Chapitre VIII. De la jeunesse à la culture
p. 195-212
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Index géographique : France
Texte intégral
1Maisons des loisirs pour jeunes, les MJC s’ouvraient progressivement aux activités considérées comme culturelles : théâtre, expositions, chansons… Le phénomène n’était pas entièrement nouveau : la Maison pour tous de la rue Mouffetard à Paris, les Marquisats à Annecy offraient depuis longtemps à leurs adhérents des spectacles. Mais, à mesure qu’on s’avançait dans les années soixante le phénomène prenait une ampleur grandissante. Pour les responsables, une véritable MJC se devait d’allier loisir et culture, comme ils le rappelaient à François Missoffe. Cette ouverture des MJC vers les activités culturelles se faisait sous l’impulsion de leurs jeunes militants issus des conseils de Maisons. Elle accompagnait aussi l’éviction ou plutôt l’auto-exclusion des jeunes d’origine populaire qui acceptaient mal le cadre des activités. L’influence des directeurs professionnels restait décisive. Leur formation, les moyens nouveaux qui accompagnaient leur mise en poste amenaient souvent les Maisons à dépasser ce que les bénévoles pouvaient réaliser, d’autant plus que les équipements alors construits comportaient souvent une « annexe culturelle » : salle polyvalente, plus rarement théâtre. À la fédération, les pionniers pouvaient estimer que leur œuvre prenait forme, et que « le titre imparfait de Maison des jeunes et de la culture1 » correspondait enfin à une réalité. L’écart demeurait grand, cependant, entre l’ampleur des ambitions et des réalisations nécessairement plus modestes : entre les références à une culture populaire héritée de l’après-guerre et les réalités de la société française des années soixante, il y avait en effet plus d’un pas à franchir.
Quelle culture pour les MJC ?
Un fonds commun de l’éducation populaire
2La FFMJC, si féconde dans le domaine institutionnel, n’a pas élaboré de doctrine, ni même creusé la réflexion en matière culturelle. À la base, dans les MJC, où l’ouverture aux techniques pédagogiques et culturelles variées fut un fait constant, on n’élaborait pas non plus de réflexion : pris par l’action, souvent dans des conditions difficiles, les responsables n’avaient ni le temps, ni peut-être le goût pour cela. Directeurs et bénévoles étaient des « faiseurs2 ». Cette absence de véritable réflexion était également un effet de la « division du travail » qui s’était instaurée depuis l’après-guerre entre ceux (Peuple et Culture, les instructeurs nationaux d’éducation populaire) qui élaboraient les « méthodes et procédés de la culture populaire » et les MJC « chargées de grouper le public pour celle-ci3 ». Parmi les références évoquées et revendiquées, le Manifeste de Peuple et Culture et les réflexions méthodologiques des membres de l’association du même nom étaient les plus fréquentes. Elles marquèrent les responsables des Maisons des jeunes comme l’ensemble des militants d’éducation populaire. On connaît quelques-unes des formules les plus célèbres du Manifeste de Peuple et Culture :
« Rendre la culture au peuple et le peuple à la culture, voilà notre but. […] La culture bourgeoise est en crise. Ce n’est pas elle que nous prétendons apporter à la classe ouvrière, même si elle lui paraît désirable. […] La culture populaire ne saurait être qu’une CULTURE COMMUNE À TOUT UN PEUPLE : commune aux intellectuels, aux cadres, aux masses. Elle n’est pas à distribuer. Il faut la vivre ENSEMBLE pour la créer. »
3Cet appel à construire une culture commune débouchait sur l’action, à rebours d’une conception de la culture comme pure gratuité :
« La “culture désintéressée” se désintéresse un peu trop de la vie. Au contraire, LA VRAIE CULTURE NAÎT DE LA VIE ET RETOURNE À LA VIE. […] La culture vraie ne se limite pas à la sphère des idées ; elle conduit à un art de s’exprimer et à un art de vivre. […] À travers la connaissance, une culture vraie se courbe vers l’action. Elle ne tend pas seulement à interpréter le monde, mais à le transformer […]4. »
4La FFMJC refusait de réduire la culture populaire à la simple vulgarisation de la haute culture. « Cette culture dite populaire ne doit nullement être une culture au rabais, une vulgarisation desséchante et déformante qui ferait de nombreux pédants5. » De même, les responsables mettaient en avant le caractère nécessairement collectif de la promotion culturelle, ce qui condamnait certaines formes d’activités de loisirs, dans lesquelles il discernait de l’individualisme et du paternalisme6. Les réflexions d’André Philip dans ses ouvrages La démocratie industrielle, paru en 1955, et La gauche, mythes et réalités, publié en 1964 constituaient aussi des références7. Tous deux s’achevaient par une conclusion consacrée à l’éducation populaire : « L’éducation populaire a pour but la formation d’un homme responsable, pour lui permettre de jouer son rôle dans une société responsable8. » Cette éducation n’avait de sens que comme un outil au service de la prise de responsabilité individuelle et collective, destiné à permettre une véritable émancipation du travailleur. Aussi ne devait-elle pas être confondue avec la simple « éducation professionnelle », ni avec une « culture au rabais », encore moins « une culture littéraire ou artistique séparée de la vie quotidienne », depuis que la bourgeoisie l’avait réduite à la jouissance passive de quelques œuvres, sans lien avec la réalité de l’existence9. On notait ici la convergence avec le Manifeste de Peuple et Culture. André Philip affirmait plus spécifiquement la nécessité d’une formation économique destinée à faire prendre conscience aux travailleurs des mécanismes qui régissaient leur vie quotidienne. La formation anti-publicitaire complétait la culture populaire définie « d’abord comme une anti-propagande10 », qui avait pour objectif final de « faire un homme libre vis-à-vis de tout, y compris du mouvement ouvrier11 ».
5Faute de véritable doctrine, c’est d’un esprit, de valeurs, de principes, qu’il faut parler : ce sont eux qui guidaient l’action culturelle menée dans les MJC. Le texte qui suit, écrit en 1961, en synthétise quelques-uns. Il émanait de la MJC de Besançon, l’une des Maisons les plus engagées à ce moment là, dans une orientation de culture populaire, et plus particulièrement de son directeur, Karol Smolski, qui devenait en 1966 chef du service culturel fédéral :
« À la base de toute philosophie, de toute action se place le choix entre deux conceptions de l’homme. L’une optimiste qui considère que l’homme est améliorable : placé dans de bonnes conditions de vie, il aura tendance à bien se comporter. L’autre, pessimiste qui considère l’homme comme marqué par un « péché originel » et enclin au mal. […] Nous éducateurs, nous ne pouvons admettre que la première définition qui fait confiance à l’homme. La seconde nous amènerait à ne concevoir notre métier que comme une garderie. […] La culture populaire a donc pour but d’orienter et de préparer les usagers à une action sur les structures économiques et sociales afin de faire passer l’Homme de l’état d’aliénation à l’état d’épanouissement personnel dans une société qui lui en donne les moyens et l’y encourage. Elle aura une seconde action tendant à mieux adapter l’homme à la collectivité et à son époque12. »
6Une conception militante de l’action culturelle devant déboucher sur une transformation sociale, le désir d’une culture « intéressée à la vie », y compris dans ses aspects quotidiens débouchaient dans la suite de ce texte-programme sur une hiérarchie et une typologie des activités. Les usagers de la MJC étaient invités à pratiquer simultanément, et « en quantité à peu près égale », des activités à dominante d’information et d’analyse qui répondaient à un besoin de « démystification » et d’autres activités à dominante « d’expression », de « gestion » et « d’éducation physique et de plein air » qui correspondaient à un besoin d’action13. La culture se voulait ici école de vie. Elle s’inscrivait aussi dans une perspective d’émancipation globale dont le modèle était le mouvement ouvrier, auquel les plus conscientisés des directeurs et bénévoles avaient le sentiment d’appartenir. Pour les directeurs, la dimension culturelle ou artistique était toujours subordonnée à une vision éducative et politique, comme l’écrivait l’un d’entre-eux en 1967 :
« En commençant ce rapport, je me permettrai de faire un procès à M. Gilbert Bécaud : Non, l’important ce n’est pas la rose… Certes la beauté sous tous ses aspects, cet art des formes et du mouvement qui est un des plaisirs de la vie ne nous est pas étrangère […] Mais le but de l’Éducation populaire dans laquelle s’engage résolument notre MJC s’enracine d’abord dans une éthique, une morale de la responsabilité14. »
7Cette conception n’était pas partagée par tous ceux qui se réclamaient du courant de la culture populaire. Ainsi, les ouvrages de Jacques Charpentreau, qui connaissaient une large diffusion parmi les militants, mettaient en valeur la culture populaire dans laquelle les pratiques artistiques jouaient un rôle premier. L’auteur « regrett [ait] le manque d’ambition d’un organisme [Jeunesse et Sports] voulant faire de l’éducation et non de la culture15 ».
8On aura noté dans les deux textes de directeurs cités plus haut des relents de populisme, à propos des « activités de non nantis ». Il faut ici faire la part de ce qui relevait de la posture militante, dans des textes qui proclamaient des grands principes vagues, peu en rapport avec la pratique quotidienne. Dans une livraison de 1962 consacrée aux militants, la revue Εsprit relevait cette distorsion propre à l’éducation populaire :
« Il y a, semble-t-il, une distance assez grande entre les affirmations de principe (la culture est révolutionnaire par essence…) et la réalité pratique, fortement marquée par le caractère superficiel des intérêts sur lesquels on en est réduit à construire. Peut-être la grandeur de son ambition (toucher le plus grand nombre) est-elle la malédiction de l’éducation populaire16. »
9Les responsables professionnels ou bénévoles parvenaient à concilier l’ampleur des ambitions avec des pratiques parfois moins « nobles », car ils s’inscrivaient dans une perspective à long terme. Leur temps était le temps des militants. La transformation culturelle, la révolution culturelle ne pouvaient se faire qu’au prix de la durée. « La première vertu du militant d’action éducative, c’est la patience17. » Tous étaient conscients de cette difficulté, comme ils étaient conscients, au-delà des discours de circonstance, de la difficulté à toucher plus d’une poignée d’adhérents. Cette seconde distorsion de l’éducation populaire lui était sans doute consubstantielle, mais elle était particulièrement vive dans les années soixante et dans les MJC en particulier. Les Maisons des jeunes et de la culture voulaient, en effet, s’adresser indifféremment à toute la population. Leurs responsables refusaient l’aspect sinon élitiste, du moins élitaire des mouvements de jeunesse ou de certaines formes plus anciennes d’éducation populaire comme les ciné-clubs. Dans le même temps, ils étaient suffisamment lucides pour constater la difficulté et l’ampleur de la tâche. Dans le numéro d’esprit déjà évoqué, un directeur de MJC résumait toute l’ambition et ses difficultés :
« Il s’agit de proposer aux jeunes (et aux adultes qui le veulent) des activités culturelles et éducatives au sein desquelles ils font l’apprentissage de la responsabilité. Pour la plupart des membres actifs de la MJC, il n’y a d’autre but que culturel (quand ce n’est pas un but de pure détente), mais pour une minorité de militants un peu plus âgés et mûrs, il est évident que la MJC s’inscrit dans un vaste mouvement de démocratisation des institutions et de l’état d’esprit des populations18. »
10« L’état d’esprit des populations », tel était bien l’objet que l’éducation populaire des années soixante se proposait de transformer.
Culture ou responsabilité ?
Contre la « culture mythifiante »
11La tonalité des textes qui viennent d’être cités était moralisatrice, ou plus exactement, ces textes étaient porteurs d’une forte exigence morale : « Le temps [était celui] des certitudes en matière culturelle, [celui de] la forte distinction entre ce qui était bon à faire en éducation populaire, et ce qui ne l’était pas », pour reprendre les propos d’un ancien responsable de la fédération Léo Lagrange19. Au milieu des années soixante, le temps n’était toutefois plus celui où certaines lectures étaient sinon censurées, du moins perçues avec une grande méfiance dans les MJC. Dix ans plus tôt seulement, la présence de romans policiers n’allait pas toujours de soi comme le prouve la méthode utilisée par un directeur à la MJC de Rouen. Si le premier roman policier demandé par un lecteur était accordé sans difficulté particulière, ainsi que le second, lors de la troisième demande, le directeur ouvrait l’œil… « L’usager en réclame un quatrième. Nous prenons notre rôle au sérieux et lui indiquons, maintenant qu’il a ingurgité trois policiers, de s’intéresser à des livres d’un genre non moins attrayant, mais sans doute plus substantiel20 » En 1965, la réalisation à des fins pédagogiques, d’un roman-photo « Bach ou bac ? » posait encore un problème de conscience aux animateurs qui sollicitaient, pour cette raison, l’avis des lecteurs de la revue Pas à pas21. Roman-photo, même « détourné », comme roman policier étaient des produits de la culture commerciale « mythifiante » qu’on ne pouvait, qu’au mieux, tolérer dans un premier temps pour pouvoir mieux la combattre ensuite22.
12Ces interrogations doivent attirer l’attention sur un point : le refus de la « culture désintéressée », de la culture « bourgeoise » par les tenants de la culture populaire n’en faisait, en aucun cas, des chantres du relativisme culturel, notion anachronique dans les années soixante, en dehors de cercles intellectuels. Tout ne se valait selon ces militants, bien au contraire. La hiérarchie des œuvres demeurait, et l’un des objectifs de l’éducation populaire était aussi de faire accéder le plus grand nombre aux grandes œuvres. Cependant, cette accession devait se faire graduellement, par une pédagogie ascendante. Sans doute, cette démarche n’était-elle pas dépourvue d’ambiguïté, voire de contradictions. Le souci, mais aussi la nécessité concrète de s’adresser aux individus tels qu’ils étaient et non tels qu’on aurait aimé qu’ils fussent, conduisait à tolérer -plus qu’à accepter-des pratiques culturelles peu légitimes, parfois même illégitimes à l’aune des valeurs défendues par la culture populaire elle-même. Dans les archives figurent même une activité cynophile qualifiée de « démocratique », car « le dressage se fait de façon démocratique ; tous les chiens sont acceptés, aucun pedigree n’est demandé23 » ! Cas unique et limite certes. Globalement, les activités proposées par les Maisons, surtout lorsqu’un directeur professionnel était mis à leur disposition, imposaient des normes, conformes à la hiérarchie des valeurs établies. Les Maisons repoussaient volontairement parfois, involontairement aussi, certaines formes de comportements ou d’activités dans les quartiers populaires. C’était le principal reproche, qu’adressait un sociologue aux MJC, à l’issue d’une étude de deux Maisons lyonnaises24. Mais quelle action éducative n’impose pas des normes ?
Recherche d’un nouvel humanisme
13La polyvalence des MJC, revendiquée par leurs responsables, faisait coexister des activités habituellement considérées comme culturelles et d’autres qui l’étaient moins : activités sportives, activités de loisirs, hébergement, restauration… D’évidentes considérations matérielles- nous l’avons vu- poussaient à ces regroupements. D’autres raisons militaient en faveur de cette polyvalence : outre qu’elle répondait à la volonté de favoriser le mélange des publics, jeunes et adultes en particulier, la polyvalence des MJC était déterminée par leur modèle pédagogique, celui de la « démocratisation par contiguïté25 ». Ainsi, la coexistence de pratiques artistiques bénévoles et professionnelles avait pour objectif avoué de permettre par « contamination26 » la découverte progressive d’activités d’un « meilleur niveau » que celles qui avaient motivé la venue initiale du public dans la Maison. Enfin, ce souhait d’offrir la plus large gamme possible d’activités était sous-tendu par une conception globale de l’éducation, perçue comme un ensemble équilibré : la pratique des activités physiques devait compléter celles de l’esprit, la connaissance devait être mise au service de l’action. Au niveau des intentions, cette recherche participait de la quête d’un nouvel humanisme, d’un humanisme adapté à l’époque. Les transformations économiques et sociales des années soixante, les craintes nées de la société de consommation et de la technicisation, de la « massification » pour reprendre un terme alors en vogue, le sentiment aussi de l’inadaptation de la culture scolaire aux défis du temps nourrissaient chez les militants l’attente d’une nouvelle synthèse qui rendrait possible la réconciliation de l’homme avec lui-même, qui permettrait l’expression de tous les aspects de sa personnalité. L’offre de la culture la plus vaste possible, concrètement, d’activités les plus variées, s’inscrivait dans cette perspective ambitieuse, pour ne pas dire démesurée. L’élargissement de la culture qu’entendaient proposer les MJC ne se voulait donc certainement pas nivellement : élargir la base de la pyramide culturelle ne signifiait nullement rechercher sa destruction, ou son renversement.
14Dans l’ensemble, les discours sur la culture que les MJC contribuaient à diffuser restaient imprégnés par des modèles anciens, qui remontaient à l’après-guerre. Il s’agissait là d’une conséquence de l’influence des directeurs, qui se voulaient les gardiens vigilants de la tradition de l’éducation populaire. C’était aussi l’effet d’un relatif isolement de la FFMJC, aggravé par la coupure avec des associations d’éducation populaire, comme Peuple et Culture, engagées, au moins par leurs responsables nationaux, dans une collaboration avec le nouveau ministère des Affaires culturelles27. La division du travail instaurée depuis l’après-guerre entre « réflexion » et « action » s’approfondissait. La FFMJC n’était pas associée non plus aux travaux des commissions culturelles successives du Plan. Cette faiblesse de la réflexion théorique, le vieillissement des références furent critiqués par des observateurs, comme les sociologues Michel Amiot et Michel Freitag ou encore Paul Harvois, figure historique de l’éducation populaire qui écrivait dans une publication de la FFMJC en 1966 : « Quelque regret qu’on en éprouve, et malgré les souvenirs de la génération de la Résistance, l’expression éducation populaire a vieilli28. » Ces propos n’avaient pas d’écho dans les MJC, ce qui n’empêchait nullement celles-ci de s’ouvrir à des activités culturelles variées.
L’ouverture culturelle des MJC
De la veillée à la veillée-cabaret
La veillée
15Tout lecteur un tant soit peu familier de l’éducation populaire n’aura pas manqué de relever une lacune impardonnable dans la présentation de l’architecture des MJC faite dans le chapitre précédent : la cheminée, ou, plus exactement, le coin-cheminée n’a même pas été mentionné. Aucune Maison, pourtant, ne pouvait se concevoir sans lui, pas même la MJC préfabriquée Vissol, présentée en 1961 au salon des Arts ménagers : « Destinée, à des jeunes, elle [devait], exalter l’esprit de rationalité et de technicité de notre époque. » La cheminée y jouxtait le générateur d’air pulsé29 ! Cet oubli (volontaire) de l’indispensable coin-cheminée tient à ce que ce lieu méritait une présentation particulière. Il ne peut, non plus, être extrait de son contexte pédagogique. Car, qui disait cheminée, disait veillée. L’origine de cette pratique éducative remontait à la fois au souvenir des veillées villageoises d’antan et aux feux dans la tradition du scoutisme et des auberges : chants, danses et guitares. Loin du simple divertissement, la veillée visait à créer une atmosphère communautaire. Un auditoire assis en rond, un animateur – mieux des animateurs – mêlés à l’auditoire qui doit se transformer en acteur, un feu qui crépite, et l’auditoire est transporté hors du temps et du lieu dans une communion mythique, décrite par Bénigno Cacérès :
« Nous restions encore ensemble pour ne pas briser ce qui nous unissait. Quand, dans la nuit verrouillée et muette, nous regagnions par le petit sentier secret le grand parc, des ombres continuaient à réciter des poèmes. À ce moment, peut-être naissait ce qui jamais ne serait oublié30. »
16Cette vraie veillée était réservée aux soirées de stages, donc à un public plus ouvert aux méthodes classiques d’éducation populaire que la masse des adhérents. Toutefois les veillées avaient encore du succès lors des camps de plein-air. Dans les autres circonstances, la veillée classique était tenue pour un genre un peu dépassé, dès le début des années soixante. Loin de péricliter cependant, le genre se renouvela. La guitare se répandait parmi les jeunes, « aboutissent à l’interprétation personnelle, voire au néotroubadourisme31 ». La veillée se transforma et s’adapta aussi grâce aux techniques audio-visuelles : magnétophone et projecteur de diapositives faisaient partie de l’équipement de base des MJC. On organisa aussi des Veillées-chansons – titre d’un magazine pédagogique spécialisé – autour d’un auteur ou de ses œuvres. Proches, mais plus académiques, les auditions rencontraient un public plus limité. Les veillées autour d’une œuvre littéraire relevaient d’un genre voisin, mais renouvelé par les pratiques du « Livre vivant ». Promu par Jean Nazet, depuis l’après-guerre, ce courant proposait un ensemble de méthodes destinées à faire accéder des publics non familiers de la littérature à des œuvres, grâce à la mise en image, la représentation théâtrale ou musicale32. Les premières promotions de directeurs formés à Marly-le-Roi reçurent une formation à cette technique et la mirent en pratique. La littérature engagée, étrangère surtout, semblait avoir leur faveur : Steinbeck, Richard Wright, figuraient parmi les auteurs les plus souvent mentionnés. Au-delà de la simple mise en musique ou image d’une œuvre, les techniques du Livre vivant débouchèrent sur des spectacles dont la présentation était le point d’orgue d’une année de travail. La MJC de Fontaine, dans la banlieue de Grenoble, s’était fait une spécialité de ces mises en scène : « Mandrin » (1964), « La prise de la Bastille » (1967) ou encore « Le Roman de François Villon » (1969) furent présentés en plein air, après un travail collectif pour le choix des textes, la réalisation de costumes, mais aussi la documentation historique, avec dans le cas de Mandrin, voyage sur les lieux où vécut le bandit dauphinois33… Dans un genre proche, il faudrait ajouter les spectacles audiovisuels (les montages), d’ambition plus modeste. Toutes ces réalisations oscillaient parfois entre didactisme et « prouesses techniques ». Elles permettaient cependant la mise en œuvre de différentes techniques d’expression et constituaient autant d’occasions « d’apprendre à voir », par la réalisation concrète de séquences : étude des plans, des enchaînements…
Théâtre et cinéma
17Théâtre et éducation populaire formaient un vieux couple. Cependant, en dépit de liens avec Jean Dasté ou Gabriel Monnet, les MJC avaient moins développé le théâtre dans leurs premières années que d’autres associations appartenant, par exemple, au monde laïque. Des pièces étaient bien évidemment montées dans les Maisons, des troupes comme le Yaniléo à Annecy34, la Caravane à Courbevoie atteignaient une renommée certaine, mais ce ne fut qu’au cours des années soixante que les activités théâtrales prirent de l’ampleur. Les MJC furent alors des partenaires pour les centres dramatiques nationaux qui, sur le modèle du TNP de Jean Vilar, avaient mis au point un système de correspondants dans les villes de leur région. Les MJC jouèrent ce rôle pour la Comédie des Alpes de Grenoble, mais aussi pour la Comédie de Saint-Étienne, avec, par exemple, plus de 1500 abonnés signalés à Annonay35, ou encore autour du TMC, Théâtre-Maison de la culture de Caen ou encore aussi autour du TEP (Théâtre de l’Est parisien). Plus ambitieuse était le genre de manifestation réalisée par la MJC d’Épernay, en collaboration avec la Maison de la culture de Reims, décentralisée pendant une semaine à Épernay en novembre 1967.
« En mettant le théâtre d’Épernay à la disposition de tous et à la portée de tous, nous posions le problème de la vie culturelle dans notre ville. […] Il a fallu pour réaliser cette opération, « mettre dans le coup » toutes les Associations, tous les comités d’entreprises, tous les établissements scolaires avec les jeunes et les adultes de la MJC. Il a fallu se battre pour que pendant une semaine, LE THÉÂTRE SOIT À TOUT LE MONDE de 12 à 23 h, car à Épernay, le théâtre reste encore trop marqué par tout un cérémonial qui souvent rebute les Travailleurs et les Jeunes. LE RÉSULTAT : 2330 personnes sont venues une fois ou plusieurs fois au théâtre, dont 328 visiteurs à une exposition en dehors des spectacles. Pour 5 f les spectateurs ont vu : Les Ballets modernes de Paris, Giraudoux Théâtre, Martial Solal Jazz, un spectacle pour enfants. Plus de 335 personnes sont venues aux répétitions gratuites suivies d’un dialogue ou d’un débat avec les acteurs ou danseurs36. »
18Avec ce type de manifestation, les MJC se posaient en relais des Maisons de la culture (ou assimilées). Elles se tournaient alors vers un public plus large que les seuls « jeunes ». Des adultes les fréquentaient en plus grand nombre. D’autres Maisons, moins nombreuses et exclusivement parisiennes, se lançaient dans des collaborations avec des troupes de théâtre. Ce fut le cas à la MJC-théâtre de Vincennes, après l’arrivée en 1964 de Pierre Debauche qui anima des cours d’art dramatique à destination des adhérents de la MJC37, formule reprise sous la forme d’une école de théâtre, à partir de la rentrée 1968 avec Christian Dente38. Au Théâtre-MJC de Colombes, une coopération était menée avec Pierre Valde, alors à la tête du Conservatoire de la rue Blanche. Sans disposer d’une troupe en résidence, le metteur en scène créait plusieurs pièces par an, dans une salle de 425 places. Les différents groupes de la MJC étaient associés à ces créations, notamment l’activité « sonothèque » et le cercle photo. Plus original encore, la Maison orientait son activité vers le jeune public : présentation de classiques, mais aussi de créations dont un spectacle de Catherine Dasté39. Plus modestement, les MJC s’efforçaient de familiariser les jeunes avec diverses formes de théâtre : par des jeux scéniques, des expositions, des rencontres avec des comédiens. L’une des formes privilégiées demeurait le débat après représentation.
19Il pourrait sembler surprenant de constater que le cinéma ne faisait pas l’objet d’une aussi grande attention. Non qu’il n’existât pas de ciné-clubs, dans les MJC, bien au contraire. Mais les directeurs soulignaient la difficulté à amorcer les discussions après les films ou alors les pièges que constituait le débat entre spécialistes, faisant assaut d’érudition. Si des efforts furent menés pour rénover le ciné-club en publiant des fiches ou de véritables petits journaux, la formule connaissait des difficultés : les responsables se plaignaient de ce que le public ne vienne qu’en simple spectateur. Il est vraisemblable aussi que le développement, somme toute, modeste, des ciné-clubs dans les MJC tenait en partie à la vigueur de la concurrence : le maire d’Annecy signalait en 1966 que sa ville ne comptait pas moins de vingt ciné-clubs40. Aussi, plus que la découverte de films rares, les Maisons présentaient-elles plutôt des grands classiques à un public de jeunes. Elles faisaient de l’éducation cinématographique. De manière plus originale, elles proposaient aussi des clubs de réalisations cinématographiques, la MJC de Cannes allant même jusqu’à proposer des stages, en marge des Rencontres internationales du film pour la jeunesse41.
Une culture littéraire
20Avec ces exemples de réalisation cinématographique ou encore avec les montages déjà évoqués, on touche à un des aspects fondamentaux des Maisons : la propension à multiplier les activités qui relevaient plus du « faire » que du « dire ». Remarquons qu’il s’agissait là d’une orientation conforme au programme de l’éducation populaire tracé par Peuple et Culture. Cette tendance n’avait pas échappé à l’auteur d’un article que la revue Études consacrait aux « MJC, un carrefour et un espoir » : « On peut remarquer que, dans l’ensemble de ces Maisons, on a généralement plus de goût pour les réalisations concrètes que pour les activités purement intellectuelles. Les images et les sons l’emportent sur les mots et les idées. Le poème suggestif jouit d’une plus grande faveur que l’étude élaborée42. » Cette critique discrète, dans un article par ailleurs élogieux, émanait d’une revue intellectuelle. Elle montrait l’inquiétude à l’égard d’une culture qui privilégierait la technique aux dépens du sens, reprochant aux MJC ce qu’elles prétendaient précisément combattre par leur recherche d’un humanisme moderne. Le déclin de la culture littéraire reflétait une tendance profonde de la société, même si celle-ci faisait encore preuve d’une belle résistance dans les MJC. Outre le théâtre, la poésie y avait toute sa place : lecture de poèmes connus ou non, clubs ou cercles poétiques attestaient du maintien d’une tradition poétique. La MJC de Saint-Mandé, autour de Jean-Paul Gourevitch, fut à l’origine d’un concours national de poésie qui connaissait un réel succès : patronnée par de grands auteurs, dont Max-Pol Fouché, cette manifestation suscita l’envoi de milliers de poèmes chaque année. Sans doute s’agissait-il plus de « poèmes suggestifs » que de poésie pure, mais le genre poétique se portait bien, d’autant plus qu’il était régénéré par la chanson à texte qui connaissait un nouvel essor, dans les MJC, mais aussi grâce aux MJC43.
Veillée-cabaret
21Les MJC devinrent, en effet, des lieux où des chanteurs à texte, des chanteurs engagés allaient à la rencontre d’un public, à une époque où il n’existait guère d’alternative en matière de salles de spectacles, en province. Les Quatre Barbus et Jacques Douai furent parmi les premiers à s’y produire. Avec eux, les MJC recevaient tout un héritage de la chanson et de l’éducation populaire, du scoutisme à Jeune France, en passant par les auberges, en particulier avec le Groupe Dix-Huit ans, dont Pierre Jamet, l’un des Quatre Barbus avait été le fondateur en 193744. Les MJC contribuèrent surtout à la promotion de jeunes artistes et à l’émergence de ce qu’il était convenu d’appeler plus tard, dans les années soixante-dix, le second marché de la chanson. Outre qu’il confirme l’attachement à une culture du texte, ce soutien à la chanson révèle aussi la capacité des MJC à tirer profit de leur organisation en fédération, comme le montre la genèse des tournées d’artistes. Celles-ci furent initiées à la suite d’une étude des besoins des MJC. L’enquête révéla que les Maisons souhaitaient surtout présenter des spectacles. Pour satisfaire cette demande, le service culturel fédéral étudia les diverses possibilités :
« Théâtre et concerts qui posaient des problèmes matériels difficiles furent écartés. Par contre, la chanson offrait des possibilités culturelles aussi intéressantes et moins de problèmes d’organisation. Nous nous sommes donc orientés vers la chanson c’est-à-dire bien évidemment la bonne chanson […] Si je voulais faire une comparaison, je pourrais dire que le grand spectacle correspond à une séance de cinéma alors que les soirées veillées chanson correspondent au ciné-club45. »
22Dès 1967, le service fédéral organisait donc des tournées d’artistes comme celle que fit Yves Simon, dans l’Ouest, l’année suivante. Pour des militants de la culture populaire, « un artiste était un travailleur comme un autre qui méritait un salaire honnête. Mais il fallait en même temps tenir compte des possibilités réduites des MJC46 ». En effet, celles-ci ne pouvaient pour autant prendre le risque financier d’organiser de grands spectacles, d’où la difficulté de trouver des artistes de qualité, acceptant de se produire devant une audience réduite pour un cachet modique. Parallèlement à cette initiative fédérale, des directeurs « bricolaient » des tournées grâce à Georges Bilbille, l’animateur de la Mouffe qui était en relation avec une multitude d’artistes. Devant le risque de concurrence stérile entre les propositions fédérales et celles venant de la Maison de la rue Mouffetard, un effort d’harmonisation fut mené. Un animateur de la Mouffe fut chargé d’organiser des tournées. Il s’agissait d’une personnalité du monde des cabarets rive-gauche, Michel Valette dont « La Colombe » avait entre 1954 et 1964 abrité les débuts d’un grand nombre d’artistes, de Jean Ferrat à Francesca Solleville47. Trois formules furent offertes aux Maisons : « Comédie de poche » autour de jeux scéniques et de sketches, « Soirée cabaret » et enfin « Veillée cabaret ». Cette dernière formule proposait trois spectacles : une lecture de poèmes, des sketches et un auteur compositeur, pour un budget artistique modeste de 400 à 500 F. Si le catalogue proposait également quelques artistes connus comme Marc Ogeret ou Francesca Solleville, Anne Sylvestre, Nougaro ou Mouloudji, beaucoup étaient des débutants : James Olivier, Julos Beaucarne, Henri Dès, Yves Simon ou encore « un auteur compositeur non conformiste, tour à tour tendre, mordant, contestataire voire anarchiste, il sait toujours être séduisant et il promet : il n’a que 22 ans mais fichtre ! comme il écrit bien ! Il fera certainement partie un jour des grands de la chanson française : Bernard Lavilliers48 ».
23La place occupée par la chanson, « bien évidemment la bonne chanson49 », dans les MJC de la fin des années soixante constitue sans doute le meilleur indice qui soit des mutations culturelles et sociales qui s’y produisaient. Si globalement le « yé-yé » resta à leur porte, sauf en fond musical au foyer ou à l’occasion des boums, il n’en alla pas de même pour la vogue postérieure de la chanson à texte contestataire et de la « pop music ». Le free-jazz tout à la fin de la décennie trouva lui aussi un cadre naturel dans les Maisons, le jazz tout-court également, avec des « jazz-clubs », parfois éphémères, mais qui parfois ont traversé les époques, comme celui fondé à la MJC de Montluçon en 196650. Cette différence de traitement entre genres musicaux était une nouvelle preuve d’une meilleure adaptation des MJC au public des jeunes lycéens plutôt qu’à celui des jeunes de milieux plus populaires. La chanson à texte, la « pop music » avaient des auditoires beaucoup plus estudiantins que le « yé-yé ». Mais le caractère ouvertement contestataire de la chanson à texte, peut-être aussi celui de la « pop », était bien plus acceptable pour les responsables jeunes et adultes des MJC que le « yé-yé », analysé comme le triomphe de la consommation et du conformisme dans « une France connaissant une phase digestive51 ». Antoine, pourtant le plus beatnik des « yé-yés », en avait fait a contrario l’expérience à Narbonne en 1966 : son concert dans le cadre du festival des MJC, filmé par l’ORTF, s’acheva sous les tomates52. Sans doute cette vogue musicale était-elle porteuse d’une charge subversive qui remettait en cause certains des fondements mêmes de l’éducation populaire, à commencer par l’ascétisme militant ; mais, dans l’immédiat, ces musiques accompagnaient, sans contradiction apparente, l’ouverture des MJC vers la culture.
La photographie : technique, art ou expression ?
24Le labo-photo faisait partie des indispensables équipements de toute MJC et la pratique de la photographie était, avec le ping-pong, l’une des plus répandues. Elle n’échappait pas à la logique d’ouverture des Maisons : de plus en plus de jeunes, mais aussi d’adultes s’y intéressaient. Des sociétés photographiques locales rejoignaient les MJC. Des expositions de photographes amateurs étaient organisées, ainsi que des présentations de reproductions de grands photographes. Les préoccupations pédagogiques n’étaient pas oubliées : plusieurs des « valises culturelles » réalisées par les services fédéraux étaient constituées d’ensembles de photographies destinés à provoquer des débats ou à servir dans des montages, des expositions. Sous des aspects variés, la photographie était bien au cœur de la vie des MJC des années soixante. Ce ne fut donc pas totalement un hasard si la première enquête sociologique consacrée « aux usages sociaux de la photographie, un art moyen53 », sous la direction de Pierre Bourdieu, reposait en partie sur des enquêtes menées auprès d’adhérents des photo-clubs des MJC de Vincennes, Paris Mercoeur, et Paris Mouffetard.
25Étudiant la conception que les responsables des MJC et les animateurs se faisaient de la photographie, Dominique Schnapper et Robert Castel soulignaient qu’ils se plaçaient « d’emblée dans une perspective étrangère à la photographie », pour adopter une position d’éducateurs, en incitant les jeunes à faire de la photographie engagée, ou du moins de témoignage, ce qu’un ancien bénévole des MJC devenu directeur exprimait en ces termes : « La technique n’est qu’un moyen, elle n’est rien si le cœur ne l’accompagne pas, sinon le refuge de l’incapacité, et la frontière jalouse d’un pays où tout le monde peut entrer en contrebande : ne la minimisons pas, mais ne l’érigeons pas en culte, sous peine d’images glacées, de stérilité54. » Ces justifications de l’activité photographique étaient partiellement reprises par les adhérents, mais elles cachaient pour l’essentiel le véritable motif de leur fréquentation du club, selon les sociologues : « Le goût, le sens, parfois l’amour de la technique […] Le photo-club de maison de jeunes est d’abord un centre de diffusion d’une culture technique55 », dans un public dont les auteurs soulignaient l’appartenance au monde des classes moyennes inférieures et des employés et ouvriers.
26Ces clubs photo de Maisons de jeunes s’opposaient en tous points aux clubs ou sociétés à volonté esthétisante, recrutant en particulier dans la nouvelle bourgeoisie de cadres techniciens et commerciaux : dans ces cercles, les aspects techniques ou prosaïques de l’activité étaient niés au profit d’une image idéalisée de l’art et de son rôle social56. L’opposition entre les deux types de clubs culminait dans les pratiques pédagogiques. À la « pédagogie terroriste » fondée sur une « conception totalitaire de la photographie comme un don qui sépare les initiés des non-initiés57 » pratiquée par les sociétés à prétention esthétisante, s’opposait la « pédagogie rationnelle » en œuvre dans les clubs de Maison de jeunes où l’on s’efforçait de conduire les participants, « par une série d’étapes, à la maîtrise des conditions techniques de la photographie58 ». Poursuivant la comparaison, les auteurs concluaient : « Derrière l’opposition des pédagogies n’y a-t-il pas deux traditions dont l’une fait de la culture un objet d’initiation quasi-mystique, et l’autre un moyen de conquête rationnelle de la nature59 ? » Existe-t-il plus bel éloge pour une culture ou une éducation populaire ?
27Bel éloge, certes. Il n’est pas certain, pour autant, qu’il ait été apprécié de tous les responsables des MJC. Les références de la « haute culture » s’imposaient à eux, la révérence envers elle aussi. À mesure que les années passaient, que les références et plus encore les pratiques conformes aux canons de l’éducation populaire définis dans l’après-guerre se laissaient contaminer par d’autres valeurs, la séduction des valeurs de la culture « établie » était de plus en plus forte. La pratique individuelle de la photographie, sans souci documentaire, sans « volonté d’expression », mais au contraire, avec des visées esthétiques tendait à prévaloir. Phénomène révélateur : la principale société photographique « esthétisante », les 30 par 40, antithèse des clubs-photos de MJC selon les sociologues, avait son siège… dans une MJC, la Maison pour tous de la rue Mouffetard. D’autre part, la revue fédérale Pas à pas présenta chaque mois à partir de 1967, une rubrique mensuelle où était exposée l’œuvre des photographes membres de ce club, pour la plupart professionnels, qui avait peu à voir avec les canons de l’éducation populaire : les numéros de janvier et mars 1968 exposaient des photographies de mannequins de mode60 ! Beaucoup de MJC aussi s’ouvraient à de la photographie plus esthétisante. Ainsi, celle de Metz organisa un « salon d’art photographique » dont les différentes sections révélaient la coexistence de deux conceptions de la photographie : celle de la photographie-témoignage (thèmes : artisanat dans le monde moderne, jeunesse dans les loisirs…) et celle de la photographie esthétique (nu, graphisme…)61. De ce point de vue, rien n’illustrait mieux sans doute le décalage croissant entre le discours de l’éducation populaire et les pratiques de plus en plus perméables à une société qui n’était plus celle de l’après-guerre.
28Les Maisons devenaient donc aussi des lieux de légitimation de pratiques culturelles qui n’étaient pas reconnues comme parfaitement légitimes. Pour reprendre les catégories de l’ouvrage cité de Pierre Bourdieu, on trouvait dans les Maisons des années soixante, des activités appartenant aussi bien à la « sphère de légitimité à prétention universelle » (théâtre, musique, peinture,…), qu’à la « sphère de l’arbitraire » (cuisine, mode…) ou qu’à la « sphère du légitimable » (cinéma, photo, chanson, jazz). Cependant c’était cette dernière « sphère » qui s’imposait et constituait progressivement le centre de gravité des activités culturelles des Maisons62.
Formation-information-contestation
29L’essor des activités artistiques et culturelles variées dans les MJC n’empêchait nullement le maintien et le développement d’activités d’éducation populaire entendues dans le sens le plus strict de formation du citoyen. Seuls ses aspects scolaires connaissaient quelques difficultés. Les années soixante confirmaient une tendance apparue dès les années trente : l’éloignement de l’éducation populaire de l’école63. La généralisation de la scolarité au-delà de l’élémentaire rendait moins utile et surtout moins désirable une forme scolaire, en dehors de l’école. Les cours dans la tradition des amicales laïques déclinèrent. L’éventail était assez réduit : un peu de vulgarisation agricole, du secourisme, de la dactylographie, de la comptabilité ; très rarement des cours de mathématiques ou de français. À la campagne, la pratique des cours post-scolaires était encore répandue au début des la Ve République. Cinq ans plus tard, au milieu des années soixante, elle était moribonde. À la même époque, elle avait entièrement disparu en ville. Reste cependant une exception notable : les cours de langues qui connaissaient, eux, une expansion spectaculaire, conséquence de l’extension de l’enseignement secondaire qui remplaçait le primaire comme norme. Quelques groupes espérantistes étaient aussi accueillis dans les MJC. Les cours d’alphabétisation destinés aux travailleurs immigrés, animés par de jeunes militants, et les cours de mathématiques modernes, destinés aux parents d’élèves perturbés par la réforme du même nom, furent la nouveauté de la toute fin des années soixante64.
Du cercle à la révolution ?
30Reprenant et transformant une vieille tradition, les MJC multipliaient avec des succès variables les cercles d’études. Leur orientation était « politique, économique et sociale », selon la dénomination de beaucoup d’entre eux. Les cercles des MJC de Grenoble, d’Annecy, de Lyon Monplaisir, de Paris Maurice Ravel (Picpus) ainsi qu’au début de la décennie, celui de la MJC de Besançon centre, une vieille MJC, comptaient parmi les plus actifs. Dans cette dernière Maison, en 1960, huit cercles de deux heures avaient été consacrés à la productivité, puis une série sur « 1939-45 » avec la réalisation d’une exposition et la venue de l’historien Henri Michel, et enfin des cercles sur les pays en développement, animés par Claude Quin, instructeur de Peuple et Culture65. À Annecy Novel, fin 1967, le groupe « Information » travaillait aussi bien sur la la démocratie dans les pays sous-développés que sur la Guerre des Six-jours ou la grande distribution avec Marcel Fournier66. Autre thème fréquemment abordé dans les MJC : le Tiers-monde. Outre qu’il était dans l’air du temps, il se trouvait au point de rencontre de deux traditions très présentes dans l’éducation populaire : l’humanisme chrétien et un progressisme teinté de marxisme. Le géographe Yves Lacoste, spécialiste du développement, collaborait à la revue Pas à pas et figurait parmi les conférenciers que la fédération proposait aux Maisons. La question du sous-développement prenait une résonance particulière avec la Guerre du Vietnam. Certaines MJC présentèrent V comme Vietnam d’Armand Gatti à leurs adhérents67. Début 1968, le service culturel fédéral avouait ne pas pouvoir proposer aux Maisons les montages et expositions qu’elles réclamaient, mais soulignait « qu’à partir d’émissions de télévision, de films, il [était] possible d’organiser un cycle sur ce pays meurtri, ce peuple courageux qui se défend contre un colosse, une puissance de feu et de technique jamais connue dans l’histoire68 ». Le même service mettait en valeur l’importance des demandes de documentation qui lui étaient adressées par les Maisons à propos des élections, du syndicalisme…
31Les MJC s’ouvraient au vent nouveau qui soufflait sur une partie de la jeunesse. Cette dernière n’était d’ailleurs pas la seule concernée, car les Maisons proposaient de plus en plus des débats susceptibles d’intéresser un public large : débats sur la peine de mort, à Sceaux et Sochaux, ce qui, dans ce dernier cas, suscita une protestation officielle de Jean Foyer car la manifestation ne paraissait pas compatible avec le caractère d’une Maison de jeunes69, ou encore conférences-débats sur la question juive ou sur « la jeunesse de l’Église » par le RP Congar à Sedan en février 1968, perturbée par des extrémistes de droite70. La consultation pour le « Livre Blanc » Missoffe de 1966 fournit, bien entendu, une occasion de choix pour lancer des débats et des cercles d’études dans les MJC, cibles des attaques du ministre. À Blois centre, ce travail donna lieu à l’élaboration d’une motion par le conseil de Maison dont les animateurs s’organisèrent ensuite en cercle d’études71. Les membres du conseil, mineurs, annonçaient aussi leur intention de constituer une commission Majorité à 18 ans, afin de faire campagne en faveur de l’abaissement de celle-ci72. La première initiative du Cercle d’étude civique eut lieu à l’occasion des législatives de mars 1967.
« [André Philip fit le déplacement à Blois] pour une magistrale conférence sur les institutions qui ouvrit une série de cinq débat successifs avec chacun des candidats, un vendredi ou un samedi soir. Les mêmes séries de questions avaient été préparées pour chacune des personnalités en lice. Cette initiative qui avait été appréciée par chacun des candidats, fut loin de faire l’unanimité dans la ville, mais aussi dans la Maison. Certains, et parfois parmi les adhérents de la MJC, ont pensé que “La Maison des jeunes et de la culture n’avait pas à se mêler de politique” ou comme l’ont dit plusieurs personnes “à mêler les jeunes à ces cochonneries”73. »
Journaux et cycles culturels
32Rien n’illustre mieux les transformations des MJC et le vent de contestation qui y soufflait que leurs journaux. Beaucoup, certes, ne dépassaient pas le niveau du bulletin paroissial et tenaient, au mieux, une chronique des activités. Leur parution très épisodique rappelle la fragilité de ce type d’entreprise. Numériquement ces journaux-bulletins étaient sans aucun doute majoritaires. Le vent nouveau qui soufflait ne concernait qu’une fraction réduite de la jeunesse et, près d’un tiers des MJC étaient rurales. Mais, dans les MJC urbaines avec permanents où l’on disposait à la fin de la décennie de ressources parfois non négligeables, dont celles tirées de la publicité, certaines publications avaient dépassé le stade décrit plus haut : qualité des textes, plus encore du graphisme qui révélait des talents ainsi qu’un renouveau de la culture visuelle, sous l’effet de la bande dessinée et des influences de la culture pop. Les pages reproduites en page ix du cahier iconographique, tirées d’une publication des MJC de Saint-Brieuc montrent la diversité des activités des Maisons : Semaine des jeunes de Saint-Brieuc qui allait du relais aux flambeaux à la poésie, en passant par le jazz, auxquels il faudrait ajouter – non reproduits – les débats pour la campagne électorale, l’information sexuelle, le racisme, les conférences sur la conquête de l’espace, la veillée autour de La Maison du peuple74, les soirées au théâtre autour de Grand-peur et misère du IIIe Reich…). Ces pages révélaient aussi un intérêt pour certains thèmes de la contre-culture, même s’ils étaient présentés de manière ambivalente : les beatniks (« Des militants ou des clochards ? »), les « maux des drogués » et bien-sûr l’Angleterre, à laquelle était consacré un article75.
33Les MJC offraient donc un éventail d’activités très diverses. Ce dynamisme ne masquait-il pas cependant une forme de dispersion ? L’éclectisme ne conduisait-il pas à l’incohérence, loin des objectifs fixés à la culture populaire ? C’est dans ce contexte qu’apparurent les cycles culturels qui reprenaient et élargissaient une notion ancienne, préconisée dès ses origines, par Peuple et Culture. Ces pratiques rompaient à la fois avec la « saison » théâtrale, perçue comme un rituel dépassé et avec la manifestation ponctuelle qui n’allait pas au-delà du simple spectacle et qui risquait donc de rester un simple divertissement. Cette mobilisation intense sur plusieurs jours répondait d’abord à des impératifs matériels simples : amortir le coût de spectacles invités ou la location de salles, créer l’événement dans la presse ou l’opinion locales, mobiliser aussi les bénévoles autour d’un projet exceptionnel. La visée pédagogique était également primordiale : en permettant aux participants de se confronter à un thème pendant plusieurs jours les promoteurs de ces semaines espéraient susciter une imprégnation en profondeur. Pour cela, ils favorisaient des manifestations variées, où théâtre, cinéma, conférences, expositions, montages se mêlaient et se répondaient d’une soirée à l’autre. Fin avril-début mai 1968, les deux MJC d’Annecy (Marquisats et Novel) unirent ainsi leurs efforts pour proposer un cycle « Autour de la fête du travail » : récital du chanteur engagé Henri Gougaud, conférence de Henri Guillemin sur Jaurès, film Quartier sans soleil76, atelier jazz, débat sur « marxistes et chrétiens face aux débats de notre temps », projection-débat avec Chris Marker autour de À bientôt, j’espère77, conférence de Claire Etcherelli. Toutes ces manifestations étaient complétées par des expositions et des montages réalisés par des adhérents78. Quelques mois plus tôt, les mêmes Maisons avaient organisé un important cycle sur la presse avec des films, des montages, des expositions et des conférences de Hubert Beuve-Méry et Gotini, directeur d’Europe n°179.
34Il s’en fallait de beaucoup que les semaines culturelles de l’ensemble des MJC répondent à ces conceptions exigeantes : certaines (la plupart ?) se contentaient de présenter pendant quelques jours les œuvres des peintres locaux, un spectacle invité et quelques films. Mais les Maisons les plus dynamiques, celles d’Annecy, de Colombes, de Courbevoie, de Narbonne, de Besançon, de Douai, de Sedan, certaines des MJC grenobloises… s’engagèrent largement dans ce type d’action. Ce fut là sans doute la contribution la plus importante des MJC à la transformation de la vie culturelle locale : non qu’elles aient « inventé » ce type de manifestations, mais elles ont contribué à la vulgariser au sens au meilleur du terme.
Notes de bas de page
1 « De la jeunesse à la culture », in Pas à pas, n° 196, mars 1966 [en fait mai ou juin], p. 2-4, éditorial auquel ce chapitre emprunte son titre et qui était une réponse aux critiques de François Missoffe.
2 Christian Maurel, Les MJC en France depuis la Libération : genèse et enjeux, thèse de sociologie (dir. Jean-Claude Chamboredon), EHESS, 1992, p. 157.
3 Albert Léger, « Nos Maisons », La Maison des Jeunes, n° 13-14, juil.-août 1946, non paginé. L’expression « division du travail » figure dans le texte. Sur cette division : Vincent Dubois, La politique culturelle, genèse d’une catégorie d’intervention publique, Belin, 1999, p. 129-31.
4 Extraits du Manifeste cités in Yves Palazzeschi, Introduction à une sociologie de la formation, anthologie de textes français 1944-1994, vol. 1, L’Harmattan, 1998, p. 33-40.
5 Texte de présentation des MJC par Albert Léger, 1948, arch. FF, Paris.
6 Voir Intervention d’André Philip lors de réunion d’équipe du 12/3/1964, AFF 1357.
7 André Philip, La gauche, mythes et réalités, 1964, 229 p.
8 André Philip, La démocratie industrielle, 1955, PUF, p. 304.
9 André Philip, La démocratie…, op. cit., p. 298.
10 Ibid. p. 302.
11 Ibid. p. 303.
12 Projet Besançon 1961, AFF 1388.
13 Ibid.
14 Rapport de directeur Lyon Laennec Mermoz, 1967, arch. FRAL, Lyon.
15 Jacques Charpentreau et René Kaës, La culture populaire en France, Éditions ouvrières, 1962, p. 105.
16 « Une nouvelle conscience politique, enquête auprès des militants », Εsprit, mars 1962, p. 335.
17 Manifeste de Peuple et Culture, in Yves Palazzeschi, Introduction…, op. cit., p. 40.
18 « Une nouvelle conscience… », art. cit., p. 335. Le directeur qui s’exprime est Jean Laurain, qui n’est pas nommé, mais peut être facilement reconnu.
19 Jacques Guénée, « Souvenirs d’éducation populaire au temps de la Libération », Pour n° HS, déc. 1990, cité in Yves Palazzeschi, Introduction à une sociologie…, op. cit., p. 41-42. En dépit du titre de l’article, la période évoquée court de 1950 aux années soixante.
20 Pas à pas, n° 82-83, mars-avril 1958, p. 31.
21 Pas à pas, n° 157-158, oct-nov. 1965, p. 22. Réponse dans le n° 161, fév. 1966 : 52 % d’avis favorables.
22 Ibid.
23 Rapport sur la MJC de Pau Fouchet Dufau, 1966, dos. pers., AFF.
24 Michel Chevallier, « Une enquête sur les MJC et les clubs de jeunes », Correspondance municipale, n° 79, août 1967, p. 5-8.
25 Expression de Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, la Documentation française, 1996, p. 120-129. Ce modèle est, pour l’auteur, celui de l’ensemble de l’éducation populaire et non des MJC en particulier.
26 Ibid.
27 Vincent Dubois, La politique op. cit., p. 200 sq.
28 Paul Harvois, « Éducation des adultes en milieu rural », Implanter, construire, aménager, financer les MJC, HS de Équipement pour la jeunesse, les sports, les loisirs, mars 1966, p. 119. Michel Amiot et Michel Freitag se sont exprimés dans Jeunes et adultes, analyse des résultats pour 1967, HS de Pas à pas, (mars ?), 1968 et dans Michel Amiot, « La crise de la FFMJC », in Εsprit, n° 387, déc. 1969, p. 771-786.
29 Citation in Pas à pas, n° 111, fév. 1961, p. 13, plan in Pas à pas, n° 100, janv. 1960, p. 20.
30 Bénigno Cacérès, Les deux rivages, itinéraire d’un animateur d’éducation populaire, François Maspero, 1982, p. 69. La veillée décrite avait lieu dans le cadre d’une université d’été de Peuple et Culture.
31 Edgar Morin, Commune en France, la métamorphose de Plodémet, Fayard, 1967, p. 148.
32 Sur Jean Nazet, notice in DBMEPAC p. 287. L’appellation Livre vivant n’apparut qu’en 1953.
33 Rapports d’activité MJC de Fontaine 1964 à 1968, arch. FRAG, Grenoble.
34 Fondé par Gabriel Monnet.
35 Lettre du chef de SDJS Ardèche au Ministre, déc. 1969, CAC 19820784/2
36 Rapport d’activités 1967-68 MJC Épernay, AFF.
37 La coexistence entre théâtre et activités MJC souffrit entre autres de la mauvaise insonorisation des locaux. « Chut, silence », MJC flash Vincennes, n° 9, fév. 1964.
38 Rapport de directeur, dos. pers., AFF, et Pas à pas, n° 186, déc. 1968, p. 63.
39 Rapport d’inspecteur de la Jeunesse et Sports sur la MJC de Colombes, CAC 19820782/2.
40 Lettre de Charles Bosson, maire d’Annecy, arch. Lucien Trichaud, AUN.
41 Pas à pas, n° 178, nov. 1967 p. 48-49.
42 Alain-Gérard Schritta, « Les MJC, un carrefour et un espoir », Études, fév. 1966, p. 173-185.
43 À propos de la poursuite d’une culture poétique grâce à la chanson à texte, Pascal Ory, L’aventure culturelle française 1945-1989, Flammarion, 1989, p. 72-75.
44 Notices Jacques Douai et Pierre Jamet, DBMEPAC, p. 203 et 122, et nécrologie de Jacques Douai, Le Monde, 10 août 2004.
45 « Prestations spectacles proposées par le service culturel », Pas à pas, nouvelle série, n° 1, mars 1969, p. 40-48.
46 Ibid.
47 Entretetien avec Georges et Bilbille et http ://michelvalette.lacolombe.org
48 Pas à pas, n° 188, déc. 1968, p. 44-48, et Pas à pas, nouvelle série, n° 1, mars 1969, p. 40-47, et Programme service culturel 1968, arch. FRAG, Grenoble. Si l’on suit les biographies de Bernard Lavilliers, la période MJC du chanteur date du début des années soixante-dix, la tournée 68/69 ayant été sans doute interrompue par la décision du chanteur d’ouvrir une boîte de nuit.
49 « Prestations spectacles proposées par le service culturel », réf. cit.
50 http ://amisjazz.9online.fr/amisdujazz.htm
51 Expression de Pierre Mauroy (responsable de la fédération Léo Lagrange) à propos du yé-yé in Collectivités jeunesse, n° 1, 1966 p. 4.
52 Entretien avec Bernard Kohler et lettres dans Pas à pas, surtout n° 168, nov. 1966.
53 Pierre Bourdieu et Luc Boltanski, Robert Castel, Jean Claude Chamboredon, Un art moyen, essai sur les usages sociaux de la photographie, Les Éditions de Minuit, 1965, 361 p.
54 Rapport de directeur, 1967, dos. pers. AFF.
55 Pierre Bourdieu et alii, Un art…, op. cit., p. 165-166.
56 Cas du photo-club de Bologne, en Italie, ibid., p. 154-155.
57 Op. cit., p. 171.
58 Ibid.
59 op. cit., p. 172.
60 Pas à pas, n° 180, janv. 1968, p. 19-23, et n° 182, mars 1968, p. 54-57.
61 En juin 1967.
62 Ces distinctions sont reprises de Pierre Bourdieu et alii., op. cit., p. 135-36.
63 Jean-Paul Martin, « Histoire de l’éducation populaire et de ses représentations », L’Éducation populaire : un pari pour la démocratie, Marly-le-Roi, INEP, 1986, p. 23.
64 Deux MJC au moins en proposaient dès l’hiver 1969 : Lyon États-Unis et Colombes. Rapport moral 1970, MJC Lyon États-Unis, arch. FRAL et Rapport sur la MJC de Colombes, CAC 19820782/2.
65 Bilan 1960 en annexe du Projet Besançon 1961, référence citée supra note 12.
66 Fondateur de Carrefour, originaire d’Annecy. Journal Novel, devenu Annecy, 1967 à 1969.
67 Exemple : Toulouse Empalot.
68 Programme service culturel 1968, arch. FRAG, Grenoble.
69 Sceaux en déc. 1966 avec les avocats Leclerc et Bompard, Pas à pas, n° 172, mars 1967, p. 46, Sochaux en avr. 1966, CAC 19820784/4.
70 CAC 19820784/4 et éléments in dos. pers., arch. FRMJC Lorraine, Nancy.
71 Éditorial « Réponse à M. Missoffe », Le Pari, journal de la MJC de Blois centre, nov. 1966, non paginé.
72 Ibid.
73 « À propos du cycle de conférences consacrées aux législatives », Le Pari…, mars 1967, non paginé.
74 Œuvre de Louis Guilloux, originaire du lieu.
75 « To jerk or not to jerk », MJC, Loisirs jeunes et culture, journal des MJC de Saint-Brieuc, avril 1967, p. 26-27.
76 Film de Yamamoto qui traite d’une grève ouvrière. Présenté comme le premier film sur le monde du travail au Japon.
77 Film qui traite de la grève de Rhodiaceta à Besançon en mars 1967.
78 Certaines des manifestations furent annulées par suite des événements. Programme tiré du journal Novel de la MJC du même nom, mai 1968.
79 Pas à pas, n° 181, fév. 1968, p. 28.
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L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008