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Obtenir un CAP par la VAE pour changer d’emploi ?
Espoirs et dépits des assistantes maternelles
Hélène Balitout et Fabienne Maillard
p. 175-194
Texte intégral
1Si la place des femmes sur le marché du travail ne cesse de croître1, la division du travail reste néanmoins très genrée et c’est très souvent dans la catégorie des « employés » que se situent une part importante des actives2. Elles sont majoritaires dans les métiers des services aux personnes3 et occupent 99 % des emplois dans le secteur de la petite enfance4. Auparavant largement ouverts à des femmes non diplômées, ces emplois réclament de plus en plus souvent la détention d’un diplôme spécifique même s’ils sont encore nombreux à être désignés comme « non qualifiés5 ». Le diplôme est ainsi devenu un attribut nécessaire sur le marché du travail, quels que soient le secteur d’activités et les modalités d’emploi qui y ont eu cours, et son absence est désormais considérée non seulement comme « un handicap » individuel mais également comme « un problème social6 ».
2C’est dans ce cadre que le dispositif de validation des acquis de l’expérience (VAE) a été institué en 2002, afin de permettre l’accès à un diplôme sans passer par une formation explicite ni par un examen. Il s’adressait à l’origine aux actifs les plus fragiles afin de leur offrir quelques protections contre le chômage et la précarité, et visait à compenser à la fois les inégalités du système éducatif et celles de la formation continue7. Comme l’expérience professionnelle et personnelle se substitue à la formation, de nouvelles chances d’accéder au marché du travail, de s’y maintenir et/ou de se reconvertir sont supposées être offertes aux individus aux marges du marché du travail ou en risque de s’y trouver. Pour les femmes qui travaillent dans le secteur de la petite enfance, principalement issues de milieux populaires et nombreuses à être sorties sans diplôme du système éducatif8, la VAE constitue une solution tentante pour obtenir un titre sans avoir, au moins a priori, à affronter les différents coûts d’une formation (budgétaires, temporels, familiaux…). Elles s’emparent de ce dispositif pour obtenir le diplôme le plus accessible pour elles, le certificat d’aptitude professionnelle (CAP) Petite enfance9. Au sein du ministère de l’Éducation nationale, ministère qui rassemble le plus grand nombre de candidats à la VAE depuis la création de cette dernière10, le CAP Petite enfance était jusqu’en 2019 non seulement le diplôme le plus souvent passé par la VAE mais aussi le plus souvent obtenu11.
3C’est sur ces femmes qui s’engagent dans une telle procédure et qui obtiennent le CAP Petite enfance que porte cette contribution, fondée sur deux enquêtes menées auprès de lauréates (voir plus bas). La plupart d’entre elles occupent des fonctions d’assistante maternelle à domicile et les deux tiers ont plus de 40 ans. Ce sont en majorité des femmes d’origine populaire, issues de familles nombreuses et dont l’orientation scolaire a été subie. Elles sont néanmoins le plus souvent diplômées, d’un CAP ou d’un brevet d’études professionnelles (BEP) pour 30 % de l’échantillon, 24 % ayant quitté le système éducatif sans diplôme. Les enjeux de la VAE ne sont donc pas seulement d’obtenir un diplôme, 46 % possédant au minimum un baccalauréat. Si l’intérêt pour le CAP Petite enfance des femmes interrogées repose sur différentes motivations, elles ont en commun de rejeter l’enfermement auquel les conduit le travail à la maison, même si celui-ci a pu leur convenir pour assumer en parallèle l’éducation de leurs propres enfants. Elles regrettent aussi l’absence de reconnaissance qui accompagne leur activité professionnelle, absence qu’elles repèrent face aux parents qui les emploient comme au sein de leur famille. La volonté d’acquérir le CAP répond par conséquent à une aspiration à changer d’emploi pour bénéficier de nouvelles conditions de travail et d’un salaire régulier, ainsi qu’à la nécessité d’accéder à une légitimité professionnelle dont elles se sentent privées, faute de détenir un diplôme de spécialiste. Si elles en attendent des bénéfices symboliques, elles espèrent néanmoins tirer profit du diplôme obtenu pour faire face aux exigences accrues des employeurs quels qu’ils soient, et ce d’autant plus que depuis la constitution du dossier de candidature à la VAE jusqu’à la recherche d’un nouvel emploi, c’est tout un parcours d’obstacles qu’affrontent ces femmes. Cependant, en dépit de la récompense de leurs efforts, les difficultés à affronter ne disparaissent pas après l’obtention du CAP, qui ne représente qu’une étape parmi d’autres à franchir, plutôt qu’une fin heureuse. Sur le marché du travail en effet, le diplôme représente une ressource notable mais loin d’être suffisante, même conjuguée à l’expérience professionnelle, le secteur de la petite enfance n’offrant en outre pas pléthore d’emplois accessibles avec un CAP. L’acquisition du diplôme ne garantit pas que les espoirs qui y ont été placés seront réalisés, une part des femmes rencontrées en feront l’amère expérience. Alors que diplôme, expérience et compétences constituent un triptyque très valorisé par les pouvoirs publics, cette valorisation reste faible sur le marché du travail pour certaines catégories de populations. C’est d’autant plus vrai pour les femmes de milieux populaires ruraux, âgées de plus de 40 ans, pour lesquelles les opportunités professionnelles se révèlent très limitées et qui constituent une grande partie des lauréates sur lesquelles a reposé le travail d’enquête. Dans ces conditions, comment interpréter les appels très pressants des pouvoirs publics à la flexibilité professionnelle et à la conversion permanente ? Dans quelle mesure les promesses de la VAE sont-elles tenues et à quelles conditions ?
4La première partie rend compte des conditions d’emploi et de travail auxquelles sont confrontées les femmes interrogées et qui les ont conduites à s’engager dans une procédure de VAE. L’incertitude y est la règle et elle est institutionnalisée. La deuxième partie éclaire plus spécifiquement leurs aspirations à une plus grande reconnaissance professionnelle, que la quête du CAP Petite enfance cristallise même s’il leur apparaît comme un « petit diplôme ». Par ailleurs, bien que la VAE supprime formation et examen, l’obtention du diplôme n’est pas facile pour autant et réclame aides et organisation. Les difficultés à affronter ne s’arrêtent cependant pas là puisque d’autres les attendent sur le marché du travail, comme le montre la troisième et dernière partie.
Des conditions de travail et d’emploi qui incitent au recours à la VAE
5Même si leur âge et leur parcours scolaire les distinguent, les lauréates du CAP Petite enfance par la VAE ont de nombreux points communs. Elles sont d’origine populaire, ont été élevées dans des familles nombreuses dans lesquelles elles ont précocement été conduites à jouer un rôle d’aide familiale et n’ont que rarement occupé des emplois en lien avec les diplômes détenus à leur sortie du système éducatif. Elles se sont mariées pour la plupart relativement jeunes, ont généralement occupé des emplois non qualifiés, parfois à temps partiel, et c’est après être devenues mères de famille et/ou avoir rencontré des difficultés à concilier charges professionnelles et charges familiales qu’elles sont devenues assistantes maternelles. Elles ont souvent recours au registre vocationnel pour expliquer ce choix. Les conditions objectives de leur entrée puis de leur installation dans le métier relativisent cependant un tel « choix ». Et c’est bien parce qu’elles ne souhaitent plus avoir à supporter des conditions de travail difficiles et des parents qu’elles considèrent pour certains comme de mauvais employeurs qu’elles se sont engagées dans une procédure de VAE. Ce qui pouvait leur paraître enviable dans leurs premières années d’activité, en termes de liberté et de confort, finit par leur peser au fil des années, au point de leur faire changer radicalement de point de vue sur le fait de travailler chez soi.
L’accès aux emplois de la petite enfance : du discours vocationnel à la contrainte sociale
6L’intérêt porté aux enfants est omniprésent dans le discours des assistantes maternelles rencontrées, il donne de la cohérence à une option professionnelle qui semble souvent reposer sur des motivations anciennes. Certaines femmes évoquent ainsi leur accès au métier comme le résultat de dispositions naturelles, parce qu’elles ont toujours aimé les enfants mais aussi parce qu’elles se sont beaucoup occupées de leur fratrie et y ont trouvé la preuve de capacités susceptibles d’être reconverties en ressources professionnelles. Pour certaines, leur mère exerçait déjà ce métier. Mais cette dimension vocationnelle revendiquée est associée à des éléments pragmatiques qui en réduisent la puissance :
« J’ai rencontré mon mari très jeune, à 18 ans, ensuite nous nous sommes mariés et nous avons eu trois enfants. Vous savez, mon mari, c’était l’ancienne école, il ne voulait pas que je travaille en raison des enfants, il voulait que je m’occupe d’eux. Ensuite, quand ils ont grandi et qu’ils étaient au collège, je m’ennuyais, je voulais travailler, mais mon mari n’était pas d’accord. Quand mes enfants sont partis au lycée, mon mari a accepté que je demande mon agrément et que je devienne assistante maternelle » (Joëlle, 52 ans, mariée, trois enfants, CAP Couture).
« J’ai pris un congé parental et à l’issue de celui-ci je suis devenue assistante maternelle. Je ne voulais plus travailler à Paris, parce qu’avec le transport, il fallait partir très tôt et rentrer très tard, et avec les enfants c’était très compliqué. C’est pour cette raison que j’ai voulu devenir assistante maternelle […]. En devenant maman, c’était naturel que je m’occupe de mes enfants, d’ailleurs j’ai toujours aimé les enfants et ma mère en gardait aussi de temps en temps » (Delphine, 41 ans, mariée, deux enfants, BEP Hôtellerie).
« J’ai travaillé dans plusieurs magasins de vêtements, j’ai travaillé en usine, j’ai fait beaucoup de boulots. Tout ce que je trouvais, en intérim, à la chaîne, de la vente… et puis j’en ai eu marre parce que ce n’étaient pas de vrais boulots, que des contrats courts et je voulais me poser. Et puis ma fille est tombée malade, mes horaires de travail n’étaient plus compatibles avec ma vie familiale, ma fille était en fauteuil roulant, donc j’ai préféré arrêter. J’ai demandé à partir pour pouvoir travailler dans ce que j’aime et pouvoir m’occuper de mes enfants en même temps. J’ai choisi effectivement de devenir assistante maternelle » (Magali, 47 ans, divorcée, trois enfants, CAP Comptabilité).
7La majorité des femmes interrogées sont devenues assistantes maternelles après un congé maternité ou un congé parental. Elles vantent l’intérêt de travailler chez soi tout en élevant ses propres enfants. Cet avantage pratique tient cependant beaucoup à l’absence d’emplois accessibles dans la proximité résidentielle et au manque de transports en commun dans les communes où elles résident. Le coût généré par la garde externe de leurs enfants contribue également à leur décision. Pour une part importante de ces femmes, l’accès à l’emploi représente une dépense budgétaire élevée, que le travail à domicile permet d’éviter. Présenté comme une solution idéale pour articuler les différentes activités qui incombent aux femmes-mères-travailleuses12, il apparaît plutôt comme une solution de repli faute d’autres possibilités.
8Malgré la valorisation unanime du rôle de mère de famille couplé à celui de professionnelle de la petite enfance à la maison, plusieurs incises dans les discours recueillis montrent que leur résolution tient d’abord aux circonstances : une mutation du conjoint, son décès, l’impossibilité de faire accepter un temps partiel à son employeur, des contrats courts sans perspective de stabilité professionnelle, une famille nombreuse… L’indisponibilité du conjoint y joue également un rôle actif, comme le montre l’exemple de Mylène, qui se retrouve souvent seule à la maison :
« Je suis à la disposition de mes enfants mais c’est un choix. Et en ayant un mari qui n’est jamais là… » (Mylène, 40 ans, mariée, brevet des collèges).
Un emploi mal protégé et marqué par l’imprévisibilité
9« Petit métier au féminin » selon Liane Mozère13, l’activité d’assistante maternelle se caractérise par une relation de service qui consiste à partager un espace à la fois privé et professionnel. Elle est facile d’accès, ne nécessite aucun diplôme, peut s’exercer à domicile, ce qui explique les arguments en termes de choix rationnel énoncés dans les entretiens. Mais c’est aussi une activité mal rétribuée, souvent considérée comme une simple extension du rôle maternel, éléments qui « ont contribué à sa disqualification sociale14 ». Sa dévalorisation tient aussi aux tâches accomplies, traditionnellement dévolues aux femmes et considérées en partie comme relevant du « sale boulot15 » (parmi les plus âgées des femmes rencontrées, une certaine lassitude s’exprime à l’égard des occupations liées aux couches, au vomi, au nettoyage systématique qu’exigent la plupart des actions à entreprendre).
10L’emploi relève du Code de l’action sociale et des familles, du Code de la santé publique et du Code du travail16 et est régi par des dispositions légales situées à l’intersection de plusieurs cadres réglementaires. Une formation dispensée par le conseil départemental doit obligatoirement être suivie par les assistantes maternelles avant leur entrée en activité17. Elles doivent également disposer d’un agrément valant autorisation d’exercer le métier, délivré par les services de la Protection maternelle et infantile (PMI) du département ; d’une durée de cinq ans18, il détermine le nombre d’enfants accueillis. Les assistantes maternelles sont donc contraintes d’adapter leurs pratiques professionnelles aux exigences émises par la directrice de la PMI19, voire de les remettre en question20, pour conserver leur agrément. Par ailleurs, les tarifs et les salaires, réglementés par l’État, sont peu élevés et peuvent connaître des variations en fonction du département d’exercice ou de l’assistante maternelle21.
11Malgré un rôle social et professionnel important, l’activité d’assistante maternelle est à la fois codifiée et peu garantie. La fragilité de l’emploi prend plusieurs formes et s’incarne dans la soumission à des règles prescrites par divers acteurs, qui imposent des contraintes dont se plaignent les professionnelles rencontrées. Outre les acteurs institutionnels, elles sont confrontées aux parents des enfants dont elles s’occupent, employeurs rarement au fait de ce qu’engage le contrat de travail qu’ils signent. Elles dépendent en outre d’un marché du travail local mouvant et concurrentiel, qui repose sur les conditions d’accueil proposées (horaires flexibles, accueil de l’enfant malade et pendant les vacances scolaires), mais aussi sur le logement, les tarifs22 et sur la réputation que chacune aura réussi à construire. Les crèches, les centres multiaccueil, les maisons d’assistantes maternelles, l’accueil périscolaire, concurrencent directement leur activité, sans parler des autres assistantes maternelles à proximité et des membres de la famille des enfants accueillis, volontiers mis à contribution lorsque c’est possible :
« Dans mon village, une maison d’assistantes maternelles a été créée l’année dernière. Je me suis dit, avec une telle concurrence je vais avoir moins d’enfants à garder. Et en effet, j’ai perdu un enfant, dont la maman a préféré l’inscrire dans cette maison d’assistantes maternelles. Elle m’a dit : “Écoutez, ce n’est pas contre vous, mais là-bas ils ont plusieurs petits, ils font de nombreuses activités qui les préparent à l’entrée à l’école” » (Anne, 43 ans, mariée, trois enfants, licence).
« En ce moment, il n’y a pas beaucoup de nouveaux contrats, non ! Les parents s’arrangent avec les grands-pères, les grands-mères, les tantes, pour faire garder les enfants. Au niveau financier, on ressent que les gens ne veulent pas payer » (Astrid, 46 ans, divorcée, deux enfants, CAP Vente).
12L’activité est soumise à de multiples dépendances sur lesquelles les assistantes maternelles ont peu de pouvoir d’action. Liées à plusieurs employeurs, elles doivent également souvent jongler avec des contrats inégaux en termes de volume horaire et dont la durée n’est jamais assurée. La sous-activité est dès lors une constante du métier car ces professionnelles accueillent souvent moins d’enfants que ce que leur agrément leur permet23. De plus, elles sont souvent touchées par le chômage partiel lors de la perte de contrats : 84 % des femmes interrogées par questionnaire ont déjà été au chômage, pour une durée totale variant entre quatre et cinq ans. Le chômage fait ainsi partie de l’expérience ordinaire de ces salariées.
13La précarité représente par conséquent une menace constante, comme le montre le cas de Joëlle :
« Je n’ai pas assez d’enfants en ce moment, je suis en chômage partiel. Actuellement, j’ai trois enfants à garder mais pas à temps complet. Il y a quatre ans de cela, j’avais cinq enfants, dont deux enfants sur un temps complet. J’ai perdu cinq contrats, il ne me restait plus que 300 euros de salaire, je me suis dit : “Là je suis dans la merde”, excusez-moi de parler comme cela… […]. Je m’en suis sortie. Franchement je m’en suis sortie, je ne sais pas comment. J’avais des petits contrats et j’ai récupéré des gros contrats. Cela dépend des contrats qu’on a… J’ai eu des contrats qui se sont arrêtés à cause de déménagements. C’est difficile de trouver des contrats ! » (52 ans, mariée, trois enfants, CAP Couture).
14Les parents employeurs peuvent interrompre un contrat à la suite d’un litige ou d’une insatisfaction pas forcément formulée24, autrement dit de manière parfois brutale. Les ruptures subites de contrat semblent néanmoins le plus souvent intervenir parce qu’ils ont trouvé une solution de garde qu’ils estiment plus appropriée ou moins coûteuse.
15Comme toute relation salariale, celle qui unit l’assistante maternelle à ses employeurs relève d’une subordination inscrite dans le contrat de travail, subordination que les parents prennent parfois au pied de la lettre :
« À une époque, j’étais tombée sur une dame avec qui j’ai eu de gros problèmes […]. Elle c’était l’employeur, moi j’étais son employée, elle me le faisait sentir très fortement. Elle me dominait, j’étais sa bonne » (Christine, 46 ans, mariée, deux enfants, BTS Secrétariat).
16La flexibilité se trouve ainsi du côté des employeurs, qui imposent à la fois la flexibilité de l’emploi et celle du travail, par exemple lorsqu’ils ne respectent pas les horaires fixés sur le contrat de travail. L’incertitude régit l’activité, comme le souligne l’extrait suivant, dans lequel s’exprime une certaine exaspération à l’égard des parents et de l’État :
« Si l’on a un enfant quand il est bébé, on sait qu’on peut aller jusqu’aux 3 ans, jusqu’au moment où il va à l’école. Sinon, on n’est jamais sûre de rien, parce que les parents changent tellement d’avis ! Ils sont un peu libres de faire ce qu’ils veulent, enfin vous licencier comme cela, changer d’avis sans arrêt. Je peux être licenciée à tout moment, c’est la triste réalité de ce travail. Moi j’aime bien mon travail mais je dis tout le temps à mes collègues : “On n’est que des pions ; on nous prend, on nous jette, on bouche un trou, on nous prend, on nous jette.” On nous licencie facilement. Ils [les parents] n’ont pas d’obligation de nous garder, ils n’ont pas de temps à respecter. Ils vont nous embaucher et puis un mois après ils vont nous dire : “Ah, on a une place en crèche.” Il n’y a pas de respect, quoi. Il n’y a pas de statut qui nous protège, je trouve que c’est un peu dingue d’être si facilement prise pour un pion, un bouche-trou en fait ! » (Mylène, 40 ans, mariée, trois enfants, brevet des collèges).
17L’ensemble de ces conditions montre que les assistantes maternelles subissent une triple domination : celle de l’État et de ses représentants, celle des parents employeurs, auxquelles s’ajoute celle du conjoint, qui souhaite ne pas être dérangé par le déroulement de l’activité quotidienne, bruyante et agitée, et en trouver le moins de traces possible lorsqu’il est à la maison. Aux normes explicites de l’activité se superposent des normes implicites, que les femmes interrogées estiment difficiles à respecter. Le fait que cette activité se déroule à domicile trouble l’intimité familiale, des balises spatiales et temporelles doivent donc être mises en place mais elles ne sont pas toujours suffisantes pour maintenir l’ordre professionnel et éviter les tensions liées à ce mélange des genres. Au travail professionnel s’ajoute en outre le travail domestique, qui ne peut pas être réalisé sur le temps de travail et s’avère très rarement partagé.
18Ces particularités de l’activité des assistantes maternelles sont à l’origine de leur engagement dans une procédure de VAE. D’abord envisagées comme des facteurs d’attrait, elles sont devenues des éléments-repoussoirs au fil des années et des différentes expériences accumulées. Une fois que leurs propres enfants ont grandi et passent de moins en moins de temps à la maison, les aspects bénéfiques de leurs conditions d’exercice professionnel se chargent de couleurs plus sombres. Ce qui était acceptable, voire enviable, finit par leur peser et leur donner des désirs de changement. Si l’entrée tardive dans la VAE, pour obtenir un diplôme qui peut être inférieur à celui ou ceux déjà possédés, apparaît peu orthodoxe en termes de projection de carrière, il faut la comprendre comme l’expression d’une lassitude à l’égard des conditions de travail et de salaire subies, qui va avec une volonté de reconnaissance d’une qualité de véritable « professionnelle », maîtrisant des savoirs et savoir-faire spécifiques légitimés par le CAP.
Les enjeux du parcours de VAE : obtenir un diplôme dédié à la petite enfance pour faire valoir ses compétences et sortir de l’enfermement domestique
19C’est par les relais Petite enfance (ex-relais Assistants maternels) que les informations concernant la VAE et le CAP Petite enfance ont été le plus souvent diffusées (soit pour 30 % des femmes du corpus). Initiés par les caisses d’allocations familiales, ces relais sont animés par des professionnels de la petite enfance et accueillent des assistantes maternelles mais également des parents et des enfants. Lieux d’échanges et d’accompagnement, ils ont été mis en place pour « contribuer à la professionnalisation des personnels25 », professionnalisation qui vise une plus grande reconnaissance statutaire de l’activité pour mieux la dissocier de l’espace domestique et prend forme lentement au fil des décennies via différents textes législatifs et réformes. Plusieurs des travaux cités précédemment soulignent cependant qu’elle est « en cours » malgré des dates de publication bien différentes et des revendications féministes encore plus anciennes26. Autrement dit, le temps de la reconnaissance des métiers de la petite enfance relève non seulement de la très longue durée mais demeure encore un projet…
20Si les informations reçues sur la VAE ont pu résonner chez les femmes interrogées, c’est pour les espoirs qu’elles ont générés : se faire valoir et évoluer professionnellement. Malgré toutes les difficultés qu’elle oblige à affronter, la procédure de VAE impose aussi un processus de maïeutique qui vise à identifier les savoirs et les compétences détenus et à les mettre en équivalence avec ceux que réclame l’examen qui décide de l’obtention du diplôme. Il permet d’éclairer ce qui est masqué, voire insoupçonné, et de nommer ce qui est tu. C’est en tout cas ce qu’il a produit chez les lauréates du CAP, en leur redonnant un certain orgueil du métier.
Une motivation récurrente : devenir visible en tant que professionnelle
21L’invisibilité des femmes constitue aujourd’hui un tropisme de la littérature scientifique et féministe, qui s’aventure jusque dans la préhistoire pour contrer les idées reçues encore très présentes sur la division du travail27. Si le travail domestique, en général accompli par les femmes, échappe à toute forme de reconnaissance sociale, en dépit des efforts de la statistique publique pour le comptabiliser28, le travail qu’accomplissent les assistantes maternelles à domicile est si proche du travail domestique qu’il les soumet à une forme de transparence dont elles se plaignent. Le manque de reconnaissance provient de l’État, qu’elles n’hésitent pas à dénoncer, des parents employeurs mais il peut également émaner des membres de la famille :
« Je ressens dans leur regard [celui des parents] que je ne suis rien […]. On ne nous considère pas parce que la formation, c’est 120 heures, parce qu’on n’a pas besoin de diplôme pour faire ce métier […]. On se représente que c’est un prolongement de notre rôle de mère, il y a même beaucoup de personnes qui considèrent qu’on ne travaille pas » (Anne, 43 ans, mariée, trois enfants, licence).
« Quand mes beaux-parents nous invitent, ils demandent toujours si mon mari travaille, moi jamais, comme si je ne travaillais pas. Ils voient que je suis toujours à la maison avec les enfants, alors pour eux ce n’est pas un vrai travail… » (Isabelle, 38 ans, mariée, deux enfants, BTS Secrétariat).
« C’est le côté de l’image qu’on donne des assistantes maternelles : des femmes au foyer qui ne font rien de leur journée » (Magali, 47 ans, divorcée, trois enfants, CAP Comptabilité).
22Parce qu’il est dédié à leur activité, le CAP Petite enfance permet de légitimer cette dernière, en dénaturalisant les qualités qu’elle réclame. Aux yeux des femmes interrogées, l’intérêt de la VAE est de limiter les contraintes de la formation, même si les exigences de la procédure se révèlent in fine bien supérieures à ce qu’elles avaient d’abord envisagé, mais également de reposer sur ce qui est généralement dénié et devient soudain tangible. L’accès au CAP fournit ainsi la preuve d’une valeur jusque-là sous-estimée, preuve adressée à soi autant qu’à l’entourage proche et aux parents-employeurs, quelquefois enclins à mettre en doute les compétences de leurs employées. Pourtant, même lorsqu’elles sont sorties sans diplôme du système éducatif (soit 24 %), elles considèrent ce CAP comme un « petit diplôme », signe qu’elles ont intégré l’importance prise par le diplôme dans notre organisation sociale mais également la hiérarchie des certifications, où le CAP est situé dans le pôle inférieur29. C’est néanmoins sur ce petit diplôme qu’elles comptent pour sortir de l’invisibilité et de ce qu’elles en viennent à considérer au fil des années comme un enfermement domestique.
« Je me sentais isolée à la maison »
23Si la valorisation de l’expérience professionnelle est au principe de la VAE, c’est aussi la durée de cette expérience qui fonde les aspirations à obtenir un CAP et à reconfigurer son activité professionnelle. Au bout d’un certain nombre d’années, le fait de travailler à la maison devient synonyme d’isolement et parfois même de réclusion :
« Plus ma fille grandit, moins elle a besoin de moi, plus elle est autonome. Et j’avoue que j’adore travailler avec les enfants mais là, de rester enfermée avec les enfants, j’arrive à saturation. Travailler à domicile me pèse. Rester chez soi dans mes quatre murs, ce n’est plus possible. Normalement, quand on rentre de son travail on n’a qu’une envie, c’est de rentrer chez soi. Moi, j’ai envie de partir » (Hélène, 44 ans, mariée, deux enfants, baccalauréat professionnel Secrétariat).
« Je sors pour aller chercher ma fille, j’ai un peu de contacts, heureusement. Mon fils est au collège, je ne l’accompagne pas, il est grand. Je sors quand même mais je vais être franche avec vous, j’en ai marre ! J’ai des amis, ce n’est pas la question, mais j’aimerais prendre ma voiture et partir 8 heures bosser et rentrer le soir. Bon, c’est vrai, c’était un choix d’élever mes enfants. Mais chez soi, on se sent enfermée, prisonnière, on tourne en rond, on fait son ménage, on s’occupe des enfants, mais c’est la routine à la maison » (Delphine, 41 ans, mariée, deux enfants, BEP Hôtellerie).
« Je me sentais isolée à la maison, je ne voyais personne, je n’avais pas de collègues. On voit les enfants le matin et toute la journée, j’avais l’impression de ne jamais discuter avec des adultes, j’étais… j’en avais assez » (Nathalie, 52 ans, mariée, un enfant, baccalauréat professionnel Logistique).
24Les images de confort et de tranquillité que véhiculent les représentations du métier, qui vont jusqu’à dénier son existence en tant qu’activité professionnelle, sont contredites par les discours recueillis. Ce qui était accepté pour assurer l’éducation de ses propres enfants l’est beaucoup moins lorsque le rôle maternel s’estompe. L’amour des enfants ne suffit plus à justifier les conditions d’exercice de l’activité. Celle-ci est tramée de paradoxes : alors que les assistantes maternelles ne sont jamais seules, elles peuvent en venir à éprouver un sentiment de solitude ; elles sont assignées à la précarité en dépit de la pénurie générale de places dédiées à l’accueil des petits enfants30, et malgré les changements réguliers d’employeurs et d’enfants accueillis, l’impression de routine l’emporte chez certaines.
25L’inscription dans une procédure de VAE n’intervient pas seulement pour favoriser une reconnaissance personnelle, même si toutes s’y montrent sensibles, mais pour élargir l’avenir professionnel, quel que soit l’âge atteint au moment de cette inscription. Comme on le verra plus loin, il n’est pas forcément question de rompre avec les activités liées à la petite enfance mais de les accomplir ailleurs et autrement.
Accéder au CAP par la VAE : le parcours des combattantes
26Toutes les femmes interrogées ont obtenu le CAP Petite enfance et sont donc parvenues à franchir l’ensemble des obstacles liés à la VAE. Or, si pour les plus diplômées, ces obstacles n’ont guère été nombreux, c’est loin d’être le cas pour les autres. Les moins dotées scolairement ont dû recourir à un accompagnement, lequel est souvent payant, afin de comprendre des attentes peu familières et qui leur ont semblé très académiques. Elles ont également sollicité l’aide de leurs proches, soutien technique et cognitif pour remplir le dossier, soutien moral pour affronter la succession d’épreuves à passer, mais également soutien pratique pour parvenir à gérer toutes les tâches requises et bénéficier de quelques allègements au quotidien. Comme aucun temps de formation n’est prévu, c’est dans les temps « libres » qu’elles peuvent s’affairer à leur candidature. Toutefois, comme elles le signalent, ces temps libres n’existent quasiment pas dans la double journée de travail qu’accomplissent les femmes actives.
27Si la procédure de VAE propose un accès raccourci au diplôme et évite les évaluations habituelles que comprend la formation, elle n’est pas simple d’accès ni vraiment de courte durée.
28Elle repose sur un remplissage de dossiers très formalisés, qui impose paradoxalement une certaine maîtrise de la littératie en dépit des promesses de réduction des inégalités éducatives à l’origine de son institutionnalisation. Il faut également savoir traduire les tâches réalisées en compétences et, si le dossier est validé, se soumettre à l’épreuve du passage devant un jury31. Bien que ce jury ne soit pas un jury d’examen, il est néanmoins impressionnant car il rassemble plusieurs membres, qui posent des questions auxquelles il faut répondre avec pertinence. Même lorsque les candidates possèdent déjà un diplôme, le fait que celui-ci ait été obtenu des années voire des décennies plus tôt ne leur est pas toujours d’une grande aide pour affronter les épreuves de la VAE. Et pour celles qui n’en détiennent aucun ou au plus le brevet des collèges, les difficultés peuvent apparaître difficilement surmontables, à la source d’un abandon toujours possible :
« C’est quand même une sacrée procédure de se lancer dans la VAE, cela demande plusieurs mois, il faut rester motivée, surtout quand on a des doutes. Moi, avec mon petit brevet des collèges, je n’en menais pas large. D’ailleurs je me suis dit : “Qu’est-ce que je suis venue faire dans cette galère ? !” Cela ne m’étonne pas qu’il y ait tant d’abandons, d’ailleurs, moi, j’ai failli laisser tomber » (Isabelle, 38 ans, mariée, deux enfants, brevet des collèges).
29La procédure de VAE prend en effet la forme d’un travail académique, puisqu’il s’agit de présenter son expérience professionnelle par écrit dans le livret 2, le livret 1, plus court et administratif, conditionnant l’accès à la démarche. Le langage doit être soutenu, un argumentaire doit être proposé, ce qui avantage d’emblée les candidates culturellement les mieux dotées. Selon Sandrine Cortessis, « le dispositif de VAE requiert des pratiques argumentatives32 », lesquelles sont très inégalement partagées.
30La moitié des femmes interrogées déclarent avoir rencontré des difficultés dans l’écriture du livret 2 et avoir reçu de l’aide pour les résoudre. La construction et la formulation des phrases posent problème, il faut mobiliser un vocabulaire spécifique qui ne ressortit pas exclusivement du langage commun, des corrections très importantes s’avèrent par conséquent souvent indispensables.
31La majorité des lauréates ont été aidées par une ou plusieurs personnes pendant leur parcours de VAE, dont la durée est en moyenne de dix-huit mois. La plupart d’entre elles ont été aidées par leur conjoint, leurs enfants, un membre de la famille, une collègue, un ou une amie, ou même une directrice de relais Petite enfance.
32Ces formes d’assistance, même si elles sont d’intensités variées, s’avèrent indispensables mais ne concernent pas seulement la rédaction du livret 2. Elles interviennent aussi pour laisser du temps à la réflexion et à l’écriture, sachant que c’est justement de temps dont les assistantes maternelles disposent le moins :
« J’ai préféré demander de l’aide à ma nièce et à ma belle-sœur, car elles avaient fait des études. Elles ont joué le rôle de l’accompagnateur. J’écrivais, elles me corrigeaient. Sans elles, je n’aurais pas réussi ma VAE, car je maîtrise mal l’écrit » (Djénéba, 47 ans, mariée, trois enfants, aucun diplôme).
« Mon mari m’a soutenue, il s’occupait des enfants pour que j’aie du temps pour travailler sur ma VAE. Sans lui je n’aurais pas réussi » (Christelle, 50 ans, mariée, deux enfants, Brevet de technicien supérieur).
33Les encouragements prodigués concourent à l’obtention du diplôme, qui peut ainsi s’apparenter au résultat d’un engagement collectif. Ils ne vont cependant pas de soi. L’inscription dans une procédure de VAE peut même susciter quelque hostilité de la part du conjoint :
« Alors vous pensez, quand j’ai voulu passer ma VAE, il [mon mari] n’était pas d’accord et il m’a dit : “Cela ne doit pas gêner notre vie.” Alors pour ne pas faire d’histoires, je travaillais la nuit quand il dormait, je prenais sur mon temps de sommeil. J’étais fatiguée mais j’évitais les scènes de ménage. Quand j’ai eu ma VAE, il ne m’a pas félicitée, il m’a juste dit : “Ah, enfin on va pouvoir être débarrassé de cette connerie.” » (Joëlle, 52 ans, mariée, CAP Couture).
34Les épreuves à franchir ne sont donc pas seulement liées aux exigences du diplôme mais à tout ce que réclame l’enrôlement dans la procédure de VAE. Cette somme de difficultés est probablement à l’origine du faible développement puis du déclin de la VAE en France33. Le CAP Petite enfance y échappait relativement mais son remplaçant, le CAP Accompagnement éducatif et petite enfance est loin de suivre le même chemin.
Évolutions espérées et promesses non tenues
35La réussite au diplôme est l’aboutissement de la procédure de VAE mais si elle permet de franchir un seuil, grâce à la reconnaissance de la professionnalité des lauréates qui est aussi une reconnaissance de soi34, de nouvelles étapes balisent le parcours à suivre pour changer d’emploi. Si les femmes les plus âgées et plus ou moins proches de la retraite estiment pouvoir se contenter d’une reconnaissance symbolique, les autres femmes interrogées comptent tirer bénéfice du CAP, dont la détention est obligatoire pour accéder à certains postes, par exemple en crèche.
36En dépit de sa faible position dans la hiérarchie des diplômes, le CAP Petite enfance ouvre le champ des possibles professionnels. Cette ouverture n’est cependant pas automatique, quoi que laissent supposer les discours politiques et institutionnels sur les relations diplôme-emploi. Comme l’ont montré différents travaux, dont l’ouvrage pionnier dirigé par Lucie Tanguy et publié en 198635, l’adéquation diplôme-emploi est une fiction. C’est sur le marché du travail que s’établit la valeur d’un diplôme, forcément « relative » selon José Rose, même s’il précise que le diplôme est « un critère déterminant essentiel » pour accéder à l’emploi36. Or, malgré la pénurie de professionnelles dont souffre le secteur de la petite enfance, les lauréates du CAP peinent à obtenir les emplois auxquels elles aspirent (dans des crèches et haltes-garderies le plus souvent), bien qu’il s’agisse souvent à leurs yeux d’une simple marche à franchir puisqu’elles comptent rester dans ce secteur d’activité.
Un sentiment de valorisation accomplie…
37Les discours recueillis font tous part de la joie d’avoir obtenu le CAP. La détention du diplôme redonne confiance en soi mais donne également du sens au parcours suivi depuis l’installation en tant qu’assistante maternelle à domicile. Elle montre que l’invisibilité et l’enfermement ne définissent pas exclusivement l’activité et qu’ils peuvent avoir une fin :
« La VAE m’a apporté un changement positif dans ma vie personnelle. J’étais un peu en perte de vitesse et je n’avais pas toujours confiance en moi. Il faut dire que je me suis lancée assistante maternelle sans aucune formation. J’ai suivi que la formation obligatoire donnée par le conseil général37 mais vous savez, j’ai beaucoup improvisé dans ce métier, surtout au début […]. La réussite à ma VAE m’a amené une plus grande confiance en moi, j’ai envie de faire des formations, d’évoluer » (Nathalie, 43 ans, trois enfants, BEP Carrières sanitaires et sociales).
38Le sentiment d’accomplissement va avec certaines attentes que le diplôme autorise. Il permet par exemple de renforcer sa position sur le marché du travail, en offrant un signal positif aux parents :
« La réussite à la VAE m’a apporté une valorisation de mes capacités, je sais que je suis une professionnelle de la petite enfance. J’ai maintenant la reconnaissance des parents, c’est important que je sois diplômée maintenant, parce que lors des entretiens d’embauche, les parents me demandaient si j’avais des qualifications reconnues, et avant, je devais avouer que non, je n’avais pas de diplôme de la petite enfance. Aujourd’hui, je pose un regard plus positif sur moi, je suis une professionnelle reconnue, j’espère bien faire valoir maintenant ce nouveau diplôme lors des entretiens d’embauche » (Isabelle, 38 ans, mariée, deux enfants, brevet des collèges).
« Je suis légitime vis-à-vis des parents, même si c’est un tout petit diplôme. Quand je dis aux parents que j’ai un CAP Petite enfance, cela les rassure, quand même, ils me regardent différemment, ils me font plus confiance. Ils ont une image plus positive de moi, je me sens enfin reconnue. Maintenant l’EP1 [épreuve professionnelle du CAP] est obligatoire à passer pour obtenir l’agrément ou le renouveler, elle correspond à la formation obligatoire dispensée par le conseil départemental […]. Donc j’avais intérêt à obtenir le CAP Petite enfance pour faciliter mon renouvellement d’agrément […]. C’est une assurance pour mon avenir, si un jour ce diplôme devient obligatoire pour rester dans la profession eh bien je l’aurai » (Christine, 46 ans, mariée, deux enfants, BTS Secrétariat).
39Ce n’est pas le fait d’avoir un diplôme qui importe seulement, puisque des diplômes équivalents au CAP ou d’un niveau bien supérieur sont détenus par la plupart des femmes interrogées. C’est le CAP Petite enfance qui est en jeu pour assurer l’avenir. Le passage par la VAE contribue ainsi au maintien dans l’activité, grâce au renouvellement de l’agrément désormais plus exigeant, tout en permettant de rêver à d’autres types d’emplois et à des conditions de travail différentes de celles qu’impose l’exercice à domicile. Néanmoins, s’il offre de nouvelles perspectives, le CAP ne garantit pas qu’elles pourront être atteintes.
… mais une conversion professionnelle difficile
40C’est principalement pour échapper au travail à domicile qu’interviennent les candidatures au CAP par la VAE, la majorité des femmes rencontrées tenant à rester dans le secteur de la petite enfance. Il peut s’agir d’obtenir un emploi proche de celui dont elles sont familières en travaillant dans une structure collective, bien souvent une crèche. Toutefois, si le CAP est obligatoire pour avoir accès aux emplois escomptés, il n’est pas suffisant :
« Quand j’ai eu mon CAP, j’ai envoyé 12 CV dans des crèches, dans des structures, je n’ai eu qu’un seul retour et il était négatif, parce qu’il n’y avait pas besoin de personnel. Je me suis renseignée pour passer la VAE d’auxiliaire de puériculture, mais il me faut de l’expérience en crèche, que je n’ai pas. Donc, je suis bloquée, le CAP Petite enfance ne semble pas suffisant pour travailler en crèche » (Mylène, 40 ans, mariée, trois enfants, brevet des collèges).
41Le diplôme d’auxiliaire de puériculture est en effet souvent exigé pour être embauchée dans une crèche. Si les recruteurs ne trouvent pas ce type de diplômées, ils peuvent recruter des titulaires du CAP Petite enfance, qui justifient toutefois d’une formation spécifique et ont suivi des stages en structures collectives. Mais comment suivre un stage lorsqu’on est soumise à différents contrats de travail et que le temps est compté ?
42Ainsi, l’expérience validée par la VAE n’est pas celle que requièrent les emplois auxquels aspirent les lauréates du CAP :
« À chaque fois, je me dis que je vais aller travailler ailleurs, en crèche ou en halte-garderie et à chaque fois que j’écris des courriers, c’est négatif. Ils demandent toujours de plus en plus de qualifications. Quand j’ai envoyé ma candidature pour travailler en crèche, on m’a dit que je n’avais pas l’expérience professionnelle dans les structures collectives. Il fallait qu’auparavant je suive une formation, puis que j’obtienne des stages. J’ai envoyé ma demande pour faire un stage en crèche, mais on m’a demandé de fournir une convention de stage. Comme je suis assistante maternelle agréée indépendante, je ne peux pas fournir une telle attestation, puisque mes employeurs sont les parents des enfants que je garde » (Isabelle, 38 ans, mariée, deux enfants, brevet des collèges).
43Ces conditions, bien différentes de celles qu’il fallait remplir lorsque les femmes interrogées sont devenues assistantes maternelles à domicile, rendent l’intégration dans une structure collective de la petite enfance quelque peu aléatoire.
44Certaines femmes tentent leur chance dans des écoles ou des collèges en qualité d’accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH). Mais là encore, et bien qu’aucun diplôme ne soit requis, les recrutements se font avec parcimonie, dans le cadre de contrats aidés, qui peuvent éventuellement être renouvelés en cas de besoin, trois fois au maximum. À l’issue des trois ans dans le meilleur des cas, leurs contrats prennent fin, sans qu’on leur propose une alternative professionnelle. C’est donc vers l’emploi d’assistante maternelle qu’elles se tournent à nouveau, alors qu’elles pensaient l’avoir définitivement quitté.
45Quant à celles qui souhaitent travailler dans les écoles maternelles, elles doivent au préalable réussir le concours d’agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM), être inscrites sur une liste d’aptitudes et chercher ensuite un poste disponible. L’inscription est valable un an renouvelable mais au bout de deux ans, si elles n’ont pas trouvé d’affectation, leur concours est déclaré caduc.
46Les emplois du secteur public sont les plus attractifs car ils offrent les conditions de travail et d’emploi souhaitées en plus d’un salaire régulier. Le recrutement y est cependant plus exigeant que pour l’installation en tant qu’assistante maternelle à domicile et impose une concurrence entre les candidates particulièrement redoutée des plus âgées et des moins pourvues en diplômes.
47Si le passage par la VAE raccourcit la durée d’accès au diplôme, le temps de la transition professionnelle reste long. Le changement d’emploi ne suit pas automatiquement l’obtention du CAP et peut prendre quelques années, dans lesquelles de nouvelles formations doivent prendre place. Les épreuves ne s’interrompent pas avec l’acquisition du diplôme espéré, elles prennent de nouvelles formes, ce qui peut se révéler très décourageant.
Lorsque sortir de sa condition est finalement impossible
48Même si les réponses recueillies via le questionnaire comme via les entretiens expriment généralement la satisfaction d’avoir obtenu le CAP, les conversions projetées n’ont que rarement eu lieu38. L’âge est un facteur déterminant de l’employabilité, puisque les recruteurs y sont très sensibles, comme l’« attestent le taux de chômage particulièrement élevé des plus de 55 ans et l’augmentation du nombre de travailleurs âgés qui se trouvent bloqués (“plafonnés”) dans leur développement de carrière39 ». Or les lauréates du CAP Petite enfance ont en majorité plus de 40 ans et certaines plus de 50 ans.
49Les perspectives sont également restreintes lorsque la scolarité a été interrompue prématurément et que le CAP Petite enfance apparaît comme l’unique diplôme accessible :
« Je suis arrivée en France à l’âge de 20 ans, je ne parlais pas français. J’ai fait ma scolarité au Cambodge, où j’ai obtenu l’équivalent du brevet des collèges. J’ai été aidée pour faire ma VAE, maintenant, je ne peux pas aller plus loin » (Yam, 42 ans, divorcée, deux enfants, brevet des collèges).
50Le manque de temps et de moyens financiers limite également les opportunités de conversion professionnelle, qui réclament souvent plus que le CAP. Si de nouveaux engagements dans des procédures de VAE sont envisagés par certaines femmes interrogées, afin d’obtenir des diplômes supérieurs au CAP sans passer par la formation, ils reposent sur des projets qui relèvent du temps long et supposent que plusieurs diplômes successifs peuvent être obtenus par la VAE, comme l’affirme Nathalie :
« Maintenant que j’ai réussi mon CAP Petite enfance, je me suis aperçue que j’étais capable d’obtenir un diplôme sans retourner en formation. Pour moi, aller en formation, ce n’est pas possible car je suis actuellement assistante maternelle et les parents comptent sur moi pour garder leurs enfants […]. J’aimerais plutôt refaire une VAE, pour valider le diplôme d’aide-soignante. J’ai travaillé à l’hôpital pendant cinq ans avant de devenir aide à domicile puis assistante maternelle […] et c’est cette expérience professionnelle là que je souhaite valider » (Nathalie, 43 ans, mariée, trois enfants, BEP Carrières sanitaires et sociales).
51L’accumulation de diplômes par la VAE est cependant peu probable, elle s’avère même assez difficile pour ce qui concerne le diplôme d’aide-soignante40.
52Plusieurs mois après l’obtention du CAP, les changements espérés restent en suspens. Les promesses de la VAE ont été tenues en termes d’accès au diplôme mais elles n’ont pas répondu aux espoirs de conversion professionnelle. Les changements, lorsqu’ils se produisent, sont plutôt horizontaux au sein de l’espace socioprofessionnel. Et ce sont les femmes titulaires d’un diplôme du supérieur acquis en formation initiale qui se montrent les plus ambitieuses et se disent prêtes à s’engager dans un processus de promotion en acquérant de nouveaux diplômes ; mais là encore plus souvent en passant par la VAE que par la formation :
« J’ai 43 ans, je suis encore jeune et je peux préparer mon avenir professionnel. J’envisage de me présenter à la VAE d’éducatrice de jeunes enfants. Je suis une ancienne institutrice, je vais donc me servir de mes acquis antérieurs, en plus de mon CAP Petite enfance, pour tenter cette nouvelle VAE. Mon niveau d’études est équivalent à celui requis pour ce diplôme et mon expérience d’institutrice en maternelle suffit largement. Et maintenant, j’ai obtenu en plus mon CAP. Tous ces éléments constituent des atouts qui m’aideront à réussir. S’il me manque des connaissances, je prendrai des cours par correspondance, je pourrai les financer, d’autant que c’est pour obtenir une meilleure situation professionnelle » (Anne, 43 ans, mariée, trois enfants, licence).
53Un tel optimisme n’est pas très répandu. Il provient d’une femme que la VAE et l’obtention du CAP ont remobilisée sur le plan professionnel mais dont le projet tient surtout à un diplôme et à une expérience professionnelle acquis bien antérieurement à l’expérience d’assistante maternelle, qui apparaît ici comme une parenthèse.
Conclusion
54En dépit de toutes les incitations des pouvoirs publics pour devenir acteur de sa carrière et même disposer de « la liberté de choisir son avenir professionnel » depuis la loi du 5 septembre 2018, les marges de manœuvre pour évoluer professionnellement restent inégalement accessibles. Si l’accès à un diplôme par la VAE compense certaines inégalités dues au fonctionnement du système éducatif ou de la formation continue, le lien entre le diplôme et l’emploi n’est pas plus étroit pour les personnes dont le diplôme valide les compétences obtenues par l’expérience que pour les jeunes qui sortent du système éducatif. De l’accès au diplôme au choix de son avenir professionnel, la distance est grande et réclame de nombreuses conditions pour être franchie.
55En dépit de leur expérience professionnelle et d’une durée d’activité souvent longue, et malgré les promesses associées à l’obtention d’un diplôme reconnu par l’État, les assistantes maternelles interrogées peinent à accéder à la conversion professionnelle à laquelle elles aspirent. Dans la mesure où cette conversion peut relever d’une activité qui reste inscrite dans la petite enfance ou l’éducation, la marche à franchir ne semble pas si haute a priori. C’est pourtant loin d’être le cas. Se former, acquérir un diplôme en étant actives, changer d’emploi, apparaît difficile pour les femmes de milieux populaires, même lorsque les frontières entre les activités qui leur sont familières et celles qui les attirent semblent ténues. Si l’obtention du CAP par la VAE redonne confiance en soi et en l’avenir, elle ne donne pas toutes les clés pour changer d’emploi et ouvrir le champ des possibles qui semblait se dessiner au moment de l’entrée dans la procédure de VAE.
Notes de bas de page
1Maruani Margaret, 2015, Travail et emploi des femmes, Paris, La Découverte.
2Briard Karine, 2019, Document d’études, no 234 : « Ségrégation professionnelle entre les femmes et les hommes : quels liens avec le temps partiel ? », Paris, Dares.
3Avril Christelle et Ramos Vacca Irene, 2020, « Se salir les mains pour les autres. Métiers de femme et division morale du travail », Travail, genre et sociétés, no 43, p. 85-102.
4Devetter François-Xavier, 2012, « Qualité de l’emploi et des conditions de travail des professionnel-le-s de la petite enfance », Politiques sociales et familiales, no 109, p. 9-22.
5Dares, 2017, Portraits statistiques des métiers 1982-2014, Paris, Dares.
6Maillard Fabienne, 2015, La fabrique des diplômés, Lormont, Le Bord de l’eau.
7Neyrat Frédéric (dir.), 2007, La validation des acquis de l’expérience. La reconnaissance d’un nouveau droit, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant.
8David-Alberola Élodie et Miomic Milan, 2008, « Le métier d’assistante maternelle », Études et résultats, no 636, p. 3.
9Ce diplôme dépend du ministère de l’Éducation nationale (MEN) et se situe au niveau 3 parmi les huit que comprend le cadre national des certifications professionnelles – lequel remplace la nomenclature des niveaux de formation, où le CAP était classé au niveau V.
10Branche-Seigeot Aline et Ballini Cécile, 2017, Dares Résultats, no 038 : « La validation des acquis de l’expérience en 2015 dans les ministères certificateurs. Le nombre de diplômés par la voie de la VAE continue de diminuer ».
11Abriac Dominique, 2020, Note d’information, no 20.49 : « Dispositif académique de validation des acquis : une baisse de 9 % des diplômes délivrés en 2019 à relativiser », Paris, DEPP. Cette note signale la réduction de moitié du nombre des candidats au CAP, depuis la transformation en 2018 du CAP Petite enfance en CAP Accompagnement éducatif petite enfance ; 2 000 candidatures ont été examinées en 2019. Le travail d’enquête à la base de cette contribution porte exclusivement sur le CAP Petite enfance.
12Kergoat Danièle, 2012, Se battre, disent-elles…, Paris, La Dispute.
13Mozère Liane, 2000, « Maman sérieuse cherche enfants à garder. Petits métiers urbains au féminin », Les Annales de la recherche urbaine, no 88, p. 82-89.
14Albérola Élodie, 2009, « La professionnalisation des assistantes maternelles : un processus en cours », Politiques sociales et familiales, no 97, p. 71.
15Seiller Pauline et Silvera Rachel, 2020, « Sales boulots », Travail, genre et sociétés, no 43, p. 25-30.
16Convention collective nationale des assistants maternels du particulier employeur du 1er juillet 2004. Étendue par arrêté du 17 décembre 2004, JORF 28 décembre 2004.
17Loi no 92-642 du 12 juillet 1992 relative aux assistants maternels, modifiée par la loi no 2005-706 du 27 juin 2005 relative aux assistants maternels et par le décret no 18-903 du 23 octobre 2018 relatif à la formation et au renouvellement d’agrément des assistants maternels.
18Durée qui peut être portée à dix ans dans certaines conditions, selon le décret no 18-903 du 23 octobre 2018 relatif à la formation et au renouvellement d’agrément des assistants maternels.
19Cartier Marie, 2015, Les assistantes maternelles ou la subordination chez soi ? Sociohistoire d’une relation d’emploi depuis 1977 en Loire-Atlantique, mémoire pour l’habilitation à diriger des recherches (HDR) en sociologie, université de Nantes. Le féminin a été choisi ici car les personnels de direction des PMI sont en majorité des femmes.
20Vozari Anne-Sophie, 2014, « Recruter de bonnes assistantes maternelles. La sélection à l’entrée d’un emploi féminin non qualifié », Sociétés contemporaines, no 95, p. 29-54.
21Tesson Carine, Bideau Gérard et Besacier Martine, 2010, « Les assistantes maternelles en 2008 : des accueils et des salaires variés », Politiques sociales et familiales, no 99, p. 97-106.
22Contrairement à ce qu’a pu affirmer le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, devant l’Assemblée nationale le 26 octobre 2022, les assistantes maternelles sont loin de gagner « trois smic en moyenne » (soit un smic par enfant gardé), propos qu’il a d’ailleurs contredit plus tard sous l’effet de la controverse intervenue.
23Cartier Marie, Halluin Estelle d’, Lechien Marie-Hélène et Rousseau Johanna, 2012, « La “sous-activité” des assistantes maternelles : un rapport au métier différencié selon le positionnement social », Politiques sociales et familiales, no 109, p. 35-46.
24Comme le signale Anne Lambert à propos d’amies dont l’une est la nourrice d’un enfant de l’autre, laquelle décide soudainement de ne plus lui confier son enfant à garder au nom de compétences qu’elle estime insuffisantes. Lambert Anne, 2016, « Échapper à l’enfermement domestique. Travail des femmes et luttes de classement en lotissement pavillonnaire », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 5, no 215, p. 56-71.
25Voir la page du site géré par la Caisse d’allocations familiales : Les relais petite enfance, [http://www.monenfant.fr/les-relais-assistants-maternels], consulté le 18 août 2022.
26Schweitzer Sylvie, 2002, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des femmes aux xixe et xxe siècles, Paris, Odile Jacob.
27Patou-Mathis Marylène, 2020, L’homme préhistorique est aussi une femme. Une histoire de l’invisibilité des femmes, Paris, Allary Éditions.
28Voir par exemple Champagne Clara, Pailhé Ariane et Solaz Anne, 2014, 25 ans de participation des hommes et des femmes au travail domestique, quels facteurs d’évolution ?, Paris, INED, documents de travail, no 203.
29Maillard Fabienne, 2013, « Les “petits” diplômes professionnels français dans la politique éducative et sur le marché du travail », Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, hors-série no 4, p. 167-187.
30Voir l’article de Solène Cordier, « Pénurie de professionnels, épuisement, risque de maltraitance : le secteur de la petite enfance à bout de souffle » publié dans Le Monde le 11 juillet 2022.
31Clot Yves et Prot Bernard, 2013, « La VAE entre repli sécuritaire et développement des compétences », Formation emploi, no 122, p. 139-150.
32Cortessis Sandrine, 2014, « La VAE, comme épreuve d’argumentation continue », Recherches et éducations, no 10, p. 95-116.
33Branche-Seigeot Aline et Ballini Cécile, 2017, « La validation des acquis… », précit.
34Honneth Axel, 2000, La lutte pour la reconnaissance, Paris, Gallimard.
35Tanguy Lucie (dir.), 1986, L’introuvable relation formation-emploi, Paris, La Documentation française.
36Rose José, 2008, « Valeur et reconnaissance des diplômes : une affaire d’appréciation », in Fabienne Maillard (dir.), Des diplômes aux certifications professionnelles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 306-307.
37Désormais conseil départemental.
38Dans la mesure où les transitions professionnelles réclament du temps et où certaines femmes interrogées étaient, au moment de l’enquête, en recherche d’emploi ou de formation, il n’est pas possible de fournir de données sur les suites de la VAE. Comme l’insertion des sortants du système éducatif, les transitions professionnelles relèvent d’un processus et pas du passage d’un état à un autre.
39Faurie Isabelle, Fraccaroli Franco et Le Blanc Alexis, 2008, « Âge et travail : des études sur le vieillissement au travail à une approche psychosociale de la fin de la carrière professionnelle », Le travail humain, vol. 71, no 2, p. 137-172.
40Branche-Seigeot Aline et Ballini Cécile, 2017, « La validation des acquis… », précit. Aucun chiffre plus récent n’est actuellement disponible.
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