1 G. Wood, La Création de la République américaine, p. 468-474. Ces conventions ou sociétés spontanées se dressaient contre les assemblées législatives des États et les lois injustes. Ainsi la rébellion de Shays découle-t-elle d’un mécontentement des fermiers quant aux lois votées. Sur les autres désordres et la tentation terroriste des classes populaires, S. Wilentz, op. cit., p. 25-31.
2 Les vrais précurseurs sont bien sûr les levellers ou les diggers britanniques des années 1650. Sur les États-Unis, l’excellente introduction de Ph. Foner, The Democratic-Republican Societies, 1790-1800, Greenwoord Press, 1976, p. 3-40. Sur les Pays-Bas, W. Frijhoff, “Popular Culture and Revolution in the Netherlands. A political and cultural issue”, VB. Volkskundig Bulletin, I, 1991, p. 1-14. N. van Sas, De Metamorfose van Nederland, p. 175-194.
3 Notamment lors de la chute des Girondins, exigée par les sections de Paris. Sur la société par excellence que fut celle des Jacobins, M. Genty, L’apprentissage de la citoyenneté. Paris, 1789-1795, Éditions sociales, 1987 et L. Jaume, Le Discours jacobin de la démocratie, Fayard, 1989.
4 Ces sociétés seront à la base des premiers partis politiques, cf. N.E. Cunningham jr., The Jeffersonian Republicans. The Formation of Party Organization 1798-1901, Chapel Hill, 1958, p. 63-65.
5 De Democraten, n° 7, 4 août 1796, p. 49-53. Et De Wit, op. cit., p. 123.
6 S. Schama, op. cit., p. 245-270. Sur la Frise où la situation est inverse à celle de la Hollande, J. Kuiper, op. cit. et sur l’Overijssel, P. Geyl, op. cit. On trouvera plus de détails sur les actions populaires dans mon Working Paper (imparfait mais accessible sur http://www.europesestudies.nl)
7 Questionnement auquel on répondra dans la conclusion pour des raisons évidentes. Cette équivalence entre radicalisme et jacobinisme est surtout d’origine française. On la retrouvera chez J. Godechot, La Grande Nation, op. cit., et chez M. Vovelle, Les Jacobins. De Robespierre à Chevènement, La Découverte, 1999. Mais le fait est qu’inversement persiste aujourd’hui encore aux Pays-Bas le mythe d’une modération innée des Néerlandais.
8 Pour l’histoire d’Amsterdam sous ses aspects divers, la belle série dirigée par W. Frijhoff et M. Prak, Geschiedenis van Amsterdam, zelfbewuste stadstaat (1650-1813), II, 2, Amsterdam, 2005. Notamment les contributions de M. Prak, de M. Hell et de Th. Poell. Voir aussi Th. Poell, The Democratic Paradox, op. cit. Et l’article de fonds de J.C. Breen, “De Regeering van Amsterdam gedurende de Franse tijd”, Jaarboek Amstellodamum, n° 12, 1913, p. 1-130.
9 D. Kraakman, “De volkssociëteiten in de Bataafse Revolutie”, Skript, 2, 1980, p. 16-26. T. Jorissen, De patriotten te Amsterdam in 1794, Amsterdam, 1875. B. Resink et J. Verhoeven, “De Amsterdamse wijkvergaderingen in de eerste jaren der Bataafse revolutie”, Amstellodamum, 2, 1995, p. 35.
10 Resink et Verhoeven, op. cit., p. 37. Breen, op. cit., p. 47-62. Elles refusent par exemple de reconnaître les candidats portés sur la double liste des élections de décembre 1795-janvier 1796 ou bien elles exigent en 1797 la destitution de J. van Staphorst, parce qu’il aurait voulu réengager trois orangistes.
11 De Democraten, n° 84, 21 décembre 1797, p. 14-18. Dans son numéro 48 du 6 avril précédent, il incriminait déjà la municipalité d’Amsterdam.
12 H. de Lange le conteste, mais sans apporter d’arguments décisifs. H. de Lange, “De politieke actie van een bewuste publieke opinie”, De Gids, 1971, n° 134, p. 505-515. C’est pourtant ce qu’affirme Fijnje dans le mémoire cité plus haut. De même, De Lange ne voit pas de différences entre démocrates élitistes et démocrates populaires. Sur les Amis de la Liberté, Lenersan dans une lettre au Directoire exécutif, publiée par Valckenaer, De Advocaat van de nationale vrijheid, n° 17, mars 1796. Il y avait aussi des Néerlandais dans cette société. Dirk Sweers en faisait partie (GAA, 5053, 237, p. 463-464).
13 De Democraten, n° 7, août 1796. 14.
14 D. Kraakman, op. cit., p. 22. Il s’agit d’un texte d’une société de Rotterdam.
15 Schama, op. cit., p. 233-234. M.G. de Boer, “Het Amsterdamsche Stadsbestuur in moeilijkheden”, Tijdschrift Voor Geschiedenis, 46, 1931, p. 17. Th. Poell, op. cit., p. 91-94.
16 De Democraten, n° 7, 4 août 1796 et n° 67, du 17 août 1797. Dans son journal De Republikein, Konijnenburg ne dit pas autre chose : il se plaint de l’indifférence des patriotes véritables et du danger que présentent les « têtes chaudes », I, n° 21, p. 179-190.
17 Van Ollefen, polygraphe et féministe à ses heures, publiait donc le Nationaale Bataafsche Courant, mais devra modifier plusieurs fois les titres de son journal, qui défend constamment un point de vue populaire. Voir plus loin. Gogel et Ockerse s’en prennent à lui. Le texte du 17 août 1797 cité ici est une réponse au journal de Van Ollefen du 7 août précédent.
18 Cité par De Boer, op. cit., p. 17. Jusqu’en 1800 vont subsister les émotions populaires et les troubles. GAA, 5061, 542. Sur les problèmes après 1806, voir J. Joor, De Adelaar en het Lam.
19 Nos données proviennent des Archives de la municipalité d’Amsterdam. Procès-verbaux du Comité de Surveillance générale, GAA, 5061, 973-976 pour les années 1795-1798.
20 Sur la communauté juive d’Amsterdam et le démocrate Lemon, S. Bloemgarten, Hartog de Hartog Lemon. Joodse revolutionair in Franse Tijd, Amsterdam, 2007.
21 Tout au long de l’année 1795, des rumeurs terrorisent la population sur l’arrivée imminente des Prussiens.
22 En décembre 1795, Valckenaer dévoile dans son journal les clauses du traité, mais n’en continue pas moins de brandir la menace de guerre. Advocaat der nationale vrijheid, n° 3 et 4, p. 24-29.
23 Le Domkop (Le Sot), feuille populaire, imagine un dialogue entre un régent et un patriote. Le premier invoque la décision des États Généraux de ne pas les arrêter, « à condition que nous signions pour les Français la somme de cent millions de florins », n° 109, p. 332. Sur la crainte du complot en Amérique, G. Wood, “Conspiracy and the Paranoid Style : Causality and Deceit in the 18th Century”. William & Mary Quarterly, 39, 1982, p. 401 ff.
24 De Wit, op. cit., p. 125-126. Breen, op. cit., p. 22-30.
25 De Wit, op. cit., p. 128. La lettre est du 14 octobre 1795. Un autre litige entre les autorités concernait le serment que voulait faire prêter les États provinciaux de Hollande à la ville d’Amsterdam, qui s’y refusait. Cela a mené à l’arrestation provisoire de Schimmelpenninck, notamment. Th. Poell, op. cit., p. 73-75.
26 À plusieurs reprises, assemblées de quartier et clubs collaborent et affichent les mêmes déterminations. Le bureau central des clubs avait du reste fait appel à l’Assemblée générale pour une action en commun, ce qui eut lieu à plusieurs reprises. GAA, 5053, 973, p. 162ff ; 974, p. 244 ff et p. 264. Le journal de Konijnenburg les y invite par ailleurs (De Republikein, n° 21, p. 179-190).
27 GAA, 5053, 973, p. 41-75.
28 Les canonniers composaient le corps d’artillerie de la garde nationale non soldée.
29 De Boer, op. cit., p. 1-27 et GAA, 5053, vol. 974, p. 264-280.
30 GAA, 5053, 139, p. 86 ff. De Domkop, n° 122, p. 173, du 16 février 1796.
31 Sur la révolte des canonniers, H. Italie, “De oproerige bewegingen der kanonniers te Amsterdam in 1796”, Oud-Holland, 1901, p. 16-58. Sur le peuple et la politique, C. Lucas, “Crowd and Politics”, The Political Culture of the French Revolution, Pergamon Press, 1988, p. 259-285.
32 GAA, 5061, film 7702, 7 juin 1796 (interrogatoires des canonniers).
33 GAA, 5053, 974. Les journaux populaires serinent cela à longueur de pages. Voir plus loin.
34 La Municipalité attendait que le commandant De Wilde donne des ordres et intervienne. Or, celui-ci laisse faire.
35 GAA, 5061, microfilm 7702, s.p., en date des 7, 8, 9 et 10 juin. Lors de son interrogatoire, le colonel Koopman avoue qu’il a été obligé par l’assemblée des clubs bataves d’écrire la lettre. Il admet aussi que des clubistes étaient avec les canonniers.
36 Domkop, n° 118, p. 138 et n° 121, p. 141. C’est nous qui soulignons. L’auteur du journal (Le Sot, en français) était Jan Verlem. Lui-même avait été condamné à six ans de prison pour avoir diffusé un livre interdit sur Guillaume V. En vérité, il en fera deux ans et dix mois.
37 GAA, 5061, 542. Interrogatoire de Christiaan Boon, 13 septembre 1799. Notons la prédilection de cette presse populaire pour la dérision : Le Sot, Le Bavard, Le Bourgeois et le Paysan, Le Batave et le Paysan, L’éclair politique, La Mouche constitutionnelle… Notons aussi le silence quasi-général des historiens sur cette presse populaire. Seule Myriam Everard s’y intéresse, mais dans une perspective féministe. Les journaux mentionnés ici paraissent pour la plupart à Amsterdam, mais chaque ville a les siens.
38 GAA, 5061, 542 ; 5061, 640A ; et les microfilms 7702 et 7703. Que la publication se poursuive n’est pas pour surprendre : soit Jan Bruijn rédige de sa prison ; soit c’est sa femme qui prend la relève. Il semblerait même qu’un troisième larron ait été impliqué.
39 Sur M. van Kolm, éditeur entre autres du Babbelaar, M. Everard, “In en om de Nieuwe Bataafsche Vrouwe Courant”, op. cit., p. 69.
40 Sur ces péripéties, GAA, 5053, 976. Voir aussi l’excellent article de I. van Manen et K. Vermeulen, “Het lagere volk van Amsterdam in de strijd tussen patriotten en oranjegezinden, 1780-1800”, Tijdschrift Voor Sociale Geschiedenis, 21, 1981, p. 16.
41 Notons la présence active des femmes dans ce journalisme ultra-révolutionnaire – Le Bataafs en Boer (Le Batave et le Paysan) est aussi publié par une femme, Johanna Sophia Duval et le journal où publie Van Haren est entre les mains de Marie Bos. M. Everard, « De burgeres, geschiedenis van een politiek begrip », in J. Kloek et K. Tilmans, Burger. Een geschiedenis van het begrip ‘burger’ van de Middeleeuwen tot de 21ste eeuw, Amsterdam, 2002, p. 198-199.
42 On retrouve donc ici ce qui caractérise la Révolution française : des partis proches qui en viennent à s’entredéchirer, à la différence près que les haines politiques bataves ne sont pas irréversibles.
43 En juin 1797, des pétitions encore plus importantes réclamaient un procès militaire pour De Wilde et l’introduction de mesures révolutionnaires. De même, la société Cordaat dog Bedaard avait déjà un ton qui faisait « frémir » les autorités. GAA, 5053, 141, p. 245-249 et 139, p. 145. Bijlagen, p. 245-249.
44 GAA, 5061, 541, 14 décembre 1797.
45 Pour le règlement électoral d’octobre 1796, un peu plus de 8 000 citoyens avaient pris la peine de s’exprimer. Quant aux propositions municipales portées au suffrage des assemblées primaires, elles attiraient entre 3 000 et 5 000 citoyens. Sur ces chiffres, Breen, op. cit., p. 32-68 et GAA, 5053, 235 et 237. Si l’on en croit les conditions de suffrage, à Amsterdam, 25 000 citoyens auraient dû pouvoir voter. Du reste, les Nieuwe Nederlandsche Jaarboeken du second semestre 1798 mentionnent 22 717 citoyens actifs inscrits sur les registres amstellodamois, ce qui ferait 11,3 % des habitants et entrerait mieux dans la moyenne. À Utrecht, 7 % des habitants votaient contre 12,7 % à Dordrecht. R. de Bruin, « Democratie in Utrecht, 1795-1798 », T.v.G, n° 3, 1979, p. 385-390.
46 GAA, 5053, 235, p. 89-90 et p. 131-137 ; GAA, 5053, 976, p. 1009. Jaarboek der Bataafsche Republiek, 1798, XII, p. 168-170.
47 Les agents sont Lucas Butot et Anthonie Boeseken. Sur leurs manœuvres, De Gou, 1798, II, p. 439-446 ; GS, II, p. 771 et p. 805-807.
48 Dès mars 1795, les écrits orangistes étaient passibles de poursuites. Le 22 mai 1798, une proclamation annonçait des sanctions contre les abus de la presse ; début juin mêmes menaces. Le 19 juillet suivant, une loi proclame de nouvelles peines contre quiconque critiquerait le gouvernement. A.H. Hussen jr, “Freedom of the Press and Censorship in Nederland”, in A.C. Duke et C.A. Tamse, Too Mighty to be free. Censorship and the Press in Britain and in the Netherlands, Walburg Press, 1987, p. 107-126.
49 M. Everard, “In en Om de (Nieuwe) Bataafsche Vrouwe Courant”, op. cit., p. 78. Schama, op. cit., p. 340.
50 Typique est ici encore le fait que les noms invoqués sont tous ceux d’Amstellodamois : Nobbe, le maire ; De Wilde, le commandant patriote ; Bax le nouveau commandant radical. Au château de Muiden avaient été internés les municipaux radicaux. GS, II, p. 807.
51 Sur cette loi, voir l’introduction du chapitre III. Sur les 40 000 signatures, Lestevenon à Valckenaer le 31 juillet 1798, GS, II, p. 452. NNJB, 1798, II, p. 534-538.
52 On peut suivre cette affaire dans les procès-verbaux du Conseil municipal – GAA, 5053, 347, p. 97-98 et p. 201-205. Les deux meneurs sont Philip Gerbrands et Jan de Vries. Sur les réactions françaises, AE, vol. 599, lettre du 23 thermidor an VI. La sentence est jugée à Paris « digne de la Sainte Inquisition », Journal des hommes libres, fructidor an VI, p. 170.
53 L’usage voulait en effet que les pétitions se fassent selon un modèle préconçu et des formules fixes. De là le scandale causé par le ton inédit adopté par les insurgés. H. van Nierop, « Participation du peuple aux activités politiques en République hollandaise », p. 374-381, in Peter Blickle, Résistance, représentation et communauté, PUF, 1998. GAA, 5053, 347, p. 201-205.
54 N.A. 2.01.12.221, rapports de police intérieure. Le général Brune passait pour jacobin et venait de soutenir les radicaux italiens.
55 GS. III, p. 38. Voir aussi Schama, op. cit., p. 394-399.
56 G.D. Homan, “The Staatsbewind and the Freedom of the Press”, TvG, n° 1, 1976, p. 12-27.
57 Sur la France, J.A. Miller, Mastering the Market, Cambridge, 1999, p. 116-195.
58 Dès les débuts, ce sont les élites révolutionnaires qui prononcent ces termes pour bien vite les abandonner.
59 Sur ces définitions, Claude Mazauric, article « jacobinisme », in Dictionnaire historique de la Révolution française, PUF, 1989, p. 585-592.
60 P. Gueniffey, La Politique de la Terreur. Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard, 2000, p. 217 et p. 223. Sur les mesures rapportées par les directeurs, GAA, 5053, 235, p. 376 et Authentique bijlagen tot de gebeurtenissen van den 12 juni 1798, Leyde, 1798
61 Sur Gogel, GS, II, p. 759-763. À partir du 14 mai 1798, un désaccord sérieux oppose le ministre des Finances à la municipalité d’Amsterdam. GAA, 5053, 237, p. 47 et p. 54-55 et idem, 337, p. 41-42. Pour une plus ample explication, Jaarboek der Bataafsche Republiek, 1798, XIII, p. 43-44.
62 Johanna van Haren, citée par M. Everard, « Burgeres », op. cit., p. 105 et p. 200.
63 Notons toutefois la démarche des insurgés d’août 1798, qui démontre que La Haye est vue du moins comme l’arbitre entre le peuple et sa municipalité.
