Annexe I. Pour en savoir plus sur la vie musicale et dansante à Orléans (et ailleurs)
p. 331-341
Texte intégral
No 1. Projet de dépense du Concert d’Orléans pour l’année 1762
1(Publié par Henri Herluison et Paul Leroy, « Notes artistiques sur les auteurs dramatiques, les acteurs, les musiciens dans l’Orléanais », Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements, Paris, 1897, t. 21, p. 766-795, à partir d’un document autrefois conservé aux archives départementales du Loiret, détruit dans l’incendie de 1940).
MmeMonbrun | 1 200 livres |
MlleLupot | 700 |
Les sieurs Giroust maître de musique | 200 |
Moyreau claveciniste | 200 |
Foucard basse taille récitante | 300 |
Levasseur haute taille récitante | |
pour appointements | 100 |
à luy pour battre la mesure en l’absence du maître et avoir soin de la musique | 50 |
Gourgoulin basse taille | |
pour appointements | 80 |
à luy pour gratiffication | 20 |
Roland idem [basse taille] | 100 |
Vignon idem [basse taille] | 60 |
Leroy 2e haute contre récitante et des chœurs | 150 |
Levesque 2e haute contre des chœurs et symphoniste | 100 |
Hermant haute taille des chœurs | 80 |
Branche premier violon | |
pour appointements | 450 |
à luy pour gratiffication | 50 |
Budon 2e violon | 120 |
Darnault idem [2e violon] | 120 |
Leclair violon | 200 |
Sello violoncelle | 150 |
Mauban et sa fille | 250 |
François basson | 100 |
Fournier basson | 100 |
Desjardins flûte | 300 |
Le concierge | 50 |
Le suisse | 50 |
Total des appointements | 5 280 livres |
Frais annuels : | |
Loyer de la salle | 320 livres |
Bougie, chandelle et bois | 240 |
Copie de musique ainsi convenu | 200 |
Dépenses extraordinaires | 200 |
Total de la dépense | 6 240 livres |

2La recette résultant des abonnements monte jusqu’à ce jour 15 janvier à la somme de 3 800 livres, on peut espérer encore 4 ou 500 livres des abonnements indépendamment de la ville, de Mrs les marchands fréquentans, etc.
***
No 2. Annonces émanant de Jean Robert ou concernant bals et leçons de danse publiées par les Affiches de l’Orléanais entre leur démarrage (février 1764) et la fin de l’année 17711
• 10 février 1764
3BAL – Il y bal régulièrement les dimanche & jeudi ; il commence à 5 heures & finit à 8 et demie du soir ; ainsi nous n’annoncerons à l’avenir que ceux qui se donneront extraordinairement.
4 On trouvera chez le sieur Robert, l’un des Symphonistes du Bal, la musique & les figures des nouvelles contredanses gravées.
• 17 février 1764
5BAL – Les Bals de nuit commenceront dimanche prochain, & continueront les dimanches suivants, jeudi & mardi gras, indépendamment des Bals de jour. On prendra 30 sols par personne.
6 On trouvera chez le sieur Robert, l’un des Symphonistes du Bal, la musique, les figures & l’explication des nouvelles Contre-danses gravées : chaque feuille se vend 4 sols.
• 18 mai 1764
7BALS – Les musiciens symphonistes associés, qui ont donné des Bals à la Salle de Comédie pendant l’hiver & le carnaval dernier, se proposent de les continuer tout l’été les dimanches & fêtes, lorsqu’il n’y aura pas de spectacle. & dans la vue de plaire au public, qui a paru goûter ce genre d’amusement, ils ont disposé hors la Ville & à la portée des promenades, une salle commode, dont les abords seront faciles aux équipages, avec une grande cour pour les contenir. Ces Bals de Campagne commenceront dans la nouvelle salle au Faubourg St Marceau dimanche prochain, depuis 4 heures du soir jusqu’à 9. On prendra, comme à l’ordinaire, 12 sols par personne.
• 20 juillet 1764
8BALS – Les bals se donnent actuellement à la salle de la Comédie, rue du Colombier, tous les dimanches & fêtes depuis 5 h du soir jusqu’à 9. On prend 12 sols par personne.
• 17 août 1764
9BAL – Dimanche prochain, il y aura un Bal masqué, à 11 heures du soir, en la salle ordinaire des spectacles.
• 12 octobre 1764
10BAL – Dimanche prochain, il y aura Bal à la Salle ordinaire des Spectacles ; il commencera à 4 heures & finira à 8 du soir. On le continuera les dimanches & fêtes, jusqu’à l’arrivée de la troupe des Comédiens ; ainsi nous n’annoncerons à l’avenir que ceux qui se donneront extraordinairement.
11 On trouvera chez le sieur Robert, l’un des Symphonistes du Bal, la musique & les figures des nouvelles contredanses gravées.
• 2 novembre 1764
12BAL – Dimanche prochain, il y aura bal qui commencera à 5 heures, & finira à huit & demie du soir.
• 1er février 1765
13BALS – Les quatre Symphonistes associés, de la Salle des Spectacles, feront l’ouverture de leurs Bals Dimanche prochain 3 Février, à Minuit.
14On prendra 30 sols par personne.
• 8 février 1765
15BALS – Les quatre Symphonistes associés, de la Salle des Spectacles, donneront Bal Dimanche prochain 10 Février ; il commencera à Minuit. On prendra 30 sols par personne.
• 15 février 1765
16BALS – Les quatre Symphonistes associés, de la Salle des Spectacles, donneront Bal Dimanche prochain 17 Février ; il commencera à Minuit. On prendra 30 sols par personne.
17Il y aura de même Bal, mardi prochain 19 février.
• 1er novembre 1765
18BAL – Les Associés de la Salle de Spectacle donneront dimanche prochain, 3 novembre 1765, Bal Public, depuis 4 heures après midi juqu’à 8 du soir.
19Il y aura de même bal tous les dimanches & fêtes jusqu’au Mercredi des Cendres. On prendra 12 sols par personne.
• 24 janvier 1766
20BAL – Les Associés de la Salle des Spectacles, donneront dimanche prochain, 26 du présent mois, Bal depuis 4 h de l’après midi, jusqu’à 8 du soir, & le continueront tous les dimanches jusqu’au Mercredi des Cendres. On prendra douze sols par personne.
• 28 mars 1766
21VENTE – Le sieur Robert, au café du Midi, place du Martroi, ayant fait faire un billard neuf, est dans le dessein de vendre son ancien, avec tous les ustensiles pour y jouer. Il est très bon pour des particuliers qui voudroient s’en servir en ville ou à leur maison de campagne. S’adresser audit sieur Robert qui en fera bonne composition.
• 6 mars 1767
22Le sieur Robert, Maître de Danse, demeurant place du Martroy à Orléans, se propose de donner des leçons publiques de son Art aux jeunes Gens qui voudront s’abonner pour une année. Sa Salle sera ouverte trois fois par semaine, depuis 5 heures du soir jusque à 8, le Lundi, le Mercredi & le Vendredi. Il recevra des Abonnements en tout temps, à raison de 12 livres par an ; la modicité de ce prix, lui fait espérer un grand nombre de souscripteurs ; il ouvrira son école lundi prochain 9 du présent mois, & continuera de donner des Leçons en Ville.
• 5 février 1768
23BAL – Les associés de la Salle des Spectacles donneront dimanche 7 février bal de nuit, ainsi que les jeudi, dimanche & mardi gras, sans interruption du bal du jour.
• 7 avril 1769
24BAL – À la demande de plusieurs personnes, les associés de la Salle des Spectacles de cette Ville, donneront Bal tous les Dimanches et Fêtes, à commencer dimanche prochain 9 avril 1769. Ce Bal commencera à 6 h du soir & finira à 9 h. On prendra 12 sols par personne.
• 27 octobre 1769
25Les Comédiens devant faire l’ouverture de leur théâtre les premiers jours de novembre prochain, donnent avis que leur troupe est augmentée de plusieurs sujets & qu’ils joueront alternativement tragédies, comédies & opéras.
26Dans le courant du Carnaval, ils donneront sept grands bals de nuit & des Redoutes ou Bals de jour une fois par semaine, à commencer au mois de décembre. Le lieu de ces assemblées sera très agréable & très brillant par les décorations.
27Les Directeurs proposent une souscription pour les dames seulement. On prendra pour les 5 mois que la troupe doit rester à Orléans, 48 livres pour l’abonnement de la Comédie, & 60 livres si l’on veut être abonné pour les Bals & Redoutes.
28Les Comédiens donneront 16 représentations par mois, & s’ils en donnaient de plus l’abonnement seroit pour lors suspendu, ainsi que les jours où il y aura des acteurs de Paris.
29[…] On avertit que la salle de Spectacle, par le moyen des réparations que l’on vient d’y faire, sera très close, & beaucoup plus commode.
• 15 décembre 1769
30Le Sieur Robert, Maître de danses [sic], place du Martroi, donne avis qu’il vient de faire arranger deux salles rue Bannier, vis-à-vis la rue du Colombier, dont la première, où étoit ci-devant le Cabinet Hollandois, peut servir à faire noces, pique-niques, concerts, donner bals & Tragédies bourgeoises, y ayant un petit théâtre à demeure & solide, propre à ces sortes d’amusements, avec un cabinet à côté pour les rafraîchissements ; grande chambre au dessus à tenir une table ou fer à cheval de 50 couverts, & s’offrant de fournir aussi une symphonie, & une Garde pour maintenir la tranquillité.
31La seconde est dans une maison attenante, occupée par le sieur Bardon, sellier, & est destinée pour y apprendre à danser aux demoiselles seulement qui ne peuvent avoir chez elles toutes les commodités et facilités, & où le sieur Robert s’offre de leur montrer en très peu de jours, & dans le dernier goût, les nouvelles Contredanses, l’Allemande de sa composition, & de les perfectionner dans le Menuet, soit par jour, par mois ou par année.
32Les jeunes gens trouveront aussi la même facilité chez lui dans sa grande salle, au Café du Midi.
• 27 avril 1770
33Salle des Spectacles de la ville d’Orléans, à louer à présent, pour un ou plusieurs mois, ou pour l’Hiver prochain. S’adresser au sieur Besson, au Café de la Comédie, rue du Colombier.
• 3 août 1770
34Le quart en total [sic] de la Salle des Spectacles, à vendre. Elle est louée 1 200 # franche de toute imposition. S’adresser. à Me Dugué, notaire, rue & vis à vis les Grands Carmes, qui donnera communication des titres.
• 1er février 1771
35Le Sr Dunand des Carrières, marchand, rue Bannier près le Dauphin, donne avis qu’il vend toutes sortes de masques, tant fins que communs, & gants blancs à juste prix.
36Lorsqu’il y aura BAL DE NUIT, il sera préparé dans une chambre basse, vis à vis la Comédie, toutes sortes de rafraîchissements, comme liqueurs, bavaroises, oranges & c à bon compte ; & on y vendra aussi des masques et gants blancs pour hommes et pour femmes.
• 8 mars 1771
37Le Sr Poirier, Maître de Danses [sic], depuis peu arrivé à Orléans, donne avis qu’il enseigne par principes les nouvelles danses Allemandes à deux & à trois, le pas Anglois ou l’Angloise, & autres danses, tant sérieuses que bouffonnes ; il enseigne aussi les contredanses nouvelles chorégraphiquement, tant de sa composition que de plusieurs bons Auteurs & Amateurs. Sa demeure est rue Bannier, dans la maison du Sr Bardon, sellier, vis-à-vis la rue du Colombier.
• 26 avril 1771
38Le Sr Grandval, demeurant à Orléans, chez le Sr Besson, au Café de la Comédie, donne avis qu’il enseigne la musique, le goût du chant, & à pincer de la guitare ; & le Sr Delvigne, demeurant vis-à-vis le dit Café, montre à danser, ainsi que l’allemande, en très-peu de leçons. Ils vont aussi l’un & l’autre enseigner en ville.
• 20 septembre 1771
39Le Sr Dubois, Maître de Danse de Paris, & Élève des Sieurs Bourgeois de l’Opéra, ayant depuis peu fixé sa demeure à Orléans, offre ses services aux jeunes Gens pour leur montrer toutes sortes de danses, comme allemandes, menuets, contre-danses, tant anciennes que nouvelles, & contre-danses de caractères. Il enseigne aussi à jouer du violon, & tient sa partie dans les Concerts. Sa demeure est chez le Sr Ratouin, Luthier, rue Ste Catherine.
• 20 décembre 1771
40Le Sr Ménard, Maître de danses [sic] de cette Ville, donne avis qu’à la demande des jeunes gens, il vient d’établir une salle de danses rue & vis-à-vis la Grille des Minimes, où il enseignera les figures des contredanses les plus nouvelles, le menuet avec tous ses pas d’agrément, & autres sortes de danses. Cette salle sera ouverte tous les jours à cinq heures du soir ; elle est aussi très commode pour y donner bal & faire noces.
***
No 3. Les auteurs des contredanses publiées dans Le Répertoire des Bals
41Ce tableau regroupe l’ensemble des compositeurs de contredanses mentionnés au fil de cinq recueils du Répertoire des Bals conservés à la Bibliothèque de l’Opéra. Il permet de mesurer la place qu’y occupe Jean Robert d’Orléans.
42Les qualités attribuées ici à ces auteurs sont celles qui figurent sur les feuilles concernées. On remarque le poids des amateurs, anonymes ou non.
Vol. 1 | Vol. 2 | Vol. 3 | Vol. 4 | Vol. 5 | Total | |
Anonyme | 6 | 3 | 2 | 5 | 2 | 18 |
Anonyme amateur | 5 | 4 | 4 | 2 | 15 | |
Anseaume de Passi | 1 | 1 | ||||
Antoine Maître de danse | 1 | 1 | 2 | |||
Bacquoy Guédon Danseur du Théâtre François | 2 | 2 | ||||
Bardin amateur | 1 | 1 | ||||
Beaudri Maître de danse | 3 | 3 | ||||
Bionni Maître de danse | 1 | 1 | ||||
Blanchard le jeune | 2 | 2 | ||||
Bourgoin Maître de danse | 4 | 4 | ||||
Carel Maître de danse | 6 | 4 | 1 | 1 | 12 | |
Caumont amateur | 1 | 1 | ||||
Chevalier Maître de danse | 4 | 1 | 5 | |||
Denis Maître de danse | 9 | 9 | ||||
Deshayes Maître de danse | 2 | 3 | 5 | |||
Desplaces Maître de danse | 1 | 1 | ||||
Dubois danseur de l’Opéra | 3 | 1 | 4 | |||
Duflos amateur | 1 | 1 | ||||
Dufort père Maître de danse | 1 | 1 | ||||
Dusuel Maître de danse | 1 | 1 | ||||
Joly danseur de la Comédie Françoise | 3 | 3 | ||||
L*B* danseur de l’Opéra | 1 | 1 | ||||
La Hante Maître de danse | 1 | 1 | 1 | 3 | ||
Le Maître Maître de danse | 2 | 2 | ||||
Lequin Maître de danse | 1 | 1 | ||||
Martinet danseur de l’Opéra | 1 | 1 | ||||
Mendouze amateur | 7 | 7 | ||||
Papillon Maître de danse | 1 | 2 | 1 | 1 | 5 | |
Perreau Maître de danse | 7 | 7 | ||||
Perrin Maître de danse | 1 | 2 | 3 | |||
Perrin & Lahante [ensemble] | 2 | 3 | 5 | |||
Ramslow amateur | 1 | 1 | ||||
Regnault amateur | 2 | 2 | ||||
Robert Maître de danse | 7 | 7 | 14 | |||
Roger Maître de danse | 3 | 3 | ||||
Roque amateur | 1 | 1 | ||||
Sauton Maître de danse [père et/ou fils] | 1 | 1 | 12 | 14 | ||
Total | 31 | 35 | 36 | 30 | 30 | 162 |

***
No 4. Un bal idéal ? (1778)
43Ce texte anonyme publié par les Affiches du Poitou le jeudi 24 décembre 1778 présente un plan de réforme des bals sous lequel percent d’intéressantes informations sur la réalité des bals du temps.
44Il est ici présenté dans son intégralité et dans son orthographe d’origine. Toutefois des alinéas ont été créés pour en faciliter la lecture.
Lettre à Mademoiselle * * *
45Les Bals Publics autorisés par-tout, sont par-tout agréables, lorsqu’à la gaîté, qui y rassemble les persones des deux sexes qui aiment la danse, & à l’honêteté que chacun doit observer, se joint sous les ieux & par l’attention du Magistrat qui veille au bon ordre général, un arangement particulier, propre à empêcher la confusion & les inconvéniens qui peuvent résulter dans une assemblée nombreuse de l’exercice de ce plaisir innocent. Cet arangement inconnu autrefois, s’établit peu à peu depuis quelques années dans la plupart des grandes villes du Royaume, où ces bals publics s’apelent Redoutes, & qui ont lieu 2 ou 3 fois par semaine.
46On pourroit, Mademoiselle, l’introduire à Poitiers, où le beau sexe est aussi aimable & aussi intéressant qu’ailleurs ; ses charmes y gâgneroient encore, parce que tout ce qui favorise l’esprit social est avantageux aux femmes. C’est à elles à régler ce qui a raport aux plaisirs honnêtes où elles président.
47Cet arangement dont j’épargne les détails que plusieurs persones connoissent sans doute, lorsque la saison destinée particulièrement à la danse est présente ; lorsqu’on est convenu de s’assembler depuis telle heure jusqu’à telle heure, & c’est ordinairement depuis 6 heures du soir jusqu’à onze, dans la Salle de Spectacle ou tel autre endroit préparé à cet effet ; lorsqu’enfin toute la jeunesse de la bonne compagnie se réunit sous les ieux qui doivent la surveiller, pour goûter les divertissements de la saison ; lorsqu’un Directeur des Spectacles ou telle autre persone s’est chargée, de faire trouver en ce lieu un certain nombre de Musiciens à instrumens, parmi lesquels il doit y avoir au moins deux bons Maîtres de Danse, pour en diriger les figures, & si on peut le dire, les différentes évolutions ;
48Cet arangement, dis-je, consiste à faire annoncer que l’on y dansera telles & telles contredanses nouveles, afin que préliminairement la plupart des acteurs les ayent déjà étudiées chez eux ou dans les salles des Maîtres, pour qu’elles ne manquent pas lorsqu’il est question de les exécuter, ce qui fait dans ce cas un désordre d’autant plus désagréable que ce sont des instants perdus pour le plaisir ; à remettre à chacune des Dames qui s’annonceront comme voulant danser, un certain nombre de numéros correspondans relativement à celui des contredanses que l’on est convenu de danser, pour que chacune d’elles donne l’un de ces numéros, qui seroient faits de manière qu’on ne pouroit pas les contrefaire, à celui des cavaliers à qui elle voudra faire chaque fois la faveur de danser avec lui.
49Une fois réglé aussi que l’on danseroit à la fois tant de contredanses dans la salle, & ce seroit toujours la même pour tout le monde, ces numéros marqueroient encore de laquelle on seroit chacun par un second numéro, afin que l’on se trouve sur le champ à sa place. Chaque cavalier qui auroit un numéro, iroit sur le champ chercher la Dame qui a le pareil ; on saurait d’avance la contredanse que l’on doit danser, & au premier coup d’archet qui l’indiqueroit, on se mettroit en mouvement tous à la fois sans trouble & sans embaras : ce qui ajouteroit à l’agrément du coup d’œil, celui de l’ensemble & de l’harmonie. Il y auroit toujours entre chaque contredanse un intervalle d’un demi-quart d’heure, soit pour laisser reposer les Dames, soit pour les faire rafraîchir, soit enfin pour rappeler à ceux des danseurs qui pouroient les avoir oubliées, les figures de la contredanse que l’on va danser. Le nombre de ces contredanses désignées étant épuisé, on recommenceroit par la première. Il faudroit au moins en annoncer 8 ou 10 pour chaque bal.
50Comme pour cet amusement le sort des hommes dépendroit toujours des Dames, il est à croire que chacun d’eux s’empresseroit de mériter la préférence par des attentions & des honêtetés auprès de celle avec laquelle il désireroit de danser : & à cet égard les étrangers auroient la même ressource que les hommes connus.
51Je voudrois aussi que quiconque seroit proprement & décemment vêtu, soit hommes ou femmes, depuis la Noblesse jusqu’à la bonne Bourgeoisie, eût le droit de se présenter à ces assemblées, pour y partager le plaisir commun : car le plaisir égale les conditions, il fuit les prétentions & la vanité. Les grâces & l’honêteté doivent être admises par-tout.
52Je propose aussi, Mademoiselle, cette union dans votre Ville, parce qu’on l’observe dans les plus grandes Villes en pareil cas. Il seroit fâcheux que cette partie de mon projet, qui tend à raprocher les hommes & conséquemment à établir l’esprit social, fit manquer le reste. Il y a tant d’instans où les hommes se séparent & n’en sont pas mieux, qu’il seroit bien raisonnable que le plaisir les rapprochât au moins quelquefois. Que l’on prenne garde au surplus que je n’admets point dans ces fêtes le peuple qui peut les copier pour lui dans un autre endroit.
53Je pense, Mademoiselle, que cet arangement, en y faisant peut-être quelques changemens en augmentation ou diminution, que les circonstances ou le local peuvent indiquer, peut convenir à la bonne société de votre Ville, puisqu’on s’en trouve bien ailleurs. Si vous le proposez à vos compagnes, à vos amies, j’espère qu’il sera adopté. Qui est-ce qui ne recevra pas de la main des grâces & des talens, de nouveaux moyens de plaisir ? Voilà le moment de s’en occuper.
54L’intérêt que je prends à cette Ville, m’a fait espérer que vous en accueilleriez favorablement ce témoignage qui m’est encore inspiré par l’hommage particulier que je me plais à vous rendre. J’entends toujours que l’œil vigilant & citoyen de MM. les Magistrats de Police veillera sur ces assemblées. Quiconque y diroit ou y feroit la moindre impertinence en seroit chassé honteusement, & il ne faut pas craindre qu’il s’y en commît. L’honêteté publique règne toujours dans les assemblées nombreuses. C’est là qu’on se respecte davantage, parce qu’on est réciproquement surveillant les uns des autres.
55Je m’attache d’autant plus à l’arangement que je propose, que je suis sûr, par ce que j’ai vu ailleurs, pendant le cours de mes voyages, que son exécution empêcheroit beaucoup d’abus, d’inconvéniens & de désagrémens qui y arivoient avant qu’on l’adoptât, par les prétentions que favorisoit nécessairement un défaut d’ordre.
56(Au Château de… près… signé, le Chevalier de * * * Major d’Infanterie au service de la République de * * *)
Notes de bas de page
1Cette date conclusive, postérieure d’un an au décès de Jean Robert, a été choisie pour inclure les annonces publiées par ses successeurs – ou ceux qui ont tenté de l’être.

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