1 Les études sur la période se concentrent le plus souvent sur un pays, ce qui ne permet pas d'entrevoir l'ampleur du malaise. Malaise dû pour une grande part à l'accroissement des richesses – privées. Qui dit richesses, dit dépenses, mais aussi corruption. Le débat sur le luxe du xviiie siècle porte également sur la corruption et sur l'accumulation des richesses par certains, alors qu'elles devraient revenir à l'État, ce qui réactualise le concept de vertu civique. R. Galliani, Rousseau, le luxe et l'idéologie nobiliaire, Oxford, 1989.
2 Depuis la Renaissance, jamais n'avait été à ce point réactualisée la notion. Ce qui ne veut pas dire que le concept soit constamment utilisé, ni qu'il ait toujours le même sens. L'évolution est non linéaire, comme le rappelle à juste titre Peter Campbell, "The Language of Patriotism in France, 1750-1770", e-France, vol. 1, 2007. Voir aussi l'excellent article de D. Bell, "The Unbearable Lightness of Being French : Law, Republicanism and National Identity at the End of the Old Regime", The American Historical Review, n° 4, 2001, p. 1215-1235.
3 Toute l'œuvre politique de Rousseau combat cette évolution, perçue comme néfaste aux peuples, qui en subissent les inconvénients. Voir le Contrat social ; le Projet pour la Corse et les Considérations sur le gouvernement de Pologne. Face à lui, Voltaire est plus confiant et y voit un progrès pour la civilisation. Il marche sur les traces de Mandeville.
4 W. Doyle, La Vénalité, PUF, 2000. Doyle note la vente de 500 à 700 offices par an, entre 1725 et 1789. Voir aussi J.-M. Smith, Nobility reimagined. The Patriotic Nation in Eighteenth Century France, Ithaca, 2005, p. 106-185. J. Félix, Louis XVI et Marie-Antoinette. Un couple en politique, Payot, 2006.
5 On sait qu'une des critiques du continent à l'endroit des Britanniques, c'est que chez eux, tout s'achète, même les hommes (allusion aux mercenaires). Cf. Napoléon, le monde et les Anglais, (éd. J.-P. Bertaud, A. Forrest et A. Jourdan), Autrement, 2004.
6 Cf. l'article bien connu de J. Pocock, "The Machiavellian Moment revisited", Journal of Modern History, 53, 1981, p. 47-72. Rappelons aussi que les physiocrates chantaient cela sur tous les tons.
7 M. Hart, J. Jonker et J. L. van Zanten, A financial History of the Netherlands, Cambridge, 1997, p. 58-61. Sur la vertu et la patrie, J.-M. Smith, op. cit., p. 60-62 et p. 106.
8 Parce que la France n'est pas envahie, certains historiens français parlent des longues périodes de paix du xviiie et semblent oublier que durant le siècle se succèdent à l'inverse de vastes conflits : guerre de succession de Pologne, guerre de succession d'Autriche, guerre de Sept ans, guerre d'Amérique, sans parler des guerres ottomanes ou russo-turques. En Europe, c'est la guerre de succession d'Autriche qui au xviiie a causé le plus d'angoisses. La prise et la mise à sac de Berg-op-Zoom en 1747 ont ainsi réveillé les traumatismes de 1672 et ranimé la francophobie des Hollandais. En témoigne la parution de nouvelles Tyrannies françaises, manuels populaires qui content, images à l'appui, les cruautés inhumaines des soldats français. La guerre de Sept ans a accentué l'antagonisme franco-britannique et aiguisé (pour un temps du moins) les haines réciproques. E. Dziembowski, Un nouveau patriotisme français, 1750-1770. La France face à la puissance anglaise à l'époque de la guerre de Sept Ans, SVEC, 365, Oxford, 1998.
9 Sur les Provinces-Unies, leur malaise et leur francophobie, A. Jourdan, « L'image du Français aux Pays-Bas : d'un tyran à l'autre », in George Sand lue à l'étranger. Recherches nouvelles 3, Amsterdam, 1995, p. 100-112. Jay Smith et David Bell constatent un malaise identique en France ; Linda Colley une évolution similaire en Grande-Bretagne ; Oliver Zimmer en Suisse et J. Leerssen en Allemagne. En Italie, S. Woolf note aussi l'effervescence des sociétés patriotes. S. Woolf, A History of Italy. The Social Constraints of Political Change, Londres, 1979, p. 149-151 et p. 103. J. Leerssen, National Thought in Europe. A cultural history, Amsterdam, 2006.
10 J.-M. Smith, op. cit., p. 49-52 et p. 64.
11 Notons à titre d'exemple, la haine du peuple contre les fermes et les fermiers généraux sous la Révolution. Les fermes sont brûlées dès 1789 et les fermiers généraux guillotinés sous la Terreur, en tant que symboles d'oppression et de corruption. Sur les gens de finance, voir aussi W. Doyle, op. cit., p. 85-88.
12 S. Maza, The Myth of the French Bourgeoisie, Cambridge Mss & Londres, 2003, p. 41-61 et p. 67. Le terme de « capitaliste » est employé dès cette époque pour désigner ceux qui investissent leur argent dans des fonds étrangers. Sur la vertu au xviiie, M. Linton, The Politics of Virtue in Enlightenment France, Palgrave, 2001.
13 Cité par J.-M. Smith, op. cit., p. 60-64. Et l'on sait que d'Argenson a inspiré Rousseau, qui le cite dans le Contrat social.
14 On les retrouvera dans les Lettres écrites de la montagne, Œuvres complètes, III, p. 875-876. Dans ce fragment, paradoxalement, Rousseau est plutôt positif quant au gouvernement de l'Angleterre et incrimine en particulier Genève.
15 À l'issue de la guerre de Sept ans, l'Amérique se voit au contraire à l'orée d'une ère lumineuse. Jeune peuple, non corrompu, où règnent encore les valeurs républicaines, tombées en décadence dans le Old World, l'Amérique serait prédestinée à prendre la relève et à porter très haut la civilisation. J.-J. Ellis, After the Revolution. Profiles of Early American Culture, New York & Londres, 1979, p. 3-21.
16 Rollin réactualise dès 1719 les Bourgeois de Calais. J.-M. Smith, op. cit., p. 54-55.
17 Sur ce glissement, D. Bell, op. cit., p. 68. M. Foucault dans un cours récemment publié propose une belle analyse de ce processus et des réactions qu'il provoque auprès de la noblesse, qui va inventer une histoire, à la source de la guerre des races du xixe siècle. Le combat se fait alors contre l'Etat, incarné par le roi et ses ministres, M. Foucault, Il faut défendre la société, Paris, 1997, p. 37 et p. 63-65.
18 Sur le concept de civilisation, R. Chartier, Lecteurs et lectures dans la France d'Ancien Régime, Seuil, 1987, p. 45-86. N. Elias, La civilisation des mœurs, Hachette 1973. Sur les (bonnes) mœurs, prônées tout particulièrement par les philosophes écossais, A. Broadie (ed.), The Cambridge Companion to the Scottish Enlightenment, Cambridge, 2003 et D. Winch, Adam Smith's Politics, Cambridge, 1978.
19 O. Zimmer, A Contested Nation. History, Memory and Nationalism in Switzerland, 1761-1891, Cambridge, 2003.
20 M. Viroli, For Love of Country. An Essay on Patriotism and Nationalism. Oxford, 1997, p. 95. J. Pocock, The Machiavellian Moment. Florentine Political Thought and the Atlantic Republican Tradition, Princeton, 1975.
21 A. Ferguson, An Essay on the History of Civil Society, ed. F. Oz-Salzberger, Cambridge, 1997. M. Linton met l'accent elle sur la vertu sociale – naturelle – opposée à ou complémentaire de la vertu civique, op. cit., p. 124-128.
22 L'influence des Ecossais est perceptible en Amérique où plusieurs Founding Fathers les ont eus pour professeurs ; dans les Provinces-Unies où, parfois ils avaient étudié et où leurs ouvrages ont été traduits en néerlandais, notamment par Johan Derk van der Capellen tot den Pol ; en Italie, où les philosophes ou juristes ont su combiner leur influence avec celles des Français et de leurs compatriotes. F. Venturi, "Scottish Echoes in Eighteenth Century Italy", in Wealth and Virtue. The Shaping of Political Economy in the Scottish Enlightenment, Cambridge, 1983, p. 345-362.
23 J.T. Kloppenberg, "The Virtues of Liberalism : Christianity, Republicanism and Ethics in Early American Political Discourse", The Journal of American History, 74, 1, 1987, p. 9-33. J.-C. Isaac, "Republicanism vs. Liberalism : A reconsideration", History of Political Thought, IX, 2, 1988, 349-377.
J.G.A. Pocock consent désormais à le reconnaître, "Between Gog and Amog : The Republican These and the Ideologia Americana", Journal of the History of Ideas, 48, 1987, p. 325-346.
24 Sur les Français et l'influence écossaise avant la Révolution, R. Whatmore, Republicanism and the French Revolution. An Intellectual History of Jean-Baptiste Say's political Economy, Oxford, 2000. C'est le cas de Sieyès avant même 1789, ainsi qu'en témoignent ses notes (AN 284 AP3). Voir aussi J. Livesey, Making Democracy in the French Revolution, Cambridge Mss. & Londres, 2001. Sur l'influence anglaise, notamment de Shaftesbury, M. Linton, op. cit., p. 69-79.
25 G. S. Wood, The American Revolution. A History, Londres, 2003, p. 10-16. Th. Draper, op. cit., p. 213-242.
26 E.P. Douglass, Rebels and Democrats. The Struggle for Equal Political Rights and Majority Rule during the American Revolution, North Carolina Press, 1955, p. 71-100.
27 I. McBride, "The Nation in the age of Revolutions", in Power and the Nation in European History, op. cit., p. 248-271.
28 L. Colley, Britons. Forging the Nation 1707-1837, Londres, 1992, p. 95-98. J. Leerssen, National Thought in Europe, p. 71-81. S. Woolf, History of Italy, op. cit., p. 149-151 ou p. 122-125.
29 A. Renaut, Histoire de la philosophie politique. Lumières et Romantisme, Calmann-Lévy, 1999, III, p. 237-252.
30 Rousseau en est tellement persuadé que dans son projet de constitution pour la Corse, il plaide en faveur de l'autarcie et d'une fermeture sur soi, digne d'un peuple vertueux. Car c'est ainsi qu'il perçoit les Corses. En France, deux opinions s'affrontent en vérité : celle de Rousseau pour qui le commerce est néfaste aux vertus d'un peuple et celle de Montesquieu en somme, pour qui le commerce peut mener à la paix universelle. La même chose vaut en Angleterre où Mandeville est le premier à défendre le luxe contre tous ceux qui le condamnent.
31 D. Masseau, Les Ennemis des philosophes, Albin Michel, 2000. D. van Kley, Les Origines religieuses de la Révolution française, Seuil, 2002. Voir aussi P. Campbell, Power and Politics in Old Regime France, Routledge, 1996. La querelle entre jansénistes et jésuites est elle-même source de politisation, comme le sont les projets de réforme de la monarchie.
32 Voir David Bell, dont le livre cité insiste trop sur l'aspect religieux (important certes), et trop peu sur les évolutions socio-économiques et socio-culturelles, à la source du malaise général en Occident. De plus, on l'a dit, la nation au xviiie siècle n'est pas un substitut de Dieu. Dans deux articles plus anciens, Bell était moins catégorique.
33 Montesquieu, Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (1734), Genève, 2000. Dès ce texte méconnu, Montesquieu constate que le monde moderne est marqué par le commerce et que celui-ci mènera à la paix universelle.
34 J. Félix montre bien combien les bruits de réformes de Louis XVI provoquent une avalanche de projets de la part des spécialistes comme des dilettantes. J. Félix, op. cit., p. 244-282 ; p. 383-414. De là aussi les nombreuses notes et réflexions de l'abbé Sieyès.
35 R. Whatmore, op. cit., p. 72-73 (Sieyès sur la nation, en tant qu'instance de souveraineté dès 1775). Sur l'identité nationale, voir note suivante.
36 Sur la théorie des caractères nationaux si fort en vogue au xviiie siècle, suite à la théorie des climats de Montesquieu, mais inventée durant la Renaissance et le xviie siècle, L. van Delft, Littérature et anthropologie. Nature humaine et caractère à l'âge classique, PUF, 1993, p. 87-97 et M. Beller et J. Leerssen, Imagology. The Cultural construction and literary representation of national characters, Amsterdam/New York, 2007, p. 63-75.
37 Difficile d'accepter l'interprétation de D. Bell, selon lequel le patriotisme britannique et protestant serait plus sectaire et plus raciste que celui des Français, en raison du catholicisme universel de ceux-ci (op. cit., p. 47-48), car « l'universalisme catholique » est à la base de la pire intolérance qui soit dans l'histoire de France : de la Saint-Barthélémy aux dragonnades et à la contre-révolution, sans oublier la Terreur, qui renoue avec des pratiques absolutistes tant séculières que religieuses. Le respect relatif des dissidences religieuses chez les protestants a justement pour conséquence une modération vis-à-vis des adversaires. Car là où sont acceptées les dissidences religieuses est aussi acceptée plus facilement la dissension politique, ce qui ne veut pas dire que l'on ne se querelle point – on va le voir. De plus, si la France est moins vindicative que ses voisines, cela provient aussi du rôle de premier plan qu'elle joue dans l'Europe du xviiie siècle et de son hégémonie culturelle.
38 Ce qui ne les empêche pas de travailler ensemble. Le libertin français Thémiseul de Saint-Hyacinthe, par exemple, collabore avec Justus van Effen au Journal littéraire. J. Israël, Les Lumières radicales, Paris, 2006. R. Porter et M. Teich, The Enlightenment in national context, Cambridge, 1981. W.W. Mijnhardt, "The Dutch Enlightenment : Humanism, Nationalism and Decline", in M. Jacob, The Dutch Republic in the Eighteenth Century, Ithaca, 1992, p. 197-223.
39 H. Colenbrander, Gedenkstukken der algemeene geschiedenis van Nederland 1795-1840, 10 vol., La Haye, 1905-1922. Sera abrégé GS, II, p. 780-785. Dans les années 1780, les Hollandais investissent surtout en France. J. R. Riley, « Dutch Investment in France, 1781-1787 », Journal of Economic History, 4, 1973, p. 752-754.
40 Sur ces typologies, A. Jourdan, « La perception des Français aux Pays-Bas. De l'incompatibilité des caractères nationaux », in L'Europe des politesses et le caractère des nations, éd. A. Montandon, Anthropos, 1997, p. 177-196. L'interprétation de Justus van Effen n'est ni simpliste, ni essentialiste, plutôt anthropologique. Voir aussi W. Frijhoff, "Het zelfbeeld van de Nederlander in de achttiende eeuw : een inleiding", Achttiende Eeuw, 24, 1992, I, p. 5-28.
41 Notons que le terme n'est pas usité jusqu'en 1807, quand Madame de Staël l'introduit dans son roman Corinne. A.H. Goldberger, « De Delphine à Corinne », in Le groupe de Coppet et le monde moderne, Liège & Genève, 1998, p. 262.
42 W. Frijhoff, L'Université néerlandaise et ses gradués 1575-1814, Amsterdam/Maarssen, 1981. La démocratisation de l'université connaît pourtant une baisse à partir de 1725, car les élites traditionnelles commencent à aspirer aux grades, ce qui sature le marché. À comparer avec R. Chartier, Les origines culturelles de la Révolution Française, op. cit., p. 206-232 et L. Stone, The Causes of the English Revolution, Londres, 1972.
43 J.W. Buisman, "Onbekwaam tot enig goed ? Over de mensbeschouwing van de protestantse Verlichting", De Achttiende Eeuw, nr. 32, 2000, p. 119-128. Cela vaut également en Angleterre ou en Amérique. Cf. R. Porter, "The Enlightenment in England", in The Enlightenment in national context, ed. R. Porter et M. Teich, Cambridge, 1981 et E. Marienstras, op. cit., p. 401-418.
44 N.C.F. van Sas, De metamorfose van Nederland, op. cit., p. 69-96. W.W. Mijnhardt, "The Dutch Enlightenment : Humanism, Nationalism and Decline", op. cit., p. 197-223. D. Roche, La France des Lumières, Fayard, 1993.
45 M. van Gelderen, The Political Thought of the Dutch Revolt 1555-1590, Cambridge, 1992. W. Velema, Republicans. Essays on Eighteenth-Century Dutch Political Thought, Leiden/Boston, 2007.
46 Voir le texte original dans Texts concerning the Revolt of the Netherlands, ed. E.H. Kossman et A.F. Mellink, Cambridge, 1974, p. 278-279. Notons que les régents étaient élus à vie par les citoyens éminents des villes (p. 277).
47 Ibid., p. 168-169. Van Gelderen, op. cit., p. 263
48 C.J.H. Jansen, Natuurrecht of Romeins recht. Een studie over leven en werk van F. A. van der Marck, 1719-1800, Leiden, 1987, p. 285.
49 Q. Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne, Albin Michel, 2001, p. 816-817. Skinner rappelle à juste titre que Locke n'a pas tout inventé, mais au xviiie siècle, c'est lui qui fait référence. Les Democraten (n° 84, 1797) rappellent qu'ils avaient aussi à leur disposition Paine, Makintosch, Barlow et Paulus. M. Evers, "Angelsaksische inspiratiebronnen voor de patriottische denkbeelden van Joan Derk van der Capellen", in 1787. De Nederlanddse revolutie ?, Amsterdam, 1988, p. 206-217.
50 J. Boswell, Bericht van Corsica. Dagverhaal eener reize naar dit eiland en gedenkstukken van Pascal Paoli, Amsterdam, 1769. Les termes entre guillemets sont écrits tels quels dans l'ouvrage. Voir aussi D. Carrington, « Pasquale Paoli et James Boswell. Une rencontre historique », conférence, Cervioni, avril 1982.
51 J. Fabre, Lumières et Romantisme, Klincksieck, 1980, p. 189-208. E. Golay, Quand le peuple devint roi. Mouvement populaire, politique et révolution à Genève de 1789 à 1794, Genève, 2001, p. 30-39. Les révolutions de Genève sont fameuses et récurrentes : elles se déroulent en 1704 ; 1738, 1768 et 1782.
52 W.J. Goslinga, De rechten van de mens en van de burger. Een overzicht der Nederlandsche geschriften en verklaringen, La Haye, 1936, p. 40-41.
53 W. Te Brake, op. cit., p. 43-53 et M. Everts, op. cit., p. 206-217.
54 J. Schulte-Nordholt, op. cit., p. 110.
55 Notons que Mably et Raynal ont eu des contacts avec John Adams. cf. J. Adams, Écrits politiques et philosophiques, (éd. J.-P. Goffinon) 2 vol., Caen, 2 vol., 2004, I, 331-334. Sera ultérieurement abrégé Goffinon. E. Marienstras et N. Wulf, "French Translations and Reception of the Declaration of Independence", Journal of American History, 85, IV, 1999, p. 1304-1306.
56 Goffinon, op. cit., II, p. 59. Sur Turgot, D. Lacorne, L'invention de la république. Le modèle américain, Hachette, 1991.
57 J. Schulte Noordholt, op. cit., p. 119. Mais cela infirme les assertions de Goslinga sur la méconnaissance aux Pays-Bas des textes américains. Voir chapitre III.
58 Après Robert Palmer (The Age of the Democratic Revolution), Franco Venturi a bien démontré l'importance des échanges européens et occidentaux dans son célèbre opus, The End of the Old Regime in Europe 1776-1789, Princeton, 1991 – qui a le défaut d'être très sélectif.
59 Du point de vue national, le contrôle du judiciaire sur les lois date de 1803. Mais les tribunaux des Etats avaient ouvert la voie. Voir Wood qui note que dès 1782, la Virginie a fait appel au judicaire pour trancher un litige – The American Revolution, p. 139.
60 L'exemple par excellence est Burke ; mais l'on retrouve cette tendance en Allemagne, chez Gentz et Rehberg ou bien en Hollande chez Gijsbert van Hogendorp, qui, au gré des tourmentes de la Révolution française, en vient à magnifier la révolution américaine, laquelle n'aurait fait que réformer la constitution anglaise. Or, on le sait, c'est là une interprétation courante, mais dépassée. Schulte Noordholt, op. cit., p. 229 et p. 250-255.
61 H.S. Commager et E. Giordanetti, Was America a mistake ?, New York & Londres, 1967, p. 34-48.
62 N.C.F. van Sas, "The Patriot Revolution : New Perspectives" in M. Jacob et WW. Mijnhardt. op. cit., p. 102. Le Post van den Neder-Rhijn tire à 3 000 exemplaires, ce qui n'est pas rien à l'époque.
63 Schulte Nordholt, op. cit., 190-202.
64 Seuls sont mentionnés les articles I, II, III, VI, X, XI, XVI, XVIII et XXI de la déclaration du Massachusetts, qui aurait inspiré les autres. Ces articles portent essentiellement sur les libertés et les droits naturels. L'auteur met l'accent sur les principes et non sur les pratiques qui en découlent. Sur l'influence en Europe de la constitution de Pennsylvanie, H. Dippel, « Aux origines du radicalisme bourgeois. De la constitution de Pennsylvanie de 1776 à la constitution jacobine de 1793 », Francia, 1989, n° 16, p. 61-73.
65 Les perceptions politiques du peuple néerlandais frappent par leur sévérité. Le patriote d'origine wallonne, Dumont Pigalle évoque la « férocité de la canaille » ; les « démocrates » Ockerse et Gogel parlent d'un peuple passif, peureux, buveur et incapable. Les agents français en Hollande soulignent son flegme, mais notent que lorsqu'il se révolte, il ne connaît plus de bornes. W. Frijhoff, « The Dutch Enlightenment and the Creation of Popular Culture", in W. Mijnhardt et M. Jacob, op. cit., p. 292-306. Voir le dernier chapitre.
66 Schulte Nordholt, op. cit., p. 239.
67 Cf. S. Klein, Patriots Republikanisme. Politieke cultuur in Nederland, 1766-1787, Amsterdam, 1995.