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Les MJC

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Laurent Besse

Deuxième partie. Maisons contestées ? Maisons de la contestation ? 1966-1969

Chapitre VII. Du milieu au lieu : l’équipement

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Géographique :

France

Texte intégral

« Jeune, qui que tu sois, cette Maison est ta maison. »

  • 1 Jean-Pierre Augustin, « La mise en équipements et les difficultés de fonctionnement des foyers et (...)
  • 2 Clichy, Villeurbanne.

1Cette devise de l’Office municipal de la jeunesse de Caen, la FFMJC et les Maisons affiliées, l’avaient faite leur. Elle figurait au dessus de la porte de certaines MJC de la fin des années cinquante : preuve que des trois termes, Maisons, Jeunes et Culture, le premier n’était certainement pas le moins important. Maison, la MJC était avant tout un lieu spécifique. Si, sur le plan juridique, l’appellation MJC renvoyait à une personne morale (l’association), dans la pratique, ce sigle désignait un bâtiment. Là, résidait la principale nouveauté apportée par « la mise en équipement1 » des années soixante. Un local spécialisé servait de support à une action éducative. Certes, auparavant, quelques Maisons du peuple avaient été fondées2, des expériences de cités-jardins avaient permis de réfléchir aux liens entre cadre de vie et éducation, et surtout, dès le xixe siècle, les patronages religieux ou laïques disposaient de salles. Cependant, celles-ci étaient rarement affectées à leur seul usage. Elles n’étaient que les annexes, au sens physique et symbolique, de l’église ou de l’école laïque. L’équipement, tel qu’il apparaissait au cours des années soixante, avait au contraire une position « centrale » et il était destiné, en priorité, aux jeunes « inorganisés », que ne touchaient pas les mouvements de jeunesse.

Quartier, commune, nation

Équipement, développement communautaire et quartier

  • 3 « Manifeste de Peuple et Culture », extraits présentés in Yves Palazzeschi, Introduction à une soc (...)
  • 4 Selon François Fourquet et Lion Murard, Les équipements du pouvoir, Recherches, UGE, 1976, 318 p., (...)
  • 5 Guy Saez, « Modernisation politique et culturelle, équipements et animation », in Geneviève Poujol(...)

2La notion d’équipement, telle qu’on l’emploie dans le domaine qui nous occupe ici, était récente, même si le Manifeste de Peuple et Culture avait proclamé dès 1945 : « L’éducation populaire devra entrer dans les plans d’urbanisme de demain3. » Apparu au cours du IIIe Plan, le concept d’équipement ne prit forme que lors de la préparation du plan suivant, intitulé de manière nouvelle et significative « Plan de développement économique et social » (pour 19621965). Pendant les années de préparation, une commission de l’équipement urbain s’était penchée sur les équipements destinés à compléter l’habitat4. Elle réfléchit en particulier à la manière dont les équipements devaient structurer la ville, surtout les grands ensembles qui s’édifiaient alors5. L’espace urbain cristallisait les angoisses sociales et les « villes nouvelles », nom sous lequel on désignait parfois les grands ensembles, étaient perçues comme sources d’anomie. Le quartier, objet de beaucoup d’attention, apparaissait comme un mode de régénération de la vie politique, de la participation du citoyen – mot d’ordre du IVe Plan – grâce à la gestion des équipements, dont on attendait l’émergence d’une vie de quartier, la naissance d’une communauté, en des termes qui se coloraient d’utopie, au sens premier du terme.

  • 6 Plans quinquennaux d’expansion 1950 et 1955, AFF.

3Dans les années cinquante, la FFMJC avait réfléchi à des plans d’expansion et d’équipement systématique du territoire, et prévu pour les grandes communes, plusieurs MJC6. Elle suivit avec attention les expériences menées à Reims, où, à partir de 1956, de petites MJC furent progressivement implantées dans les quartiers périphériques de Maison-Blanche et de la Verrerie. Cependant, aucune réflexion approfondie n’avait été menée sur les rapports entre les diverses Maisons, ni entre les Maisons et les quartiers.

Une référence : la Maison pour Tous de la rue Mouffetard

  • 7 Sur Cathe Descroix, notice in DBMPEAC p. 116.
  • 8 Notices in DBMEPAC p. 236, 244 et 383. André Lefèvre, « Vieux Castor », fut commissaire national d (...)
  • 9 Nous renvoyons à l’ouvrage de souvenirs de son principal animateur, de 1948 à sa fermeture : Georg (...)

4La « Mouffe » était l’héritière, au moins symbolique, d’une expérience commencée au début du siècle avec « Chez nous », lancée par Cathe Descrois, influencée par le Sillon de Marc Sangnier7, puis poursuivie dans un esprit plus laïque que déplorait la fondatrice, par un groupe autour d’André Lefèvre, Marthe Levasseur et Marguerite Walther8. Ces derniers furent à l’origine, en 1923, de « la Maison pour Tous ». À la Libération, la Maison, à la fois centre social et MJC, poursuivit son action dans ce secteur encore populaire de la capitale, mêlant théâtre, accueil des mouvements de jeunesse, et « services », tels que l’aide au logement, ou encore les colonies de vacances9.

  • 10 Ibid.

5Cette Maison parisienne constitua une référence, parfois mythifiée, pour un nombre considérable de directeurs. Sans doute la personnalité de Georges Bilbille son directeur, la proximité du monde des artistes expliquait-elle en partie cette séduction, dans un monde à la recherche de légitimité culturelle ou artistique. Il est vrai que, de la Communauté théâtrale de Raymond Rouleau aux premières représentations du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, en passant par Roger Blin, Raymond Devos et un nombre incalculable de chanteurs, la liste des artistes qui firent leurs débuts ou une étape à la « Mouffe » est impressionnante10. La Maison disposa, un temps, d’un théâtre spécifique (l’Épée de Bois) et joua toujours le rôle de refuge pour les artistes dans les périodes difficiles : ils trouvaient à la « Mouffe » non seulement une scène, mais parfois aussi gîte et couvert, dans un environnement familial. Cependant, la fascination pour la bohème n’expliquait pas, à elle seule, la séduction du modèle incarné par la Maison pour Tous. Son autre attrait tenait à la pratique de l’action communautaire dans son quartier.

  • 11 Guy Madiot (1918-1981). Voir sa notice par Jean Planchais in DBMEPAC.
  • 12 Pas à pas, n° 90, janv. 1959, p. 12.
  • 13 Un des grands pasteurs pédagogues de la fin du xviiie siècle, qui sur le territoire du Ban-de-la-R (...)
  • 14 Pas à pas, n° 100, déc. 1959, p. 5.

6Cette pratique fut revendiquée par la fédération dès l’origine, mais elle connut un développement particulier dans les années cinquante, sous l’influence de Lucien Trichaud, et surtout de Guy Madiot. Instituteur, fils de cheminot communiste, converti au catholicisme après sa rencontre avec esprit, il était ouvert aux expériences étrangères et à celles issues du monde rural11. Ce fut, en effet, au sein des MJC des villages que les pratiques communautaires se développèrent, s’appuyant sur des tendances « spontanées », mais s’inscrivant aussi dans des modèles pédagogiques développés par exemple par la JAC, avec laquelle les relations n’étaient pas nécessairement faciles, par ailleurs. Des expériences variées furent menées : à Engwiller (Bas-Rhin), la MJC lançait un réfrigérateur collectif et un syndicat pour les échanges à l’amiable de parcelles agricoles12 ; non loin de là, à Neuviller-la-Roche, sur la terre d’Oberlin13, un système de pasteurisation des jus de fruits « pour éviter la perte des récoltes et lutter efficacement contre l’alcoolisme14 » ; dans diverses MJC du Sud-ouest, des actions concertées d’amélioration des techniques agricoles, ainsi que des services collectifs comme des buanderies.

7Au tournant des années soixante, le déplacement de l’intérêt pour les campagnes vers les villes, surtout vers les périphéries urbaines, avait renforcé cette orientation communautaire, comme le prouvait alors le succès de l’expression « développement communautaire ». Sans doute, la notion se transformait-elle. Elle servait, désormais, à traduire le « comunity development » anglo-saxon, né dans le milieu des « settlements » britanniques et propagé depuis l’après-guerre par l’UNESCO. La communauté de référence passait du village à l’unité d’habitation, marquant ainsi la dérive technocratique de la notion. Cependant, il n’est pas difficile de percevoir dans son succès, un attrait nostalgique pour la communauté villageoise et une méfiance vis à vis de la ville. Certains textes en témoignent :

  • 15 Annuaire de la FFMJC, 1968, p. 5.

« Les Maisons des jeunes et de la culture ne sont pas des institutions où l’on juxtapose des activités de loisirs. Elles dépouillent plutôt l’homme de sa recherche égoïste du plaisir en le faisant entrer au sein d’un groupe, lequel s’inscrit, à son tour, dans la vie de la communauté locale, de telle sorte que les problèmes et quelquefois leur solution puissent être abordés, non pas en fonction d’une optique individuelle seulement, mais collective puis communautaire15. »

  • 16 Exemple : Rapport moral AG Colmar, mai 1959, p. 10.
  • 17 Il faudrait aussi prendre en compte la personnalité du rédacteur de ces rapports, certes approuvés (...)

8Ces lignes peuvent apparaître aujourd’hui comme une condamnation moralisatrice de l’individualisme, tout comme certains propos anti-urbains peuvent sembler réactionnaires16. Cependant, dans ce dernier cas, il s’agissait de propos communs à l’époque, qui traduisaient le traumatisme ressenti face à l’urbanisation de la société française. D’autre part, il existait plus qu’une nuance, entre une nostalgie communautaire et l’affirmation de communautés « naturelles17 ». On aura noté aussi que « l’optique individuelle » n’était pas condamnée en soi, mais en raison de son caractère incomplet. La communauté était promue comme fin ultime de l’action des MJC, trait important de l’idéologie fédérale, largement oublié par la mémoire fédérale depuis les années soixante-dix. Ce souci communautaire était une des marques du personnalisme diffus qui influençait la « laïcité ouverte » des MJC. Il s’accompagnait d’un intérêt pour les questions liées à l’habitat, la résidence, comme en témoignait la publication, dans le numéro spécial de Pas à pas consacré à la construction des MJC, d’une conférence de Gilbert Cesbron qui s’achevait ainsi :

  • 18 Gilbert Cesbron « Vivre ensemble » exposé lors de journées d’études des Scouts de France en 1962, (...)

« Jeunes qui m’écoutez, sachez donc qu’un nouvel état de chrétien est né avec le siècle : celui d’habitant, et qu’il est au moins aussi impérieux que les autres. Sachez donc que cet (sic) HLM, ou ce grand ensemble où vous logez, lorsque vous y rentrez chaque soir, votre journée achevée, lorsque vous vous y reposez le dimanche, votre semaine achevée, votre travail commence. Pas de repos pour les Enfants de Lumière ! Mais c’est le secret de leur joie18. »

9La prégnance de l’idéologie communautaire conduit donc à examiner les rapports entretenus par les MJC avec les deux principaux héritages qui marquaient l’éducation populaire depuis le xixe siècle : celui de la laïcité républicaine, reposant sur l’individualisme libéral et celui du catholicisme social, soucieux d’intégrer ou de réintégrer l’individu dans la communauté. Présentée ainsi, cette opposition apparaîtra schématique, ne serait-ce qu’en raison de l’existence d’autres courants (protestants, socialistes…). Cependant, il ne fait aucun doute que ce premier clivage dépassait, par sa force, toutes les autres oppositions et les réduisait à peu de chose.

La commune avant le quartier

MJC et Centre social : espace public, espace domestique

  • 19 Cette commission regroupa des représentants de différents ministères et d’organismes du secteur, d (...)
  • 20 Entretien avec Simon Barathieu et Bernard Roudet, « Une politique de jeunesse à l’aune de la citoy (...)

10C’est au niveau local qu’il est possible de mesurer le degré d’influence sur les MJC de chacune des traditions évoquées plus haut. La comparaison avec les centres sociaux se révèle utile sur ce point. Elle permet, en accentuant les traits caractéristiques de chacun de ces équipements, d’en faire mieux ressortir les traits saillants. Non sans avoir auparavant dissipé un anachronisme : centres sociaux et MJC, ont connu tous deux une forte croissance, mais n’étaient pas pour autant en concurrence dans les années soixante, car les uns et les autres étaient en trop petit nombre pour se porter mutuellement ombrage. Il faut, cependant, distinguer entre la première et la seconde moitié de la décennie : le choix, en 1965, par la commission Houist du concept de maison de voisinage, traduisait la volonté des spécialistes de réfléchir à une institution polyvalente19. Mais il y avait loin des souhaits des planificateurs aux réalisations. Localement, on réfléchissait, en cette seconde moitié de la décennie, à la complémentarité de la MJC et du centre social. Un certain nombre de réalisations l’attestaient : à Vandoeuvre, banlieue de Nancy, à Orléans la Gare, MJC et centre social se partageaient le même bâtiment, ainsi qu’à Avignon Croix des Oiseaux ou au Village Olympique de Grenoble (MJC centre social de Premol), même si, dans ce dernier cas tardif (1968-69), on dépassait la simple coexistence pour aller vers une fusion des deux équipements20.

  • 21 La conseillère technique de l’UNCAF pour les centres sociaux écrivait que les centres sociaux orie (...)
  • 22 Implanter, construire…, op. cit., p. 59-60.
  • 23 Robert Durand, Histoire des centres sociaux…, op. cit., p. 48-52.

11Les publics touchés par les deux institutions étaient nettement distincts. Pour schématiser : des femmes et des jeunes enfants pour le centre social, des adolescents et des jeunes adultes, masculins pour la plupart, à la MJC. Quelques centres sociaux avaient mis en place des structures pour les adolescents, notamment à Marseille, mais avaient, pour cela, créé des équipements spécialisés, distincts du centre social proprement dit. Cette différence de publics impliquait un rapport différent à l’espace : les centres rayonnaient sur l’espace des familles, plus exactement des femmes, souvent femmes au foyer. La dimension domestique avait été toujours prise en compte par les centres et fut longtemps primordiale21. Les MJC s’adressaient à des jeunes, dont la circulation dans l’espace urbain était moins limitée. Le rayonnement des Maisons dépassait souvent les limites « naturelles » du quartier22. Pour schématiser : d’un côté l’espace des poussettes, de l’autre celui des mobylettes. L’idéologie du développement communautaire ne pouvait donc avoir la même signification dans les deux équipements : les centres sociaux, dès l’origine, avaient ancré leur action sur « le voisinage », la résidence, autant de « traductions » possibles du terme « settlements23 ». Depuis les années cinquante, le nombre élevé des militants venus de la nébuleuse de la JOC, renforçait aussi cet attachement. Pour les MJC, la notion restait nécessairement plus ouverte et signifiait d’abord, travail avec les groupements formels ou informels du secteur, dans le sens de la « laïcité ouverte » qui acceptait aussi bien les groupes que les individus. Il y était peu fait référence à la résidence, au voisinage. En revanche, la dimension « politique », au sens étymologique du terme, considérée encore avec suspicion dans beaucoup de centres sociaux, en dépit d’une certaine évolution, était explicitement revendiquée par les MJC. On se souvient que les maires étaient membres de droit du conseil d’administration et surtout que le conseil municipal constituait un modèle pour les MJC, qui se décrivaient comme des conseils municipaux en réduction.

L’importance du lien fédéral

  • 24 Jacques Ion, La fin des militants, Les Éditions de l’Atelier, 1997, p. 42-43.

12Qu’en était-il du lien entre le quartier, la commune et l’espace national ? Les MJC, comme beaucoup de centres sociaux, étaient affiliées à une fédération, selon un schéma commun à l’époque24. Cependant cette « fédéralisation » (Jacques Ion) recouvrait des réalités extrêmement diverses, en particulier, dans le cas des centres sociaux et des MJC. Dans les premiers, l’adhésion ne créait qu’un lien très lâche entre des centres dont les statuts étaient de nature variée. À l’inverse, les MJC possédaient toutes des statuts-types, rigoureusement identiques. On n’en fera pas, pour autant, de simples succursales d’une organisation nationale : un nombre important d’entre elles résultait de la fusion ou de la transformations d’associations antérieures. De même, les associations MJC qui étaient souveraines disposaient d’une autonomie totale. Ajoutons surtout que les responsables des associations locales se plaignaient beaucoup plus de l’éloignement du centre fédéral, de l’absence d’aide, que de son immixtion dans les affaires locales. Sur le plan des activités proposées, l’influence centrale était très faible : seule l’existence d’un corps de directeurs professionnels avait des effets en ce domaine. Toutefois, il n’en demeurait pas moins que la référence fédérale et nationale – ici les deux termes deviennent synonymes – était primordiale. La composition des conseils d’administration des Maisons et de la fédération présentait des traits identiques et s’inspirait des mêmes principes : majorité des sièges aux représentants des usagers et participation statutaire des pouvoirs publics et des associations à la vie des instances. Le niveau local n’était pas nié, loin de là, mais il était, par cercles concentriques, intégré à une structure nationale, calquée sur les structures administratives de l’État. Celle-ci n’était pas de type pyramidal sur le plan des instances élues, puisque toutes les MJC étaient représentées au sein de l’assemblée générale fédérale et que la fédération départementale ne jouait pas le rôle d’échelon intermédiaire. En revanche, elle l’était sur le plan administratif, où l’exécutif fédéral impulsait l’action, relayé par des délégués régionaux qui eux-mêmes transmettaient les instructions au niveau local, c’est-à-dire aux MJC, et particulièrement aux directeurs salariés. Les délégués exerçaient un contrôle de légalité pour le compte des pouvoirs publics et pouvaient opposer leur veto à des décisions qui auraient porté atteinte à l’intégrité des statuts. Dans des cas extrêmes, le conseil fédéral avait pouvoir de dissoudre l’association, c’est-à-dire, concrètement, de lui retirer son affiliation et son titre. Mais il faut préciser immédiatement que cette pratique n’a jamais été mise en application et que le contrôle effectif exercé sur le niveau local restait faible.

13Ce schéma théorique était calqué sur les institutions politiques et administratives de l’époque : deux pôles politiques essentiels, la commune et le niveau national, sur le plan de la représentation politique, et une pyramide, sur le plan administratif. La référence ultime restait donc la Nation, qui était purement ignorée par les centres sociaux, pour qui le voisinage restait, avec la famille, la seule et unique référence. On ne saurait mieux mettre en valeur l’opposition entre les conceptions propres aux deux organismes.

14Une conclusion s’impose donc : la participation d’un nombre important de chrétiens aux instances des MJC, la référence constante à la communauté, aux corps intermédiaires ne doivent pas masquer l’inscription des Maisons dans un moule républicain-laïque. La nouvelle laïcité dont celles-ci étaient porteuses, la « laïcité ouverte » ne traduisait donc pas un affaiblissement de la laïcité, par contamination « cléricale », selon l’analyse des partisans de « l’ancienne laïcité », mais une transformation ou un assouplissement, dans le droit fil d’une tradition restée foncièrement unitaire. Le modèle de référence des MJC était, pour son caractère universel, celui de l’institution scolaire, le premier service public de l’éducation. Il est important, ici, de souligner que tradition républicaine-laïque n’était, pas nécessairement, synonyme de centralisation : la Ligue de l’enseignement, devenue, après sa réorganisation de 1925, Confédération générale des œuvres laïques, présentait un cas d’extrême décentralisation des structures.

Équipement et milieu

  • 25 Étienne Fouilloux, « La crise des mouvements confessionnels », in Geneviève Poujol (dir.), L’Éduca (...)
  • 26 C’est l’hypothèse d’Antoine Prost in L’école et la famille dans une société en mutation, t. IV de (...)

15L’essor des Maisons des jeunes et de la culture à partir de 1959, fut contemporain des crises des mouvements d’action catholique. Il n’existe pas de lien immédiat entre les deux phénomènes. La disparition de l’ACJF (Association catholique de la jeunesse française), les épisodes de crise de la JEC, de la JAC eurent des origines variées, en particulier ecclésiales25. Cependant, ces tensions révélaient aussi les limites d’une action pédagogique. Depuis les années trente, celle-ci était fondée sur la segmentation par milieux sociaux, principe de l’action catholique. Or, elle rencontrait des difficultés, au moment même où l’apparition de la classe d’âge adolescente tendait à uniformiser la jeunesse : la concomitance des deux phénomènes ne peut être entièrement fortuite26. Le modèle de l’action catholique était, en tout état de cause, difficilement conciliable avec la prise en charge indifférenciée de tous, en un lieu unique, qui semblait triompher avec le succès des MJC. La fédération des Maisons des jeunes et de la culture n’a d’ailleurs jamais réfléchi à des actions spécifiques par milieux sociaux. Elle prenait seulement en compte, la distinction entre l’espace rural et les villes. Cependant, les Maisons étaient bien le reflet des réalités sociales du quartier où elles étaient implantées. Comment en aurait-il pu être autrement ? L’adaptation aux réalités sociales se faisait donc par ajustement local. Quelques notations dans les archives, surtout dans les dossiers de directeurs, reflètent ça et là cette adaptation : tel directeur paraissait mieux convenir au milieu ouvrier ou, au contraire, à une Maison de centre-ville à composition plus étudiante, telle MJC était qualifiée « d’ouvrière », ou au contraire, « d’étudiante ». L’essentiel demeurait que l’usager était, comme le citoyen, un être pensé hors de son appartenance sociale.

  • 27 Nous résumons les étapes de l’étude de milieu-type présentée in Henri Théry, Madeleine Garrigou-La (...)
  • 28 À propos de la rhétorique marxiste à la JEC ou à la JAC, Étienne Fouilloux, « La crise… », op. cit (...)

16Il faut noter une évolution de la notion de milieu. La distinction par l’ACJF de « milieux » se référait à la diversité des milieux sociaux. Les « études du milieu » entreprises par les militants d’éducation populaire, se référaient au « milieu », c’est-à-dire à une réalité d’abord géographique, dont il fallait saisir, dans l’ordre, « les points de repères physiques », « les clivages sociaux », « les groupes et associations » avant d’entamer la dernière étape, « la discussion avec les individus et les familles27 ». Cette seconde acception, qu’on pourrait qualifier d’écologique, ne se substituait pas entièrement à la précédente, mais elle prenait davantage d’importance, d’autant plus que d’autres termes, « couches », « classes » tendaient à évincer la première acception, y compris dans les discours des mouvements catholiques28. Au milieu succédait bien le lieu.

Une architecture au service d’une pédagogie

  • 29 Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Comité d’histoire du ministère de la Cu (...)

17L’architecture des Maisons des jeunes et de la culture est révélatrice des tensions qui traversaient l’animation socio-culturelle des années soixante : de grandes ambitions, puisqu’il s’agissait, sinon de régénérer l’homme, du moins de revivifier la communauté ; des moyens, non pas modestes, mais discrets, presque invisibles. Une « présence discrète » pour reprendre une formule de Lucien Trichaud à propos du travail des animateurs. La raison en était simple : l’animation se voulait éducation sans contrainte. Elle prenait en compte l’individu, le caractère volontaire de sa démarche. L’architecture ne devait donc pas intimider, mais, en même temps, elle ne pouvait être un simple cadre, où se seraient déroulées des activités. La configuration des lieux devait créer les rencontres, permettre la familiarisation avec un cadre de vie nouveau, celui de cette nouvelle société urbaine qui donnait lieu à tant d’interrogations. La Maison était « une machine-vertueuse29 », destinée à offrir à l’individu, aux groupes, les conditions de leur épanouissement et de leur accès à une autre personnalité sociale, de façon inconsciente ou presque, car cette éducation voulait se faire oublier, comme l’architecture qui l’abritait…

Une architecture discrète

  • 30 Jacques Joly, Formes urbaines et pouvoir local : le cas de Grenoble des années 60 et 70, PU du Mir (...)

18L’architecture des MJC ne nous parle plus : nous ne la voyons même plus, dans sa banalité. Celle-ci ne trouve pas seulement son origine dans l’étroitesse des budgets, le fonctionnalisme étriqué ou le manque d’imagination des architectes. Cette banalité, cet effacement, serait-on tenté d’écrire, sont communs à beaucoup de bâtiments collectifs de l’époque. Mais dans le cas des équipements socio-culturels, cette banalité avait une signification forte : la forme des équipements se dissolvait littéralement dans le reste de l’espace urbain. Ces équipements peuvent apparaître alors « comme les nouveaux espaces de ce nouveau mode de gouvernement local fondé sur les mouvements associatifs, l’appel à l’initiative, la recherche d’un consensus, voire la cogestion qui sont autant de pièces maîtresses du nouveau pouvoir qui essaya de se mettre en place en France dans les années soixante-soixante-dix30 ». Ce pouvoir local se voulait à échelle humaine. Il entendait même abolir ses propres marques pour signifier l’intégration du pouvoir et de la ville, de la communauté et du pouvoir.

  • 31 Les MJC de la ville de Paris repoussées à la périphérie, faute d’espace disponible, comptent parmi (...)

19Les lignes verticales, synonymes de hiérarchie, étaient abolies : l’horizontale dominait. L’espace, il est vrai, était abondant dans les quartiers périphériques, et l’époque aspirait au desserrement dans tous les domaines31. Mais l’horizontale prévalait non seulement pour les lignes extérieures, mais aussi à l’intérieur. Raison fonctionnelle, bien sûr, mais volonté aussi d’intégrer, d’exalter l’égalité, la communauté. Ces bâtiments enfin se voulaient « démocratiques », puisque le public, les usagers étaient associés à leur conception, ce qui était un fait nouveau. Robert Brichet le soulignait dans sa préface à l’ouvrage édité par la FFMJC Implanter, construire, aménager, financer les MJC :

  • 32 Préface de Robert Brichet in Implanter, construire…, op. cit., p. 33.

« L’équipement, l’architecture, ne doivent pas être aujourd’hui l’affaire de spécialistes, mais doivent être l’affaire de tous. Autrefois, certes, on s’en remettait au prince, mais de nos jours le prince c’est l’usager et en démocratie il est indispensable que les citoyens décident des institutions et des équipements qui leur sont destinés ; cet ouvrage n’a pas d’autre ambition que d’aider ces citoyens à prendre conscience d’un problème majeur32. »

  • 33 Éléments intéressants dans Guy Saez, Gérer l’ingérable : les contradictions de l’animation culture (...)

20Ces bâtiments sont trop éloignés de nous pour que nous en percevions le message explicite, mais encore trop proches pour que nous en apprécions le charme rétro qui a rendu, de nouveau, visibles les bâtiments des débuts de la IIIe République. Et il nous faut beaucoup d’imagination pour retrouver l’utopie qui présida à leur conception. Il est peu probable d’ailleurs que ces équipements soient un jour objet de nostalgie, parce que les conditions d’attachement des citoyens aux institutions ont changé et parce que ces bâtiments étaient destinés à se fondre dans le paysage, à se faire oublier33. Signe du temps qui a passé, indice aussi d’une transformation des conceptions de la cité, les rénovations de MJC entreprises au cours des deux dernières décennies, les quelques constructions réalisées à la même époque ont été, au contraire, marquées par une multiplication des signes destinés à donner aux bâtiments, sinon une âme, du moins une identité plus affirmée.

21L’apparence discrète de la plupart des MJC des années soixante contrastait avec celle des cathédrales de la culture (Maisons de la culture) d’André Malraux, qui devaient marquer de leur empreinte les villes qui les recevaient. On connaît le goût du ministre des Affaires culturelles pour l’architecture, trace ultime d’une civilisation. Mais une autre raison militait en faveur d’équipements spectaculaires : le choix contraint et forcé de « l’exemplarité différenciatrice » par Émile Biasini en 1961. Faute de pouvoir multiplier les Maisons de la culture, celui-ci fut contraint aux « actions exemplaires » d’autant plus que la fonction des Maisons de la culture restait floue aux yeux de la majorité des Français.

  • 34 Émile Biasini, Action culturelle, an I, cité par Philippe Urfalino, L’invention de la politique cu (...)

« (La maison) est si nouvelle dans sa conception et dans son rôle qu’elle ne peut être risquée qu’à coup sûr, sous peine de n’être rien : les premières Maisons de la culture doivent illustrer leur mission en la découvrant, et s’imposer aux yeux de tous dès leur première réalité, pour dissiper toute équivoque sur leur rôle34. »

22Émile Biasini entendait dissiper tout risque de confusion avec les Maisons des jeunes et de la culture, qui, à l’époque où il écrivait ces lignes, allaient se multiplier grâce à la première loi-programme d’quipement. L’architecture des MJC, modestes chapelles de la culture, était donc aussi un des indices de leur caractère dominé dans l’ordre culturel.

Construire des Maisons pour les jeunes

23Si la construction de bâtiments modestes mais spécifiques, fut bien la grande affaire de l’éducation populaire des années soixante, beaucoup de ces équipements se firent longtemps attendre.

Le provisoire

  • 35 Histoire de la MJC de Savigny-sur-Orge (http ://mjc91600.free.fr/) et entretien avec Sylvie et Jua (...)
  • 36 Rapport moral FFMJC 1964 (pour 1963).
  • 37 Pierre Casamayou avait été l’initiateur de la MJC et de cette construction.
  • 38 « Une expérience à suivre », Pas à pas, n° 172, janv. 1967, p. 44-46.

24Les solutions de fortune furent le lot de la plupart des associations, dans l’attente d’une « vraie » Maison. Ainsi, la MJC de Savigny-sur-Orge (Essonne) dont l’association fut créée en avril 1965, obtint d’abord de la municipalité un baraquement qui avait servi de buvette sur le stade municipal. Après délogement, pour cause de travaux sur le terrain où elle était implantée, l’association reçut en novembre 1966 un préfabriqué de 144 m², installé dans une situation excentrée. Il fallut six mois pour que l’électricité fût branchée35. Quant aux accès, ils n’étaient pas aménagés, ce qui n’était pas rare, y compris lors de la construction de bâtiments en dur : ce type de dépenses, non subventionnées par l’État à l’origine, était un des postes sur lesquels le maître d’ouvrage réalisait des économies. Lorsqu’un local ne pouvait pas être mis à disposition, il arrivait que les jeunes construisent leur Maison. Ce fut surtout le cas dans des villages, comme à Orban (Tarn)36où les adhérents bâtirent leur MJC, à Sommesous (Marne) ou encore dans diverses Maisons d’Alsace. Bien évidemment, ces initiatives furent beaucoup plus rares en ville : Château-du-Loir, dans la Sarthe, 5079 habitants en 1962, constituait une exception remarquable, par la collaboration entre des bénévoles, jeunes pour beaucoup, la municipalité et des architectes intéressés par l’expérience. Ici le projet, un bâtiment neuf, spécifique, dépassait le cadre du hangar ou de la grange transformés : salle de spectacle de 230 places, bibliothèque, vaste foyer37… Autre exception, en banlieue parisienne : à la Briche, commune d’Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), un groupe de jeunes, après diverses tentatives pour faire fonctionner leur association dans des garages et une cave, obtint de l’OCIL (Office central inter-professionnel du logement), que le terrain prévu pour l’édification de la MJC en 1970, leur soit alloué, afin d’y reconstruire un baraquement récupéré auprès de Gaz de France38 (voir page v du cahier iconographique). Ces expériences développèrent auprès de ceux qui y participèrent, un sentiment d’appartenance à « leur » Maison, sans commune mesure avec ce qu’il pouvait être dans le cas de Maisons livrées clés en main. L’explorateur Jean-Louis Étienne décrit ainsi sa participation à l’installation de la MJC de Castres centre dans ses locaux :

  • 39 « Castres : sur les traces de Jean-Louis Étienne », Le Point, n° 1617, 12 sept. 2003, p. 312.

« Étant externe [au lycée], j’avais beaucoup de temps libre. J’ai donc pu participer à la construction de cette MJC qui est située dans les murs de l’ancienne prison dont certaines salles avaient des murs de 80 centimètres d’épaisseur ! C’est un moment fort, car il marque ma première implication sociale39. »

  • 40 COTRAVAUX : organisme de cogestion pour le travail volontaire des jeunes fondé en 1959.
  • 41 André Jager cite les propos du secrétaire d’État Joseph Comiti devant une assemblée de maires rura (...)

25Au même moment, les chantiers de jeunes subventionnés par l’organisme COTRAVAUX40 connaissaient un essor important, prouvant l’intérêt de ce type d’expérience auprès des jeunes. Ce n’était donc pas sans raison que les promoteurs des Mille-clubs, sous François Missoffe, entendaient exploiter cette expérience du chantier, du travail effectué en commun : les clubs étaient livrés en kits, à charge, pour les jeunes, de les monter. L’assemblage devait susciter l’apparition d’un groupe d’animateurs qui allaient ensuite faire vivre le club… Le projet semblait sur ce point intéressant. Cependant, il buta dès l’origine sur un problème : pour qu’il réussisse, il eût fallu que le groupe préexistât au projet, comme c’était le cas dans les MJC. Outre les retards considérables, l’expérience fut victime de dégradations multiples, surtout en milieu urbain, et la génération spontanée de groupes de jeunes ne se fit pas. À la fin de la décennie, soit à peine deux ans après son lancement, l’expérience, sous sa première forme était moribonde41. Les clubs, lorsqu’ils ne furent pas incendiés, furent donc « récupérés » par des municipalités qui les utilisaient comme lieux de stockage, par des mouvements de jeunesse et souvent, par des MJC, contre qui, pourtant, les Mille-clubs avaient été élaborés. Le projet fut repris, par la suite, mais sans le principe de l’autonomie laissée au « groupe de jeunes spontané ».

26De nombreuses MJC recevaient des municipalités, un bâtiment ancien, déclassé pour servir de Maison des jeunes : bains douches, ateliers ou usines (Tourcoing la Malcense, Romilly-sur-Seine, Lyon Gerland, Villeurbanne, Le Mans centre…), écoles, loge maçonnique à Colmar, cinéma (Caen la Maladrerie Saint-Paul), péniche puis salle prêtée par un boulanger à côté de son fournil (Neuilly-sur-Seine)… Peut-être ces locaux souvent mal adaptés, parfois dépourvus du moindre confort avaient-ils une valeur pédagogique cachée, comme l’estimait Edouard Colin :

  • 42 Edouard Colin : « Pour ou contre des locaux provisoires », in Implanter…, op. cit., p. 148.

« Nous voulons finir par une note consolatrice. En effet, il s’est avéré que la première période de la vie d’une MJC dans des conditions difficiles, est toujours de nature à souder les énergies nécessaires à son développement. Les difficultés à surmonter mais aussi l’ambiance des pièces resserrées, souvent polyvalentes, créent la solidarité des usagers. Les allées et venues dans un unique couloir, propices aux rencontres et aux échanges, font naître la fraternité indispensable à la réussite de l’action communautaire d’une MJC42. »

  • 43 Plan d’aménagement de la MJC de Croix, arch. de la FRMJC Nord-Pas-de-Calais et rapport de titulari (...)
  • 44 Ibid.
  • 45 La MJC de Croix fut aménagée en 1965 selon des plans différents de ceux prévus en 1961.

27L’auteur concluait cependant que cette période pionnière ne pouvait durer qu’un temps, faute de quoi les vertus bienfaisantes risquaient de s’estomper. Parmi les bâtiments déclassés, l’ancienne demeure bourgeoise restait la solution préférée. Ses avantages étaient multiples : des locaux vastes, mais destinés à un usage d’habitation, donc faciles à chauffer, aménageables avec un minimum de frais, complétés parfois par un parc qui permettait l’aménagement de terrains de sports. Ces espaces verts avaient aussi l’avantage d’isoler un minimum la MJC du voisinage, ce qui permettait de limiter les nuisances sonores. Les maisons bourgeoises présentaient une disposition intérieure suffisamment constante pour permettre un aménagement rationnel, presque standardisé. La fédération pouvait ainsi conseiller les municipalités, comme celle de Croix (Nord) qui avait soumis au délégué régional les propositions de l’architecte pour la transformation en MJC d’une demeure de la fin du siècle précédent43. Le rez-de-chaussée comportait un hall permettant d’assurer un accueil, le foyer trouvait sa place dans la salle à manger, tandis que la bibliothèque s’installait dans le bureau. Cas relativement exceptionnel, la vaste superficie de la maison permettait l’installation d’une scène dans la salle commune, avec des loges prévues au sous-sol, dont l’importance permettait aussi l’installation d’ateliers pour le bricolage et la réparation des vélomoteurs et vespas. L’office pouvait abriter le bar, tandis que le bureau du directeur était placé dans le salon, coupé en deux par une cloison qui permettait l’installation à côté du secrétariat. « Dans le hall, ainsi que dans la montée d’escalier des cimaises permettront l’installation d’expositions44. » Les pièces de l’étage, des chambres, étaient affectées aux activités qui nécessitaient des ateliers pour groupes restreints. Elles devaient, en plus, abriter, à Croix, le foyer féminin, composé de deux pièces que le délégué recommandait de jouxter afin de recréer un « univers féminin » : la pièce technique pour les cours de coupe, couture, cuisine, le foyer, pièce de détente et de loisirs récréatifs. Enfin un second étage permettait, ici, d’envisager un secteur hébergement, avec des chambres transformées en petits dortoirs45.

L’action du service architecture de la FFMJC

  • 46 Les modalités des engagements contractuels des collectivités et de l’État furent fixées par des ci (...)
  • 47 Voir les analyses d’André Jager, in Aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, (...)

28Les conseils dispensés à la MJC de Croix étaient la forme la plus classique d’intervention de la fédération dans le domaine de l’architecture, auprès des maîtres d’ouvrages, c’est-à-dire des communes. Sur ce point, les lois-programmes d’équipement n’avaient pas modifié la répartition des rôles entre l’État et les communes. La subvention d’État ne venait qu’en complément des dépenses effectuées par les municipalités46. Elles permirent, en revanche, une réelle efficacité des procédures et l’aboutissement d’un nombre important de projets. Les communes acquittaient, en théorie, 50 % des dépenses de construction, mais dans la pratique, beaucoup plus, au minimum 60 %, car le plafond des dépenses subventionnables était calculé au plus juste47.

  • 48 Chef d’atelier de Le Corbusier, Il fit, en particulier, des conférences devant les élus fédéraux e (...)
  • 49 Coloriste, il fut l’un des fondateurs, avec Michel Ragon du Groupe international d’architecture pr (...)
  • 50 Il dirigeait le service recherche des établissements Daum (cristal) à Nancy. Importante personnali (...)
  • 51 Pas à pas n° 55, juin 1955, n° 69 déc. 1956, et enfin le HS Aménager, équiper…, op. cit., juin 196 (...)
  • 52 Implanter, construire…, op. cit.

29L’exécutif fédéral redoutait de se voir confier des installations mal conçues, soit parce qu’elles visaient le prestige (salles des fêtes camouflées en MJC pour bénéficier des subventions), soit parce qu’elles n’avaient pas été conçues par des architectes spécialistes de ces questions. Pour lutter contre ces risques et pour inciter les communes à construire des bâtiments spécifiques, la FFMJC avait mené, depuis le milieu des années cinquante, une action efficace. Elle avait ainsi été la première fédération à se préoccuper de manière systématique de l’architecture. Deux hommes y avaient œuvré : Guy Madiot et André Jager. Le premier, avait animé de manière semi-professionnelle le service ACA (Acheter construire aménager), et avait, dès 1950, pris des contacts avec l’École nationale supérieure des Beaux-Arts pour proposer des concours de réalisations socio-éducatives dans le cadre des diplômes de fin d’études. André Jager lui succéda dans ces tâches, après son départ en 1959. Sans connaissances particulières en architecture, il se passionna pour ces questions et acquit rapidement des compétences, en multipliant les collaborations avec architectes et décorateurs. Il recruta, un technicien-conseil, Guy Vacheret, et anima la commission fédérale de l’Équipement qui regroupa après le lancement de la première loi-programme d’équipement de nombreux architectes, dont de grands noms de la profession : André Wogenscky48, Georges Candilis, Claude Parent, Jean Renaudie, l’esthéticien industriel Georges Patrix49 ainsi que de jeunes architectes, dont plusieurs accédèrent à la notoriété : Paul Chemetov, Jean Perrotet, Roland Schweitzer… Quelques élus du conseil d’administration se joignaient à ces travaux, dont le décorateur Philippe Desforges50. L’objectif des responsables était de constituer un monde informel d’architectes sensibilisés à ces questions, et parfois de les mettre en relation avec les communes. Tout ce travail de propagande était complété par une activité éditoriale : la publication dans Pas à pas de nombreux articles consacrés à des MJC, avec plans, photographies, réalisation de numéros spéciaux51 et enfin en 1966, publication d’un numéro hors-série de la revue Équipement pour la jeunesse, les sports les loisirs, de 350 pages grand format, relié sous couverture toilée, où tous les aspects esthétiques et techniques étaient envisagés52. Des voyages étaient proposés en France, mais aussi à l’étranger, à des architectes et des élus locaux, afin de les sensibiliser aux questions socio-éducatives. Dernier volet de cette action : dès 1959, la fédération avait incité des constructeurs (Vissol, Jossermoz) à réfléchir à des modèles de MJC préfabriquées, dont la première fut présentée lors du salon des Arts ménagers de mars 1961 et installée, par la suite, à Verneuil-sur-Avre (Eure). Puis cette politique fut étendue à d’autres constructeurs, dont Saint-Gobain, qui réalisa une MJC prototype, conçue par Claude Parent et Georges Patrix. Implantée à Troyes, elle eut l’honneur de figurer sur le timbre-poste édité en 1965, à l’occasion du XXe anniversaire de la fédération. Symbole de la difficulté de certaines MJC dans des milieux très populaires, elle ne devait résister que quelques mois à son ouverture, son caractère de prototype accentuant sa fragilité. La FFMJC avait anticipé les vœux du haut-commissariat qui comptait sur l’effet de masse apporté par le plan, pour parvenir à une standardisation qui abaisserait les coûts. Elle voulait surtout éviter que des préfabriqués scolaires, qui étaient alors en plein essor, ne soient transformés en Maisons des jeunes de fortune. Les locaux, pour être bon marché, devaient rester des locaux spécifiques.

Modèles

Esthétique de la vie quotidienne

30Il fallait à l’éducation populaire des bâtiments fonctionnels, mais aussi des bâtiments intéressants sur le plan de l’esthétique. La « clientèle » était devenue plus exigeante, comme le notait André Philip :

  • 53 André Philip, préface à Implanter, construire…, op. cit., p. 34.

« En 1966, on ne peut plus attirer puis retenir la masse des jeunes dans des baraquements branlants et laids. S’attaquer à un problème aussi important, aussi grave que celui qui nous préoccupe, sans avoir pour nous les facteurs de réussite qui ont déjà fait leur preuve dans d’autres domaines (voyez les cafés, les Uniprix, les cinémas), serait faire preuve de beaucoup d’inconscience53. »

  • 54 André Jager, « Culture et architecture », in A rchitecture mouvement continuité 4, bulletin de la (...)
  • 55 Une commission de Peuple et Culture créée en 1959 portait ce titre. Voir Jean-François Chosson (di (...)
  • 56 « Pour une esthétique de la vie quotidienne » aménager, équiper, construire pour les jeunes… et le (...)

31Le décor devenait objet d’attention pour une autre raison également : les responsables étaient sensibles à la qualité du cadre de vie dans la Maison. André Jager concluait un article consacré à « Culture et architecture » par ce mot d’ordre : « Oui, clamons-le bien fort, nous, éducateurs, nous croyons fermement à l’architecture « forme silencieuse d’enseignement54. » La confrontation avec une forme contemporaine faisait partie d’un programme d’éducation digne de ce nom. Tout un courant porté par Peuple et Culture, visait à promouvoir « une esthétique de la vie quotidienne et un art d’habiter55 ». Il s’agissait, en partant du cadre quotidien des habitants, de modifier leur manière d’appréhender leur environnement et de les amener à apprécier une esthétique de leur temps, industrielle et urbaine, en « luttant contre ce nouvel analphabétisme du plus grand nombre de nos contemporains, celui du langage des formes et des couleurs56 ».

  • 57 Ibid. p. 67-73 et surtout « Pour une politique esthétique des MJC » (interview de Georges Patrix), (...)
  • 58 André Jager estime que les conseils ne furent suivis que dans une minorité de cas. Texte aimableme (...)

32Le projet ne manquait ni d’ambition ni de valeur et prouvait que l’éducation populaire n’était ni passéiste, ni tournée vers le monde rural. André Jager, travailla dans cette direction, avec l’aide de Guy Vacheret, de divers décorateurs et de l’esthéticien industriel, Georges Patrix57. Il est difficile de mesurer ce que furent les résultats de leur action, en dehors de quelques réalisations de « MJC phares ». Mais, compte tenu des contraintes budgétaires, du peu d’intérêt porté par les communes à des bâtiments perçus comme secondaires, les réalisations ne suivirent pas toujours les recommandations fédérales, d’autant plus que les maîtres d’ouvrage n’étaient, en aucune façon, tenus de consulter le service architecture de la FFMJC, même dans le cas des équipements bénéficiant des deux lois-programmes d’équipement58.

  • 59 « Esquisse d’un portrait-robot de MJC » (André Jager), Pas à pas, nouvelle série, n° 1, mars 1969, (...)
  • 60 Il faut toutefois tenir compte du fait que ce sondage fut commandé par le ministère de la Jeunesse (...)
  • 61 « Esquisse d’un portrait… », op. cit. André Jager reprenait, pour la dénoncer, l’accusation portée (...)

33Une enquête fédérale de décembre 1968 permettait d’esquisser « un portrait-robot de MJC59 » à cette date : 51 % d’entre elles disposaient d’un bâtiment de moins de 300 m², 42 % de 300 à 1200 m² et 7 % de plus de 1200 m², dont 1 % de plus de 3000 m². Rapporté à un effectif d’un peu moins de mille MJC affiliées en 1969, cela signifiait qu’il existait un grand nombre de petites MJC, mais aussi qu’un peu moins d’une centaine de MJC avaient à leur disposition un équipement relativement vaste (plus de 1 200 m²). Si 84 % d’entre elles bénéficiaient d’un bâtiment d’un seul tenant, il s’agissait, dans près d’un quart des cas (23 %), d’un préfabriqué. Enfin, 47 % bénéficiaient d’un local ayant plus de 20 ans d’âge, pourcentage équivalent à celui des Maisons disposant de locaux construits depuis moins de 10 ans (48 %, dont 24 % depuis moins de 5 ans), alors même que les effets de la seconde loi-programme d’équipement ne s’étaient encore pas tous fait sentir. À la fin de la décennie, la situation des MJC sur le plan de l’équipement était donc très hétérogène, ce qui pouvait être aussi une preuve de leur capacité d’adaptation à la diversité des situations locales. Si l’on s’en tenait à des critères simples – la taille, l’âge et surtout le nombre des équipements – les progrès étaient réels par rapport à la situation du milieu de la décennie, même si la couverture d’ensemble du territoire dont rêvait la FFMJC depuis le début des années cinquante n’était pas réalisée. En 1966, un sondage auprès des jeunes de 15 à 20 ans révélait que seuls 10 % d’entre eux déclaraient disposer d’un club de jeunes dans leur commune60. Quant à la qualité, en dépit des progrès que révélait l’enquête de 1968, elle n’était pas toujours à la hauteur des espoirs des responsables de la FFMJC. Dans bien des cas, les bâtiments n’étaient ni les équipements de luxe « construits davantage pour le prestige d’un promoteur que pour le bien de l’éducation populaire61 » que dénonçaient les détracteurs des MJC, ni des baraquements de fortune, mais des bâtiments standardisés, « banalisés ».

Schémas

34L’organisation interne des MJC révèle leur modèle pédagogique. Deux types d’espaces y coexistaient : des lieux ouverts et des lieux fermés, destinés à deux publics qui devaient non seulement cohabiter, mais se mêler.

Tableau 4. – Répartition des différentes zones au sein d’une MJC : principales oppositions.

Tableau 4. – Répartition des différentes zones au sein d’une MJC : principales oppositions.

Ce tableau s’inspire de différentes publications de la FFMJC, en particulier des indications qui figurent à la fin de Aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, hors-série de Pas à Pas, juin 1962.

35L’objectif pédagogique consistait à amener le public du foyer, celui qui fréquentait occasionnellement la MJC, à participer aux activités proposées dans les ateliers. Le public des ateliers devait, quant à lui, dépasser la simple pratique d’activités, pour participer à la vie collective de la Maison et donc se mêler au public du foyer. On retrouvait ici la volonté de s’adresser, à la fois, aux « inorganisés » et aux « organisés », pour reprendre ces catégories, essentielles pour les mouvements et institutions de jeunesse. Les MJC étaient donc censées être des locaux polyvalents destinés à favoriser l’émergence d’une vie communautaire entre des publics variés. Maisons, elles l’étaient donc au double sens du terme : un lieu physique, mais aussi un espace que les jeunes devaient s’approprier, comme leur seconde maison. Cela imposait des contraintes fortes en matière d’organisation de l’espace.

36Le tableau ci-dessus en dégage les principaux traits, sous forme de couples antithétiques. On peut opposer une zone destinée à l’accueil permanent de tous les publics, dans lequel le niveau sonore est élevé et une zone pour les membres de l’association réservée à la pratique, dans le silence, d’activités spécialisées et périodiques. Le schéma se compliquait dans le détail. Parmi les ateliers, ceux destinés au bricolage pouvaient difficilement jouxter ceux qui servaient aux cours du soir. Les deux activités étaient pourtant périodiques et réservées à un public restreint. De même, une salle de spectacles, ouverte au public devait se trouver dans un environnement silencieux, mais ne devait pas être, pour autant, source de nuisances pour d’autres pièces. Le plan et la coupe qui suivent permettent de comprendre comment ces contraintes contradictoires étaient prises en compte.

Figure 1. – Schéma-type d’une MJC (plan et coupe).

Figure 1. – Schéma-type d’une MJC (plan et coupe).

Source : Aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, hors-série de Pas à Pas, juin 1962.

37Les difficultés liées à la coexistence de lieux ayant des usages variés et des contraintes spécifiques ne pouvaient être que partiellement résolues par l’éloignement des pièces aux fonctions les plus opposées. En effet, la majorité des équipements restaient de taille modeste et le tiers, parfois la moitié, étaient occupés par une salle polyvalente, dont l’utilisation restait ponctuelle. Surtout, cet éloignement des pièces allait à l’encontre de deux principes importants pour les concepteurs des MJC. D’une part, la proximité spatiale leur paraissait être un gage de rencontre entre usagers : d’où le caractère compact de bâtiments qui devaient permettre l’interpénétration des publics. D’autre part, ils mettaient en valeur la nécessité de réduire au strict minimum les espaces de circulation, pour d’évidentes raisons d’économie (construction, chauffage, nettoyage…), mais aussi de sécurité. Le directeur devait être en mesure de savoir en permanence ce qui se déroulait dans sa Maison.

Proximités

  • 62 Entretien avec Jean-Pierre Corvol et AM Orléans 5 R 49.

38Les problèmes de coexistence ne se posaient pas qu’à l’intérieur des Maisons : toute MJC devait s’intégrer dans un voisinage plus ou moins tolérant aux nuisances sonores en particulier. Un détail attire l’œil sur les plans des Maisons : la présence de garages à vélos et surtout à vélomoteurs, signes de la plus grande mobilité des jeunes dans la ville, mais aussi sources de conflit avec l’environnement immédiat… Les attroupements qui se formaient, à proximité de la Maison, les fêtes qui se déroulaient à l’intérieur ou à l’extérieur, conduisaient parfois les animateurs devant les tribunaux pour tapage nocturne. À Orléans la Gare, la MJC était implantée à proximité de trois importants lycées. Cependant, elle se trouvait au centre d’un ensemble de résidences de standing, complété par des HLM. Le bâtiment le plus proche était la maison d’arrêt, promise depuis longtemps à la destruction, mais encore en place. En juin 1967, la proposition d’une fête de la Saint-Jean, à l’initiative des jeunes, reçut l’approbation des autorités municipales. Cependant, quelques jours plus tard, le directeur fut cité à comparaître devant un tribunal : des habitants avaient fait circuler une pétition et porté plainte, dénonçant les chants à une heure indue. Fait aggravant : ces chansons avaient été reprises par les détenus qui avaient mêlé leurs voix à celles des jeunes62… L’implantation des équipements devait donc tenir compte de conflits comme celui-là.

  • 63 Brochure « Comment créer une MJC » édit. 1956, p. 3.
  • 64 Brochure « Comment créer une MJC » édit. 1960, p. 4.

39Pour les urbanistes municipaux, la solution était simple : il suffisait de construire les MJC à proximité des piscines et des stades. Ils n’y voyaient que des avantages : nuisances limitées pour le voisinage, complémentarité des équipements, présence d’espaces verts et possibilité d’extension ultérieure. La fédération essaya, avec ses moyens, de combattre ce type de localisations. Elle en soulignait l’inconvénient : la marginalisation de la MJC du fait de cette position périphérique, surtout dans les villes moyennes. En effet, les Maisons, à la différences des équipements sportifs, étaient fréquentées en soirée. Elles devaient donc se rapprocher des lieux de vie des jeunes, faute de quoi, elles risquaient de ne pas rencontrer leur public, en particulier leur public féminin, les parents exerçant un contrôle étroit sur les sorties le soir. Plutôt que les localisations périphériques, la FFMJC recommandait « une zone résidentielle active63 », ce qui restait vague, ainsi qu’un « lieu pour lequel l’individu n’ait pas un détour à faire pour entrer dans la Maison, mais trouve, au contraire, celle-ci sur son chemin64 ».

Extensions

  • 65 En 1967, 42 Maisons possédaient un CIS et 32 un restaurant, mais pour au moins un tiers d’entre el (...)

40Les bâtiments construits ou rénovés, au cours des années soixante, comportaient systématiquement les éléments présentés plus haut sur les schémas, quelle qu’ait été leur taille : entrée-hall, salle commune ou foyer, ateliers. La salle polyvalente était présente dès qu’on dépassait le stade du tout petit foyer de quartier. Les plus grandes MJC étaient, pour certaines d’entre elles, dotées de deux services complémentaires : la restauration et l’hébergement communautaire. Ces appellations recouvraient, en fait, l’existence de restaurants collectifs et de centres internationaux de séjours (CIS). Ces équipements annexes répondaient à la volonté d’offrir aux jeunes travailleurs des services à un prix modique. Certains étaient nés d’initiatives spontanées, d’improvisations dans les conditions de l’après guerre : quelques lits de récupération installés dans les combles suffisaient, en ces temps de pénurie, à accueillir des groupes. Progressivement, s’étaient greffées des préoccupations pédagogiques : il s’agissait de profiter du caractère « captif » du public pour lui proposer, à l’heure du repas, des activités, des débats. L’action menée à la MJC des Marquisats, à Annecy, servait de modèle en ce domaine65. Au cours des années soixante, se construisirent des foyers de jeunes travailleurs (FJT) intégrés aux MJC, à Saint-Brieuc, Vincennes, Nancy République, Épernay, Grenoble Alliés Alpins, Romans, Valence… Le vaste programme d’extension de la MJC des Marquisats réalisé par Wogensky constituait, là encore, le fleuron de ce type d’équipements, qui servait aussi de centre de séjour, soit en parallèle avec l’accueil des jeunes travailleurs, soit pendant la période estivale. Ces annexes des MJC proprement dites présentaient le double avantage de fournir aux Maisons, une réserve toute trouvée d’adhérents, mais surtout de dégager des ressources propres, tirées de l’exploitation du restaurant ou du foyer. Les budgets des Maisons étaient globaux : les bénéfices des services pouvaient donc être transférés vers les activités, nécessairement déficitaires.

Polyvalences

  • 66 Le protocole remontait au 24/5/1947, CAC 19790592/1.
  • 67 Implanter, construire…, op. cit., p. 186-199.

41L’intégration de ces équipements n’allait pas sans entraîner des conflits avec les fédérations gestionnaires d’équipements spécifiques, comme l’Union des foyers de jeunes travailleurs (UFJT) ou les auberges de la jeunesse. Si les relations avec la première ne connurent qu’un bref épisode de tensions au début de la décennie, avec les auberges, en revanche, elles furent toujours difficiles, en dépit d’un protocole signé dès 1947, qui réservait la fréquentation des centres de séjour des MJC aux seuls groupes, dans les localités où était implantée une auberge66. Aux yeux de beaucoup de responsables d’associations du secteur socio-culturel, la polyvalence des MJC était une nouvelle preuve des volontés hégémoniques d’une structure qui s’intitulait depuis ses origines « l’institution de base de l’éducation populaire ». Cette polyvalence s’affirmait encore plus nettement à partir du milieu des années soixante lorsque la salle polyvalente, qui accompagnait toute MJC, se transformait en salle de spectacle et même parfois en théâtre comme à Fresnes, réalisation qui obtint le prix de la meilleure MJC en 1967. Un vaste théâtre, de forme hexagonale, offrant 350 places, en occupait le centre. Dès 1965, la FFMJC avait initié un colloque consacré à l’intégration des salles de spectacles dans les équipements socio-culturels et l’ouvrage de référence sur l’architecture des MJC publié en 1966 comportait de nombreuses pages consacrées à la scénographie67. Cependant, dans ce domaine, la fédération ne faisait que suivre les tendances qui se développaient à la base. Les communes souhaitaient, de plus en plus, des bâtiments polyvalents, d’autant que de nombreux théâtres municipaux étaient en mauvais état ou paraissaient obsolètes : ils étaient mal adaptés à certains spectacles et leur décorum les rattachait à la culture « bourgeoise ». Comme le programme des Maisons de la culture ne permettait pas d’envisager la multiplication rapide des constructions d’équipements culturels, et que celles-ci n’étaient destinées qu’aux villes des échelons supérieurs de la hiérarchie urbaine, beaucoup de cités entre 10 000 et 50 000 habitants édifièrent des équipements mixtes, destinés, à la fois, à accueillir les jeunes et à servir de salles de spectacles modernes, même de petite taille. Beaucoup furent dénommés MJC-Centre culturel, à l’instar de celle de Châtellerault, (28 000 habitants) dans la Vienne.

  • 68 AM Châtellerault II b 26 et entretiens avec Mme Losson et Mme Jouanny.

42Une première tentative pour fonder une MJC dans cette ville avait eu lieu à l’initiative de la municipalité en 1960, qui avait réuni les corps constitués de la cité : associations, prêtres, monde scolaire, etc. Une association avait même été déclarée en préfecture, mais en vain, les associations tenaient trop à leur indépendance pour se réunir véritablement dans une structure commune. L’association ne commença donc à fonctionner, et sur des bases différentes, qu’en 1967, dans la perspective de l’ouverture d’un équipement MJC-Centre culturel, financé dans le cadre de la seconde loi-programme68. Il était situé située entre le centre-ville et le grand ensemble de la Plaine d’Ozon et avait vocation, avec la piscine qui lui faisait face, à relier le quartier neuf et la ville ancienne. Équipé d’une salle de spectacles d’une taille relativement modeste (200 places), il n’en constituait pas moins un progrès très notable pour cette commune, où l’absence de salle moderne se faisait sentir : le vieux théâtre de la fin du xixe siècle, intégré à l’hôtel de ville, était devenu trop vétuste. Grâce au plan d’équipement, la Ville put donc financer un bâtiment polyvalent, susceptible de servir à la fois de Maison de jeunes et de Centre culturel, ainsi que l’indiquait son nom de baptême. La nécessité de prévoir, dès l’ouverture, la présence d’un professionnel compétent facilita les contacts avec la FFMJC. Le principe d’une gestion associative de l’équipement, en collaboration avec la municipalité convenait aux élus, qui réalisèrent en partie leur projet d’intégrer les associations culturelles à la vie de l’équipement. Le bâtiment ouvrit ses portes à l’automne 1967, avec un public très majoritaire d’adolescents venus pratiquer des activités classiques de MJC. La présence de la salle de spectacle permettait, au moins les jours de « manifestations », un élargissement de son public, bien au-delà de cette catégorie.

  • 69 Où la MJC-Théâtre était intégrée à un vaste ensemble polyvalent (FJT, restaurant).

43On pouvait retrouver à la fin de la décennie des situations identiques à Rodez, avec un très vaste équipement, Millau, Manosque, Privas, Montélimar, Lons-le-Saunier, Sedan, Lisieux, La Baule, ou encore à Colombes en région parisienne69.

Conclusion

  • 70 Titre de la première partie de Implanter, construire, aménager, financer les MJC, HS de Équipement (...)
  • 71 Beaucoup des villes concernées étaient membres de la FNCCC, affiliation qui n’avait pas beaucoup d (...)

44« Des idées aux actes : de l’éducation populaire aux équipements » titrait l’ouvrage de référence sur les équipements publié par la FFMJC70. Le rêve de disposer de bâtiments spécifiquement conçus pour les activités d’éducation populaire et de loisirs était en passe d’être réalisé. Les situations étaient très diverses, selon les villes et les quartiers : beaucoup d’associations étaient installées dans des locaux de fortune, ou encore des équipements mal conçus, mais désormais les MJC faisaient partie du paysage. La situation de la fin de la décennie n’avait plus rien de commun avec celle de 1959. Grâce aux deux lois-programmes d’équipement socio-culturel (1961-65) et (1966-70), un important effort d’équipement était réalisé ou en cours de réalisation. Il fut doublé par les initiatives que les municipalités prenaient en complément des lois qui ne suffisaient pas pour faire face à la demande de locaux spécialisés. Sans doute des critiques s’élevaient-elles pour dénoncer « le luxe » de certains équipements, ainsi que la trop grande importance accordée par la FFMJC aux vastes équipements culturels polyvalents. François Missoffe avait relayé ces critiques et proposé les Mille-clubs difficilement élaborés. Mais au moment où les Maisons des jeunes et de la culture étaient l’objet d’une mise en cause officielle, des associations MJC se voyaient confier des bâtiments de plus en plus vastes et de plus en plus polyvalents, surtout dans les villes moyennes. Les maîtres d’ouvrage, pour l’essentiel les communes, trouvaient dans la formule MJC, la solution qui leur permettait de disposer d’un directeur gestionnaire d’un équipement. Les statuts MJC permettaient, de plus, d’intégrer les diverses composantes de la société locale. Par certains aspects, les MJC étaient donc en train de réaliser le projet de centre culturel porté par la FNCCC (Fédération des centres culturels communaux) à la fin de la décennie71. La dynamique locale l’emportait sur les blocages nationaux.

Notes

1 Jean-Pierre Augustin, « La mise en équipements et les difficultés de fonctionnement des foyers et Maisons de jeunes : l’exemple de l’agglomération bordelaise (1963-1977) », in Geneviève Poujol (dir.), Éducation populaire : le tournant des années 70, L’Harmattan, 2000, p. 59-79.

2 Clichy, Villeurbanne.

3 « Manifeste de Peuple et Culture », extraits présentés in Yves Palazzeschi, Introduction à une sociologie de la formation, anthologie de textes français 1944-1994, vol. 2, L’Harmattan, 1998, p. 33-40.

4 Selon François Fourquet et Lion Murard, Les équipements du pouvoir, Recherches, UGE, 1976, 318 p., p. 238 (note 11), c’est dans l’introduction célèbre du IVe Plan que figurait, pour la première fois, la notion d’équipement collectif.

5 Guy Saez, « Modernisation politique et culturelle, équipements et animation », in Geneviève Poujol (dir.), L’Éducation populaire au tournant des années 60 : État, mouvements, sciences sociales, INJEP, Marly-le-Roi, 1993, p. 22-23. L’auteur précise que, si la notion d’équipement était présente dès l’origine du Plan, elle n’était pas référée à l’espace jusqu’au IVe Plan.

6 Plans quinquennaux d’expansion 1950 et 1955, AFF.

7 Sur Cathe Descroix, notice in DBMPEAC p. 116.

8 Notices in DBMEPAC p. 236, 244 et 383. André Lefèvre, « Vieux Castor », fut commissaire national des Éclaireurs de France de 1922 à 1940. Marthe Levasseur est plus connue sous son totem de « Mère Louve ».

9 Nous renvoyons à l’ouvrage de souvenirs de son principal animateur, de 1948 à sa fermeture : Georges Bilbille, Une histoire de théâtre du côté de Mouffetard, Éditions Alzieu, Grenoble, 2003, 473 p.

10 Ibid.

11 Guy Madiot (1918-1981). Voir sa notice par Jean Planchais in DBMEPAC.

12 Pas à pas, n° 90, janv. 1959, p. 12.

13 Un des grands pasteurs pédagogues de la fin du xviiie siècle, qui sur le territoire du Ban-de-la-Roche entreprit l’amélioration du sort des habitants et une expérience « scolaire », les poêles à tricot, pour la petite enfance. Cette expérience était inspirée par Rousseau et Pestalozzi.

14 Pas à pas, n° 100, déc. 1959, p. 5.

15 Annuaire de la FFMJC, 1968, p. 5.

16 Exemple : Rapport moral AG Colmar, mai 1959, p. 10.

17 Il faudrait aussi prendre en compte la personnalité du rédacteur de ces rapports, certes approuvés par l’AG : Raymond Berrurier, maire indépendant du Mesnil-Saint-Denis (78), ancien membre du conseil général de Seine-et-Oise sous Vichy, fondateur d’une MJ à la même époque, blanchi à la Libération et intégré en 1950 au CA fédéral pour le rééquilibrer politiquement face à l’extrême gauche.

18 Gilbert Cesbron « Vivre ensemble » exposé lors de journées d’études des Scouts de France en 1962, reproduit in Aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, Hors-série de Pas à Pas, juin 1962, p. 36-39.

19 Cette commission regroupa des représentants de différents ministères et d’organismes du secteur, dont la FFMJC. Compte-rendu sous le titre « Le domaine socio-culturel », in Implanter, construire, aménager, financer les MJC, HS de Équipement pour la jeunesse, les sports, les loisirs, mars 1966, p. 53-61.

20 Entretien avec Simon Barathieu et Bernard Roudet, « Une politique de jeunesse à l’aune de la citoyenneté : Grenoble années soixante-dix », in Geneviève Poujol (dir.) Éducation populaire : le tournant des années soixante-dix, L’Harmattan, 2000, p. 175.

21 La conseillère technique de l’UNCAF pour les centres sociaux écrivait que les centres sociaux orientés vers le développement communautaire étaient une minorité en 1966. Implanter, construire…, op. cit., p. 110.

22 Implanter, construire…, op. cit., p. 59-60.

23 Robert Durand, Histoire des centres sociaux…, op. cit., p. 48-52.

24 Jacques Ion, La fin des militants, Les Éditions de l’Atelier, 1997, p. 42-43.

25 Étienne Fouilloux, « La crise des mouvements confessionnels », in Geneviève Poujol (dir.), L’Éducation populaire au tournant des années 60…, op. cit., p. 83-100. Voir aussi Gérard Cholvy, Histoire des organisations et mouvements de jeunesse chrétiens en France, Le Cerf, 1999, 419 p.

26 C’est l’hypothèse d’Antoine Prost in L’école et la famille dans une société en mutation, t. IV de L’histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, sous la direction de Louis-Henri Parias, Victor Lebas, 1981-1982, p. 503 et sq.

27 Nous résumons les étapes de l’étude de milieu-type présentée in Henri Théry, Madeleine Garrigou-Lagrange, Équiper et animer la vie sociale, Éditions du Centurion, 1966, p. 97-103.

28 À propos de la rhétorique marxiste à la JEC ou à la JAC, Étienne Fouilloux, « La crise… », op. cit., p. 90-91.

29 Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Comité d’histoire du ministère de la Culture, la Documentation française, 1996, p. 176.

30 Jacques Joly, Formes urbaines et pouvoir local : le cas de Grenoble des années 60 et 70, PU du Mirail, Toulouse, 1995, p. 207.

31 Les MJC de la ville de Paris repoussées à la périphérie, faute d’espace disponible, comptent parmi les rares exemples de constructions en hauteur : la tour du CISP Maurice Ravel dans le 12e arrondissement ou pour une des rares MJC centrales, la MJC Mercoeur (11e arrondissement).

32 Préface de Robert Brichet in Implanter, construire…, op. cit., p. 33.

33 Éléments intéressants dans Guy Saez, Gérer l’ingérable : les contradictions de l’animation culturelle, rapport de recherche IAR-CERAT, Grenoble, ronéo, 1978, p. 31.

34 Émile Biasini, Action culturelle, an I, cité par Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Comité d’histoire du ministère de la Culture, la Documentation française, 1996, p. 96.

35 Histoire de la MJC de Savigny-sur-Orge (http ://mjc91600.free.fr/) et entretien avec Sylvie et Juan Cadrecha.

36 Rapport moral FFMJC 1964 (pour 1963).

37 Pierre Casamayou avait été l’initiateur de la MJC et de cette construction.

38 « Une expérience à suivre », Pas à pas, n° 172, janv. 1967, p. 44-46.

39 « Castres : sur les traces de Jean-Louis Étienne », Le Point, n° 1617, 12 sept. 2003, p. 312.

40 COTRAVAUX : organisme de cogestion pour le travail volontaire des jeunes fondé en 1959.

41 André Jager cite les propos du secrétaire d’État Joseph Comiti devant une assemblée de maires ruraux en Seine-et-Marne en mars 1971 : l’opération était de son propre aveu un échec. Entretien.

42 Edouard Colin : « Pour ou contre des locaux provisoires », in Implanter…, op. cit., p. 148.

43 Plan d’aménagement de la MJC de Croix, arch. de la FRMJC Nord-Pas-de-Calais et rapport de titularisation de X, arch. de la FRMJC Lorraine, Nancy.

44 Ibid.

45 La MJC de Croix fut aménagée en 1965 selon des plans différents de ceux prévus en 1961.

46 Les modalités des engagements contractuels des collectivités et de l’État furent fixées par des circulaires, en particulier, celle du 20/7/1962.

47 Voir les analyses d’André Jager, in Aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, HS de Pas à pas, 1961, p. 122-127.

48 Chef d’atelier de Le Corbusier, Il fit, en particulier, des conférences devant les élus fédéraux et les directeurs (AG de Paris en 1961) et congrès des directeurs en 1962 (voir « Un architecte vous parle », in Aménager, équiper…, op. cit., p. 21-25). Voir aussi page v du cahier iconographique.

49 Coloriste, il fut l’un des fondateurs, avec Michel Ragon du Groupe international d’architecture prospective en 1965.

50 Il dirigeait le service recherche des établissements Daum (cristal) à Nancy. Importante personnalité de la fédération et du monde culturel à Nancy, la MJC de Nancy-République prit son nom, à sa mort en 1973.

51 Pas à pas n° 55, juin 1955, n° 69 déc. 1956, et enfin le HS Aménager, équiper…, op. cit., juin 1962.

52 Implanter, construire…, op. cit.

53 André Philip, préface à Implanter, construire…, op. cit., p. 34.

54 André Jager, « Culture et architecture », in A rchitecture mouvement continuité 4, bulletin de la SADG n° 164, fév. 1968, p. 19. L’expression « architecture, forme silencieuse d’enseignement » était de Georges Mesmin, ancien directeur de l’équipement scolaire, universitaire et sportif. Ce même n° de la revue comportait p. 9-10, un article de Georges Bilbille « Propos d’un animateur » au sujet de l’équipement intégré de Yerres (Essonne).

55 Une commission de Peuple et Culture créée en 1959 portait ce titre. Voir Jean-François Chosson (dir.), Peuple et Culture 1945-1995, Peuple et Culture, 1995, p. 30-31.

56 « Pour une esthétique de la vie quotidienne » aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, Hors-série de Pas à Pas, juin 1962, p. 69 et sq.

57 Ibid. p. 67-73 et surtout « Pour une politique esthétique des MJC » (interview de Georges Patrix), in Implanter, construire…, op. cit., p. 127-129, et entretien avec André Jager.

58 André Jager estime que les conseils ne furent suivis que dans une minorité de cas. Texte aimablement rédigé à propos de l’action du service architecture par André Jager.

59 « Esquisse d’un portrait-robot de MJC » (André Jager), Pas à pas, nouvelle série, n° 1, mars 1969, p. 12-15.

60 Il faut toutefois tenir compte du fait que ce sondage fut commandé par le ministère de la Jeunesse et des Sports dans le cadre du Livre blanc Missoffe et que le terme de club avait été choisi à dessein. Sondage IFOP 1966, cité par Anne-Marie Sohn, Âge tendre et tête de bois, histoire des jeunes des années 1960, Hachette, 2001, p. 107 et 391.

61 « Esquisse d’un portrait… », op. cit. André Jager reprenait, pour la dénoncer, l’accusation portée à l’encontre des MJC par des responsables des mouvements de jeunesse et reprise en particulier dans Henri Théry, Madeleine Garrigou-Lagrange, Équiper et animer…, op. cit.

62 Entretien avec Jean-Pierre Corvol et AM Orléans 5 R 49.

63 Brochure « Comment créer une MJC » édit. 1956, p. 3.

64 Brochure « Comment créer une MJC » édit. 1960, p. 4.

65 En 1967, 42 Maisons possédaient un CIS et 32 un restaurant, mais pour au moins un tiers d’entre elles, il s’agissait d’une existence assez théorique.

66 Le protocole remontait au 24/5/1947, CAC 19790592/1.

67 Implanter, construire…, op. cit., p. 186-199.

68 AM Châtellerault II b 26 et entretiens avec Mme Losson et Mme Jouanny.

69 Où la MJC-Théâtre était intégrée à un vaste ensemble polyvalent (FJT, restaurant).

70 Titre de la première partie de Implanter, construire, aménager, financer les MJC, HS de Équipement pour la jeunesse, les sports, les loisirs, op. cit.

71 Beaucoup des villes concernées étaient membres de la FNCCC, affiliation qui n’avait pas beaucoup de conséquences pratiques. C’était par exemple le cas à Châtellerault. Sur la FNCCC, voir supra chapitre 2, p. 57.

Table des illustrations

Titre Tableau 4. – Répartition des différentes zones au sein d’une MJC : principales oppositions.
Légende Ce tableau s’inspire de différentes publications de la FFMJC, en particulier des indications qui figurent à la fin de Aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, hors-série de Pas à Pas, juin 1962.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/4082/img-1.png
Fichier image/png, 11k
Titre Figure 1. – Schéma-type d’une MJC (plan et coupe).
Légende Source : Aménager, équiper, construire pour les jeunes… et les autres, hors-série de Pas à Pas, juin 1962.
URL http://books.openedition.org/pur/docannexe/image/4082/img-2.png
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© Presses universitaires de Rennes, 2008

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