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Hommes, cultures et paysages de l'Antiquité à la période moderne

 | 
Isabelle Pimouguet-Pédarros
, 
Monique Clavel-Levêque
, 
Fatima Ouachour

Première partie. L'Afrique du Nord antique

Une famille de notables de Furnos Maius et la lettre 1 de la correspondance de Cyprien de Carthage

Michel Christol

Résumé

La lettre 1 de Cyprien de Carthage se rapporte à une question de discipline qui touche un des frères (Geminius Victor) et un prêtre (Geminius Faustinus) dans une communauté chrétienne, Furnos. La ville est certainement Furnos Maius. Une inscription de découverte récente, adressée à Gemiius Optimus Mucianus, confirme cette localisation et l’existence dans la cité d’un groupe de Geminii, appartenant aux familles dirigeantes. Le sujet du conflit (la nomination d’un tuteur par testament) se rapporte aux pratiques des notables municipaux dans le domaine juridique.

Texte intégral

  • 1 Clarke G.W., The Letters of St. Cyprian of Carthage, I, New York-Ramsey, 1984, p. 51-52 (traductio (...)
  • 2 Duval Y., Les chrétientés d’Occident et leur évêque au IIIe siècle. Plebs in ecclesia constituta ( (...)
  • 3 Deléani S., Saint Cyprien, Lettres 1-20, introduction, texte, traduction et commentaire, « Coll. d (...)
  • 4 Sur les questions institutionnelles : Duval Y., Les chrétientés, p. 303-308 surtout, voir p. 133-1 (...)
  • 5 Voir aussi Deleani S., « Le clergé dans l’œuvre de saint Cyprien », Actes du IIIe colloque de La R (...)
  • 6 Voir aussi Deléani S., « Les formes épistolaires dans la correspondance de saint Cyprien : traditi (...)
  • 7 Voir ci-dessous n. 40.

1Après le commentaire de G.W. Clarke1, puis les recherches d’Y. Duval2, et la longue analyse que vient de publier S. Deléani sur les vingt premières lettres de la collection3, les diverses questions de fond que pose la lettre 1 de la correspondance de Cyprien de Carthage sont bien éclairées. C’est une sententia de l’évêque, assisté d’un conseil qu’il avait lui-même convoqué en tenant compte des circonstances4. Elle rappelle les principes qui devaient régir la vie des membres du clergé, ici un prêtre appelé Geminius Faustinus : se vouer au sacerdoce et ne pas se laisser entraîner dans les embarras du « siècle5 ». Il fallait donc réprouver l’attitude de Geminius Victor qui, par testament, avait fait du prêtre Faustinus le tuteur de ses enfants. Un détail, secondaire en définitive, pourrait être remis sur le tapis. Il concerne la mise en branle de la cognitio de l’évêque de Carthage. Il est vraisemblable que le siège était alors vacant par le décès de son titulaire6. Mais qu’une dénonciation soit parvenue jusqu’à l’église majeure de la province soulignerait l’existence de tensions ou de fractures dans la communauté dont faisaient partie ce prêtre (presbyter), Geminius Faustus, et ce fidèle (frater), Geminius Victor7. Peut-être à un moment où il fallait élire un nouvel évêque.

  • 8 Sur cette adresse, outre l’article de S. Deléani cité n. 6 : ID., « Sur une formule épistolaire da (...)

2Le point qu’il importe de préciser, mais qui ne ressortit pas aux préoccupations essentielles de l’évêque de Carthage, et qui peut être traité de façon indépendante, est la localisation de cette communauté au sein de la province d’Afrique. La lettre commence de la sorte8 : « Cyprianus presbyteris et diaconibus et plebi Furnis consistentibus s(alutem). »

  • 9 Gascou J., La politique municipale de l’Empire romain en Afrique proconsulaire de Trajan à Septime (...)
  • 10 CIL, VIII, 25808 : Gascou J., Politique municipale, p. 102, p. 188 ; Pflaum H.-G., « La romanisati (...)
  • 11 CIL, VIII, 25808 b (= ILS, 9403) ; Gascou J., Politique municipale, p. 143, p. 188 et 201. Le pers (...)
  • 12 Lepelley C., Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, II. Notices d’histoire municipale, Pari (...)
  • 13 On se référera aux mentions des curateurs de cités Q. Paccius Victor Candidianus (CIL, VIII, 25808 (...)
  • 14 Mesnage J., L’Afrique chrétienne. Évêchés et ruines antiques d’après les manuscrits de Mgr Toulott (...)
  • 15 Mesnage J., ibid., p. 67. Dans la notice sur Aïn Fourna, où l’on commence d’envisager la localisat (...)
  • 16 Mesnage J., Le christianisme en Afrique. Origine, développements, extension, Alger-Paris, 1914, p. (...)
  • 17 Saint Cyprien, Correspondance, texte établi et traduit par le chanoine Bayard, « Collection des Un (...)
  • 18 Saxer V., Vie liturgique et quotidienne à Carthage vers le milieu du iiie siècle. Le témoignage de (...)
  • 19 On relèvera que Lancel S., Actes de la conférence de Carthage, iv, Paris, 1991, p. 1378, s’appuie (...)

3Habituellement le siège épiscopal a été fixé à Furnos Minus (Henchir El-Msaadine), petite cité du bassin de la Medjerda, dans la pertica de Carthage, proche de la route reliant la capitale provinciale aux grandes cités plus à l’ouest, c’est-à-dire à Theveste et à Cirta. La communauté qui s’y trouvait avait été longtemps cité pérégrine9, et elle était encore dirigée sous Caracalla par des « undecimprimi10 », avant de devenir, un peu plus tard sous le même règne, le « municipium Aurelium Antoninianum Furnit (anorum) Minor (um)11 ». L’année 213 ne constitue qu’un terminus post quem pour cette promotion juridique12. J. Gascou a proposé de la placer entre la fin de 213 et la fin de 215, à partir d’observations sur une autre inscription provenant du site, d’interprétation délicate. C’est la proximité de cette agglomération avec Carthage, sensible dans la vie municipale13, qui a influencé l’identification de l’indication Furnis avec Furnos minus, car la distance est de 45 kilomètres environ. Les travaux de J. Mesnage, au début du XXe siècle, permettent de poser les fondements de la réflexion. Si, dans un premier ouvrage publié en 1912, il regroupe l’essentiel de la documentation sous le nom d’El-Msaadine, identifié comme site de Furnos Minus, il n’omet pas toutefois de signaler que dans le cas de trois évêques dont il enregistrait l’existence, dont un certain Geminius Victor en qui il voyait un évêque dès 253 et qu’il identifiait au Geminius a Furnis du concile de 25614, « on ne pouvait savoir à laquelle des deux Furnos ces évêques ont appartenu », et il renvoyait à la notice, plus brève, sur Aïn Fourna15. En revanche, sur la carte qui terminait l’ouvrage, la cité de Furnos Maius était signalée comme siège épiscopal, et, même si, sur ce document interprétatif, ce lieu était indiqué, Aïn Fourna ne bénéficiait pas du signe distinctif venant signaler l’existence d’un évêché. Peu après, dans un ouvrage paru en 1914, lorsqu’il s’agissait de présenter un tableau de la chrétienté africaine au temps de Cyprien, Furnos Minus figurait dans les évêchés de la vallée de la Medjerda, mais pas de trace de Furnos Maius dans celle de l’oued Milliane16. Et sur la carte de fin d’ouvrage, l’emplacement de Furnos Minus était surmonté de la croix noire significative d’un évêché au IIIe siècle, tandis que celui de Furnos Maius, bien présente cette fois, était surmonté d’une croix rouge, signifiant qu’il s’agissait d’un évêché des Ve-VIIe siècles. Sur ces fondements, il est presque naturel que se soit donc imposée longtemps l’identification de l’évêque dit a Furnis avec celui qui aurait dirigé la communauté de Furnos Minus. Il en va ainsi dans les commentaires du chanoine Bayard, lorsqu’il publia la correspondance de Cyprien17, puis dans le livre de V. Saxer18, et par d’autres savants qui se sont intéressés à Cyprien ou au christianisme africain, tant était reconnue l’autorité de ces ouvrages fondateurs19.

  • 20 ClarkE G.W., The Letters, I, p. 149.
  • 21 Furnos Minus fut découverte et identifiée par Tissot Ch., Géographie comparée de la province romai (...)
  • 22 Maurin L. et Peyras J., « Un nouveau proconsul d’Afrique ? », Mélanges d’histoire ancienne offerts (...)
  • 23 Duval N. et Cintas M., « Études d’archéologie chrétienne nord-africaine, VI. Basiliques et mosaïqu (...)
  • 24 Ferchiou N., « Une zone de petite colonisation romaine à l’époque julio-claudienne : le Centre-Oue (...)
  • 25 M’Charek A., « Un itinéraire inédit dans la région de Haïdra : tronçon de la voie augustéenne Cart (...)
  • 26 Comme le montre la table de patronat, à dater désormais de 26 apr. J. -C. (et non de 28, date trad (...)
  • 27 Un de ses notables, connu par une inscription de Limisa (CIL, VIII, 12039 ; ILS, 6812 : dec (urion (...)
  • 28 Selon les travaux de F. Bourghida-Mcharek, cités dans la notice sur Furnos Maius : Desanges J., Du (...)
  • 29 On a évoqué à ce propos le cas du curateur M. Valerius M. f. Pa [p.] Caelianus (CIL, VIII, 23822 =(...)
  • 30 CIL, VIII, 12030 et surtout CIL, VIII, 12039 (ILS, 6812) qui fait connaître à Limisa P. Mummius P. (...)

4Mais peu à peu, on a constaté qu’une autre solution existait, orientant vers la cité de Furnos Maius, située dans la vallée de l’oued Milliane, à plus de distance de Carthage. G.W. Clarke en 1984, mais sans argumenter20, avait estimé qu’il convenait « more probably » d’opter pour Furnos Maius. En la matière, l’édition récente de la carte de P. Salama, prend nettement parti. Cet ouvrage fait le point sur la question avec toutes les nuances souhaitables, montrant les degrés de certitude ou d’incertitude qui apparaissent dans ce dossier. Furnos Minus apparaît comme une cité dont l’histoire institutionnelle a mûri plus précocement que celle de Furnos Maius21. Mais durant l’Antiquité tardive, la ville connaît un beau développement22 et les traces de la présence du christianisme y sont notables23. Cependant, pour la période de Cyprien, deux observations sont effectuées dans la notice, qui sont des éléments essentiels de l’appréciation du dossier. En premier : on ne peut pas établir avec certitude l’existence d’un évêque à cette date ; en second : l’évêque Geminius a Furnis, du concile de 256 « appartenait probablement à Furnos Maius ». Quant à ce qui concerne Furnos Maius, on doit relever que la notice bénéficie de l’apport d’une riche bibliographie récente, fruit de l’intérêt qu’ont porté au site et à la région les archéologues tunisiens, notamment N. Ferchiou24. L’agglomération a bénéficié dès l’époque augustéenne du passage de la première voie reliant Carthage à l’intérieur provincial25, qui y a conduit des personnages d’importance, comme l’atteste la documentation épigraphique26. Une cité s’y développa, qui avait atteint le statut de municipe antérieurement au temps de l’empereur Commode (180-192)27. Elle rayonnait sur plusieurs cités voisines28, comme l’indiquent les inscriptions de l’époque du Haut-Empire et du IIIe siècle provenant de Saradi (dans la proximité immédiate)29 et de Limisa (un peu plus à distance et au-delà de la fossa regia)30 ; quant aux liens avec Carthage, ils s’étaient noués en dépit du relatif éloignement par rapport à la capitale de l’Africa. Les auteurs de la notice ont fermement attribué à ce site toutes les indications qui, provenant de Cyprien de Carthage, faisaient l’objet d’hésitation ou de contestation. Ils considèrent que l’évêque Geminius a Furnis du concile de 256 était celui de Furnos Maius, et que tout le dossier contenu dans la lettre 1 se rapportait à la même communauté. L’apport du dernier ouvrage que composa Y. Duval sur la chrétienté africaine a sans aucun doute contribué à donner plus de fermeté à ces prises de position.

  • 31 Duval Y., « Densité et répartition des évêchés dans les provinces africaines au temps de Cyprien » (...)
  • 32 Duval Y., Les chrétientés d’Occident, p. 65.
  • 33 Clarke G. W., The Letters, I, p. 149 n. 1. Il faut comprendre que le siège est probablement vacant (...)

5En effet, ce livre est fait d’observations minutieuses, en particulier sur la géographie ecclésiastique, c’est-à-dire sur la répartition des sièges épiscopaux, déjà nombreux dans la province d’Africa durant l’épiscopat de ce grand évêque. L’auteur a eu, entre autres mérites, celui de préciser plusieurs attributions ou affectations, n’hésitant pas à revenir sur ce qu’elle avait écrit antérieurement31. Ainsi une retractatio fermement conduite permet de faire basculer de Furnos Minus vers Furnos Maius l’attribution du siège épiscopal mentionné dans la lettre 1 de la correspondance de Cyprien32, en approfondissant le point de vue de G.W. Clarke33.

  • 34 Duval Y., « Densité et répartition », p. 500 (= Les chrétientés d’Occident, p. 21), voir la carte (...)
  • 35 Lepelley C., Les cités, II, p. 267-276, à partir des Acta purgationis Felicis, qui se trouvent en (...)
  • 36 Duval Y., ibid., p. 65.
  • 37 Duval Y., ibid., p. 165-174 (chapitre intitulé : « Geminius Victor et la famille des Geminii à Fur (...)

6Dans son étude de 1984, reproduite sans changement au début de son dernier livre, Y. Duval n’avait pas hésité à suivre l’opinion traditionnelle34. Ébranlée par le point de vue de Clarke, elle a pris soin de reprendre le dossier en s’appuyant sur l’existence d’une église chrétienne à Furnos Maius en 303, à l’époque de la persécution de Dioclétien35. Dès lors se justifie un renversement de perspective. Le résultat est synthétisé dans les notices36 qui font émerger la position de Furnos Maius et qui rendent désormais incertaine celle de Furnos Minus. Mais il importe de relever que l’affaire évoquée par Cyrpien suscite de longs commentaires et plus particulièrement la composition d’un chapitre37.

  • 38 Sur ce point on a déjà considéré le point de vue de J. Mesnage (ci-dessus p. 92). Il en va de même (...)
  • 39 De même chez Deléani S., Lettres 1-20, p. 28.

7Mais même dans ce nouveau contexte, les hésitations pourraient subsister, tant l’autorité des nombreux ouvrages antérieurs au travail d’Y. Duval, fondée par ailleurs, peut être impressionnante, et d’autant plus que dans quelques-uns d’entre eux l’hésitation entre les deux agglomérations est exprimée comme s’il s’agissait d’un problème impossible à trancher : on se contente de citer le texte de Cyprien lui-même, avec le simple mot Furnis, et l’on évite ainsi d’avoir à prendre parti, ou bien on établit une balance égale en l’assortissant de points d’interrogations38. Y. Duval elle-même indiquait qu’il était « préférable » d’envisager qu’il n’y avait pas de preuves de l’existence d’un évêché à Furnos Minus à l’époque de Cyprien et, inversement, qu’il convenait « plus probablement » d’attribuer un siège épiscopal à Furnos Maius. Et, même dans l’édition récente de la carte de P. Salama, si l’affectation à Furnos Maius des renseignements provenant de la correspondance de Cyprien est clairement affirmée, il subsiste encore une légère hésitation39.

8Le texte se présente ainsi :

«I. 1. Grauiter commoti sumus ego et collegae mei qui praesentes aderant et compresbyteri nostri qui nobis adsidebant, fratres carissimi, cum cognouissemus quod Geminius Victor frater noster de saeculo excedens Geminium Faustinum presbyterum tutorem testamento suo nominauerit, cum iam pridem in concilio episcoporum statutum sit ne quis de clericis et Dei ministris tutorem uel curatorem testamento suo constituat, quando singuli diuino sacerdotio honorati et in clerico ministerio constituti non nisi altari et sacrificiis deseruire et precibus atque orationibus uacare debeant…
II. 1. Quod episcopi antecessores nostri religiose considerantes et salubriter prouidentes censuerunt ne quis frater excedens ad tutelam uel curam clericum nominaret, ac si quis fecisset, non offeretur pro eo nec sacrificium pro dormitione eius celebraretur… 2. Et ideo Victor cum contra formam nuper in concilio a sacerdotibus datam Geminium Faustinum presbyterum ausis sit tutorem constituere, non est quod pro dormitione eius apud uos fiat oblatio, aut deprecatio aliqua nomine eius in ecclesia frequentetur.»
« Nous avons vivement émus, moi-même, mes collègues de passage qui étaient présents, nos collègues prêtres qui siégeaient à nos côtés, frères très chers, quand nous avons eu connaissance que Geminius Victor, notre frère, en quittant ce monde, avait nommé tuteur par testament le prêtre Geminius Faustinus, en dépit de la mesure, prise voici un moment déjà en concile épiscopal, selon laquelle personne ne choisirait un clerc et un serviteur de Dieu pour l’instituer par testament tuteur ou curateur, par la raison que quiconque a reçu l’honneur du sacerdoce divin et a été institué dans un service de clerc doit se dévouer exclusivement à l’autel et aux sacrifices et se consacrer aux supplications et aux prières…
Les évêques nos prédécesseurs, saintement inspirés dans leur réflexion et préoccupés du salut de tous, décidèrent qu’aucun frère, au moment de sa mort, ne devait nommer un clerc à une tutelle ou une curatelle et qu’en cas d’infraction, on n’offrirait pas le saint sacrifice pour le contrevenant ni ne le célébrerait pour son repos… Et voilà pourquoi, Victor ayant osé, en infraction avec la règle donnée naguère par les évêques réunis en concile, instituer tuteur le prêtre Geminius Faustinus, il n’y a pas lieu que, dans votre communauté, l’on offre le saint sacrifice pour son repos ou que, en église, on fasse une prière de supplication solennelle en son nom… » (trad. S. Deléani).

  • 40 Il n’est pas évêque selon Duval Y., Les chrétientés d’Occident, p. 113 n. 67, et p. 166-169, car C (...)
  • 41 Sententiae episcoporum numero LXXXVII de hereticis baptizandis (éd. Hartel, CSEL, 3, 1, p. 435-461 (...)
  • 42 Duval Y., « Densité et répartition », p. 501-502 (= Les chrétientés d’Occident, p. 21-22) ; Clarke(...)

9La lettre fait connaître deux citoyens de Furnos Maius : Geminius Victor et Geminius Faustinus. Le premier était membre de la communauté (fraternitas)40, « un simple fidèle », comme l’écrit Y. Duval, le second était prêtre (presbyter). Il faut rapprocher du nom de famille de ces deux membres de la communauté chrétienne, celui d’une troisième, Geminius a Furnis. C’est l’évêque signataire des décisions du concile de 256 (le no 59 sur la liste)41, puis un des évêques entourant Cyprien en tête de la lettre 67 à la fin de 256 ou au début de 25742.

  • 43 Un exemple très significatif est apporté à Thala par CIL, VIII, 23291 (en 287) (après trois lettre (...)
  • 44 Ferchiou N., « Quelques inédits », p. 177-188.
  • 45 Ferchiou N., ibid., p. 184, inscription no 3, et Tav. III.
  • 46 Voir n. 28.

10On apprend que Geminius Victor avait par testament institué comme tuteur Geminius Faustinus. Cette procédure juridique du choix d’un tuteur par un testateur établissait le profil social de Geminius Victor et de Geminius Faustinus : ils appartenaient au milieu des notables de la cité43. Or, il est possible d’ajouter au dossier une inscription de Furnos Maius à laquelle on a prêté peu d’attention. À la suite de ses recherches N. Ferchiou a publié un intéressant lot d’inscriptions provenant de Furnos, Maius44. Mais les données de cette publication ont eu peu d’écho car l’Année épigraphique ne les a pas signalées. En effet, il faut attendre AE, 1988, 1111 pour connaître le texte d’une des inscriptions, présentées pourtant en 1984 à Sassari et publiées dans les actes du colloque sur L’Africa Romana II en 1985. Les deux autres inscriptions du dossier n’ont pas été signalées, y compris celle du notable carthaginois Sex. Palpellius P. f. Quir. Faustus, qui était pourtant bien intéressante. Le texte qui nous concerne a été transcrit par N. Ferchiou avec une illustration, et un bref commentaire45. Par la suite, le texte qui nous intéresse a été repris avec d’autres reproductions photographiques par F. Bourguida-Mcharek dans sa thèse qui porte sur cette région46.

  • 47 L’inscription mériterait une révision soigneuse afin de préciser, par exemple à la fin de la ligne (...)

11L’inscription est gravée sur une base en pierre calcaire dans un cadre mouluré. Elle se présente avec une belle capitale allongée, de 5 centimètres de hauteur. Le texte a semble-t-il été affecté par le temps et par les circonstances de sa découverte. À droite et en bas, selon les lignes, des lettres ou des mots ont disparu, ce qui ne permet pas de proposer une restitution complète47.

12Le texte se présente sous la forme suivante :

13GEMINIO OPTVM [o]

14MVCIAN [o]

15FLAM • AESCVLA [–]

16CVIVS • MAIO [–] S [–]

17HONORIBVS [–]

18[–]

  • 48 Ferchiou N., ibid., p. 185, considère qu’il s’agit d’une des divinités majeures du panthéon cartha (...)
  • 49 À Limisa, une des cités avec lesquelles Furnos Maius avait des relations étroites, les personnages (...)
  • 50 Ci-dessous, n. 53, pour les observations d’Y. Duval ; Deléani S., Lettres 1-20, p. 30-31.

19L’inscription appartient à la fin du IIe siècle ou au IIIe siècle. Il s’agit d’un hommage public, ce qui fait entrer dans le monde des notables et dans les autorités municipales. La gens Geminia en faisait donc partie. La polyonymie de la dénomination vient signaler une alliance prestigieuse. L’exercice d’une responsabilité sacerdotale dans un culte prestigieux des cités de la province d’Afrique confirme la position sociale48. Le mot maior [e] s se réfère plutôt aux ancêtres, et cette référence lignagère met en évidence l’enracinement local de la famille du personnage. Enfin le mot honores vient confirmer le lien de la famille avec la gestion des responsabilités publiques (politiques et religieuses) dans la cité49. On retrouve toutes les observations qui avaient été effectuées sur d’autres fondements à propos de Geminius Victor et de Geminius Faustinus, puisque l’on considérait qu’ils appartenaient à une famille aisée de leur cité50.

  • 51 Jacques Fr, Le privilège de liberté. Politique impériale et autonomie municipale dans les cités de (...)
  • 52 On peut mieux comprendre certains comportements à l’époque de la persécution de Dioclétien : Lepel (...)
  • 53 Duval Y., Les chrétientés d’Occident, p. 172-174.

20Ces éléments d’épigraphie païenne ne sont pas négligeables. Ils vont au-delà des rapprochements onomastiques. L’inscription de ce notable de Furnos Maius montre l’appartenance à la société des notables d’une gens Geminia – qui plus est à une date voisine des témoignages divers qu’apporte la correspondance de Cyprien. Elle était bien enracinée dans le « siècle ». Elle devait disposer au moins du cens décurional51, et elle devait être attachée, par ses traditions, à la gestion des honneurs, à l’exercice des responsabilités religieuses au sein de la cité, enfin au prestige qui s’attachait à toutes les manifestations de la supériorité sociopolitique. Il n’est donc pas surprenant qu’un de ses membres, se soit exprimé par testament selon les traditions de son milieu d’origine, mais avec des volontés qui pouvaient susciter la réprobation des « frères » de la communauté chrétienne52. Cette position sociale explique aussi qu’on trouve un Geminius parmi les prêtres de la communauté (Geminius Faustinus) et qu’un autre Geminius (peut-être ce Faustinus lui-même, ou un autre) apparaisse en 256 comme évêque a Furnis. Le profil social que dégage Y. Duval de l’analyse de la lettre 1 de Cyprien53 est pour Geminius Victor, « fidèle » de la communauté chrétienne, celui d’un homme « sans doute fortuné », celui d’un personnage qui avait pu faire bénéficier d’évergésies la communauté locale. Il appartenait à une famille qui lui fournissait « un ou des clercs de haut rang ». Il est donc normal que ses « frères » aient ressenti avoir des devoirs envers lui après sa mort, à la manière des membres de l’ordo municipal envers les plus relevés ou les plus généreux des notables. Il y a donc peu de distance sociale entre les Geminii de la lettre 1 de Cyprien et le Geminius Optumus Mucianus qui est honoré d’un hommage public en sa cité. Mais ce dernier document relie encore plus fortement les personnages cités par l’évêque de Carthage à Furnos Maius, dans la vallée de l’oued Milliane.

Notes

1 Clarke G.W., The Letters of St. Cyprian of Carthage, I, New York-Ramsey, 1984, p. 51-52 (traduction), p. 147-161 (commentaire).

2 Duval Y., Les chrétientés d’Occident et leur évêque au IIIe siècle. Plebs in ecclesia constituta (Cyprien, Ep., 63), « Coll. des Études augustiniennes », série Antiquité, 176, Paris, 2005, passim ; Poirier M., « L’évêque, les clercs, le peuple. La structure d’une communauté chrétienne au milieu du IIIe siècle en Occident, d’après les œuvres de saint Cyprien », Bull. de la Société nationale des antiquaires de France, 2002, p. 54-78.

3 Deléani S., Saint Cyprien, Lettres 1-20, introduction, texte, traduction et commentaire, « Coll. des Études augustiniennes », série Antiquité, 182, Paris, 2007, p. 29-48.

4 Sur les questions institutionnelles : Duval Y., Les chrétientés, p. 303-308 surtout, voir p. 133-134, et Deléani S., Lettres 1-20, p. 30 et p. 32 ; pour la date : Y. duval, ibid., p. 21-22 et p. 165, à la suite de Saxer V., « La date de la lettre 1 (66) de Cyprien au clergé et au peuple de Furni », Revue des Études Augustinennes, 23, 1977, p. 55-62, ainsi que Deléani S., ibid., p. 31 n. 5 ; sur le concile dont l’existence est mentionnée : Duval Y., ibid., p. 18-19, p. 21.

5 Voir aussi Deleani S., « Le clergé dans l’œuvre de saint Cyprien », Actes du IIIe colloque de La Rochelle (7-9 septembre 2007), Les Pères de l’Église et les ministères : évolution, idéal et réalités, La Rochelle, 2008, p. 151-165 (le commentaire de la lettre 1 tient une grande place). Moins charpenté mais complémentaire : BRUN C., « L’exigence de l’état clérical comme chemin de salut pour les fidèles chez saint Cyprien », ibid., p. 167-182.

6 Voir aussi Deléani S., « Les formes épistolaires dans la correspondance de saint Cyprien : tradition et nouveauté », in Laurence P. et Guillaumont Fr. (éd.), Epistulae antiquae IV, Actes du IVe colloque international, L’épistolaire antique et ses prolongements européens, Université François-Rabelais, Tours, 2-3 décembre 2004, Louvain-Paris, 2006, p. 195-207, surtout p. 201-203. Il faut penser qu’en l’absence de l’évêque le clergé, dans sa totalité, représente la communauté chrétienne : il peut exprimer alors une auctoritas dont il ne disposait pas a priori.

7 Voir ci-dessous n. 40.

8 Sur cette adresse, outre l’article de S. Deléani cité n. 6 : ID., « Sur une formule épistolaire dans la correspondance de saint Cyprien : Romae, Furnis […] consistentes », in Romanité et cité chrétienne. Permanences et mutations, intégration et axclusion du Ier au VIe siècle. Mélanges en l’honneur d’Yvette Duval, Paris, 2000, p. 249-262.

9 Gascou J., La politique municipale de l’Empire romain en Afrique proconsulaire de Trajan à Septime Sévère, Rome, 1969, p. 102 ; Pflaum H. -G., « La romanisation de l’ancien territoire de la Carthage punique », Antiquités africaines, 4, 1970, p. 90-91 (= L’Afrique romaine. Scripta varia I, Paris, 1978, p. 315-316) ; rapide mais claire mise au point dans Desanges J., Duval N., Lepelley C. et Saint-Amans S. (dir.), Cartes des routes et des cités de l’Africa à la fin de l’Antiquité d’après le tracé de Pierre Salama, Turnhout, 2010, p. 146-147. Sise sur la rive droite du Bagradas, et à proximité d’une des grandes routes provinciales, la cité se trouve aux marges de la zone étudiée par J. Peyras dans sa thèse : Peyras J., Le Tell Nord-Est tunisien dans l’Antiquité. Essai de monographie régionale, Paris, 1991.

10 CIL, VIII, 25808 : Gascou J., Politique municipale, p. 102, p. 188 ; Pflaum H.-G., « La romanisation », p. 90 (= L’Afrique romaine, p. 315). À la fin du texte, le développement mag (istratus) s’impose : Gascou J., « À propos d’une inscription de Furnos Minus (CIL, VIII, 14751 + ILT 1267) », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 113, 1996, p. 144-152 ; ID., « Remarques sur les undecimprimi », Antiquités africaines, 34, 1998, p. 96. Sur ce détail, on corrigera Desanges J., Duval N., Lepelley C. et Saint-Amans S. (dir.), Carte des routes, p. 146.

11 CIL, VIII, 25808 b (= ILS, 9403) ; Gascou J., Politique municipale, p. 143, p. 188 et 201. Le personnage est un notable de Carthage, patron et curateur iterum du municipe (voir n. 13) ; voir Pflaum H. -G., « La romanisation », p. 91 (= L’Afrique romaine, p. 316).

12 Lepelley C., Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, II. Notices d’histoire municipale, Paris, 1981, p. 110-112 ; voir aussi les travaux de J. Gascou cités n. 10.

13 On se référera aux mentions des curateurs de cités Q. Paccius Victor Candidianus (CIL, VIII, 25808 c) et L. Octavius Felix Octavianus (CIL, VIII, 25808 b ; ILS, 9403) : Jacques Fr., Les curateurs des cités dans l’Occident romain de Trajan à Gallien, Paris, 1983, p. 361-363 et p. 363-364. Mais le rayonnement des notables de Carthage ne se limite pas à cette zone rapprochée.

14 Mesnage J., L’Afrique chrétienne. Évêchés et ruines antiques d’après les manuscrits de Mgr Toulotte et les découvertes archéologiques les plus récentes, Paris, 1912, p. 122.

15 Mesnage J., ibid., p. 67. Dans la notice sur Aïn Fourna, où l’on commence d’envisager la localisation de Furnos Maius, la référence à une église dès 304, est en revanche bien établie.

16 Mesnage J., Le christianisme en Afrique. Origine, développements, extension, Alger-Paris, 1914, p. 109-113.

17 Saint Cyprien, Correspondance, texte établi et traduit par le chanoine Bayard, « Collection des Universités de France », Paris, 1925, I, p. 2, n. 1 : « probablement Elmsaadine, dans la vallée de la Medjerda ».

18 Saxer V., Vie liturgique et quotidienne à Carthage vers le milieu du iiie siècle. Le témoignage de saint Cyprien et de ses contemporains d’Afrique, Rome, 1969 (2e éd. Rome, 1984), p. 405, et p. 448 et 450, mais avec une maladresse de localisation sur la carte jointe, car, sous le no 59, Furnos Minus se trouve entre Utique et Bizerte.

19 On relèvera que Lancel S., Actes de la conférence de Carthage, iv, Paris, 1991, p. 1378, s’appuie essentiellement sur le travail de J. Mesnage (1912), puis sur l’article de Ferron J., « Furnitanae (ecclesiae) », Dictionnaire de Géographie et d’Hisoire ecclésiastique, 19, Paris, 1981, col. 471-472, pour l’identification de la plebs Furnitana qui apparaît dans ce document. De même, lorsque V. Saxer avait réexaminé la question du classement de cette lettre au sein de l’ensemble de la correspondance de Cyprien, il admettait, sans hésitation, l’identité de l’évêché de Furnos avec El-Msaadine : Saxer V., « La date de la lettre 1 (66) », p. 56-62.

20 ClarkE G.W., The Letters, I, p. 149.

21 Furnos Minus fut découverte et identifiée par Tissot Ch., Géographie comparée de la province romaine d’Afrique, II, Paris, 1988, p. 322-324. Furnos Maius a été localisée bien plus tard grâce à Merlin A., «Municipium Furnitanum », Revue tunisienne, 15, 1908, p. 22-27, puis ce résultat a été confirmé par Poinssot L., « Simeon, évêque de Furnos maius », Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1926, p. 304-307.

22 Maurin L. et Peyras J., « Un nouveau proconsul d’Afrique ? », Mélanges d’histoire ancienne offerts à William Seston, Paris, 1974, p. 339-351 ; Lepelley C., Les cités, II, p. 111-112.

23 Duval N. et Cintas M., « Études d’archéologie chrétienne nord-africaine, VI. Basiliques et mosaïques funéraires de Furnos Minus », Mélanges de l’École Française de Rome. Antiquité, 90, 1978, p. 877-950.

24 Ferchiou N., « Une zone de petite colonisation romaine à l’époque julio-claudienne : le Centre-Ouest de l’Africa vetus (région d’Aradi, Avitina, Dj. Mansour, Siliana) », in Mastino A. (éd.), L’Africa Romana, Atti del III convegno di studio, 13-15 dicembre 1985, Sassari, 1986, p. 205-217 ; ID., « Aïn Fourna, antique Furnos Maius, ville de confins territoriaux, porte du Haut Tell », Africa, 16, 1998, p. 31-58. Les publications de C Lepelley sont antérieures à ces travaux, ce qui explique la minceur relative de la notice sur Furnos Maius : Lepelley C., Les cités, II, p. 108-110.

25 M’Charek A., « Un itinéraire inédit dans la région de Haïdra : tronçon de la voie augustéenne Carthage-Ammaedara », Bulletin du Comité des Travaux Historiques, n. s., Afrique du Nord, 22, 1987-1989 [1992], p. 156-157.

26 Comme le montre la table de patronat, à dater désormais de 26 apr. J. -C. (et non de 28, date traditionnelle), qui montre le patronat de C (aius) Silius Aviola sur la civitas Apisa Maius (CIL, V, 4921) : Gregori G. L., « Gaio Silio Aviola, patrono di Apisa Maius, Siagu, Themetra e Thimiliga », in Mastino A. (éd.), L’Africa Romana, Atti dell’VIII convegno di studio, Cagliari, 14-16 dicembre 1990, Sassari, 1991, p. 229-237. On citera surtout la base inscrite publiée par Ferchiou N., « Quelques inédits de Furnos Maius (Afrique proconsulaire) : nouvelles données sur l’évolution juridique de cette ville », in Mastino A. (éd.), L’Africa Romana, Atti del II convegno di studio, Sassari, 14-16 dicembre 1984, Sassari, 1985, p. 180-182 ; elle a été réexaminée par Le Glay M., « À propos de quelques textes africains », in Mastino A. (éd.), L’Africa Romana, Atti del V convegno di studio, Sassari, 11-13 dicembre 1987, Sassari, 1988, p. 133-137 (d’où AE, 1988, 1111). Sur le personnage : Thomasson B. E., Fasti africani. Senatorische und ritterliche Amtsträger in den römischen Provinzen Nordafrikas von Augustus bis Diokletian, Stockholm, 1996, p. 103, no 3. Il s’agit d’un hommage public, par la communauté pérégrine du lieu, à l’initiative du conseil municipal appelé senatus, comme dans d’autres cités où les institutions d’origine punique s’étaient maintenues. Une remarque de W. Eck a permis de restituer le gentilice du personnage honoré, P. Fabius Firmanus. Ce sénateur a été consul vers 45. C’est à une date antérieure qu’il aurait été légat du proconsul. Puisque la date envisagée pour l’obtention du consulat n’est pas trop éloignée de celle de la réforme de Caligula (Dion Cassius, 59, 20, 7 ; Tac., Hist, 4, 48, 3-6 ; Bénabou M., « Proconsul et légat. Le témoignage de Tacite », Antiquités africaines, 6, 1972, p. 129-136 ; ID., La résistance africaine à la romanisation, Paris, 1976 [2e éd., Paris, 2005], p. 85-89 ; Hurlet Fr., Le proconsul et le prince d’Auguste à Dioclétien, Bordeaux, 2006, p. 151-152), le choix du légat de la légion provinciale aurait encore pu se trouver dans les mains du proconsul.

27 Un de ses notables, connu par une inscription de Limisa (CIL, VIII, 12039 ; ILS, 6812 : dec (urioni) II vi [ra] l (icio) municip (ii) Furnitani), fut sacerdotalis de la province d’Africa sous Commode (180-192) ; GASCOU J., Politique municipale, p. 201 ; Pflaum H. -G., « La romanisation », p. 96 (= Afrique romaine, p. 321).

28 Selon les travaux de F. Bourghida-Mcharek, cités dans la notice sur Furnos Maius : Desanges J., Duval N., Lepelley C. et Saint-Amans S. (dir.), Carte des routes, p. 146. Ils portent sur l’archéologie, l’épigraphie et l’histoire de cette région : Furnos Maius, Totia et Saradi, ciés du pagus Gunzuzi en Afrique proconsulaire (thèse de doctorat, Paris 1, 2006). Ils ont contribué à mettre en évidence l’existence d’une nouvelle cité, celle des Totienses, qui apparaît à la fin du IVe siècle : Bourghida-M’charek F., « La découverte d’une nouvelle cité d’Afrique proconsulaire : Henchir Aïn Jannet/Civitas Totiensium », in Khanoussi M., Ruggeri P. et Vismara C. (éd.), L’Africa Romana, Ai confini dell’Impero : contatti, scambi, conflitti. Atti delXV convegno di studio (Tozeur, 11-15 dicembre 2002), Rome, 2004, p. 1317-1324 (d’où AE, 2004, 1812).

29 On a évoqué à ce propos le cas du curateur M. Valerius M. f. Pa [p.] Caelianus (CIL, VIII, 23822 = ILAfr., 210), dans la mesure où la tribu Papiria est attestée à Furnos Maius : Jacques Fr., Les curateurs de cités, p. 370, fait seulement l’observation sans en tirer de conclusion ; mais il envisage ailleurs la possibilité : Jacques Fr., « Les curateurs des cités africaines au IIIe siècle », Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt, II, 10, 2, Berlin-New York, 1982, p. 96.

30 CIL, VIII, 12030 et surtout CIL, VIII, 12039 (ILS, 6812) qui fait connaître à Limisa P. Mummius P. f. Papir (ia) Saturninus ; voir n. 27.

31 Duval Y., « Densité et répartition des évêchés dans les provinces africaines au temps de Cyprien », Mélanges de l’École Française de Rome. Antiquité, 96, 1984, p. 493-521.

32 Duval Y., Les chrétientés d’Occident, p. 65.

33 Clarke G. W., The Letters, I, p. 149 n. 1. Il faut comprendre que le siège est probablement vacant, puisque la mention de l’évêque est « en creux » ; Duval Y., ibid., p. 164, p. 166.

34 Duval Y., « Densité et répartition », p. 500 (= Les chrétientés d’Occident, p. 21), voir la carte p. 504.

35 Lepelley C., Les cités, II, p. 267-276, à partir des Acta purgationis Felicis, qui se trouvent en appendice à Optat de Milev, Contra Parmenianum donatistam (éd. Ziwsa, CSEL, 26, p. 197-204) ; voir Lepelley C., ibid., I, Paris, 1979, p. 338-343.

36 Duval Y., ibid., p. 65.

37 Duval Y., ibid., p. 165-174 (chapitre intitulé : « Geminius Victor et la famille des Geminii à Furnos »).

38 Sur ce point on a déjà considéré le point de vue de J. Mesnage (ci-dessus p. 92). Il en va de même dans Maier J.-L., L’épiscopat d’Afrique romaine, vandale et byzantine, Rome, 1973, p. 143, p. 145, p. 329, voir p. 309 (pour l’évêque Florentinus), et dans la notice de Ferron J., « Furnitanae (ecclesiae) », col. 474 : « Le problème reste entier pour les épiscopes de l’époque de S. Cyprien ».

39 De même chez Deléani S., Lettres 1-20, p. 28.

40 Il n’est pas évêque selon Duval Y., Les chrétientés d’Occident, p. 113 n. 67, et p. 166-169, car Cyprien aurait été plus précis dans sa sententia pour condamner son acte ; et d’autre part un prélat n’aurait pu être jugé que par ses pairs : ibid., p. 169-172. Il ne peut pas, non plus être considéré comme un prêtre, comme le voudrait Le Bohec Y., « Remarques onomastiques sur la correspondance de saint Cyprien », Vbique amici. Mélanges offerts à Jean-Marie Lassère, Montpellier, 2001, p. 287-309 (p. 289, nos 2 et 3, notices où Geminius Faustinus et Geminius Victor sont uniformément qualifiés de « prêtre de Furni » ; voir p. 293, no 81, où est cité Geminius, évêque « de Furnis [sic] »). Il n’a pas été tenu compte des observations qu’avait formulées Y. Duval à ce sujet, déjà dans « Densité et répartition », p. 500-501 (= Les chrétientés d’Occident, p. 22), ce qui a été relevé par Deléani S., Revue des Études Augustiniennes, 48, 2002, p. 352-353, qui recense avec soin toutes les erreurs et inexactitudes de cet article. Y. Duval revient sur ce point, comme l’avait déjà fait S. Deléani : Les chrétientés d’Occident, p. 166.

41 Sententiae episcoporum numero LXXXVII de hereticis baptizandis (éd. Hartel, CSEL, 3, 1, p. 435-461 et par Von Soden H., « Das Protokoll der Synode von Karthago am 1 september 256 », Nachrichten von der Gesellschaft zu Göttingen, Phil. -historische Klasse, 1909, p. 247-277).

42 Duval Y., « Densité et répartition », p. 501-502 (= Les chrétientés d’Occident, p. 21-22) ; Clarke G. W., The Letters, IV, 1989, p. 142-143.

43 Un exemple très significatif est apporté à Thala par CIL, VIII, 23291 (en 287) (après trois lettres dont l’interprétation demeure énigmatique : AES) : [[Impp (eratoribus) dd (ominis) nn (ostris) III et Maximiano]] II co (n) ss (ulibus) hh (eredes) Sulpicii Felicis istut opus plateae quam Felix pater, eq (ues) R (omanus) ob aedilitatis suae honorem promisit c (ivitati) n (ostrae) cum gradibus III propriis sumtibus pe (r) fecerunt per Sul (picium) Prim (um) tut (orem) ; Lepelley C., Les cités, II, p. 316, voir ibid., I, p. 86 et 164-165. Le cadre juridique et les modalités de l’accomplissement de l’acte d’évergétisme d’un notable en début de carrière, mort prématurément, sont aussi éclairés par Lepore P., « Rei publicae polliceri ». Un indagine giuridico-epigrafica, Naples, 2005, I, p. 160, p. 277-278, p. 283-284.

44 Ferchiou N., « Quelques inédits », p. 177-188.

45 Ferchiou N., ibid., p. 184, inscription no 3, et Tav. III.

46 Voir n. 28.

47 L’inscription mériterait une révision soigneuse afin de préciser, par exemple à la fin de la ligne 3, quelles seraient les lettres dont subsistent quelques traces. On peut se demander s’il ne s’agirait pas de l’abréviation du mot [de] sig (nato).

48 Ferchiou N., ibid., p. 185, considère qu’il s’agit d’une des divinités majeures du panthéon carthaginois. Elle relève la présence de ce culte dans les pagi de Carthage, à partir des inventaires de Pflaum H.-G., « La romanisation », p. 116 (= Afrique romaine, p. 341). Mais il faut observer que les titulaires de ces cultes sont appelés partout ailleurs sacerdos. Le titre de flam (en) qui apparaît à Furnos Maius est donc original. Faut-il le rapprocher du sacerdos publicus (Caelestis et) Aesculapi que l’on trouve à Thizika (AE, 1952, 41), voir Peyras J., Le Tell Nord-Est tunisien, p. 103, p. 325 n. 570, p. 346-347, et à Musti (CIL, VIII, 16417 = AE, 1968, 609 ; AE, 1968-1969, 595, 596, voir Beschaouch A., « Mustitana. Recueil des nouvelles inscriptions de Mustis, cité romaine de Tunisie », Karthago, 14, 1965-1966, p. 176-182 et p. 190-192). D’autres sacerdotes publici apparaissent dans des cités comme Bulla Regia (CIL, VIII, 14472 : des Cereres), Carpis (CIL, VIII, 993 ; ILS, 4433 : vraisemblablement de Caelestis, d’après le sens donné par le texte).

49 À Limisa, une des cités avec lesquelles Furnos Maius avait des relations étroites, les personnages de la gens Geminia sont bien attestés. L’inventaire dressé récemment a ainsi recensé 5 attestations : Ben Abdallah Z. B., « Catalogue des inscriptions latines de Limisa (Ksar Lemsa) », Antiquités africaines, 40-41, 2004-2005, p. 145-146 (avec no 63 et no 64), et p. 195 (index récapitulatif).

50 Ci-dessous, n. 53, pour les observations d’Y. Duval ; Deléani S., Lettres 1-20, p. 30-31.

51 Jacques Fr, Le privilège de liberté. Politique impériale et autonomie municipale dans les cités de l’Occident romain (161-244), Collection de l’École Française de Rome, 76, Rome, 1984, p. 527-536.

52 On peut mieux comprendre certains comportements à l’époque de la persécution de Dioclétien : Lepelley C., « Chrétiens et païens au temps de la persécution de Dioclétien : le cas d’Abthugni », dans Studia Patristica, 15, 1984, p. 226-232 (= Aspects de l’Afrique romaine. Les cités, la vie rurale, le christianisme, Bari, 2001, p. 321-328).

53 Duval Y., Les chrétientés d’Occident, p. 172-174.

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