduire à la dénonciation de deux postes de directeurs était à replacer dans ce cadre46. Autre cas, plus révélateur encore : Annecy, où les MJC avaient un très grand rayonnement. En septembre 1981, était inauguré le CAC de Bonlieu, un équipement où le concept d’intégration avait été poussé à un degré rarement atteint en France. Le lieu était dirigé par le professionnel qui en avait accompagné la gestation depuis le début de la décennie précédente, Daniel Sonzini, directeur de MJC. Issu du militantisme à la Maison de Courbevoie, où il avait été ensuite directeur, il avait ensuite rejoint la MJC de Novel à Annecy, où il avait mené une action ambitieuse à la fois au niveau d’un quartier, mais aussi de l’ouverture à la création théâtrale, en offrant un accueil à de jeunes compagnies47. Dans une ville, que l’on a parfois voulu « une Maison de la culture sans les murs48 », où la situation politique se caractérisait par une grande stabilité au centre de l’échiquier politique et par la volonté de la municipalité de déléguer le plus possible l’action culturelle à secteur associatif très développé, la création du CAC marquait une rupture : en faisant franchir un saut qualitatif à la diffusion artistique sur le plan local, elle éloignait aussi les associations de la participation à l’action culturelle.
- 49 Chiffres éclairants in Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Comité d’histoir (...)
29Sans doute, ne faut-il pas exagérer l’ampleur de la menace de concurrence des équipements culturels spécifiques. Dans certains cas, comme à Valence, le danger était à moyen terme, les projets de construction restant à l’état de projet. D’autre part, dans des villes plus petites, les MJC pouvaient au contraire se développer se développer sur le terrain culturel. Mais, le risque était réel et l’ouverture ou la préfiguration d’équipements culturels spécifiques était inséparable de l’institutionnalisation des politiques culturelles que mettaient en valeur les créations de services culturels spécialisés dans les administrations municipales après 197749.
L’infléchissement de l’animation vers l’action sociale
30Moins connu que le débat « culturel-socio-culturel », l’infléchissement de l’animation dans le sens d’une orientation plus sociale mettait également en cause l’action des MJC. L’évolution de ces dernières aux cours des années soixante-dix avait été dominée par leur transformation en Maisons pour tous, du moins pour tous les âges. Or au tournant des années quatre-vingt, cette situation se révélait potentiellement dangereuse, car d’autres structures qu’elles pouvaient prétendre au titre de Maison pour tous.
D’autres Maisons pour tous : les centres sociaux
- 50 Jean-Claude Barthez (dir.), Recherche permettant de déterminer dans les équipements socioculturels (...)
- 51 Christian Hermelin (dir.), Institutions socio-culturelles, monographies comparées, Dijon, Universi (...)
- 52 Bulletin interministériel pour la rationalisation des choix budgétaires, n° 36, mars 1979, p. 10.
- 53 Laurent Besse, « Les centres sociaux à l’épreuve de la carte politique (1961-1981) », in Dominique (...)
31Les centres sociaux s’écartaient de leur fonction longtemps primordiale de centre de soin et d’assistance pour devenir également des centres de loisirs pour les enfants, les adultes, mais aussi parfois les jeunes50. Cette transformation pouvait se lire dans l’architecture même des centres : le guichet ou la banque d’accueil, typiques d’une orientation socio-médicale tendaient à disparaître, au profit d’un hall d’accueil, qui donnait dans un foyer, dont l’accès était désormais beaucoup plus ouvert51. Le succès des activités de loisirs y était tel qu’en 1979, la mission interministérielle de Rationalisation des choix budgétaires s’inquiétait du risque de dérive et recommandait un recentrage vers les fonctions sociales52. Les centres sociaux s’étendaient donc de plus en plus sur le terrain des MJC, mais on pouvait penser aussi qu’en perdant leur identité « jeune », c’étaient surtout les MJC qui se plaçaient sur un terrain proche de celui des centres sociaux. Après 1977, un nombre important de petites structures du type « maison de quartier », affiliés ou non à des fédérations d’éducation populaire, étaient ouvertes, à l’initiative des nouvelles municipalités de gauche, surtout socialistes. On les destinait à mener une action à la fois sociale et culturelle, dans le cadre du quartier. Beaucoup prenaient la forme d’un centre social agréé. L’augmentation du nombre des centres sociaux, témoignait du succès de la formule53. De façon plus banale, une institution liée comme les centres sociaux à un secteur gouvernemental puissant et « technique », comme les Affaires sociales avait nécessairement plus de poids que des MJC dépendant de la Jeunesse et des Sports, surtout en période de difficultés économiques. D’autre part, le constat du fonctionnement souvent difficile des MJC implantées en milieu populaire, ne plaidait pas en faveur des MJC, mais plutôt de structures du type centre social, dont le modèle de prise en charge des usagers avait évolué, dans le sens d’une plus grande participation des usagers.
- 54 Robert Durand, Histoire des centres sociaux, Du voisinage à la citoyenneté, Syros, 1996, p. 118-12 (...)
- 55 Chiffres éclairants dans Jean-Claude Barthez (dir.), Recherche…, op. cit. p. 42-48 et 68.
32Le facteur décisif demeurait toutefois les conditions de financement qui permettaient aux centres sociaux agréés, de disposer de ressources plus régulières que celles des MJC. Le fonctionnement des centres reposait, depuis 1971, en partie sur les prestations de services des Caisses d’allocations familiales. Ces prestations dite « de coordination et d’animation globale » servaient à rétribuer un directeur, à payer des charges de secrétariat ou une partie d’un loyer par exemple. Complétée à partir de 1975 par une prestation de service versée par l’État, ce financement assurait aux centres sociaux des sommes régulières, beaucoup moins aléatoires que des subventions. Il était cependant insuffisant et à l’automne 1980, la fédération des centres sociaux lançait, pour la première fois, une grande campagne « Mille centres sociaux en péril », destinée à alerter l’opinion et les pouvoirs publics54. Malgré tout, les sommes à la disposition des centres sociaux étaient nettement supérieures à celle des MJC, ce qui expliquait aussi leur caractère de structures nettement plus professionnalisées et la faible participation financière des usagers au fonctionnement55. Enfin, et c’était peut-être là l’essentiel, l’existence des prestations de services mettaient les centres relativement à l’abri des aléas d’un financement par les collectivités locales, le budget social de la nation ayant pris le relais de l’État et des municipalités.
33La montée en puissance des centres sociaux était l’indice du passage progressif d’une action d’animation envisagée sous ses aspects éducatifs et culturels à une autre plus concernée par les aspects sociaux et l’assistance, dans le contexte de crise économique de la fin des années soixante-dix. Sachant mieux prendre en compte un public plus populaire, étant davantage professionnalisés, les centres sociaux paraissaient mieux adaptés à la formule « Maison pour tous », au moment où le thème de la jeunesse refaisait l’actualité.
Face à la nouvelle question de la jeunesse : les MJC impuissantes ?
- 56 Nouvel Observateur, n° 727, 16 oct. 1978.
- 57 Chiffres tirés de Économie et Statistiques, n° 131, mai 1981, cités par Jean-Pierre Augustin et Ja (...)
- 58 Jean-Charles Lagrée, « L’adolescence dans les équipements socio-culturels », Cahiers de l’animatio (...)
- 59 « À propos des adolescents ou libres propos d’animateurs », Les Cahiers de l’animation, n° 23, 1er(...)
34Au-delà du thème de la « Bof génération » lancé par le Nouvel Observateur56, l’extrême fin des années soixante-dix vit le retour de la question de la jeunesse, ou plus exactement, la transformation de l’intérêt porté aux aspects culturels de la jeunesse en attention portée à ses aspects économiques et sociaux. Le contexte idéologique et économique, avec la généralisation de la « crise », constituait l’arrière-fond de cette mutation : en 1980, trois ans après le lancement en 1977 du Plan Barre pour les jeunes chômeurs, les moins de 25 ans, qui ne comptaient que pour 18 % de la population active, formaient 47 % des chômeurs57. La question des loisirs des jeunes ou plus exactement de leur temps de vacance, au sens étymologique, préoccupait les municipalités, comme en témoignaient les commandes d’enquêtes-interventions sociologiques passées auprès du service recherche de l’INEP. Des chercheurs attiraient également l’attention sur l’absence des jeunes dans les équipements qui leur étaient théoriquement destinés58. Or les MJC semblaient mal préparées à faire face à ce changement d’orientation. Dans un numéro des Cahiers de l’Animation qui donnait la parole à deux directeurs, la rédaction choisit de mettre volontairement en valeur, par des intertitres, les aspects les plus provocants des propos : « La MJC, c’est une affaire d’adultes ! » « MJC : pas de place pour les cas sociaux. » Le plus surprenant était l’étonnement… réel ou feint des journalistes, car les propos étaient d’une grande banalité pour ceux qui les avaient tenu59. Pour les directeurs, la cause était entendue : les MJC ne pouvaient accueillir qu’une minorité de jeunes, et elles avaient une faible prise sur les jeunes « difficiles ».
35En matière d’action en direction des jeunes, le texte de référence de la FFMJC demeurait l’orientation définie au congrès de Nanterre en novembre 1977, où pour la première fois depuis le milieu des années soixante, la question du public « jeune » avait été abordée :
- 60 « Le projet des MJC pour une éducation populaire permanente », Brochure AFF.
« Nous sommes partisans de l’intervention et du rôle social de la MJC auprès des jeunes avant qu’il ne soit trop tard et qu’ils ne relèvent des services de police et de la Justice. Par contre, dans le même temps, nous ne devons pas servir à masquer les causes profondes des phénomènes dont nous atténuons peut-être ainsi les effets (migrations économiques et mutations urbaines, modes de production, de commercialisation, d’habitat…)60. »
- 61 Comité d’études sur la violence, la criminalité et la délinquance présidé par Alain Peyrefitte, Ré (...)
- 62 Jean-Charles Lagrée, « L’adolescence… », art. cit.
- 63 À Herserange et Auboue, la présence d’immigrés était signalée, mais non comme un « problème ».
- 64 Ces descriptifs étaient établis par les directeurs en poste qui souhaitaient en changer. Ils sont (...)
36Le congrès réaffirmait le rôle des MJC comme lieu d’éducation populaire, de « conscientisation » des individus, jeunes compris, et en conséquence refusait de se mettre au service du « système » en neutralisant ses maux. Plus banalement, les responsables élus et bénévoles des MJC se refusaient à faire de « l’occupationnel », sans perspective éducative. Cette position doit être replacée dans le contexte de la publication en 1977, du rapport Peyrefitte, Réponse à la violence, qui traitait en particulier des « conduites délictueuses violentes des jeunes ». Le paragraphe « Amélioration des institutions d’animation socio-culturelle destinées aux jeunes » critiquait les MJC pour leurs activités trop complexes et leur obligation de fréquentation régulière. Il recommandait des ateliers simples du type « atelier mécanique moto et auto » et une fréquentation à la carte61. En dehors même du contexte idéologique du rapport, ces recommandations n’étaient pas acceptables par des directeurs et des élus attachés à une conception éducative, qui suppose une action continue, à long terme. Malgré tout, les responsables fédéraux ne pouvaient rester sans réagir face à l’intérêt qui se manifestait à nouveau en faveur des temps de loisirs des jeunes. L’article de Jean-Charles Lagrée consacré à « L’adolescence dans les équipements socio-culturels », à la tonalité alarmiste, fut repris dans une brochure interne et largement diffusé62. Mais, globalement, les MJC ne semblent pas avoir été affectées par les nouveaux débats autour des jeunes, qui émergeaient au tournant des années quatre-vingt. Le contraire eût été étonnant : les pratiques ne se modifient pas par décret et la simple diffusion de recherches scientifiques ne pouvait avoir d’effet, surtout à court terme. Le changement visible en ce domaine était que désormais « jeunes difficiles » étaient associés à « étrangers » ou « immigrés ». Si l’on suivait les descriptifs des postes de directeurs rédigés pour faciliter les mutations de ces derniers, la première mention des « étrangers » datait de 1975. En 1979, 6 descriptions mettaient en avant la présence de jeunes « nord-africains », « immigrés » ou « étrangers63 ». Compte-tenu des insuffisances des sources utilisées, on n’en tirera aucune conclusion abusive64. Toutefois le principe d’une assimilation « jeunes à problèmes » et « jeunes immigrés » était en place à la fin de la décennie, sans doute depuis quelques années déjà. Il participait de façon souterraine à l’émergence d’une nouvelle question de la jeunesse, même si la dimension « ethnique » ou prétendue telle, n’en était pas véritablement perçue.
37En contre-point de ce qui précède, le récit d’une expérience : celle d’un engagement à la MJC de Gerland à Lyon, dans un quartier alors industriel et populaire, marqué par les différentes phases de l’immigration lyonnaise.
Question : Pourquoi les MJC ?
Réponse : Cela s’est fait naturellement. Étudiant, j’habitais le quartier, j’étais impliqué dans la vie des groupes de jeunes. La MJC était le seul lieu d’accueil. [Par la suite] J’ai été sollicité pour participer au rapprochement entre les jeunes du quartier qui cherchaient dans la MJC un espace de liberté et ceux qui venaient pour des activités précises : activités sportives, le judo, la danse… [Cette opposition recouvrait une opposition entre jeunes issus de la vieille immigration italienne] porteurs d’une identité gerlandaise et les jeunes d’origine maghrébine. […]
Très vite je suis entré au CA, puis je me suis retrouvé président entre le printemps 1978 et le printemps 1980. C’était un mandat difficile. […] La municipalité qui venait de restaurer la MJC souhaitait qu’elle soit un lieu de loisirs, une Maison de culture très « apolitique ». Or c’est une période où se déroulaient de nombreux mouvements sociaux, où il y avait pas mal de conflits autour de l’immigration. Nous étions plutôt enclins à ouvrir la MJC à ces dynamiques de solidarité du quartier, de la cité. L’activité cinéma s’est développée dans la nouvelle salle tant avec une programmation « Art et essai » qu’avec des films rendant compte des différentes luttes, entre autres, de la question du racisme.
- 65 « Souvenirs avec Christian Delorme », Pluriels, les MJC en Rhône-Alpes, n° 6 et 7, 4e trim. 2001 e (...)
38L’homme qui s’exprimait ici entamait le 1er avril 1981 une grève de la faim pour obtenir l’arrêt des expulsions des jeunes issus de l’immigration. Le 29 avril, en pleine période de campagne présidentielle, le Premier ministre annonçait la suspension pour trois mois des expulsions. Quelques jours plus tard, la victoire de François Mitterrand laissait espérer la pérennisation de la mesure. Le père Christian Delorme était alors un inconnu. Après la marche des Beurs, il allait rester comme « le curé des Minguettes ». Ayant quitté le quartier de Gerland pour Saint-Fons, commune périphérique, il avait démissionné de la présidence de la MJC de Gerland en 1980. Mais à Saint-Fons, il prit part à la vie d’une autre MJC au fonctionnement très difficile, en raison de la présence de jeunes qui la squattaient, mais qui, bien que « ghetto de violence », fut « un grand lieu de débats autour des problèmes interculturels, de racisme, de ségrégation65 ».
39Un exemple ne suffit pas à modifier le tableau de Maisons des jeunes et de la culture qui, prises dans leur ensemble, étaient assez peu concernées par les nouvelles réalités de la jeunesse. Il a cependant le mérite de montrer que la réalité des MJC ne se laissait pas facilement épuiser.
Notes
1 Allusion bien sûr à une formule célèbre. Étienne Fajon, L’union est un combat, Éditions sociales, 1975, 127 p. L’allusion n’est pas de nous, mais de Jean-Claude Wallach. Entretien.
2 Renseignements donnés par Christian Maurel.
3 Témoignage écrit de Jean Cambefort.
4 Marie-Thérèse Eyquem, « Le PS et les associations… », art. cité, p. 25. Nous soulignons.
5 Communes de France, n° 189, sept. 1980, p. 59-61. Alain Barrau, député PS et maire de Béziers de 1989 à 1995, était un proche de la FFMJC, issu du CM de la MJC Paris Maurice Ravel.
6 Lettre de François Mitterrand, 12 mars 1981, arch. Gérard Kolpak, Chauvigny.
7 La presse en témoignait avec de nombreuses interrogations en 1978 au sujet des rapports entre pouvoir municipal et associations. Voir par exemple Esprit, 1978, n° 6.
8 Document de travail, automne 1980, groupe de travail FNESR, arch. Gérard Kolpak, Chauvigny.
9 Documents de travail de la FNESR, archives Gérard Kolpak, Chauvigny.
10 « Angers : le maire PS s’attaque aux associations », L’Humanité, 26 déc. 1979.
11 Entretien avec Patrik Paupy.
12 Jean Collet, « Une politique municipale de la jeunesse », L’élu d’aujourd’hui, janv. 1980.
13 Le programme du PCF pour les municipales de 1977 (adopté en octobre 1976) évoquait déjà une profonde remise en cause. Marcel Rosette, La gestion communale dans l’action, Éditions sociales, 1977, p. 264-65. Pour autant, les arguments de Raymond Pronier, Les municipalités communistes, bilan de trente années de gestion, Balland, 1983, p. 369 sq. nous paraissent discutables.
14 Le 24 décembre 1980, éclatait l’affaire du bulldozer de Vitry.
15 Hasard ou non, le mois suivant celui-là même où la revue de l’ANECR fustigeait les MJC, la revue de la FNER, L’information municipale, fév. 1980, p. 20-27, accordait un long entretien au délégué de la FFMJC, dans un numéro consacré à l’animation en milieu rural.
16 Dossier préparatoire au CA de mars 1980, AFF.
17 Charles Fiterman, « Pour que toute la jeunesse prenne sa place dans le combat de classe », Comité central du PCF Ivry, 7 et 8 nov. 1979 : notes de Claude Poperen, Fonds Poperen, Centre d’Histoire sociale du xxe siècle. POP. CC.7.K.
18 Idem.
19 Rappelons que la lutte contre la drogue fut à partir de 1980 un des mots d’ordre du PCF.
20 Charles Fiterman, « Pour que toute la jeunesse… », voir supra note 17.
21 Serge Reneau, Politiques et pratiques culturelles au Havre 1944-1983, thèse de doctorat d’histoire (dir. d’Antoine Prost), IEP de Paris, 2002, p. 519, p. 531 (et note 103 p. 327).
22 Rapport de stage de X, 1980, dos. personnel, boîte 34, FRMJC IDF, Paris.
23 Gérard Machelard était membre du comité de rédaction de L’Information municipale.
24 Rapport de directeur, dos. pers., boîte 34, FRMJC IDF, Paris, et entretien avec Alcine Salangros.
25 Le nombre élevé d’articles consacrés à la jeunesse dans L’Élu d’aujourd’hui était significatif. La comparaison avec Commune de France, revue des élus socialistes est instructive : la revue socialiste ne consacre pas un seul article à la politique de la jeunesse.
26 Claude Vossart « IFAC : quand l’animation intéresse les politiques », Revue de l’UFCV, juil.-août 1979, cité par Jean-Marie Mignon, La lente naissance d’une profession : les animateurs de 1944 à 1988, thèse d’histoire (dir. Pierre Guillaume), Univ. de Bordeaux III, 1998, p. 274.
27 Seuls les départements disposaient d’un cadre réglementaire depuis 1977, essentiellement pour des postes d’animateurs ruraux.
28 À Strasbourg, des animateurs étaient recrutés sous le statut de sapeurs-pompiers. ENA Promotion Voltaire, Rapport de groupe de travail « La décentralisation culturelle, place et rôle des collectivités locales », déc. 1979, p. 58, arch. Gérard Kolpak, Chauvigny.
29 Jean Collet, « Une politique municipale… », art. cit.
30 Note de la commission de travail…, réf. citée note 8. C’est nous qui soulignons.
31 Pour le détail des calculs, voir notre thèse, p. 640-42.
32 Philippe Parmantier, « Mairie-associations, une partie serrée », Communes de France, juin-juil. 1979, p. 40. Il n’y eut jamais de MJC à la Roche-sur-Yon. Un foyer de jeunes travailleurs semblait y tenir le rôle de nombreuses MJC de villes moyennes.
33 Jean Caune, La culture en action, de Vilar à Lang : le sens perdu, Grenoble, PUGrenoble, 2de éd. 1999, p. 253.
34 Pascale Goestchel, Renouveau…, op. cit., p. 447. Voir aussi Jean Caune, « Créateur/animateur », in Robert Abirached (dir.), La décentralisation théâtrale, t. IV, Arles, Actes-Sud, 1995, p. 63-80.
35 Ibid, p. 432. Sur l’opposition progressive entre création et animation à partir de 1967 dans les Maisons de la culture, Philippe Urfalino, L’invention de la politique…, op. cit., p. 260-61.
36 ATAC-Information était la revue de l’Association technique pour l’action culturelle regroupant les directeurs d’établissement culturels, en particulier des Maisons de la culture et des Centres dramatiques nationaux.
37 Philippe Poirrier, L’État et la culture…, op. cit., p. 135-136.
38 Serge Reneau, Politiques…, op. cit., p. 456-460.
39 Pascal Ory, « Les partis politiques, nouveaux acteurs culturels », in Robert Abirached (dir.) La décentralisation théâtrale, t. IV, p. 203-209. Cécyle Jung, Le PS et l’action culturelle, formation d’un programme de gouvernement 1971-1981, mémoire DEA sc. pol., IEP Paris, 1987.
40 Cahiers des directeurs de MJC, n° 5, nov. 1980, p. 12. Si Charles Hernu, n’était pas un spécialiste des questions culturelles, il n’en allait pas de même de son adjoint Jean-Jacques Queyranne, ni de l’adjoint pour le secteur socio-culturel Jean-Paul Bret, membre de la commission socio-culturelle de la FNESR.
41 Équipements plus modestes que les Maisons de la Culture, destinés aux villes moyennes.
42 Mireille Pongy, L’évolution de la politique de deux villes moyennes, Valence et Annecy, CERAT-CNRS Grenoble, multigr., 1990, p. 90.
43 Jean Claude Marrey, « L’action culturelle dans les villes moyennes », Atac-Informations, n° 89, déc. 1977, p. 47-52. Jean-Claude Marrey fut une personnalité importante de la décentralisation théâtrale.
44 Gérard Kolpak, « Politique culturelle de l’État, MJC et action culturelle », Les Cahiers de la FFMJC, mars 1979.
45 AM Châtellerault, XVI f 2.
46 AM Châtellerault : III a 2., XVI f 2.
47 En particulier le Théâtre éclaté d’Alain Françon.
48 L’expression était de Gabriel Monnet, qui y fut instructeur d’art dramatique au Centre des Marquisats.
49 Chiffres éclairants in Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Comité d’histoire du ministère de la Culture, la Documentation Française, 1996, p. 301.
50 Jean-Claude Barthez (dir.), Recherche permettant de déterminer dans les équipements socioculturels (MJC et centres sociaux) de la région lyonnaise, les rapports entre les enjeux sociaux et la variation des coûts de fonctionnement, CSU, multigraph., Lyon, 1977, p. 37.
51 Christian Hermelin (dir.), Institutions socio-culturelles, monographies comparées, Dijon, Université de Dijon, Centre d’études des relations politiques, 1979, p. 319.
52 Bulletin interministériel pour la rationalisation des choix budgétaires, n° 36, mars 1979, p. 10.
53 Laurent Besse, « Les centres sociaux à l’épreuve de la carte politique (1961-1981) », in Dominique Dessertine et alii., Les centres sociaux 1880-1980, une résolution locale de la question sociale ?, PU du Septentrion, Villeneuve-d’Ascq, 2004, p. 190-205.
54 Robert Durand, Histoire des centres sociaux, Du voisinage à la citoyenneté, Syros, 1996, p. 118-123 et 169-171. Entretien avec Jean-François Canto.
55 Chiffres éclairants dans Jean-Claude Barthez (dir.), Recherche…, op. cit. p. 42-48 et 68.
56 Nouvel Observateur, n° 727, 16 oct. 1978.
57 Chiffres tirés de Économie et Statistiques, n° 131, mai 1981, cités par Jean-Pierre Augustin et Jacques Ion, Des loisirs et des jeunes, Les Éditions ouvrières, 1993, p. 115.
58 Jean-Charles Lagrée, « L’adolescence dans les équipements socio-culturels », Cahiers de l’animation, n° 23, 1er trim. 1979, p. 31-44.
59 « À propos des adolescents ou libres propos d’animateurs », Les Cahiers de l’animation, n° 23, 1er trim. 1979, p. 49-50.
60 « Le projet des MJC pour une éducation populaire permanente », Brochure AFF.
61 Comité d’études sur la violence, la criminalité et la délinquance présidé par Alain Peyrefitte, Réponses à la violence, 1977, Presse Pocket, vol. 2, p. 386. Ironie : les Mille-clubs étaient taxés des mêmes maux !
62 Jean-Charles Lagrée, « L’adolescence… », art. cit.
63 À Herserange et Auboue, la présence d’immigrés était signalée, mais non comme un « problème ».
64 Ces descriptifs étaient établis par les directeurs en poste qui souhaitaient en changer. Ils sont donc parfois euphémisés et sont plus nombreux pour les postes difficiles, qui connaissaient un fort turn-over. De plus, certains ont disparu.
65 « Souvenirs avec Christian Delorme », Pluriels, les MJC en Rhône-Alpes, n° 6 et 7, 4e trim. 2001 et 1er trim. 2002. En dépit de son surnom, Christian Delorme n’a jamais exercé son ministère à Vénissieux.
© Presses universitaires de Rennes, 2008