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À propos de Le jour se lève sur la banlieue
p. 49-56
Texte intégral
1Cet essai a été publié en 1954 aux Éditions Grasset, dans la collection « Église et temps présent » dirigée par Gaétan Bernoville1. Henri Queffélec est alors, à quarante-quatre ans, un écrivain notoire : on lui doit huit romans, trois recueils de nouvelles, deux essais2. Son image est celle d’un romancier, d’un romancier chrétien, certes, mais d’un romancier, surtout, de la Bretagne et de la mer. L’enquête sur la banlieue parisienne qu’il donne à son nouvel éditeur3 apparaît donc, à première lecture, un peu en marge de son œuvre.
Une enquête sur la banlieue de Paris
2D’entrée, l’auteur nous avertit qu’il emprunte une partie de son titre au film Le jour se lève, réalisé par Marcel Carné en 1938, et que sa démarche est en bonne part inspirée par un fait divers navrant, tout récent : la mort de froid à Neuilly-Plaisance, au début de janvier 1954, d’un enfant de trois mois dont les parents habitaient, faute d’un logement plus décent, dans un autobus désaffecté4. L’introduction générale constate, ensuite, la déchristianisation du milieu ouvrier (et de la France en général, d’ailleurs), et l’auteur établit un lien entre cette déchristianisation et les problèmes créés par les conditions souvent désastreuses de l’habitat urbain. L’apostolat impose donc, en 1954, « de connaître et de comprendre l’époque où nous vivons, non pour sacrifier à des mœurs changeantes la pérennité du dogme, mais pour approprier la nourriture spirituelle à ceux qui doivent la recevoir »5. Vérité d’évidence ? Il convient de la replacer dans son contexte : Queffélec annonce en effet très clairement qu’il entend, notamment, parler de la question des prêtres-ouvriers, dont l’expérience vient d’être arrêtée, en France, le 1er mars.
3Nous avons donc un bilan de ce qui a été tenté, une analyse des données du problème : la situation sociale des banlieues, la déchristianisation des masses populaires et l’action missionnaire – ses limites, éventuellement ses dangers – tentant d’enrayer cette déchristianisation. La première partie du livre présente succinctement sous le titre « Boulevard de la Seine et du Progrès réunis » les lieux où doit s’exercer prioritairement l’apostolat : cette banlieue de Paris dont la Seine constitue une sorte de grand boulevard industriel.
4Les méandres du fleuve, qui multipliaient jadis les coteaux à vignobles ou les plaines alluviales, sont devenus un grand boulevard industriel sinueux, mais parfaitement régulier, qui, avec de menues interruptions, passe entre deux haies d’usines ou de docks.6
5Les agglomérations baignées par le fleuve ne sont, certes, pas sorties sans dommages des bombardements de la Seconde Guerre mondiale : destructions, mais encore instabilité des postes de travail, puisque « les usines naissent et meurent »7 et que les ouvriers sont amenés, désormais, à changer fréquemment d’entreprises, précarité des conditions de vie pour beaucoup, mutations sociales (l’appauvrissement de la petite bourgeoisie, par exemple), crise du logement.
6La seconde partie de l’essai, intitulée « L’apostolat de l’Église », analyse les modes principaux de cet apostolat : paroissial et interparoissial, apostolat des militants laïcs et apostolat des prêtres-ouvriers. À l’abbé Pierre est consacré tout le chapitre cinq.
Les circonstances
7Il est donc clair que l’essai de Queffélec est né d’une actualité suscitant chez les Français – chez nombre d’entre eux, au moins, et chez les catholiques, certainement – réflexion, commentaires, débats, voire polémiques.
8En cette année 1954 qui voit la défaite de l’armée française à Diên Biên Phu et le début d’une insurrection dans les départements d’Algérie, l’habitat urbain, en France métropolitaine, quand il n’a pas trop souffert de la guerre, est vétusté, insalubre souvent. La condition ouvrière, médiocre, est un terrain d’action favorable pour un parti communiste puissant et actif. En outre, la situation internationale contribue à envenimer l’état des choses : en 1949, année du procès et de la condamnation du cardinal Mindszenty, le Saint-Office n’a-t-il pas excommunié les catholiques donnant leur appui au communisme ? L’Église perd ainsi, logiquement, de l’influence dans les masses ouvrières : ses dirigeants en sont conscients et ils tentent, avec prudence, d’y remédier.
9En fait, l’Église n’a pas attendu les années cinquante pour essayer de mieux pénétrer, dans un esprit d’apostolat et de charité, les catégories sociales défavorisées. Queffélec cite le livre des abbés Godin et Daniel, France, pays de mission ?, publié en 1943. La réponse a été donnée avant, dès le 27 juillet 1941, quand le père Lœw, docker sur le port de Marseille, crée la Mission de France, qui est à l’origine des prêtres-ouvriers. Ces prêtres-ouvriers – expression dont Queffélec relève l’inexactitude8 – sont en fait des Frères ou des Pères issus de différents ordres religieux (Capucins, Dominicains, Franciscains, Jésuites) qui augmentent les effectifs des clercs vivant en milieu populaire, fort peu nombreux (une trentaine, au plus). Représentants du clergé régulier et clercs se font embaucher comme manœuvres ou comme ouvriers d’usine, certes, mais ils peuvent être aussi bien livreurs ou garçons de café. De la Mission de France, dont le séminaire fut ouvert à Lisieux en 1942, puis transféré à Limoges dix ans plus tard, naquit la Mission de Paris, de l’abbé Godin, en 1944. C’est dans cette ligne que l’abbé Pierre créa ensuite la Communauté d’Emmaüs en 1949, puis les Chiffonniers d’Emmaüs, en 1953. On voyait se développer et se ramifier un mouvement de pensée généreuse et d’action humanitaire qui ne pouvait aller, à l’époque, sans faire courir au clergé des risques d’émancipation indisposant sa hiérarchie. Mars 1954 voit à la fois la condamnation par l’Église et la disparition de La Quinzaine, organe des chrétiens progressistes, et l’arrêt de l’expérience des prêtres-ouvriers en France9. On sait que la décision les concernant fut prise à la suite d’une manifestation anti-américaine, place de la République, à Paris, montée en sous-main par le Parti Communiste. Henri Queffélec, du reste, plaide pour ceux qui ont été happés par un engrenage manifestement politique, auquel ils ne pouvaient guère échapper.
10Les prêtres-ouvriers qui avaient participé à la manifestation avaient pensé obéir à un devoir de solidarité avec leurs compagnons d’usine, qui s’y rendaient en masse. Ils n’avaient pas fait le coup de poing. Ils s’étaient préoccupés du sort des blessés.10
11Le Jour se lève sur la banlieue est bien un livre inspiré par une actualité récente, brûlante. Son auteur justifie, certes, et il défend les positions de l’Église, mais il ne cache pas sa sympathie pour les prêtres – ouvriers ou non – œuvrant sur le terrain.
Accueil réservé au livre
12En fait, l’ouvrage sonnait juste et il fut accueilli, du reste, plutôt favorablement, si l’on se réfère, par exemple, à l’article que lui consacra Gilbert Ganne dans Les Nouvelles littéraires11. Il louait l’écrivain d’avoir fait un tableau documenté et objectif de « la lutte tenace que mène l’Église dans ces milieux que l’on dit “déchristianisés” », « et d’avoir évoqué l’espérance, et la semence déposée dans les cœurs par quelques apôtres, religieux ou laïcs. Le rôle des prêtres-ouvriers, placé ainsi dans une perspective plus large, s’éclaire et reprend son vrai sens »12.
13Le sujet était d’actualité, en littérature. Ganne fait allusion, dans son article, à Les Saints vont en enfer, de Gilbert Cesbron, que Queffélec cite à plusieurs reprises13. Mais le prêtre-ouvrier n’est pas, bien entendu, la seule image de religieux que nous transmette la littérature de l’époque. L’année même de la parution de Le jour se lève sur la banlieue, en 1954, Michel de Saint Pierre publie Les Aristocrates. Dans ce livre, Philippe de Maubrun est une belle figure de Jésuite, épris d’absolu et se préparant à partir comme missionnaire en Afrique14. Et dix ans plus tard, Saint Pierre consacrera un roman aux Nouveaux prêtres15, dans lequel il donnera surtout réparation aux prêtres de l’ancienne école, à ceux que l’on a parfois taxés de conservatisme social et d’étroitesse d’esprit.
14L’essai de Queffélec évoque bien, avec justesse, quelques années qui comptèrent autant par les mutations de la société française que par les orientations de l’Église catholique.
Une chronique des années cinquante
15Car on est d’abord sensible, en lisant le livre, à la chronique de la période ayant suivi la guerre qu’il nous transmet. On évoque les F. T. P., le Parti Communiste organise des « Bals des fusillés », appelés ainsi parce que l’on y quêtait pour les victimes de la guerre, des prêtres, en soutane, lisent leur bréviaire dans le métro, ou encore ils siègent à l’Assemblée nationale...16 La messe – c’est une nouveauté – est transmise par la T. S. F. qui, par ailleurs, multiplie les émissions médiocres parce qu’elle « veut plaire à son public, épris de « variétés », de troulalaitous et de vague à l’âme en rhodoïd »17. Cette France, où colonies de vacances et patronages rythment la vie des enfants des banlieues, même ceux dont les parents n’ont plus aucune pratique religieuse, nous est ainsi restituée, vivante, par cent traits datant l’ouvrage, sans doute, mais qui en font aussi, pour le lecteur d’aujourd’hui, une mine d’informations.
16Le jour de lève sur la banlieue peut donc être lu comme la chronique d’un temps passé. Le cadre urbain dans lequel elle se situe autorise peu d’espoir aux déshérités, sans doute. Il n’en a pas moins inspiré sur d’autres registres, dans l’après-guerre, des écrivains d’une verve plus « populaire » que Queffélec : René Fallet ou Jean-Paul Clébert.18 C’est que les populations vivant en banlieue peuvent être perçues diversement, selon que l’on considère les individus en faisant partie, avec leurs joies, leurs peines, leur fantaisie, les drames et les cocasseries de l’existence quotidienne, ou la « classe ouvrière » en tant que milieu clos, difficile à pénétrer, et enjeu électoral. C’est le point de vue de Queffélec quand il souligne l’action du Parti Communiste Français et celle de la Jeunesse Ouvrière Catholique comme des militants laïcs de l’Action Catholique Ouvrière qui démarchent, mais avec des moyens inégaux, les mêmes hommes, les mêmes femmes – on n’ose écrire les mêmes âmes.19
17Ainsi le thème de l’immigration – secondaire dans le livre –, apparaît-il déjà :
Des Nord-Africains sans travail, les épaules serrées dans les vieilles vestes militaires, jouent au fond des bistrots une partie de cartes interminable, dorment sur les banquettes, se font couper les cheveux par des camarades, marchandent un caleçon.20
18La diversité de cette immigration, y compris celle qui vient des provinces de l’hexagone, semble déjà, à l’époque, un « tohu-bohu racial »21. Queffélec n’est pas surpris que l’accumulation de destins mêlés si divers, et souvent malheureux, provoque dans l’opinion un fort sentiment de solidarité. L’Église prend naturellement sa part dans les actions qu’il suscite. Et l’écrivain salue notamment, en l’abbé Pierre, dont la notoriété est déjà grande, un de ces apôtres ayant pour mission de préparer le « retour de la lumière »22 en région parisienne.
19Sur un plan plus personnel, Le jour se lève sur la banlieue nous livre encore des informations, d’ordre religieux et d’ordre littéraire, sur la formation de Queffélec, sur ses lectures récentes. On comprend mieux, ainsi, ses réactions à la crise sociale et spirituelle dont il témoigne. Ainsi est-il fait allusion, par exemple, à Monseigneur Affre,23 cet archevêque de Paris qui, le 25 juin 1848, tenta d’arrêter l’effusion de sang et fut tué d’une balle perdue sur une barricade du faubourg Saint-Antoine. La période, encore proche, où sévissait un anticléricalisme borné et brutal est évoquée à travers un livre, Le Grand Mufflo, de Pierre L’Ermite.24 Ce sont des noms, un titre que n’ignoraient pas les jeunes catholiques dans les années cinquante. Quant aux références plus strictement littéraires, si Queffélec mentionne Cesbron ou Francis Jammes25, on relève, dans son essai, les noms moins connus de Georges Navel ou d’Yvonne Chauffin.26 Écrivains bien peu lus aujourd’hui, écrivains rares, écrivains exigeants surtout, qui ont su tirer le meilleur parti d’une expérience personnelle difficile, et communiquer à leurs lecteurs des raisons d’espérer en dépit des épreuves et de la maladie. Parce que, heureusement, l’être humain parvient aussi parfois à se dépasser.
20La souffrance serait horrible si nous avions, pour la porter, notre âme quotidienne. Elle est une condition de lucidité pour notre chair qu’elle violente, et nous permet, dans des heures de torture et de bénédiction, d’atteindre les extrêmes pointes de notre être.27
21Nous avons ainsi la possibilité, en lisant un livre qui fut inspiré à son auteur par les circonstances et qui n’a pas été réédité, de mieux connaître le chrétien que fut Henri Queffélec, certes, mais aussi l’homme qu’il était, tel que son éducation l’avait formé, celui dont les lectures montrent les préoccupations et qui nous laisse le témoignage d’un laïc généreux sur la banlieue de Paris, sur l’action qu’y mena l’Église, plus généralement sur la société du temps.
Le témoignage
22Témoignage, certes. Les problèmes exposés par Queffélec en 1954 ont évolué, bien entendu, ils se sont accentués, pour certains, ou ils persistent sous de nouvelles formes : la pauvreté, l’exclusion, les difficultés de satisfaire aux besoins d’un habitat véritablement social, l’intégration – l’accueil, simplement – de populations immigrées plus nombreuses, la question de la condition des prêtres, le nombre insuffisant des vocations... On constatera d’ailleurs une fois de plus, à ce propos, que rien n’est jamais dit, en ce qui concerne l’Église comme pour tout le reste. En cette fin d’année 1999, qui voyait se dérouler le colloque international de Brest consacré à Henri Queffélec, les jeunes prêtres français revendiquaient, à l’assemblée plénière des évêques de France, à Lourdes, un retour au « col romain » de l’habit ecclésiastique (la soutane ayant été délaissée par les générations précédentes après Vatican II) et ils reconnaissaient travailler, le plus souvent, en contact étroit avec des laïcs. L’engagement social des chrétiens et l’avenir des religieux dans les sociétés modernes faisaient, d’autre part, l’objet d’un débat à l’occasion des soixante-quatorzièmes Semaines sociales de France. Et la question de l’affaiblissement de la culture religieuse, en général, donc celle de l’avenir du catholicisme, suscitaient plusieurs ouvrages.28
23Remarquons, encore, que Le jour se lève sur la banlieue s’inscrivit, à sa parution, dans une production littéraire reflétant, chez les auteurs comme chez leurs lecteurs, un réel intérêt pour la spiritualité. Les livres de Cesbron, bien entendu, mais aussi des romans de Bésus, de Cayrol, d’Estang, de Pierre-Henri Simon, presque tous publiés aux Éditions du Seuil, en témoignent. Et n’est-ce pas, du reste, chez le même éditeur qu’a paru Hosties noires, du poète chrétien sénégalais Senghor ?29 Le phénomène n’est d’ailleurs pas uniquement francophone : à la même époque, Graham Green, ou l’Australien Morris West connaissent de notables succès de librairie.
24S’inscrivant donc dans un courant chrétien de la littérature du temps, Le jour se lève sur la banlieue n’en reste pas moins un essai bien ancré dans l’œuvre même du romancier Henri Queffélec. Car la réflexion toute contemporaine à laquelle nous invite son livre ne se situe pas véritablement en marge des personnages animant les fictions imaginées – imaginées ? – par l’écrivain, ni des sentiments qu’il leur prête. L’amour de l’autre, le combat contre une dure réalité, l’affrontement d’un univers naturel hostile, la quête, par chacun, d’une vérité à la fois intime et universelle sont bien au cœur des romans. Dans Le jour se lève sur la banlieue, cette banlieue est une île. Les prêtres-ouvriers ou les militants laïcs chrétiens qui ont choisi d’y demeurer sont des missionnaires, assez semblables à un Jacques Andro, le pasteur de la petite île de Loadic dans La Mouette et la croix. Comme lui, ces recteurs d’un monde nouveau sont convaincus que, en dépit des épreuves et des doutes qui parfois l’accablent, tout homme peut éprouver en son cœur un appel à la religion, que – au-delà des individus – toute communauté, tout groupe humain, au sens large, peuvent entendre, et surtout peuvent répondre à cet appel.
25« Bagnolet, Charonne, Billancourt, Montfermeil, vous qui êtes appelés par votre nom comme jadis Corozaïn et Bethsaïde, vous qui êtes sollicités personnellement comme le fut Jérusalem, l’amour et la confiance de Dieu sont sur vous. »30
Notes de bas de page
1 Ce sera notre édition de référence. L’éditeur annonce, en quatrième de couverture, les volumes parus dans la même collection : Calendrier catholique, établi par Monseigneur Calvet et par F. Martin, et Dialogues avec Mourieur Pouget sur la Pluralité des Mondes, le Christ des Évangiles, l’Avenir de notre espèce, de Jean Guitton.
2 Selon la liste figurant p. 4 sous la mention « du même auteur ». En fait, Queffélec avait également publié deux albums sur la Bretagne, en 1952 (Trégor et Léon et La Pointe du Raz), un récit paru dans Les Œuvres libres en 1950 (« Un crime aux champs ») ; un roman édité en 1948 par Stock (Chemins de terré) et ses deux premières œuvres : les poèmes de Sous la lisière (La Caravelle, 1936) et les nouvelles composant Neiges (Aubanel, 1940). Au total, il a publié une vingtaine de volumes en moins de vingt ans.
3 Ses autres livres ont paru, pour l’essentiel, chez Stock, au Mercure de France et chez Hachette.
4 Le jour se lève sur la banlieue, « Avertissement », p. 7.
5 Id., p. 23.
6 Id., p. 44.
7 Id., p. 91.
8 Id., pp. 241, 242.
9 L’Union des chrétiens progressistes avait été fondée en mars 1947. C’est en 1959 qu’il sera mis fin, définitivement, à l’expérience des prêtres-ouvriers.
10 Le jour se lève sur la banlieue, op. cit., p. 249.
11 Rubrique « Récits : Le Jour se lève sur la banlieue », par Gilbert Ganne, Les Nouvelles littéraires du 16.09.54.
12 Ibid.
13 Les Saints vont en enfer a été publié en 1952. Ganne évoque également les livres du père Lhande (La Banlieue bouge) et de Boris Simon (Les Chiffonniers d’Emmaüs). À titre d’information, signalons que, en 1954, les prix littéraires de fin d’année ont couronné Gabriel Véraldi (Fémina), Simone de Beauvoir (Concourt), Jean Reverzy (Renaudot) et Maurice Boissais (Interallié).
14 [...] « Je voudrais être né dans le peuple. Il me semble que je serai plus souple entre les mains de Dieu », M. de Saint Pierre, Les Aristocrates, Paris, la Table Ronde, 1954. Édition de référence, Club de la Femme, Paris, 1962, p. 207.
15 Paris, éd. de la Table Ronde, 1964.
16 Le jour se lève sur la banlieue, op. cit., pp. 203, 114, 165, 132, dans l’ordre. Les Francs-tireurs et partisans (F.T.P) étaient des résistants d’obédience communiste. Parmi les prêtres qui furent parlementaires, citons l’abbé Pierre, le chanoine Kir, l’abbé Laudrin.
17 Le jour se lève sur la banlieue, op. cit., p. 115. La T.S.F., sigle de téléphonie sans fil, désignait la radio.
18 René Fallet publia Banlieue sud-est, en 1947, Jean-Paul Clebert, Paris insolite en 1952. Mais l’évocation plus mondaine des beaux quartiers ne fit jamais défaut. Ainsi, en 1954, André de Fouquières publia Mon Paris et ses Parisiens, chez Pierre Horay.
19 L’abbé Godin notamment (France, pays de mission ?) avait théorisé sur le changement du milieu par le milieu, le missionnaire introduisant le principe du levain dans la masse. On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec la « guerre psychologique » prônée par certains officiers supérieurs en Algérie, et théorisée par le colonel Trinquier.
20 Le jour se lève sur la banlieue, op. cit., p. 47.
21 Id., pp. 95-96. Queffélec mentionne la présence de cinq cent mille Bretons dans l’agglomération parisienne.
22 Id., p. 9.
23 Id., p. 40.
24 Id., p. 128. Monseigneur Edmond Loutil a écrit pendant trois quarts de siècle, sous le nom de plume de Pierre L’Ermite, des ouvrages édifiants qui atteignirent, parfois, des tirages très importants. Le grand Mufflo (1898) tourne en ridicule un anticlérical haineux et sot, Mufflo qui chasse, par exemple, des religieux venus quêter en les traitant de « foyers d’obscurantisme ».
25 Id., p. 185.
26 Georges Navel, cité p. 111, fut ouvrier agricole et il publia Travaux en 1945. Le livre d’Yvonne Chauffin, Marqués sur l’épaule, est cité p. 179.
27 Yvonne Chauffin, Marqués sur l’épaule, Paris, Amiot-Dumont, 1951, p. 294.
28 L’assemblée plénière annuelle des évêques de France a eu lieu à Lourdes du 4 au 7 novembre 1999. Les six-cent soixante-dix jeunes prêtres ordonnés au cours des cinq années précédentes y furent conviés. (Voir Le Monde du 5.11.99, p. 11). Plus de deux mille personnes ont suivi, le 26 novembre 1999, à la salle de la Mutualité, à Paris, les Semaines sociales, sorte d’université itinérante du catholicisme social. On notera, entre autres, la publication, en 1999, de Le Christianisme à l’aube du troisième millénaire, du cardinal Paul Poupard, coédité par Pion et Marne, et de Un Christianisme d’avenir. Pour une nouvelle alliance entre foi et raison, de Paul Valadier, au Seuil.
29 Rappelons Chiens perdus sans collier (1954) de Cesbron, Cet homme qui vous aimait (1953) de Bésus, L’Espace d’une nuit (1954) de Cayrol, Les fontaines du grand abîme (1954) d’Estang, Les Hommes ne veulent pas mourir (1953) de Pierre-Henri Simon. Le livre de Cesbron a été publié chez Robert Laffont, les autres au Seuil dont un des directeurs était alors Paul Flament, catholique pratiquant.
30 Telle est la dernière phrase de Le Jour se lève sur la banlieue, op. cit., p. 261.
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Henri Queffélec, écrivain humaniste
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