La consolidation d’une frontière antique : l’exemple de l’ouest de l’Anjou pendant le haut Moyen Âge
p. 79-86
Résumés
La frontière occidentale de la cité d’Angers a bien résisté aux vicissitudes du haut Moyen Âge. La cession de la partie occidentale aux Bretons en 851 n’a finalement pas eu de conséquences durables. Cette communication a pour but de montrer que le maintien de la frontière, voire son report vers l’ouest entre Chazé-sur Argos et Pouancé a été facilité par les importants progrès de la mise en valeur au cours du haut Moyen Âge. La création des premières paroisses, la présence de biens du fisc et de domaines monastiques, la création de nouveaux chemins sont les facteurs qui ont permis d’importants défrichements. Les premiers comtes d’Anjou parviendront à consolider cette frontière grâce à la construction ou à la prise de contrôle de châteaux dans des positions stratégiques.
The western border of the civitas andecavensis endured the ups and downs of the early Middlle Ages. The cession of the western part of Anjou to the Bretons in 851 had non lasting consequences. This paper wants show the stability and, sometimes, the bringing forward the west of the border (between Chazé-sur-Argos and Pouancé) was made easier by the important improvements of the development and of the settlements during the early Middle Ages. The birth of the first parishes, the presence of the royal fiscus, the creation of monastic estates, the opening of new ways have been the factors of important clearings. The first counts of Anjou willl strenghten this border with strongholds situated in strategic position.
Texte intégral
1Le succès de la puissante principauté des Ingelgeriens au Xe siècle et au début du XIe siècle a souvent rendu caduques les limites de l’ancienne cité des Andécaves. L’exemple le plus spectaculaire est au sud, celui des Mauges qui appartenaient à l’immense cité des Pictons1. Au nord, le Craonnais a été conquis aux dépens du Nantais et il semble bien que la frontière avec le Maine a été reportée de quelques kilomètres vers le nord2. Cependant les succès de Foulques Nerra ne l’ont pas amené à bouleverser partout les frontières. À l’est les limites avec le pagus de Tours ont été en grande partie respectées alors que la Touraine passait sous la domination politique angevine3. À l’ouest également, dans ce qui formera au XIe siècle le doyenné de Candé, il y a à la fois une évidente continuité de la frontière de l’Anjou avec le Nantais d’Ingrandes à Angrie puis une avancée de la domination angevine d’Angrie à Pouancé4. C’est cette frontière que nous nous proposons d’étudier, non pas comme une ligne précise entre deux comtés mais comme une frontière longtemps incertaine dont la stabilisation ne sera possible qu’à la suite d’une vaste entreprise d’occupation du sol au cours du premier Moyen Âge. L’étude que nous proposons ici ne peut être qu’une esquisse rapide s’appuyant souvent sur des recherches réalisées au cours des trente dernières années. Elle s’inscrit dans un projet plus vaste sur les progrès de l’occupation du sol en Anjou au cours du haut Moyen Âge.
LA DOUBLE FRONTIÈRE DE L’ANTIQUITÉ
2Les recherches entreprises par les spécialistes de l’Antiquité convergent vers l’idée que dès les premiers siècles de notre ère une ligne frontière s’appuyant sur les cours d’eau a bien séparé les Namnètes et les Andécaves entre Ingrandes et Segré. Parmi les différentes frontières retenues par les spécialistes, le tracé proposé par Philippe Dain apparaît comme le plus vraisemblable5. Selon ce dernier la frontière partait d’Ingrandes sur la Loire (on retrouve là le toponyme Inquoranda qui marque la limite de nombreuses cités gallo-romaines), remontait à partir de la vallée du Hurtas en ligne droite jusqu’à la vallée de l’Erdre. Puis la limite, passant à l’est de Candé, repartait vers le nord pour rejoindre la vallée de l’Argos. Elle était ensuite matérialisée par les cours de l’Argos et de la Verzée6. Au niveau de Segré elle suivait la vallée supérieure de l’Oudon puis longeait un affluent de cette rivière, l’Héré7. Le tracé d’Ingrandes à Loiré correspond, à une exception de paroisse près, aux limites avec le diocèse de Nantes pendant tout le Moyen Âge8. Mais il faut reconnaître aussi que ce tracé est en grande partie virtuel. Michel Provost a préféré envisager une vaste zone tampon entre les deux pagi9 et Jean-Pierre Brunterc’h parle de deux frontières, l’une linéaire, l’autre épaisse en grande partie boisée10. Au nord de Loiré la frontière antique est en net retrait par rapport à la frontière médiévale. Ici la consolidation de la frontière a pris l’aspect d’une véritable conquête à partir du haut Moyen Âge11.
3Il est sûr que ce qui deviendra le doyenné de Candé apparaît comme la zone la plus vide de l’Anjou dans l’Antiquité. Sur les sols pauvres de cette extrémité orientale du Massif armoricain, on ne sera pas étonné de ne relever aucun édifice romain important : pas de sanctuaire religieux, aucune trace de villa12. Les deux voies romaines archéologiquement assurées limitent le territoire au nord et au sud. Au nord la voie Angers-Rennes suit la vallée de la Mayenne, jusqu’au Lion d’Angers puis passe au nord de Segré par Louvaines et Châtelais ; au sud la voie Angers-Nantes passe à quelques kilomètres de la Loire sur les actuelles communes de Bouchemaine, Savennières, et Champtocé pour rejoindre Ingrandes. Comme il faut s’y attendre l’essentiel des objets archéologiques découverts concerne la vallée de la Loire et le voisinage des deux voies romaines13. Il ne faudrait pas croire pour autant que l’intérieur des terres soit recouvert par un ensemble boisé compact. Les analyses palynologiques entreprises au laboratoire de paléobotanique de Nantes témoignent d’une installation assez précoce sous la forme d’une économie de cueillette et d’élevage14. Comme dans d’autres régions de l’ouest, il faut imaginer la persistance d’un habitat de l’Âge du Fer, ce dont témoignent plusieurs enclos en terre qui peuvent révéler les fameuses fermes indigènes inventoriées par R. Agache (et surtout G. Leroux dans cette région). Très probablement la majorité des noms en acum ne correspondent pas à des fundi romains mais à des habitats rudimentaires peut-être plus tardifs qu’on ne le croit généralement, ce qui est d’autant plus probable que les noms en acum apparaissent dispersés15.
LES INCERTITUDES DE LA FRONTIÈRE PENDANT LE HAUT MOYEN ÂGE
4La question principale est de savoir si la limite du pagus andécave est restée stable entre la fin de l’Antiquité et le IXe siècle. En 1976, dans une étude sur la politique suivie par Charles le Chauve vis-à-vis des Bretons Hubert Guillotel avait soutenu l’idée que la frontière entre les deux pagi avait été reportée dès la fin de l’Antiquité sur la Mayenne16. Cette conception s’appuyait sur le fait qu’Erispoé contrôlait effectivement la partie occidentale de l’Anjou en 852 alors que l’accord de paix qu’il avait établi l’année précédente avec Charles le Chauve ne prévoyait pas la cession de la partie occidentale de l’Anjou mais seulement la cession du Rennes, du Nantais et de la vicaria de Retz17. Estimant qu’une usurpation était impensable puisqu’elle aurait entraîné une action immédiate du roi franc (ce qui ne s’est pas produit, bien au contraire, puisque l’alliance étroite a entraîné au contraire l’assassinat d’Erispoé par Salomon), Hubert Guillotel avait estimé que la partie occidentale de l’Anjou avait été intégrée dans le Nantais dès la fin de l’Antiquité. Jean-Pierre Brunterc’h a montré que cette hypothèse ne pouvait être retenue18 puisque Savennières est rattaché au diocèse d’Angers dès le début du VIIe siècle19 et que le hameau d’Épiré est localisé in pago andecavo le 26 février 84920. D’autre part, les villae de Chazésur-Argos et de Loiré données par Charlemagne à l’abbaye Saint-Sauveur de Prum en 797 relèvent bien du pagus angevin21. Jean-Pierre Brunterc’h en concluait que frontières antiques avaient été respectées en ce qui concerne les limites du pagus ou diocèse22. Il y eut cependant au cours du IXe siècle un élargissement du comitatus nantais pour renforcer sans doute le pouvoir du comté de Nantes, centre de la marche de Bretagne, sans que le pagus angevin n’ait vu son territoire se modifier.
5L’hypothèse d’Hubert Guillotel partait de l’idée que la faiblesse de l’occupation humaine dans l’ouest de l’Anjou en faisait une zone très incertaine. Ce jugement est exact pour la période antique. Il nous semble inexact pour le haut Moyen Âge où on a assisté à une véritable stratégie de mise en valeur de la partie armoricaine de l’Anjou. Nous défendons ici l’idée que l’essor économique de l’Anjou a certainement commencé dès le début de la période carolingienne et qu’il a été finalement peu affecté par les invasions scandinaves23. Nous pensons aussi que l’Anjou a joué un rôle important dès le haut Moyen Âge comme base arrière de la puissance franque même si la création de la marche de Bretagne a pendant un temps, finalement court, modifié les perspectives. Ces deux éléments expliquent que la frontière occidentale de l’Anjou ait pu être consolidée et que les comtes Ingelgériens aient pu très vite constituer une principauté solide après l’effondrement du royaume breton d’Erispoé et de Salomon.
6Il nous faut donc chercher à comprendre maintenant comment s’est réalisée cette première étape de la mise en valeur de l’ouest de l’Anjou, mise en valeur qui est nettement visible dans les diagrammes polliniques que nous fournissent les paléobotanistes24. Nous voudrions mettre ici en évidence trois facteurs qui nous paraissent essentiels : une mise en place très progressive du réseau paroissial, une stratégie carolingienne de colonisation agricole et enfin le développement des moyens de communication.
UNE MISE EN PLACE TRÈS PROGRESSIVE DU RÉSEAU PAROISSIAL
7La mise en place du réseau paroissial a été sans doute un facteur important mais sans doute moins décisif que les deux autres. Comme l’a bien montré Michel Pecha dans une thèse sur le doyenné de Candé aux XIe et XIIe siècle les mentions de paroisses sont tardives25. Comme il faut s’y attendre c’est à proximité des voies romaines qu’apparaissent les premières traces de christianisation. Au bord de la Loire, la présence de sarcophages à Champtocé et à Savennières atteste d’une évangélisation dès la fin de l’Antiquité, ce qui est conforté par la création par saint Maurille d’un monastère à Chalonnes sur l’autre rive de la Loire. Un autre axe d’évangélisation a certainement joué un rôle plus actif le long de la voie romaine Angers-Carhaix. Le Lion d’Angers a été un des premiers centres religieux comme le confirment les fouilles archéologiques et la dédicace de l’église paroissiale à saint Martin de Vertou. On peut être également assuré qu’à Pouancé la paroisse primitive dédiée à saint Aubin date au moins de l’époque carolingienne. La dédicace à saint Aubin exprime bien ici la volonté épiscopale de contrôler un territoire qui ne faisait pas partie des limites antiques de l’Anjou26. Il y a ici une volonté de conquête. Ce marquage du territoire semble également visible au sud de la Verzée où la paroisse de Noëllet est dédiée à un autre grand évêque du haut Moyen Âge, saint Mainbeuf27. Plus au sud, on est tenté aussi de placer à l’époque carolingienne la naissance de la paroisse d’Angrie dédiée à saint Pierre. S’il faut être très prudent sur la chronologie des titulatures au prince des apôtres, l’association à saint Symphorien, un saint particulièrement vénéré au haut Moyen Âge, est un indice intéressant. À l’intérieur du futur doyenné, la titulature de la paroisse de Bécon-les-Granits à saint Pierre aux Liens est également un facteur d’ancienneté dans la mesure où cette titulature caractérise des églises anciennes. Malgré les déficiences de notre documentation, on perçoit nettement que la mise en place d’un premier réseau paroissial à l’époque carolingienne traduit la volonté épiscopale de renforcer le cadre territorial du diocèse.
UNE STRATÉGIE POLITIQUE DE COLONISATION AGRICOLE
8C’est la perspective politique qui se révèle la plus intéressante pour mettre en évidence la mise en valeur de la zone frontalière. Dès l’époque mérovingienne l’Anjou joue pleinement son rôle dans la défense de la Neustrie. Des hommes libres participent aux expéditions contre les Bretons28. Vraisemblablement aussi une centaine a dû regrouper des guerriers francs à Brissarthe. Une donation de Childebert III à l’abbaye Saint-Serge prouve déjà l’importance des biens du fisc. Parmi les six domaines donnés, l’un, Marans, se trouve à proximité de la frontière avec le Nantais au sud de Segré29. L’importance stratégique de l’Anjou s’affirme ensuite quand les Pippinides s’assurent le contrôle effectif de l’Anjou après la mort de l’ancien maire du palais de Neustrie Ragenfred en 73130. La date est intéressante car elle précède de peu l’intervention de Charles Martel en Aquitaine en 732. La victoire de Poitiers replace en effet l’Aquitaine dans la dépendance franque, dépendance mal supportée qui entraîne plusieurs révoltes jusqu’à ce que Charlemagne concède le titre de roi d’Aquitaine à son fils. Ces confrontations entre l’Aquitaine et le pouvoir franc font de l’Anjou une base arrière essentielle pour le pouvoir pippinide puis carolingien. Il est très significatif en ce sens que le fisc royal connaisse un accroissement rapide, exceptionnel pour l’ouest de la Neustrie. Josiane Barbier a ainsi relevé trente et une propriétés dont près de la moitié entre le Layon et la Loire dans la zone la plus densément habitée de l’Anjou et la plus proche de l’Aquitaine31. Mais il y a eu aussi des terres du fisc à l’ouest de l’Anjou.
9Deux d’entre elles présentent ici un intérêt particulièrement significatif, les villae de Loiré et de Chazé sur Argos. Ces deux villae sont données en 797 à l’abbaye Saint-Sauveur de Prum, une abbaye dont la fondation en 720 est due à la générosité de la grand-mère de Pépin le Bref, Bertrade32. C’est bien dire que cette abbaye est étroitement liée aux premiers Carolingiens comme d’ailleurs l’abbaye de Saint Denis qui reçoit au cours des mêmes années plusieurs villae dans le Maine33. Or la caractéristique de tous ces domaines est qu’ils sont situés près de la frontière. L’objectif est bien clair, défricher, peupler et protéger. On peut imaginer que ces terres nouvellement mises en valeur ont été consacrées essentiellement à l’élevage. Nous ne disposons d’aucune trace de manses et ceci nous amène à retrouver ici ces villae pionnières que P. Toubert a étudiées en Italie du Nord34.
LE DÉVELOPPEMENT DES MOYENS DE COMMUNICATION
10La mise en place d’un réseau paroissial et la création de domaines pionniers nécessitaient le développement des moyens de communication. C’est sans aucun doute le troisième facteur qui a assuré la consolidation de la frontière. Nous avons vu que deux voies romaines sont attestées dans l’Antiquité, elles ont incontestablement joué un rôle dans l’évangélisation de l’Anjou. Au cours du haut Moyen Âge, trois nouveaux itinéraires apparaissent. Le premier parallèle aux vallées du Brioneau et de l’Erdre a longtemps été pris pour une voie romaine. S’il n’est pas exclu qu’un chemin protohistorique ait existé, il est sûr que ce chemin n’a pris vraiment son essor qu’au haut Moyen Âge. Après avoir traversé l’actuelle commune de Saint-Clément de la Place, il servait de limite paroissiale à Bécon-les-Granits et à La Pouéze, on le retrouve ensuite à La Gachetière à la limite du Loroux-Béconnais et de Vern d’Anjou où il traversait l’Erdre35. Michel Le Méné dans son travail sur les campagnes angevines à la fin du Moyen Âge a élaboré une carte très stimulante des fronts de défrichement à partir des redevances paysannes. On voit très nettement le niveau des essartages au XIe siècle, ce qui permet d’envisager un déplacement du chemin en fonction des déboisements. Un autre chemin plus au sud traversant les paroisses de Béconles-Granits et du Loroux-Béconnais est plus difficile à discerner mais il a aussi joué un rôle décisif dans la destruction des espaces boisés au nord de la forêt de Bécon. D’après Célestin Port, ce chemin passait au sud du bourg actuel de Bécon, traversait le ruisseau de Boisguignot puis la Grande Maison et le moulin des Landes36 ; il atteignait Le Louroux et rejoignait le précédent itinéraire à Candé.
11Une troisième voie de communication plus au nord à proximité de l’Oudon semble avoir joué un rôle encore plus décisif. Jean-Claude Meuret a bien suivi son parcours d’Armaillé à Pouancé puis à Carbay envisageant un tronçon de la voie romaine entre Angers et Carhaix37. Le problème est de connaître le tracé du chemin protomédiéval qui a relié cet ancien itinéraire à Segré. La solution la plus logique est d’envisager un chemin par Combrée, Noyant la Gravoyère et Saint-Aubin-du-Pavoil où le chemin rejoint la voie romaine Angers-Rennes. À ce chemin il faut ajouter un autre itinéraire à partir de Segré vers Chazé-sur-Argos et Loiré. On ne peut pas imaginer que ces deux domaines du fisc n’aient pas été desservis par un embranchement particulier d’autant plus que Loiré fut choisi en 843 par Charles le Chauve pour l’organisation d’une assemblée d’évêques38.
12Le regroupement de ces informations permet de voir la place importante du haut Moyen Âge dans la consolidation de la frontière occidentale de l’Anjou. Le contrôle des châteaux de Pouancé et de Candé39 de même que le réseau des prieurés des grandes abbayes d’Angers40 vont permettre dès le début du XIe siècle de mettre un point définitif au bouclage de la frontière.
Notes de bas de page
1 Sur la conquête des Mauges : Brunterc’h J.-P., L’extension du ressort politique et religieux du Nantais au sud de la Loire : essai sur les origines de la dislocation du pagus d’Herbauge, thèse de l’École nationale des chartes, 1981 ; Verron T., L’intégration des Mauges dans l’Anjou au XIe siècle, Presses Universitaires de Limoges, 2007.
2 Sur la question du Craonnais, Meuret J.-C., Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne, Société d’Archéologie et d’Histoire de la Mayenne, suppl. no 4, Laval, 1993 ; sur le nord-est de l’Anjou, Brunterc’H J.-P., « Maine ou Anjou ? Histoire d’un canton entre Loir et Sarthe (VIIe-XIe siècle) », Media in Francia, Mélanges en l’honneur de Karl-Ferdinand Werner, (1989) p. 61-83.
3 Les Ingelgériens ont hérité des Widonides des biens autour de Loches. Cette domination angevine s’étend ensuite à toute la Touraine jusqu’à la conquête de Tours en 1044 mais cette extension de la puissance politique des comtes d’Anjou ne modifie pas la carte religieuse. Le diocèse conserve presque complètement ses anciennes frontières Sur cette question, Guillot O., Le comté d’Anjou et son entourage, Paris, 1972, t. I, p. 283.
4 Le doyenné de Candé n’apparaît dans notre documentation qu’au XIe siècle.
5 Dain Ph., « Les frontières de la cité des Andes », Annales de Bretagne, t. 75, 1968, p. 175-201. La question a été étudiée par René Merlet, « La formation des diocèses et paroisses en Bretagne », MSHAB, t. 30, 1950, p. 5-61 et t. 32, 1951, p. 137-172. Les tracés de René Merlet et de Philippe Dain sont proches. La différence porte essentiellement sur l’appartenance de la paroisse de Challainla-Potherie. La question a été étudiée par René Couffon, « Limites des cités gallo-romaines et fondation des évêchés dans la péninsule armoricaine », in Mémoires de la Société d’émulation des Côtes du Nord, t. LXXII 1942, p. 1-24.
6 À noter sur la commune de Chazé-sur-Argos un toponyme Ingrandes siège d’une seigneurie importante.
7 Cette frontière antique exclut Candé et les paroisses autour de Pouancé. Dans la charte de Louis le Gros en faveur de l’Église, Freigné est bien mentionné comme appartenant au diocèse de Nantes.
8 La petite paroisse de Candé ne couvre que 461 hectares.
9 Provost M., « Recherches sur la cité des Andes », Caesarodunum, 16 1981, p. 180-193.
10 Brunterc’H J.-P., op. cit. Jean-Pierre Brunterc’h refuse de considérer l’Argos comme la véritable limite. Il envisage plutôt la vallée de l’Argos au sens large, ce qui permet d’englober les territoires des paroisses de Loiré et de Chazé-sur-Argos.
11 Cette conquête porte sur une dizaine de communes.
12 On pourra regarder Provost M., Le Maine-et-Loire, 49, Carte archéologique de la Gaule, Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, 1988 et aussi l’Atlas historique de l’Anjou, Institut géographique national, Paris, 1973.
13 Les communes les plus concernées par ces vestiges gallo-romains sont Savennières, La Possonnière et le Lion-d’Angers.
14 On lira Visset L. et Cyprien A.-L., « Les paysages du haut Moyen Âge à la lumière de l’enquête archéologique », Le haut Moyen Âge en Anjou, Rennes, PUR, 2010 (p. 15-24).
15 Ces toponymes ont été étudiés par Michel Pécha dans sa thèse : Pécha M., Le doyenné de Candé aux XIe et XIIe siècles. Organisation de l’espace et structures sociales, thèse de doctorat dactyl., université d’Angers, 2006, p. 51. Michel Pécha relève une quarantaine de toponymes en « é » qui pour la plupart ne sont pas mentionnés dans nos sources médiévales. Il peut s’agir d’habitats « indigènes » ou alors d’habitats tardifs comparables à ce que nous trouvons en Haute Bretagne on pourra lire aussi Tonnerre N.-Y., Naissance de la Bretagne, Angers, 1994, p. 134-137.
16 Guillotel H., « L’action de Charles le Chauve vis-à-vis de la Bretagne de 843 à 851 », Mémoire de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 53, 1975-1976, p. 30. Hubert Guillotel y affirmait que Lauriacus et Carisiacus villae données par Charlemagne à l’abbaye de Prüm en 797 ne pouvaient être identifiés à Loiré et à Chazé-sur-Argos.
17 Une notice du cartulaire de Redon indique en effet qu’Erispoé contrôle la partie occidentale de l’Anjou en 852 :« Erispoe princeps Britanniae provinciae et usque ad Medanum fluvium » (Cartulaire de l’abbaye de Redon en Bretagne, Courson A. de [éd.], Paris, 1863, XXXIV, p. 367). Erispoé est assassiné en 857 mais, après quelques années de conflit, Charles le Chauve reconnaît à nouveau à Salomon la partie occidentale de l’Anjou, il lui donne en plus le territoire compris entre le Loir et la Sarthe.
18 Brunterc’H J.-P., « Géographie historique et hagiographie : la vie de saint Mervé », Mélanges de l’École française de Rome, 1983, no 95-1, p. 7-63.
19 Vita Beati Maurilii, Acta sanctorum, Paris-Rome, 1868, septembre IV, p. 7275.
20 Tessier G., Recueil des actes de Charles II le Chauve roi de France, Paris, 1943, p. 293-297, no 111.
21 Ces deux villae seront étudiées plus loin.
22 Jean-Pierre Brunterc’h considère que ce n’est pas avant la fin du VIIIe siècle que l’ouest de l’Anjou a été confié au comte de Nantes.
23 La basse vallée de la Loire a été évidemment beaucoup plus touchée que l’Anjou.
24 Sur les recherches palynologiques en Anjou on lira Visset L. et Cyprien A.-L., op. cit., p. 15-24.
25 Pecha M., op. cit., p. 813-816.
26 Dans le futur doyenné de Candé d’autres paroisses sont dédiées à saint Aubin : Andigné et Saint-Aubin-du-Pavoil, tout près d’une voie romaine et surtout Le Louroux-Béconnais, vaste paroisse dont la dédicace à saint Aubin exprime certainement une volonté épiscopale de domination.
27 Nous ne pensons pas du tout, contrairement à Michel Provost, que saint Mainbeuf soit venu évangéliser la région, nous émettons seulement l’hypothèse que la dédicace à saint Mainbeuf témoigne d’une volonté de l’épiscopat d’affirmer l’appartenance au diocèse d’Angers.
28 Lors de l’expédition de 578 contre les Bretons, des Angevins sont mobilisés (Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Latouche R. [trad.], Paris, 1979, t. I, p. 288).
29 Chauvin Y. (éd.), Premier et second livres des cartulaires de l’abbaye Saint Serge et Saint Bach d’Angers, 1997, Angers, Presses de l’université d’Angers, B 12. Marentius est aujourd’hui Marans commune de 959 hectares. Plusieurs autres biens sont localisables plus au nord dans le Craonnais, Sévillé et Senonnes en particulier. L’église de Marans est toujours dédiée à saint Serge.
30 Ce Ragenfred ou Rainfroi s’est réfugié à Angers pour bénéficier de la protection du duc d’Aquitaine (Werner K.-F., Histoire de France Les origines, Paris, 1984, p. 44).
31 Barbier J., « Le roi en Anjou. Fis, palais et politique de Childebert Ier à Charles le Chauve », in Le haut Moyen Âge en Anjou, p. 177-191. Si le sud-est de l’Anjou est très bien représenté, on relève aussi des biens dans le sud du Baugeois.
32 Pippini, Carlomani magni Diplomata, Dopsch A., Lehner J., Tangl M. (éd.), MGH, Diplomata Karolinorum, t. I, 1906, p. 242-244.
33 Des défrichements sur une assez grande étendue ont été réalisés autour de l’abbaye d’Évron dans une zone frontalière encore déserte à l’époque romaine : Hillion Y., Le chartrier de l’abbaye d’Evron, thèse dactyl., Université de Rennes II, 1977, t. I, p. 84. Lemaitre Ph., « Évêques et moines dans le Maine (VIe-VIIIe siècles) », Revue d’histoire de l’Église de France, t. LX LXII, 1976, p. 91-101.
34 Toubert P., L’Europe dans sa première croissance, de Charlemagne à l’an mil, Fayard, 2004, p. 117. À côté du modèle classique privilégiant la culture céréalière sur des sols limoneux, Pierre Toubert distingue des villae pionnières et des curtes ayant en commun l’orientation du faire-valoir direct vers les secteurs de profit agricole spécialisés.
35 Célestin Port a repéré en 1877 les traces de ce chemin qu’il a pris d’abord pour une voie romaine : avant de se raviser. Ce chemin correspond à l’ancienne voie de chemin de fer. Port C., Dictionnaire historique, géographique, t. I, p. 317.
36 Le Mené M., Les campagnes angevines à la fin du Moyen Âge, Nantes, 1982, p. 99. Le toponyme La Pouëze n’est pas ancien mais il n’est pas postérieur à 1022-1023, date de la première mention du bourg dans le cartulaire de Saint-Nicolas. On envisage par conséquent un déplacement du chemin depuis la limite des deux paroisses jusqu’au nouveau village et au front de défrichement.
37 Meuret J.-C., op. cit., p. 209. J.-C. Meuret a bien repéré cette voie depuis Soudan au nord de la Loire-Atlantique. La voie a servi de limite aux paroisses de Carbay et de Pouancé comme l’indique un acte du cartulaire de Carbay rédigé vers 1050. J.-C. Meuret indique aussi que la voie romaine a servi de limite entre Armaillé et Chazé-Henry.
38 Capitula in synodo acta, quae habita est apud Lauriacum in pago Andegavensi anno DCCCXLIII Incarnationis domini nostri Iesu Christi mense octobri, indictione VII, Capitularia Regum Francorum, Boretius A. et Krause V. (éd.), t. II, MGH, p. 402. Le synode menace d’anathème quiconque porterait atteinte à la dignité du pouvoir royal. Un autre chemin date aussi vraisemblablement du haut Moyen Âge. Passant par La Membrolle, Brain et Vern d’Anjou il a pu aussi assurer une liaison avec Chazé-sur-Argos. Nous manquons d’indices pour y voir à coup sûr un itinéraire du haut Moyen Âge.
39 Le château de Pouancé a vraisemblablement été construit par Foulques Nerra. Il marque l’aboutissement d’une politique angevine de pénétration vers l’ouest à une dizaine de kilomètres de la frontière antique. Sous Geoffroy Martel, le château est gardé par un vicarius du comte. Après 1066, le château échappe au comte d’Anjou. Sur ce château : O. Guillot, Le comte d’Anjou et son entourage, Paris, Picard, 1972, t. I, p. 290 La première mention du château de Candé n’est pas antérieure à 1076.
40 On remarque l’importance de l’implantation des anciennes abbayes d’Angers dans le nord du doyenné de Candé, témoins d’une implantation déjà sensible au haut Moyen Âge. Par contre le sud du doyenné de Candé est marqué par la présence de nouvelles abbayes, en particulier Saint-Nicolas et Toussaint. Ici il s’agit d’une colonisation intérieure, en particulier sur la forêt comtale des Echats.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
S’adapter à la mer
L’homme, la mer et le littoral du Moyen Âge à nos jours
Frédérique Laget et Alexis Vrignon (dir.)
2014
Figures et expressions du pouvoir dans l'Antiquité
Hommage à Jean-René Jannot
Thierry Piel (dir.)
2009
Relations internationales et stratégie
De la guerre froide à la guerre contre le terrorisme
Frédéric Bozo (dir.)
2005
La France face aux crises et aux conflits des périphéries européennes et atlantiques du xviie au xxe siècle
Éric Schnakenbourg et Frédéric Dessberg (dir.)
2010
La migration européenne aux Amériques
Pour un dialogue entre histoire et littérature
Didier Poton, Micéala Symington et Laurent Vidal (dir.)
2012
Mouvements paysans face à la politique agricole commune et à la mondialisation (1957-2011)
Laurent Jalabert et Christophe Patillon (dir.)
2013
Sécurité européenne : frontières, glacis et zones d'influence
De l'Europe des alliances à l'Europe des blocs (fin xixe siècle-milieu xxe siècle)
Frédéric Dessberg et Frédéric Thébault (dir.)
2007
Du Brésil à l'Atlantique
Essais pour une histoire des échanges culturels internationaux. Mélanges offerts à Guy Martinière
Laurent Vidal et Didier Poton (dir.)
2014
Économie et société dans la France de l'Ouest Atlantique
Du Moyen Âge aux Temps modernes
Guy Saupin et Jean-Luc Sarrazin (dir.)
2004