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Les MJC

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Laurent Besse

Troisième partie. Des Maisons pour tous ? 1970-1981

Chapitre XIII. Deux fédérations, un État indifférent, 1970-1981

Entrées d'index

Géographique :

France

Texte intégral

  • 1 Lucien Trichaud, L’animation et les hommes, Synchro, 1976, 269 p. ; Jean Laurain, L’éducation popu (...)
  • 2 Le terme union de fédérations régionales devrait en toute rigueur s’appliquer à l’UNIREG. Mais par (...)

1Deux ouvrages parus presque simultanément au milieu des années soixante-dix, L’animation et les hommes et L’éducation populaire ou la vraie révolution1, symbolisaient la philosophie de chacune des deux fédérations nationales de MJC qui se faisaient face depuis la rupture de 19692. À droite, la confédération UNIREG qui prônait un humanisme apolitique, sage, « réactionnaire » criait le camp d’en face ; à gauche – les adversaires disaient à l’Est – la turbulente FFMJC en lutte contre le Pouvoir. Tout les opposait : le style de fonctionnement des instances, la place des professionnels et plus encore leur rapport aux autorités de tutelle.

FFMJC : unité-combats

Reconstruire l’unité du service public 1970-1975

2La soumission de la FFMJC aux injonctions de Joseph Comiti en décembre 1969 ne valait pas acceptation des mesures : le fédération n’avait mis qu’un terme provisoire à la lutte. La régionalisation comme la mise à l’écart du personnel des instances fédérales entraient dans les faits, mais non dans les esprits. L’objectif demeurait de reconstruire une fédération forte, et, par tous les moyens, de revenir sur la régionalisation imposée. L’épisode de crise avait eu pour effet de renforcer la solidarité des directeurs entre eux et autour de la fédération. Une majorité d’entre eux étaient restés fidèles à la FFMJC. Collectivement, ils avaient le sentiment que la fédération leur était redevable, d’autant plus qu’ils avaient accepté de voir différer des arriérés de salaires, afin de soulager la trésorerie fédérale. Le poids de la CGT avait été renforcé et celle-ci faisait du maintien de la gestion nationale du personnel la condition sine qua non de son soutien à la fédération. L’analyse était simple : la division du personnel entre une multitude de fédérations régionales aurait affaibli le poids des salariés, dont le véritable employeur était l’État. La CFDT, refondée en 1972, était sur ce point en accord avec elle.

  • 3 CAC 19890496/9 et 19870483/38.

3La gestion nationale du personnel supposait le maintien d’un coût moyen national. Cette dernière notion, parfois appelée aussi taux moyen doit être explicitée, car elle était au cœur des rapports entre la FFMJC, son personnel et les collectivités locales. Concrètement, le coût moyen était la somme que devait verser annuellement une commune pour la mise à disposition d’un directeur auprès de sa MJC. Cette somme ne correspondait pas au coût salarial du directeur effectivement en poste dans la MJC en question, mais à un coût dit moyen, calculé à partir de l’ensemble des coûts effectifs (salaires, charges, frais de gestion…) de l’ensemble des directeurs, divisé par le nombre de postes à la charge d’une fédération. Que le directeur ait beaucoup d’ancienneté ou, au contraire, très peu, que, donc, son coût réel soit élevé ou au contraire faible, la somme demandée à la collectivité locale était la même, car elle résultait d’une moyenne arithmétique. Ce système permettait, outre d’évidents avantages sur le plan de la gestion des carrières, de garantir la mutation du directeur en cas de conflit avec l’association locale, puisque le contrat d’emploi n’était pas lié à la personne, mais au poste. L’UNIREG avait, de son côté, conservé le principe du coût moyen, mais conformément à son choix de décentralisation le coût était déterminé par chacune des fédérations régionales : il variait donc selon les régions, alors qu’il était identique pour toutes les fédérations de la FFMJC. Dans cette dernière, l’existence d’un coût moyen unique supposait des instruments de coordination inter-régionaux, en clair, nationaux, qui furent mis en mis en place, dès le premier semestre 1970, avec la création d’un Centre inter-régional de la paye (CIRP). Cette création contrevenait aux injonctions de Joseph Comiti, puisqu’elle revenait sur le principe de la décentralisation dans la gestion du personnel. Le secrétariat d’État émit d’extrêmes réserves sur cette création, mais ne s’y opposa finalement pas, car il redoutait les conséquences d’un nouvel affrontement3. La FFMJC avait donc remporté là une victoire très importante, qui était loin d’être uniquement symbolique. Tout au long de la décennie, le maintien de cette gestion, théoriquement décentralisée, mais re-centralisée de fait, fut une priorité pour la FFMJC et surtout les responsables syndicaux.

  • 4 CNAJEP : Comité national des associations de jeunesse et d’éducation populaire devenu Comité pour (...)
  • 5 Le Monde du 16 juin 1973 : « L’influence du PCF s’étend à la FFMJC ».

4Juridiquement, la FFMJC, depuis 1970, était une fédération de fédérations régionales de MJC, où ces dernières étaient représentées au prorata de leur importance. Le nouveau conseil d’administration et plus encore le nouveau bureau, ressemblaient fort à l’ancien, car les membres des instances précédentes avaient généralement été élus à la tête des fédérations régionales. Sa composition obéissait à des équilibres politiques : les différentes familles politiques étaient représentées, depuis les modérés et les centristes (Hervé de Fontmichel, Augustin Laleine et surtout le vice-président Robert Lenoir), jusqu’aux communistes avec Paul Markidès, vice-président, en passant par Jean Laurain, secrétaire de sensibilité socialiste. Paul Jargot, qui ne devint officiellement membre du PCF qu’en 1973, avait été reconduit à la présidence. L’influence du PCF était toutefois plus forte que ce que pourrait laisser supposer la simple arithmétique. Ainsi sur trois vice-présidences, une seule était certes détenue par un communiste, Paul Markidès mais ce dernier, très actif, était en charge des relations de la FFMJC avec les milieux de jeunesse à la commission Armées-jeunesse, au haut comité Jeunesse et au CNAJEP, dont il fut secrétaire général4. D’autre part, beaucoup des militants communistes, à commencer par Paul Markidès et le président Jargot, étaient des professionnels de l’éducation populaire, ce qui leur conférait des compétences qui pouvaient manquer à d’autres responsables. Le débat autour de l’influence communiste culmina en 1973, lorsque le renouveau du bureau sembla s’accompagner d’une mainmise communiste, dont la presse se fit l’écho5. Une nouvelle répartition des postes fut alors décidée, qui ne tombait plus sous le coup des reproches et par la suite, le souci des équilibres politiques fut constant.

  • 6 CA 1er avril 1973, AFF 680.
  • 7 « Analyse des cahiers de doléances », avril 1975, AFF 4. Le Monde 14 mai 1975, Le Figaro du 21 mai (...)

5À s’en tenir aux prises de positions fédérales, cette attention portée aux dosages politiques peut surprendre, car le FFMJC ne prit guère de position tranchée. À la différence de la Ligue de l’enseignement par exemple, elle ne se déclara pas en faveur du Programme commun. De fait, l’influence communiste se mesurait surtout dans la terminologie dominante (« la ligne », la « tête »). Un administrateur réclamait à ce sujet un vocabulaire « moins directif6 ». Les pratiques, souvent impulsées par des militants communistes pouvaient être taxées de « jacobines ». Les états généraux du XXXe anniversaire tenus à l’occasion du congrès de Metz en mai 1975 en constituaient un bon exemple. Initiative impulsée par la « tête » de la fédération, malgré le scepticisme de beaucoup de responsables régionaux, et destinée à relancer l’action à la « base », la manifestation réunit plus de 1200 délégués des MJC, à l’issue d’un printemps de mobilisation, où furent rédigés des cahiers de doléances. Ces cahiers ne purent être exploités, faute de temps et faute aussi de pouvoir établir une synthèse à partir de remarques disparates, mais l’objectif visé n’était, sans doute, pas celui-ci. Il s’agissait de démontrer la force de « l’Institution MJC » et d’attirer l’attention de l’opinion publique et de la presse, ce qui fut, sur ce point, un véritable succès7.

La difficile élaboration d’un projet fédéral

6À l’occasion du congrès de Metz, la FFMJC entreprit de redéfinir son projet pédagogique resté inchangé depuis 1969, c’est-à-dire, de l’aveu même des responsables, depuis 1948, si l’on s’en tenait aux seuls textes. De multiples commissions fonctionnèrent, des avis divergents s’exprimèrent, mais on s’efforça de les faire converger. Pour l’essentiel, le nouveau cadre de référence s’inspirait d’un projet élaboré par Jean Laurain. Parmi les élus, il était la seule personnalité capable de mettre en forme une telle réflexion, dans une fédération qui connaissait une pénurie structurelle d’intellectuels. Conseiller général socialiste, catholique proche de la revue Études, et par ailleurs, homme sensible au marxisme, il possédait toutes les qualités qui faisaient de lui l’homme de la situation.

7Selon le projet redéfini, la pédagogie des MJC visait à « préparer les citoyens à vivre démocratiquement », grâce à la pratique de la vie associative, dont « les exigences psychologiques et morales, mais aussi les règles administratives et économiques permettent l’apprentissage de la responsabilité et par conséquent de la vraie liberté ». Concrètement, les MJC devaient se définir comme un contre-pouvoir, face aux municipalités, mais comme un contre-pouvoir qui accepte de comprendre l’autre, « de se mettre à la place de l’autre » :

  • 8 Les MJC dans la Cité et dans le milieu rural. HS de Pas à pas, n° 29-30, 2e et 3e trim. 1975.

« Notre attitude se révèle essentiellement pédagogique à la différence de la démarche purement politique qui, tout en étant légale et pacifique, vise à créer des rapports de force. […] Il semble bien que l’avenir des MJC soit fonction de leur capacité à s’insérer davantage dans la cité, à créer et à développer une mentalité communautaire non imposée qui triomphera de l’individualisme grandissant de notre société par une nouvelle pratique de la vie sociale permettant le réel apprentissage de la démocratie8. »

  • 9 Commission des MJC en lutte au congrès de Metz, arch. Lucien Trichaud, AUN.

8On retrouvait là bien des aspects du projet des origines, la tonalité « personnaliste » en particulier, le rapport ambivalent avec la politique, mais adaptés à la nouvelle donne marquée par la montée en puissance des MJC dans la vie des communes. Au niveau des références, le gauchissement de la FFMJC était sensible, mais somme toute limité : la tonalité d’ensemble restait très nettement réformiste, au grand dam d’une minorité gauchiste, présente parmi quelques directeurs et des élus des « MJC en lutte » contre les municipalités, qui y voyait la preuve d’une collusion entre modérés et communistes, soucieux de bien distinguer entre action politique et action culturelle9. Sur un plan concret, les états généraux avaient décidé le lancement d’une grande campagne « Action pour vivre », qui devait mobiliser les MJC afin d’obtenir les financements nécessaires à la poursuite de leur activité. La FFMJC sortait donc de l’attitude de relative réserve qu’elle observait depuis la fin de la crise ouverte avec le secrétariat d’État.

9À l’occasion des états généraux, hommage avait été aussi rendu à Paul Jansen qui allait quitter son poste, après avoir assuré la délégation générale depuis la scission. En six ans, il avait accompli un travail difficile avec des moyens très réduits. Le centre fédéral ne disposait que de très faibles subventions, qui ne permettaient, en aucun cas, d’assurer ce que Joseph Comiti avait assigné comme fonction au siège national : la coordination pédagogique et la recherche culturelle, intitulés qui, faute de moyens, révélaient leur caractère de formules creuses. Vis-à-vis des autorités de tutelle, Paul Jansen avait pratiqué un jeu subtil : tout en maintenant une grande fermeté sur les principes et les revendications vis-à-vis des autorités de tutelle, il se présentait comme le rempart contre l’influence communiste, n’hésitant pas à signaler tout « dérapage », ou ce qu’il estimait être tel. Cette politique avait porté ses fruits et il est certain que sa présence à la tête de la délégation générale avait facilité la normalisation des relations avec le secrétariat d’État.

10Tout au long des six années que Paul Jansen passa à la tête du centre fédéral, ce furent les élus, c’est-à-dire, pour l’essentiel, le bureau fédéral qui gouvernaient la fédération, le délégué général appliquant scrupuleusement les décisions. Sa discrétion naturelle, sa croyance profonde dans la valeur des institutions fédérales le poussaient naturellement à agir ainsi. La forte personnalité du président Jargot, la volonté de ce dernier de ne pas voir réapparaître « un nouveau Trichaud », selon une formule qu’il affectionnait, auraient, dans tous les cas, rendu impossible, pour le délégué général la moindre tentative pour sortir du strict cadre de ses prérogatives. Mais la reconstruction de la fédération avait été rendue possible parce qu’existait une relative unité entre les différents partenaires (élus, délégués et directeurs salariés) décidés à « arracher à l’État » les moyens de faire vivre ce que tous continuaient à appeler le service public de l’éducation populaire. Après 1975, cette cohésion fut beaucoup plus difficile à maintenir : une nouvelle période de l’histoire de la fédération s’ouvrait, marqué par un repli accentué sur les problèmes fédéraux.

La cogestion et ses heurts : 1976-1981

  • 10 Les deux hommes présentaient plus de points communs que ce que pouvaient laisser supposer leurs ét (...)

11En février 1976, la situation de la fédération était inquiétante : l’aide de l’État n’avait toujours pas été notifiée et le budget fédéral laissait apparaître un important déficit. À ces difficultés s’ajoutait la perspective de ne pouvoir offrir un emploi aux directeurs-stagiaires en cours de formation. Pour la seconde année consécutive, la FFMJC avait, en effet, organisé un stage de longue durée à l’intention de ses futurs directeurs, dans le cadre de l’Institut national de la formation, dirigé par Jean-Claude Wallach. Cette structure administrative n’était pas financée par la Jeunesse et Sports, car l’autorité de tutelle refusait à la FFMJC le droit de former son personnel. Des stages « de formation à l’emploi de directeur de MJC » avaient donc été mis en place, grâce aux crédits du ministère de l’Emploi, dans le cadre de la formation professionnelle. À ce titre, les stagiaires étaient embauchés à leur entrée en formation par la FFMJC. Ils disposaient donc d’un salaire, mais aussi de « la garantie d’embauche », c’est-à-dire de la certitude d’obtenir un emploi, en cas de réussite du stage. Devant les difficultés financières, le conseil d’administration en mars 1976 prit à l’unanimité la décision de licencier les directeurs-stagiaires pour lesquels un poste n’aurait pu être trouvé à l’issue de leur année de formation. Cette mesure déclencha une vive tension avec les directeurs titulaires réunis en mai à Saint-Étienne en journées nationales d’études et qui se mirent en grève. Devant ce mouvement social, le bureau fédéral déplacé à Saint-Étienne publiait, le 29 mai, une déclaration qui suspendait le principe des licenciements. Il « accept[ait] la responsabilité de diriger la lutte [pour la défense des postes et de la fédération] ». Quelques jours plus tard, l’assemblée générale de Colombes, le 12 juin 1976, précisa et approuva « l’orientation de lutte ». Celle-ci devait être menée par le nouveau président désigné lors de cette même assemblée, Robert Lenoir. Ce centriste, succédait à Paul Jargot, devenu sénateur communiste l’année précédente et qui ne se représentait pas. Le président sortant avait favorisé l’élection de Robert Lenoir, dont il avait souligné à plusieurs reprises que « le loyalisme de minoritaire avait été pour [lui] un exemple10 ». Les équilibres politiques étaient, une nouvelle fois, maintenus, même si la radicalisation de l’action fédérale intervenait dans un contexte de relatif recul des communistes parmi les instances fédérales.

  • 11 Témoignage chrétien, sem. du 26 juil. 1976.
  • 12 Il est impossible toutefois de distinguer ce qui relève des effets de la mobilisation et du hasard
  • 13 BF du 21 nov. 1976 AFF 679.

12Les mesures concrètes prises lors de l’assemblée générale prévoyaient la création d’un fonds de solidarité pour faire face aux difficultés financières, ainsi qu’une grande quinzaine d’action dans toutes les MJC. L’un des objectifs non avoués de l’opération était d’éprouver la solidarité des syndicats et des salariés, tout en redonnant aux élus la maîtrise des opérations. La campagne d’action reçut un certain écho dans la presse locale mais aussi nationale, dont témoignait, par exemple, la une de Témoignage chrétien en juillet11 (voir page xvidu cahier iconographique). À la base, les MJC se mobilisèrent par des ventes de cartes postales de solidarité, des rencontres avec les élus, et des manifestations. Deux journées parisiennes placées sous le signe d’une chanson des Beatles, Help ! achevèrent ce cycle de lutte. Outre un chapiteau, où des artistes vinrent se produire en solidarité, des adhérents venus de toute la France défilèrent dans les rues de Paris le samedi 15 octobre. Pour la première fois, une association d’éducation populaire avait réussi une mobilisation de masse. La FFMJC revendiqua 10 000 manifestants mais regretta la faible couverture parla presse. Pour une fédération à laquelle les services de l’État eux-mêmes reconnaissaient 300 000 adhérents, il s’agissait donc d’un demi-échec, qui prouvait la limite de ce type d’opération, qui ne fut pas renouvelée. Sur un plan matériel aussi, le bilan était mitigé. L’État accorda une subvention exceptionnelle de 100 000 F, mais la FFMJC devait apurer le déficit de l’opération Help ! qui grevait, encore trois ans plus tard, le budget fédéral. En revanche, la mobilisation à propos des créations de postes, avait porté ses fruits, puisque tous les stagiaires purent être employés12. L’opération Help ! eut pour ultime conséquence de révéler le malaise existant entre une partie des élus et le nouveau délégué général André Jager, des membres du bureau déclarant que « Help ! a[vait] révélé les carences des structures et personnes au centre fédéral » au moment même où la procédure de titularisation du délégué général était lancée13.

13André Jager occupait, à l’issue de l’opération Help !, le poste de délégué général depuis un an, à l’issue d’une désignation particulièrement mouvementée. Le conseil d’administration avait départagé deux candidats. Le premier, André Jager, était depuis 1969, adjoint de Paul Jansen. Le second, Claude Dade-Brenjot, leader officieux du syndicat FEN-CGT était directeur à Colombes, qu’il avait transformée en une des Maisons-phares de la FFMJC. Le choix du conseil s’était porté sur Claude Dade-Brenjot, qui n’avait toutefois pas pris, ses fonctions. Le secrétariat à la Jeunesse et aux Sports avait en effet utilisé tous les moyens en sa possession pour empêcher la nomination d’un candidat communiste – maire adjoint de Colombes – et surtout responsable de la CGT des directeurs. Le candidat désigné avait donc renoncé et ce fut son adversaire malheureux qui prit le poste de délégué général, en octobre 1975. André Jager souffrit d’emblée d’être apparu comme le candidat anti-Dade-Brenjot. Il avait la réputation, dans le climat de la FFMJC de l’époque, d’être un homme de « droite », ce qu’il n’était pourtant pas. Catholique de gauche modérée, il était davantage un homme d’ordre. Après une brève carrière de directeur, il avait avec Albert Léger bâti l’appareil administratif de la fédération, avant d’être le responsable du service architecture. Ses qualités de gestionnaire énergique et rigoureux avaient rendu de grands services lorsque la fédération aurait pu être mise en faillite à plusieurs occasions. Cette réputation de gestionnaire constituaient, cependant, un handicap dans le climat de la FFMJC du milieu des années soixante-dix, qui cherchait à radicaliser son action. Finalement, la majorité du conseil d’administration refusa la titularisation d’André Jager en avril 1977 et désignait alors Gérard Kolpak comme nouveau délégué général.

  • 14 À la fin de la décennie, la CFDT possédait, elle aussi, des délégués régionaux issus de ses rangs.

14Entré à la fédération au cours de la grande période d’expansion du début des années soixante, celui-ci s’était vite imposé comme l’un des personnalités marquantes parmi les directeurs et comme l’un des leaders syndicaux CGT. Après une carrière de directeur, il assumait, depuis 1973, le poste le plus difficile de la fédération en dehors de la délégation générale, celui de délégué de la région parisienne, où il avait la réputation d’avoir bien réussi. Son arrivée à la tête de l’exécutif fédéral marquait l’achèvement d’un système, où une grande partie des responsables fédéraux étaient issus des cadres syndicaux, c’est-à-dire pour l’essentiel de la CGT14. Il était, d’autre part, membre du PCF depuis 1967, venu du PSU. Bon orateur, doté d’une vision politique et forte du projet MJC, d’un certain goût pour la provocation, il incarnait un ton nouveau.

Ah que la cogestion est difficile15 !

  • 15 Projet de rapport moral pour 1977, en vue de l’AG de Poitiers, 1979. AFF 130 ?

15La prise de fonction de Gérard Kolpak en juin 1977 se faisait dans un contexte favorable sur le plan externe : la victoire de la gauche aux municipales de mars semblait annoncer son succès aux législatives prévues en avril 1978. Sur le plan des relations internes à la fédération, la situation était plus difficile. La cogestion était en cause. Depuis le début des années soixante-dix, ce terme était omniprésent dans la vie fédérale : les Maisons devaient être cogérées, la formation des directeurs se faisait dans, par et pour la cogestion, la préparation des congrès devait être un grand moment de cogestion… Comme l’étymologie l’indique, la cogestion suppose l’existence de plusieurs partenaires prêts à gérer ensemble. Cette condition était encore remplie dans une majorité de MJC, où élus, municipalités et directeurs prenaient effectivement part à la gestion des associations. Aux autres échelons de la vie fédérale, la cogestion ne prenait plus que la forme d’une gestion en commun de la fédération entre élus et représentants syndicaux des directeurs. Ces derniers réclamaient le retour à la situation d’avant 1969, lorsqu’ils disposaient de voix délibératives dans les différentes instances, même s’il faut préciser que leur défense de la cogestion ne se résumait pas à ce seul aspect. Cette revendication, accordée par étapes successives, fut définitivement satisfaite en décembre 1977. La CGT, qui faisait de ce point, son cheval de bataille depuis 1969 put célébrer une victoire. La CFDT refondée en 1972 restait, quant à elle, hostile à la cogestion des questions touchant le personnel, conformément aux choix de sa centrale. Cependant, en dépit de quelques progrès entre 1977 et 1981, elle restait très minoritaire.

  • 16 Exemple : Rapport moral 1980 de la MJC de Champs-sur-Marne Victor Jara in dos. de dir. FRAL Lyon.

16L’usage du terme « cogestion » dans les MJC contraste avec la rareté des références à l’autogestion. Le phénomène est à mettre en rapport avec l’influence communiste, ou du moins cégétiste. Mais le ralliement du PCF à l’autogestion entre 1977 et 1981 n’entraîna pas, pour autant, de revalorisation du terme dans les MJC. En fait, le monde de l’éducation populaire dans son ensemble recourait plus facilement à la notion de cogestion, car celle-ci impliquait la participation financière de l’État, sans laquelle les associations ne pouvaient vivre. De plus, la cogestion, par son élasticité, pouvait donner lieu à des interprétations variées, susceptibles de convenir à beaucoup : moins gauchiste qu’autogestion pour des oreilles communistes, supportable pour des démocrates chrétiens, cogestion était pour beaucoup synonyme d’autogestion. Ainsi dans les débats des MJC « de base », pas toujours informés des nuances du discours fédéral, cogestion était le plus souvent employé pour autogestion ou encore « démocratie vécue », selon une expression de l’éducation populaire des années soixante16.

  • 17 AFF 69 et 279.

17Dans la pratique fédérale, la cogestion prenait le plus souvent un aspect conflictuel, ce qui n’était pas nécessairement considéré comme rédhibitoire dans une institution où le conflit était érigé en modèle pédagogique, influence marxiste oblige, et la cogestion « dialectique » avec ses « contradictions », comme un modèle de dévoilement des rapports de force. Toutefois, entre ces proclamations des congrès où l’on soulignait les vertus du conflit et la pratique régulière de la cogestion dans les instances, il y avait des nuances, et l’on sentait une certaine lassitude, chez les élus, à la fin de la décennie. Les communiqués où élus et représentants syndicaux s’accusaient mutuellement d’atteinte à la cogestion, les innombrables discussions et tentatives de définitions, qui ponctuaient la vie fédérale, donnent à la lecture des archives une impression de vertige. Cela n’empêchait toutefois pas l’action fédérale de se poursuivre. Le congrès de Nanterre, en novembre 1977, fut ainsi le plus riche de la décennie et le seul qui déboucha sur la définition d’orientations claires, pour l’action en matière de formation, d’action culturelle et d’information17. Ce dernier thème était considéré comme prioritaire. Un jeune rédacteur-documentaliste, Claude Paquin fut recruté et parvint à publier régulièrement Les Cahiers de la FFMJC, un bel instrument de travail, dans l’univers assez pauvre des revues d’éducation populaire de l’époque. Cette publication visait à interroger les pratiques éducatives et culturelles mises en œuvre dans les MJC. Autre réussite, la fédération parvint à maintenir et même à développer son propre système de formation professionnelle de directeurs, dans ses différents centres de Reims, Paris et surtout Rennes.

18Malgré tout, le délégué général Gérard Kolpak était persuadé, à partir de 1979, de la nécessité d’une réforme plus profonde de la fédération. Son analyse prenait en compte les facteurs externes (crise économique, absence de soutien de l’État) mais sa réelle nouveauté venait de ce qu’elle ne se limitait pas à ces aspects. Le changement était notable sur cet aspect : Gérard Kolpak évoquait une « crise de doctrine et d’objectifs », dont les racines étaient plus profondes que la simple fin d’un cycle idéologique « 68-78 » :

  • 18 Ouverture des journées des délégués de Marly-le-Roi, 5 mai 1980, arch. Gérard Kolpak, Chauvigny.

« La situation, telle qu’elle se présente aujourd’hui, nous interdit d’avoir la prétention d’être “Le service public de l’Éducation populaire” et c’est une bonne chose. Si nous avions pris conscience de cela plus tôt, nous aurions évité bien des erreurs dues à notre impérialisme et à notre folle prétention au monopole. Par contre, nous devons négocier notre contribution à un service public, qui reste, d’ailleurs, à construire18. »

19Conscient de l’importance de reformuler une doctrine globale pour les MJC, le délégué général était cependant contraint d’accorder la priorité aux questions de structures : le cercle était vicieux. En effet, l’urgence de la situation fédérale, surtout sur le plan économique, exigeait une réforme institutionnelle. Le délégué général fut chargé de présenter un projet qui devait être soumis au conseil d’administration, puis adressé à toutes les MJC. Rédigé dans l’urgence par Jean-Claude Wallach et Gérard Kolpak, ce texte se présentait sous une forme dense et difficile d’accès, ce qui compta dans sa réception et son destin final. Si l’on s’en tenait à la lettre des statuts de l’époque, le projet prenait bien le contre-pied de la régionalisation imposée par Joseph Comiti. En revanche, si l’on considérait ce qu’était la pratique réelle des institutions fédérales, marquée par une intervention croissante du national et surtout par le fait que les fédérations régionales s’étaient dessaisies de leurs responsabilités au profit du national, la rupture était moins nette. L’un des objectifs visés était de concentrer les question de gestion du personnel en un seul lieu, afin de permettre aux autres instances de se consacrer à d’autres questions.

  • 19 Gérard Kolpak reprenait une formule de Georges Rouan.
  • 20 FFMJC Débat « Pour une réforme des structures », p. 11-12.

20Le plan de réforme fut repoussé à une très large majorité (2128 mandats contre, 114 pour, 399 abstentions). Le conseil d’administration lui-même avait, très majoritairement, voté contre, seuls deux élus, dont le président Lenoir s’étant prononcés en sa faveur. À cette occasion, un phénomène, dont l’apparition avait été diagnostiquée un an plus tôt, se manifestait avec éclat : « la balkanisation de la fédération19 ». Les membres du conseil avaient réparti leurs voix entre l’abstention et le non, sans qu’aucune logique politique ou autre ne permette d’en rendre compte. Ce phénomène aurait pu être un indice de maturité de la fédération, un signe que les enjeux internes étaient pris à leur juste mesure. Il n’en était rien et aucune majorité de rechange ne se dégageait. Un seul « non » avait été cohérent et il avait pesé d’un poids décisif dans le vote, celui de la CGT. Celle-ci avait combattu de toutes ses forces la réforme, qualifiée de « projet de maquignons […] de projet autoritaire et paternaliste […] comportant de sentencieuses remarques, très Nouvelle société des princes qui nous gouvernent20 ». Sa position, qui ne se résumait pas à ces seules attaques, prenait le contre-pied de sa position traditionnelle en faveur d’une gestion centralisée du personnel. Cette volte-face s’expliquait par son refus d’accepter une augmentation de la part des frais consacré à la gestion du personnel. Pour le délégué général, ces frais étaient sous-estimés et la gestion accaparait une grande partie des efforts fédéraux, ce qui privait les autres fonctions fédérales des moyens nécessaires. Seule une augmentation des frais de gestion demandés aux collectivités locales pouvait permettre de dégager les moyens nécessaires à l’action culturelle. La CGT refusait cette logique qui, selon elle, consistait à faire payer aux personnels le prix de la rigueur et risquait d’entraîner des suppressions des postes.

  • 21 Le délégué général avait, de son côté, évoqué « le corporatisme des professionnels qui se traduit (...)

21Le délégué général put regretter que le débat se soit focalisé sur cet aspect, au détriment d’autres, en particulier les rapports avec les collectivités locales. Il ne put cependant que prendre acte du rejet massif dont son projet avait été l’objet et donna immédiatement sa démission, non sans subir une dernière attaque de la part de la CGT qui fustigeait un homme qui « privilégiait sa politique anti-personnels a décennie, le maintien de cette gestion, théoriquement décentralisée, à l’anti-cégétisme dans des termes qui rappellent ceux du patronat français21 ». Adressée à un membre du PCF, dont la nomination à la tête de la fédération trois ans plus tôt avait fait craindre à certains une mainmise de la CGT, et à un homme qui, par ailleurs, était toujours membre, en 1981, du syndicat CGT de l’encadrement, la critique prouvait l’ampleur des bouleversements intervenus depuis le milieu des années soixante-dix à la FFMJC.

UNIREG : une existence impossible

22À l’UNIREG, le contraste avec l’histoire conflictuelle de la FFMJC est saisissant : tout au long des années soixante-dix, l’impression de stabilité domine. Celle-ci tient à la permanence des hommes : le président Robert Fareng exerça son mandat jusqu’en 1979, mettant fin, à cette date, à trente cinq ans d’action dans les MJC, comme professionnel puis comme administrateur bénévole. Quant à Lucien Trichaud il demeura, à la tête de la délégation générale, jusqu’en 1986 et l’UNIREG c’était avant tout lui.

  • 22 Note sur l’UNIREG, 9 sept. 1977, CAC 19820784/8.
  • 23 Jean Lecanuet, René Tomasini ou Michel Poniatowski à la fin de la période.
  • 24 « Propositions pour essayer de promouvoir une animation dégagée des pressions partisanes », 1974, (...)
  • 25 Lettre de Maurice Bertrand, à Paul Dijoud, 21 juin 1977, AUN, 148 ?

23Ex-Association des Présidents de Fédérations régionales de MJC (APREREG) devenue Union des fédérations régionales de MJC en 1971, l’UNIREG se voulait un simple organisme de concertation entre fédérations régionales, jalouses de leur indépendance qui refusèrent, en particulier, tout accord avec les professionnels, sous la forme d’une convention collective. L’union trouvait sa raison d’être dans la nécessité de maintenir le contact avec le secrétariat d’État, qui avait initié la décentralisation, mais ne souhaitait pas pour autant multiplier les interlocuteurs. Vis-à-vis des municipalités, le label UNIREG aurait pu apparaître comme une alternative « dépolitisée » à la FFMJC. Tel était l’espoir de Lucien Trichaud en 1970, alors que la scission n’avait pas donné les résultats escomptés, mais que commençaient à se multiplier les tensions avec les villes. Ce calcul s’avéra rapidement illusoire. Il n’y eut pas transfert de Maisons depuis les fédérations régionales de la FFMJC vers celles de l’UNIREG : ce fut même l’inverse qui se produisit. La difficulté que rencontra l’UNIREG pour élaborer une stratégie était encore plus évidente vis-à-vis des autorités de tutelle. Certes, le secrétariat d’État apprécia tout au long de la décennie, sa modération salariale et sa capacité à « adapter son expansion à ses moyens22 ». Certes, jusqu’en 1981, l’UNIREG, et surtout son délégué général, très attentif à la question du « patronage par les personnalités », put compter sur l’appui de divers hommes politiques de la majorité23. Dans la pratique, jusqu’en 1972, l’administration, sur ordre du cabinet, la favorisa largement, en vertu des engagements pris au moment de la scission avec Lucien Trichaud. Mais le départ de Joseph Comiti, en 1973, modifia la donne. Son remplaçant, Pierre Mazeaud, semblait soucieux de tourner la page de la crise. Surtout les services soulignaient la faible capacité d’innovation de l’UNIREG. L’Union ou du moins, son délégué général proposa bien au secrétariat d’État les années suivantes diverses « chartes » pour « promouvoir une animation dégagée des pressions partisanes24 », mais l’éloignement progressif du péril « gauchiste » réduisait l’urgence dans ce domaine. Après les élections de mars 1977, les services de l’administration centrale étaient sans illusion sur la capacité de l’UNIREG à résister à la concurrence de la FFMJC. Une personnalité politique de la majorité résumait bien la situation : « L’UNIREG mène un combat inégal contre la FFMJC, mais plein de bonne volonté25. »

  • 26 Voir supra chapitre 11.
  • 27 Rapport moral pour l’AG de l’UNIREG pour 1980, CA du 1er déc. 1979, AUN 99 et 125.
  • 28 Citations extraites du Rapport moral UNIREG pour 1980, AUN 150.

24L’impasse dans laquelle se trouvait l’UNIREG à la fin de la décennie se lit à travers les rapports moraux, de plus en plus critiques à l’égard de la situation faite aux MJC. Pour autant, ses instances ne pouvaient, sans risque d’apparaître de « parti pris », condamner la politique gouvernementale, à laquelle, de plus, une majorité des responsables était, sans doute, favorable. Dans le même temps, les administrateurs de l’UNIREG s’efforçaient de parvenir à « un consensus d’ensemble sur l’essentiel et [à] un essai de définition d’une orientation », selon l’intertitre du rapport moral en 1978. Les remous suscité par l’affaire des MJC orléanaises et les conflits au sein de la fédération Normandie-Maine expliquaient cette volonté de redéfinir l’union. Quelques mois plus tard, début 1979, l’UNIREG procédait d’ailleurs à la dissolution de la fédération Normandie-Maine, où l’ampleur des irrégularités était connue depuis longtemps, bien avant que n’éclate le scandale dit d’Animation-Service26. Cette crise révélait la faiblesse de la vie associative de quelques-unes des fédérations régionales de l’UNIREG et les limites d’un système où la peur de la politisation conduisait à « verrouiller » toute forme d’opposition, voire d’expression. Au cours de la même période, l’UNIREG était contrainte d’entamer des discussions avec les syndicats de directeurs. Un projet de convention collective nationale de base était élaboré en 1980. Même si les conventions collectives pour chacune des fédérations régionales n’étaient pas encore signées fin 1981, les dispositions prévues représentaient une amélioration substantielle des carrières et s’alignaient sur la convention FFMJC, en ce qui concernait la progression indiciaire27. Mais, l’autonomie de l’UNIREG paraissait une nouvelle fois très limitée, d’autant plus que la convention découlait en partie de la crainte de voir les directeurs quitter ses fédérations régionales pour celles de la FFMJC. Cette convention ne pouvait qu’entraîner une hausse des sommes demandées aux collectivités locales. Les fédérations UNIREG semblaient donc devoir affronter, à court terme, les mêmes problèmes que celles de la FFMJC. On comprend dès lors, à la fois un discours plus critique vis-à-vis des autorités que celui auquel l’union était jusqu’alors habituée, mais aussi le pessimisme qui s’exprimait dans les documents fédéraux. Faisant référence à un texte rédigé à la veille de l’élection présidentielle en 1974, le rapport moral de 1981 affirmait avec un art certain de la litote : « Depuis que nous exprimions nos généreux objectifs, nos réalisations n’ont pas été que négatives28. »

25Les difficultés de l’UNIREG découlaient, en grande partie, des conditions de sa naissance, de l’échec de la scission et de sa géographie – celle d’une France plutôt rurale et pauvre, même s’il faut nuancer ce tableau. La stratégie suivie par ses responsables n’avait guère, non plus, contribué à faciliter son existence. Mais, élus et délégué, avaient-ils véritablement le choix d’une alternative ? Le drame de l’UNIREG fut d’être prise entre la FFMJC et l’État, soit entre le marteau et l’enclume.

Un État indifférent

26Une politique peut être autant faite d’inaction que d’action : ce fut le cas de celle menée par la Jeunesse et Sports à l’égard des MJC au cours des années soixante-dix. La puissance de la FFMJC, son caractère contestataire interdisait à l’autorité de tutelle de s’en désintéresser totalement. Aussi, le secrétariat d’État, redevenu par la suite ministère, cherchait-il à la contenir. Au-delà, cependant, de quelques épisodes de tension, ce qui domine tout au long de ces onze années, c’est le pur et simple abandon du secteur par l’État, aggravé par l’absence de liens avec les Affaires culturelles, qui auraient pu compléter l’action de la Jeunesse et Sports.

Laisser-faire : un secteur en déshérence

  • 29 Philippe Poirrier, L’État et la culture en France au xxe siècle, Livre de Poche, 2000, p. 130-132. (...)
  • 30 La MJC de Dole possédait les statuts MJC, mais n’était pas affiliée. Ces faits nous ont été rappor (...)
  • 31 Lettre de Robert Brichet à Augustin Girard, début 1973, CAC 19870483/38.
  • 32 Rappel : Maurice Druon, en 1973, avait déclaré qu’entre « la sébile et le cocktail molotov, il fal (...)
  • 33 Michel Arnaud.

27La nomination de Jacques Duhamel aux Affaires culturelles en janvier 1971 souleva des espoirs à la FFMJC. A posteriori, l’infléchissement qui s’opérait de « l’action culturelle » initiée par André Malraux au « développement culturel » peut apparaître comme favorable à un certain élargissement de l’action du ministère en direction du secteur socio-culturel29. Dans l’immédiat, les responsables des Maisons des jeunes furent surtout sensibles à l’appel du ministre en faveur d’une action culturelle plus diffuse et plus modeste. L’intervention de personnalités centristes, Bernard Stasi et Charles Bosson, facilita la prise de contact avec le ministre qui indiqua que les MJC pouvaient jouer un rôle important pour la diffusion culturelle dans les villes moyennes, une de ses priorités. Comme Bernard Stasi et Charles Bosson, le ministre était maire d’une ville moyenne possédant une MJC jouant le rôle d’un centre culturel30. Mais face à ces initiatives, les services de la Jeunesse et des Sports protestèrent vigoureusement contre ce qu’ils considérèrent comme une intrusion intolérable des Affaires culturelles dans leur domaine réservé31. La FFMJC éprouva, quant à elle, des difficultés à faire remonter depuis la base les propositions d’expérimentation demandées par les Affaires culturelles, ainsi qu’à définir une doctrine dans le domaine plus spécifiquement culturel. Le rapprochement entamé en direction des Affaires culturelles n’avait pas abouti en avril 1973, lorsque Jacques Duhamel quittait le ministère. Son remplacement par Maurice Druon, qui entendait ne pas subventionner la subversion, sonnait la fin de tout espoir pour les MJC32. Fait aggravant : l’un des principaux collaborateurs de Joseph Comiti chargé du dossier des MJC en 1969 intégrait le cabinet de Maurice Druon33. Quelques MJC bénéficièrent toutefois d’une création du ministère Duhamel qui se développa : le FIC (Fonds d’intervention culturelle), structure interministérielle chargée de subventionner des projets culturels innovants. Mais jusqu’en 1981, les deux fédérations de MJC devaient déplorer l’absence de tout contact avec la rue de Valois, qui renvoyait invariablement ses requêtes vers le ministère de tutelle. Les fédérations étaient donc condamnées à un tête à tête avec l’administration de la Jeunesse et des Sports.

  • 34 Pierre Mazeaud, Sport et liberté, Denoël, 1980, p. 19.
  • 35 Note confidentielle aux directeurs des services régionaux et départementaux, 21 mars 1972, CAC 198 (...)
  • 36 Voir supra.
  • 37 Nous nous appuyons sur les notes de la direction de la Jeunesse, en particulier dans le dossier CA (...)

28Tous les titulaires de ce portefeuille ministériel n’ont pas eu la franchise de Pierre Mazeaud, qui – a posteriori – reconnaissait volontiers qu’il n’éprouvait aucun intérêt pour les questions de jeunesse34. Tous, pourtant, négligèrent ces questions et privilégièrent largement le sport, dont le développement était en phase avec les évolutions perceptibles de la société : affirmations des pratiques de loisirs individuelles, plus grande attention portée au corps, promotion des activités ludiques… À cela s’ajoutaient des considérations qu’aucun ministre ne pouvait raisonnablement ignorer : l’échéance des grandes compétitions sportives internationales qui se transformaient en épreuve de la valeur nationale. Face à cela, la « jeunesse » faisait bien piètre figure : un monde terne, peu spectaculaire, qui avait, de plus, l’inconvénient d’être aux mains d’associations, qui n’étaient pas favorables à la majorité de l’époque. Sans doute, ce dernier trait obligeait-il ponctuellement les responsables à y accorder quelque attention. Ainsi, dès 1970, le secrétariat d’État demanda par note confidentielle à ses services de se retirer « discrètement » des instances des MJC, à tous les niveaux (MJC, fédérations régionales et nationales). Cette décision manifestait la volonté des autorités de traiter les MJC, comme des associations comme les autres, parmi les autres, loin du statut d’institution semi-publique dont elles continuaient à se prévaloir35. Au niveau national, le secrétariat d’État éprouvait cependant quelques difficultés à traiter la FFMJC comme une association ordinaire. Ainsi au moment du remplacement de Paul Jansen à la tête de la fédération, le secrétariat d’État s’efforça de faire échouer la nomination du candidat Dade-Brenjot, désigné par le conseil d’administration36. De même, le résultat des municipales de 1977 incita le secrétaire d’État Paul Dijoud à entreprendre un spectaculaire retournement vis-à-vis de la FFMJC qui retrouva quelques mois le statut d’institution privilégiée. Le contexte du lancement du Plan Barre, l’un des premiers dispositifs pour l’emploi des jeunes laissait redouter à la majorité une campagne de l’opposition dans le domaine de la jeunesse. Surtout le gouvernement estimait que les nouvelles municipalités de gauche allaient se servir des MJC comme bases dans pour la campagnes des législatives de 1978. L’objectif de Paul Dijoud était d’isoler la FFMJC des autres organisations de jeunesse, dans une logique d’attaque à front renversé. C’est pourquoi il organisa, selon sa propre expression, des « retrouvailles » avec la FFMJC : participation au congrès, acceptation de la cogestion et retour de l’autorité de tutelle à tous les niveaux de l’institution37. Une fois le second tour des législatives de mars 1978 passé, Paul Dijoud quittait la Jeunesse et Sports pour l’Outre-mer et les MJC pouvaient célébrer d’autres retrouvailles avec… Jean-Pierre Soisson qui reprenait le portefeuille de la Jeunesse et Sports qu’il avait abandonné en juin 1977, le temps de fonder le Parti Républicain et de mener la campagne législatives de l’UDF. Les retrouvailles avait duré le temps d’une campagne… L’ex-secrétaire d’État redevenu ministre se contenta jusqu’en 1981 de suivre de très loin la vie des MJC.

Une logique administrative

  • 38 Note de Jean-François de Vulpillere pour le ministre, fin avril 1978, CAC 19820784/8.
  • 39 Note Bureau J3AS, 1978, CAC 19820784/8.

29Un « groupe de réflexion sur les foyers, maisons et groupes de jeunes » s’était réuni à plusieurs reprises dans le cadre du SEAG (service d’étude et d’action générale) en 1972-1973 dépendant de la direction de la Jeunesse. L’objectif était de déterminer s’il fallait envisager de poursuivre la construction de MJC. Les débats s’appuyèrent sur une étude sociologique, qui recommandait de favoriser une animation plus informelle, les équipements ayant un effet répulsif sur certains jeunes. Cette orientation rappelait celle qui, quelques années plus tôt, avaient inspiré l’opération Mille-clubs. Or les fonctionnaires de Jeunesse et Sports en avaient mesuré depuis l’extrême difficulté en milieu urbain. Le dilemme auquel était confrontée l’administration, mais aussi les tous éducateurs était donc celui-ci : comment susciter, accompagner le « non-institutionnel », c’est-à-dire comment « institutionnaliser le non-institutionnel » ? Faute de pouvoir résoudre le dilemme, on se contentait de gérer, et de gérer la pénurie. Plus aucune enquête systématique ne fut menée sur l’activité des fédérations et des MJC, sur la nature réelle des pratiques qui y étaient mises en œuvre, en dehors d’enquêtes à caractère administratif. Cette indifférence n’empêchait pas de constater l’importance des MJC dans le paysage. Esquissant, un bilan après quelques participations à des réunions d’instances de la FFMJC, le directeur de la Jeunesse notait que son subordonné « a été plutôt favorablement impressionné par le dynamisme d’une institution qui compte actuellement plus de 320 000 adhérents et qui semble encore pouvoir jouer un rôle important au plan de l’éducation populaire et des loisirs éducatifs pour les enfants et les adolescents38 ». À cette « impression » faisait écho cette notation : « L’immense majorité des MJC reste l’un des outils potentiellement les plus importants de l’animation locale39. »

30Et pourtant, elles tournent encore… tel semblait-être le constat.

Un désengagement financier massif

  • 40 CAC 19870483/39.

31Dans une note destinée au ministre, le directeur de la Jeunesse dressait le bilan des subventions attribuées aux MJC : entre 1969 et 1975, les crédits avaient augmenté de 31,5 %, situation plus favorable que celle de l’ensemble des crédits de subvention qui n’avaient connu qu’une hausse globale de 25,4 %. La note s’achevait ainsi : « Il est vrai que pendant le même temps, le coût de la vie augmentait de 57,8 %40. » C’était, en peu de mots, résumer ce qu’avait été la politique de subvention vis-à-vis des MJC.

32Au cours d’une décennie marquée par une très forte inflation, les sommes versées par l’État aux fédérations de MJC baissèrent en francs constants de 24,2 %. En effet, alors que les prix à la consommation avaient été multipliés par 2,9, les subventions allouées aux fédérations régionales de MJC n’augmentaient dans le même temps que 2,3 fois leur montant initial. La réforme imposée par Joseph Comiti, « la décentralisation », s’était accompagnée d’une première baisse très importante (- 20,9 %) des subventions par rapport à 1968. La tendance se poursuivit au cours de la décennie, devenant même dramatique pour les fédérations nationales. Quant à la participation de l’État au financement des postes FONJEP, de loin la plus onéreuse puisqu’elle comptait pour 81,7 % du total des subventions attribuées, elle était celle qui, en apparence, baissait le moins : 8,6 %. Mais ce chiffre ne doit pas cacher que les salaires et les charges sociales augmentaient à un rythme plus élevé que les prix à la consommation, dans une profession récente où l’ancienneté avait été, jusqu’alors, relativement limitée. D’autre part, les créations de postes de directeurs dont le financement n’était pas subventionné par l’État, augmentaient à un rythme beaucoup plus élevé que celui des postes FONJEP. Ainsi, la part des postes bénéficiant d’un financement FONJEP était tombée de presque trois-quarts du total des postes à la moitié de celui-ci en 1981 (de 73,6 % à 52,2 %). Ces éléments pris en compte, la participation de l’État à la rémunération des directeurs passait de l’indice 100 en 1970 à 186 en 1981, tandis que l’indice des prix atteignait 285.

Graphique. – Évolution des subventions versées par la Jeunesse et Sports aux fédérations de MJC.

Graphique. – Évolution des subventions versées par la Jeunesse et Sports aux fédérations de MJC.

Subventions de fonctionnement : subventions versées aux fédérations régionales de MJC, au prorata du nombre de MJC. Toutes subventions : Subventions de fonctionnement et d’encadrement versées aux fédérations régionales de MJC divisées par le nombre de MJC Subventions à la FFMJC par MJC : total des subventions (ordinaires et exceptionnelles) versées à la FFMJC, divisé par le nombre de MJC affiliées par les fédérations régionales FFMJC. En raison du changement de statut de la FFMJC intervenu en 1970 (« décentralisation »), les chiffres pour 1970 n’étaient pas significatifs. L’indice 100 correspond donc à l’année 1971. Sources : AFF 704 et CAC 19790592/5/9/et 19890496/11 à 21. Taux FONJEP : Subventions allouées pour le financement des postes. Indice des prix : prix à la consommation des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé, série France entière, 1970-1983, Insee.

  • 41 Pour les chiffres détaillés de cette page et de celle qui précède, nous renvoyons à notre thèse, c (...)
  • 42 Les enseignants d’EPS dépendaient de Jeunesse et Sports jusqu’en 1981.

33Cette évolution ne résultait qu’en partie seulement d’un choix déterminé de la part des responsables directs du secteur. Il tenait aussi à la répercussion mécanique d’un principe simple : au niveau budgétaire, la Jeunesse et Sports était une variable d’ajustement pour le gouvernement et sa part dans le budget global de l’État, déjà faible, régressa fortement à partir de 1974, passant de 0,755 % du budget de l’État à 0,624 % en 198141. Au niveau du secrétariat d’État, la Jeunesse était une variable d’ajustement par rapport au Sport, qui bénéficiait de soutiens plus larges et surtout de l’obligation scolaire42. Les faibles subventions accordées aux MJC – ainsi qu’aux autres associations de jeunesse et d’éducation populaire – résultaient donc d’un choix par défaut, ce qui ne veut pas dire qu’elles n’exprimaient pas une politique. Car l’indifférence, quand elle a des incidences financières, n’est pas synonyme de neutralité.

Conclusion

34Le secteur « jeunesse-éducation populaire » était en déshérence. Déshérence particulière, car l’héritage n’était pas dévolu à l’État, mais, au contraire, confié par suite de la carence de l’État, aux collectivités locales, héritières, bien malgré elles, de charges qui incombaient encore pour moitié à l’État en 1969. Or l’extrême fin des années soixante-dix, les années 1979-1980, étaient marquées par une détérioration sensible des rapports avec les communes, perçue de façon très inégale, par les responsables. Ce dernier trait était d’ailleurs un indice parmi d’autres, des difficultés internes auxquelles les fédérations étaient confrontées et qui ne cessaient de s’amplifier. À la FFMJC, le délégué Gérard Kolpak regrettait que le débat sur la réforme des structures se soit polarisé autour de la gestion du personnel, alors qu’il avait insisté sur l’urgence de repenser les rapports avec les collectivités locales, qui étaient désormais porteuses de projets culturels beaucoup plus ambitieux. L’effacement du rôle de l’État, mais surtout l’importance croissante des communes mettaient en cause la forme fédérale, cette originalité qui avait permis le développement des MJC entre le local et le national.

Notes

1 Lucien Trichaud, L’animation et les hommes, Synchro, 1976, 269 p. ; Jean Laurain, L’éducation populaire ou la Vraie révolution, l’expérience des MJC, Éd. Correspondance municipale, 1977, 253 p.

2 Le terme union de fédérations régionales devrait en toute rigueur s’appliquer à l’UNIREG. Mais parce que dans le rapport à l’État cette distinction n’avait aucune conséquence, nous avons suivi l’usage du secrétariat d’État où l’on évoquait couramment la « fédération UNIREG ».

3 CAC 19890496/9 et 19870483/38.

4 CNAJEP : Comité national des associations de jeunesse et d’éducation populaire devenu Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire.

5 Le Monde du 16 juin 1973 : « L’influence du PCF s’étend à la FFMJC ».

6 CA 1er avril 1973, AFF 680.

7 « Analyse des cahiers de doléances », avril 1975, AFF 4. Le Monde 14 mai 1975, Le Figaro du 21 mai 1975.

8 Les MJC dans la Cité et dans le milieu rural. HS de Pas à pas, n° 29-30, 2e et 3e trim. 1975.

9 Commission des MJC en lutte au congrès de Metz, arch. Lucien Trichaud, AUN.

10 Les deux hommes présentaient plus de points communs que ce que pouvaient laisser supposer leurs étiquettes politiques : l’appartenance à une même génération, une origine provinciale, une bonne connaissance des réalités et des élus locaux, un grand pragmatisme et la foi catholique.

11 Témoignage chrétien, sem. du 26 juil. 1976.

12 Il est impossible toutefois de distinguer ce qui relève des effets de la mobilisation et du hasard.

13 BF du 21 nov. 1976 AFF 679.

14 À la fin de la décennie, la CFDT possédait, elle aussi, des délégués régionaux issus de ses rangs.

15 Projet de rapport moral pour 1977, en vue de l’AG de Poitiers, 1979. AFF 130 ?

16 Exemple : Rapport moral 1980 de la MJC de Champs-sur-Marne Victor Jara in dos. de dir. FRAL Lyon.

17 AFF 69 et 279.

18 Ouverture des journées des délégués de Marly-le-Roi, 5 mai 1980, arch. Gérard Kolpak, Chauvigny.

19 Gérard Kolpak reprenait une formule de Georges Rouan.

20 FFMJC Débat « Pour une réforme des structures », p. 11-12.

21 Le délégué général avait, de son côté, évoqué « le corporatisme des professionnels qui se traduit par une certaine forme de poujadisme syndical ». Ibid.

22 Note sur l’UNIREG, 9 sept. 1977, CAC 19820784/8.

23 Jean Lecanuet, René Tomasini ou Michel Poniatowski à la fin de la période.

24 « Propositions pour essayer de promouvoir une animation dégagée des pressions partisanes », 1974, CAC 19820784/7.

25 Lettre de Maurice Bertrand, à Paul Dijoud, 21 juin 1977, AUN, 148 ?

26 Voir supra chapitre 11.

27 Rapport moral pour l’AG de l’UNIREG pour 1980, CA du 1er déc. 1979, AUN 99 et 125.

28 Citations extraites du Rapport moral UNIREG pour 1980, AUN 150.

29 Philippe Poirrier, L’État et la culture en France au xxe siècle, Livre de Poche, 2000, p. 130-132. Geneviève Gentil, Augustin Girard, Les affaires culturelles au temps de Jacques Duhamel, 1971-1973, Comité d’histoire du ministère de la Culture-La Documentation française, 1995, 639 p.

30 La MJC de Dole possédait les statuts MJC, mais n’était pas affiliée. Ces faits nous ont été rapportés par Alain Saillard qui en fut le 1er directeur.

31 Lettre de Robert Brichet à Augustin Girard, début 1973, CAC 19870483/38.

32 Rappel : Maurice Druon, en 1973, avait déclaré qu’entre « la sébile et le cocktail molotov, il fallait choisir ». Voir supra p. 295.

33 Michel Arnaud.

34 Pierre Mazeaud, Sport et liberté, Denoël, 1980, p. 19.

35 Note confidentielle aux directeurs des services régionaux et départementaux, 21 mars 1972, CAC 19820784/7.

36 Voir supra.

37 Nous nous appuyons sur les notes de la direction de la Jeunesse, en particulier dans le dossier CAC 19820784/8.

38 Note de Jean-François de Vulpillere pour le ministre, fin avril 1978, CAC 19820784/8.

39 Note Bureau J3AS, 1978, CAC 19820784/8.

40 CAC 19870483/39.

41 Pour les chiffres détaillés de cette page et de celle qui précède, nous renvoyons à notre thèse, chap. 15.

42 Les enseignants d’EPS dépendaient de Jeunesse et Sports jusqu’en 1981.

Table des illustrations

Titre Graphique. – Évolution des subventions versées par la Jeunesse et Sports aux fédérations de MJC.
Légende Subventions de fonctionnement : subventions versées aux fédérations régionales de MJC, au prorata du nombre de MJC. Toutes subventions : Subventions de fonctionnement et d’encadrement versées aux fédérations régionales de MJC divisées par le nombre de MJC Subventions à la FFMJC par MJC : total des subventions (ordinaires et exceptionnelles) versées à la FFMJC, divisé par le nombre de MJC affiliées par les fédérations régionales FFMJC. En raison du changement de statut de la FFMJC intervenu en 1970 (« décentralisation »), les chiffres pour 1970 n’étaient pas significatifs. L’indice 100 correspond donc à l’année 1971. Sources : AFF 704 et CAC 19790592/5/9/et 19890496/11 à 21. Taux FONJEP : Subventions allouées pour le financement des postes. Indice des prix : prix à la consommation des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé, série France entière, 1970-1983, Insee.
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