Un constructeur de la France du xxe siècle
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Des barrages hydroélectriques aux HLM : une histoire de l’équipement du territoire français (1924-1974)
1Principale entreprise française du bâtiment entre 1958 et le début des années 1990, la Société Auxiliaire d’Entreprises Électriques et de Travaux Publics paraît largement tombée dans l’oubli. Le bâtiment est, par nature, plus discret que les travaux publics. Ses prouesses techniques retiennent moins l’attention que celles des ouvrages d’art. D’autant que la SAE s’est toujours complue dans une discrétion extrême. Si le nom de Bouygues demeure synonyme de construction, il le doit largement au goût de son fondateur pour la communication. L’Auxiliaire n’a jamais fourni le même effort. Mais l’anonymat qui la touche est, aussi, lié au rejet du type d’urbanisme qui a fait sa fortune, la construction des grands ensembles.
2Cependant, les années qui s’écoulent changent peu à peu les perspectives. L’accélération de l’urbanisation française entre 1950 et 1970, et les formes nouvelles de cadre bâti qu’elle a produites, deviennent un sujet d’étude majeur pour l’historien. Il revient logiquement à la SAE d’y occuper une place de choix, elle qui a dominé le secteur de la construction pendant plus d’une génération. Elle constitue, en effet, le premier véritable exemple français d’une très grande entreprise, dans un domaine d’activité traditionnellement composé de petites unités.
- 1 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics (1883-1974). Contraintes et stratégie (...)
- 2 D. Barjot, « Le bâtiment : SNCT (1920-1973) » in Fougerolle. Deux siècles de savoir-faire, Paris, (...)
- 3 A. Goudon, La Société des Grands Travaux de l’Est 1919-1980, maîtrise de l’université de Paris IV- (...)
- 4 S. Bureau, La Société des GTBA. Des entrepreneurs au service de la France (1907-1978), maîtrise de (...)
- 5 En particulier, les travaux d’E. Campagnac, Citizen Bouygues. L’histoire secrète d’un grand patron(...)
3À la différence des travaux publics1, les sociétés du bâtiment n’ont, jusqu’à présent, fait l’objet que de peu de travaux permettant de mettre en évidence les spécificités des structures productives de la branche. Seules quelques entreprises du bâtiment, comme la SNCT2, GTE3 ou GTBA4 ont été étudiées de façon approfondie. Francis Bouygues a la particularité, quant à lui, d’avoir attiré l’attention de sociologues, du fait de sa personnalité5. En revanche, la SAE est restée ignorée des recherches universitaires. Il semblait essentiel d’essayer de faire mieux connaître cette grande oubliée du bâtiment français.
- 6 P. Jambard, La Société Auxiliaire d’Entreprises et la naissance de la grande entreprise française (...)
4Un travail de plusieurs années a débouché sur une thèse de doctorat d’histoire contemporaine, soutenue à l’Université Paris IV-Sorbonne en octobre 20066. Le présent ouvrage en est la version simplifiée et remaniée. Il a pour ambition de contribuer à la découverte d’une histoire réellement attachante, touchant à la fois aux secteurs de l’économie, de la société, de la politique, et où les hommes et les idées tiennent une grande place. L’étude du passé de la Société Auxiliaire, loin de se limiter à une simple chronique, apporte une contribution à l’histoire générale. Son intérêt essentiel résulte incontestablement de l’exceptionnel succès d’une entreprise des années 1950-1960 qui a permis à l’industrie française du bâtiment d’accéder au stade d’une organisation industrielle.
Les sources
5Les archives d’entreprise ont longtemps été en France les victimes d’un désintérêt marqué. Les documents anciens, sauf exceptions, n’ont guère fait l’objet de classement ou, même, de conservation. Dans le cas de la Société Auxiliaire, devenus la propriété du Groupe Eiffage, ils composent un fonds riche mais partiel, parfois difficile à utiliser, en raison d’un archivage sommaire. La plus grande masse d’informations provient des documents juridiques de l’entreprise. Ils ont été conservés de façon à peu près complète. La série des procès verbaux du conseil d’administration couvre l’ensemble de la période, de 1924 jusqu’en 1973. Les conseils de surveillance et les rapports du directoire prennent alors le relais. Les rapports aux assemblées générales ordinaires et extraordinaires sont consultables depuis la troisième AGO, tenue en 1928. Ces sources sont accompagnées de volumineuses chemises qui renferment, dans un ordre à peu près chronologique, de précieux documents utilisés lors des conseils : projets de rapports servant de documents préparatoires, et portant la trace de diverses corrections manuscrites, courriers du président ou des membres du conseil d’administration, notes internes de nature financière ou administrative, et quelques rares coupures de presse.
6Malheureusement, une grande partie du fonds documentaire n’existe plus. Comme cela se produit régulièrement pour beaucoup d’entreprises, le déménagement des services de la SAE qui a suivi son rachat, a été fort dommageable à la documentation ancienne. On a procédé à un tri rapide de ce qui semblait mériter d’être conservé et transporté. Le reste a disparu, sans doute de façon irrémédiable. Ainsi est-il d’une grande partie des archives techniques des trente premières années. Les chantiers de la période hydroélectrique, ainsi que les toutes premières commandes de grands ensembles, n’ont guère laissé de traces. En revanche, la documentation sur les grandes réalisations entre 1958-1968 a survécu, entassée dans des cartons à la nomenclature très sommaire. Cette absence de classement rend leur utilisation longue et difficile, mais c’est là que se trouve la matière la plus abondante de ce qui a fait la vie de l’entreprise, au jour le jour, durant une décennie essentielle de son histoire.
7Deux sources d’archives viennent suppléer aux lacunes du fonds SAE. Pour explorer la périodes des origines, on dispose du très riche fonds EDF. Électricité de France conserve, en effet, à Blois les archives de la plupart des sociétés de production d’électricité nationalisées en 1946. Le fonds de l’une des deux sociétés fondatrices, la Société des Forces Motrices de la Vienne est à peu près complet, ainsi que celui de quelques-uns uns des premiers clients de l’Auxiliaire, eux-mêmes producteurs d’électricité. Les archives bancaires constituent une autre source fondamentale. Leur intérêt porte, avant tout, sur la période entre 1945 et 1968. Si les recherches aux archives du Crédit Lyonnais, pourtant réputé pour ses dossiers sur les entreprises, se sont révélées assez décevantes, c’est que cette banque n’a que très rarement financé les travaux de l’Auxiliaire. Cependant, le fonds contient d’intéressantes études sur la Société des Forces Motrices de la Vallée d’Aspe, ainsi que sur la SAEETP durant la guerre. En revanche, la Société Générale, chargée par la SAEETP d’une longue série d’émissions d’obligations à partir de 1946, constitue une source considérable d’informations. Les études régulières que ses experts ont menées sur la Société Auxiliaire, pendant plus de vingt ans, vont bien au-delà des simples questions financières mais rendent compte des orientations stratégiques de l’entreprise. Les rencontres avec les dirigeants de l’entreprise, soigneusement retranscrites, apportent de précieux témoignages, relevant autant de la psychologie que de la stricte étude des faits. Par contre, il n’a guère été possible d’accéder aux archives de la Banque Demachy. On peut le regretter, tant ce représentant de la haute banque parisienne occupe une place centrale dans l’histoire de la SAEETP. Mais il semblerait que très peu de documents concernant cette dernière y aient été conservés.
8La quête d’informations dans les multiples autres centres d’archives s’est révélée d’un intérêt très variable. Les archives départementales auraient pu compenser la disparition des archives techniques d’avant-guerre. Leur grande dispersion géographique rendait impossible une prospection complète. Il a fallu opérer des choix. Le déplacement à Pau, où se trouvent les archives du département des Pyrénées Atlantiques, lieu d’origine de l’entreprise, a semblé s’imposer. Les résultats ont été intéressants pour la connaissance du début de la carrière de Gino Valatelli. En revanche, la plus grande partie du fonds Entreprises a disparu, détruit par un incendie. Les Archives du monde du travail, à Roubaix, conservent un dossier SAE dont l’intérêt principal provient de coupures de presse sur lesquelles nous aurons à revenir. Les archives du ministère des Finances, situées à Savigny-sur-Orge, ne possèdent qu’un seul rapport, d’envergure modeste, réalisé par les fonctionnaires à l’occasion d’une demande de subvention. Les procès verbaux des assemblées générales et des conseils d’administration de la SCIC, au siège de la Caisse des dépôts et consignations, très précieuses pour la connaissance du contexte général de la politique du logement des années 1950-1960, n’apportent que peu de précisions sur l’entreprise elle-même. Les papiers de la famille de Gino Valatelli, aimablement communiqués par sa petite-fille, gardent quelques intéressantes publications en provenance de l’entreprise, certaines remontant à la période d’avant la guerre. Enfin, il nous a été possible de consulter un certain nombre de documents internes, datant de l’époque de Maurice Mathieu.
- 7 Le livre d’or de l’entreprise française, Le Moniteur du BTP, t. 1, 1955, 204 p. et t. 2, 1957, 176 (...)
9Les documents imprimés constituent une deuxième catégorie de sources. Les publications techniques y occupent une place de choix. Certaines revues consacrées à l’électricité, comme la Revue générale d’électricité, paraissant depuis la fin du xixe siècle, présentent un grand intérêt pour la période d’avant 1945. Durant les années 1920, cette revue rend compte de certains chantiers de barrages ou de programmes d’aménagements hydroélectriques réalisés par la SAEETP. Elle publie aussi des résumés des rapports aux assemblées générales des principales sociétés du secteur. Ceux-ci permettent de combler certaines lacunes relatives à la Société Auxiliaire ou aux sociétés fondatrices. Les Annales de l’Institut scientifique et technique du BTP se sont révélées d’un grand secours pour la période d’après 1945. Les spécialistes les plus écoutés de l’après-guerre, directeur de la Construction, urbanistes, architectes, chefs d’entreprises, responsables professionnels y exposent leurs conceptions sur la politique du logement à mettre en place et sur l’évolution de l’industrie du bâtiment. On y trouve, également, de nombreux comptes rendus de visites de chantiers considérés comme des modèles. Parmi eux, quelques-uns, dirigés par la SAE, permettent d’apprécier l’évolution technique et organisationnelle des chantiers. Le Moniteur du BTP, publié lui aussi depuis la fin du xixe siècle a à son actif les deux tomes du Livre d’or de l’entreprise française, parus entre 1955 et 19577. La Société Auxiliaire n’y figure pas mais ils constituent une véritable mine d’informations sur la plupart des entreprises de construction l’époque.
- 8 SAEETP, 10 000 logements en béton caverneux, Paris, Sauvion & Lelièvre, 52 p., s.d., archives du G (...)
- 9 SAE, SAE, 1924-1974, Paris, Synelog, 1974, 40 p.
- 10 P. Dottelonde, SAE. Une irrésistible ascension, Paris, Clio Media, 1991, 187 p.
10Des revues d’architecture et d’urbanisme, comme Techniques et Architecture, rendent compte, avec régularité, de réalisations dans le domaine d’habitat. En 1959, cette publication consacre un numéro spécial au cinquième anniversaire de la SCIC. Ses principales productions, où la SAEETP occupe une place de choix, font l’objet d’analyses intéressantes. La presse spécialisée dans l’actualité financière, en particulier La Vie Française, L’Opinion économique et financière, le Journal des finances, Les Échos fournit un certain nombre d’études précieuses pour les années 1950 et 1960. Elle contraste avec la discrétion de la presse généraliste vis-à-vis d’une entreprise traditionnellement réservée dans sa politique de communication. C’est cette tradition qui explique le tout petit nombre de publications par l’entreprise elle-même. Cependant, deux au moins 10 000 logements en béton caverneux8, datée sans doute de 1960-1961, et la brochure réalisée pour le cinquantenaire, SAe 1924-19749, apportent un témoignage très important sur la mémoire du constructeur. Une dernière source imprimée prend la forme d’un livre commandé en 1989 par l’entreprise elle-même à la société Clio Media, spécialisée dans ce type d’ouvrage. Il s’agit incontestablement d’une réussite du genre. Version officielle de l’aventure de la Société Auxiliaire, mais échappant à l’écueil de l’hagiographie sans nuance, l’ouvrage de Pierre Dottelonde fait œuvre historique. Sous un format court, SAe, une Irrésistible ascension, superbement illustrée de très nombreux documents, apporte, sur de nombreux points, des précisions irremplaçables10.
11Les témoignages oraux et écrits fournissent une troisième source d’information. Madame Christine Bricard, petite fille de Gino Valatelli a accepté de nous livrer ses souvenirs familiaux. La chance nous a été donnée de correspondre avec Monsieur Maurice Mathieu. Retiré dans sa retraite du Limousin, le deuxième président de la Société Auxiliaire a consenti à répondre avec franchise et précision à nos questions. Dans un style qui traduit l’énergie et l’indépendance d’esprit de l’entrepreneur, Monsieur Mathieu nous a apporté une aide de grand prix, tant pour préciser les faits que pour comprendre sa démarche de chef d’entreprise. Nous avons pu, aussi, accéder à des textes dactylographiés, rédigés par une autre figure centrale de l’histoire de la société, Robert Guillaume, ancien directeur général, décédé en 2001. Enfin, nous avons été reçu par Monsieur Pierre Célier, une des figures centrales de l’industrie française d’après la guerre. Président-directeur général de la SOLLAC, il a siégé au conseil d’administration de la Société Auxiliaire pendant de très nombreuses années.
12Il ne faut pas se dissimuler qu’il a manqué des témoignages de membres moins éminents de l’entreprise, cadres ou ouvriers, mais les efforts pour les obtenir se sont révélés infructueux, tant en raison de l’âge des personnes que de leur grande dispersion géographique. Cette lacune n’affaiblit pas l’intérêt des contributions qui viennent d’être mentionnées. Elle oblige seulement à se rappeler qu’elles reflètent l’opinion des dirigeants de l’entreprise. Comme pour la plupart des entreprises, le fonds de la Société Auxiliaire, tel qu’il a été constitué dès les origines, établit une discrimination entre les divers acteurs selon un mode ternaire. Il conserve la mémoire de ceux qui se sont exprimés dans les circonstances officielles, le chef d’entreprise et les hauts responsables. Il est aisé de saisir leur action, leur psychologie, leur vision de l’entreprise et leur pratique du pouvoir. L’exercice se révèle d’autant plus intéressant que l’histoire de l’Auxiliaire offre deux très beaux exemples de carrières d’entrepreneurs, avec Gino Valatelli et Maurice Mathieu. Les archives retranscrivent la pensée d’un autre groupe, observateurs privilégiés de l’entreprise, plus rarement acteurs. Les actionnaires y tiennent peu de place, sauf si leur compétence leur donnent une importance réelle, comme Henri Grandet ou Pierre Célier. L’essentiel provient des banquiers de la société, qui ont eu la charge d’étudier, d’évaluer, d’encourager ou de déconseiller. Enfin, un dernier ensemble regroupe tous ceux qui n’ont pas eu la parole. La main-d’œuvre, au sens le plus large, des manœuvres aux ingénieurs, constitue la grande masse des anonymes qui ne s’expriment pas, tout au moins dans les documents conservés. La difficulté est alors de percer les déclarations officielles pour approcher une réalité différente. Souvent, les silences et les formules convenues en apprennent autant que les bilans sociaux. Ceux-ci n’existent, d’ailleurs, que la période la plus récente. Les visites de chantiers, proposées par les revues spécialisées, peuvent aussi contribuer à lever une partie du voile mais, bien souvent, leur souci de l’exemplaire les éloigne souvent de l’ordinaire qui constitue la vie d’une entreprise. Mais, en dépit de ces réserves qu’on ne saurait se dissimuler, l’histoire de la Société Auxiliaire d’Entreprises permet d’explorer des domaines importants de l’histoire économique et sociale de la France contemporaine, dont certains sont assez neufs pour la recherche.
Une triple histoire
13L’intérêt de travailler sur l’histoire d’une entreprise telle que la Société Auxiliaire d’Entreprises réside dans la possibilité de se situer au carrefour de plusieurs champs importants de la recherche actuelle.
Une histoire d’entreprise
- 11 A.D. Chandler Jr., Stratégies et structures de l’entreprise, Paris, Les Éditions d’organisation, 1 (...)
14Les premières chroniques historiques d’entreprises furent des commandes de grandes sociétés, destinées à célébrer leurs hauts faits ou l’anniversaire de leur fondation. L’histoire d’entreprise s’est constituée comme science aux États-Unis, à partir des années 1920, sous l’impulsion d’historiens dont le plus célèbre reste Alfred Chandler Junior, véritable fondateur de la Business History, au travers de son analyse de la croissance et du développement de la grande entreprise américaine11. Chandler a poussé l’histoire des entreprises de la monographie vers une histoire comparée des entreprises, permettant de dresser le tableau de l’économie et la société de leur temps. Le champ d’investigation s’est ainsi étendu aux structures régionales ou nationales, en mettant en lumière le poids des structures et des choix entrepreneuriaux du passé.
- 12 C. Fohlen, Une affaire de famille : les Mequillet-Noblot, Paris, Armand Colin, 1955, 139 p.
- 13 J. Bouvier, Le Crédit Lyonnais de 1863 à 1889, Paris, SEVPEN, 1961, 936 p.
- 14 P. Fridenson, Histoire des usines Renault, 1898-1939, Paris, Le Seuil, 1972, 358 p.
- 15 F. Caron, Histoire de l’exploitation d’un grand réseau : la Compagnie des Chemins de fer du Nord 1 (...)
- 16 Voir D. Barjot (dir.), « Où va l’histoire économique ? », Historiens Géographes, n° 378-380, mai-o (...)
- 17 A. Baudant, Pont à Mousson 1918-1939. Stratégies industrielles d’une dynastie lorraine, Paris, Pub (...)
- 18 S. Chassagne, Le coton et ses patrons en France (1760-1840), Paris, EHESS, 1991, 733 p.
- 19 J.-P. Daviet, Un destin international, la Compagnie de Saint-Gobain de 1830 à 1939, Paris, Édition (...)
- 20 P. Cayez, Rhône-Poulenc 1895-1975, Paris, Colin-Masson, 1988, 343 p.
- 21 M. de Ferrière, Christofle, une aventure industrielle 1793-1940, Lille, 1991, 620 p.
15En France, ce type d’histoire n’a longtemps occupé qu’une place marginale, liée à une certaine déconsidération pour les entreprises. Ainsi, après les travaux pionniers, au milieu des années 1950, de Claude Fohlen sur le patronat du textile12, il a fallu attendre les études de Jean Bouvier sur le Crédit Lyonnais en 196813, de Patrick Fridenson sur les usines Renault en 197214 et de François Caron sur la Compagnie des chemins de fer du Nord en 197315 pour ouvrir la voie à une meilleure compréhension des spécificités de l’entreprise française. Ce n’est que depuis les années 1980 que l’histoire des entreprises s’est épanouie dans notre pays. Elle y est désormais marquée par un grand dynamisme qui l’élargit à de nombreux angles d’étude16. Les travaux actuels associent approches quantitatives et approches qualitatives, se préoccupant aussi bien des stratégies de croissance que des structures ou des codes de valeurs à l’origine de l’action des hommes. La presque totalité des secteurs sont explorés. Parmi les publications majeures des deux dernières décennies, il faut citer les travaux d’Alain Baudant sur Pont-à-Mousson17, de Serge Chassagne sur le textile18, de Jean-Pierre Daviet sur Saint-Gobain19, de Pierre Cayez sur Rhône-Poulenc20 ou de Marc de Ferrière sur Christofle21. Avec Entreprises et Histoire, l’histoire des entreprises dispose depuis 1992 d’une revue qui lui est entièrement consacrée. Les profondes originalités du modèle français de la grande firme s’imposent à la lecture de ces études, en particulier en matière de gestion.
Une histoire urbaine
- 22 Par ex., A. Boublil,, Construction, cadre de vie et croissance, Paris, PUF, 1980, 264 p. ; J. Cara (...)
- 23 Par ex., J.-F. Goux, Éléments d’économie immobilière, Presses universitaires de Lyon, 1978 ; M. Ca (...)
- 24 Par ex.,Y. Lacoste, « Un problème complexe et débattu : les grands ensembles », in Bulletin de l’A (...)
- 25 A. Prost, « la périodisation des politiques urbaines depuis 1945 : le point de vue d’un historien (...)
- 26 M. Lescure, Histoire d’une filière : immobilier et bâtiment en France (1820-1980), Paris, Hatier, (...)
- 27 A. Fourcaut (dir.), Un siècle de banlieue parisienne, 1859-1964, Paris, l’Harmattan, 1988, 319 p.
- 28 D. Voldman, La reconstruction des villes françaises de 1944 à 1954. Histoire d’une politique, Pari (...)
- 29 Voir notes p. 15.
- 30 A. Chatelain, « Une grande industrie française motrice attardée : le bâtiment », Annales ESC, juin (...)
- 31 Histoire des métiers du bâtiment aux xixe et xxe siècles, J.-F. Crola et A. Guillerme (dir.), Acte (...)
- 32 P. Chaunu, « Le bâtiment dans l’économie traditionnelle », in Le bâtiment, enquête d’histoire écon (...)
16Le deuxième thème de réflexion découle de la participation de la Société Auxiliaire d’Entreprises à l’urbanisme des grands ensembles. Par l’analyse des stratégies régissant les marchés de l’habitat social des trente glorieuses, ce livre se voudrait une contribution à l’écriture de l’histoire du logement entre 1950 et 1974, vue du côté des constructeurs. L’histoire de la construction forme désormais un domaine assez riche qui entretient des liens étroits avec les autres sciences sociales. Les spécificités et les contraintes du monde de la construction bénéficient de l’éclairage des travaux d’économistes22, de sociologues et des urbanistes23, de géographes24. Parmi les contributions des historiens, il faut citer celles d’Antoine Prost sur les politiques urbaines25, de Michel Lescure sur l’évolution de la filière immobilière26. La connaissance de la période de l’entre-deux-guerres doit beaucoup aux analyses d’Annie Fourcaut27, dont les travaux portent maintenant sur l’urbanisation des trente glorieuses et les politiques urbaines. Danielle Voldman s’est imposée comme la spécialiste de la reconstruction des villes françaises d’après la Deuxième guerre mondiale28. Sous l’impulsion de Dominique Barjot, des travaux universitaires ont été engagés sur les entreprises de travaux publics, grandes ou moyennes29. En regard, l’industrie du bâtiment, malgré la précocité des premiers travaux d’Abel Châtelain, de Gabriel Désert et les études plus récentes de Michel Lescure et d’André Guillerme30, demeure une sorte de parent pauvre de la recherche en histoire industrielle, malgré la tenue d’un colloque sur l’histoire des métiers du bâtiment aux xixe-xxe siècle31. L’affirmation de Pierre Chaunu en 1971, selon laquelle « le bâtiment reste pour de nombreuses années un champ privilégié d’histoire », conserve toute son actualité32.
Une histoire du travail
17L’exemple de la Société Auxiliaire offre un intéressant éclairage sur les méthodes industrielles ayant placé les principales sociétés de bâtiment en position de répondre à une demande exceptionnelle des maîtres d’ouvrage. L’importance des choix techniques et de gestion des chantiers constitue un des grands intérêts de l’histoire de cette entreprise.
- 33 O. Marchand, C. Thélot, Le travail en France, 1800-2000, Paris, Nathan, 1998, 269 p.
- 34 Y. Lequin (dir.), L’usine et le bureau. Itinéraires sociaux et professionnels dans l’entreprise au (...)
- 35 D. Barjot (dir.), Le travail et les hommes : le travail à l’époque contemporaine, actes du 127e Co (...)
- 36 G. Noiriel, Le creuset français, histoire de l’immigration xixe-xxe siècles, Paris, Le Seuil, 1992 (...)
- 37 M. Dreyfus, Histoire de la CGT. Cent ans de syndicalisme en France, Bruxelles, Complexe, 1995, 407 (...)
- 38 G. Ribeill, Évolution technique et organisationnelle dans le bâtiment, Paris, CERTES-ENPC, 1986, 6 (...)
- 39 M. Campinos-Dubernet, Emploi et gestion de la main d’œuvre dans le BTP, mutations de l’après-guerr (...)
18Le vaste domaine de l’histoire du travail a suscité des synthèses d’envergure comme celles de Olivier Marchand et Claude Thélot33, d’Yves Lequin34 et, plus récemment, celle dirigée par D. Barjot35. Les travaux de Gérard Noiriel font autorité sur la question des migrations36. Le mouvement ouvrier a été particulièrement étudié par Michel Dreyfus37. La culture technique du monde du bâtiment a fait l’objet des travaux de Georges Ribeill38. Domaine privilégié d’interdisciplinarité, l’histoire du travail a intéressé les sociologues. Les études de Myriam Campinos-Dubernet font encore référence en matière d’étude de la main d’œuvre des chantiers de construction39.
Choix méthodologiques
19L’histoire d’une entreprise, loin des modèles atemporels, étudie un matériau unique. Mais elle ne prend sens que dans l’évolution d’ensemble d’une époque. La monographie doit s’accompagner d’une comparaison d’entreprises proches et s’inscrire, selon les besoins, dans une étude méso ou macroéconomique de la branche. L’histoire d’entreprise emprunte des méthodes et des mécanismes explicatifs auprès de l’économie, des sciences de gestion et d’analyse financière, de la sociologie, l’anthropologie ou l’histoire des techniques. Ce travail s’est ainsi construit autour de trois perspectives méthodologiques : une approche quantitative, une approche sociologique, une approche technique.
Logiques des modes de croissance
20L’étude des modes de croissance qui se sont succédés depuis sa fondation, et des facteurs qui les expliquent, cherche à identifier les contraintes propres à chaque époque et à analyser les tournants décisifs. Il importe de reconnaître les agents déterminants des stratégies mises en place pour s’y adapter. Un premier ensemble de problématiques s’intéresse aux logiques qui ont présidé à la création et au développement initial de l’entreprise. Comprendre ce qui a permis, trente ans plus tard, un changement radical du mode de croissance et un authentique succès industriel constitue un autre thème important d’investigation. La façon dont la SAE s’installe durablement dans une position d’entreprise dominante dans son secteur se révèle fondamentale pour la compréhension de la dernière période.
- 40 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., p. 2786.
- 41 Voir en particulier, J.-P. Le Roy, L. Joerger, « Comptes et ratios pour l’analyse financière des e (...)
21L’étude historique des performances d’une entreprise suppose une approche quantitative des pratiques de gestion et de financement. La reconstitution des grandes inflexions de la croissance s’appuie sur quelques séries volontairement simples – le chiffre d’affaires, la valeur du capital social, le montant des capitaux propres et du bénéfice net. L’essentiel des données chiffrées provient des documents comptables, bilans et compte de profits et pertes, des bilans annuels de l’entreprise, publiés en annexe des rapports aux assemblées générales. Des compléments, d’autant plus précieux qu’ils émanent de sources plus neutres que l’entreprise elle-même, proviennent des diverses enquêtes menées par les organismes bancaires. L’établissement de séries de quelque durée impose l’utilisation de données déflatées. Il a été fait usage des tables de l’indice du coût de la construction établies par Dominique Barjot dans sa thèse40, à partir de l’indice de François Caron pour la période 1820-1914, l’indice de l’Académie d’architecture entre 1915 et 1949, l’indice INSEE entre 1950 et 1967, l’indice INSEEFNTP entre 1968 et 1974. L’ensemble de ces données chiffrées, transcrites en valeur constante, a servi à l’établissement de ratios simples visant à mesurer les résultats de l’entreprise, à faciliter l’évaluation de sa situation financière aux différentes périodes. Couramment utilisés dans des études similaires, ils permettent des comparaisons entre entreprises proches41.
Des hommes au cœur d’un système
22Cette étude se veut une histoire sociale. L’établissement de grilles d’analyse s’inspire des modèles utilisés par la sociologie du travail. L’établissement de biographies détaillées des deux entrepreneurs qui se sont succédés à la tête de la société vise à cerner le plus complètement possible leur contribution à l’élaboration d’une culture collective. Des essais de prosopographie de certaines catégories de personnel et des détenteurs du capital tentent de mieux appréhender les hommes, leurs valeurs et leur action. Au-delà des archives juridiques, l’essentiel des informations provient de documents plus personnels, archives familiales, témoignages, état civil, éloges funèbres, ou dispersés comme les archives départementales. Ils permettent une analyse relativement approfondie des carrières. Les déclarations officielles ou les témoignages des dirigeants, les publications de la Société Auxiliaire destinées au public, les courriers internes de la présidence aux cadres supérieurs, les commentaires accompagnant la liste des lauréats récompensés chaque année par la remise de prix d’entreprise constituent aussi des sources essentielles.
23Par son histoire, une entreprise met progressivement en place un système complexe. Il convient de se demander comment la combinaison des réalités humaines et des données organisationnelles et techniques a pu donner à la Société Auxiliaire d’Entreprises les conditions de la durée, puis de l’expansion. La cohérence d’une communauté entrepreneuriale repose d’abord sur des pratiques de pouvoir. La qualité des liens unissant le chef d’entreprise aux équipes de direction successives et à l’ensemble du personnel apparaît déterminante à comprendre. L’analyse du système s’intéresse aussi aux subtils jeux d’influence entretenus avec les intervenants extérieurs, actionnaires et banquiers. L’approche de l’organisation doit s’effectuer en tenant compte des spécificités des différentes échelles de son action, en particulier à partir du moment où elle est devenue une grande entreprise. Au plan directionnel, l’organigramme de la société a vu se succéder en cinquante ans des structures d’ensemble de plus en plus complexes qu’il convient d’explorer. Mais l’importance accordée à l’échelon régional lui confère l’une de ses plus fortes spécificités majeures. Sa nature et son fonctionnement constituent une problématique majeure.
24La Société Auxiliaire dispose d’un riche patrimoine de références, dû pour partie à la continuité entrepreneuriale qui fonde sa culture d’entreprise. Il convient de se demander en quoi ses traditions et ses valeurs trouvent des équivalents dans le monde de la construction. Mais il est essentiel de repérer les points où l’entreprise peut s’en distinguer nettement et d’en comprendre les origines. Ce schéma d’analyse doit s’appliquer au fait le plus marquant de son histoire, sa capacité à se reconvertir totalement en quelques années. Il permet aussi de comprendre comment la Société Auxiliaire a pu, tout au long de la période, demeurer proche de la conception traditionnelle de l’entreprise de construction, malgré le développement considérable de ses activités. Il éclaire pour une bonne part la constance observée dans les pratiques financières.
Le monde des chantiers
- 42 ISTBTP : Institut Scientifique et Technique du Bâtiment et des Travaux Publics.
25Une large place est faite aux monographies de chantiers. Les études de cas qu’elles permettent se prêtent particulièrement à l’examen de l’évolution des techniques au travers d’exemples concrets. Les sources disponibles ont permis de croiser de façon très intéressante le regard de l’entreprise et celui de certains organismes officiels. Il est, ainsi, possible d’utiliser les analyses de procédés et les rapports de visites de chantiers de l’ISTBTP42, malgré leur langage parfois très spécialisé. Le deuxième intérêt majeur des études de chantiers réside dans la possibilité de s’intéresser aux questions d’organisation du travail. Les dossiers de l’entreprise qui ont survécu, malgré les lacunes pour certaines périodes, sont souvent détaillés et, là encore, les enquêtes menées par l’ISTBTB pour certains constituent de véritables mines d’informations.
Une étude en longue durée
26L’étude est centrée sur la période allant de 1924, année de la fondation de la Société Auxiliaire à 1974. Ce choix pourrait apparaître arbitraire. Il se justifie par l’intérêt historique majeur que présente la période de spécialisation de la SAE dans l’habitat social (1950-1974). Cette époque prend fin au milieu de la décennie 1970. Le retournement de la conjoncture oblige alors toutes les entreprises du secteur à repenser leur stratégie. La cassure est d’autant plus franche, dans le cas de la Société Auxiliaire, qu’elle achève une mutation organisationnelle de grande ampleur vers une structure de groupe. Aussi, tandis que la connaissances des origines se justifie amplement par la compréhension des évènements de la période centrale, il a paru possible d’en dissocier la dernière époque. Seul le dernier chapitre traite des dernières années d’indépendance, jusqu’en 1992.
Trois époques
27La Société Auxiliaire connaît un enchaînement de plusieurs modes de croissance entre 1924 et 1974. Leur succession traduit la nécessité de repenser régulièrement ses orientations stratégiques, pour s’adapter aux évolutions internes et aux aléas de la conjoncture. Le tournant décisif se situe pendant les années 1950, durant lesquelles s’édifie une entreprise d’une toute autre échelle qui réussit à s’imposer durablement. Aussi, la période décisive de l’histoire de la SAE, celle durant laquelle elle réussit tout à la fois sa reconversion vers le bâtiment et sa transformation en une grande entreprise, a été volontairement mise en valeur. Ainsi s’explique le choix de partager ces cinquante ans en trois périodes de durée inégale :
- La première part de la fondation de la SAEETP pour s’achever à la fin des années 1940. Durant ce quart de siècle fondateur (1924-1949), les travaux publics, fondamentalement ceux destinés à l’équipement hydroélectrique, constituent l’essentiel de l’activité de ce qui n’est qu’une entreprise de modeste importance.
- L’histoire des années 1950 est particulièrement dense. Elle correspond à la période du « miracle » de la Société Auxiliaire. Le succès de la réorientation des activités vers la construction en grande série de logements sociaux déclenche une croissance spectaculaire. Les contraintes qui empêchaient, jusque là, la mise en place de structures productives de grande taille dans le bâtiment sont brisées.
- Enfin, les quinze dernières années (1960-1974) voient la SAE consolider sa première place, en dépit des transformations progressives du contexte politique, économique et social.
Un mode original de gouvernance
28Durant deux générations, la Société Auxiliaire a connu une remarquable permanence de gouvernance. Cette caractéristique contribue à donner une grande continuité à son histoire, au-delà des aléas de la conjoncture. Les traditions entrepreneuriales, les rapports entretenus avec l’actionnariat, les pratiques financières se détachent comme des lignes de force de son identité.
Les clés de la réussite
29La construction des grands ensembles, entre 1955 et 1973, est à l’origine de la période la plus essentielle de l’histoire de la SAE. Pour la première fois, une organisation productive moderne et de très grande taille se met en place dans le bâtiment français. L’étude de cette organisation impose de comprendre les processus qui ont permis sa réussite, d’analyser ses caractéristiques les plus originales, et les transformations qui sont les siennes après 1974.
Notes
1 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics (1883-1974). Contraintes et stratégies, doctorat d’État, dir. F. Caron, Université de Paris IV-Sorbonne, 1989, 4271 p., 7 vol.
2 D. Barjot, « Le bâtiment : SNCT (1920-1973) » in Fougerolle. Deux siècles de savoir-faire, Paris, Éditions du Lys, 1992, p.137-151
3 A. Goudon, La Société des Grands Travaux de l’Est 1919-1980, maîtrise de l’université de Paris IV-Sorbonne, 1999, 402 p.
4 S. Bureau, La Société des GTBA. Des entrepreneurs au service de la France (1907-1978), maîtrise de l’université de Paris IV-Sorbonne, 2000, 212 p.
5 En particulier, les travaux d’E. Campagnac, Citizen Bouygues. L’histoire secrète d’un grand patron, en coll. Avec V. Nouzille, Paris, P. Belfond, 1988, 505 p. ; « L’ascension de Bouygues : pouvoir patronal et système d’entreprise », in Histoire des métiers du bâtiment aux xixe et xxe siècles, Actes du séminaire de recherche des 28, 29 et 30 novembre 1989, J.-F. Crola et A. Guillermé (dir.), Plan Construction et Architecture, p. 33-52 ; « Système d’organisation et culture d’entreprise : l’histoire de Bouygues », in Culture d’entreprise et innovation, P.-J. Bernard et J.-P. Daviet (dir.), Paris, CNRS, 1992, p. 25-39.
6 P. Jambard, La Société Auxiliaire d’Entreprises et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974), doctorat de l’Université Paris IV-Sorbonne, dir. D. Barjot, 2006, 700 p., 3 vol.
7 Le livre d’or de l’entreprise française, Le Moniteur du BTP, t. 1, 1955, 204 p. et t. 2, 1957, 176 p.
8 SAEETP, 10 000 logements en béton caverneux, Paris, Sauvion & Lelièvre, 52 p., s.d., archives du Groupe Eiffage.
9 SAE, SAE, 1924-1974, Paris, Synelog, 1974, 40 p.
10 P. Dottelonde, SAE. Une irrésistible ascension, Paris, Clio Media, 1991, 187 p.
11 A.D. Chandler Jr., Stratégies et structures de l’entreprise, Paris, Les Éditions d’organisation, 1994, 543 p. ; La main visible des managers. Une analyse historique, Paris, Economica, 1988, 635 p. ; Organisation et performances des entreprises, Paris, Les Éditions d’organisation, 3 t., 1992-1993, 429 p., 302 p., 412 p.
12 C. Fohlen, Une affaire de famille : les Mequillet-Noblot, Paris, Armand Colin, 1955, 139 p.
13 J. Bouvier, Le Crédit Lyonnais de 1863 à 1889, Paris, SEVPEN, 1961, 936 p.
14 P. Fridenson, Histoire des usines Renault, 1898-1939, Paris, Le Seuil, 1972, 358 p.
15 F. Caron, Histoire de l’exploitation d’un grand réseau : la Compagnie des Chemins de fer du Nord 1846-1937, Paris-La Haye, Mouton, 1973, 619 p.
16 Voir D. Barjot (dir.), « Où va l’histoire économique ? », Historiens Géographes, n° 378-380, mai-octobre 2002, en particulier I. Lescent-Gilles, « Histoire des entreprises », n° 380, p. 187-196
17 A. Baudant, Pont à Mousson 1918-1939. Stratégies industrielles d’une dynastie lorraine, Paris, Publications de la Sorbonne, 1980, 507 p.
18 S. Chassagne, Le coton et ses patrons en France (1760-1840), Paris, EHESS, 1991, 733 p.
19 J.-P. Daviet, Un destin international, la Compagnie de Saint-Gobain de 1830 à 1939, Paris, Éditions des archives contemporaines, 1988, 704 p.
20 P. Cayez, Rhône-Poulenc 1895-1975, Paris, Colin-Masson, 1988, 343 p.
21 M. de Ferrière, Christofle, une aventure industrielle 1793-1940, Lille, 1991, 620 p.
22 Par ex., A. Boublil,, Construction, cadre de vie et croissance, Paris, PUF, 1980, 264 p. ; J. Carassus, Économie de la filière construction, Paris, ENPC, 1987, 159 p.
23 Par ex., J.-F. Goux, Éléments d’économie immobilière, Presses universitaires de Lyon, 1978 ; M. Campinos-Dubernet, Emploi et gestion de la main-d’œuvre dans le BTP, mutations de l’après-guerre à la crise, Paris, Documentation française, 1984, dossier CEREQ, n°34, 290 p.
24 Par ex.,Y. Lacoste, « Un problème complexe et débattu : les grands ensembles », in Bulletin de l’Association des Géographes français, 318-319, nov. dec.1963, p. 37-46 ; J. Bastié, La croissance de la banlieue parisienne, Paris, PUF, 1964, 624 p.
25 A. Prost, « la périodisation des politiques urbaines depuis 1945 : le point de vue d’un historien », Les politiques urbaines françaises depuis 1945, Bull. de l’IHTP, série histoire urbaine, supplément n°5, 1984, p. 32-47.
26 M. Lescure, Histoire d’une filière : immobilier et bâtiment en France (1820-1980), Paris, Hatier, 1983, 79 p.
27 A. Fourcaut (dir.), Un siècle de banlieue parisienne, 1859-1964, Paris, l’Harmattan, 1988, 319 p.
28 D. Voldman, La reconstruction des villes françaises de 1944 à 1954. Histoire d’une politique, Paris, l’Harmattan, 1997, 487 p.
29 Voir notes p. 15.
30 A. Chatelain, « Une grande industrie française motrice attardée : le bâtiment », Annales ESC, juin 1958, p. 573-585 ; G. Désert, « Aperçus sur l’industrie française du bâtiment au xixe siècle (1815-1913) », in Le bâtiment : enquête d’histoire économique, Paris-La Haye, Mouton, 1971, p. 72-95 ; M. Lescure, Histoire d’une filière : immobilier et bâtiment en France (1820-1980), op. cit.. ; A. Guillerme, La Révolution industrielle dans la construction en France 1760-1840, Paris, Champ Vallon, 1993.
31 Histoire des métiers du bâtiment aux xixe et xxe siècles, J.-F. Crola et A. Guillerme (dir.), Actes du séminaire de recherche, novembre 1989, Plan Construction et Architecture, emploi-qualification-formation, 349 p.
32 P. Chaunu, « Le bâtiment dans l’économie traditionnelle », in Le bâtiment, enquête d’histoire économique (xvie-xixe siècles), Paris-La Haye, Mouton, 1971, p. 32
33 O. Marchand, C. Thélot, Le travail en France, 1800-2000, Paris, Nathan, 1998, 269 p.
34 Y. Lequin (dir.), L’usine et le bureau. Itinéraires sociaux et professionnels dans l’entreprise aux xixe-xxe siècles, Presses Universitaires de Lyon, 1990, 193 p.
35 D. Barjot (dir.), Le travail et les hommes : le travail à l’époque contemporaine, actes du 127e Congrès national du CTHS, Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 2003, 427 p.
36 G. Noiriel, Le creuset français, histoire de l’immigration xixe-xxe siècles, Paris, Le Seuil, 1992, 2006, 447 p.
37 M. Dreyfus, Histoire de la CGT. Cent ans de syndicalisme en France, Bruxelles, Complexe, 1995, 407 p.
38 G. Ribeill, Évolution technique et organisationnelle dans le bâtiment, Paris, CERTES-ENPC, 1986, 60 p.
39 M. Campinos-Dubernet, Emploi et gestion de la main d’œuvre dans le BTP, mutations de l’après-guerre à la crise, Paris, Documentation française, dossier CEREQ n° 34, 1984,
40 D. Barjot, La grande entreprise française de travaux publics, op. cit., p. 2786.
41 Voir en particulier, J.-P. Le Roy, L. Joerger, « Comptes et ratios pour l’analyse financière des entreprises », ES, n° 11, avril 1970, p. 43-52 ; D. Barjot, « Les firmes et leur financement : le cas de quatre grandes entreprises de travaux publics entre les deux guerres », in D. Barjot, I. Lescent-Giles (dir.), « L’autofinancement », Entreprises et Histoire, n° 22, octobre 1999, p. 104-121.
42 ISTBTP : Institut Scientifique et Technique du Bâtiment et des Travaux Publics.
© Presses universitaires de Rennes, 2008