L'art de la préface au siècle des Lumières
|Préfaces. État de la question : de la présentation à la représentation
Texte intégral
- 1 Dans Herman J. et Angelet C., Recueil de préfaces de romans du xviiie siècle. Volume 1 : 1700-1750 (...)
- 2 Le Paratexte au siècle d’or, Genève, Droz, 1996, p. 225.
1« Si ce livre paraissait sans préface, à peine aurait-il l’air d’un livre. Il en faut donc faire une, mais que dire ? », se demande Thémiseul de Saint-Hyacinthe dans sa « Préface » à son Histoire du Prince Titi en 17361. Pour que le texte devienne livre, il doit se munir d’une préface. Autrement dit, le récit littéraire a recours à des éléments extérieurs à lui-même pour situer, voire justifier son existence. Selon la formulation d’Anne Cayuela, « l’existence de la préface implique l’impuissance du texte à se présenter lui-même2 ». Qu’est-ce donc que ce discours à la fois nécessaire et superflu à l’orée d’un récit ?
- 3 Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 8.
2La préface fait partie de ce que Gérard Genette appelle le paratexte, c’est-à-dire « l’ensemble hétéroclite de pratiques et de discours de toutes sortes », qui forme une « zone de transaction » dans laquelle on agit « sur le public au service d’un meilleur accueil du texte et d’une lecture plus pertinente3 ». La fonction première du paratexte consiste à fournir des indications génériques concernant le livre qu’il entoure ; ensuite, il a pour but de donner une direction à la lecture de l’œuvre, en soulignant les points d’intérêt du texte préfacé. La préface est un élément essentiel dans cette fonction directrice du paratexte. L’un de ses intitulés originels, le préambule, désigne encore le mouvement inhérent à l’existence de l’élément préfaciel : le paratexte doit « diriger » la lecture, la « conduire vers » une fin, une idée, en aidant le lecteur à « ambuler » à travers le texte.
- 4 A. Porqueras Mayo dresse un inventaire exhaustif de tous les termes et synonymes attestés en tête (...)
- 5 « L’illusion historique. L’enseignement des préfaces (1815-1832) », RHLF 75, 2-3 (1975), p. 245-26 (...)
3L’avant-texte peut revêtir différents intitulés, tous parasynonymes l’un de l’autre, parmi lesquels avant-propos, avertissement, avis, discours préliminaire, examen, exorde, introduction, note, notice, préambule, préface, prélude, présentation, prière d’insérer, proème, prolégomènes, prologue4. Le terme de « préface » prête donc à confusion dans la mesure où il désigne tout aussi bien la classe textuelle des avant-textes en général, que l’intitulé spécifique d’un texte de cette classe. Par rapport à l’ensemble paratextuel désigné, la « préface » est à la fois une partie et le tout. Pour parer à cette ambiguïté, il vaut mieux reprendre le syntagme que proposait Claude Duchet, celui de discours ou appareil préfaciel, désignant l’ensemble des documents annexes, dédicatoires, titrologiques, conclusifs ou introductifs etc.5 L’appellation « discours préfaciel » peut même être convertie en « discours liminaire », puisque toute préface constitue un seuil, un limen en tant que lieu de « passage à la lecture » d’un livre. Son emplacement est en effet stratégique en tant que :
- 6 Del Lungo A., L’Incipit romanesque, Paris, Le Seuil, « Poétique », 2003, p. 14.
seuil à double sens, tourné à la fois vers la parole du monde et vers la parole du texte ; et surtout, lieu de contact, de rencontre et d’échange entre les désirs de l’écriture et les attentes de la lecture, où se concentrent différentes stratégies aux implications poétiques, esthétiques et thématiques6.
4Dans cet état de la question des recherches sur le liminaire, nous examinerons la spécificité du phénomène préfaciel à partir de deux versants. Premièrement, nous interrogerons les caractéristiques spécifiques du liminaire du point de vue de sa position, ce qui implique des considérations touchant sa scénographie. Dans un deuxième temps, nous nous concentrerons sur sa fonction de base, qui est de fournir un commentaire sur le texte qui suit.
Scénographie : position et énonciation du liminaire
- 7 Le Discours du roman, Paris, Presses universitaires de France, 1980, p. 21-34.
5Commençons par étudier la nature même du liminaire, dans ce qui le différencie de l’œuvre préfacée. Henri Mitterand a proposé le terme de discours pour caractériser l’appareil liminaire en l’envisageant d’un point de vue linguistique. Dans son article « La préface et ses lois7 », le chercheur reprend en effet l’opposition benvenistienne entre discours et récit pour distinguer l’appareil préfaciel du texte proprement dit, littéraire ou autre. Le liminaire possède toutes les caractéristiques linguistiques propres au discours : il oppose un « je » grammatical s’adressant à un « tu », contient de nombreux déictiques, et se voit renforcé par la forme grammaticale du présent. En outre le caractère performatif transforme l’énoncé en acte. Le texte préfacé, par contre, est un récit, dans la mesure où il est coupé de toute situation énonciative, clos sur lui-même.
- 8 Paris Dunod, 1993.
- 9 Maingueneau D., Les Termes clés de l’analyse du discours, Paris, Le Seuil, « Mémo », 1996, p. 73.
- 10 Ibid.
6Pour examiner de plus près les caractéristiques propres au discours, appliquées à la préface, il faut prendre en compte la situation énonciative, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles s’effectue la prise de parole. Aussi est-il intéressant d’enrichir la dichotomie benvenistienne entre discours et récit, extrapolée au couple appareil préfaciel/appareil préfacé, à l’aide de la notion de scénographie introduite par Dominique Maingueneau dans son livre Le Contexte de l’œuvre littéraire8. La scénographie est définie par Maingueneau comme « la manière dont le discours construit une représentation de sa propre situation d’énonciation9 ». La situation d’énonciation s’étudie pour chaque texte, car chaque texte est une « mise en scène ». Il est important de rester conscient du fait que la situation à l’intérieur de laquelle s’énonce le texte « n’est pas à concevoir comme un cadre préétabli » et fixe, mais comme un processus dans lequel l’énonciation elle-même est censée légitimer sa situation d’énonciation10. Or, les scénographies du discours préfaciel et du récit préfacé diffèrent sensiblement : celui-ci est texte, alors que celui-là est paratexte. Dans le cas du récit, il reste peu de traces de la situation énonciative. L’univers textuel est clos sur lui-même, il est « déconnecté » du monde réel du lecteur, d’où vient précisément qu’il se fait escorter d’un discours liminaire, qui doit assurer la transition énonciative entre l’univers d’énonciation réel et celui fictionnel.
- 11 Notons que Henri Mitterand s’abstient de commenter les déictiques spatiaux, probablement parce que (...)
7Examinons à présent de plus près la scénographie spécifique déployée par le discours paratextuel, en étudiant parmi les éléments qui embraient directement sur la situation énonciative, les déictiques personnels et les modalisateurs, qui sont présents dans l’énonciation préfacielle11.
- 12 « Préface à la journée des préfaces », Poétique 21 (1990), p. 114.
- 13 Il est « seulement la désignation d’un personnage qui se trouve dénoter le même individu que le na (...)
- 14 La personne du narrateur et des personnages est entièrement définie par le récit, ce sont des être (...)
8Les déictiques de la personne, premièrement, se manifestent dans l’emploi de la première personne du singulier, qui s’adresse explicitement à un lecteur, comme en témoignent les nombreux intitulés « Au lecteur » et toutes ses variantes. Pour Wolfgang Leiner, ce trait est commun à toutes les préfaces, parce que, d’une manière ou d’une autre, le destinataire est toujours apostrophé, fût-ce implicitement12. Le « je » du discours préfaciel diffère sensiblement du « je » d’un récit littéraire, dans la mesure où ce dernier n’embraie pas directement sur la situation énonciative13, mais fait partie de la diégèse. Ainsi, la première personne du récit romanesque relève selon D. Maingueneau de la « pseudo-énonciation », c’est-à-dire d’une énonciation construite par un jeu de relations internes au texte lui-même14.
- 15 « Le préfacier-lecteur. De l’impartialité à l’identification », in Herman J., Pelckmans P., dir., (...)
- 16 « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », Littérature 7 (1977), p. 6 (...)
9Toutefois, les scénographies de l’univers romanesque et de l’ambiance préfacielle se recoupent partiellement dans la mesure où elles partagent certaines caractéristiques. Par exemple, le préfacier du xviiie siècle qui se sert du topos du manuscrit trouvé se présente comme le premier narrataire du récit qu’il introduit, et appartient donc d’une certaine manière à la diégèse, comme l’a montré Christian Angelet15. Mais qu’il soit composé ou non autour du topos du manuscrit trouvé, tout texte préfaciel est en quelque sorte le fruit d’un auteur qui a d’abord lu ou écrit le récit littéraire, et donc assumé le rôle textuel de narrataire. Ce préfacier qui parle de sa lecture ou de son écriture appartient néanmoins à une scénographie discursive et non pas fictionnelle, même s’il fictionnalise son rôle de narrataire. De même, une préface actoriale, c’est-à-dire écrite de la main d’un personnage de la diégèse, ne partage pas pour autant la situation d’énonciation de la diégèse. Le personnage-préfacier sort de l’univers romanesque pour s’adresser directement au lecteur, et tenter de l’emmener dans l’univers fictionnel. Ce faisant, il embraie sur la situation énonciative, et revêt un autre rôle que celui de personnage dans l’univers romanesque. De la même façon, et toujours du point de vue scénographique, on peut avancer avec Geneviève Idt que tout avant-texte, même celui de la main de l’auteur, est hétérographe, puisque dans ce dernier cas cet « auteur devient un autre en se préfaçant lui-même16 ».
- 17 « La préface et ses lois », op. cit., p. 24.
10En embrayant sur le contexte situationnel, les déictiques situent le préfacier et le lecteur dans le même univers de référence, et ce rapprochement permet au préfacier d’influencer plus facilement le lecteur et de lui imposer une certaine manière de lire. Ceci transparaît également dans l’emploi des modalisateurs, deuxième aspect que nous relevons de la scénographie discursive de la préface. Les modalisateurs sont définis par Mitterand comme les « termes qui expriment une prise de position de l’énonciateur par rapport à l’objet de son énoncé17 ». Dans le cas de l’avant-texte, les modalisateurs exprimeront en général une attitude favorable du préfacier envers le roman qu’il présente. Cependant, une prise de position en apparence dénigrante n’est pas exclue. Dans ce cas néanmoins, il ne s’agit pas de prendre le discours dépréciatif au pied de la lettre. Souvent le préfacier vise l’inverse de ce qu’il affirme, en jouant sur le statut institutionnalisé de la préface. Dans ces cas-là, le discours préfaciel devient le théâtre d’un paradoxe pragmatique. En effet, dans le cas d’une préface émettant des propos dépréciatifs par rapport à l’œuvre, la proposition négative est contredite par ce que montre son énonciation. Le but d’un tel procédé est d’exciter la curiosité du lecteur, ce qui aboutit à une sorte de problème inversé. Le paradoxe pragmatique est donc l’apparente contradiction entre l’énoncé et l’énonciation. Or, ce qui est montré par la mise en scène (et donc par l’existence même de la préface) importe plus que ce que la préface dit, en d’autres mots, la scénographie prédomine sur le contenu. Une préface est presque a priori « appréciative ».
11Cette rapide esquisse de la scénographie discursive a révélé comment l’énoncé préfaciel se distingue du point de vue énonciatif de l’énoncé préfacé. Alors que ce dernier ne présente pas d’interférences avec le contexte situationnel où l’œuvre apparaît, le discours liminaire est en étroite relation avec le monde extérieur du livre. Il s’adresse au lecteur pour l’inciter à devenir narrataire intratextuel. Aussi la position médiane du paratexte implique-t-elle nécessairement une situation partiale, intéressée. La position de la préface est intentionnelle de nature : elle vise ostensiblement quelque effet sur le lecteur.
Fonctions de base : performativité et métatextualité du liminaire
- 18 Genette G., Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 183 : la préface originale « a pour fonction cardina (...)
12Il nous incombe à présent, pour la deuxième partie de cette étude, de considérer de plus près la fonction fondamentale du discours liminaire. Selon la célèbre analyse de Gérard Genette dans son livre Seuils, celle-ci est double. La préface a, d’une part, pour fonction d’obtenir une lecture du récit qu’elle présente, et d’autre part, d’obtenir que cette lecture soit bonne. Autrement, dit, le discours préfaciel a pour visée de motiver le lecteur à lire le livre, ou de montrer comment il doit lire l’ouvrage18.
13Cette fonction de base de la préface telle que l’a formulée Genette a été généralement reprise par les études ultérieures dédiées à la préface. En effet, nous pouvons y rattacher deux aspects essentiels qui la caractérisent. Le premier versant de la fonction du discours préfaciel, qui a pour but de répondre à la question « pourquoi lire le récit ? », touche au caractère performatif de l’appareil liminaire. L’autre versant de la fonction de base, qui répond à la question « comment lire le récit ? », concerne le caractère métatextuel du discours préfaciel. Considérons respectivement ces deux aspects de base de la préface.
Pourquoi lire ? L’appareil liminaire comme performance
- 19 Ainsi, A. Cayuela applique la théorie des actes de langage de John Searle au discours préfaciel (o (...)
- 20 Recanati V., « Introduction », Enoncés performatifs, Paris, Minuit, 1981, p. 9-34.
- 21 « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », op. cit., p. 66.
- 22 Lecointre S. et Le Galliot J., « Texte et paratexte. Essai sur la préface du roman classique », Pa (...)
14Nombre de spécialistes de la préface ont souligné le caractère performatif du discours préfaciel19. Le but du liminaire n’est pas de déclarer, mais d’inciter, de prescrire. Il s’agit de faire agir le lecteur, en lui faisant entamer la lecture. La tâche réceptive du liminaire est donc essentiellement pragmatique. L’opposition pragmatique entre le langage performatif et le langage constatif a été établie par J.L. Austin20, et a souvent été appliquée à l’opposition discours préfaciel/récit préfacé. Bien sûr, on peut partager les réserves qu’émet Geneviève Idt, pour qui le liminaire est avant tout constatif, parce qu’il « décrit l’action de son locuteur21 ». Mais en même temps il est performatif, étant donné qu’il accomplit l’action, précisément en la décrivant. Ainsi, Simone Lecointre et Jean Le Galliot affirment que, dans le prétendu dialogue entre le préfacier et le lecteur, « les valeurs performatives l’emportent sur les valeurs informatives22 ». C’est ce qui explique comment le paradoxe pragmatique peut fonctionner.
- 23 Le Paratexte au siècle d’or, op. cit., p. 224.
15Ainsi, le discours paratextuel inaugure la lecture du texte littéraire, mais il n’est pas indispensable dans la mesure où l’omission de la lecture du préambule ne nuit pas (dans la plupart des cas) à la lisibilité du récit. La préface est avant tout un commencement impératif, elle relève du rituel. Comme le résume bien Anne Cayuela : la préface est « un geste [devenu] énoncé : Prends et lis23 ! » Cet impératif doit résulter en un acte de lecture.
Comment lire ? L’appareil liminaire comme métatexte
- 24 « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », op. cit., p. 66.
16La seconde fonction de base du discours préfaciel, qui répond à la question « comment lire le récit ? », concerne l’aspect métatextuel du paratexte. En effet, la préface est paratexte et métatexte par rapport au texte principal : elle ne s’oppose pas seulement au texte préfacé par un autre régime énonciatif, mais implique également une relation de commentaire par rapport à lui ; elle fournit des informations et prétend guider le lecteur, expliquer le texte. « Tout métadiscours prétend décrire le discours objet, en dégager le code, dire le vrai à son sujet24 », avance Geneviève Idt. L’appareil liminaire vise toujours une herméneutique du récit, dont l’interprétation à partir des intentions de l’auteur est la réalisation la plus « totalitaire », car elle ne propose pas « une » version interprétative, mais se prétend la seule interprétation légitime.
- 25 Hétérographe peut recouvrir allographe (l’auteur de la préface est une tierce personne) ou actoria (...)
17Évidemment, tous les liminaires ne concrétisent pas leur fonction métatextuelle de la même manière. Cette dimension est surtout manifeste dans les préfaces qui ne sont pas de la main de l’auteur du livre. Ces préfaces dites hétérographes25 sont nettement publicitaires : elles constituent un commentaire sur le texte littéraire par une tierce personne, dans le but de recommander le roman au lecteur. Cette recommandation est d’autant plus efficace que le nom du préfacier allographe est notoire, et que son point de vue paraît plus neutre. Dans cette perspective, l’on peut se demander si le paradoxe pragmatique n’est pas propre aux préfaces auctoriales.
- 26 Terme de Cl. Duchet, « L’illusion historique », loc. cit., p. 249.
- 27 Zawisza E., « Sur le discours préfacier dans les romans au xviiie siècle », Acta Universitatis Wra (...)
- 28 Études romanes de BRNO XX (1990), p. 33-48.
18Toujours est-il que le « préambule nécessaire26 » qu’est la préface ne répond pas seulement à un usage établi et conventionnel pour que le texte devienne livre. Il est en même temps le lieu où s’établit un « commentaire raisonné du roman27 ». Dans son article « Pour une définition du métarécit », Jiri Sramek28 tente de cerner le sens exact du métatexte. Le préfixe « méta » désigne un discours commentatif d’un récit premier, qui permet d’établir une vision théorique de ce récit premier. Sramek passe en revue les différentes propositions terminologiques qui ont été faites dans les tentatives de définition du métatexte. Gérard Genette fut le premier à proposer le terme de « métarécit » pour qualifier le récit au second degré, qui est encadré dans un récit premier. Robert Scholes corrigea Genette en avançant le terme de « métafiction » pour désigner l’autocentricité du texte, c’est-à-dire le texte qui se fait référence à lui-même. Un métarécit par contre, s’il désigne l’œuvre qui est consciente d’elle-même, et met à nu le procédé métafictionnel, ne réfléchit pas (nécessairement) sur le récit premier. Pour Jiri Sramek, en somme, « méta » désigne toujours un discours métanarratif commentatif d’un récit premier, qui permet d’établir une vision théorique. Le métarécit est donc un « segment narratif », qui peut figurer comme un récit dérivé, subjectivisé, intentionnel, comme une sorte de récit marqué, à côté du récit premier, neutre, de niveau narratif naturel, non-marqué. Il est du mérite d’Elisabeth Zawisza d’avoir relevé la fonction stratégique de la préface, souvent topique, pour valoriser le texte préfacé :
- 29 Zawisza E., « Pour une lecture rhétorique des préfaces romanesques des Lumières », Australian Jour (...)
Le discours préfaciel ne déçoit que si l’on s’arrête à l’explicite, les affirmations souvent banales, répétitives et contradictoires que les auteurs ne cessent de formuler au sujet de leurs systèmes poétiques. Son véritable intérêt réside ailleurs, au niveau de la cohérence de ses procédés discursifs, dans la technique chaque fois individuelle que la préface met en place pour énoncer ses rapports avec les structures romanesques d’un côté et avec les éléments du contexte socio-historique de l’autre. Maintes fois le romancier juge bon de s’inscrire dans une démarche plus fréquente (« typique ») ; parfois ses outils de persuasion s’avèrent moins courants, donc « originaux ». Chacune de ses décisions, fût-elle celle d’opter pour un cliché, mérite pourtant un examen à part29.
- 30 « La préface et ses lois », loc. cit., p. 25.
- 31 Dans L’esprit créateur XXVII, 3 (1987).
- 32 « L’illusion historique », loc. cit., p. 249.
- 33 « Texte et paratexte », loc. cit., p. 667.
- 34 Mitterand H., « Le discours préfaciel », cité dans Rigolot F., « Prolégomènes », loc. cit.
19C’est dans cette lignée qu’il faut comprendre l’affirmation d’Henri Mitterand selon laquelle « toute préface vise à dégager à la fois un modèle de production du genre dont elle parle, et également un modèle de sa lecture30. » Il qualifie cette visée de la préface comme essentiellement idéologique : la préface est le réceptacle naturel de l’idéologie en raison du lieu où elle parle et des modalités de son discours. C’est cet aspect de la préface que François Rigolot développe dans son article « Prolégomènes à une étude du statut de l’appareil liminaire des textes littéraires31 ». Les explications ou argumentations de nature stylistique, historique ou rhétorique déployées par la préface ont toujours pour but de justifier l’idéologie du texte littéraire, en donnant pour vraie la représentation des rapports imaginaires qui autorisent l’existence même de la fiction. François Rigolot pose que la préface est un « discours » dont la situation énonciative diffère de celle du « texte » en ce qu’il s’agit d’un « énoncé dans lequel quelqu’un s’adresse à quelqu’un et organise ce qu’il dit dans la catégorie de la personne ». Il argumente cette position, comme nous l’avons vu avec Henri Mitterand, par la présence de déictiques et de modalisateurs. Nous voyons ainsi comment ces éléments pragmatiques du discours préfaciel participent du métatexte, en ce qu’ils transforment les déclarations en « prescriptions ». Mais, comme l’a démontré Claude Duchet, ces prescriptions dévoilent que le discours métatextuel de la préface existe toujours « en fonction d’une attente sociale ; [il] fait apparaître des conditions de lisibilité » de l’œuvre32. Il ajoute que le discours préfaciel constitue également, à côté de ses fonctions métatextuelles, une double interrogation sur la nature et l’écriture (la lisibilité) de l’œuvre, en recourant à une armature topique dépassée et donc qui se vide de son sens. Quelle que soit la position du préfacier à l’égard des normes contemporaines, il se situe toujours à l’intérieur de cette normativité. Ainsi, lorsque la préface parle de la vérité de l’œuvre, il faut prendre en compte que cette vérité ne peut pas être considérée séparément des normes en vigueur dans le contexte situationnel. Lecointre et Le Galliot vont même jusqu’à se demander s’il ne faut pas voir dans tout discours liminaire « une subversion du texte littéraire, puisque, privilégiant une lecture, il opère aussi une rationalisation du texte, dont le sens est fatalement idéologique33 ». Les deux auteurs ajoutent que le métatexte, en voulant expliquer le texte, constitue toujours une réduction et une simplification qui va à l’encontre de la richesse polysémique de tout texte littéraire. C’est à la même conclusion qu’aboutit François Rigolot : « En prétendant dégager le sens d’une œuvre, la récapituler tout en l’anticipant, la préface littéraire est un mensonge ou une illusion sur l’œuvre dont le propre est précisément la polysémie et la polyphonie34. » Ainsi l’enjeu véritable de l’appareil liminaire consiste à maîtriser le système de signification du livre imprimé, pour le « capter » d’une certaine manière en en détruisant la polysémie.
- 35 Idt G., « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », loc. cit., p. 71.
- 36 C’est également l’avis de Lecointre S. et Le Galliot J., « Texte et paratexte », loc. cit., p. 666 (...)
20Il existerait donc toujours un décalage entre la théorie exposée dans l’avant-texte et la pratique du texte préfacé, le liminaire n’arrivant jamais à couvrir entièrement ce dernier. Autrement dit, la scénographie discursive n’arrive pas à saisir toutes les richesses de la scénographie du récit. Geneviève Idt ne parle pas de réduction mais de fragmentation de l’œuvre. Pour elle, tout avant-texte est un métatexte, qui ne prélève dans le récit présenté que les fragments qui s’intègrent à sa propre thématique. Aussi tout métadiscours est-il coupable d’un délit, celui de « voler le livre » : « si fidèle qu’elle soit, jusqu’à la citation ou la copie, une glose change la valeur du texte glosé rien qu’en modifiant son énonciation35. » Le rapport entre récit littéraire et discours préfaciel est un rapport de détournement : la préface reprend des fragments du texte préfacé et, par la citation, la réminiscence ou la réécriture de certains passages, leur donne un autre sujet, un autre objet et un autre destinataire. La métatextualité du discours préfaciel est donc toujours avant tout une textualité, en ce qu’elle instaure un processus de transformation et d’aliénation de l’œuvre qu’elle est censée faire apparaître, ou plutôt trans-paraître. Aussi la visée de la présentation du récit (de le rendre présent au lecteur) constitue-t-elle un idéal irrécupérable, ne permettant qu’une prise partielle et partiale. La présentation préfacielle, en somme, n’est jamais neutre, elle est toujours une représentation du livre plutôt qu’une présentation36.
- 37 Jeanneret M., « La lecture en question : sur quelques prologues comiques au seizième siècle », Fre (...)
- 38 « Texte et paratexte », loc. cit., p. 667-668.
21Un nombre considérable de préfaciers de roman du xviiie siècle sont conscients du caractère réducteur de l’avant-texte. Aussi certains liminaires refusent de prescrire un sens à l’œuvre littéraire et donc d’imposer une idéologie, en laissant au lecteur toute liberté de construire sa propre lecture et de participer pleinement à la production du sens. Ces liminaires favorisent une réception spontanée37, en se présentant de façon narrative. C’est ce qui amène Michel Jeanneret à les considérer comme non métatextuels, et à les assimiler à la scénographie romanesque. S. Lecointre et J. Le Galliot par contre, considèrent ce type d’avant-texte dit « subversif » comme réellement métatextuel, puisqu’il constitue une « figure métaphorique du texte », « un véritable équivalent textuel », qui « revendique comme déterminantes les lois de la narrativité38 ».
- 39 Sampling the book. Renaissance prologues and the French “conteurs”, Lewisburg, Bucknell University (...)
22Dans son livre Sampling the book, Deborah N. Losse défend une thèse pareille à celle de Jeanneret à propos des liminaires au seizième siècle, qui adoptent le registre narratif du roman39. Seulement, selon D. N. Losse, la narrativité n’efface pas les autres caractéristiques liminaires traditionnelles. La stratégie préfacielle narrative n’entraîne pas la disparition de la fonction rhétorique fondamentale de la scénographie discursive, comme le montre ici même Jan Herman dans sa lecture de la préface du rédacteur des Liaisons dangereuses. L’intention promotionnelle de l’œuvre reste présente, mais s’effectue de façon non conventionnelle. À travers la narration, le préfacier fictionnalise son propos, il ne parle pas en termes référentiels authentiques. La démarche narrative de la préface est de présenter un échantillon narratif de la fiction, mais toujours dans le but d’inciter à lire. Ainsi la fiction de la préface n’est pas la même que celle du roman. La préface est par sa condition d’énonciation irrévocablement discursive.
- 40 Le Paratexte au siècle d’or, op. cit., p. 244.
23La fictionnalité n’est donc pas un trait caractérisant un énoncé en lui-même. Ce sont « les conditions de production et de réception de cet énoncé » qui le définissent, nous rappelle Anne Cayuela40. Le liminaire étant avant tout performatif et utilitaire, la fiction qu’elle véhicule ne sera pas du même ordre que celle du récit romanesque, et n’effacera jamais le trait scénographique fondamental du discours préfaciel. Autrement dit, même si elle est masquée, la scénographie qui régit les liminaires narratifs reste discursive. Le but du paratexte reste fondamentalement de convaincre le lecteur de la valeur du livre. Dans cette visée, le liminaire narratif est la réalisation performative à l’extrême du discours liminaire.
- 41 Idt G., « Un rituel d’affiliation : la préface », E. Baumgartner et N. Boulestreau, dir., La Prése (...)
24L’opposition initiale, élaborée par H. Mitterand à partir de la dichotomie benvenistienne entre discours et récit, se présente, dès lors qu’on l’applique à l’opposition entre paratexte et texte, comme une échelle. En effet, nous pouvons situer les préfaces sur un continuum par rapport au récit, qui va du plus extérieur au récit, au plus proche de l’univers de la fiction. Le liminaire le plus extérieur au récit est celui écrit par un préfacier autre que le romancier ou un personnage du roman, et publié à un moment ultérieur à la première édition. C’est le discours préfaciel le plus détachable du roman, et le plus explicitement publicitaire. Sa fonction est purement paratextuelle : elle sert à présenter le roman et à négocier avec le lecteur, sans jouer aucunement sur des éléments romanesques fictifs. Ce discours est complètement extérieur à la construction fictionnelle, il relève des « préfaces critiques à la réédition41 ». C’est de ce type d’avant-textes qu’il s’agit majoritairement dans ce volume.
25L’autre extrême du continuum serait formé par le liminaire rédigé par un personnage de la fiction du roman, donc attribué à une personne imaginaire, et existant dès la première publication du livre (dans la préface originale donc). Ce discours préfaciel allographe actorial fictif figure le plus souvent dans les romans à la première personne, où, par le biais des propos préfaciels du narrateur-personnage diégétique, le romancier obtient une confusion entre le narrateur et l’auteur réel, de sorte que l’œuvre entière semble être de la main d’un personnage fictif. Ces avant-textes avec un métalangage « caché » n’importent pas seulement en tant que paratexte, mais également en tant que texte. Leur nature est plus intérieure (au récit romanesque) et moins accessoire pour la lecture globale. Ils ont par conséquent un caractère ostensiblement performatif. Rappelons que Geneviève Idt les considère comme tout aussi hétérographes que ceux écrits par la main d’un tiers.
26Entre ces deux extrêmes s’élaborent des formes de paratexte mixtes, mi-discours, mi-récit, comme la préface du rédacteur des Liaisons dangereuses que relève Jan Herman, qui forme une sorte d’unité « romanesque » entre le récit proprement dit et le récit préfaciel.
Conclusion
27En somme, l’enjeu du liminaire n’est pas tant de convaincre un lecteur potentiel de passer à la lecture du livre — il est d’ailleurs toujours déjà lecteur, dès lors qu’il a pris en main le livre. Le but du discours préfaciel est plutôt d’obtenir un déplacement de la part du lecteur, en le faisant ambuler vers et dans le texte. Ce déplacement est alors à comprendre dans le double sens d’entrée dans l’univers de la fiction, de « séduction » par la fiction, et de présentation comme représentation, c’est-à-dire, de déplacement dans la conception de l’œuvre. Le commentaire allographe propose toujours une lecture de l’œuvre qui « détourne » du texte présenté vers un récit propre. La prétention à la neutralité de présentation de l’œuvre s’avère être surtout une re-présentation du texte, à partir de l’exhibition et de l’interrogation des normes poétiques contemporaines.
Notes
1 Dans Herman J. et Angelet C., Recueil de préfaces de romans du xviiie siècle. Volume 1 : 1700-1750. PU Louvain, 1999, p. 216.
2 Le Paratexte au siècle d’or, Genève, Droz, 1996, p. 225.
3 Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 8.
4 A. Porqueras Mayo dresse un inventaire exhaustif de tous les termes et synonymes attestés en tête de l’une ou l’autre forme d’avant-texte dans son chapitre II : « El término prólogo. Sinónimos y relaciones », in El prólogo como género literario. Su estudio en el Siglo de Oro, Madrid, Consejo superior de investigaciones científicas, 1957, p. 47-74.
5 « L’illusion historique. L’enseignement des préfaces (1815-1832) », RHLF 75, 2-3 (1975), p. 245-267.
6 Del Lungo A., L’Incipit romanesque, Paris, Le Seuil, « Poétique », 2003, p. 14.
7 Le Discours du roman, Paris, Presses universitaires de France, 1980, p. 21-34.
8 Paris Dunod, 1993.
9 Maingueneau D., Les Termes clés de l’analyse du discours, Paris, Le Seuil, « Mémo », 1996, p. 73.
10 Ibid.
11 Notons que Henri Mitterand s’abstient de commenter les déictiques spatiaux, probablement parce que cette catégorie est moins révélatrice dans le cadre du discours préfaciel.
12 « Préface à la journée des préfaces », Poétique 21 (1990), p. 114.
13 Il est « seulement la désignation d’un personnage qui se trouve dénoter le même individu que le narrateur » (Maingueneau D., Éléments de linguistique pour le texte littéraire, Paris, Bordas, 1990, p. 41).
14 La personne du narrateur et des personnages est entièrement définie par le récit, ce sont des êtres purement textuels. Les apostrophes au lecteur à l’intérieur du récit littéraire, comme dans Jacques le fataliste par exemple, relèvent toujours d’une situation d’énonciation intratextuelle, car le personnage embraie sur la situation narrative textuelle, et non pas la situation réelle. La première personne de la préface, par contre, se situe en dehors de la diégèse, elle appartient au contexte situationnel, et apparaît comme indissociable d’un « tu » et d’un « ici-maintenant ».
15 « Le préfacier-lecteur. De l’impartialité à l’identification », in Herman J., Pelckmans P., dir., L’Epreuve du lecteur. Livres et lectures dans le roman dAncien Régime. Actes du huitième colloque de la Société dAnalyse de la Topique Romanesque, 19-21 mai 1994, Louvain-la-Neuve, Paris, Peeters, 1995, p. 362.
16 « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », Littérature 7 (1977), p. 67. Ainsi se résout le problème essentiel du liminaire auctorial que relève E. Zawisza, à savoir l’implication de la personne de l’auteur dans le discours préfaciel où « le même sujet parlant aborde le discours critique et le discours romanesque à la fois », et qu’il est « obligé de regarder diversement le même objet, c’est-à-dire son propre roman » (« Sur le discours préfacier dans les romans au dix-huitième siècle », dans Romanica Wratislaviensia XII, 319 [1977], p. 103).
17 « La préface et ses lois », op. cit., p. 24.
18 Genette G., Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 183 : la préface originale « a pour fonction cardinale d’assurer au texte une bonne lecture. Cette formule simplette est plus complexe qu’il n’y peut sembler, car elle se laisse analyser en deux actions, dont la première conditionne, sans nullement la garantir, la seconde, comme une condition nécessaire et non suffisante : 1. obtenir une lecture, et 2. obtenir que cette lecture soit bonne. »
19 Ainsi, A. Cayuela applique la théorie des actes de langage de John Searle au discours préfaciel (op. cit., p. 223 sq.). M. MacLean (« Pretexts and paratexts. The art of the peripheral », New Literary History 22, 1990, p. 274) précise que l’opposition capitale entre énoncé préfaciel et littéraire concerne les actes illocutoires : l’avant-texte se compose d’actes illocutoires du premier type, qui portent sur le préfacier, et s’adressent explicitement au lecteur potentiel. L’œuvre littéraire par contre est constituée d’actes illocutoires du second type, portant sur l’œuvre même. Le narrateur et le narrataire se situent dans le roman, tandis que le préfacier et le lecteur de la préface parlent du roman.
20 Recanati V., « Introduction », Enoncés performatifs, Paris, Minuit, 1981, p. 9-34.
21 « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », op. cit., p. 66.
22 Lecointre S. et Le Galliot J., « Texte et paratexte. Essai sur la préface du roman classique », Panorama sémiotique, 1979, p. 668-669.
23 Le Paratexte au siècle d’or, op. cit., p. 224.
24 « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », op. cit., p. 66.
25 Hétérographe peut recouvrir allographe (l’auteur de la préface est une tierce personne) ou actorial (l’auteur de la préface est l’un des personnages de la fiction), cf. Genette G., op. cit., p. 169.
26 Terme de Cl. Duchet, « L’illusion historique », loc. cit., p. 249.
27 Zawisza E., « Sur le discours préfacier dans les romans au xviiie siècle », Acta Universitatis Wratislaviensis 319 (1977), p. 96.
28 Études romanes de BRNO XX (1990), p. 33-48.
29 Zawisza E., « Pour une lecture rhétorique des préfaces romanesques des Lumières », Australian Journalof French Studies, 1995, p. 166.
30 « La préface et ses lois », loc. cit., p. 25.
31 Dans L’esprit créateur XXVII, 3 (1987).
32 « L’illusion historique », loc. cit., p. 249.
33 « Texte et paratexte », loc. cit., p. 667.
34 Mitterand H., « Le discours préfaciel », cité dans Rigolot F., « Prolégomènes », loc. cit.
35 Idt G., « Fonction rituelle du métalangage dans les préfaces “hétérographes” », loc. cit., p. 71.
36 C’est également l’avis de Lecointre S. et Le Galliot J., « Texte et paratexte », loc. cit., p. 666. Il est intéressant de noter qu’au Moyen Âge, le prologue ne fait que peu de cas de l’œuvre qu’il présente : il n’est donc en aucun cas métatextuel. L’importance du prologue porte sur la légitimation de la lecture du roman, en multipliant les garants pour le roman, dont l’« auteur » suprême est Dieu. (Badel P.-Y., « Rhétorique et polémique dans les prologues de romans au Moyen Âge », Littérature 20 [1975], p. 86-89)
37 Jeanneret M., « La lecture en question : sur quelques prologues comiques au seizième siècle », French Forum 14, 3 (1989) p. 284.
38 « Texte et paratexte », loc. cit., p. 667-668.
39 Sampling the book. Renaissance prologues and the French “conteurs”, Lewisburg, Bucknell University Press, 1994, p. 82.
40 Le Paratexte au siècle d’or, op. cit., p. 244.
41 Idt G., « Un rituel d’affiliation : la préface », E. Baumgartner et N. Boulestreau, dir., La Présentation du livre. Actes du colloque de Paris X Nanterre (4-6 décembre 1985), Paris, Centre de Recherches du Département de Français de Paris X, 1987, p. 85.
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