Conclusion
p. 249-256
Texte intégral
1Telle peut être présentée la vie d’Albert Laponneraye.
2Une présentation qui, avant d’être proposée au lecteur, est nécessairement passée par un double filtre : celui du travail de recherche et celui de sa mise en récit.
3Le premier de ces filtres définit le travail de l’historien, il permet d’en assurer la scientificité et de le différencier de toute autre forme d’écriture. Il a d’évidents avantages, mais il a aussi ses contraintes et, par conséquent peut susciter quelques frustrations. Parmi elles, il faut en premier lieu, mentionner l’obligation d’accepter que subsiste, dans le texte final, de nombreuses zones d’ombre dans lesquelles, faute de références précises, il nous est interdit de nous aventurer. Sans sources, aucune histoire n’est possible. Non pas que les archives nous fournissent une vérité qu’il suffirait de révéler au public ; mais si le travail de l’historien est d’interroger les traces héritées du passé, il convient bien que ces traces existent pour pouvoir être confrontées à d’autres traces, avant d’être analysées par un chercheur disposant des outils méthodologiques permettant de les questionner.
4Cette contrainte prend des formes particulières lorsque l’on rédige une biographie. La dimension psychologique grâce à laquelle le romancier donne de l’épaisseur aux personnages qu’il décrit, est ici, faute de sources fiables, le plus souvent exclue. Il faut passer sous silence des hypothèses qui viennent à l’esprit et proposer un tableau forcément incomplet de la vie du personnage sur lequel on a choisi de concentrer son attention1.
5Pour la réalisation de ce travail, j’ai, bien sûr, été confronté à ce type de limites. D’évidentes questions que me posaient la lecture des archives sont restées sans réponses :
6Quelle place occupe dans la construction de la personnalité de Laponneraye la figure de son père, éternel vaincu, mort alors que son fils n’est encore qu’un adolescent et défenseur acharné d’un vieux monde que ce dernier passe sa vie à combattre ?
7Comment peut-on imaginer le quotidien d’un misogyne aussi patenté que lui, vivant dans un univers privé exclusivement féminin : une mère, une sœur, auxquelles viennent s’ajouter en 1836, une épouse et une fille ?
8N’existe-t-il pas quelques tensions entre, d’un côté, des formes d’ambition et, d’un autre côté, le désintéressement affiché au nom d’une morale républicaine qui suppose un total effacement de l’intérêt personnel devant l’intérêt général ? quelle place souhaite-t-il occuper au sein de son « parti » ? quel rôle imagine-t-il pouvoir jouer lorsqu’il se projette dans la démocratie future ? De ce point de vue, les seules archives strictement privées qui soient parvenues jusqu’à nous – grâce aux lettres conservées par Mme Lebeau et recueillies par Sylvie Hennet – nous apportent d’intéressantes indications.
9D’autres questions, moins personnelles, et auxquelles les archives publiques auraient pu apporter quelques éclaircissements, restent également sans réponse :
10Quel lien pouvait-il exister entre Laponneraye et la franc-maçonnerie ? Nous l’avons vu participer à plusieurs réunions organisées par cette société sans que nous puissions trouver son nom parmi les tableaux des loges. Par ailleurs, sur le registre d’état civil enregistrant sa naissance, la signature d’un des employés de l’hôpital de Tours atteste, sans doute possible, qu’il était maçon, ce qui permettrait d’imaginer que la famille aurait bénéficié de solidarité de cet ordre pour l’accueil provisoire du nourrisson. Laponneraye lui-même utilise d’ailleurs souvent un vocabulaire où l’influence maçonnique est transparente.
11Qu’elles étaient ses relations exactes avec les sociétés secrètes blanquistes à l’époque de L’Intelligence, avec les communistes icariens et Étienne Cabet quelques années plus tard, ou encore avec Flora Tristan et son Union ouvrière ?
12Ne serait-il pas également possible de s’interroger sur les conditions dans lesquelles il a été transféré de Sainte-Pélagie en maison de santé, trouvant ainsi une liberté de fait qui lui permet de se marier et de concevoir une fille ? Ce statut indéniablement privilégié a-t-il pu être obtenu uniquement au regard de son état de santé et sans contrepartie ? N’y aurait-il pas eu, à ce moment, une négociation forcément inavouable, avec la préfecture ?
13À toutes ces interrogations, un romancier aurait certainement proposé des réponses à l’aide desquelles il aurait construit des intrigues et nous aurait montré un Laponneraye plus intime que celui présenté dans les lignes que l’on vient de lire.
14Mais toutes ces réponses n’auraient été que des extrapolations choisies parmi d’autres extrapolations, toutes aussi vraisemblables. S’engager dans cette voie change inévitablement la nature de l’ouvrage proposé au lecteur.
15Une biographie historique, justement parce qu’elle ne peut qu’imparfaitement pénétrer dans l’intimité du personnage étudié, doit se fixer d’autres objectifs : partir d’une trajectoire individuelle pour essayer de mieux comprendre le moment où s’est déroulée cette vie. Mais il est sans doute inutile de revenir sur ces questions abordées en introduction de ce travail.
16Après le filtre de la recherche, nous l’avons dit, il y a celui de la transposition des informations collectées en récit historique.
17Le texte que l’on vient de lire peut parfaitement illustrer l’importance de ce travail d’écriture, en rappelant, pour reprendre une formule de Lucien Febvre, que : « de toutes les sottes formules, celle du livre “qu’on ne récrira plus” court le risque d’être la plus sotte2 ». En effet, ici, sur un même sujet, j’ai pu proposer, à trente ans d’écart, avec des sources faiblement étoffées, mais une bibliographie fortement renouvelée, deux textes totalement différents. Si le « copier-coller », même remanié, n’a pu être retenu, c’est bien parce que les problématiques de départ, le questionnement posé aux sources, la manière d’aborder le sujet ont profondément évolué en trois décennies. Une histoire encore très marquée par l’étude des idées et des courants d’opinion, a laissé la place à une histoire surtout attentive aux cultures et pratiques politiques. Le rapport de l’historien au temps, la perception de la fonction de la presse et de son rôle dans l’invention de nouvelles manières d’appréhender l’activité partisane, l’influence de l’environnement culturel, d’abord marqué par le romantisme et, au fur et à mesure que nous avançons dans le siècle, de plus en plus « scientiste », sont, entre autres, des aspects qui n’avaient pas, ou peu, été abordés lors de la rédaction de ma thèse.
18La conséquence la plus importante de cette évolution est sans doute d’être passé d’une approche essentiellement diachronique – situer Laponneraye dans des continuums, des évolutions qui le dépassent : celle de l’historiographie de la Révolution française, celle du socialisme – à une vision plus synchronique, plus attentive à ce qui fait la spécificité du moment où il a vécu. C’est l’histoire d’un individu, dont la trajectoire, personnelle et unique, interagit en permanence avec un environnement culturel et politique qui m’a intéressé ici. C’est bien le frémissement d’une sensibilité contextualisée que j’ai souhaité faire surgir des sources consultées. Laponneraye, cesse alors d’être, au choix, soit un précurseur, soit un continuateur, pour redevenir prioritairement un « enfant du siècle ». Digne représentant de ce « montagnardisme » de la monarchie de Juillet que Jill Harsin3 définit comme « un républicanisme de l’excès et du sacrifice », profondément ancré dans la culture romantique du moment, mais également marqué par une vision ouvrière de la masculinité, sur laquelle reposerait une pratique de la violence – dans les actes ou/et dans l’idéologie et les discours –, ainsi qu’un grand sens de l’honneur et de la morale.
19Pourtant, lorsque, après sa mort, on s’est souvenu d’Albert Laponneraye, c’est presque toujours pour le situer dans une chaîne d’événements ou d’analyses dont il n’aurait été qu’un minuscule maillon. Un maillon qu’une érudition minutieuse obligerait de citer mais auquel il ne faudrait pas accorder une importance excessive.
20À moins que la mémoire de Laponneraye n’ait surgi un peu par hasard. C’est le cas pour le seul « lieu de mémoire » que le territoire français ait érigé en l’honneur de cet historien révolutionnaire du premier xixe siècle. Entre la rue Eupatoria et le boulevard Jean Royer, entre une voie célébrant une victoire alliée lors de la guerre de Crimée et une autre rappelant un ancien maire, grand défenseur de la droite de l’ordre moral, pourfendeur des libertés sexuelles – surnommé pour cela le « Père-la-Pudeur » – et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1974, la ville de Tours possède une rue Laponneraye (parallèle cependant à la rue George Sand). N’allons pas imaginer que cette dénomination se soit faite dans le plus grand enthousiasme des édiles de la préfecture d’Indre-et-Loire où, au demeurant, le bénéficiaire de cet hommage n’a pas fait grand-chose d’autre que de se donner la peine de naître. En fait, c’est plus par défaut que par conviction que ce choix s’est effectué. Nous sommes en 1905, dans le contexte de la préparation de la loi de séparation des Églises et de l’État. Le conseil municipal de Tours, renouvelé l’année précédente, est présidé par le sénateur radical Pic-Paris et comprend un certain nombre de conseillers « progressistes » comme les désigne L’Humanité de Jean Jaurès dans son édition du 3 mai 1904. Dans ce contexte, le conseil municipal nouvellement élu, affirme sa volonté d’effacer « toute trace de l’obscurantisme » de l’espace public. Les rues Saint-Sauveur, Saint-Paul et Sainte-Marthe sont donc débaptisées – si j’ose dire – pour devenir respectivement les rues Félix Pyat, Jean-Baptiste Clément et Eugène Pottier : trois communards sont ainsi honorés à la place du Christ et de deux saints majeurs du catholicisme. Cette référence à l’insurrection de 1871 ne plaît guère au ministre de l’Intérieur qui refuse ces dénominations et exige une nouvelle délibération du conseil municipal. Ce dernier doit donc remettre cette question à l’ordre du jour d’une de ses séances. C’est le 18 novembre 1905 que, sur rapport d’un certain monsieur Guibaire, il est décidé que la rue Saint-Sauveur prenne le nom d’Auguste Chevalier – donateur d’un legs pour créer des bourses familiales au lycée de Tours –, que la rue Sainte-Marthe devienne la rue de La Barre – « victime du fanatisme4 » – et que la rue Saint-Paul s’appelle dorénavant la rue Laponneraye : « ancien chef d’institution, républicain militant, [qui] a publié aussi des ouvrages classiques qui tous, ont un but d’éducation républicaine. Il avait fondé en outre la Voix du peuple en 18485 ». C’est donc uniquement parce que le ministère a refusé d’honorer Jean-Baptiste Clément, auteur certes du Temps des cerises mais surtout membre du Conseil de la Commune de Paris de 1871, que Laponneraye possède une rue à son nom. C’est ainsi, dans un contexte de modération, que l’auteur de la Lettre aux prolétaires fait son entrée dans l’espace public tourangeau. Notons d’ailleurs que le rapporteur ne semble le connaître que très imparfaitement et, ce qui n’a rien de surprenant, le présente plus comme un précurseur de l’éducation populaire que du socialisme. Il n’est alors pas étonnant que les conseillers municipaux de cette tendance aient, en ce 18 novembre 1905, refusé de voter cette délibération (ils se sont abstenus), s’indignant de « l’injuste décision du ministre » qui refuse d’honorer des noms qui « évoquent pour nous le souvenir de cette grande Commune dont ils furent membres », alors que la ville de Tours possède un boulevard Thiers « qui a présidé à l’écrasement des travailleurs défendant la République ».
21Ainsi, en ce tout début de xxe siècle, c’est sans gloire, et sans les voix des socialistes, que Laponneraye entre au panthéon des éponymes de nos rues.
22Mis à part cet épisode, la mémoire de Laponneraye n’a guère été entretenue.
23Très rapidement après sa mort, quelques rares ouvrages se sont revendiqués de ses travaux historiques pour s’inscrire dans leur prolongement. Charles Robin, propose en 1850, chez Penaud frères, une Histoire complète de la Révolution de 1848. Ouvrage formant la suite indispensable à toutes les Révolutions françaises publiées jusqu’à nos jours et principalement à celle de feu Laponneraye, un seul volume est paru, il s’achève avant que n’ait pu être abordées les journées de juin. Victor Tourly, publie dès 1849 une Histoire des héros et martyrs de la liberté, qui aurait dû être précédée de l’Histoire de la Révolution française, de Laponneraye, le texte de ce dernier manque et l’ouvrage semble n’avoir jamais été achevé. L’auteur ne fait en tout cas pas preuve d’un radicalisme à toute épreuve : il se félicite que la révolution de 1848 ait été respectueuse tant des propriétés que de la religion et critique « le système de Louis Blanc » qui, en voulant soumettre la propriété à l’association, s’apparenterait au communisme6.
24Et puis… plus grand-chose. Quelques mémorialistes font bien référence à l’auteur du Cours public, mais toujours de façon anecdotique et sans s’intéresser particulièrement à lui.
25Comme historien, ses travaux sont vite éclipsés par d’autres ouvrages qui s’imposent rapidement comme des références majeures, Jules Michelet, Ernest Hamel et Edgar Quinet bien évidemment pour l’historiographie républicaine, mais également, pour les socialistes, Louis Blanc et Jean Jaurès. Autant d’écrivains qui ignorent presque totalement l’auteur du Cours public. Le dernier cité, par exemple, ne s’en souvient que pour reprocher à ce « robespierriste exalté, qui adorait son héros comme un “saint” » de n’avoir « pas même signalé les grands efforts de Robespierre pour maintenir la paix » : reproche qui a un sens évident sous la plume du député pacifiste du début du xxe siècle, mais beaucoup moins pour un républicain des années 18307. L’Histoire de la Révolution française est bien rééditée en 1850, 1852 et 1853, mais elle disparaît ensuite des rayons des librairies. Les commentaires de la Déclaration des droits, eux, vont connaître deux réimpressions, toutes les deux réalisées à des moments de fortes tensions politiques suscitées par des succès électoraux de la gauche : une première fois en 1876 (Paris, imprimerie G. Masquin et Cie), l’année des élections législatives qui donnent, pour la première fois depuis la chute du Second Empire, une majorité aux républicains et créent les conditions d’une crise politique majeure ; une seconde fois en 1902 (Paris, E. Dubois), au moment de la victoire du Bloc des gauches. Ultérieurement, seuls les Mémoires de Charlotte Robespierre, susciteront l’intérêt des éditeurs : une première fois en 1987 (Paris, Présence de la Révolution), dans le cadre de la préparation des manifestations du bicentenaire, et surtout en 2006 (Paris, Nouveau Monde), avec une introduction de Jean-Clément Martin. Notons que ces Mémoires ont, eux, souvent été cités, habituellement par des auteurs de grande qualité, mais aussi parfois dans des ouvrages de moins bonne facture prétendant proposer une analyse psychologique, voire psychanalytique, de Maximilien Robespierre. C’est également, grâce à Hervé Leuwers, la sœur cadette de l’Incorruptible qui a récemment permis à Laponneraye de faire son entrée, avec bonheur, dans le monde de la bande dessinée8.
26D’un point de vue mémoriel, tout ceci ne pèse évidemment pas bien lourd.
27Laponneraye, à partir de là, n’est plus référencé que dans quelques ouvrages académiques. Précurseur du socialisme, voire du communisme, représentant du néobabouvisme, premier historien à avoir entrepris un travail de réhabilitation de Robespierre, membre du parti républicain, rédacteur en chef de journaux ayant connu une certaine influence… il n’est qu’un exemple illustrant un propos plus large, un soldat d’une armée qui ne lui accorde guère de visibilité, le témoin d’un moment, le plus souvent considéré comme secondaire, d’une histoire qui doit s’inscrire dans la longue durée.
28Que les choses soient claires : je ne trouve pas que ce relatif oubli de la mémoire relève d’une injustice flagrante qu’il conviendrait de réparer. Non que l’œuvre de Laponneraye soit négligeable, loin s’en faut, ni que sa vie ne mérite d’être rappelée, mais ni l’une ni l’autre n’aurait suffi à me convaincre de reprendre le travail entrepris dans les années 1980. Le livre que l’on vient de lire n’a jamais eu pour principal objectif de dissiper l’épais brouillard dans lequel le temps a enseveli la pensée de cet historien révolutionnaire. Il ne s’agit pas ici, de s’inscrire dans une tradition d’histoire des idées politiques, histoire pour laquelle, il faut bien le reconnaître l’apport de Laponneraye serait d’un intérêt assez relatif. Mais plutôt d’essayer de saisir une culture politique telle qu’elle se constitue à un moment et dans un contexte précis.
29Si Laponneraye a été vite oublié c’est que ses écrits sont rapidement apparus comme « datés » : le ton employé est trop exalté, la manière d’écrire l’histoire trop littéraire, l’identification de l’auteur trop évidente, le travail sur les sources trop négligé, par ailleurs son socialisme semble bien hésitant, il est rapidement accusé de manquer de scientificité, sa misogynie, son nationalisme, son bellicisme, son colonialisme représentent autant d’héritages que personne, tout du moins dans son camp, ne souhaite plus revendiquer. Il est alors bien difficile d’établir une continuité claire entre le radicalisme qu’il a pu incarner et les républicains et/ou révolutionnaires des périodes ultérieures.
30Or, c’est justement cet aspect vite « démodé » de Laponneraye qui représente, à mon sens, tout son intérêt. Écrivain prolixe il nous a laissé un nombre conséquent d’écrits de différents types – articles, essais, livres d’histoire et même un roman – dans lesquels transparaissent une sensibilité et une culture politiques. La force et l’originalité de sa pensée ne sont pas telles que cette culture et cette sensibilité puissent disparaître, comme écrasées par la puissance de ses idées. Il peut ainsi nous aider à mieux comprendre ce qui fit la singularité d’un moment politique. Pas comme une abstraction, mais bien dans un processus d’appropriation par un individu, différent de tous les autres individus ayant vécu à la même époque et ayant partagé, peu ou prou, les mêmes convictions. L’histoire d’une vie qui n’était pas écrite avant d’avoir été vécue, mais qui s’est construite en interaction permanente avec un environnement historique.
31Plus que l’étude d’un groupe ou d’un parti, ensembles plus englobants, cette vie nous permet, peut-être, de saisir la manière dont se fait concrètement la politique, par l’intervention d’individus dans l’espace public. Des individus qui s’influencent mutuellement et qui se dotent de convictions auxquelles ils donnent un certain contenu. Des individus qui font également un certain nombre de choix rendant leur trajectoire unique. Des individus qui sont « de leur temps » sans que leur vie ne puisse être prédéterminée par ce temps. Des individus qui nous permettent alors de comprendre les discontinuités de l’histoire politique et des idées autrement que comme des incongruités.
32Tel peut être l’apport de l’étude de l’existence d’Albert Laponneraye : héritier des déchirures de la Révolution et de l’Empire, acteur des renouveaux politiques et intellectuels de la première moitié du xixe siècle et qui a toujours conçu le présent dans lequel il vivait comme une étape dans un processus progressif et émancipateur.
33Une vision qui a évidemment suscité nombre de désenchantements mais qui en fait un incontestable « enfant du siècle », de son siècle.
Notes de bas de page
1Thomas Bouchet vient cependant d’explorer avec beaucoup de bonheur l’introduction de la fiction dans le récit historique (De colère et d’ennui, Paris, Anamosa, 2018).
2Le problème de l’incroyance au xvie siècle. La religion de Rabelais, Paris, Albin Michel, 1947, p. 28.
3Op. cit.
4Il s’agit bien évidemment du chevalier François-Jean Lefebvre de La Barre, couramment présenté comme un martyr de la laïcité et de la pensée rationnelle, exécuté le 1er juillet 1766 à Abbeville, après avoir été condamné, pour blasphème et sacrilège, par le tribunal de cette ville, puis par la Grand-Chambre du Parlement de Paris.
5Archives municipales de Tours, 1. D. 95, séance du 18 novembre 1905. Toutes nos informations proviennent de cette source ainsi que de l’édition du 31 novembre 1905 de L’Avenir. Journal républicain d’Indre-et-Loire. Je n’ai pas, en effet, trouvé d’informations utiles à ce sujet aux Archives nationales. Le carton F/1cI/191 qui devrait contenir un dossier Indre-et-Loire sur les dénominations de rues a de nombreuses lacunes (sans doute des vols), dont l’Indre-et-Loire. Le dossier F/1cI/151 qui pourrait contenir les mêmes informations propose deux dossiers sur l’Indre-et-Loire mais le plus récent date de 1895.
6Victor Tourly, Histoire des héros et martyrs de la liberté, annales du patriotisme et de la gloire du peuple français ; ouvrage précédé de l’Histoire de la Révolution française, par Laponneraye, Paris, Librairie patriotique illustrée, 1849, p. 101-107 et 135-153.
7Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française. 2. La législative, Paris, Éditions sociales, 1970 (1901), p. 194-195. Il fait, quelques lignes plus haut, un reproche semblable à Étienne Cabet. Rappelons qu’au lendemain des Trois Glorieuses, les républicains considéraient la guerre européenne comme le meilleur moyen de diffuser la révolution dans l’ensemble du contient et qu’ils développaient, en conséquence, une propagande ardemment belliciste.
8Hervé Leuwers, Mathieu Gabella et Roberto Meli, Robespierre, Paris, Fayard, 2017.

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