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    Plan détaillé Texte intégral UN DÉBAT ANCIEN ET DES HYPOTHÈSES RÉCENTES LES CONVERGENCES ET LES DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX CAS DE FIGURE COLONISATION ET COLONIES ENTRE SYLLA ET CÉSAR : UNE ÉTUDE DE CAS Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Hommes, cultures et paysages de l'Antiquité à la période moderne

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Iter populo debetur/non debetur et la gestion d’un environnement à risque

    Ella Hermon

    p. 189-206

    Résumés

    Cet essai suggère que l’énigmatique formule–iter populo debetur/non debetur–des Libri Coloniarum serait une forme de gestion intégrée des ressources en eau en réponse aux variations climatiques, notamment des inondations, qu’à connu l’Italie centre-méridionale à partir du Ier siècle av. J.-C., période marquée par une colonisation militaire intense. Après avoir passé en revue le vieux débat et des hypothèses récentes, je reprendrai mes suggestions sur l’utilisation de cette formule comme représentative d’un nouveau modèle de la cité – du moins dans les Civitates Campaniae du Liber Coloniarum I depuis la Lex Cornelia agraria. Nous pourrons ainsi envisager la nécessité de la gestion du risque d’inondation par les colonies militaires de cette époque s’installant de plus en plus près des bords de l’eau. Ces hypothèses seront confrontées à des données récentes sur les Civitates Campaniae situées aux bords du cours moyen du Volturne dans le Samnium.

    This study suggests that the term “iter populo debetur/non debetur” appearing in the Libri Coloniarum would apparently be a form of water integrated management used in response to impacts of climate variations, notably flooding events which affected central-southern Italy in the period beginning in the 1st century BC characterized by an extensive military colonization. Following examination of the old debate and recent hypotheses regarding this issue, I present my own suggestions about the use of the above-mentioned expression as representative of a new model of the City – at least in the Civitates Campaniae of the Liber Coloniarum I since the Lex Cornelia agraria. Thus, it is possible to envisage the need for managing the flooding risk by the military colonies established in this period in areas increasingly nearer to water banks. These hypotheses are then examined in the light of recent data about the Civitates Campaniae located in waterside areas of the Middle Volturno river.

    Texte intégral UN DÉBAT ANCIEN ET DES HYPOTHÈSES RÉCENTES LES CONVERGENCES ET LES DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX CAS DE FIGURE COLONISATION ET COLONIES ENTRE SYLLA ET CÉSAR : UNE ÉTUDE DE CAS Le droit de passage d’iter et la gestion d’un environnement à risque Bibliographie BIBLIOGRAPHIE Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Cet essai est en quelque sorte une suite des fructueux échanges que j’entretiens avec Jean Peyras depuis plusieurs années sur des sujets d’intérêt commun. Fin connaisseur des textes gromatiques, il a été intrigué comme bien d’autres savants depuis des générations par la formule énigmatique iter populo debetur/non debetur qui figure dans les Libri Coloniarum et m’a encouragé à développer mes hypothèses à ce sujet. Les lignes qui suivent sont une tentative dans ce sens et un hommage à Jean Peyras, l’homme généreux, rompu à la science et sensible aux questions environnementales que nous vivons de nos jours pour lesquelles les expériences du passé romain revêtent une valeur paradigmatique.

    UN DÉBAT ANCIEN ET DES HYPOTHÈSES RÉCENTES

    2Les servitudes de passage sont dues sur les voies publiques et sur les limites des terres centuriées. Ch. Saumagne rapprochait les deux cas de figure iter populo debetur/non debetur à une servitude générale de passage liée à la limitatio qui grevait au profit de la collectivité les praedia en propriété privée. R. Thomson suggérait ainsi que la différence entre les deux cas de figure debetur/non debetur s’entend en fonction de la situation des limites internes où externes de la centuriation. Les grandes dimensions de l’iter sont comprises en fonction de la coïncidence entre les limites du parcellaire et une voie importante, thèse qui fait autorité. En reprenant une hypothèse de Voigt, L. Capogrossi Colognesi rapproche l’application de la formule en question aux voies vicinales et A. Palma s’attarde sur la qualité publique ou privée des terres sur lesquelles incombe la servitude d’iter non debetur/debetur1.

    3Cependant, les dimensions des servitudes de passage sur les limites des terres et sur les voies de passage nous sont connues et dispensent normalement de toute mention de la servitude d’iter dans les deux cas de figure qui apparaissent dans les Libri2.

    1. La servitude de passage de l’iter dans les Libri Coloniarum (statistiques générales)

    Image

    4Cette constatation nous incite à envisager plutôt des situations exceptionnelles qui justifient aussi bien l’imposition de la servitude que son exemption. En partant de l’intuition de Voigt, et en prenant l’ager Campanus comme échantillon d’étude, j’ai opté pour une explication plutôt factuelle liée aux guerres civiles et à la colonisation militaire depuis Sylla. La servitude d’iter debetur aurait grevé des voies vicinales comme des zones tampons entre des communautés rivales, celle des colons et celle des anciens habitants3. Elle aurait pu être imposée aux anciens habitants par Sylla comme mesure punitive (Hermon, 2006). À ce point, il nous semble intéressant de prendre en compte, l’utilisation conjointe par les Gromatici de l’iter comme droit de passage et de servitude4.

    5C’est ainsi que s’éclaire d’un jour nouveau ce que nous a semblé l’une des expressions d’un nouveau fait urbain généré par les communautés distinctes qui se partagent le territoire de la cité (Hermon, 2006 ; id., 2010). Cette réalité serait représentée dans les notices des Libri par une structure tripartite homogène (urbs-iter-ager) en interposant l’iter entre les deux composantes du binôme classique de la cité urbs-ager. Ce vocabulaire de la cité permet le classement de l’ensemble des notices de l’iter populo debetur/non debetur, quelle que soit la position de l’iter dans la notice elle-même, en présentant une bonne répartition régionale : Apulia, Calabria, Valeria, Ve région et Septempeda (Liber I), Picenum, Samnium, Apulia (Liber II).

    6L’histoire de la colonisation militaire dans l’Italie du Ier siècle est identifiée dans les Libri par la désignation générique de ses protagonistes et invite à examiner l’état des questions pour chaque région et cas spécifiques afin d’établir la vraisemblance. Ainsi, les Civitates Campaniae du Liber I, contiennent la plupart des notices avec la formule de l’iter, doublées, de plus, d’un vocabulaire de la « fortification » qui apparaît comme une caractéristique de la lex Cornelia agraria et la création des communautés distinctes sur le territoire de la même cité. À partir d’un échantillon de 10 notices du Liber Coloniarum I pour lesquelles l’intervention agraire de Sylla est assurée par d’autres sources, j’ai étudié le fonctionnement global de la formule de l’iter dans le cadre de cette structure tripartie homogène du vocabulaire de la cité où la désignation du statut de l’urbs est accompagnée du vocabulaire de la fortification. J’ai également vérifié la question des dimensions parfois considérables de l’iter populo debetur dans l’ager Campanus à Capoue (100 ped.), Calatia (60 ped.) et Nola (120 ped.) en fonction de l’hypothèse de la création des communautés distinctes sur leur territoire. Dans les circonstances d’une colonisation militaire à répétition dans un court laps de temps sur les mêmes sites, l’iter populo debetur serait, de plus, une mesure d’exception dans les circonstances où de nouvelles distributions de terres n’ont pas encore subi l’ensemble des opérations cadastrales, notamment le transfert des droits de propriété. Ces terres seraient restées dans la situation juridique de la possessio n’ayant pas encore été inscrites dans une forma coloniale. Frontin est clair sur la nécessité d’un droit de passage sur un territoire de ce statut5. Les notices du Liber I auraient reproduit dans ce cas une situation qui accorderait une sorte de légitimité pour les assignations de terres au moyen de l’iter appartenant au domaine public.

    7D’une façon plus générale et en tenant compte d’un contexte climatique relativement plus humide à cette époque en Italie centre-méridionale, il est légitime de se demander si ces deux cas de figure de l’iter debetur/non debetur ne correspondraient pas, pour certains sites, à une mesure de protection face aux effets néfastes des débordements des fleuves et de leurs affluents ou de la proximité de la mer. Ainsi, le rapprochement fait par De Nardis entre cet iter et les subscesivi où le modus exceptus de la centuriation le long du lit des fleuves peut gagner plus de crédibilité dans un contexte d’inondations fréquentes. Affranchi de la désignation de servitude, il pourrait correspondre tout simplement au modus flumini des arpenteurs6.

    8Il s’agit des deux hypothèses complémentaires, mais qui ne peuvent être vérifiées que par les études de cas. Or, la documentation sur les cités qui ont fait l’objet de ce que nous appellerons désormais le droit de passage d’iter est très inégale et sa signification in situ est non vérifiable pour la plupart des cas. D’ailleurs, bien des cités campaniennes mieux documentées sur le terrain n’ont pas fait l’objet des notices des Libri. En fait, les deux cas de figure de l’iter, se définissent généralement par opposition de l’un à l’autre, tandis que toute tentative d’élucider leur utilisation dans les Libri comme moyen de gestion du risque environnemental doit dégager, me semble-t-il, les points communs et les différences possibles dans leur utilisation, avant d’envisager leur explication à partir de l’étude de cas. À cet égard, des éclaircissements provenant des sources juridiques et gromatiques consacrées à l’étude de ces phénomènes naturels nous incitent à examiner les retombées environnementales des distinctions entre les deux cas de figure et à tenter d’établir des passerelles entre des catégories d’analyse différentes selon le milieu mais destinées à gérer les mêmes phénomènes naturels en fonction du droit public et privé.

    LES CONVERGENCES ET LES DIFFÉRENCES ENTRE LES DEUX CAS DE FIGURE

    9Premièrement, il s’agit de deux cas de figure d’un droit de passage qui incombe sur la cité et qui nous semble indépendant de la limitatio ou du système de voirie dont les dimensions sont connues et qui ne nécessitent pas des mentions spécifiques.

    10L’iter est du domaine public et les sources juridiques nous apprennent que le domaine public pouvant le desservir est incompatible avec l’imposition des servitudes7. Cet état de choses est tout à fait compatible avec les deux cas de figure de l’iter s’il s’agit uniquement d’un droit de passage et non pas d’une servitude. La littérature gromatique définit la zone transitoire du bord de l’eau comme un modus flumini et les exemples classiques confirment une double politique, d’une part pour la délimitation de sa superficie, alors que, d’autre part, son occupation et privatisation apparaissent comme un phénomène dominant : les administrateurs de la colonie de Pisarum en Italie ont préféré vendre en lots le modus flumini du fleuve Pisarurs établi par le fondateur et ceux d’Augusta Emerita en Luisitanie l’ont crée tardivement le long du fleuve Anas pour minimiser les coûts encourus par la récupération et la vente des subsecives par les Flaviens8. Sa délimitation reste néanmoins un acte officiel. Le protocole de l’imposition tardive de ce modus à Augusta Emerita remonte au gouverneur de la province et concède l’implication des arpenteurs d’élite et des juristes. D’ailleurs, dans bien des cas les fondateurs des colonies n’ont pas pris le soin d’établir ce modus9 et, en croire Siculus Flacccus, la reconnaissance de son statut public devient ainsi un souci constant de l’arpenteur en fonction des bornes et des inscriptions10. Il est ainsi tentant d’envisager les possibles distinctions entre les deux cas de figure de l’iter en fonction de la géomorphologie fluviale.

    11Nos informations sur ce modus rendent en effet compte de la connaissance de la géomorphologie fluviale par des autorités concernées11. Envisagées dans ce sens, elles révèlent les difficultés de mesurer les effets catastrophiques des inondations et la tendance de prendre le lit ordinaire comme unité de mesure pour l’établissement du modus flumini. En effet, la définition de Hygin pour ce modus12, nous laisse deviner qu’il englobe d’une façon théorique la superficie du lit d’inondation, mais en confrontant cette définition avec ce qui nous savons pour la colonie de Pisarum, ce modus est établi en fonction du lit ordinaire du fleuve, plus facilement mesurable qu’un lit d’inondation. En effet, il est ainsi défini, en première instance, par le fondateur de la colonie de Pisaurum qui inclut dans cette superficie du lit ordinaire la latitudo la plus large connue et correspondant dans les faits à la définition elle-même de la rive13. En second lieu, le lit d’inondation est conçu virtuellement et ajouté à ce modus en prévoyant des espaces pour le débordement du fleuve au-delà du lit ordinaire à l’intérieur des centuries et à partir d’autres catégories gromatiques de terres subseciva/ager exceptus14. À l’intérieur ou à l’extérieur des centuries et des terres assignées, ce sont ces espaces inondables qui soient soumises à l’appropriation, alors que le lit d’étiage, qui est la superficie du lit ordinaire à sec la plus grande partie de l’année, n’échappe pas à l’appropriation ou à l’occupation abusive, ne serait-ce que par le manque d’entretien des rives ou par le fait qu’aucun modus flumini n’a été défini par les fondateurs des colonies. C’est ainsi qu’à Augusta Emerita, lors de la récupération et la vente des subsecives, « il a été considéré injuste que quelqu’un doive acheter un cours d’eau public ou les plages stériles qu’il déposait15 ». En effet, la « regressio » du fleuve dans son lit d’étiage avec sa charge d’érosion et de dépôts est amplement discutée dans les controverses d’alluvionnement des Gromatici à travers l’avis du juriste Cassius Longinus de ripa munienda16. Le lit d’étiage ne modifie pas la latitudo du lit ordinaire du fleuve, mais mesure les effets des phénomènes alluvionnaires pour les riveraines par rapport à la nature de la propriété : occupatio ou propriété privée et par rapport à la charge d’érosion et de dépôt régulière et insidieuse (lambiscendo). Cette latitudo commune des deux lits pourrait correspondre à la superficie de la ripa elle-même et au modus flumini.

    12La théorie et les pratiques des arpenteurs rendent ainsi compte de la connaissance de la géomorphologie fluviale fluctuante entre le lit ordinaire, d’étiage des fleuves et le lit d’inondation, mais elles établissent une différence dans la pratique, comme semblent suggérer les deux temps identifiés dans la définition d’Hygin, entre le territoire concédé au modus/ripa dans son lit ordinaire et les catégories issues de la limitatio (subcesiva et ager exceptus), davantage soumises à gérer les débordements des fleuves et éviter leurs effets catastrophiques.

    13Une interprétation récente sur la portée des deux définitions juridiques des rives des fleuves17 incite à admettre que les juristes ont fait montre de la même précision technique de la géomorphologie fluviale que celle utilisée pour la résolution des conflits issus de ses effets. L. Maganzani a identifié, en effet, les différents angles d’analyse de la géomorphologie fluviale dans ces deux définitions qui, par ce fait, n’apparaissent plus, contradictoires comme on les a parfois considérées : la ripa contient et délimite le fleuve en ligne droite rigor, aussi bien en fonction du niveau maximal du débit d’eau (plenissimum) dans sa phase de crue ordinaire. Il nous a paru néanmoins, à la suite de Le Gall18, que cette complémentarité aurait des racines historiques à l’époque des Gracques, lorsqu’une vaste entreprise de recensement des terres publiques aurait envisagé l’adaptation de l’état géomorphologique du fleuve à la condition de l’ager publicus.

    14La géomorphologie fluviale nous a permis de rapprocher la délimitation du modus flumini des arpenteurs de la définition des rives des fleuves des juristes. Comment expliquer dans cette même optique naturaliste les conditions nécessaires pour l’imposition ou l’exception du droit de passage de l’iter ? En fait, la poursuite des rapprochements du modus flumini avec l’iter debetur/non debetur des Libri Coloniarum ne serait possible qu’en considérant la gestion du risque d’inondations pour lequel les juristes ne font état des mêmes connaissances de la géomorphologie fluviale que pour la description des rives.

    15Un passage de Pomponius qui étale des règles de gestion des conséquences d’alluvionnement est éclairant aussi pour l’adéquation possible entre les effets de ce phénomène et le droit de passage d’iter debetur/non debetur. En effet, il peut se comprendre en fonction de la même géomorphologie fluviale et indiquer qu’un lit ordinaire ou d’étiage serait compatible avec un iter populo non debetur19, mais qu’un iter populo debetur conviendrait au lit d’inondation20 pris en compte dans le modus flumini par des catégories gromatiques, sans exclure la possibilité que le lit d’étiage ait pu parfois faire l’objet des mêmes convoitises que le littoral21, surtout dans les cas où aucun modus ne fut établi pour le fleuve (supra)22.

    16Conditions juridiques et réalités gromatiques concourent pour désigner la conception du modus flumini entre le lit ordinaire, le lit d’étiage et le lit d’inondation en autorisant ainsi la perception des deux cas de figure iter debetur/non debetur des Libri comme compatibles pour leur gestion. La prise en compte de la géomorphologie fluviale laisse supposer des situations qui expliquent le nombre supérieur des servitudes de iter populo non debetur. Ce cas de figure relevait du lit ordinaire des cours d’eau23 en justifiant ainsi leur mention par la nécessité d’assurer leur application en cas d’usurpation. Sans préjuger sur la nature univoque du droit de passage de l’iter populo debetur, nous constatons un nombre limité des dimensions qui s’échelonnent de 10 jusqu’à 30 pieds et qui pourraient être rapprochées des normes diverses à envisager par l’étude de cas24, mais que la plupart dépasse les dimensions connues pour les voies publiques et celles de la centuriation25. Les dimensions démesurément grandes de l’iter dans l’ager Campanus, notamment de 100 à 120 pieds, pourraient ainsi s’expliquer par la prise en compte des effets complexes des inondations d’une zone littorale et fluviale que rencontre la colonisation militaire à répétition sur les mêmes sites (supra). D’autres données du terrain et des enquêtes en cours sur les sites spécifiques pourront nous éclairer davantage sur les applications possibles de ce droit de passage que les arpenteurs notent soigneusement dans les Libri comme les Gromatici le font pour identifier le modus flumini.

    17L’avis du juriste Cassius Longinus de ripa munienda, exemple fameux pour la gestion des différentes conséquences du phénomène d’alluvionnement, suggère que cette époque de la fin de la République, début de l’Empire, a connu de nombreuses causes issues des effets des débordements et des inondations des fleuves et incite ainsi à poursuivre l’examen des Civitates Campaniae du Liber Coloniarum I dans la perspective d’un mouvement massif de colonisation militaire et sous l’angle d’une phase climatique plus humide et riche en inondation en Italie centre-méridionale.

    COLONISATION ET COLONIES ENTRE SYLLA ET CÉSAR : UNE ÉTUDE DE CAS

    18La confrontation du vocabulaire technique et juridique des trois notices du Liber Coloniarum I sur les cités de la moyenne vallée du Volturne – Allifae, Caiatia et Telesia – avec le cas de figure de la colonisation syllanienne mentionné plus haut pourrait également nous fournir quelques repères chronologiques sur l’évolution de la colonisation au dernier siècle républicain et nous suggérer des hypothèses sur le fonctionnement de l’iter debetur/non debetur dans l’éventualité d’une phase climatique avec des inondations abondantes dans cette région.

    19En fait, seule Telesia présente une structure tripartite homogène (urbs-iterager) alors que le vocabulaire de la cité identifie clairement l’acte de la fondation/fortification caractéristique à la colonisation syllanienne séparément d’une déduction triumvirale : Telesia. muro ducta colonia. a trumviris deducta. Iter populo debetur ped (um) XXX. Ager eius Limitis augusteis in nominibus est assignatus. Bien qu’Allifae soit considérée comme une colonie républicaine, le Liber enregistre plutôt son statut antérieur de préfecture de iure dicundo, désignée par le terme d’oppidum vraisemblablement encore en vigueur à l’époque de Sylla lorsque l’acte de la fondation/fortification avait pu avoir lieu avec l’installation de vétérans. La mention du cas de figure d’iter populo non debetur est placée à la fin de la notice après les opérations sur l’ager en défaisant du coup la structure homogène tripartite propre à la colonisation syllanienne : Allifae. Oppidum muro ductum. Ager eius lege triumvirale est assignatus. Iter populo non debetur. Les opérations sur l’ager ont comme référence une loi triumvirale qui pourrait être une autre modélisation de loi aux besoins du classement de cas par les arpenteurs en référence aux assignations à l’époque triumvirale26. Cette notice ne nous permet pas de déduire son statut de colonie à l’époque de la République et les preuves épigraphiques l’attestent plutôt pour l’époque impériale.

    20Enfin, la notice sur Cadatia, vraisemblablement le municipe Caiatia samnite, se réduit difficilement aux typologies du vocabulaire de la cité identifié plus haut et pourrait comporter d’autres confusions de transcription que le nom de la cité elle-même : Cadatia oppidum. lege Graccana est munitum. Ager eius veteranis est assignatus. Iter populo non debetur. Elle invoque ainsi une situation d’occupatio si la typologie de la fondation/fortification de est munitum a la même signification que dans notre cas de figure de la colonisation syllanienne27. Quoi qu’il en soit, la terminologie de la fondation/fortification n’est pas associée à aucune autre notice attribuée aux Gracques et inappropriée à la nature de la colonisation gracchienne qui n’est pas destinée aux vétérans. Les assignations aux vétérans sur l’ager peuvent avoir lieu à un autre moment de la colonisation militaire du Ier siècle av. J.-C. ainsi que l’imposition du droit de l’iter28.

    21En fait, c’est la notice de Telesia, avec ses caractéristiques attribuables à la Lex Cornelia agraria et le droit de passage d’iter popolo debetur qui nous incite à l’envisager comme une interprétation de cette dernière en termes de la gestion du bassin versant du Volturne comme un environnement à risque dans une phase climatique plus humide.

    Le droit de passage d’iter et la gestion d’un environnement à risque

    22L’attribut de fleuve tumultueux pour le Volturne29 est un lieu commun des sources littéraires, mais les inondations dont il est à l’origine à l’époque romaine sont moins notoires que celles du Tibre. Pour ce dernier, (qui est) tributaire de variations climatiques depuis les cols alpins, les inondations enregistrées à Rome sont particulièrement fréquentes à la fin de la République30. Peut-on imaginer des situations similaires pour le Volturne au Ier siècle av. J.-C. ? Bien que l’évolution géomorphologique du fleuve Volturne soit envisagée à l’échelle des cycles climatiques31, des analyses ponctuelles le long de son bassin versant pointent, en effet, le Ier siècle av. J.-C., comme une phase érosive importante. La vulnérabilité climatique de ce bassin versant est due à deux pressions constantes d’ordre géophysiques, à savoir l’activité volcanique dans la baie de Naples (Campi Flegrei, Vesuvio et Ischia) et l’activité sismique des montagnes du Samnium. En effet, les carottages effectués dans la zone littorale entre Mondragone et Lago Patria à l’ouest et entre Villa Literno et Cancello Arnone font état des fractures successives liées à une activité des volcans locaux dans l’Hollocène et offrent ainsi des indices sur des conséquences à long terme des phénomènes volcaniques32. Néanmoins, une recrudescence de l’activité volcanique dans la baie napolitaine, attestée dans l’île d’Ischia vraisemblablement dès le I er siècle av. J.-C.33, a pu affecter le bassin versant du Volturne par son influence sur une série de phénomènes atmosphériques ayant eu un impact sur la pluviosité34. D’ailleurs, des inondations importantes sont signalées pour le Bas Volturne dès le Ier siècle av. J.-C. dans les zones de Sinuessa, Mondragone, Capua et dans celle du Castel Volturnum35. La zone montagneuse du Moyen Volturne produit surtout des coulées rapides de boue provenant notamment de torrents impétueux qui emportent tout ce qu’elles trouvent dans leur passage36. Bien que les formes des modifications géomorphologiques de la plaine du Bas et le Moyen Volturne puissent différer – des coulées rapides et destructrices de boue dans la zone montagneuse de la vallée moyenne (Allifae), des dépôts provenant des inondations du Bas Volturne (Casilinum et Urbana) –, elles se traduisent par la croissance alluvionnaire des sols qui est significative au Ier siècle av. J.-C. dans les deux régions37.

    23Faute des précisions chronologiques souvent fournies par des témoignages littéraires, nous devons faire recours aux indices indirects, ou « proxy data  ». Des ponts antiques sont attestés tout au long de la vallée du Volturne ; les structures réalisées en opus incertum et lateritium seraient, selon D. Caiazza, soit des constructions d’époques diverses (au passage de l’époque républicaine à l’époque impériale), soit des reconstructions successives aux inondations et aux modifications subies par le lit du fleuve38.

    24La jonction du Volturne avec le fleuve Calore serait un point stratégique, sinon une ligne de partage des eaux entre le bas et le moyen bassin du Volturne, convoitée de longue date par Rome dans la zone caudine39. Cette ligne de partage des eaux se situe dans la région de Telesia entre le détroit de Squille et Amorosi. En effet, tout son territoire, notamment Faicchio, semble particulièrement vulnérable aux processus alluvionnaires, compte tenu du nombre des vestiges de ponts romains dans la région40. Sur la rive droite du torrent Titerno, les traces de l’antique Ponte Iaco qui liait Allifae à Telesia furent effacées et ses structures submergées par l’eau41. Nous trouvons d’autres traces de ponts antiques ailleurs en territoire télésin, notamment le pont de Fabius Maximus entre le mont Acero et Monaco qui aurait lié les vallées internes du Volturne et du Calore42 ; et vers Benevento le pont de Maurelle érigé après l’abandon du pont de Iaco (Renda, 2010, p. 305).

    25D’autres ponts voisins sur le Volturne et des tracés de voies liant les différents sites des deux rives de la moyenne vallée du fleuve sont également datés entre la fin de la République et l’époque augustéenne en fonction de la technique de construction connue depuis la fin du IIe siècle : le pont des Anici entre le territoire d’Alvignano et Baia est situé sur un tracé de voie qui situait Caiatia à Allifae43 ; le pont entre Baia e Latina44 devait assurer la traversée du fleuve à partir de Culbuteria ; le pont Latrone est situé sur la voie entre Allifae et Venafrum à l’entrée de la localité de Capriati al Volturno45. Les torrents du massif Matese en territoire d’Allifae (Caiazza, 1997) descendent avec leur coulée de boue dans la vallée du Volturne et rendent nécessaire l’entretien des points de passage du fleuve, car leur destruction augmente le risque d’inondations. Des fouilles archéologiques sur ces sites pourront sans doute préciser les circonstances de la construction de ces ponts.

    26Bien que ces données soient quantitativement limitées et chronologiquement approximatives, nous pouvons constater néanmoins le lien étroit entre le réseau de voirie − les ramifications de la Via Appia et de la Via Latina − et le bassin versant du Volturne qui assure les communications dans une zone volcanique et sismique entre la Campanie et le Samnium méridional, du littoral aux zones collinaires intérieures abritant les torrents affluents et le fleuve Calore. Ces voies reprennent des parcours ancestraux qui persistent grâce à l’occupation stable des mêmes sites, malgré les transformations économiques et administratives depuis la mi-République et la progression de l’habitat vers les plaines fluviales. Les convergences de datations des ponts sur le Volturne et ses affluents du dernier siècle républicain tout au long de ce parcours, ne serait-ce que d’après leur technique de construction, se comprennent non seulement comme une nécessité de répondre aux besoins de communication plus intenses, mais également comme une éventuelle suite aux destructions d’anciennes voies de passage plus rudimentaires, voire même suite aux changements des lits de cours d’eaux. Une telle éventualité aurait nécessité un effort soutenu d’aménagement de ponts dans le bassin versant du Volturne durant une période plus riche en précipitations ayant un rapport avec l’intense activité volcanique dans la baie de Naples et l’activité sismique dans le Samnium46. La vallée du Moyen Volturne est caractérisée par des dépôts alluvionnaires, des coulées rapides de boue s’accumulant vraisemblablement par l’augmentation des précipitations ou des secousses sismiques provenant également du Haut Volturne. Le moyen cours du fleuve aurait pu ainsi accumuler les conséquences des inondations avec le double phénomène de l’alluvionnement – érosion et dépôt − dont font état les juristes et les arpenteurs (Hermon, 2009, 2010).

    27À défaut d’informations sur des politiques de protection contre les risques naturels à l’époque, les cadastres apparaissent comme un élément important, car ils exigent la bonification des territoires et permettent la stabilisation par des drainages de la quantité d’eau nécessaire aux cultures. La colonisation massive et répétée des vétérans sur les mêmes sites en Campanie et sur la vallée du Volturne du Ier siecle av. J.-C. peut être envisagée dans l’esprit de gestion d’un environnement à risque et nous tenterons d’interpréter dans ce sens le droit de passage de l’iter des Civitates Campaniae du Liber Coloniarum I dans la moyenne vallée du fleuve.

    28La localisation tout au long du fleuve, ou le voisinage d’autres ressources en eau d’un habitat rural disséminé dans un dense réseau routier, peut suggérer pour les Civitates Campaniae une application concrète de la formule iter populo debetur et non debetur utilisé par le Liber Coloniarum. L’un des axes routiers majeurs est le Moyen Volturne lui-même. Cette zone semble avoir fait l’objet des bonifications et de constructions de ponts avec la croissance démographique et les méthodes d’exploitation des potentialités du sol à la fin de la République. L’entretien des rives et l’existence même de quelques habitats dispersés dans la zone préfluviale seraient ainsi contemporains des grands mouvements de colonisation militaire désignés dans le Liber par les cycles agraires syllanien et triumviral, en passant par César. Comme ailleurs en Italie centre-méridionale, il s’agit d’une période marquée par une phase climatique plus humide se manifestant par des inondations et des alluvionnements. La proximité de voies de communication et de cours d’eau rend le site de Telesia particulièrement vulnérable en le désignant en même temps comme objet d’interventions agraires. Les dimensions du droit de passage d’iter populo debetur de ped. XXX est suffisante pour constituer un modus flumini protecteur dans le cas de l’installation d’une nouvelle communauté militaire dans la plaine sujette aux débordements du Volturne et de ses affluents. Ses dimensions, sans atteindre celle de l’ager Campanus, sont néanmoins supérieures aux 10 actus imposées par César à Aufidena, Aesernia et Bovianum47. La carte archéologique de Telesia (Renda, 2010, p. 293, fig. 264) établit, en effet, une continuité de l’habitat entre le II e et le Ier siècle av. J.-C. le long du torrent Titerno traversé de deux ponts et de nouvelles installations dans des zones à risque comme dans le fossé de Marafi où des terrasses descendent vers les sources d’eau comme à Stamponi, Puglianello, Amorosi.

    29Allifae présente, contrairement à Telesia, un droit d’iter populo non debetur qui semble bien correspondre à la topographie du terrain d’un site situé à proximité de torrents, de sentiers de montagne (tratture) ainsi qu’à la proximité du Volturne. Ce droit d’iter apparaît en tout cas comme une mesure d’exception à la limitatio ex lege triumvirale en indiquant vraisemblablement que le système de voirie est prélevé du domaine public ou que la voie visée est d’importance locale, comme les tratture (Hermon, 2006, p. 36, n. 32). Il s’agit cependant d’une zone où le pastoralisme semble important sur les hauteurs du Matese ainsi que dans la section orientale boisée de la cité (Caiazza, 1997, p. 45). Un aqueduc48 qui conduisait vraisemblablement au début de notre ère les eaux de Torano, l’affluent du Volturne, dans la cité et dans son ager, ne suggère pas la mise à profit des eaux du fleuve Volturne et l’occupation des terres adjacentes inondables.

    30En fait, la colonisation du Ier siècle av. J.-C. de la vallée du Moyen Volturne se réalise dans le bassin versant du Volturne lorsque les points de jonction avec le fleuve Calore et le torrent Titerno séparent la vallée du Bas Volturne de celle moyenne de cette grande artère fluviale. Dans cette vallée du Moyen Volturne surplombée par les sites antiques de – Teanum Sidicinum, Caiatia, Saticula, Culbuteria, Telesia, Allifae – Chouquer et al., 1987, signalaient un cadastre homogène d’époque triumvirale de 45 kilomètres sur le cours moyen du Volturne (id., p. 155-159 ; p. 251-252). Ils ont attribué à Allifae le rôle de caput gromae en fonction du rapport initialement établi par F. Castagnoli entre la limitatio de l’ager Allifanus et l’espace urbain, ce qui est maintenant contesté49. L’incertitude chronologique des sources sur la succession des interventions agraires ne permet pas de trancher la question en faveur d’une œuvre triumvirale unique et homogène et les chercheurs optent pour l’un ou l’autre des intervenants agraires depuis les Gracques sans arguments irréfutables. Il serait donc vain de revenir à ce débat, mais il convient d’examiner la question en termes du bassin versant du Volturne en considérant la ligne de partage des eaux entre la basse et la moyenne vallée, ainsi que le territoire de la moyenne vallée du fleuve couverte par les torrents impétueux comme des zones particulièrement vulnérables. La colonie de Telesia réputée républicaine sur la rive droite du fleuve, comme point de partage de plusieurs cours d’eau, est désignée d’emblée. En reprenant l’hypothèse sur les dimensions substantielles du droit d’iter dans la structure de certaines notices du Liber comme ligne de séparation entre communautés distinctes partageant le même territoire depuis Sylla, mais qui s’établit à partir d’une sorte de modus flumini, on peut conjecturer individuellement son application en fonction de la topographie et les vestiges archéologiques des colonies, comme Telesia. On y ajoutera un nombre important de ponts traversant les cours d’eau et les voies de passages pouvant également justifier l’imposition du droit d’iter populo debetur50, ne serait-ce que pour leur entretien. Si cette hypothèse est acceptable, on peut supposer que les colonies de vétérans soient installées sur ces « espaces ripariens  », accessibles aux sources d’eau mais en même temps vulnérables aux inondations et aux variations climatiques, vraisemblablement plus importantes à partir du Ier siècle av. J.-C. Il ne faut pas oublier que les nouveaux colons installés sur les terres confisquées aux cités et aux individus victimes de guerres civiles sont des vétérans qui auraient ainsi conservé la fonction utilitaire traditionnelle de l’armée dans l’aménagement du territoire.

    31Un droit de passage iter populo debetur/non debetur, et non pas une servitude d’iter, offre ainsi une autre piste pour résoudre la difficulté ressentie par tous les chercheurs qui ont tenté d’expliquer la portée de ce vocabulaire technico-juridique des Libri Coloniarum en suggérant des interprétations convergentes des deux cas de figure. Il permet de corroborer des interprétations politico-historiques de ce vocabulaire dans le contexte des guerres civiles de la fin de la République en Italie centre-méridionale et la réalité de la création des communautés distinctes de citoyens romains se partageant le même territoire. La colonisation militaire répétée sur les mêmes sites correspond à la tendance généralisée attestée par l’archéologie, celle d’approcher l’habitat des berges des fleuves et du littoral (et) à la nécessité, maintes fois exprimée par les arpenteurs, de laisser une superficie destinée aux évolutions géomorphologiques des sources d’eaux. Cette colonisation est contemporaine à un mouvement intense d’entretien de grandes artères de circulation fluviale en Italie centro-méridionale et s’intègre dans une phase climatique considérée maintenant plus humide et avec des inondations abondantes entre le IIe siècle av. et le IIe siècle apr. J.-C.51. Dans ces conditions, il est plus aisé de supposer des formes de gestion à l’échèle de bassin versant où la colonisation militaire peut servir de maillon. C’est dans cette perspective que le site de la cité Telesia, situé davantage sur la ligne de partage des eaux entre le cours inférieur et moyen du Volturne, plutôt que celui d’Allifae nous a paru au centre de cette colonisation militaire depuis Sylla. Dans l’absence, si déplorée par les Gromatici, d’indications sur l’imposition du modus flumini, les largeurs d’iter populo debetur, compilées soigneusement par les archives gromatiques, ne seraient-elles dans certains cas, l’une des formes historiques de ce modus flumini qui doit rester public et sa réplique antagoniste : iter populo debetur, ne serait-elle une garantie de protection du caractère public du lit ordinaire des fleuves ?

    Bibliographie

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    Renda G., « Il territorio di Caiatia  », Carta archeologica e ricerche in Campania, XV, suppl. fasc. I, 1990, p. 239-426.

    Notes de bas de page

    1 Sur toutes ces questions, je renvoie aux références à ces ouvrages dans l’édition récente des Libri Coloniarum, voir annexe 3, iter populo debetur ped (um) (tot) et iter populo non debetur dans les Libri coloniarum, Libri Coloniarum 2008, p. 57-61. Pour compléter, voir également la discussion De Nardis M., Viabilità campana e scritti gromatici, Ager Campanus, Naples, 2002, p. 115-123.

    2 De Nardis M., op. cit., p. 117 sqq., se réfère à la lex agris metiundis trimvirale sur les dimensions des limites, qui ne devraient pas dépasser 40 pieds pour le decumanus maximus, 20 pieds pour le cardo maximus, 12 pour les axes intermédiaires et 8 pieds pour les subruncivi. Hygin 71Th enregistre des légères variantes de ces dimensions. D’ailleurs, les dimensions des voies publiques des colonies, notamment à Capua, d’environ 15 pieds, contrastent avec les dimensions enregistrées par les Libri. Elles sont habituellement identifiées dans la lex colonica.

    3 Un passage d’Hygin l’arpenteur pourrait être éclairant sur la distinction entre ce iter populo debetur et via publica, distinction qui est rapportée globalement pour les trois lois-modèles : per hos iter populo sicut viam publicam debetur : id enim cautum ex lege Sempronia et Cornelia et Iulia, Clavel-Lévêque M. et al., Hygin l’Arpenteur, L’Établissement des limites, Naples, 1996, p. 14-15 et n. 16.

    4 En mettant à profit toute l’érudition juridique sur le sujet, Tuccillo F., « L’“iter culturas accedetium” e la servitù di passagio ancora su Grom. vet. 126.3-8  », Index, 35, 2007, p. 125-139, souligne l’utilisation par les Gromatici de la signification de droit de passage pour l’iter, ce qui pourrait trouver une application concrète même pour la formule iter populo debetur/non debetur des Libri Coloniarum.

    5 Voir à ce propos l’analyse de Peyras J., Les Libri coloniarum et l’œuvre gracchienne, Autour des Libri coloniarum, Besançon, 2006, p. 62 ; de Frontin, De itineribus controversia, Behrends O. et al., Frontin, Œuvre gromatique, Action Cost A27, Luxembourg, 69, 1998, p. 34-35.

    6 Suggestions de De Nardis M., op. cit., p. 120-122 qu’il ne faudrait pas, à mon sens, relier à l’usage concret et ponctuel des arpenteurs, mais aux questions de droit public et privé relatifs à ces phénomènes à mettre en rapport avec nos connaissances sur le terrain. Sur le modus flumini, voir Hermon H., Intra et extramuros : le concept de la cité et de son ager. Pour une relecture des Libri coloniarum, Caesarodunum XL, 2006b, p. 409-429 ; Hermon E., « Le bord de l’eau : un environnement à risque dans les villes et les campagnes de l’Occident romain  », in Bedon R., « Vicinitas Aquae. La vie au bord de l’eau. En Gaule romaine et dans les régions voisines  », Caesarodunum, 2007/8, Limoges, 2009, p. 13-29.

    7 Pomponius, D. 43.20.3.2 à propos d’un fleuve public qui laisse son lit découvert et dont le cours ne peut pas être suivi, car le lieu restant public est incompatible avec la constitution d’une servitude : Si aquam ex flumine publico duxeris et flumen recesserit, non potes subsequi flumen, quia ex loco servitus imposita non sit., Tuccillo F., Iter usque ad aquam : servitus et ripa dans l’expérience juridique romaine, Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, BAR, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 300.

    8 Pisaurum : sans la nommer : Hygin, Behrends O. et al., Hygin, L’œuvre gromatique, Luxembourg, 2000, p. 127 ; Pseudo Agenius, Campbell B., 64.25-66.15 ; Siculus flaccus, Clavel-Lévêque M. et al., Siculus Flaccus, Les conditions des terres, Naples, 1993, p. 235 ; Augusta Emerita : Agennius Urbicus, Behrends O. et al., « Agennius Urbicus, Controverses sur les terres  », Action Cost A 27, Paris, 2005, p. 228 sqq., Pseudo Agenius, Campbell B., 64.25-66.15 ; Hermon E., « Une res publica et la naturalis ratio : aspects de gestion intégrée de l’eau dans le Corpus agrimensorum Romanorum  », dans Scritti Labruna IV, Naples, 2007a, p. 2491 sqq.

    9 Agenius Urbicus, Behrends et al., op. cit., 2005, p. 219 : Multa flumina et non mediocria in adsignationem mensurae antiquae ceciderunt ; nam et deductarum coloniarum formae indicant, ut multis fluminibus nulla latitutidio sit relicta, « beaucoup des cours d’eau, et non des moindres, sont tombés dans l’assignation de l’ancienne mesure ; en effet les formae des colonies déduites indiquent comment, pour de nombreux cours d’eau, aucune largeur n’a été laissée  ».

    10 Siculus Flaccus, Clavel-Lévêque M. et al., op. cit., 1993, p. 235 : In quibusdam regionibus modus assignationi cessit, in quibusdam vero tamquam subseciuus relictus est, aliis autem exceptus inscriptumque, FUMINI ILLI TANTVM. « En certaines régions, la surface (modus) des cours d’eau a accédé à l’assignation, en d’autres, elle a été laissée comme subsecive, en d’autres encore, elle a été exceptée et on a inscrit POUR UN TEL FLEUVE TANT  ».

    11 La géomorphologie fluviale distingue trois lits : lit ordinaire occupé entièrement par la crue ordinaire seulement une courte période et restant le reste de l’année partiellement à sec ; il se transforme en lit d’étiage qui charrie les dépôts alluvionnaires et héberge la végétation ; enfin le lit d’inondation qui dépasse les berges du fleuve en conditions exceptionnelles et dont la superficie est variable selon l’étendue de la crue, la morphologie du territoire et les œuvres de protection érigées par l’homme (voir à ce propos Maganzani L., Riparia et phénomènes fluviaux, entre histoire, archéologie et droit, Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, BAR, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 249).

    12 Hygin, Behrends O. et al., op. cit., 2000, p. 125 : quod ipsum prouidit auctor diuidendorum agrorum, ut quotiens tempestas concitasset fluuium, quod excedens alveum per regionem uagaretur, sine iniuria cuiusquam deflueret. « Cela a été prévu par l’auteur de la division des terres de façon que, à chaque inondation du fleuve, là où il se repend, quittant son lit, dans la région puisse s’écouler sans causer de préjudice à personne  ».

    13 Pseudo Agenius, Campbell B., The Writings of the Roman Land Surveyors. Introduction, Text, Translation and Commentary, London, 2000, 64.25-66.15 : « Nam ei in Italia Pisurum flumini latitudo est adsignata aetenus, qua usque adlauabat  », « la latitude la plus large connue, jusqu’au point où le fleuve alluvionnait  », in Hermon E., op. cit., 2009, p. 121, n. 23 pour le rapprochement avec la définition de Paul, voir infra n. 17.

    14 Siculus Flaccus, Clavel-Leveque M. et al., op. cit., 1993, p. 236 : […] Flumini PISAURO TANTVM, IN QUO ALVEUS ; « Pour le fleuve de Pisaurus tant de jugères, y compris le lit […] ensuite. Plus loin aussi, même au-delà des rives, est parfois inscrite une surface de terre, dans toutes les centuries à travers lesquelles peut couler ce cours d’eau. En effet, lors de pluies soudaines et violentes, le cours d’eau sortant des rives, continuera à couler, jusqu’à ce qu’il dépasse la surface inscrite pour lui et endommage les terres voisines  ».

    15 Agennius Urbicus, Behrends O. et al., op. cit., 2005, p. 232 : Quoniam subsiciva quae quis occupaverat redimere cogebatur, iniquum iudicatum est, ut quisquam amnem publicum emeret aut sterilia quae alluebat : modus itaque flum [ni] est constitutus.

    16 Hygyn, Behrends O. et al., op. cit., 2000, p. 120 ; Pseudo Agenius, Campbell B., op. cit., 2000, 64.25-66.15 ; Hermon E., op. cit., 2009, n. 31, p. 124 ; Maganzani L., op. cit., 2010, p. 249. Les fleuves pérennes et considérés publics par la jurisprudence ne sont pas épargnés de la sécheresse saisonnière, ainsi le fleuve Pô, fleuve pérenne et l’une des artères fluviales les plus longues de l’Italie, est saisi par Cassius Longinus dans sa situation de torrens qui peut être à sec une partie de l’année, Hermon E., « Giuristi ed agrimensori per una etica di gestione dell’acqua  », Per una cultura comune dell’acqua dal Mediterraneo all’America del Nord, Atti del Convegno di Cassino, 5-7 maggio 2008 (à paraître), n. 24.

    17 D. 43.12.1.5 Ulp. 68 ad edictum : ripa autem ita recte definietur id, quod flumen continent naturalem : bande de territoire normalement descendante vers l’eau, qui contient et délimite le fleuve dans son naturalis rigor, à savoir la crue ordinaire et qui est partiellement à sec durant l’année, puisque le plus haut niveau de cette crue est saisonnier, tel que la seconde définition le décrit : ripa ea putatur esse, quae plenissimum flumen continent (D. 43.12.3.1-2 Paul. 16 ad Sabinum), MAGANZANI L., op. cit., 2010, p. 249.

    18 Le Gall J., Le Tibre, fleuve de Rome, Paris, 1953, p. 166 ; Hermon E., « La gestion intégrée des ressources naturelles : pour une conscience environnementale des juristes et arpenteurs romains  », in Hermon E. (éd.), Société et climats, Naples, 2009a, p. 120 et 122.

    19 D. 43.20.3.2 (34 ad Sab.), cit. supra n. 7, ll s’agit, en fait, du lit d’étiage lorsque le fleuve se retire (recesserit) temporairement au rythme saisonnier et qui reste public et incompatible avec la servitude : iter populo non debetur.

    20 Supra n. 19. C’est le lit d’inondation avec son lot de dépôts en terre privée : on stipule l’accès à l’eau dans le cas de l’accroissement alluvionnaire du terrain frontiste ; sed si alluvione paulatim accesserit fundo tuo, subsequi potes, ou bien si un modus fut prévu au fleuve quia locus totus fluminis serviat ductioni, Tuccillo F., op. cit., 2010, p. 300.

    21 Nielsen T. B., Rome et la transformation du littoral de la mer Tyrhénienne (Ier siècle av. J.-C. - Ier siècle apr. J.-C.), Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, Bar, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 25-34, identifie cinq zones économiques en fonction de la ligne de haute marée qui sépare l’eau de la terre. Une fresque d’une maison de Stabie est, en effet, un témoignage qui montre jusqu’à quel point les villae maritimae sont avancées dans la mer.

    22 En jugeant d’après l’avis de CELS D. XLI. 1.30.1, Pomponius ad. Sabinum : et ideo cum exsiccatus est alveus, proximorum fit, quia iam populus eo non utitur « l’usage du lit asséché est public, mais appartient à ceux qui en sont les plus proches, puisque dorénavant plus personne ne l’utilise  », trad. P. Jaillette, 2010, p. 313.

    23 La vignette de Minturnae est suggestive d’une telle situation. Elle situe le parcellaire adjoint aux rives d’un fleuve sans atteindre son parcours jusqu’à la mer, Hermon E., « Sémantique, droit et pratiques agrimensorales pour la représentation spatiale des riparia  », Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, Bar, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 240.

    24 En Campanie : 10 pieds (Aufidena, Aesernia, Bovianum) ; 15 pieds (Forum Popilii, Sora, Setia) ; 20 pieds (Volturnum, Venafrum) ; 30 pieds (Aquinum, Puzzoles, Privernum, Telesia) ; Chouquer G. et Favory F., L’arpentage romain, Paris, 2001.

    25 50 pieds Aesernia, (Caudium, Saepinum) ; 60 pieds (Calatia, Nuceria) ; 80/5 pieds (Acerrae, Cumes, Naples, Teanum Sidicinum) ; Picenum : 80 pieds (Corfinium, Matilica, Tuficum), Chouquer G. et Favory F., op. cit., 2001, p. 404 et des largeurs plutôt exceptionnelles en Campanie : Atella 120 ; Capua 100 ; Nola 120, Hermon E., La lex Cornelia agraria dans le Liber Coloniarum I, Autour des Libri coloniarum. Colonies et Colonisation dans le Liber coloniarum I, Besançon, 2006, p. 31-43.

    26 Selon Moatti C., Archives et partage de la terre dans le monde romain (IIe siècle av. - Ier siècle apr. J.-C.), Rome, 1993, p. 9, il s’agirait d’une référence à la loi Titia qui a constitué le deuxième triumvirat en 43 av. J.-C. Entre autres, Quilici L., Telesia, Studi di urbanistica antica. Quaderni dell’Istituto di Topografia antica della Università di Roma 2, 1966, p. 104, 37 en fait une œuvre syllanienne. En fait, l’enceinte de Telesia est mentionnée par deux documents épigraphiques, l’un d’époque de Sylla et l’autre d’époque triumvirale, Quilici Gigli S., L’irreggimentazione delle acque nella trasformazione del paesaggio agrario dell’Italia centro-tirrenica, in Quilici Gigli S. (éd.), L’Uomo, acqua e paesaggio. Irreggimentazione delle acque e transformazione del paesaggio antico, Roma, 1996, p. 193-212 ; Quilici L., op. cit., 1966, p. 85 sq. À l’époque triumvirale il s’agirait des assignations à petits groupes de vétérans : Camodeca G., « Problemi di storia sociale in Alife romana  », in Di Cosimo L. et Villucci A. M. (éd.), Il territorio alifano. Archeologia, arte e storia, Atti del convengo, Sant’Angelo d’Alife, 1990, p. 124 et notes.

    27 Campbell B., op. cit., 2000, p. 418, n. 113, également met en doute une colonisation gracchienne à Caiatia.

    28 Peyras J., op. cit., 2006, p. 48-55, rassemble 47 notices attribuées à l’intervention grachienne. Il interprète, p. 55, cette mention singulière comme un exemple d’entreprise militaire d’époque grachienne.

    29 Tite-Live, 23, 19, 11 ; Ovide, Métamorphoses, 714 ; Lucain, II, 423 ; et surtout Stace qui fait état de l’utilité de l’entretien des rives, IV, 3, p. 67 sqq.

    30 Bencivenga compte 10 crues catastrophiques du Tibre au Ier siècle av. J.-C., et 9 au siècle suivant, cit., Leveau Ph., « Les inondations du Tibre à Rome : politiques publiques et variations climatiques à l’époque romaine  », in Hermon E. (éd.), Vers une gestion intégrée de l’eau dans l’Empire romain, Rome, 2008, p. 138 ; sur les inondations du Tibre et le travail d’aménagement des ripae, Muzzioli M. P., « Le piene del Tevere ela sistemazione delle “ripae” a Roma. Il contributo della Pianta di Via Anicia  », in Hermon E. (éd.), Société et climats dans l’Empire romain, Naples, 2009, p. 392-393.

    31 Ortolani F., Pagliuca S., Santomarco E. et Stagliano U., « I dissesti catastrofici del Matese meridionale nel quadro delle modificazioni geoambientali avvenute durante il periodo storico in Campania  », in Caiazza D. (éd.), I torrenti assassini del Matese meridionale, Atti del convegno, Allifae, 2002, p. 55-100.

    32 Les principales modifications de la plaine du Volturne et le long du littoral ont été établies à partir de recherches géomorphologiques sur ces sites menées par F. Ortolani et S. Pagliuca. Franco Ortolani m’a fait l’amitié de me transmettre une courte synthèse de leurs travaux. Sur ces questions, voir Ortolani F. et al., op. cit., 2002.

    33 Di Miglio P., Ischia. Natura, cultura e storia, 4e éd., 2010, p. 16, sur l’apparition du nom romain de Ischia − Anaria − à l’époque de Sylla, peut être en rapport avec la nature sismique de l’île ; Buchner Dora N., 2000, p. 3 sur l’abandon de l’île au Ier siècle av. J.-C., à cause de son activité volcanique au profit de Pozzuoli.

    34 À titre d’exemple, des schémas de distribution des produits éruptifs à diverses époques, suite aux éruptions volcaniques du Vésuve peuvent dépasser le Beneventum, Di Maio G. et Melluso L., « Il quaderno geomabientale e evoluzione recente del paesagio appenninico  », in Campania antica, 1998, p. 27.

    35 À Casilinum, Capua ancienne, on signale un autre pont détruit qui fut reconstruit plusieurs fois en procédant au soulèvement des piles probablement en fonction des évolutions du lit du fleuve. Il fut reconstruit à l’époque longobarde. Actuellement le site est en dessous de 8 mètres de terre alluvionnaire (information de Franco Ortolani). Entre le mont Tifata e Triflisco, on trouve un pont antique dit d’Hannibal, « P (onte) antico dir (uto)  », Quilici Gigli S., op. cit., 2010, p. 17, n. 14.

    36 Caiazza D., « I diluvi del versante merdionale del Matese  », in Caiazza D. (éd.), I torrenti assassini del Matese meridionale, 2002a, p. 33-54, ainsi Allifae sous l’effet de l’un des torrents « assassins » de la région, par exemple, le torrent Torano.

    37 Dans la région d’Allifae, Casilinum, et Urbana, on mentionne des vestiges des ponts antiques à l’appui de l’allégation de Caiazza D., « Modificazione geomambientali nella piana del Volturne dal I sec a. c. e la crescita dei suoli ad Allifae, Casilinum et Urbana  », in Caiazza D. (éd.), I torrenti assassini del Matese meridionale, Atti del convegno, Alife, 2002, p. 17-32, p. 17 sqq. ; 2003, 21-38, sur l’augmentation du niveau des sols avec l’éventuel changement du lit du cours d’eau, phénomènes attribués à cette époque, infra. Cette recherche a également permis à cet auteur de localiser à Torre degli Schiavi, connue par des documents d’archives, la colonie Urbana, déduite à Capoue par Sylla et dont les traces ont complètement disparu.

    38 Ortolani F. et al., op. cit., 2002, p. 55-100 ; Caiazza D., op. cit., 2002 ; « Il territorio tra Matese e Volturne. Note di topografia storica  », in Caiazza D. (éd.), Il territorio tra Matese e Volturne. Atti del convegno di studi sulla storia delle foranie della diocesi di Isernia-Venafro (Capriati al Volturne 1994), Naples, 1997, p. 67-104.

    39 Deux centuriations sont disposées l’une en face de l’autre que Johanovski, 1998, p. 141 attribue respectivement à Saticula et à Telesia, fig. 149 et infra n. 77. Celle de Saticula per strigas daterait du IVe siècle av. J.-C.

    40 Information que je dois à l’amitié de D. Caiazza.

    41 Caiazza D., op. cit., 1997 ; Renda G., 2010, p. 113-116, site 56. Faicchio, localité Porto, avec le changement du lit du torrent et grands dépôts alluvionnaires qui ont enterré pratiquement les structures du pont repéré toutefois dans la Carta di ditorni di Napoli de 1840. La technique constructive n’est pas antérieure à la fin du IIe siècle av. J.-C. et caractérisant sans doute le Ier siècle av. J.-C., permettant ainsi des rapprochements avec d’autres ponts du Volturne.

    42 Le pont de Fabius Maximus, site 2, Faicchio, localité Fontanavecchia, Piscopo D., « La zona del Faicchio  », Carta archeologica e ricerche in Campania, Roma, XV, 4, 2010, p. 48-55.

    43 Site 128, Cera G., « Il territorio di Cubulteria  », Carta archeologica e ricerche in Campania, XV, suppl. fasc. I, 2004, p. 149-150 qui atteste un changement de lit d’environ 70 mètres par rapport à l’époque romaine.

    44 Site 22, localité Ponte, Cera G., op. cit., 2004, p. 60-63 et fig. 35, 62. Le travail d’aménagement du fleuve indique des échanges commerciaux à cet endroit et a été mis en rapport avec le statut de municipe de Culbuteria après la Guerre sociale.

    45 Ce pont présente des grandes similitudes de construction avec le précédent, Caiazza D., op. cit., 1997, p. 67-104.

    46 Un séisme aurait détruit une partie des fortifications polygonales samnites d’Aesernia et Bovianum au milieu du Ier siècle de notre ère et en territoire de Liguri Baebini, CIL, IX, 1466 ; balneum terrae motu conlapsum, De Benedettis G., Bovanum, « Aesernia, Monte Vaiarno : considerazioni sull’evoluzione dell’insediamento del Sannio Pentro  », in Samnium. Settlement and Cultural change, The Proceedings of the third E. Togo Salmon Conference in Roman Studies, Providence, 2004, p. 27. Le cumul des preuves autour des années 60 de notre ère incite à dater de la même période des données archéologiques comme a Bovianum. Il s’agit cependant d’une zone sismique importante et on peut présumer que d’autres séismes ont précédé ceux datés grâce à d’autres sources.

    47 Dans le contexte samnite et pour les colonies de vétérans réputées césariennes à Aesernia, Aufidena, Bovianum, le droit d’iter est de 10 ped., Hermon E., « Colonisation et municipalisation entre Sylla et César  », dans les Libri Coloniarum, Ius Antiquum, 2 (22), Moscou, p. 68-70.

    48 Une inscription récemment découverte signale également curator aquae ducendae pour la construction d’un aqueduc public à Allifae : Flavoniae L (uci) f (iliae) Pollae Cordus uxori (fecit), M (arcus Garnius) M (arci) f (ilius) M (arci) N (epos) Cordus, trib (unus) mil (itum), praef (ectus) eq (uitum), praef (ectus) fab] r (um), duovir quinq (ennalis) iter (um), [aed (ilis), q (uestor), curat (or) aqu] ae ducend (ae) d (ecreto) decurionum, PAE = RMA, 1990, p. 107-110. Le constructeur, M. Granius Cordus, a exercé les plus hautes fonctions muncipales, trois fois duumvir et une fois duumvir quinquinnalis avec des pouvoirs du censeur. La curatèle d’eau fut une charge extraordinaire d’évergétisme municipal. Intéressante la mention de la femme de M. Granius. L’inscription publiée en 1975 est datée du début de notre ère. Voir également CIL, IX, 2353 = ILS 6513, CORBIER M., op. cit., 1984, p. 256 sq.

    49 Voir à ce propos Taglaimonte G. et Miele F., Ager Allifanus, in Franciosi G. (éd.), Ager campanus, Naples, 2002, p. 191, n. 2 et la bibliographie.

    50 L’existence d’un grand nombre des tratture qui liaient la colonie d’Alllifae aux cités intérieures du massif Matese (Aesernia, Bovinaum, Saepinum) peut suggérer une application concrète du droit d’iter populo non debetur.

    51 La confrontation interdisciplinaire de différentes échelles spatio-temporelles permet, de plus, d’inscrire la période du IIe siècle av. au IIe siècle apr. J.-C. dans une période de réchauffement climatique général et d’identifier « le forçage anthropique » culminant durant la période centrée entre le Ier siècle av. et le Ier siècle apr. J.-C., Berger, 2009, p. 326.

    Auteur

    • Ella Hermon
      Académie des arts, des lettres et des sciences humaines, Société Royale du Canada, Université Laval, Canada
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    1 Sur toutes ces questions, je renvoie aux références à ces ouvrages dans l’édition récente des Libri Coloniarum, voir annexe 3, iter populo debetur ped (um) (tot) et iter populo non debetur dans les Libri coloniarum, Libri Coloniarum 2008, p. 57-61. Pour compléter, voir également la discussion De Nardis M., Viabilità campana e scritti gromatici, Ager Campanus, Naples, 2002, p. 115-123.

    2 De Nardis M., op. cit., p. 117 sqq., se réfère à la lex agris metiundis trimvirale sur les dimensions des limites, qui ne devraient pas dépasser 40 pieds pour le decumanus maximus, 20 pieds pour le cardo maximus, 12 pour les axes intermédiaires et 8 pieds pour les subruncivi. Hygin 71Th enregistre des légères variantes de ces dimensions. D’ailleurs, les dimensions des voies publiques des colonies, notamment à Capua, d’environ 15 pieds, contrastent avec les dimensions enregistrées par les Libri. Elles sont habituellement identifiées dans la lex colonica.

    3 Un passage d’Hygin l’arpenteur pourrait être éclairant sur la distinction entre ce iter populo debetur et via publica, distinction qui est rapportée globalement pour les trois lois-modèles : per hos iter populo sicut viam publicam debetur : id enim cautum ex lege Sempronia et Cornelia et Iulia, Clavel-Lévêque M. et al., Hygin l’Arpenteur, L’Établissement des limites, Naples, 1996, p. 14-15 et n. 16.

    4 En mettant à profit toute l’érudition juridique sur le sujet, Tuccillo F., « L’“iter culturas accedetium” e la servitù di passagio ancora su Grom. vet. 126.3-8  », Index, 35, 2007, p. 125-139, souligne l’utilisation par les Gromatici de la signification de droit de passage pour l’iter, ce qui pourrait trouver une application concrète même pour la formule iter populo debetur/non debetur des Libri Coloniarum.

    5 Voir à ce propos l’analyse de Peyras J., Les Libri coloniarum et l’œuvre gracchienne, Autour des Libri coloniarum, Besançon, 2006, p. 62 ; de Frontin, De itineribus controversia, Behrends O. et al., Frontin, Œuvre gromatique, Action Cost A27, Luxembourg, 69, 1998, p. 34-35.

    6 Suggestions de De Nardis M., op. cit., p. 120-122 qu’il ne faudrait pas, à mon sens, relier à l’usage concret et ponctuel des arpenteurs, mais aux questions de droit public et privé relatifs à ces phénomènes à mettre en rapport avec nos connaissances sur le terrain. Sur le modus flumini, voir Hermon H., Intra et extramuros : le concept de la cité et de son ager. Pour une relecture des Libri coloniarum, Caesarodunum XL, 2006b, p. 409-429 ; Hermon E., « Le bord de l’eau : un environnement à risque dans les villes et les campagnes de l’Occident romain  », in Bedon R., « Vicinitas Aquae. La vie au bord de l’eau. En Gaule romaine et dans les régions voisines  », Caesarodunum, 2007/8, Limoges, 2009, p. 13-29.

    7 Pomponius, D. 43.20.3.2 à propos d’un fleuve public qui laisse son lit découvert et dont le cours ne peut pas être suivi, car le lieu restant public est incompatible avec la constitution d’une servitude : Si aquam ex flumine publico duxeris et flumen recesserit, non potes subsequi flumen, quia ex loco servitus imposita non sit., Tuccillo F., Iter usque ad aquam : servitus et ripa dans l’expérience juridique romaine, Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, BAR, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 300.

    8 Pisaurum : sans la nommer : Hygin, Behrends O. et al., Hygin, L’œuvre gromatique, Luxembourg, 2000, p. 127 ; Pseudo Agenius, Campbell B., 64.25-66.15 ; Siculus flaccus, Clavel-Lévêque M. et al., Siculus Flaccus, Les conditions des terres, Naples, 1993, p. 235 ; Augusta Emerita : Agennius Urbicus, Behrends O. et al., « Agennius Urbicus, Controverses sur les terres  », Action Cost A 27, Paris, 2005, p. 228 sqq., Pseudo Agenius, Campbell B., 64.25-66.15 ; Hermon E., « Une res publica et la naturalis ratio : aspects de gestion intégrée de l’eau dans le Corpus agrimensorum Romanorum  », dans Scritti Labruna IV, Naples, 2007a, p. 2491 sqq.

    9 Agenius Urbicus, Behrends et al., op. cit., 2005, p. 219 : Multa flumina et non mediocria in adsignationem mensurae antiquae ceciderunt ; nam et deductarum coloniarum formae indicant, ut multis fluminibus nulla latitutidio sit relicta, « beaucoup des cours d’eau, et non des moindres, sont tombés dans l’assignation de l’ancienne mesure ; en effet les formae des colonies déduites indiquent comment, pour de nombreux cours d’eau, aucune largeur n’a été laissée  ».

    10 Siculus Flaccus, Clavel-Lévêque M. et al., op. cit., 1993, p. 235 : In quibusdam regionibus modus assignationi cessit, in quibusdam vero tamquam subseciuus relictus est, aliis autem exceptus inscriptumque, FUMINI ILLI TANTVM. « En certaines régions, la surface (modus) des cours d’eau a accédé à l’assignation, en d’autres, elle a été laissée comme subsecive, en d’autres encore, elle a été exceptée et on a inscrit POUR UN TEL FLEUVE TANT  ».

    11 La géomorphologie fluviale distingue trois lits : lit ordinaire occupé entièrement par la crue ordinaire seulement une courte période et restant le reste de l’année partiellement à sec ; il se transforme en lit d’étiage qui charrie les dépôts alluvionnaires et héberge la végétation ; enfin le lit d’inondation qui dépasse les berges du fleuve en conditions exceptionnelles et dont la superficie est variable selon l’étendue de la crue, la morphologie du territoire et les œuvres de protection érigées par l’homme (voir à ce propos Maganzani L., Riparia et phénomènes fluviaux, entre histoire, archéologie et droit, Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, BAR, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 249).

    12 Hygin, Behrends O. et al., op. cit., 2000, p. 125 : quod ipsum prouidit auctor diuidendorum agrorum, ut quotiens tempestas concitasset fluuium, quod excedens alveum per regionem uagaretur, sine iniuria cuiusquam deflueret. « Cela a été prévu par l’auteur de la division des terres de façon que, à chaque inondation du fleuve, là où il se repend, quittant son lit, dans la région puisse s’écouler sans causer de préjudice à personne  ».

    13 Pseudo Agenius, Campbell B., The Writings of the Roman Land Surveyors. Introduction, Text, Translation and Commentary, London, 2000, 64.25-66.15 : « Nam ei in Italia Pisurum flumini latitudo est adsignata aetenus, qua usque adlauabat  », « la latitude la plus large connue, jusqu’au point où le fleuve alluvionnait  », in Hermon E., op. cit., 2009, p. 121, n. 23 pour le rapprochement avec la définition de Paul, voir infra n. 17.

    14 Siculus Flaccus, Clavel-Leveque M. et al., op. cit., 1993, p. 236 : […] Flumini PISAURO TANTVM, IN QUO ALVEUS ; « Pour le fleuve de Pisaurus tant de jugères, y compris le lit […] ensuite. Plus loin aussi, même au-delà des rives, est parfois inscrite une surface de terre, dans toutes les centuries à travers lesquelles peut couler ce cours d’eau. En effet, lors de pluies soudaines et violentes, le cours d’eau sortant des rives, continuera à couler, jusqu’à ce qu’il dépasse la surface inscrite pour lui et endommage les terres voisines  ».

    15 Agennius Urbicus, Behrends O. et al., op. cit., 2005, p. 232 : Quoniam subsiciva quae quis occupaverat redimere cogebatur, iniquum iudicatum est, ut quisquam amnem publicum emeret aut sterilia quae alluebat : modus itaque flum [ni] est constitutus.

    16 Hygyn, Behrends O. et al., op. cit., 2000, p. 120 ; Pseudo Agenius, Campbell B., op. cit., 2000, 64.25-66.15 ; Hermon E., op. cit., 2009, n. 31, p. 124 ; Maganzani L., op. cit., 2010, p. 249. Les fleuves pérennes et considérés publics par la jurisprudence ne sont pas épargnés de la sécheresse saisonnière, ainsi le fleuve Pô, fleuve pérenne et l’une des artères fluviales les plus longues de l’Italie, est saisi par Cassius Longinus dans sa situation de torrens qui peut être à sec une partie de l’année, Hermon E., « Giuristi ed agrimensori per una etica di gestione dell’acqua  », Per una cultura comune dell’acqua dal Mediterraneo all’America del Nord, Atti del Convegno di Cassino, 5-7 maggio 2008 (à paraître), n. 24.

    17 D. 43.12.1.5 Ulp. 68 ad edictum : ripa autem ita recte definietur id, quod flumen continent naturalem : bande de territoire normalement descendante vers l’eau, qui contient et délimite le fleuve dans son naturalis rigor, à savoir la crue ordinaire et qui est partiellement à sec durant l’année, puisque le plus haut niveau de cette crue est saisonnier, tel que la seconde définition le décrit : ripa ea putatur esse, quae plenissimum flumen continent (D. 43.12.3.1-2 Paul. 16 ad Sabinum), MAGANZANI L., op. cit., 2010, p. 249.

    18 Le Gall J., Le Tibre, fleuve de Rome, Paris, 1953, p. 166 ; Hermon E., « La gestion intégrée des ressources naturelles : pour une conscience environnementale des juristes et arpenteurs romains  », in Hermon E. (éd.), Société et climats, Naples, 2009a, p. 120 et 122.

    19 D. 43.20.3.2 (34 ad Sab.), cit. supra n. 7, ll s’agit, en fait, du lit d’étiage lorsque le fleuve se retire (recesserit) temporairement au rythme saisonnier et qui reste public et incompatible avec la servitude : iter populo non debetur.

    20 Supra n. 19. C’est le lit d’inondation avec son lot de dépôts en terre privée : on stipule l’accès à l’eau dans le cas de l’accroissement alluvionnaire du terrain frontiste ; sed si alluvione paulatim accesserit fundo tuo, subsequi potes, ou bien si un modus fut prévu au fleuve quia locus totus fluminis serviat ductioni, Tuccillo F., op. cit., 2010, p. 300.

    21 Nielsen T. B., Rome et la transformation du littoral de la mer Tyrhénienne (Ier siècle av. J.-C. - Ier siècle apr. J.-C.), Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, Bar, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 25-34, identifie cinq zones économiques en fonction de la ligne de haute marée qui sépare l’eau de la terre. Une fresque d’une maison de Stabie est, en effet, un témoignage qui montre jusqu’à quel point les villae maritimae sont avancées dans la mer.

    22 En jugeant d’après l’avis de CELS D. XLI. 1.30.1, Pomponius ad. Sabinum : et ideo cum exsiccatus est alveus, proximorum fit, quia iam populus eo non utitur « l’usage du lit asséché est public, mais appartient à ceux qui en sont les plus proches, puisque dorénavant plus personne ne l’utilise  », trad. P. Jaillette, 2010, p. 313.

    23 La vignette de Minturnae est suggestive d’une telle situation. Elle situe le parcellaire adjoint aux rives d’un fleuve sans atteindre son parcours jusqu’à la mer, Hermon E., « Sémantique, droit et pratiques agrimensorales pour la représentation spatiale des riparia  », Riparia dans l’Empire romain - pour la définition du concept, Bar, 2006, série internationale, Oxford, 2010, p. 240.

    24 En Campanie : 10 pieds (Aufidena, Aesernia, Bovianum) ; 15 pieds (Forum Popilii, Sora, Setia) ; 20 pieds (Volturnum, Venafrum) ; 30 pieds (Aquinum, Puzzoles, Privernum, Telesia) ; Chouquer G. et Favory F., L’arpentage romain, Paris, 2001.

    25 50 pieds Aesernia, (Caudium, Saepinum) ; 60 pieds (Calatia, Nuceria) ; 80/5 pieds (Acerrae, Cumes, Naples, Teanum Sidicinum) ; Picenum : 80 pieds (Corfinium, Matilica, Tuficum), Chouquer G. et Favory F., op. cit., 2001, p. 404 et des largeurs plutôt exceptionnelles en Campanie : Atella 120 ; Capua 100 ; Nola 120, Hermon E., La lex Cornelia agraria dans le Liber Coloniarum I, Autour des Libri coloniarum. Colonies et Colonisation dans le Liber coloniarum I, Besançon, 2006, p. 31-43.

    26 Selon Moatti C., Archives et partage de la terre dans le monde romain (IIe siècle av. - Ier siècle apr. J.-C.), Rome, 1993, p. 9, il s’agirait d’une référence à la loi Titia qui a constitué le deuxième triumvirat en 43 av. J.-C. Entre autres, Quilici L., Telesia, Studi di urbanistica antica. Quaderni dell’Istituto di Topografia antica della Università di Roma 2, 1966, p. 104, 37 en fait une œuvre syllanienne. En fait, l’enceinte de Telesia est mentionnée par deux documents épigraphiques, l’un d’époque de Sylla et l’autre d’époque triumvirale, Quilici Gigli S., L’irreggimentazione delle acque nella trasformazione del paesaggio agrario dell’Italia centro-tirrenica, in Quilici Gigli S. (éd.), L’Uomo, acqua e paesaggio. Irreggimentazione delle acque e transformazione del paesaggio antico, Roma, 1996, p. 193-212 ; Quilici L., op. cit., 1966, p. 85 sq. À l’époque triumvirale il s’agirait des assignations à petits groupes de vétérans : Camodeca G., « Problemi di storia sociale in Alife romana  », in Di Cosimo L. et Villucci A. M. (éd.), Il territorio alifano. Archeologia, arte e storia, Atti del convengo, Sant’Angelo d’Alife, 1990, p. 124 et notes.

    27 Campbell B., op. cit., 2000, p. 418, n. 113, également met en doute une colonisation gracchienne à Caiatia.

    28 Peyras J., op. cit., 2006, p. 48-55, rassemble 47 notices attribuées à l’intervention grachienne. Il interprète, p. 55, cette mention singulière comme un exemple d’entreprise militaire d’époque grachienne.

    29 Tite-Live, 23, 19, 11 ; Ovide, Métamorphoses, 714 ; Lucain, II, 423 ; et surtout Stace qui fait état de l’utilité de l’entretien des rives, IV, 3, p. 67 sqq.

    30 Bencivenga compte 10 crues catastrophiques du Tibre au Ier siècle av. J.-C., et 9 au siècle suivant, cit., Leveau Ph., « Les inondations du Tibre à Rome : politiques publiques et variations climatiques à l’époque romaine  », in Hermon E. (éd.), Vers une gestion intégrée de l’eau dans l’Empire romain, Rome, 2008, p. 138 ; sur les inondations du Tibre et le travail d’aménagement des ripae, Muzzioli M. P., « Le piene del Tevere ela sistemazione delle “ripae” a Roma. Il contributo della Pianta di Via Anicia  », in Hermon E. (éd.), Société et climats dans l’Empire romain, Naples, 2009, p. 392-393.

    31 Ortolani F., Pagliuca S., Santomarco E. et Stagliano U., « I dissesti catastrofici del Matese meridionale nel quadro delle modificazioni geoambientali avvenute durante il periodo storico in Campania  », in Caiazza D. (éd.), I torrenti assassini del Matese meridionale, Atti del convegno, Allifae, 2002, p. 55-100.

    32 Les principales modifications de la plaine du Volturne et le long du littoral ont été établies à partir de recherches géomorphologiques sur ces sites menées par F. Ortolani et S. Pagliuca. Franco Ortolani m’a fait l’amitié de me transmettre une courte synthèse de leurs travaux. Sur ces questions, voir Ortolani F. et al., op. cit., 2002.

    33 Di Miglio P., Ischia. Natura, cultura e storia, 4e éd., 2010, p. 16, sur l’apparition du nom romain de Ischia − Anaria − à l’époque de Sylla, peut être en rapport avec la nature sismique de l’île ; Buchner Dora N., 2000, p. 3 sur l’abandon de l’île au Ier siècle av. J.-C., à cause de son activité volcanique au profit de Pozzuoli.

    34 À titre d’exemple, des schémas de distribution des produits éruptifs à diverses époques, suite aux éruptions volcaniques du Vésuve peuvent dépasser le Beneventum, Di Maio G. et Melluso L., « Il quaderno geomabientale e evoluzione recente del paesagio appenninico  », in Campania antica, 1998, p. 27.

    35 À Casilinum, Capua ancienne, on signale un autre pont détruit qui fut reconstruit plusieurs fois en procédant au soulèvement des piles probablement en fonction des évolutions du lit du fleuve. Il fut reconstruit à l’époque longobarde. Actuellement le site est en dessous de 8 mètres de terre alluvionnaire (information de Franco Ortolani). Entre le mont Tifata e Triflisco, on trouve un pont antique dit d’Hannibal, « P (onte) antico dir (uto)  », Quilici Gigli S., op. cit., 2010, p. 17, n. 14.

    36 Caiazza D., « I diluvi del versante merdionale del Matese  », in Caiazza D. (éd.), I torrenti assassini del Matese meridionale, 2002a, p. 33-54, ainsi Allifae sous l’effet de l’un des torrents « assassins » de la région, par exemple, le torrent Torano.

    37 Dans la région d’Allifae, Casilinum, et Urbana, on mentionne des vestiges des ponts antiques à l’appui de l’allégation de Caiazza D., « Modificazione geomambientali nella piana del Volturne dal I sec a. c. e la crescita dei suoli ad Allifae, Casilinum et Urbana  », in Caiazza D. (éd.), I torrenti assassini del Matese meridionale, Atti del convegno, Alife, 2002, p. 17-32, p. 17 sqq. ; 2003, 21-38, sur l’augmentation du niveau des sols avec l’éventuel changement du lit du cours d’eau, phénomènes attribués à cette époque, infra. Cette recherche a également permis à cet auteur de localiser à Torre degli Schiavi, connue par des documents d’archives, la colonie Urbana, déduite à Capoue par Sylla et dont les traces ont complètement disparu.

    38 Ortolani F. et al., op. cit., 2002, p. 55-100 ; Caiazza D., op. cit., 2002 ; « Il territorio tra Matese e Volturne. Note di topografia storica  », in Caiazza D. (éd.), Il territorio tra Matese e Volturne. Atti del convegno di studi sulla storia delle foranie della diocesi di Isernia-Venafro (Capriati al Volturne 1994), Naples, 1997, p. 67-104.

    39 Deux centuriations sont disposées l’une en face de l’autre que Johanovski, 1998, p. 141 attribue respectivement à Saticula et à Telesia, fig. 149 et infra n. 77. Celle de Saticula per strigas daterait du IVe siècle av. J.-C.

    40 Information que je dois à l’amitié de D. Caiazza.

    41 Caiazza D., op. cit., 1997 ; Renda G., 2010, p. 113-116, site 56. Faicchio, localité Porto, avec le changement du lit du torrent et grands dépôts alluvionnaires qui ont enterré pratiquement les structures du pont repéré toutefois dans la Carta di ditorni di Napoli de 1840. La technique constructive n’est pas antérieure à la fin du IIe siècle av. J.-C. et caractérisant sans doute le Ier siècle av. J.-C., permettant ainsi des rapprochements avec d’autres ponts du Volturne.

    42 Le pont de Fabius Maximus, site 2, Faicchio, localité Fontanavecchia, Piscopo D., « La zona del Faicchio  », Carta archeologica e ricerche in Campania, Roma, XV, 4, 2010, p. 48-55.

    43 Site 128, Cera G., « Il territorio di Cubulteria  », Carta archeologica e ricerche in Campania, XV, suppl. fasc. I, 2004, p. 149-150 qui atteste un changement de lit d’environ 70 mètres par rapport à l’époque romaine.

    44 Site 22, localité Ponte, Cera G., op. cit., 2004, p. 60-63 et fig. 35, 62. Le travail d’aménagement du fleuve indique des échanges commerciaux à cet endroit et a été mis en rapport avec le statut de municipe de Culbuteria après la Guerre sociale.

    45 Ce pont présente des grandes similitudes de construction avec le précédent, Caiazza D., op. cit., 1997, p. 67-104.

    46 Un séisme aurait détruit une partie des fortifications polygonales samnites d’Aesernia et Bovianum au milieu du Ier siècle de notre ère et en territoire de Liguri Baebini, CIL, IX, 1466 ; balneum terrae motu conlapsum, De Benedettis G., Bovanum, « Aesernia, Monte Vaiarno : considerazioni sull’evoluzione dell’insediamento del Sannio Pentro  », in Samnium. Settlement and Cultural change, The Proceedings of the third E. Togo Salmon Conference in Roman Studies, Providence, 2004, p. 27. Le cumul des preuves autour des années 60 de notre ère incite à dater de la même période des données archéologiques comme a Bovianum. Il s’agit cependant d’une zone sismique importante et on peut présumer que d’autres séismes ont précédé ceux datés grâce à d’autres sources.

    47 Dans le contexte samnite et pour les colonies de vétérans réputées césariennes à Aesernia, Aufidena, Bovianum, le droit d’iter est de 10 ped., Hermon E., « Colonisation et municipalisation entre Sylla et César  », dans les Libri Coloniarum, Ius Antiquum, 2 (22), Moscou, p. 68-70.

    48 Une inscription récemment découverte signale également curator aquae ducendae pour la construction d’un aqueduc public à Allifae : Flavoniae L (uci) f (iliae) Pollae Cordus uxori (fecit), M (arcus Garnius) M (arci) f (ilius) M (arci) N (epos) Cordus, trib (unus) mil (itum), praef (ectus) eq (uitum), praef (ectus) fab] r (um), duovir quinq (ennalis) iter (um), [aed (ilis), q (uestor), curat (or) aqu] ae ducend (ae) d (ecreto) decurionum, PAE = RMA, 1990, p. 107-110. Le constructeur, M. Granius Cordus, a exercé les plus hautes fonctions muncipales, trois fois duumvir et une fois duumvir quinquinnalis avec des pouvoirs du censeur. La curatèle d’eau fut une charge extraordinaire d’évergétisme municipal. Intéressante la mention de la femme de M. Granius. L’inscription publiée en 1975 est datée du début de notre ère. Voir également CIL, IX, 2353 = ILS 6513, CORBIER M., op. cit., 1984, p. 256 sq.

    49 Voir à ce propos Taglaimonte G. et Miele F., Ager Allifanus, in Franciosi G. (éd.), Ager campanus, Naples, 2002, p. 191, n. 2 et la bibliographie.

    50 L’existence d’un grand nombre des tratture qui liaient la colonie d’Alllifae aux cités intérieures du massif Matese (Aesernia, Bovinaum, Saepinum) peut suggérer une application concrète du droit d’iter populo non debetur.

    51 La confrontation interdisciplinaire de différentes échelles spatio-temporelles permet, de plus, d’inscrire la période du IIe siècle av. au IIe siècle apr. J.-C. dans une période de réchauffement climatique général et d’identifier « le forçage anthropique » culminant durant la période centrée entre le Ier siècle av. et le Ier siècle apr. J.-C., Berger, 2009, p. 326.

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    Hermon, E. (2013). Iter populo debetur/non debetur et la gestion d’un environnement à risque. In I. Pimouguet-Pédarros, M. Clavel-Levêque, & F. Ouachour (éds.), Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.34357
    Hermon, Ella. « Iter populo debetur/non debetur et la gestion d’un environnement à risque ». In Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne, édité par Isabelle Pimouguet-Pédarros, Monique Clavel-Levêque, et Fatima Ouachour. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2013. https://doi.org/10.4000/books.pur.34357.
    Hermon, Ella. « Iter populo debetur/non debetur et la gestion d’un environnement à risque ». Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne, édité par Isabelle Pimouguet-Pédarros et al., Presses universitaires de Rennes, 2013, https://doi.org/10.4000/books.pur.34357.

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    Pimouguet-Pédarros, I., Clavel-Levêque, M., & Ouachour, F. (éds.). (2013). Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.34338
    Pimouguet-Pédarros, Isabelle, Monique Clavel-Levêque, et Fatima Ouachour, éd. Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2013. https://doi.org/10.4000/books.pur.34338.
    Pimouguet-Pédarros, Isabelle, et al., éditeurs. Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne. Presses universitaires de Rennes, 2013, https://doi.org/10.4000/books.pur.34338.
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