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Hommes, cultures et paysages de l'Antiquité à la période moderne

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Isabelle Pimouguet-Pédarros
, 
Monique Clavel-Levêque
, 
Fatima Ouachour

Prolegomena

Athanasios Rizakis

Texte intégral

1Ciceron dans son dialogue sur l’amitié la définit comme une union des sentiments sur toute chose divine ou humaine, joint à un sentiment mutuel de bienveillance et d’affection : Est enim amicitia nihil aliud nisi omnium divinarum humanarumque rerum cum benevolentia et caritate concensio (Cicéron, De amicitia, VI, 20). Bien qu’on ne puisse pas prétendre avoir atteint ce niveau, ce qui nous réunit vraiment avec Jean est notre amour commun pour l’histoire, la littérature, l’épigraphie ou l’archéologie des paysages, l’amour des ruines, des rencontres intellectuelles intéressantes, enfin des rêves, parfois non accomplis. Je garde en mémoire le souvenir précieux des discussions amicales que nous avons eu aux symposia, tout d’abord à Besançon, organisés par Pierre et Monique Lévêque, savants et hôtes célèbres, puis les échanges d’idées et d’enrichissement scientifique plus vastes, au niveau européen, à Copenhague, Barcelone, Granada, Naples, Rome ou Athènes.

2Ce volume avant d’être un ouvrage scientifique est un hommage offert par des amis, élèves et admirateurs de son œuvre : ἀρετῆς ἕνεκεν καὶ ευεργεσίας τῆς εἰς ἡµᾶς καὶ εἰς τοὺς ἄλλους. J. Peyras, homme curieux de tout, savant en toute chose et attentif à chacun et tolérant, fut non seulement un chercheur et collègue très apprécié mais aussi un professeur qui inspira tous ceux qui ont eu la joie et le privilège de l’avoir eu comme enseignant.

3J. Peyras est devenu professeur honoraire des Universités mais il continue à être très activement impliqué aussi bien à la recherche qu’à la publication d’études ou de monographies. Pour ceux qui travaillent sur l’histoire romaine, son nom est synonyme de l’Afrique à laquelle il a consacré un grand nombre d’études intéressantes portant sur l’histoire institutionnelle, militaire, agraire cultuelle et culturelle. Mais si l’Afrique fut et reste au centre de ses préoccupations scientifiques, J. Peyras n’est pas demeuré la tête dans les étoiles. À partir des années 1990, il fut attiré par les études gromatiques et s’y consacra soit en participant, dans le cadre de l’équipe de Monique Clavel-Lévêque, à la traduction et le commentaire des textes des auteurs gromatiques, soit en rédigeant parallèlement de nombreux articles sur les écrits d’arpentage, les missions des arpenteurs romains, sur les structures et l’organisation agraire des colonies, enfin sur des questions de droit concernant les terres. Les nombreuses études consacrées à des questions aussi différentes et variées que la mémoire, le sacré, la marine romaine que les origines de la spiritualité orthodoxe, la Sainte-Sophie de Constantinople, les esclaves juifs, enfin Rhodes et Mithridate, sont les témoins vivants de sa grande ouverture d’esprit et de son immense culture et curiosité. Comme tout historien digne de ce nom, Jean Peyras s’intéressa à l’histoire moderne et contemporaine et publia plusieurs articles sur des thèmes variés comme « Les relations austro-tunisiennes au XVIIIe siècle », « La mémoire du protestantisme en Tunisie », « Regards féminins sur la guerre de Vendée », etc. En dehors de sa longue série d’articles toujours stimulants dont je viens de vous donner une idée, il nous a offert plusieurs monographies remarquables sur La région de Térbourba (1968), sur Municipium Uruensium (1974), Le Tell Nord-Est tunisien dans l’Antiquité (1991), Arpentage et administration publique à la fin de l’Antiquité (2008), et enfin L’eau dans l’Afrique romaine (2010).

4Le contenu de ce volume reflète bien la multiplicité des orientations de la recherche de Jean Peyras telle qu’elle s’est déployée au fil des années mais aussi des curiosités qu’il éveilla à d’autres, avant tout par la richesse des échanges qu’il a su nouer avec des savants d’horizons parfois très différents. C’est une humble expression de remerciement, c’est un don de sa science, de son enthousiasme, de son originalité critique, de son ouverture sur tous les problèmes, c’est un don pour son amitié, la chose la plus précieuse au monde selon Plutarque (De amicorum multitudine = Mor. 93F) : τὶ οὖν νόµισµα φιλίας; εὔνοια καὶ χάρις µετ’ἀρετῆς, ὧν οὐδὲν ἔχει σπ ανιώτερον ἡ φύσις.

Auteur

Professeur émérite de l’université Nancy 2-Lorraine, directeur de recherches émérite de la Fondation nationale de la recherche scientifique, Athènes

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