Chapitre I. L’aventure de l’hydroélectricité (1924-1949)
p. 31-52
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Texte intégral
1La construction de barrages et de centrales hydroélectriques nourrit l’expansion de la Société Auxiliaire d’Entreprises Électriques et de Travaux Publics durant un quart de siècle, depuis sa fondation jusqu’à sa reconversion vers les activités du bâtiment. Ce mode de croissance, fondé sur une spécialisation étroite, donne son unité à la période. Facteur de prospérité, lorsque le marché est porteur, il devient une cause d’incertitude et de fragilité, quand les débouchés se font plus aléatoires.
2La SAEETP appartient à un secteur de l’industrie française de l’entre-deux-guerres qui compte parmi les plus féconds en créations d’entreprises. Soutenu par des ressources financières importantes, le groupe fondateur de l’Auxiliaire s’y distingue par son dynamisme, épaulé par des ressources financières importantes. Les premières années, entre 1924 et 1932, placent la Société Auxiliaire dans une dépendance presque totale vis-à-vis des sociétés mères. Ils lui assurent une situation relativement confortable, grâce à l’abondance exceptionnelle des travaux qui lui sont confiés. Disposant, de ce fait, d’une relative importance dans la profession, la Société Auxiliaire trouve dans la réalisation de beaux aménagements hydroélectriques la possibilité de faire valoir un potentiel technique hautement spécialisé. Les premiers chantiers imposent ainsi son nom, en lui fournissant des références reconnues.
3À partir de 1932 les logiques de la croissance protégée des débuts se trouvent bouleversées. L’Auxiliaire doit assurer sa pérennité en tentant de diversifier les bases de son développement. Mais, malgré les efforts répétés de ses dirigeants, la crise puis la guerre qui resserrent considérablement les marchés l’empêchent de mener à bien le recentrage de ses activités. Après 1945, la modernisation énergétique de la France qui accompagne la reconstruction lui redonne un allant certain.
La raison d’être de la SAEETP : une logique de filière
4La fondation de la Société Auxiliaire s’inscrit dans un secteur d’activité et une époque particulièrement propices au développement d’entreprises nouvelles. Elle résulte du choix réfléchi d’un groupe en expansion rapide1. La création d’une filiale de génie civil permet à celui-ci de développer une logique d’intégration des activités. Elle lui apporte les meilleures garanties en termes de coût pour la réalisation des ouvrages de production d’énergie.
L’électricité, un milieu favorable à la création d’entreprises
5Durant la plus grande partie de l’entre-deux-guerres, les travaux hydroélectriques échappent à la morosité générale des travaux publics. Une conjoncture forte, un patronat dynamique et la venue d’investissements extérieurs importants assurent la réalisation des projets. Le secteur se caractérise par une démographie entrepreneuriale vigoureuse2.
6Jusqu’en 1935 la construction de barrages et d’usines hydroélectriques offre, en effet, de gros débouchés3. Alors que la consommation d’électricité s’était d’abord diffusée à un rythme lent, en raison de la faible urbanisation du pays, de la prudence excessive des élus et de la concurrence du gaz d’éclairage, à partir de 1904-1905, la consommation française fait un bond en avant. Elle rend nécessaire un effort considérable d’équipement électrique du pays. Les nécessités de l’économie pendant la Grande Guerre accentuent la tendance et donnent la priorité au développement de la nouvelle énergie. Les installations connaissent ainsi un véritable boom dans les années 1916-1918, en particulier dans les Pyrénées4. Si le retour à la paix provoque un marasme passager, le mouvement de forte croissance reprend durant la décennie 1920, favorisé par le vote d’une législation plus adaptée aux besoins5. La consommation d’électricité se généralise en France entre 1920 et 1930, en particulier dans le monde rural, jusque-là défavorisé. Un important effort d’équipement, principalement hydroélectrique, s’efforce de répondre à la demande. La production française est ainsi multipliée par quatre et demi durant la décennie 1920. La construction de barrages, souvent de grande ampleur, engendre des besoins considérables en capitaux. Beaucoup d’entrepreneurs doivent alors faire appel à de puissants groupes industriels ou bancaires, y compris venus de l’étranger6. Les perspectives de forte croissance les attirent aisément. Comme il existe un décalage d’environ deux années entre les décisions d’investissement et la mise en œuvre des aménagements, la vigueur de la croissance du secteur de la construction hydroélectrique se prolonge jusqu’au milieu des années 1930, alors que les autres branches des travaux publics sont plongés depuis plusieurs années dans un profond marasme lié à la récession mondiale.
7Dans ce contexte demeuré longtemps favorable, nombreuses sont les sociétés de production d’électricité qui se sont intéressées aux activités de génie civil. L’Énergie Industrielle, fondée en 1906 par Pierre-Marie Durand, le plus important distributeur français d’énergie électrique de la période, illustre cette démarche7. Au début des années 1920, elle choisit de s’intéresser à la production hydroélectrique. Le souci de Pierre-Marie Durand est de disposer d’une filiale de génie civil capable de construire, dans des conditions avantageuses, les centrales de son groupe. Il ne souhaite pas faire appel aux grandes compagnies de travaux publics qui se trouvent être, souvent, des concurrents sérieux sur le plan de la distribution. Il préfère se doter d’une filiale spécialisée, l’Entreprise industrielle8. La stratégie du deuxième groupe de distribution d’énergie électrique, celui d’Ernest Mercier, qui contrôle l’Union d’électricité, est différente9 : ici, pas de création de filiale spécialisée, mais des prises de participations des différentes sociétés du groupe dans des entreprises réputées dans leur secteur. C’est essentiellement le cas de Forclum, l’un des plus importants installateurs électriques français. Il construit une bonne partie des lignes à haute tension et des centrales thermiques destinée à la Région parisienne, zone d’action privilégiée de l’Union d’élecricité10.
8À l’inverse de cette stratégie de remontée de la filière pratiquée par les distributeurs d’énergie, les entrepreneurs de travaux publics furent nombreux à opter pour une logique d’intégration vers l’aval. Ils choisissent de prendre le contrôle ou de créer en grand nombre des sociétés de distribution d’électricité. Exemplaire, à cet égard, est le cas de la Société Générale d’Entreprises (SGE), qui constitue sans doute le troisième groupe d’électricité français, derrière les groupes Durand et Mercier11. Dès le début du siècle, la construction de centrales hydroélectriques constitue la spécialité de la firme. L’intérêt est grand pour elle de s’assurer des marchés de construction, au travers des programmes de développement de l’appareil de production de sociétés filiales. Dans ce but, Louis Loucheur, cofondateur de la SGE avec Alexandre Giros, conçoit, dès avant la guerre, une stratégie de prise de participations, voire de prise de contrôle. Après la Première Guerre mondiale, la SGE suscite la naissance d’entreprises qui la chargent de la réalisation de leurs infrastructures. En 1918, elle crée, ainsi, la Société des Forces Motrices de la Truyère, en association avec les Forges de Châtillon-Commentry et les Mines de Blanzy, ce qui lui assure les travaux des très importants chantiers des barrages de Brommat et de Sarrans.
9L’autre grand du génie civil français, les Grands Travaux de Marseille12 est la première grande entreprise à s’intéresser à la construction de centrales électriques à la fin du xixe siècle. En 1905, les GTM fondent la Compagnie Générale d’Énergie Électrique, tout en participant à la création de l’Énergie Électrique du Sud-Ouest13. Ils dirigent le consortium d’intérêts à l’origine de la société de production destinée à la région provençale, l’Énergie Électrique du Littoral Méditerranéen (EELM). Après guerre, ces intérêts assurent aux GTM d’importants marchés, en particulier pour le compte de l’EESO et de L’EELM qui passent commande de très importants équipements, aussi bien en centrales hydrauliques que thermiques. D’une manière très évidente, la création de la Société Auxiliaire d’Entreprises Électriques et de Travaux Publics se rattache à ce mouvement de la filière électrique qui pousse à au rapprochement de l’équipement et de la distribution.
Les Marchena, un groupe entreprenant
10Deux entreprises de distribution d’électricité, la Société des Forces Motrices de la Vienne (SFMV) et la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe (SFMVA), se trouvent aux origines de la Société Auxiliaire. Elles ont deux frères à leur tête, Albert et Ernest de Marchena. Au lendemain de la Grande Guerre, ceux-ci entreprennent de construire un des principaux groupes français de la filière hydroélectrique.
11La Société des Forces Motrices de la Vienne (SFMV) est une société anonyme, constituée le 15 juin 1914 et destinée à exploiter l’énergie hydroélectrique de cet important affluent de la Loire14. Il s’agit d’aménager le site de l’Isle Jourdain, à la limite des départements de la Vienne et de la Charente, où se succèdent sur seize kilomètres trois chutes d’eau d’importance. Ses plans prévoient de construire une très puissante usine d’une capacité de 80 millions de kW/h, permettant d’alimenter les villes du centre-ouest de la France, Poitiers, Niort, La Rochelle, Rochefort et Saintes. Le projet réunit un certain nombre d’industriels du secteur de l’appareillage électrique, intéressés à investir dans le secteur de la production. Albert et Ernest de Marchena se trouvent au cœur du projet. Albert, l’aîné, né en 1866 à Jacmel en Haïti, est ingénieur diplômé de l’École centrale15. Ernest y enseigne l’électromécanique. Ils ont tous deux travaillé à la Thomson16. L’électricité est leur domaine et ils en connaissent parfaitement les potentialités. Ils peuvent y faire valoir une expérience des affaires et un sens aigu de l’organisation. Leurs projets trouvent aussi à s’appuyer sur une fortune personnelle et des relations dans le monde du patronat électrique et la banque. Des liens très proches les unissent à la banque Demachy.
12Dès le départ, les Marchena s’assurent des postes-clés17. Albert devient administrateur délégué de la « Vienne » et Ernest secrétaire général. Sous leur influence, le projet initial est profondément remanié. La grande usine, performante techniquement, mais d’un coût financier trop important, est abandonnée. Le nouveau plan, plus modeste, prévoit l’aménagement successif des trois chutes par des ouvrages de taille moyenne. Les travaux préparatoires à l’aménagement de la première chute sont lancés aussitôt, mais en raison de la guerre, la réalisation est reportée de plusieurs années. L’autorisation de construire n’est accordée que peu de temps avant l’armistice, par la Commission interministérielle des Métaux et des Fabrications de guerre18. La conjoncture est favorable, la guerre a montré la nécessité de développer l’équipement hydroélectrique de la France. La SFMV, au capital de 12,5 millions de Francs, et dont les conseils d’administration soulignent l’« aisance de trésorerie », détient les moyens de réaliser son programme19.
13Environ deux ans et demi plus tard, à la fin de l’année 1920, la deuxième des sociétés fondatrices de la Société Auxiliaire, la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe (SFMVA), voit le jour20. Elle est destinée à alimenter en électricité le Sud-Ouest, à partir d’un ensemble de centrales établies le long de ce gave pyrénéen. La société se constitue officiellement le 11 mars 192121. Son capital social, de 10 millions de Francs, n’est guère moins important que celui de la SFMV. La nouvelle société rassemble un groupe d’investisseurs, au sein desquels les frères de Marchena jouent à nouveau un rôle central. Albert devient rapidement le président du conseil d’administration. À leurs côtés, les intérêts de la banque Demachy se trouvent représentés en la personne d’Henri Grandet, un de ses principaux gérants22. Ces personnalités sont venues répondre aux offres de la Maison Lillaz Frères qui se trouve aux origines du projet d’aménagement de la vallée d’Aspe. Spécialisés dans les travaux souterrains, les entrepreneurs parisiens Jean, Paul et Henri Lillaz ont creusé, entre 1908 et 1912, la partie française du tunnel du Somport, à la frontière franco-espagnole, en s’associant à l’entreprise Desplats, une des firmes les plus réputées dans la spécialité23. Lors de la construction du tunnel, ils ont pu étudier les possibilités énergétiques de la vallée d’Aspe. Ils concluent à la possibilité de l’équiper en usines hydroélectriques. Dès 1908, ils ont construit le modeste barrage des Forges d’Abel pour alimenter en énergie le chantier du tunnel. À la fin de la guerre, ils déposent des demandes d’autorisation d’aménagement de chutes d’eau destinées à de futures usines24. Mais ils ont mal préjugé de leurs capacités financières. Le projet requiert de lourds investissements, alors qu’ils ont déjà à supporter la charge des travaux ferroviaires. Les frères Lillaz souhaitent donc trouver des associés leur permettant de collecter les ressources nécessaires.
14Pour les responsables de la Société des Forces Motrices de la Vienne, il est intéressant de participer activement à la création d’une « société amie » permettant de « créer une communauté d’intérêt qui serait mutuellement profitable25 ». Alors que l’électrification du grand quart Sud-Ouest, de Nantes à Bayonne, est à peine ébauchée, Ernest de Marchena prévoit déjà une possibilité d’échange de courant entre les zones de la Vienne et de la vallée d’Aspe, ce qui n’est pas encore techniquement réalisable. Le 25 juillet 1922, les deux sociétés passent un accord, qui délimite les zones d’activité respectives et envisage une interconnexion entre les deux réseaux à Mirambeau, dans le Sud de la Charente-Inférieure26. L’esprit d’entreprise des frères de Marchena ne s’arrête pas là et les amène à constituer durant les années 1920 un des groupes de production électriques les plus importants du pays. C’est dans le Midi aquitain que les intérêts des Marchena connaissent une forte progression, avec le soutien actif de la banque Demachy. Ils participent, en 1925, à la création de la Société des Forces Motrices du Béarn et prennent des intérêts dans la Société Hydro-électrique des Basses Pyrénées, constituée par la SGE27. Elle est vendue en 1926 à l’Énergie Industrielle, ce qui permet un rapprochement des Marchena avec le groupe Durand. Ce n’est qu’un prélude à des croisements d’intérêts, sans cesse croissants, avec le premier groupe énergétique français. La part des travaux de génie civil prévus par les projets d’équipement du groupe s’annonce, donc, importante. Réunir les mêmes hommes et unir les moyens pour réaliser des études et entreprendre la réalisation des ouvrages permettrait d’en réduire les frais à l’avantage des deux sociétés, déclare Ernest de Marchena28. Avec plus de trois années d’avance, il envisage ce que va devenir la Société Auxiliaire.
La création d’une filiale spécialisée
15Le choix des sociétés du groupe Marchena de construire elles-mêmes leurs ouvrages s’explique par les déconvenues rencontrées lors d’une collaboration antérieure. L’alliance avec la Maison Lillaz leur procure alors les moyens humains et techniques nécessaires pour ériger leurs propres services de construction en une filiale spécialisée.
16Dans les années qui suivent la Grande Guerre, une société d’électricité qui souhaite se doter de centrales électriques nouvelles voit trois possibilités s’offrir à elle29. La première option est de faire appel à des constructeurs spécialisés dans ce type de travaux. Il s’agit souvent d’entreprises régionales. Cette démarche constitue la solution la plus économique pour les maîtres d’ouvrage qui peuvent ainsi mettre en concurrence les entrepreneurs, après avoir établi eux-mêmes leur projet. La deuxième possibilité, souvent retenue pour les usines les plus importantes, consiste à passer commande à de grandes entreprises de travaux publics généralistes30. Les Marchena choisissent de se tourner vers la troisième possibilité. Elle consiste en la construction des ouvrages par la société elle-même, qui transforme à cette fin son bureau d’études techniques en maître d’œuvre chargé des travaux de génie civil. Dans leur décision de doter leurs entreprises d’un service de construction, trois éléments semblent avoir été déterminants : les démêlés de la Société des Forces Motrices de la Vienne avec l’entrepreneur Hersent ; le désengagement de l’entrepreneur Lillaz de la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe ; le transfert de sa maîtrise technique vers cette dernière.
17Au printemps 1918, la Société des Forces Motrices de la Vienne (SFMV), couramment appelée la Vienne, signe un contrat chargeant la Maison Hersent de la réalisation de la centrale de l’Isle Jourdain. Les travaux s’ouvrent aussitôt31. Le contrat comprend une rémunération mixte, composée d’une allocation indexée sur le coût de la construction et une régie destinée à couvrir les dépenses du chantier. La collaboration donnant satisfaction à la SFMV, un deuxième accord est signé entre les deux sociétés en mars 1920 pour la réalisation de la centrale de Chardes32. Hersent est également chargé de l’édification des lignes de haute tension jusqu’à Châtellerault. Mais les relations se dégradent au début de l’année 1921, lorsque la Vienne constate d’importants dépassements de devis33. Ce dérapage est dû au contexte général d’inflation qui touche aussi bien les matériaux de construction que les coûts de la main-d’œuvre. Une fois achevée, le coût de revient de la centrale de l’Isle Jourdain est voisin de 15 millions de Francs ce qui en fait une des plus chères réalisations pour une centrale de puissance moyenne34. Alors que les travaux préparatoires de Chardes ont déjà commencé, la S.F.MV. décide alors de geler son programme et de différer l’exécution du gros œuvre jusqu’à une période « où les conditions économiques seront plus stables et plus favorables et où il sera possible de faire des prévisions budgétaires avec plus de précision ». Hersent exige alors le remboursement de ses frais35.
18Au début de 1922, la situation du marché devenant plus favorable, la Vienne décide la reprise des travaux de Chardes. De façon étonnante, elle pense pouvoir soumettre Hersent à un nouvel appel d’offres. Or, « contrairement à notre attente », précise le conseil d’administration, celui-ci refuse de renégocier le contrat, considérant que le marché lui est acquis, et assigne en justice la Vienne pour rupture de contrat36. Le litige porte également sur les conditions de règlement des sommes dues au titre de l’usine de l’Isle Jourdain qui a commencé à produire depuis août. Une transaction à l’amiable règle finalement le différent en 192337 : la Vienne s’engage à verser à Hersent 255 000 francs pour inexécution du contrat de Chardes et dédommagement des travaux déjà réalisés sur le site de Chardes. Pour Ernest de Marchena, la leçon a été retenue. Il est temps de mettre en pratique son projet d’une construction directe par la société des réalisations prévues à son programme.
19Les difficultés que rencontre, de son côté, la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe (SFMVA) la poussent à se rapprocher des Marchena. Les frères Lillaz ont, en effet, bien du mal à mener de front l’ensemble de leurs chantiers dans la vallée d’Aspe, ferroviaires et hydroélectriques. Aussi préfèrent-ils se consacrer à ceux qui leur sont les plus familiers et abandonner la maîtrise d’œuvre des centrales de la nouvelle société. S’ils continuent à détenir une partie du capital de la Vallée d’Aspe, ils cèdent aux Marchena la direction effective de la société. En abandonnant un rôle actif dans le programme de la SFMVA, Lillaz lui laisse des ingénieurs et agents hautement qualifiés. Avant tout autre, Gino Valatelli, l’ancien ingénieur en chef de la société promu au poste de directeur général de la Vallée d’Aspe38. Il amène avec lui un personnel spécialisé qui vient constituer le service construction de la nouvelle société. Celle-ci est donc capable d’exécuter, dès 1922, les travaux de génie civil, sans le recours d’aucun entrepreneur. Il en résulte, précise l’Assemblée générale de la SFMVA39, « un prix de revient aussi avantageux que possible pour le coût des installations ».
20L’ampleur des programmes des deux sociétés de forces motrices suffit à expliquer le passage rapide à l’étape suivante : la création d’une filiale commune de génie civil. Le conseil d’administration de la Vienne l’expose sans ambages dans sa séance du 27 décembre 192340 : « Les difficultés de divers ordres que l’on rencontre lorsque l’on fait appel aux entrepreneurs et la possibilité que nous avons, grâce aux éléments techniques dont nous disposons, d’exécuter nous-mêmes les travaux prouvent l’intérêt à constituer un organisme nouveau réunissant les bureaux d’études et chargé des travaux de génie civil des deux sociétés. » Pour donner à cet organisme toutes les facilités pour mener également des travaux pour des tiers en même temps que pour individualiser sa comptabilité « il semble indiqué de le constituer en société anonyme distincte41 », le capital étant détenu en quasi totalité par les deux sociétés de forces motrices. Le 8 avril 1924, le conseil donne son accord pour la constitution d’une société auxiliaire qui « fonctionnera comme un service technique commun aux deux sociétés mères pour l’exécution des travaux de génie civil que l’une et l’autre vont avoir à entreprendre dans les années à venir42 ». De son côté, la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe expose dans son rapport à l’assemblée générale du 10 décembre 1924, qu’« étant entrée enfin dans la période d’exploitation, le Conseil a trouvé opportun de rendre autonome le service construction, en association avec la Société des Forces Motrices de la Vienne43 » et que dans ce but elle a constitué la Société Auxiliaire d’Entreprises Électriques et de Travaux Publics.
L’époque des marchés réservés (1924-1932)
21Les premières années de la Société Auxiliaire d’Entreprises font partie des périodes les plus faciles de son histoire. Dans une large mesure, elle échappe à la redoutable contrainte du marché qui constitue un véritable test de viabilité pour toute nouvelle entreprise. Solliciter la demande et résister à la concurrence ne constituent pas pour elle des objectifs fondamentaux. Son statut et les contrats privilégiés, qu’elle vient de passer avec ses deux sociétés fondatrices, la protègent de la nécessité de trouver des débouchés. L’époque est, cependant, déterminante pour son avenir puisqu’elle lui permet, au travers de la réalisation de programmes d’équipement d’envergure, de démontrer sa maîtrise technique.
Une indépendance promise à terme
22L’acte enregistrant la naissance de la SAEETP est signé, le 8 avril 1924. La Société Auxiliaire a, dès l’origine, un statut qui la rapproche des grandes entreprises du secteur, où la majorité a pris la forme de sociétés anonymes44. Des contrats signés avec les sociétés mères complètent le dispositif en fixant son programme de travaux et ses conditions de rémunération.
23Le passage de l’entreprise individuelle à la société anonyme s’est effectué lentement dans les travaux publics. La Société de Construction des Batignolles fait figure de pionnière en se constituant, dès 1873, en société de capitaux. Dans la plupart des cas, il s’agit de faciliter la collecte de quantités importantes de capitaux venus de l’extérieur. Le cas de la SAEETP est différent. Son statut résulte de sa nature de filiale commune à deux entreprises indépendantes. Il justifie pleinement son nom de société auxiliaire d’entreprises électriques. Elle est chargée de l’étude et de la réalisation de travaux dans le domaine de la production, le transport et la distribution d’électricité. Mais rien n’interdit à la nouvelle entreprise une extension de son champ d’activité vers les autres secteurs des travaux publics. Il est prévu l’éventualité de travaux publics relevant d’une spécialité différente, qu’ils soient terrestres ou maritimes et qu’ils se situent en France, dans les colonies ou à l’étranger. Une telle nécessité implique de doter la Société Auxiliaire de la personnalité juridique la plus autonome possible, dans le cadre de la loi de 1867. Elle se voit garantir l’autonomie de gestion nécessaire à son développement. Le capital social est fixé à un montant de un million de francs, divisé en 2 000 actions de 5 000 francs dont un quart de la somme est à verser à la souscription. Elle peut constituer un stock de matériel lui appartenant en propre. Elle peut participer à toute opération financière, commerciale, industrielle, mobilière ou immobilière, justifiée « directement ou indirectement » par ses activités. Elle dispose de la liberté de créer des filiales ou de prendre des participations lorsque le besoin s’en fait sentir. L’article 4 fixe le siège social au même lieu que celui des deux sociétés-mères mais mentionne la possibilité de le transférer par simple décision du conseil d’administration, ce qui est le cas dès le 16 octobre 1924. Enfin, comme il est habituel, la durée légale de la société est fixée à 99 ans. Tout semble indiquer que, dès l’origine, les fondateurs ont envisagé la pleine indépendance de la société et sa prise de contrôle, ce que confirment les accords passés entre eux et Gino Valatelli.
24Celui-ci se voit, en effet, reconnaître un droit de prise de contrôle à terme de l’entreprise. Le conseil d’administration de la SFMV du 8 avril 1924 précise que « la future société devant continuer son existence après la terminaison des travaux dont l’exécution fait partie du programme d’avenir des deux sociétés participantes, les accords passés avec M. Valatelli stipulent pour lui la faculté, lorsque les principaux travaux de la SFMV et de la SFMVA auront été exécutés, de racheter de chacune d’entre elles les 6/10 des actions qu’elles auront souscrites45 ». Le 16 octobre 1924, le premier conseil d’administration de la SAEETP précise qu’un projet de contrat avec les deux sociétés-mères est à l’étude46. Il est présenté aux administrateurs de la Société Auxiliaire le 22 novembre47. Il ne sert qu’à légaliser une collaboration entamée depuis déjà plusieurs mois. La SAEETP s’engage pour cinq ans, jusqu’au 31 décembre 1930, à diriger et conduire en qualité d’architecte, d’ingénieur-conseil et de mandataire, pour le compte des sociétés fondatrices, les études et travaux relatifs à l’aménagement d’usines hydrauliques et thermiques projetées par cette dernière. Une fois les plans et devis approuvés par les deux sociétés de forces motrices, la Société Auxiliaire a pour mission de conduire les travaux de génie civil dont elle assure elle-même la charge. Enfin, il lui incombe de surveiller et de contrôler le montage du matériel acquis, ainsi que les essais nécessaires. Mais ce sont les entreprises mères qui passent directement les commandes auprès des sous-traitants et qui acquitte elle-même tous les paiements. Aucune dépense ne doit être engagée sans leur accord.
25La rémunération de la Société Auxiliaire se compose d’une allocation fixe de 100 000 francs, destinée à couvrir y compris les frais d’étude d’ouvrage non suivis d’exécution, et d’une allocation proportionnelle au montant des travaux réalisés48. En ce qui concerne les travaux confiés à des tiers, les allocations sont fixées à sept pour cent pour les travaux de génie civil, cinq sur les commandes de matériel électrique et mécanique et dix pour les dépenses liées à l’établissement des dossiers administratifs. Enfin, disposition importante, la société-mère envisage de verser des allocations spéciales au personnel, calculées sur les économies réalisées par rapport aux prix déterminés à l’avance.
Des programmes ambitieux
26Lors du premier conseil d’administration de la SAEETP, Ernest de Marchena, tout à la fois, représentant de la Vienne et président de la nouvelle entreprise, annonce une liste de travaux pour les 4 à 5 ans à venir49. Les deux sociétés-mères ont la volonté d’appliquer méthodiquement d’ambitieux programmes de travaux.
27Celui de la Société des Forces Motrices de la Vienne prévoit six barrages et leurs usines, à réaliser en deux tranches, sur la Vienne et un de ses affluents, le Taurion. Son objectif est d’alimenter en énergie les départements du Centre-Ouest, un région disposant d’assez nombreux centres urbains et industriels de moyenne importance. En cet immédiat après-guerre, elle se préoccupe aussi, de façon pionnière, de l’électrification des campagnes. Pour ce faire, elle passe méthodiquement des conventions de fourniture d’énergie avec les autorités locales. Comme l’augmentation rapide de la consommation50 absorbe presque immédiatement la production des deux premières usines réalisées sur la Vienne, elle décide de passer à la deuxième phase de son programme. À partir de 1928, elle passe commande à la SAEETP de quatre usines sur le cours du Taurion, un affluent de la Vienne, situé en amont de Limoges51. Elles sont réalisées jusqu’en 1932, en un peu plus de cinq années. Malgré la conjoncture souvent peu favorable, en particulier les crises financières que traverse la France du milieu de la décennie 192052, la Vienne a pu poursuivre méthodiquement son effort d’équipement grâce à un accord passé avec Elecktrobank, une société financière zurichoise53. Celle-ci mène une politique dynamique d’investissement dans le secteur hydroélectrique français et recherche des partenaires54. La SFMV devient son principal associé et se voit accorder, en octobre-novembre 1926, un crédit de 2 millions de Francs suisses, en échange d’une prise de participation de vingt pour cent de son capital par la société suisse55. La SFMV dispose donc des moyens de financer son expansion.
28De son côté, la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe a pour objectif à moyen terme d’écouler la production de la vallée d’Aspe vers une bonne partie du Sud-Ouest, des Pyrénées au nord de la Gironde. À cette fin, la SFMVA adhère le 14 décembre 1922, en tant que membre fondateur, à l’Union des Producteurs d’Électricité des Pyrénées-Occidentales (UPEPO). L’UPEPO doit permettre d’écouler les excédents vers les centres de consommation en utilisant le réseau de distribution déjà existant construit par la Compagnie du Midi. Comme pour la Vienne, son programme comprend deux tranches, destinées à réaliser progressivement un chapelet de huit centrales le long du gave pyrénéen56. La première consiste en quatre usines qui sont toutes réalisées de 1922 à 1926. La Société Auxiliaire prend directement la suite du service de construction de la Vallée d’Aspe, en continuité parfaite, tant pour les projets que pour les hommes. En revanche, les difficultés financières qui s’accumulent par la suite font que, pour la deuxième tranche, n’est construite qu’une seule usine sur les 4 prévues. La Vallée d’Aspe parvient, cependant, en 1929, à parachever l’ensemble productif réalisé, par la construction de deux centrales supplémentaires, la centrale d’Agen et surtout celle de Bayonne-Blancpignon, de première importance.
Le Limousin et les Pyrénées, terres des premières réalisations
29Bien que de taille moyenne, les divers chantiers, menés avec succès, malgré des conditions souvent difficiles, permettent à la jeune SAEETP de se faire un nom dans la profession.
30La chronologie précise des travaux entrepris pour la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe est assez délicate à établir en raison de la disparition des archives de cette société et de la plus grande partie de celles des débuts de la SAEEETP. On peut, cependant, tenter de reconstituer les aménagements réalisés par la SAEETP, durant la période, pour le Groupe Marchena.
Tableau 1. – Centrales hydroélectriques et thermiques réalisées par la SAEETP pour les sociétés du Groupe Marchena jusqu’en 1932.

Sources : archives de la SAEETP et de la SFMV.
Carte 1. – Aménagement de la vallée du Taurion, travaux réalisés pour la Société des Forces Motrices de la Vienne (1927-1932).

31Le barrage de Chardes, situé sur la Vienne, est d’abord confié, en 1923, aux équipes de la Vallée d’Aspe. Quelques mois après, elles intègrent la SAEETP, qui devient l’entrepreneur du barrage. Situé à deux kilomètres en aval, sa conception reste très proche de celui de l’Isle Jourdain. Il s’agit d’un barrage-poids de 12,40 mètres de haut et de 224 mètres de longueur, comprenant un système novateur d’évacuation des excès de réserve d’eau, grâce à un système de clapets et des vannes levantes automatiques, utilisé pour la première fois en France. La mise en service s’effectue en décembre 1926. L’usine de Jousseau, située à 8 kilomètres en amont du barrage de l’Isle-Jourdain, présente, elle aussi, les mêmes caractéristiques générales57. La hauteur du barrage est de 13,50 mètres et sa longueur de 157 mètres.
32Les quatre usines prévues sur le Taurion58 (carte 1) s’échelonnent sur une trentaine de kilomètres, pour une dénivellation de 130 mètres. La première usine mise en service est celle de Saint-Marc, au lieu-dit le Maureix59. L’ouvrage, beaucoup plus considérable que les précédents, comporte un barrage de 45 mètres de hauteur, 172 mètres de largeur, et une usine de 3 groupes électrogènes de 4 750 kVA chacun. Entamés en avril 1927, les travaux ne durent que deux ans et demi, et sont achevés en octobre 1930. Le barrage de Châtelus, est placé à 24 kilomètres en amont, au lieu-dit La Roche-Talamie60. D’une hauteur de 26 mètres et d’une largeur de 120 mètres, il compte une conduite souterraine de 703 mètres qui recoupe un méandre du Taurion. Elle alimente l’usine qui dispose de deux groupes de 5 000 kVA. Les délais de construction sont, également, relativement courts : d’octobre 1928 à octobre 1931. Enfin l’équipement est complété par des ouvrages plus modestes que les précédents, le barrage de La Châtre et celui de Chauvan, assurant la régularisation de l’ensemble.
Carte 2. – Plan d’ensemble des barrages prévus par le programme de la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe (1922).

33La vallée d’Aspe (carte 2) offre l’exemple, quant à elle, d’un aménagement de grande ampleur en haute montagne. Réalisé entre 1921 et 1929, il est pratiquement contemporain de celui de la vallée d’Ossau, considéré comme un modèle du genre en Europe. Dans la vallée d’Aspe, les ouvrages sont plus modestes mais plus nombreux. Chaque usine doit reprendre l’eau déjà utilisée par les usines précédentes, par haute chute pour les centrales les plus en amont, au fil de l’eau pour celles situées dans la partie inférieure de l’auge glaciaire. L’ensemble s’étire sur une dénivellation de 1 490 mètres, la somme des hauteurs de chute utilisées dans les différentes usines atteignant 90 % de cette dénivellation, soit 1345 mètres. La garantie d’une régularité des fournitures d’énergie à la clientèle fait l’objet d’aménagements très poussés, avec des usines de pointe journalière, les usines des Forges d’Abel et du Baralet, et une usine de pointe saisonnière, alimentée par le lac réservoir d’Estaëns. En 1927, la centrale thermique de Bayonne est décidée dans le but d’améliorer la régularisation du système61. La centrale d’Esquit est la première achevée, en septembre 1924, tandis que se réalisent parallèlement, les travaux de haute montagne des Forges d’Abel, situés près de la frontière, à 1 100 mètres d’altitude. Le chantier dure près de 3 années, de 1923 à 1926. La réserve constituée par le lac s’élève à 6 millions de mètres cubes, destinés à régulariser les débits au moment des étiages. L’usine du Baralet, située entre les Forges d’Abel et Esquit, à une altitude d’environ 800 mètres, est de loin la plus importante que la Société Auxiliaire ait construite pour le compte de la SFMVA. Entamés en 1922, les travaux s’achèvent en septembre 1926 et leur montant est comparable à l’usine de Saint-Marc (30 millions de francs contre 35 millions) et bien supérieur aux 8 millions d’Esquit et aux 6 millions des Forges d’Abel62. La construction du barrage d’une hauteur de 26 mètres nécessite 20 000 mètres cubes de béton.
34En comparaison des grandes réalisations de l’époque ces ouvrages ne sont que des réalisations de taille moyenne, même pour les plus importants d’entre eux. Il n’y a, dans les travaux menés par Valatelli et son équipe, rien qui puisse se comparer à l’importance et à la portée symbolique du barrage d’Eguzon63, vite devenu l’emblème de la modernisation de l’économie française, rien qui puisse approcher les audaces techniques de Marèges ou du Chambon64. Comme la très grande majorité des barrages français de l’époque, ils demeurent fidèles à la tradition du barrage poids. Ce qui contribue à la réputation de l’Auxiliaire, c’est le grand nombre de travaux souterrains menés à bien dans des conditions géologiques souvent extrêmement difficiles65. Les références de la société proviennent, aussi, de la réussite d’un aménagement intégral en chapelet d’usines de deux vallées, l’une encaissée dans un massif ancien, l’autre à très forte pente en haute montagne.
Difficiles tentatives de diversification (1932-1949)
35Durant une longue période de dix-sept à dix-huit années la SAEETP acquiert son indépendance en diversifiant ses clients et ses activités. Mais cette croissance, devenue autonome, est presque en permanence menacée par les épreuves redoutables qui ponctuent l’époque, la crise des années 1930 et la Deuxième Guerre mondiale. La récession durable qui touche le secteur des travaux publics réduit considérablement les marchés. Elle rend très fragiles les stratégies successives mises en œuvre.
Derniers chantiers pour les Marchena
36Au début de la décennie 1930, la dépendance commerciale envers les deux sociétés fondatrices cesse brutalement. Les deux entreprises, dont les programmes d’équipement touchent à leur fin et qui traversent des difficultés financières, sont amenées à cesser leurs commandes.
37Dès les origines, la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe a souffert d’un manque de moyens financiers66. Elle renonce au projet de construction qui devaient compléter l’aménagement de la vallée d’Aspe. Par les accords du 11 décembre 1925, elle cède ses droits sur Eygun Lescun à la Société des Forces Motrices du Béarn67. De ce fait, le marché de cette centrale, soumis à concurrence, se révèle difficile à obtenir pour la SAEETP. Elle n’emporte le contrat, d’un montant de 45 millions de Francs, le plus important en jeu jusqu’à présent, que sur l’intervention d’Ernest de Marchena68. En dépit des difficultés géologiques, liées à des éboulis et des infiltrations d’eau dans les galeries, la SAEETP réalise les travaux avec rapidité, entre 1927 et 1930. Malgré ce succès, l’affaire est alourdie par les retards de paiement des Forces Motrices du Béarn, en proie elle aussi à des problèmes financiers69. En revanche, la SAEETP bénéficie du dernier grand contrat de la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe. L’espoir d’un rebond de son activité convainc cette dernière de compléter son dispositif de production, en construisant une centrale thermique à Bayonne. L’usine thermique comprend deux groupes turbos à vapeur d’une puissance totale de 20 000 kW. Les travaux, qui sont achevés à la fin de 1931, représentent pour la SAEETP un montant de 30 millions comparable à celui qu’elle a obtenu pour le Baralet. Mais une époque s’achève. Avec l’arrivée de la crise qui touche le secteur, à partir de 1930, les difficultés financières de la SFMVA ne font que s’accentuer. L’AGE du 31 décembre 1931 entérine sa disparition, absorbée par la SHBP, filiale de l’Entreprise Industrielle70. C’est pour ce nouveau maître d’ouvrage que la SAEETP achève les travaux de montage de la centrale. En revanche, à la différence de la société-sœur, la Société des Forces Motrices de la Vienne semble mieux à même de porter une stratégie de développement hardie. Mais la mort subite d’Albert de Marchena, le 25 juin 1931, bouleverse ces plans, au moment où la dépression économique frappe durement le groupe71. En 1935 l’Auxiliaire disparaît définitivement de la liste des fournisseurs de la Vienne avec le versement des dernières allocations dues au titre de l’usine de Chauvan.
Une entreprise en lutte pour sa survie (1932-1939)
38Le marasme qui touche l’ensemble de l’économie nationale vient rendre encore plus indispensable un élargissement des stratégies de la SAEETP. L’entreprise se voit confier des travaux urbains et routiers mais sa spécialité d’origine continue à fournir l’essentiel de son activité, au cours d’une période très difficile durant laquelle se joue sa survie.
39À partir de 1933, le niveau d’activité de la Société Auxiliaire est revenu à celui de ses débuts. Le rapport à l’assemblée générale l’annonce aux actionnaires : « un ralentissement étant à prévoir dans les aménagements hydro-électriques pour les années à venir, votre Conseil a décidé l’élargissement de notre champ d’action72 ». Valatelli envisage de se tourner vers les travaux urbains et industriels. Mais le bâtiment urbain est particulièrement victime de la récession. En revanche, les travaux d’assainissement urbain, qui mettent à profit son expérience des ouvrages souterrains, offrent plus de débouchés et deviennent durant la décennie un des domaines d’activité principaux de l’entreprise. En 1935, l’Auxiliaire obtient de la Préfecture de la Seine le gros contrat de construction d’une usine élévatoire des eaux à Clichy, d’un montant de 12 millions, en collaboration avec les établissements Zublin de Paris, suivi de celui de la réalisation de la station élévatoire des Vals d’Yonne73. Ces références lui assurent la confiance de la municipalité parisienne pour la commande d’une troisième usine élévatoire sur le quai d’Austerlitz. La construction de routes et de ponts procure aussi quelques satisfactions. Le marché du pont suspendu de Lacq Abidos, d’un montant de 2,5 millions de Francs, paraît très intéressant74. Obtenu en 1936, en collaboration avec une firme réputée, Fives-Lille, Valatelli en attend beaucoup. Cependant, il ne débouche pas sur une collaboration suivie75. Le contrat confié par l’administration des Ponts-et-Chaussées semble plus profitable. Il l’associe à la réalisation de la première autoroute construite en France, à l’ouest de Paris. Commande décisive, obtenue à un moment très difficile, son montant, de 32 millions, se rapproche de celui des plus grands barrages qu’elle a réalisés76. Elle marque profondément l’esprit de l’entreprise par sa nouveauté et sa technicité et devient un des chantiers mythiques de l’entreprise. Trente ans plus tard, le rapport l’assemblée générale n’hésite pas à affirmer, avec beaucoup d’exagération, que l’entreprise « prit une large part dans la réalisation de l’autoroute de l’Ouest77 ». La réalité est plus modeste. En novembre 1935, la SAEETP obtient, par adjudication, deux lots de terrassement et de construction d’ouvrages d’art sur la branche Nord vers la Normandie et, en juin 1936, une partie du tronçon partant du tunnel de Saint-Cloud78. Les travaux débutent au printemps 1936, Elle doit faire l’acquisition d’un important matériel, pour un million de Francs79. L’entreprise achève l’essentiel des travaux en 1939 et espère ainsi avoir ouvert une « branche d’activité nouvelle et rémunératrice80 ». Mais une nouvelle fois, la percée demeure sans suite, faute de commandes nouvelles.
40Malgré l’impression d’énergie multiforme et sans faille que donne la direction de l’entreprise, le bilan de la stratétégie de diversification menée durant la décennie 1930 paraît largement décevant. Aucun secteur n’est négligé mais il s’agit le plus souvent de petit marchés, acceptés faute de mieux pour utiliser hommes et matériel. Très dispersés, ils nécessitent l’envoi coûteux d’équipe sur une bonne partie du territoire français pour des montants le plus souvent modestes81. Ils assurent, tout au plus, une présence assez désordonnée, en attendant des jours meilleurs. En revanche, l’hydroélectricité demeure l’activité déterminante de la SAEETP, grâce au plus gros marché jamais obtenu, la construction pour le compte de l’Union Pyrénéenne Électrique (UPE) du barrage d’Eylie dans l’Ariège. D’un montant de 60 millions de Francs, il vient à point nommé compenser la baisse dramatique des commandes et concourt très largement à son équilibre financier entre 1933 et 1938. Il s’agit, pour l’Auxiliaire, d’aménager le lac d’Araing, situé à 1910 mètres d’altitude en une réserve d’eau régulatrice, grâce à un barrage de 18,50 mètres de haut et de 204 mètres de large. Le chantier, bien que réalisé en très haute montagne dans des conditions climatiques extrêmes, est mené dans d’« excellentes conditions82 », sous la conduite expérimentée de Raymond Vuillemin, responsable des chantiers de l’Ariège. Pourtant la nature calcaire des montagnes ariégeoises est à l’origine de nombreuses infiltrations et réapparitions des eaux. Il faut réaliser de véritables calottes de béton83. La première tranche de travaux est achevée à l’automne 1935 et le courant commence à être fourni en janvier 1936. De nouveaux travaux se prolongent jusqu’en 1939. La digue d’Araing est surélevée jusqu’à 25 mètres et élargie à 260 mètres de largeur pour porter le volume d’eau utilisable de 3 à 7 millions de mètres cubes. Cette très belle réalisation technique vient renforcer la réputation de compétence de la SAEETP : l’ouvrage est considéré comme un modèle d’utilisation des ressources hydrologiques d’un site de haute montagne, capable de fournir, sans pompage, l’écoulement nécessaire, selon les saisons et les obligations de fourniture84. Surtout, Eylie assure la survie de l’entreprise à un moment très difficile. Le montant des travaux équivaut à 50 % du total du chiffre d’affaires de l’entreprise pour l’exercice 193685.
41Les deux années qui précèdent la guerre paraissent beaucoup moins difficiles. Comme pour la majorité des entreprises de travaux publics, son carnet de commandes se remplit fortement. Entre 1937 et 1939, elle double son activité qui tend à retrouver le volume des meilleures années. Cette sortie du marasme tient à la reprise des aménagements hydroélectriques dans les Pyrénées. L’autre source de croissance provient de travaux effectués au titre de la Défense nationale. L’Auxiliaire travaille à l’extension des casernements de Boulay et Bockange en Moselle, des assez gros chantiers d’un montant de 8 millions de Francs, et à la modernisation d’infrastructures sur la base aérienne de Bourges, pour une somme de 3,8 millions86.
42Néanmoins, à la veille de la guerre, la SAEETP demeure une affaire relativement modeste, très loin des grands du secteur comme les Grands Travaux de Marseille, la Société Générale d’Entreprises ou Hersent. Le rapport du chiffre d’affaires de l’Auxiliaire avec le premier, les GTM, est seulement de 14,3 % en 1929 et de 13,1 % en 1939. L’entreprise appartient à un autre univers, celui des entreprises moyennes-grandes. Loin derrière la petite dizaine de firmes qui dominent la branche, celles-ci forment un groupe de plusieurs dizaines de sociétés, dont l’importance de l’activité et la présence sur l’ensemble du territoire les mettent, à leur tour, bien au dessus des centaines d’entreprises moyennes qui exercent à l’échelle régionale. Ses performances l’inscrivent dans la durée, mais sans parvenir à la faire émerger du lot face à des rivaux nombreux et efficaces.
Succès et difficultés d’une entreprise moyenne (1940-1949)
43Une épreuve, encore plus redoutable que la crise, affecte le début de la période suivante, avec la guerre qui désorganise l’économie française et la plonge dans la pénurie. La reconstruction qui suit apporte des temps moins difficiles pour les entreprises chargées de reconstruire, puis de moderniser les équipements du territoire. Pourtant, au terme de la décennie 1940, la stratégie de la Société Auxiliaire se révèle toujours aussi fragile, alors que son activité reste largement dépendante du secteur hydroélectrique.
44Les hostilités, puis la défaite et la division de la France, en deux zones ont contraint l’Auxiliaire à improviser une nouvelle organisation. Dès l’entrée en guerre, en septembre 1939, les services du siège social se replient sur Blois87 puis, lors de l’invasion de juin 1940, ils s’installent à Oloron-Sainte-Marie, où se trouve la résidence de Gino Valatelli88. Les Basses-Pyrénées présentent l’avantage de se situer en zone libre. Cependant, dès l’armistice, une permanence est rétablie à Paris et les chantiers de la Région parisienne sont rouverts. Pour tenter de parer aux difficultés de communications avec le siège social, la zone Nord se voit dotée, à partir d’avril 1941, d’un directeur général adjoint, poste confié à Hector Raniéri89.
45L’activité dans la partie occupée est considérablement perturbée. L’Auxiliaire achève les chantiers qui ont été suspendus au moment de l’armistice mais elle ne participe pratiquement pas aux travaux de reconstruction lancés par le gouvernement de Vichy dès juillet 194090. Seule nouvelle commande d’importance, la construction, en 1941-1942, d’un gros collecteur d’égouts, ceinturant le lac d’Enghien, confirme la réputation de la société dans le domaine des travaux d’assainissement91. En mai 1942, les chantiers s’arrêtent, en application d’une loi soumettant à autorisation tous les travaux de quelque importance92. L’entreprise concentre toute son activité en zone Sud, essentiellement dans les Pyrénées où elle retrouve sa spécialité d’origine. Le gouvernement encourage le développement de l’équipement énergétique du pays, et, pour un grand nombre de sociétés de travaux publics, l’activité de construction de barrages connaît un regain. Les chantiers de la Société Auxiliaire touchent l’ensemble de la chaîne pyrénéenne. Grâce à ces marchés, l’activité de la SAEETP, tout en étant gravement affectée par le conflit, semble avoir mieux résisté que la plupart des entreprises de travaux publics. Le chiffre d’affaires ne baisse que d’un peu plus de dix pour cent, entre 1940 et 194493. La chute n’est sévère qu’au début de la guerre (de 14 % jusqu’en 1941 qui marque le point le plus bas de son activité), sans être aussi forte que la moyenne des concurrents (25 % pour la même période94). Les nombreux travaux qui s’ouvrent en 1942 font progresser sensiblement son chiffre d’affaires et 1943 dépasse largement le chiffre de 1940.
46Pourtant, tous ces chantiers ont dû affronter d’énormes difficultés liées au manque de main d’œuvre et à la pénurie de matériaux. Le conseil d’administration du 10 février 1942 parle d’un « manque presque absolu de matériaux et carburants. » Sur tous les chantiers il faut étaler les travaux, faute des approvisionnements nécessaires. En 1944, tous ont pris du retard95. La dernière année de guerre s’avère particulièrement difficile. Événement dramatique, trois ouvriers du chantier de Saint-Cricq sont tués par l’armée allemande, le 17 juillet 1944, au moment de sa retraite96. Les premiers temps de la Libération se révèlent, quant à eux, si rudes au plan des approvisionnements et des transports qu’ils paraissent « encore plus que les antérieurs hérissés de difficultés souvent insurmontables97 ».
47Mais, dès 1945, les perspectives s’annoncent prometteuses, sur un marché français dont il faut reconstruire les infrastructures. L’Auxiliaire retrouve en 1946 son niveau maximal d’activité d’avant guerre. Les années 1947-1949 accentuent la tendance et constituent une période d’expansion rapide et de bénéfices exceptionnels. L’essentiel de l’activité provient de la construction de barrages. Le montant de sa production finale la situe à un niveau un peu supérieur à celui de Sainrapt et Brice et à peu de distance de celui de Colas. Dumez qui a connu une croissance spectaculaire pèse, quant à lui, d’un volume d’affaires près de trois fois supérieur98. Mais les dirigeants de l’Auxiliaire échouent à diversifier ses activités. Toute défaillance du marché de la construction hydroélectrique est de nature à mettre en jeu l’existence de l’entreprise.
48Dans les premières années qui suivent la Deuxième Guerre mondiale, la SAEETP semble pourtant revivre la période faste de l’immédiat avant-guerre. Elle est chargée d’importantes commandes hydroélectriques. Le grand barrage de Gnioure, dans l’Aude99, constitue la réalisation la plus marquante de cette époque. Il est inauguré, avec solennité, le 11 octobre 1949 en présence du ministre de la production industrielle et du PDG d’Electricité de France. L’ouvrage est d’importance100 : barrage à gravité, il s’élève à 75 mètres de hauteur et barre une retenue de 27 millions de mètres cubes. L’ouvrage, situé sur le Siguer, petit affluent du Vicdessos, a pour objet de régulariser l’ensemble du bassin, grâce à une retenue située à 1 750 mètres d’altitude. À la fin de l’année 1944, Valatelli entame des négociations avec les dirigeants d’Alais, Froges et Camargue. Il parvient à les convaincre que l’Auxiliaire est capable de terminer l’ouvrage dans des temps records101. La SAEETP connaît bien la région, grâce à au barrage d’Auzat, construit non loin de là, dans la vallée du Vicdessos. En quelques semaines, Valatelli trouve l’homme de la situation. Dès le 1er juillet 1945, Robert Guillaume, qui rentre de captivité, prend la direction des équipes de l’Auxiliaire. Chaque campagne dure de quatre à six mois durant la belle saison, très courte en raison de l’altitude, et les ouvriers n’ont alors droit qu’à un seul jour de congé par mois. En partie grâce à son passé d’ancien prisonnier, Guillaume sait se faire respecter et parvient à mobiliser activement l’ensemble du personnel102. Malgré des difficultés techniques innombrables imposées par les froids très vifs et les difficultés d’approvisionnement du chantier dues à l’altitude, la SAEETP parvient, dès la première année, à tenir les délais promis103.
49En revanche, avec la nationalisation, les conditions deviennent beaucoup moins faciles. Désormais, la dépendance devient presque exclusive vis-à-vis d’EDF. En 1947, EDF impose aux entrepreneurs d’accepter de nouveaux prix, sous peine d’être rayés de la liste des entreprises agréées. Comme la plupart de ses confrères, Valatelli, qui espère d’autres commandes, n’a d’autre solution que de se soumettre. Surtout, l’entreprise ne tarde pas à être durement affectée par la nouvelle politique d’Électricité de France104. Dès 1948-1949, la politique énergétique nationale, en effet, opère un virage d’envergure. Le Plan Monnet (1947-1950) a donné la priorité à l’hydraulique, le thermique n’étant qu’un appoint. Dans un rapport du 26 mars 1949, Gabriel Taix, conseiller du ministre de l’Industrie Robert Lacoste, ouvre le débat, en préconisant un développement des centrales thermiques, moins coûteuses105. Elles sont, au demeurant, plus rapides à construire, alors que la sécheresse exceptionnelle de 1948-1949 a montré que l’équipement de la France était encore insuffisant pour parer à tout risque de pénurie. Ces thèses s’imposent progressivement au sein d’EDF et trouvent un écho dans la presse, qui suit l’affaire avec attention. Dès 1949, devançant les décisions officielles, la direction d’Électricité de France décide de ne plus lancer aucun projet nouveau d’aménagement hydraulique. Elle entend se contenter de mener à bien ceux qui ont été décidés. En juillet 1952, un nouveau rapport de Gabriel Taix, adressé au Conseil économique et social, fait grand bruit et achève de légitimer cette évolution106. Aussi est-ce sans surprise que le IIe Plan, préparé en 1953, accorde clairement la priorité au thermique.
50Face à ces décisions, la situation de l’Auxiliaire paraît un temps encore solide. L’importance de certains chantiers est telle qu’il faut les exécuter en participation. C’est le cas du barrage de Cap-de-Long où, en 1948, l’Auxiliaire obtient d’être associée à la prestigieuse Société Générale d’Entreprises107. Mais, dès l’année suivante, elle n’obtient plus que de simples travaux de réfection et de modernisation, comme pour les usines du Baralet et d’Arnousse, édifiées vingt ans auparavant et qu’elle remet en état de 1949 à 1951108. Une période de son histoire est en train de se clore.
Notes de bas de page
1 Pour la question des origines des entreprises, voir J. Marseille (dir.), Créateurs et créations d’entreprises : de la Révolution industrielle à nos jours, colloque Paris IV, avril 2000, ADHE, 751 p.
2 D. Barjot, Travaux publics en France. Un siècle d’entrepreneurs et d’entreprises : 1882-1992, Paris, ENPC, 1993, p. 89.
3 D. Barjot, « Équiper », in M. Levy Leboyer et H. Morsel (sous la dir.), Histoire de l’électricité en France 1919-1946 (t. II), Paris, Fayard, 1994, p. 635.
4 C. Bouneau, L’électrification du Grand Sud-Ouest, Université de Paris-Sorbonne (Paris IV), 1995, p. 118.
5 D. Barjot, « Équiper », art. cit., p. 627 (note).
6 H. Morsel, « L’hydroélectricité en France 1902-1946 », in Le capitalisme français 19e-20e siècle, Blocages et dynamiques d’une croissance, P. Fridenson et A. Strauss (dir.), Fayard, 1987, Paris, p. 388.
7 C. Vuillermot, L’Énergie industrielle : d’une société à un groupe de production-distribution d’énergie électrique (1906-1945), thèse université de Lyon II, 1997.
8 C. Vuillermot, « De la naissance aux années 1950, l’Entreprise industrielle : une compagnie privée au service des intérêts publics électriques ? », in Intérêts publics et initiatives privées, Initiatives publiques et intérêts privés, 11e entretiens du centre Jacques Cartier, ENTP, 7-8-9 déc. 1998.
9 A. Beltran, Un siècle d’histoire industrielle en France, Industrialisation et société, Paris, SEDES, 1998, p. 95.
10 D. Barjot, Fougerolle, deux siècles de savoir-faire, op. cit., p. 153.
11 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., p. 1430.
12 D. Barjot, « L’électricité, marché porteur : le cas des Grands Travaux de Marseille (1897-1939) », in F. Cardot (dir.), Des entreprises pour produire de l’électricité. Le génie civil, la construction électrique, les installateurs, Paris, PUF, 1988, p. 91-109.
13 Cf. D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., chap. 12.
14 Société des Forces Motrices de la Vienne, Assemblée générale, 15 juin 1914, Archives EDF-GDF, 35.01.
15 Centrale Thermique de l’Adour, Liste des administrateurs, Archives EDF-GDF, 71 31 73.
16 P. Dottelonde, SAE, une irrésistible ascension, op. cit., p. 13.
17 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 18 juin 1914, archives EDF-GDF, 35-01.
18 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 29 avril 1918. Cf. D. Barjot, La grande entreprise, op. cit., chap. 7.
19 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 21 octobre 1918.
20 Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, Acte notarié, 10 décembre 1920, archives EDF-GDF 01-19-02.
21 Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, Assemblée générale constitutive, 11 mars 1921.
22 Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, Acte notarié, 10 décembre 1920, archives EDF-GDF, 01-09-02.
23 Archives départementales des Pyrénées Atlantiques, Lettre au préfet de MM. Desplats et Lillaz, 23 octobre 1908, 8S 24.
24 Archives départementales des Pyrénées Atlantiques, Dossier Escot et Esquit, 16 mars 1918, 8S 26.
25 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 18 novembre 1920, Archives EDF-GDF, 35.01.
26 Ibid., Conseil d’administration, 1er juillet 1922.
27 « Holdings et problèmes financiers » in Histoire de l’électricité en France, op. cit., t. II, p. 938.
28 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 18 novembre 1920, Archives EDF-GDF, 35.01.
29 A. Strauss, « Le financement de l’industrie électrique par le marché », in Histoire de l’électricité en France, t. II, op. cit., p. 909.
30 D. Barjot, « Équiper », in Histoire de l’électricité, t. II, op. cit., p. 613 sq.
31 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 29 avril 1918, Archives EDF-GDF, 35.01.
32 Ibid., 22 mars 1920.
33 Ibid., 20 janvier 1921.
34 A. Strauss, « Le financement de l’industrie électrique par le marché », art. cit., p.915.
35 Société des Forces Motrices de la Vienne, ibid.
36 Ibid., 25 janvier 1922.
37 Ibid., 31 mai 1923.
38 Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, Lettres au préfet des Basses-Pyrénées, 16 juin 1922, Archives des Pyrénées-Atlantiques, 8S 24.
39 Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, « Assemblée générale ordinaire », 30 décembre 1922, in Revue générale de l’électricité, t. XIII, p. 428.
40 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 27 décembre 1923.
41 Ibid.
42 Ibid., 8 avril 1924.
43 Revue générale de l’électricité, 21 février 1925, p. 317.
44 C. Vuillermot, L’Énergie industrielle : d’une société à un groupe de production-distribution d’énergie électrique (1906-1945), op. cit., p. 44.
45 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 8 avril 1924, Archives EDF-GDF, 35.01.
46 SAEETP, Conseil d’administration, 16 octobre 1924. L’ensemble des archives juridiques et techniques de la Société Auxiliaire est aujourd’hui conservé par le Groupe Eiffage.
47 Ibid., 22 novembre 1924.
48 Ibid.
49 Ibid, 16 octobre 1924.
50 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 25 juillet 1925.
51 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 6 avril 1928, Archives EDF-GDF, 35-01.
52 Société des Forces Motrices de la Vienne, Plaquette d’information, s.d., archives de la famille Bricard-Valatelli.
53 Société des Forces motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 26 février 1925, Archives EDF-GDF, 35-01.
54 Voir L. Segreto, « Le rôle des investissements suisses dans l’industrie électrique française jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale », in Stratégies, gestion, management. Les compagnies électriques et leurs patrons (1895-1945), Actes du XIIe colloque organisé par l’Association pour l’histoire de l’électricité en France, Paris, février 1999, p. 199 à 216.
55 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 22 octobre 1926.
56 Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, plaquette d’information, non datée (1922 ?), archives de la famille Bricard-Valatelli.
1 Chiffres tirés de SAEETP, Références de la société, document antérieur à 1940.
2 Consortium comprenant la SFMVA, Penarroya, l’UPEPO, la Compagnie du Bourbonnais.
57 Société des Forces Motrices de la Vienne, Plaquette d’information, s.d.
58 Ibid., 21 janvier 1927.
59 Société des Forces Motrices de la Vienne, Plaquette d’information, s.d.
60 Ibid.
61 Revue Générale de l’Électricité, 8 février 1930, p. 232.
62 Société des Forces Motrice de la Vienne, Plaquette d’information, op. cit.
63 A. Berthonnet, Chagnaud (1860 à nos jours) : le développement d’une entreprise moyenne familiale dans les travaux publics, Paris IV-Sorbonne, 2000.
64 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., p. 888.
65 Revue générale de l’électricité, « L’aménagement hydroélectrique de la vallée d’Aspe », 3 juillet 1926, p. 17-30.
66 Crédit Lyonnais, Rapport technique sur la SFMVA, octobre 1924, DEEF 30053.
67 Société des Forces Motrices Du Béarn, Conseil d’administration, 11 décembre 1925, Archives EDF. GDF,43.03.
68 Ibid., 21 mars 1927.
69 SAEETP, Conseil d’administration, 13 février 1928.
70 Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, Assemblée générale extraordinaire, 31 décembre 1931.
71 Société des Forces Motrices de la Vienne, Conseil d’administration, 17 juillet 1931, Archives EDF-GDF, 35.01.
72 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 6 mai 1933.
73 SAEETP, Conseil d’administration, 24 janvier 1935.
74 Archives Départementales des Pyrénées Atlantiques, Pont suspendu de Lacq Abidos, dossier 2S 50.
75 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 29 avril 1936.
76 SAEETP, Références de la Société, s.d., archives de la famille Bricard-Valatelli.
77 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 9 juin 1964.
78 R. Guillaume, témoignage, 1988.
79 SAEETP, Conseil d’administration, 11 mars 1937.
80 Ibid., 21 janvier 1938.
81 SAEETP, Références de la société, doc. cit.
82 SAEETP, Conseil d’administration, 30 octobre 1934.
83 L. Babonneau, L’énergie électrique dans la région pyrénéenne, thèse de géologie, Université de Toulouse, 1939, p. 116-118.
84 Ibid., p. 116-117.
85 SAEETP, Conseil d’administration, 3 avril 1936.
86 SAEETP, Références de la société, op. cit.
87 SAEETP, Conseil d’administration, 8 septembre 1939.
88 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 26 avril 1941.
89 SAEETP, Conseil d’administration, 23 avril 1941.
90 D. Barjot, « L’industrie française des travaux publics (1940-45) », in Stratégies industrielles sous l’occupation, D. Barjot (dir.), HES n° 3, 1992, p. 418.
91 SAEETP, Conseil d’administration, 22 avril 1942.
92 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 25 mai 1943.
93 SAEETP, Bilans 1940-1944.
94 D. Barjot, « L’industrie française des travaux publics », art. cit., p. 418.
95 SAEETP, Conseil d’administration, 22 mai 1944.
96 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 11 avril 1945.
97 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 11 avril 1945.
98 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., p. 3274.
99 SAEETP, Conseil d’administration, 2 avril 1946.
100 SAEETP, Inauguration du barrage de Gnioure, plaquette d’information, 11 octobre 1949, archives de la famille Bricard-Valatelli.
101 SAEETP, Conseil d’administration, 24 novembre 1944.
102 R. Guillaume, témoignage, 1988.
103 SAEETP, Conseil d’administration, 18 octobre 1946.
104 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., p. 1833.
105 H. Morsel (dir.), Histoire de l’électricité en France, t. III, Fayard, Paris, 1996, p. 108.
106 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., p. 1833.
107 SAEETP, Conseil d’administration, 11 juin 1948.
108 SAEETP, Assemblée générale ordinaire, 26 mai 1950.
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