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    Plan détaillé Texte intégral Une propagande adaptée Les premières expériences journalistiques : L’Intelligence et La Propagande 1848 et La Voix du peuple de Marseille Notes de bas de page

    Un enfant du siècle

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre VII. Préparer l’avenir : diffuser

    p. 163-199

    Texte intégral Une propagande adaptée S’adresser au plus grand nombre La révolution du journal Les premières expériences journalistiques : L’Intelligence et La Propagande 1848 et La Voix du peuple de Marseille Un républicain en république Un quotidien en république Notes de bas de page

    Texte intégral

    Une propagande adaptée

    S’adresser au plus grand nombre

    1Pour Laponneraye, nous l’avons vu, la publicité donnée à un imprimé confère à son auteur une responsabilité qui relève bien plus d’un impératif civique que de critères esthétiques. L’heure d’une littérature démocratique et édifiante serait donc arrivée.

    2Pour atteindre cet objectif, il ne suffit cependant pas de produire des œuvres dont le contenu réponde à ce besoin, il faut également que celles-ci puissent être lues par un public populaire ayant peu accès aux livres. Se pose alors la question essentielle de la diffusion et de la réception des imprimés. En ouvrant son cours public, Laponneraye voulait participer à l’éducation d’un public ouvrier, ce qui est en accord avec une sensibilité alors très largement partagée1, mais qui nécessite des efforts particuliers : les enseignements proposés doivent être gratuits, c’est le cas de ceux de la rue Thévenot, et le prix des textes mis en circulation réduit au maximum.

    3De surcroît, par ses leçons Laponneraye cherche à politiser les « prolétaires » ; ce qui n’est concevable, dans un régime où le vote est considéré comme une fonction politique réservée à une élite sociale, que du point de vue de la gauche républicaine. Être républicain sous les monarchies censitaires, suppose de s’adresser, avec de faibles moyens, à l’immense majorité de la population qui est institutionnellement exclue de l’espace politique national.

    4Les leçons du cours public d’histoire de la Révolution rencontrent d’ailleurs un succès certain : 200 à 300 personnes se pressent, le dimanche à midi, pour les écouter et, dès la quatrième séance, le local s’avérant trop petit, il est décidé d’organiser une seconde session le lendemain soir2. Pourtant quelle que soit l’assistance du cours d’histoire, le public réuni, même deux fois par semaine, n’est pas à la hauteur des ambitions de son organisateur. Pour élargir l’audience, il est donc décidé de publier chaque leçon et d’en assurer la diffusion par l’intermédiaire des réseaux républicains. De surcroît, dès la cinquième leçon, le 4 décembre 1831, le cours est interdit par la préfecture, des scellés sont apposés sur le local de la rue Thévenot3, et les conférences de Laponneraye ne peuvent plus exister que sous la forme de petites brochures, imprimées rapidement, souvent dans la semaine4. Leur facture est plutôt grossière et on relève de nombreuses erreurs typographiques, ce dont l’auteur s’excuse auprès de ses lecteurs, tout en en faisant porter la responsabilité aux persécutions organisées par la police5.

    5La diffusion de tels opuscules est une pratique courante dans les milieux républicains du début de la monarchie de Juillet. Les sociétés des amis du peuple et des droits de l’homme, multiplient ces petits livrets qui abordent des thèmes précis ou proposent un compte rendu des procès intentés contre leurs militants6. Les leçons de Laponneraye sont d’ailleurs imprimées sur des presses largement utilisées par les réseaux républicains : à Sceaux chez Jean-Baptiste Grossteite7 et, à Paris, chez Sétier8, David9, et surtout Auguste Mie10 qui dirige l’atelier d’où sort une grande partie des publications de la gauche démocratique, notamment le quotidien La Tribune, ce qui lui vaut vingt-cinq procès d’assises et cinq procès correctionnels11. Vendues 25 centimes chaque livraison12 – un prix légèrement inférieur à celui du kilo de pain13 –, ces leçons peuvent circuler assez largement dans les milieux populaires des grandes villes14.

    6Le Cours public qui, contrairement aux publications des sociétés républicaines, constitue un ensemble ayant vocation à former un ouvrage complet, est ainsi distribué de manière fractionnée, ce qui permet aux acheteurs de répartir la dépense et rend la publication accessible à toutes les bourses, à une époque où le livre est un objet de luxe. Des reliures peuvent même être proposées, afin de rassembler les différentes livraisons pour former un vrai ouvrage : il est prévu quatre volumes de trente livraisons chacun, mais seuls les trois premiers ont vu le jour (aucun n’est arrivé jusqu’à nous15), les lois de septembre 1835 ayant obligé l’auteur à renoncer au quatrième16.

    7Grâce aux progrès de l’imprimerie, ce système de vente des ouvrages s’est répandu depuis le milieu des années 1820. Les œuvres de Voltaire, qui ont connu un succès sans précédent au début de la Restauration, 1,5 million d’exemplaires entre 1817 et 1824, sont proposées sous cette forme après cette date17, certainement pour toucher un public plus modeste. Des cours sont diffusés de cette manière, la périodicité accompagnant la progression de l’enseignement : le doctrinaire Abel-François Villemain, publie ainsi, en 1828 et 1829, le Cours de littérature française qu’il présente à la Faculté des lettres de Paris18. Les chansonniers choisissent également assez souvent ce mode de diffusion. Ils peuvent alors proposer des recueils écrits, soit par un – Jules Vinçard par exemple19 –, soit par plusieurs auteurs. Dans ce dernier cas, la publication périodique propose, sous une même couverture et à intervalles réguliers, des titres devant être chantés sur un « air connu ». Destinées au colportage, ces brochures, qui se multiplient autour de 1830, sont vendues pour une somme dérisoire, un général un sou, et diffusées aussi bien en milieu urbain que rural20. Dans tous les cas, il semble que la motivation essentielle des auteurs qui choisissent de fractionner la diffusion de leur œuvre, soit de toucher un public plus populaire que celui fréquentant habituellement les librairies. Il est peut-être aussi possible de voir dans ce mode de diffusion une sorte de préfiguration du « médiatique » tel que l’a défini Dominique Kalifa : « la fusion de toute création dans son support et la transformation de celui-ci en marchandise, dotée d’une forte visibilité matérielle, de modes industrialisés de reproduction ou de représentation, de circuits élargis de diffusion21 ». C’est bien à une préoccupation de cet ordre, mais sans avoir les moyens de sa mise en œuvre, que la multiplication des ouvrages proposés par livraisons souhaite répondre. Les progrès ultérieurs de la technologie, en matière d’impression, de fabrication du papier et de l’encre, auraient alors permis de réaliser, dans une perspective commerciale, un programme imaginé antérieurement.

    8Laponneraye n’a donc rien inventé, il utilise un procédé assez répandu qu’il met au service de la cause républicaine. La démocratisation de l’imprimé ainsi rendue possible a, pour lui et son parti, un intérêt évident. À tel point qu’il pense que ce mode de diffusion a été une innovation des « patriotes » et qu’il en aurait été lui-même l’initiateur22. Toujours est-il qu’il lui reste fidèle tout au long de sa vie, non seulement lorsqu’il rédige des ouvrages politiques, mais également quand il propose ses travaux d’historien23. En mai 1849, quelque temps avant sa mort, Laponneraye annonce encore, dans La Voix du peuple de Marseille, son intention de publier une Histoire des révolutions religieuses et sociales, depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours, en 100 livraisons de 48 pages, vendues 40 centimes l’unité et dont les premières pages paraissent dans la feuille des « démoc-soc » marseillais24. En 1847, il publie son Histoire de France. Dans un environnement marqué par une très forte concurrence de titres traitant exactement du même sujet25, pour justifier la spécificité de son travail, il ne met pas en avant son contenu, mais son mode fractionné de diffusion qui le rend « plus à la portée de la généralité des lecteurs », en comparaison, par exemple, à l’Histoire des Français de Sismondi, publiée en 31 volumes vendus 7 francs l’unité26.

    9De plus, la vente par livraisons, pourrait permettre à son auteur de faire des références à l’actualité récente, de s’inscrire dans le temps politique, celui de l’immédiateté, même lorsqu’il rédige un texte d’histoire. C’est ainsi que la quatrième leçon du Cours public, prononcée le 27 novembre 1831, peut saluer l’insurrection des canuts lyonnais qui a eu lieu quelques jours auparavant27. Une pratique que Laponneraye abandonne cependant assez rapidement.

    10Si elle a des avantages, la vente fractionnée des ouvrages n’en est pas moins fort contraignante : toutes ses publications paraissent au rythme d’une livraison chaque semaine, parfois tous les quinze jours. Pour les rédiger Laponneraye doit s’imposer une discipline qui peut être assez pénible pour une personne souffrant d’une maladie chronique du cœur, d’autant plus qu’une partie des leçons du Cours public, a dû être écrite dans une cellule de Sainte-Pélagie. Une contrainte qui peut l’obliger à restreindre d’autres activités, notamment partisanes.

    11Le procédé, au demeurant, n’a pas eu d’effets convaincants. Les tirages restent dans la moyenne des ouvrages de facture et de contenu comparables : les leçons du Cours public, par exemple, sont imprimées, à de rares exceptions près, à 1 000 exemplaires28, tout comme les Œuvres choisies de Robespierre29, l’Histoire des grands capitaines30, ou la Défense [du] 21 avril 183231. L’Histoire de la Révolution publiée en 1844 connaît un meilleur sort avec 4 000 exemplaires32, mais le plus fort tirage, avec un minimum de 21 000 exemplaires, est celui de la Déclaration des droits de l’homme de 1793, avec des commentaires de Laponneraye33. À titre de comparaison, les brochures de la Société des droits de l’homme imprimées chez Herhan étaient généralement tirées à 4 000 exemplaires34 et, en 1845, 80 000 exemplaires, de la série en 10 volumes de l’Histoire de la Révolution française d’Adolphe Thiers avaient été achetés35. La multiplicité des titres, la régularité des parutions, font de Laponneraye un auteur prolixe, mais aucun de ses ouvrages n’a connu de véritable succès de librairie, même si leur diffusion n’a rien de négligeable.

    La révolution du journal

    12Tous les arguments employés par Laponneraye en faveur de la publication par livraisons de ses ouvrages, le poussent à s’intéresser de près à la presse.

    13Trois ans avant qu’il se lance dans l’aventure journalistique, il publie un long article présentant les avantages qu’il attribue à ce support36. Il est remarquable que, pour aborder ce sujet, il s’inscrive résolument dans le temps présent : « à une époque comme la nôtre où les gros livres font peur, où l’on vit pour ainsi dire au jour le jour, où les événements se succèdent avec une si effrayante rapidité, les journaux doivent nécessairement être la pâture quotidienne des masses ». Lui qui ne cesse de répéter à l’envi que le destin de sa génération est de rejouer la tragédie révolutionnaire pour l’amener à son terme, ne fait plus aucune référence à ce passé glorieux lorsqu’il parle de la presse, malgré l’importance, tant quantitative que qualitative, des journaux révolutionnaires et des réflexions qu’ils avaient suscitées37. C’est bien dans une temporalité résolument moderne qu’il se situe pour essayer de penser le rôle social et politique du journalisme, et la connaissance historique ne lui semble, dans ce domaine, d’aucune utilité. Sous la Restauration, c’est-à-dire très récemment, la presse serait devenue « un quatrième pouvoir » – une expression venue d’outre-Manche38 que Laponneraye emploie cinq ans avant Balzac39 – capable de « renverser en trois jours, par la seule influence morale qu’elle exerce sur les masses, un trône qui comptait huit siècles de durée ». Elle jouerait donc un rôle essentiel, sans équivalent dans l’histoire. Elle appartiendrait au seul xixe siècle, et plus précisément aux années qui suivent les Trois Glorieuses, lorsque s’impose « une nouvelle perception du temps historique, la première émergence de la modernité40 », un nouveau régime d’historicité qui, puisqu’il a vocation au prosélytisme, nécessite l’usage de nouveaux médias à parution périodique, comme l’a pertinemment montré Christophe Charle41.

    14La presse nous explique Laponneraye, parce qu’elle atteint des tirages nécessairement supérieurs à ceux des livres, même vendus par livraisons, parce qu’elle circule facilement de la main à la main en multipliant ainsi le nombre de ses lecteurs, parce qu’elle est plus facile d’accès que les ouvrages volumineux, « pénètre dans les plus petits hameaux, dans les plus chétifs réduits, est dévorée par tout le monde enfin ». Peu importe que ces assertions relèvent de la déclaration d’intention, à une époque où les journaux ne connaissent que des tirages modestes, restent des objets chers, peu lus dans les milieux populaires et socialement discriminants42. L’essentiel est que s’exprime ici la conviction que la presse appartient à la modernité, qu’elle est un moyen nouveau, d’une efficacité redoutable, du combat politique, qu’elle répond aux attentes du public contemporain et qu’elle est un média en devenir. À ceux qui reprochent le caractère éphémère des publications périodiques, Laponneraye répond d’ailleurs que si chaque numéro est immédiatement remplacé par le numéro suivant, le journal lui-même, justement parce qu’il se reproduit tous les jours, reste présent dans le quotidien des lecteurs pour former une « œuvre complète ». De ce point de vue, contrairement aux idées reçues, les journaux seraient moins éphémères que les livres, souvent oubliés peu après leur publication. La presse est bien le meilleur moyen qui soit offert à ceux qui veulent commenter une actualité en perpétuel renouvellement par « un feu roulant d’articles qui se succèdent comme les éclats réitérés de la foudre dans un violent orage ». Parier sur la presse, comme le fait Laponneraye en ce milieu des années 1830, signifie une volonté de s’ancrer résolument dans le présent tout en se projetant dans l’avenir : c’est s’inscrire résolument dans un régime moderne d’historicité.

    15Lorsque la promesse de l’imminence d’une nouvelle révolution tarde à se réaliser, quand la période ouverte par les Trois Glorieuses se distingue de plus en plus clairement de celle qui commença quarante et un ans plus tôt par la prise de la Bastille : alors le journalisme devient le meilleur moyen pour diffuser ses idées, organiser un combat de longue haleine et s’imposer dans un espace politique résolument moderne. La Révolution française ne se répétant pas, tout du moins au même rythme, son histoire perd une partie de sa valeur prédictive. L’étude historique reste essentielle pour comprendre le sens caché des événements, en revanche, elle permet de moins en moins de proposer des modèles qu’il suffirait de reprendre tel quel43. Dans un régime moderne d’historicité, l’histoire est moins évidemment partisane et affirme de plus en plus ses ambitions « scientifiques ». Pour un « homme de lettres », l’activité militante se déporte alors naturellement vers le journalisme, la seule qui soit vraiment efficace44.

    16Pour autant si la presse est porteuse de très grandes potentialités démocratiques, son contenu reste évidemment très en deçà des attentes d’un républicain de la monarchie de Juillet. La cause n’en serait pourtant pas imputable au support lui-même, mais plutôt à la manière dont les journaux sont gérés. Créés dans le seul but d’être rentables – « comme on fait des habits, comme on fait des bottes » –, ils céderaient généralement à la facilité, afin d’obtenir le plus grand nombre possible d’abonnés, et renonceraient à leur rôle éducatif. Parce qu’ils seraient devenus un véritable pouvoir, ils attireraient des plumes vénales, se mettraient au service de coteries et ne se soucieraient absolument pas « des souffrances du peuple, de mettre à nu les plaies sociales, de fronder les abus et de proposer d’utiles réformes ». La presse souffrirait donc, elle aussi, de l’immoralité de la société et devrait être réformée dans un sens démocratique. Sa mission serait alors de faciliter la circulation des opinions et des idées dans un espace public national trop vaste pour permettre des échanges directs entre les citoyens. De surcroît, lorsque la loi restreint le droit de réunion, comme le font les articles 291 et suivants du Code pénal45 renforcés par une loi du 10 avril 183446, et que la police empêche les républicains de se réunir, la presse serait le seul moyen dont disposeraient ces derniers pour échanger leurs points de vue.

    17Cet état d’esprit se manifeste clairement lorsque Laponneraye essaie, après l’échec de L’Intelligence, de lancer un nouveau titre : Le Club. Dans le prospectus rédigé pour cette feuille, tout en reconnaissant la supériorité de la parole sur la presse, il revient sur l’impossibilité de tenir des réunions et propose de fonder un journal qui serait une tribune libre permanente, ouverte à tous ceux qui souhaitent discuter « de l’application la plus large du principe démocratique47 », un substitut imprimé de club politique en quelque sorte. La direction de ce périodique devrait donc « s’effacer complètement » et ne jouer qu’un rôle d’animation du débat « comme pourrait le faire un président d’assemblée ». Au moment où se multiplient les titres de gauche – c’est en cette même année 1841 que sont lancés, avec des fortunes diverses, La Fraternité48, L’Humanitaire49, Le Travail de Lyon50 et Le Populaire de 184151 –, dans un contexte de tensions et de concurrences entre les différentes fractions républicaines, alors que les plus radicaux d’entre eux commencent à se regrouper séparément, comme en témoigne la tenue, l’année précédente, du banquet communiste de Belleville52… Laponneraye veut œuvrer à l’unité, en luttant « contre les tristes divisions qui partagent le parti démocratique en vingt camps hostiles et rivaux ». Une tâche dont la réalisation suppose la reconnaissance et la confiance de l’ensemble des courants qui traversent les milieux républicains. Laponneraye ne disposant pas de tels atouts, le projet, que devait distribuer le libraire Rouanet, fait long feu ; les 2 000 abonnés qui auraient été nécessaires au lancement de cette feuille ne furent certainement jamais atteints.

    Les premières expériences journalistiques : L’Intelligence et La Propagande

    18C’est dans cet état d’esprit que Laponneraye, bénéficiant de l’amnistie du 8 mai 183753, décide « de remonter immédiatement sur la brèche » en créant un journal, ce qu’il fait « avec un véritable enthousiasme », se souvient-il cinq ans plus tard54. Commence alors l’aventure de L’Intelligence qui mobilise son énergie pendant trois ans.

    19La publication d’un journal radical à destination d’un public populaire – même si elle répond à une préoccupation très largement partagée par les militants de ce courant55 – n’est pourtant pas chose aisée en cette année 1837. Tout d’abord parce que la presse est généralement considérée comme un support s’adressant prioritairement aux élites sociales, tout autant à cause de son prix, de l’importance de l’illettrisme que de sa forme très austère ; mais aussi, et surtout, parce que l’appareil répressif de l’État s’est considérablement renforcé depuis la révolution de juillet 1830.

    20La loi du 16 février 1834 « sur les crieurs publics » rend impossible la vente dans la rue, au numéro, des journaux ; et, surtout, la loi du 9 septembre 1835 représente une incontestable limitation de la liberté de la presse, pourtant garantie par la Charte56. Non seulement, il est interdit de s’en prendre à la personne du roi (articles 2, 3 et 4), mais aussi de se dire républicain (article 7), d’attaquer la propriété ou « diverses classes de la société » (article 8), de publier des comptes rendus de procès « pour outrages ou injures » – ce qui permettait d’imprimer ceux-ci sans tomber sous le coup de la loi – (article 10), ou encore d’ouvrir une souscription afin de payer une amende à laquelle aurait été condamné un écrivain ou un journaliste d’opposition (article 11). De surcroît, le cautionnement que doit déposer le propriétaire d’un journal est sérieusement augmenté. Pour les départements de la Seine, de la Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne, il est fixé à 100 000 francs – une somme considérable – s’il parait plus de deux fois par semaine, 75 000 francs s’il est bihebdomadaire, 50 000 francs s’il s’agit d’un hebdomadaire et 25 000 francs s’il parait plusieurs fois par mois. Les quotidiens de province, quant à eux, doivent déposer une caution de 25 000 francs dans les villes de plus de 50 000 habitants et de 15 000 francs dans les communes moins importantes, ces sommes étant ramenées à la moitié pour les autres périodiques (article 13). Notons, d’ores et déjà, que, dans tous les cas, les mensuels sont dispensés de cautionnement (article 14)57.

    21La législation est évidemment défavorable au projet de Laponneraye : non seulement il ne lui est pas possible de défendre ouvertement ses convictions par voie de presse, mais, de surcroît, pour créer un titre – il pense à un hebdomadaire – il doit réunir 50 000 francs, ce qui correspond à près de quarante années de salaire ouvrier, à sa consommation de pain pendant cent cinquante-sept ans et à huit cent trente-trois ans de loyer d’un mineur d’Anzin58. Autant dire, qu’avec de telles contraintes la tâche peut sembler insurmontable. D’autres d’ailleurs s’y sont déjà cassé les dents : suite à de multiples poursuites, aux amendes et à l’importance des cautionnements exigés, la quasi-totalité des titres de l’opposition de gauche ont disparu – seul Le National fait exception –, comme La Tribune, Le Réformateur de Raspail, le premier Populaire de Cabet, ou, dans un registre un peu différent, La Caricature de Charles Philipon59.

    22Toute l’histoire du journal L’Intelligence – dont Laponneraye donne sa version, à la demande de Cabet, dans un article du Populaire de 184260 – est marquée par une série d’astuces imaginées par son fondateur et principal rédacteur pour contourner ces entraves à la liberté de la presse.

    23Pourtant, dans un premier temps, Laponneraye semble avoir compté sur la mobilisation, derrière son projet, du parti républicain et de ses partisans. Après de nombreuses sollicitations, il aurait même obtenu suffisamment de promesses de prêts pour penser pouvoir déposer le cautionnement nécessaire, et lancer le prospectus de L’Intelligence, journal du droit commun, dans le courant du mois de juin 1837. La parution serait hebdomadaire, tous les jeudis, et l’abonnement coûterait 10 francs par an. Très vite cependant, il faut déchanter, les soutiens se désistent un à un : non seulement l’aventure était très risquée mais de surcroît sa réussite aurait, sans doute, donné à Laponneraye une importance au sein du parti républicain qui n’était pas forcément du goût de tout le monde.

    24Il décide donc de passer par un autre biais. Le 19 juillet 1837, il se présente à l’étude de maître Alagnier, notaire à Paris, pour y déposer les statuts d’une société en commandite par actions, « Laponneraye et Cie », « formée pour la publication d’un journal politique et littéraire, intitulé L’Intelligence61 ». Laponneraye est le directeur-gérant de cette société dont il s’assure le contrôle. L’objectif est d’arriver à placer 5 000 actions à 10 francs – Laponneraye en détiendrait autant – afin de déposer le cautionnement exigé par la loi (article 7 des statuts), les actionnaires obtenant un intérêt de 6 %, ainsi qu’une part des bénéfices et de la propriété du journal (article 9). Tout en cherchant des actionnaires, le fondateur de L’Intelligence dépose, le 4 septembre 1837, le titre du journal62, dont il déclare être le seul propriétaire, ses bureaux s’installent au 6 rue de l’Échiquier, dans le 3e (actuellement 10e) arrondissement, tout près du croisement avec la rue du faubourg Saint-Denis où Laponneraye continue de résider ; l’imprimerie doit être celle de « d’Urtubie, Worms et Cie63 » qui assure en 1838, entre autres, la sortie du Journal de Paris64, ce qui dénote d’un éclectisme excluant l’utilisation de réseaux strictement militants. Cette démarche n’échappe évidemment pas à la vigilance de la police65. L’entreprise capitaliste ne rencontre cependant pas plus de succès que l’entreprise militante : lorsque L’Intelligence disparaît, en avril 1840, seulement 750 actions, sur les 5 000 souhaitées, ont pu être placées.

    25Il n’est pourtant pas question de renoncer ; mais force est de constater que les ambitions initiales doivent être revues à la baisse. C’est donc sous la forme d’un mensuel – c’est-à-dire dispensé de cautionnement – que parait, en septembre 1837, le premier numéro de L’Intelligence, journal du droit commun, conservé par la Bibliothèque nationale de France. Le directeur de la publication justifie cette parution mensuelle – elle ne serait que provisoire en attendant la réunion des 50 000 francs nécessaires –, minimise ses conséquences tant quantitative – un mensuel de 16 pages contient autant de texte qu’un l’hebdomadaire de 4 pages – que qualitative – « dès qu’un journal ne paraît pas quotidiennement, il ne peut prétendre piquer la curiosité que par les principes qu’il émet » –, et cherche à rassurer les souscripteurs et abonnés auxquels il a promis un hebdomadaire dont le premier numéro était annoncé pour le 6 juillet précédent. Pourtant, quels que soient les arguments utilisés, il est évident que ce premier numéro ne répond pas aux attentes de son fondateur qui a besoin d’une parution plus régulière afin d’affirmer sa présence, et celle de ses opinions, dans l’espace public.

    26Pour arriver à ses fins, Laponneraye imagine alors un stratagème : publier L’Intelligence dans une ville de province pas trop éloignée de la capitale, faire livrer les exemplaires, une fois imprimés, par ballots à Paris, véritable siège de la rédaction, et, de là, les expédier aux abonnés. Il espère ainsi payer uniquement les 7 500 francs de cautionnement demandés pour les périodiques provinciaux des villes petites et moyennes, au lieu des 50 000 exigés pour les hebdomadaires de la Seine. La dépense a beau être réduite de 85 %, elle n’en reste pas moins substantielle et supérieure à ce qui a pu être récolté jusque-là, soit par souscription, soit par vente d’actions. Il faut donc trouver, en la personne d’Alexandre Mayenobe, un mécène qui accepte de participer à cette aventure, fournisse la caution et devienne le nouveau gérant de L’Intelligence66. Ce dernier n’est pas encore très connu des services de police, né à Murat dans le Cantal le 25 janvier 1813, fils d’officier, propriétaire, son engagement politique est cependant suffisamment important pour qu’il soit nommé, au lendemain de la révolution de Février, sous-commissaire du gouvernement dans le Cantal, où il réside dans sa commune de naissance, poste qu’il occupe du 24 février au 9 août 1848. Le 15 janvier 1852, le sous-préfet propose de l’éloigner un certain temps du département, avec d’autres « mauvais drôles » surveillés pour leurs opinions socialistes67.

    27La ville d’Orléans est choisie, pour sa proximité relative de Paris – il faut quand même un peu plus de huit heures pour parcourir la distance en malle-poste68 –, parce que sa population est inférieure à 50 000 habitants69 et à cause des réseaux de soutien que l’on peut y mobiliser. Le département dispose alors d’un bihebdomadaire d’opposition, Le Journal du Loiret édité et imprimé par Danicourt-Huet qui va assurer la sortie de L’Intelligence et dont les locaux vont servir de siège officiel à sa rédaction. Le journal de l’opposition orléanaise manifeste d’ailleurs à plusieurs occasions sa sympathie pour la feuille de Laponneraye, soit en en publiant des extraits, soit en se faisant l’écho des persécutions auxquelles elle est soumise70. Louis, Amand Danicourt, est né en 1795 à Clermont de l’Oise : fils d’imprimeur il reprend, en octobre 1824, l’atelier de Madame Huet dont il a épousé la fille. En 1838 il est étroitement surveillé par la préfecture du Loiret qui organise diverses poursuites contre Le Journal du Loiret, une surveillance qui tourne à l’obsession, à tel point que le ministre de l’Intérieur est parfois obligé de calmer les ardeurs persécutrices de son représentant dans le département71. En juin 1844, Danicourt-Huet est associé à Laurent-Antoine Pagnerre, important libraire républicain, futur député à l’Assemblée constituante de 1848, et qui reprend son atelier le 29 mai 184672. Le simple fait qu’il ait été choisi pour l’impression de ce nouveau périodique suffit à la Préfecture du Loiret pour annoncer que L’Intelligence doit être « une feuille d’opposition73 », ce que confirme son nouveau sous-titre : « journal de la réforme sociale ». L’hebdomadaire, imprimé à 2 000 exemplaires paraît tous les samedis à partir du 7 octobre 1837, il retient immédiatement toute l’attention de l’autorité. Le 13 octobre, un nouveau courrier du préfet est envoyé à son ministre de tutelle : Laponneraye y est désigné comme un ancien membre de la Société des droits de l’homme et le journal est présenté comme une sorte de pot-pourri des idées saint-simoniennes, fouriéristes « et par-dessus tout des déclarations en faveur de l’égalité ». Surtout, le stratagème de Laponneraye est éventé, le préfet dénonce le contournement de la loi que représente l’impression de ce périodique à Orléans, dans le seul but de ne pas avoir à payer le cautionnement exigé pour les hebdomadaires parisiens. Même si la feuille ne semble pas bien dangereuse – le langage utilisé serait trop théorique pour être compris par « la généralité des lecteurs » et la périodisation ne lui permettrait pas de jouer un rôle important lors des prochaines élections, la principale préoccupation du préfet inquiet d’un éventuel retour de Cormenin dans le département74 – il convient de la maintenir sous surveillance. Malgré tout, du 7 octobre 1837 au 3 mars 1838, L’Intelligence arrive à survivre, bon an mal an, sous la forme d’un hebdomadaire imprimé à Orléans, puis envoyé à Paris pour y être diffusé : vingt-trois numéros que ne semblent avoir conservé aucune bibliothèque. Laponneraye, quant à lui, continue sa quête de soutiens, allant jusqu’à promettre, pratique commerciale agressive pour laquelle il est précurseur, un de ses ouvrages à tout nouvel actionnaire75. Le contenu de cette revue, qui fait appel « aux passions populaires » et prône « la lutte du travailleur contre l’homme qui possède » pour le dire comme le préfet du Loiret, devait cependant inévitablement lui valoir quelques démêlés avec la justice. Le 28 octobre 1837, c’est un article consacré au duc de Nemours – le second fils du roi, envoyé en Algérie à la tête d’une expédition militaire ayant pris Constantine deux semaines auparavant – qui enclenche la procédure. Toute une correspondance entre les ministres de la Justice et de l’Intérieur, le préfet et le procureur général du Loiret, permet de mettre au point la stratégie adoptée par le pouvoir76. Afin d’éviter un jugement à Orléans, il est rapidement décidé que le procureur du Loiret ne doit pas poursuivre un article qui contrevenait pourtant certainement aux articles 2 à 5 de la loi du 9 septembre 1835. On craint, en effet, qu’un procès dans ce département, indépendamment de la sentence retenue, aboutisse à reconnaître la compétence de cette juridiction, ce qui reviendrait à admettre que L’Intelligence est un périodique du Loiret. Une enquête est donc diligentée, afin d’établir que les abonnements sont bien servis depuis Paris où les journaux arrivent par balles, que la caution payée devrait donc être celle exigée pour les quotidiens de la Seine et faire ainsi condamner L’Intelligence, pour défaut de cautionnement, par une juridiction de la capitale. Une tactique qui a, en outre, l’avantage de renvoyer la décision à un tribunal de police correctionnelle, compétent pour un délit de cautionnement, et non aux assises, qui doivent être convoquées, comme l’exige la Charte, pour les délits politiques et de presse ; ce qui permet d’éviter « de mettre en question […] la majesté de la maison royale, devant la décision toujours incertaine d’un jury », pour reprendre les termes du procureur du Loiret77. De surcroît, une condamnation pour délit de cautionnement entraînerait inévitablement la disparition du journal, c’est tout du moins la conviction des représentants de l’État, Laponneraye étant incapable de réunir les 50 000 francs exigés pour maintenir un hebdomadaire parisien. La totalité des numéros de L’Intelligence est donc saisie le 17 novembre, le lendemain la chambre des conflits du tribunal civil d’Orléans se déclare incompétente pour statuer sur ce journal et renvoie, en conséquence, aux tribunaux de la Seine. Le 28 novembre une seconde saisie est faite pour confirmer la compétence de la juridiction parisienne, en l’occurrence la 6e chambre de police correctionnelle, qui condamne, le 16 février 1838, Laponneraye – défendu par Plocque, son témoin de mariage – et Mayenobe, à un mois de prison et 200 francs d’amende pour « publication de journal sans cautionnement ». Seul Mayenobe fait appel de cette décision. Il demande également le remboursement de son cautionnement, ce qui lui est accordé, le 10 mai 1838, après retenue du montant de l’amende et des frais de condamnation78.

    28Laponneraye doit donc retourner à Sainte-Pélagie, payer la contravention79, accepter, sous la menace d’une saisie systématique de tout numéro paraissant à Orléans, que L’Intelligence revienne à une parution mensuelle et en abandonner la direction, que la loi lui interdit de conserver80, au profit de Maurice Drausin-Semé81. Ce dernier est un parfait inconnu, il ne semble pas qu’il ait eu maille à partir avec la justice du roi et nous ne retrouvons pas son nom dans les différentes listes de républicains qui ont pu arriver jusqu’à nous. Le 3 avril le nouveau directeur est donc obligé d’annoncer le transfert de L’Intelligence à Paris où elle sort, tous les mois, des presses de d’Urtubie et Worms installées à Montmartre82. Un nouveau prospectus, signé Drausin-Semé et daté du 11 mars 1838, est tiré à 10 000 exemplaires : il rappelle les principes d’une publication destinée à « l’instruction et la moralisation du peuple » et au « développement des principes démocratiques ». Le journal lui-même continue à être imprimé à 2 000 exemplaires, en proposant, chaque mois, quatre fois plus de texte que dans sa version hebdomadaire83.

    29C’est sous cette forme que paraît L’Intelligence d’avril à octobre 1838 : sept numéros, conservés par la Bibliothèque nationale de France. L’abonnement annuel est maintenu à 10 francs et la volonté de revenir à une forme hebdomadaire est réaffirmée tant dans le prospectus que dans le premier numéro d’avril 1838. Cette période est d’une relative tranquillité pour cette publication qui n’en connu guère d’autres : aucune poursuite, aucune saisie et aucune référence dans les bulletins de Police de Paris alors très préoccupés par les activités des sociétés républicaines, notamment celle des saisons, avec lesquelles, nous le verrons, L’Intelligence avait des connexions.

    30Dès septembre 1838, le journal, sûr de ses soutiens qui lui font espérer « qu’une fois redevenue hebdomadaire, L’Intelligence verrait les abonnements lui arriver par milliers », annonce qu’il va reprendre cette périodicité, en utilisant la même tactique que précédemment. L’autorité pense un moment que Laponneraye va retenter sa chance à Orléans84, pourtant, cette fois c’est la ville de Senlis, dans l’Oise, qui est choisie pour imprimer et accueillir le siège du journal. Celui-ci doit sortir des presses de Mme Fessart – Emma, Marguerite Barbot, épouse Fessart – qui a repris, le 10 janvier 1838, l’atelier qu’elle avait abandonné cinq ans auparavant ; c’est également dans ses locaux qu’est imprimé, en 1840, Le Progressif de l’Oise85. Senlis étant encore plus proche de Paris qu’Orléans – 60 kilomètres au lieu de 140 –, et plus faiblement peuplée – 5 000 habitants en 1831 – cette localisation répond parfaitement aux besoins de Laponneraye qui continue, bien évidemment, à diriger ce périodique en sous-main. Pour obtenir les 7 500 francs nécessaires, il affirme avoir dû « contracter les engagements les plus onéreux », sans que l’on sache exactement quel type d’emprunt il aurait fait. Toujours est-il que ce n’est pas lui, mais les deux gérants Maurice Drausin-Semé et Charles-François Chevé, qui déclarent, le 2 novembre 1838, leur intention de publier à Senlis L’Intelligence, journal de la réforme sociale et déposent, le 16 novembre, les 7 500 francs du cautionnement86. Chevé est loin d’être un inconnu : né en 1813, volontaire en 1831 pour partir combattre le tsar aux côtés des patriotes polonais – un projet qu’il ne put mener à son terme – il fut chef de section de la Société des droits de l’homme et compromis, mais acquitté, lors du procès dit « des vingt-sept » de 1834. Ardent jacobin, il se tourne ultérieurement vers le catholicisme social, notamment sous l’influence des bucheziens, et écrit, en 1841, dans L’Atelier. Proche de Proudhon pendant la IIe République il fonde son propre journal qui paraît d’août à octobre 1849 : Le Socialiste. Journal de l’Égal-Échange87.

    31Après plusieurs reports, le premier numéro de cette édition hebdomadaire de 4 pages de L’Intelligence, parait du 2 novembre. La publication dure sept mois, jusqu’au 7 juin 1839, ce qui correspond à trente numéros, une collection que n’a conservée aucune bibliothèque, même si des saisies effectuées chez des républicains radicaux, notamment de la Société des saisons, nous permettent d’avoir accès à certains exemplaires88.

    32Évidemment, une même cause devait produire les mêmes effets. Dès le 16 novembre 1838, le jour même où la caution est payée, le ministre de l’Intérieur, alerté par son préfet, s’adresse au procureur du roi afin d’attirer son attention sur cette parution. Les persécutions recommencent donc. Elles sont particulièrement importantes lorsque le contexte est marqué par la tentative d’insurrection de la Société des saisons de Blanqui et Barbès, les 12 et 13 mai 1839, au cours de laquelle est diffusée une proclamation, censément signée par Laponneraye, Blanqui, Barbès, Voyer d’Argenson, Lamennais et Dubosc89. Le journal doit subir quatre procès – sur les six qui lui ont été intentés pendant la période où il est imprimé à Senlis – durant le seul mois de juin 1839 et c’est durant ce même mois, que ses responsables ont dû renoncer à sa parution hebdomadaire.

    33En revanche, les poursuites ne se font pas sur la même base qu’à Orléans ; ici c’est pour son contenu, et non pour défaut de cautionnement, que le journal est traduit devant les tribunaux. La direction de L’Intelligence a tiré les leçons de son expérience précédente et veille à ce que les abonnements partent depuis la poste de Senlis. Les procès se tiennent devant la Cour d’assises de l’Oise, ressort d’Amiens, les 14 et 22 mars, 6, 7 et 12 juin 183990. Laponneraye, dont personne ne doute qu’il dirige de fait le journal, ne peut être poursuivi pour un titre dont il n’est ni le gérant, ni le propriétaire et où les articles ne sont généralement pas signés. C’est donc Drausin-Semé qui doit affronter seuls des juges qui n’ont aucune illusion sur son rôle : « Semé n’est qu’un stupide mannequin, incapable de répondre même aux questions que je lui ai adressées, et mis en avant par les rédacteurs pour subir, en bouc émissaire, toutes les condamnations qui seront prononcées contre cette dangereuse feuille91. » Les chefs d’accusation relèvent tous de l’arsenal mis au point contre les républicains, notamment à travers les lois de septembre 1835 : rendre le Roi responsable des actes de son gouvernement, offense au roi et adhésion à la république, le 14 mars ; outrage à la religion, le 22 mars et le 7 juin ; « provocation à la haine entre les diverses classes de la société », le 6 juin ; attaque contre la propriété, le 7 juin ; « excitation à la haine et au mépris du gouvernement apologie de faits qualifiés crimes et délits par la loi » (l’insurrection du 12 et 13 mai), le 12 juin. Tous les numéros incriminés sont également saisis92. Le choix de passer par les assises s’avère cependant peu payant du point de vue des forces de la répression. Sur les 6 procès, il n’y eut qu’une seule véritable condamnation – 500 francs d’amende et six mois d’emprisonnement – le 6 juin 1839. Certes, une très forte peine – cinq ans de détention et 10 000 francs d’amende – avait été prononcée le 14 mars, mais Drausin-Semé ayant fait défaut, le jugement est frappé d’opposition et l’affaire rejugée le 7 juin, avec cette fois, un verdict d’acquittement. Les jurés de juin 1839 furent donc particulièrement cléments pour L’Intelligence, même s’il s’en est fallu de peu : la plupart des décisions ont été prises après un partage égal des voix. Les raisons de cette indulgence sont évidemment diverses : le président de la Cour – qui doit se justifier –, toujours très méprisant pour les membres du jury, parle de manipulation d’un juré illettré, honteux de son état et qui laisse voter à sa place ; mais il semble surtout que la prudence rédactionnelle des auteurs de L’Intelligence ait porté ses fruits. Le numéro du 17 mai, rendant compte de la tentative d’insurrection de la semaine précédente, prend bien soin de se désolidariser de cette initiative, et la tonalité généralement relativement mesurée des articles permettait à la défense, surtout devant des jurés peu habitués à ce genre de procès, de plaider au nom du débat serein et de la liberté d’opinion, là où le ministère public voulait voir une provocation. Le président de la Cour d’assises regrette d’ailleurs que le rapport présenté par Mérilhou à la Chambre des pairs, à propos du soulèvement de mai 1839, n’ait pas été publié au moment du procès du 12 juin ; l’implication de Laponneraye, « le chef du journal », aurait, selon lui, aidé à démasquer la supposée hypocrisie des accusés qui auraient dupé « un jury composé de gens obscurs, dépourvus d’instruction ». De surcroît, deux avocats avaient rejoint la rédaction de L’Intelligence ; ils surent certainement conseiller utilement Laponneraye et purent eux-mêmes prendre la défense de la feuille où ils écrivaient. Ces deux hommes de loi s’appelaient Marie, Pierre, Gabriel Choron et Richard Lahautière. Le premier, né en 1811 à Puiseux, une commune de l’Aisne située à seulement 25 kilomètres de Senlis, est à l’époque un relatif inconnu, il devient pourtant, au début de la IIIe République, de 1878 à 1881, député-maire de Soissons où il meurt en 189193. Le second, de son vrai nom Auguste Richard de La Hautière, est né en 1813. Comme Laponneraye il a dû « démocratiser » son nom en faisant disparaître une particule qui ne seyait point à ses convictions94 et en prenant pour prénom ce qui était en fait la première partie de son patronyme. Originaire du Vendômois, lauréat du concours général de latin en 1828, il est alors lycéen à Paris, et avocat en 1835, il appartient à une famille suffisamment aisée pour être portraituré à l’âge de 15 ans – en 1828 – par Eugène Delacroix95. Il semble qu’il ait vécu un moment dans les Landes et que nous puissions l’identifier avec l’anonyme « habitant des Landes » qui a publié, en 1838, des articles dans L’Intelligence96. Il fait paraître dans les colonnes de ce journal un « Petit catéchisme de la réforme sociale », texte pour lequel il est poursuivi le 7 juin devant les assises de l’Oise, et qui est publié en brochure séparée avec la défense prononcée ce jour-là97. Après avoir quitté la rédaction de L’Intelligence, avec Choron98, il tente, sans succès, de fonder un nouveau journal L’Égalité. Inquiété lors des manifestations qui se déroulent pour demander la grâce de Barbès, il doit s’exiler en Suisse d’où il écrit un texte en faveur du babouvisme99. De retour en France, il continue de publier des brochures ultra-radicales100, dont une avec Étienne Cabet101, et lance La Fraternité, un mensuel dont les 23 numéros paraissent de mai 1841 à mars 1843102. Après cette date, il se contente d’écrire des poésies et des romances, activité qu’il n’a jamais vraiment interrompue. Il meurt en 1882, totalement éloigné de ses engagements de jeunesse103.

    34Le peu de succès du ministère public dans ses attaques contre L’Intelligence ne suffit cependant pas à assurer sa survie. Tout d’abord, chaque inculpation était accompagnée d’une saisie du journal et perturbait évidemment au plus haut point sa rédaction. Ensuite, il convient de ne pas oublier qu’une condamnation à 500 francs d’amende et 6 mois d’emprisonnement a pu être prononcé : une contravention mesurée mais qui n’a rien de négligeable et une peine de prison qui devait laisser un goût amer à Drausin-Semé : il est probable qu’il ait eu, à un moment, le sentiment de servir de « bouc émissaire » pour reprendre les termes du Président de la Cour d’assises. Il est aussi possible que le départ de Choron et de Lahautière témoigne de divergences au sein de la rédaction104. De surcroît, et surtout, les abonnements attendus n’arrivent pas : Laponneraye, dans l’histoire de L’Intelligence que publie le Populaire de Cabet, affirme que le journal, pour arriver à équilibrer ses comptes, devait obtenir 1 200 à 1 500 abonnements supplémentaires… et il n’y en eut que trois cents.

    35Malgré les échecs répétés de l’accusation, le président de la Cour d’assises peut alors écrire, presque triomphalement, à sa tutelle : « Il apparaît au reste que la seule condamnation contre le journal L’Intelligence, aurait suffi pour en purger le département de l’Oise, car on annonce qu’il cessera de paraître chaque semaine et qu’il ne paraîtra plus qu’une fois par mois, ce qui équivaut à une mort complète. »

    36Il est notable que les représentants de l’État, à Senlis comme à Orléans, accordent une si grande importance à la périodicité de la presse. En affirmant, ici qu’un mensuel ne représente aucun danger et là qu’un hebdomadaire ne peut avoir la même influence qu’un bihebdomadaire comme le Journal du Loiret, ces deux défenseurs de l’ordre établi inscrivent résolument la presse dans une temporalité moderne. Ce serait, en effet, l’extraordinaire accélération du temps politique qui en ferait une arme redoutable des affrontements partisans. L’enchaînement continu des événements rendrait indispensable une diffusion quasi-instantanée des positions des différents partis et seuls des journaux pourraient répondre à cet impératif. Leur caractère éphémère ne serait pas, de ce point de vue, une faiblesse mais, au contraire, une force. Les textes présentant des positions de principe peuvent être scandaleux, et mériter la sanction de la justice, ils ne seraient pas vraiment dangereux. À condition que leur parution soit suffisamment rapprochée, les journaux, eux, seraient en parfaite adéquation avec la célérité de la vie politique moderne. Un progrès, sans doute, quand ces périodiques s’adressent aux élites éclairées amenées à remplir leur fonction politique électorale ; un grand danger, en revanche, quand ces feuilles s’adressent aux passions populaires, ce qui est le cas de L’Intelligence.

    37Laponneraye disait à peu près la même chose dans l’article qu’il consacrait, en 1835, au journalisme105. Il se situe toujours dans la même perspective lorsque, dans le texte publié en 1842 par Le Populaire, il justifie son choix d’avoir maintenu L’Intelligence en vie, alors que plusieurs voix – celle de Lahautière et Choron ? – lui conseillaient d’abandonner son projet. Si, malgré les difficultés financières et les procès à répétition, il a décidé, encouragé dans cette voie par de nombreuses manifestations de soutien, de prolonger la publication du journal qu’il dirige, et auquel son nom est associé, ce ne serait pas tant au nom des principes démocratiques et des valeurs qu’il incarne – d’autres médias peuvent être mobilisés dans ce but – mais à cause de l’actualité marquée par les tensions entre le ministère Molé et la coalition menée par Adolphe Thiers. La perspective d’une crise gouvernementale qui « menaçait de faire crouler du même coup ministère et monarchie ; on se croyait alors à la veille de grands événements », nécessite que le parti démocratique dispose d’un périodique qui n’aurait pas manqué de retrouver une périodicité au moins hebdomadaire dans le cas où cette crise se serait transformée en véritable révolution.

    38C’est dans cette situation que, le 22 juillet 1839, Chevé et Semé, les gérants de L’Intelligence, se rendent à la préfecture de l’Oise pour y annoncer qu’ils renoncent à une publication hebdomadaire et demandent, en conséquence, le remboursement de la caution déposée. En fait, dès ce même mois de juillet 1839, L’Intelligence reprend sa parution mensuelle, c’est-à-dire, rappelons-le, dispensée de cautionnement, alors que sa pagination et son prix sont diminués de moitié106. Elle est toujours imprimée à Senlis chez Mme Fessart, mais dès le mois de septembre – nous n’avons pas retrouvé le numéro d’août – elle retrouve ses imprimeurs parisiens, d’Urtubie et Worms, et installe ses bureaux au domicile de Laponneraye – au no 16 de la rue du Faubourg Saint-Denis – qui reprend le titre de directeur du journal. Les imprimeurs faisant rapidement faillite107, le journal n’est plus tiré que par le seul Jacob Worms, à Montmartre, ce qui nécessite, le 16 novembre 1839, le dépôt d’une nouvelle déclaration à la sous-préfecture de Saint-Denis. Une fois de plus, dans le numéro de juillet 1839, Laponneraye justifie, dans des termes très semblables à ceux employés en septembre 1837, le retour à une publication mensuelle. Mais une fois de plus, il cherche un moyen pour contourner les contraintes légales. Puisque toute publication paraissant plus qu’une fois par mois est soumise à cautionnement, il propose de créer deux journaux mensuels, dont les abonnements seraient couplés et qui paraîtraient alternativement à deux semaines l’un de l’autre. Ce stratagème est censé permettre la parution d’un bimensuel parisien, sans avoir à déposer les 25 000 francs exigés par la loi de septembre 1835 : une idée reprise ultérieurement par d’autres journalistes de l’extrême gauche108. C’est ainsi que La Propagande démocratique voit le jour en octobre 1839, précédé d’un prospectus dépourvu de toute ambiguïté quant aux intentions de son fondateur109. Son directeur-gérant ne pouvant être Laponneraye, c’est Pierre Wahry qui occupe cette fonction. Le Dictionnaire bibliographique du mouvement ouvrier nous permet d’en savoir plus sur ce dernier. Cet ouvrier tailleur parisien est né le 12 mars 1814 à Plainpalais en Suisse, pays sont il conserve la nationalité. Lecteur et souscripteur du quotidien La Tribune en 1832, il effectue cette même année son tour de France. Lors de son passage à Marseille, il adhère à la branche locale de la Société des droits de l’homme et à la Société philanthropique des ouvriers tailleurs. Son implication dans cette société ouvrière lui vaut une condamnation bénigne – 2 francs d’amende – par le tribunal correctionnel de Saintes en mai 1837. Il participe ultérieurement à d’autres associations de travailleurs et au mouvement coopératif, activités auxquelles il consacre l’essentiel de son temps et de son énergie. C’est par ce biais qu’il prend contact, en 1848, avec Désirée Gay, rédactrice de La Politique des femmes, et Jeanne Deroin pour les aider à fonder une association fraternelle d’ouvrières lingères. Après avoir été directeur-gérant de La Propagande, qui ne connut que deux numéros, il prend la direction administrative de L’Intelligence110, Laponneraye restant « rédacteur en chef », pour les quatre derniers numéros du journal, de janvier à avril 1840111. Nous retrouvons Pierre Wahry l’année suivante parmi les réseaux de La Fraternité de Lahautière.

    39La chute du gouvernement n’entraînant pas la chute de la monarchie, comme l’espérait Laponneraye, L’Intelligence mensuelle ne fait que survivre, toujours en bute aux persécutions des autorités qui, ne pouvant plus exiger de caution, multiplient les tracasseries, notamment par le biais des services de la poste chargés des abonnements112. En février 1840 le format diminue de moitié, et ressemble ainsi plus à une revue, ce qui correspond mieux à la périodicité ; en même temps que son abonnement passe à 8 francs, ce qui signifie que, depuis sa création et remis à une unité typographique commune, le prix du journal a augmenté de plus de 70 %113.

    40Après trente-deux mois d’existence, L’Intelligence disparaît, en ayant accumulé un déficit supérieur à 20 000 francs : « l’œuvre de ma vie la plus pénible, la plus compromettante, la plus ingrate qu’on puisse imaginer » affirme Laponneraye deux ans plus tard.

    41Malgré cet échec, et le sentiment que la création d’un journal est une « machine si compliquée » nécessitant « d’innombrables traverses, d’innombrables soucis, d’innombrables labeurs », Laponneraye semble avoir pris goût au journalisme.

    42En 1841, nous l’avons vu, il essaie de fonder Le Club114. L’année suivante, il devient rédacteur du Populaire que dirige le communiste Étienne Cabet. Sa signature apparaît pour la première fois en mai 1842 – dans un article portant sur une défaite des troupes britanniques en Afghanistan et marqué par une forte anglophobie –, le mois suivant il signe les revues extérieures et législatives, en août il rédige l’article de « une » concernant la mort du duc d’Orléans – il prend parti en faveur de la convocation d’une assemblée constituante –, en septembre nous l’avons vu, il rédige une relativement longue histoire de L’Intelligence, en octobre il commence une série d’articles dont le but est de réhabiliter des « amis du peuple calomniés ». L’affaire dite des communistes de Toulouse115, interrompt pourtant, en 1843, la collaboration de Cabet et Laponneraye et la participation de ce dernier à la rédaction du Populaire.

    43Le 26 avril 1844, il déclare son intention de publier un mensuel, imprimé chez Delanchy et intitulé Le Feuilleton des feuilletons116 ; une revue qui se fixe pour objectif de reproduire « tout ce qui se publie de plus intéressant et de plus remarquable dans les journaux français et étrangers117 ». Il semble qu’un seul numéro de ce périodique ait vu le jour118, ce qui suffit à le faire condamné à 484 francs d’amende pour défaut de timbre de vingt-deux exemplaires, somme ramenée à 50 francs au nom de la « bonne foi des contrevenants119 », ce qui permet de supposer que la feuille n’avait pas un contenu très subversif. Au passage, nous apprenons que Laponneraye a déménagé pour s’installer au 46 de la rue Coquenard, actuelle rue Lamartine.

    44En 1847, nous l’avons dit120, il lance La Revue politique et commerciale de la Méditerranée, un mensuel relativement cher (24 francs par an), dont les abonnements sont perçus rue de la Sorbonne à Paris. Seul le spécimen de 16 pages in-folio, est arrivé jusqu’à nous et il semble que ce soit le seul numéro publié.

    45Ces deux dernières publications témoignent, après 1843, d’un certain désengagement de Laponneraye : ni Le Feuilleton ni La Méditerranée ne peuvent être considérés comme des journaux ayant pour objectif « d’appeler les nations aux armes contre leurs oppresseurs » et « d’éclairer les nations et les hommes sur leurs droits, de les moraliser, de les préparer à une régénération politique et sociale », pour reprendre les termes qu’il employait en 1835 pour définir les missions du journalisme121. Un désengagement dont nous avons repéré d’autres manifestations, non seulement dans ses travaux historiques, mais aussi, et surtout, dans sa quête d’une reconnaissance institutionnelle. Un désengagement tout relatif, conséquence d’une forme de désillusion et qui favorise nécessairement une certaine distanciation vis-à-vis de ses positions radicales de la période précédente.

    1848 et La Voix du peuple de Marseille

    Un républicain en république

    46C’est dans cet état d’esprit que doit se trouver Laponneraye lorsqu’éclate la révolution de 1848. La république tant attendue a dû surgir au moment où l’ardent républicain ne l’attendait plus et après qu’il a pris quelques distances avec son parti. Nous ne trouvons d’ailleurs aucune trace de sa participation à la campagne des banquets pour la réforme électorale lancée en 1847 et qui aboutit à la chute de la monarchie de Juillet.

    47Il n’est donc pas vraiment surprenant de retrouver sa plume dans les colonnes de L’Indépendant122, un quotidien relativement modéré qui, en cette période d’effervescence révolutionnaire, se veut « indépendant des partis », se déclare socialiste, mais d’un socialisme « raisonné, étudié », bien éloigné des « utopies123 », et affirme vouloir combattre « l’hydre de l’anarchie […] quant aux réformes sociales nous les voulons progressives, nous les voulons pacifiques, nous les voulons possibles surtout. […] Respect de la fortune noblement acquise, respect inviolable à la propriété124 ». La signature de Laponneraye apparaît pour la première fois le 21 mai 1848 dans cette feuille. Il y affirme, au lendemain des événements du 15 mai125, son soutien au gouvernement provisoire, dénonce les deux ennemis que la république devrait vaincre pour pouvoir s’établir durablement : la réaction et « l’anarchie […] qui se dresse menaçante, appuyée d’un côté sur le communisme, et de l’autre sur la terreur » et regrette que la création des ateliers nationaux tienne lieu de politique sociale à la république. Un mélange de modération politique et d’attente de réformes sociales qui peut être interprété comme un désaveu de la manifestation du 15 mai et en même temps, un soutien à la proposition déposée par Louis Blanc en vue de la création d’un ministère du Travail et du Progrès chargé de prendre des mesures favorables aux classes laborieuses. Nous retrouvons sa signature dans un article de la livraison du 27 mai 1848 où il regrette que la France ne soit pas intervenue en faveur des insurgés polonais de Posnanie126, un peu plus de deux semaines après la capitulation de ces derniers face à l’armée prussienne. Après cette date, Laponneraye cesse d’écrire dans L’Indépendant dont le dernier numéro parait du 11 juin 1848127.

    48L’évolution de Laponneraye vers des positions bien plus modérées que celles qu’il avait exprimées au lendemain de la révolution de 1830, trouve son expression la plus évidente dans une petite brochure publiée au lendemain des journées de juin 1848. Ce texte qui, au demeurant est resté très confidentiel128, prend clairement position contre les insurgés qui se sont soulevés à l’annonce de la fermeture des ateliers nationaux. Partant du principe que l’insurrection serait illégitime lorsqu’elle menacerait un gouvernement républicain qui, par la grâce du suffrage universel, représenterait la « nation incarnée », celui qui défendait, il y a peu, les positions les plus radicales, n’a pas de mots assez durs pour « cette nouvelle et redoutable jacquerie ». Il se félicite que « l’ordre » ait été rétabli et demande un satisfecit à cette bourgeoisie qu’il vouait, jusque-là, aux gémonies :

    « Chose digne de remarque, cette république, qui fut si longtemps un objet d’épouvante pour ceux qui possèdent, cette république qui était pour eux synonyme de spoliation et de terreur, c’est elle qui, dans la crise effroyable que nous venons de traverser, les a couverts de son invincible égide ; c’est à elle, c’est à son énergie qu’ils doivent d’avoir été préservés d’une ruine complète. »

    49Une argumentation qui est assez proche de celle défendue par les rédacteurs du National129, sans être pour autant très éloignée des positions des démocrates-socialistes de la Réforme qui refusent, eux aussi, de soutenir l’insurrection130.

    50Les deux autres textes publiés par Laponneraye, pendant le printemps et l’été 1848, confirment sa volonté de sortir du « calme des études » pour revenir sur la scène politique.

    51Le Catéchisme républicain131, cherche, lui aussi, à concilier les revendications sociales de la gauche républicaine – le droit au travail notamment – et la nécessité pour tous les citoyens d’obéir « religieusement aux agents du gouvernement lorsqu’ils sont les organes ou les exécuteurs de la loi ». Malgré tout, la tonalité générale de cette brochure est un peu différente de celle que nous venons d’évoquer. Laponneraye prend, en effet, la peine d’y rappeler que l’insurrection est légitime en cas de violation des droits de l’homme et précise que l’armée ne doit jamais se faire le bras de la répression contre le peuple… autant d’affirmations qui, peu de temps après le soulèvement de juin 1848, sont forcément interprétées comme une forme de désaveu de son écrasement par les soldats de Cavaignac. Une contradiction entre deux textes publiés à quelques semaines d’intervalle, qui met en évidence l’immense désarroi dans lequel les affrontements sanglants opposant le peuple insurgé aux soldats de la république, a plongé les démocrates-socialistes. Défenseurs de la République, sensibles aux questions sociales, mais toujours soucieux de rappeler le primat du politique et des formes institutionnelles, ils ne peuvent soutenir un mouvement que Laponneraye caractérise de « parricide ». Affirmant sans cesse leur volonté de parler au nom des « prolétaires », de ceux qui souffrent, qui travaillent, ils doivent assez vite prendre leur distance face aux violences commises contre des ouvriers révoltés. D’autant plus que les journées de juin permettent l’instauration d’un gouvernement conservateur, présidé par celui qui a dirigé les forces de répression, et qui n’hésite pas à remettre en cause des acquis de février : réglementation plus stricte des clubs le 28 juillet et rétablissement du timbre, du cautionnement et du contrôle sur les journaux les 9 et 11 août. De ce point de vue, les positions de Laponneraye ne sont pas différentes de celles d’autres représentants de la gauche républicaine qui, à l’image de Ferdinand Flocon, le directeur de la Réforme, se déclarent en faveur de l’état de siège, pour ensuite devenir des militants acharnés d’une amnistie des émeutiers.

    52Le dernier texte proposé par Laponneraye pendant l’été 1848 est une Lettre à monsieur le prince Louis Bonaparte132. Il s’agit d’une violente attaque, teintée comme souvent dans ces milieux d’une pointe d’anglophobie, contre celui qui a été envoyé par quatre départements à l’Assemblée nationale, lors des élections partielles du 4 juin. Les termes employés sont, là aussi, ceux qu’utilisent couramment les républicains radicaux : accusation de préparer une restauration dynastique au seul compte d’une ambition personnelle, rappel de la répression contre les chartistes anglais à laquelle le futur empereur aurait pris part lors de son exil, dénonciation du caractère peu national de celui qui a passé la plus grande partie de son existence à l’étranger, ironie sur les tentatives manquées de Strasbourg, en 1836, et Boulogne, en 1840, etc. Là aussi, rien de bien différent de ce que l’on peut lire quotidiennement dans les colonnes de la Réforme. Laponneraye, qui pour l’occasion écrit une charge sans concession contre Napoléon Ier, prend bien soin de prôner une république « sage, modérée, équitable, sévère […] terrible aux méchants, douce et compatissante aux faibles et aux opprimés : une république basée sur le respect inviolable de la propriété et de la famille ». La crainte d’une division fatale au parti républicain semble être au cœur des préoccupations de celui qui, quelques années plus tôt, affirmait sa proximité avec son aile la plus radicale.

    Un quotidien en république

    53Pourtant, le relatif « recentrage » politique opéré par Laponneraye a sans doute moins de conséquences que l’évolution de son rapport à l’histoire. Après tout, nous l’avons dit, les positions qu’il exprime ne le différencient pas fondamentalement d’autres figures de la gauche républicaine, notamment celles qui se retrouvent autour du quotidien La Réforme et qui vont se fédérer, autour de la candidature de Ledru-Rollin, lors de l’élection présidentielle de décembre 1848. Même si nous devons remarquer qu’il se sépare d’une partie de ses compagnons de lutte des années 1830 – ceux qui, derrière Auguste Blanqui, estiment que les journées de juin constituent une fracture irréparable au sein de la gauche – ses positions confirment sa proximité avec les « républicains de la veille » que l’on commence à désigner sous le terme de « démoc-soc ». En revanche, il est notable qu’en 1848, à l’opposé de ce qui fut le cas en 1830, il semble ne plus accorder la même importance aux exemples historiques comme arme du combat politique. Le temps présent ne lui apparaît plus comme la répétition d’un temps passé, mais comme un moment singulier appartenant à une modernité politique irréductible à un modèle historique. À aucun moment il considère la IIe République comme une répétition de sa grande devancière. Il se permet même, chose impensable quelques années plus tôt, de recommander à son parti de renoncer à l’appellation de « Montagne » : « À quoi bon se parer d’un titre qui a fait la gloire de ceux qui le portèrent, mais qui aujourd’hui n’a plus aucune signification133. » L’historien peut avoir des projets éditoriaux, nous avons vu qu’il commence la rédaction d’une Histoire des révolutions religieuses politiques et sociales, mais cette activité ne lui semble manifestement plus d’une grande efficacité pour peser sur le cours des événements. Le titre même de cet ouvrage est d’ailleurs significatif. Il ne s’agit plus, pour lui, d’écrire l’histoire de la Révolution française, mais une histoire des révolutions : de montrer la trame d’un continuum historique, d’une chaîne d’événements dont chaque partie ne serait qu’un simple maillon. Le républicain ne va pas devoir rejouer le drame dont la France a été le théâtre entre 1789 et 1794, il lui faut aborder une nouvelle révolution au scénario original, mais qui s’inscrit dans un développement historique multiséculaire. Albert Laponneraye reste convaincu que la connaissance du passé est nécessaire, que l’histoire nous donne des « leçons » qu’il conviendrait de méditer ; mais, à ses yeux, cela n’a, dorénavant, que peu d’utilité pour l’action militante quotidienne. En adoptant un regard résolument moderne sur les temporalités, il renvoie les écrits historiques au domaine de la réflexion théorique.

    54Décidément, pour mener un combat politique moderne, il vaut mieux utiliser des outils modernes, et en premier lieu la presse quotidienne, la seule qui soit capable de « piquer la curiosité ». Depuis février 1848, la France est de nouveau entrée en révolution ; et le temps de la révolution est un temps accéléré, chaque jour amenant son lot d’événements qui conditionnent un avenir dont on n’est plus certain. Lorsqu’on ne peut plus le discerner dans le passé, le futur devient imprévisible et doit se construire en agissant, à chaque instant, dans l’actualité. La célérité du temps révolutionnaire nécessité l’utilisation de médias en accord avec ce nouveau rythme des événements. Le révolutionnaire, le républicain, le militant, doit donc être plus journaliste qu’historien.

    55Pour participer à l’aventure éditoriale d’un journal, Laponneraye peut s’appuyer sur les réseaux de la gauche républicaine. Rien ne peut mieux démontrer la permanence de ses contacts avec les républicains radicaux que son envoi à Marseille afin d’y diriger leur quotidien.

    56Pour préparer l’élection présidentielle, les soutiens de Ledru-Rollin fondent, le 4 novembre 1848, une association ayant pour titre la Solidarité républicaine qui se fixe pour but « de former entre [les républicains] une alliance étroite pour se protéger mutuellement, et surtout pour opposer une action unitaire à des manœuvres qui, si elles réussissaient, auraient pour effet d’enlever à la France le bénéfice de la victoire de Février et de retarder l’émancipation générale des peuples134 ». En fait, il s’agit de fédérer tous les acteurs qui se situent à la gauche du National et de les organiser dans des comités départementaux, d’arrondissement et cantonaux contrôlés par un comité central parisien. C’est dans le cadre du processus de constitution de cette organisation que les démocrates marseillais décident de créer un nouveau quotidien qu’ils intitulent La Voix du peuple, un titre alors très en vogue dans les milieux de la gauche républicaine135.

    57Le journal est fondé par Honoré Bondilh et Charles Poumicon. Le premier est un Marseillais né en 1816. Très discret avant la révolution de Février – il a cependant participé en 1846 à la rédaction des Épisodes célèbres de la révolution des provinces – il fait partie de la direction du National du midi, un journal éphémère136 qui paraît du 1er mars au 16 avril 1848. Se réclamant du National137, et donc de la république modérée, ce périodique peut quand même prendre des accents anticapitalistes, par exemple dans son édition du 7 avril où les spéculateurs sont violemment dénoncés. Bondilh participe aux événements marseillais des 22 et 23 juin 1848 : une manifestation ouvrière, contemporaine mais sans lien direct avec les événements parisiens, qui tourne à l’émeute. Enfermé un moment au château d’If, il fait cependant partie des 261 inculpés, sur 419, qui sont dispensés de procès pour absence ou insuffisance de charges138. Franc-maçon – sans qu’il soit possible d’affirmer s’il est affilié en 1848 – il appartient à la loge des Chevaliers de la Palestine et devient même vénérable en 1865. Arrêté au lendemain du coup d’État, il est expulsé du territoire puis gracié139. Sous l’Empire, il rédige de nombreux ouvrages dont Le sacerdoce de la franc-maçonnerie devant l’humanité (1865). Il aurait également participé à la Commune de Marseille en 1871. Charles Poumicon, qui dirige alors une société d’assurance, est l’auteur d’un socialisant Système d’organisation du travail, bonheur pour tous, rédigé le 15 mars 1848140. Il est également rapporteur du club de la fraternité et des travailleurs141 et assure la direction du Peuple qui remplace La Voix du peuple à partir du 20 mai 1850. Condamné à être expulsé par la commission mixte des Bouches-du-Rhône au lendemain du coup d’État de 1851, il réussit à s’enfuir, mais revient à Marseille à l’occasion d’une grâce qui lui est accordée. Ainsi, les deux hommes apparaissent plutôt comme étant, l’un issu du groupe des républicains modéré du National – mais qui aurait évolué vers la gauche pendant la période où ce parti dominait à l’Assemblée constituante –, alors que l’autre se rapprocherait plus des démoc-soc de la Réforme, voire des socialistes influencés par les thèses de Louis Blanc. Le commissaire de police de Marseille, dans une lettre qu’il adresse au préfet le 3 octobre 1848, annonce d’ailleurs que La Voix du peuple devrait adopter une ligne éditoriale se situant « entre celle de la Réforme et du National142 ».

    58Toujours est-il que les deux hommes se présentent, le 12 octobre 1848, chez maître Joseph Bonaventure Martin, notaire à Marseille, pour y déposer, comme l’avait fait Laponneraye au début de L’Intelligence, les statuts d’une société en commandite « ayant pour objet la création de La Voix du peuple » et dotée d’un capital de 30 000 francs, correspondant à 700 actions (100 actions à 100 francs, 200 à 50 francs et 400 à 25 francs). Poumicon est présenté comme propriétaire fondateur et Bondilh devient gérant responsable, après avoir reçu trois actions à 100 francs dont il ne peut disposer pendant la période où il assure la gérance du journal143. La somme ainsi réunie aurait certainement une double fonction : elle devrait permettre de disposer des capitaux nécessaires au lancement du journal et, en même temps, de payer la caution nécessaire à sa parution. Le décret du 9 août 1848 avait en effet rétabli cette obligation, supprimée le 4 mars précédent. Ce cautionnement est fixé, en dehors des départements de la Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne, à 6 000 francs pour les quotidiens publiés dans des villes de plus de 50 000 habitants et « 3 600 francs dans les villes au-dessous, et respectivement de la moitié de ces deux sommes pour les journaux et écrits périodiques qui paraissent à des termes moins rapprochés144 ». Une fois de plus, les démocrates vont tenter de profiter des ambiguïtés d’un texte de loi pour en contourner les rigueurs. Marseille compte à peu près 190 000 habitants en 1848, La Voix du peuple étant un quotidien il conviendrait donc de déposer au trésor la somme de 6 000 francs. Pour autant, la caution, réglée le 5 octobre 1848 par un certain J.-B. David145, n’est que de 3 000 francs146, soit la moitié des 6 000 francs nécessaires à la création d’un quotidien. Les justifications de cette somme, inférieure à celle exigée par le décret d’août 1848, ne sont pas claires, le plus probable étant que les responsables de La Voix du peuple aient prétexté de la parution de leur feuille 6 fois par semaine (sauf le dimanche), pour ne pas être assujettis aux règles s’imposant aux « vrais » quotidiens. Toujours est-il que, dès le 14 novembre, le ministre de l’Intérieur s’adresse au préfet pour lui faire remarquer que ce cautionnement n’est pas en accord avec les exigences de la loi ; mais curieusement il demande à son représentant d’exiger du déposant la somme de 3 600 francs, démontrant ainsi que les services ministériels ne maîtrisent qu’imparfaitement les textes qu’ils doivent faire appliquer. Le préfet peut donc corriger le « citoyen ministre » en lui rappelant que ce montant s’applique aux quotidiens publiés dans les villes de moins de 50 000 habitants, ce qui ne peut concerner La Voix du peuple dont le siège s’est installé rue Haxo à Marseille147.

    59C’est dans ces conditions que le premier numéro de La Voix du peuple parait, le vendredi 13 octobre 1848. Le tarif des abonnements est équivalent à celui proposé par d’autres quotidiens de la gauche démocratique, mais inférieur à celui des principaux journaux conservateurs148. Les statuts de la société en commandite créée pour permettre la parution de La Voix du peuple assurent d’ailleurs que « la création d’un journal étant une œuvre patriotique et non de spéculation à quel titre que ce puisse être, les actionnaires renoncent à leur prélèvement d’intérêt » (article 9) et, qu’en conséquence, les bénéfices doivent uniquement permettre la diminution du prix de vente (article 16)149. C’est dans cet état d’esprit, afin de rester abordable à toutes les bourses, que La Voix du peuple décide de proposer un abonnement mensuel à prix réduit réservé aux seuls ouvriers, lorsque le maire de Marseille prend, le 7 janvier 1849, un arrêté interdisant la vente au numéro des journaux par des crieurs publics150.

    60Le journal lui-même essaie de combiner les caractéristiques des différents titres de presse151. Très traditionnellement, pour une feuille de cette obédience, il multiplie les articles politiques reprenant les positions des « démoc-soc » défendues dans les colonnes de la Réforme. Si ce positionnement se situe en priorité dans l’espace public national, il a aussi une expression plus locale. Les polémiques avec les autres journaux des Bouches-du-Rhône – la légitimiste Gazette du midi et les modérés Sémaphore de Marseille et Courrier de Marseille – sont quasi quotidiennes, ces périodiques se répondant les uns les autres tant sur des sujets généraux que sur des questions plus locales. La vie des clubs, des sociétés ouvrières, les comptes rendus de rassemblements, de banquets ou de réunions démocrates-socialistes y occupent également une place importante. À côté de ces articles très attendus pour un journal des républicains « de la veille », La Voix du peuple propose d’autres rubriques sans relation avec le débat partisan. Un feuilleton tout d’abord. Situés en pied de page, ces articles peuvent être consacrés à des comptes rendus de la vie des théâtres marseillais, des poèmes – notons un long « génie du peuple », signé Fortoul, un homonyme du futur ministre de Napoléon III, secrétaire général de l’Athénée ouvrier de Marseille152 –, des petits pamphlets, un article sur le duel153, des réflexions sur des sujets de société ou l’actualité scientifique. Cette rubrique permet également de publier des œuvres de la famille Laponneraye : Samarite, un roman de Zoé à partir du 5 janvier 1849, et l’Histoire des révolutions politiques, religieuses et sociales, depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours, dont nous avons déjà parlé, à partir du 1er juin de la même année. Là aussi, rien de vraiment original, nous retrouvons, à la même époque, une rubrique semblable dans les colonnes de La Réforme et la publication d’œuvres littéraires dans les feuilletons des journaux – les fameux « romans-feuilletons » – s’est généralisée depuis qu’Émile de Girardin l’a initiée, en 1836, dans les colonnes de La Presse154. La Voix du peuple, relate également des faits divers – le mot commence à être utilisé – : des vols, des arrestations de criminels, des accidents, des incendies, etc. Ces articles prennent d’ailleurs souvent un contenu social, voire une tournure politique ; par exemple, en relatant, le 1er janvier 1849, l’évasion d’une religieuse de la maison des Dames de Charité, mais aussi en donnant des exemples de l’égoïsme des bourgeois, de spéculations antipatriotiques menées par quelques boursicoteurs (10 janvier 1849), ou en rapportant des anecdotes montrant les conséquences de l’extrême misère dans laquelle est confinée une partie de la population laborieuse. Les nouvelles des marchés, des informations maritimes, les mouvements du port, des avis divers, mais aussi des annonces – de la publicité dirait-on aujourd’hui – occupent la moitié de la quatrième et dernière page. La part de ces annonces dans le financement de La Voix du peuple n’est pas mesurable, mais elle ne doit pas être négligeable. Toujours est-il que leur nombre ne cesse de diminuer, ce qui peut être interprété comme le résultat de pressions exercées par l’autorité contre un journal de plus en plus jugé comme subversif, au point que la gérance est obligée, à partir du 9 juin 1849, de réduire ses tarifs de 30 % afin d’attirer de nouveaux annonceurs.

    61L’ensemble de ces articles montrent que la presse démocratique commence à intégrer les règles du journalisme moderne. Un quotidien ne peut se contenter de médiatiser le discours d’un parti, il doit également informer et « piquer la curiosité ». La rédaction de La Voix du peuple, utilise d’ailleurs, comme argument de vente, le fait que le journal paraisse le soir, ce qui lui permet de donner les nouvelles de Paris avant tous ses concurrents : l’information prend ainsi, dans ce cas, le pas sur le positionnement politique pour attirer de nouveaux lecteurs.

    62Pour assurer une diffusion la plus large possible, le journal doit aussi chercher à multiplier les dépôts où le public peut se le procurer. Les personnes, privées ou gérants de commerce, acceptant de remplir cette fonction bénéficient d’ailleurs d’une remise de 25 % sur le prix du journal155 ; chaque numéro précisant les adresses de ces liquoristes, bureaux de tabac, marchands de vin, coiffeurs ou simples citoyens. Tiré au minimum à 3 000 exemplaires, ce qui est remarquable pour un journal partisan de province, il serait vendu pour moitié par des crieurs de rues ou dans ces dépôts et pour l’autre moitié par abonnement156. Un mode de diffusion qui accorde une place importante à la vente au numéro, ce qui facilite l’accès au public populaire.

    63De surcroît, le journal élargit progressivement son aire de diffusion aux départements voisins du Var, des Basses et Hautes-Alpes157. À chaque fois, nous y reviendrons, c’est grâce à une émissaire envoyé par la rédaction du journal – Théophile Pons dans un cas, Louis Langomazino dans l’autre – que cette pénétration dans de nouveaux départements a pu avoir lieu.

    64Laponneraye occupe donc la responsabilité de la rédaction de La Voix du peuple, sans pour autant en être ni le gérant, ni le propriétaire. Cette position, nous l’avons vu, lui avait permis, pendant la période où L’Intelligence était imprimée à Senlis, de se protéger des foudres de la justice. La place que lui donne la direction du quotidien des montagnards provençaux dans la vie politique locale ne lui permet pas, en 1849, d’éviter les inculpations. Pour s’en prendre à la presse radicale, l’autorité peut alors s’appuyer sur une législation dont le caractère répressif a été singulièrement renforcé par le décret du 11-12 août 1848 ; un texte qui reprend des dispositions des lois de septembre 1835 qu’avaient balayées les barricades de Février. Sont, entre autres, dorénavant passibles d’amendes et de peines de prison, les attaques contre « les droits et l’autorité » de l’Assemblée et de l’exécutif, contre la liberté des cultes, le principe de la propriété et les droits de la famille.

    65Durant l’année 1849, La Voix du peuple va avoir trois occasions de défendre directement sa cause devant les tribunaux.

    66Le premier de ces procès est la conséquence d’une polémique engagée par les rédacteurs de La Gazette du Midi qui, pour affaiblir les démocrates-socialistes marseillais et leur nouveau chef de file, font référence au passage du Cours public où étaient justifiés les massacres de septembre158. Pour se défendre contre la feuille légitimiste – « cette vieille cafarde » – Laponneraye publie in extenso, le 16 janvier 1849, l’extrait incriminé. Immédiatement La Gazette du midi, mais également le conservateur Courrier de Marseille, exigent que le journal soit traduit en justice. Le procureur, sur recommandation du garde des Sceaux159, se saisit de l’affaire et décide de poursuivre pour délit d’outrage à la morale publique, calomnie contre la mémoire des victimes et « apologie des excès les plus horribles160 ». Notons au passage que l’accusation n’arrive pas à trouver un seul exemplaire du Cours public dans le département, ce qui montre que le succès relatif de ce texte au début de la monarchie de Juillet était resté cantonné aux cercles assez restreints des révolutionnaires parisiens. Par ailleurs, La Voix du peuple publie le 17 janvier un article dénonçant la position prise dans cette affaire par le Courrier de Marseille, traité pour l’occasion d’organe de la « bourgeoisie réactionnaire » ; il n’en faut pas plus au procureur pour ajouter un nouveau motif d’inculpation, celui d’excitation au « mépris et à la haine des citoyens contre une classe de personnes ». Afin de charger encore l’accusation, un autre article de La Voix du peuple du 21 janvier, concernant cette affaire, et intitulé « Criante injustice », permet de poursuivre le quotidien pour outrage à magistrat, en l’occurrence le procureur général d’Aix-en-Provence161. L’affaire doit initialement être jugée le 7 février, mais à la demande de la défense elle est renvoyée au 19 février. Le journal est défendu par le maire d’Aix en personne Jassuda Bédarride162. La présence de cet édile face au ministère public accroît évidemment l’écho de ce procès et préoccupe le Procureur qui y voit, à juste titre, un défi lancé au gouvernement. Il tente, sans succès, de faire pression sur l’intéressé afin qu’il renonce à plaider en faveur d’un « journal aussi démagogique163 » et, témoignant d’une certaine fébrilité, diligente une enquête sur les membres du jury164. La défense a beau jeu de faire valoir que le texte du Cours Public incriminé sous la République n’avait valu aucune poursuite à son auteur lors de sa première publication sous un régime monarchique. De surcroît, Laponneraye ne peut être poursuivi pour outrage à magistrat, un certain Gautier ayant revendiqué la paternité de l’article qui avait permis d’engager cette procédure165. Les jurés rendent donc, comme tout le monde semblait s’y attendre, un verdict de non-culpabilité et La Voix du peuple peut crier victoire, sur une pleine page de son édition du 23 février. Laponneraye semble avoir vécu ce jugement comme un succès personnel, comme une sorte de revanche sur les condamnations que lui avaient coûté le Cours public au début de la monarchie de Juillet. Dans une lettre exhumée par Sylvie Hennet, il écrit à sa belle-sœur : « Eh bien, ma chère Nanine, êtes-vous rassurée maintenant ? Mon double acquittement a-t-il dissipé vos craintes ? […] Il y a dix-sept ans je m’étais laissé égorger comme un agneau, mais cette fois-ci, je me suis défendu comme un lion, et malgré les efforts incroyables, malgré l’acharnement du procureur général, il a été battu sur tous les points166. »

    67Un article publié le 14 avril 1849 et intitulé « De l’armée et du joug de fer qui pèse sur elle », est la cause du second procès engagé contre La Voix du peuple.

    68Les événements révolutionnaires qui embrasent la péninsule italienne, et notamment la cité pontificale, obligent, le 24 novembre 1848, Pie IX à fuir à Gaète où il se met sous la protection de Ferdinand II des Deux-Siciles. En son absence, le 9 février 1849, est proclamée une république romaine dirigée par un triumvirat composé de Giuseppe Mazzini, Carlo Armellini et Aurelio Saffi. C’est dans cette situation que le gouvernement de Louis-Napoléon Bonaparte décide d’envoyer un corps expéditionnaire français, placé sous les ordres du général Oudinot. Même si les intentions affichées sont, dans un premier temps, de porter secours aux républicains italiens contre une éventuelle intervention autrichienne, nul ne doute que le but réel de cette expédition soit de rétablir le pape dans ses prérogatives temporelles. Une hypothèse spectaculairement confirmée, le 30 avril, par l’assaut mené par l’armée d’Oudinot, repoussé par les troupes de la jeune république romaine dirigées par Guiseppe Garibaldi. Cette intervention suscite, bien évidemment, les plus vives réactions des démoc-soc, d’abord inquiets, puis scandalisés, de voir les soldats de la république réprimer cette autre république qui finit par devoir capituler le 4 juillet 1849. Cette indignation s’exprime tant à la tribune de l’Assemblée nationale, où Ledru-Rollin prononce, le 12 juin un important discours, que dans la rue. Une manifestation est convoquée le 13 juin 1849 ; elle est un relatif échec et le général Changarnier n’a aucune difficulté à la réprimer. Cet affrontement sert de prétexte au pouvoir pour renforcer la législation contre les clubs, interdire un certain nombre de journaux, instituer de nouveaux délits de presse et poursuivre les organisateurs de cette journée. C’est à cette occasion que Ledru-Rollin est obligé de s’exiler en Angleterre167.

    69L’article de La Voix du peuple paraît donc en plein débat sur l’envoi de l’expédition française qui est décidée par l’Assemblée le surlendemain, 16 avril. Si la question romaine interpelle l’ensemble des démocrates-socialistes, elle a certainement, à Marseille, ville où vit une importante communauté de migrants italiens, un écho tout particulier. C’est d’ailleurs des ports de Marseille et de Toulon qu’embarque l’armée menée par Oudinot, une semaine après la parution de l’article de La Voix du peuple la dénonçant comme un « instrument d’oppression », ce qui justifie de nouvelles poursuites168. Un mandat de comparution est envoyé à Bondilh et Laponneraye, mais ce dernier, le 19 avril, devant le juge d’instruction, décline toute collaboration à l’article incriminé et repousse toute responsabilité puisqu’il n’est pas gérant du journal. Les poursuites contre lui sont donc abandonnées et Bondilh comparait seul devant les assises d’Aix qui rend, une seconde fois, un verdict d’acquittement.

    70Le troisième procès ressemble étrangement au précédent quant à ces attendus mais connaît une conclusion toute différente. Cette fois, ce sont des articles publiés dans les numéros 138 et 146 des 16 et 24 juin 1849 qui justifient la comparution, devant le tribunal de première instance de Marseille, du seul Bondilh, en sa qualité de gérant de La Voix du peuple. Le premier des articles incriminés, publié trois jours après la manifestation des montagnards parisiens, concerne également l’expédition romaine, il s’intitule « Le pouvoir de Louis Bonaparte est-il au-dessus de la Constitution ? » ; le second concerne la contestation de l’élection d’Hippolyte Fortoul, un proche de l’Élysée, envoyé par le département des Basses-Alpes à l’Assemblée législative169. Convoqué le 8 août 1849, Bondilh ne se présente pas devant ses juges, il est condamné par défaut à 6 mois d’emprisonnement, 2 000 francs d’amende et aux frais du procès170.

    Notes de bas de page

    1Cf. ci-dessus, p. 154 sq.

    2Lettre de Laponneraye à la Gazette des tribunaux du samedi 3 décembre 1831 ; et Henri Gisquet, op. cit., vol. 3, p. 183.

    3AN. F7 3885, bulletin du 4 décembre 1831 et Gazette des tribunaux, no 1969 des 5 et 6 décembre.

    4Dès la fin de la seconde leçon est annoncée la saisie de la leçon précédente. Les archives nationales nous permettent, par le biais des déclarations des imprimeurs, de suivre à peu près régulièrement la sortie de ces brochures (registres microfilmés F18II 21 pour 1831 et F18II 22 du 1er janvier 1832 à juin 1833 et dossiers F18 58B pour David, 95 pour Mie et 113 pour Sétier, nous n’avons pas, en revanche, retrouvé les déclarations de Grossteite, les Archives nationales n’étant complètes que pour les seuls imprimeurs parisiens). Le 10 novembre 1831, David déclare « avoir l’intention d’imprimer la 1re leçon ». En ce qui concerne les autres leçons, on relève : 2e et 3e leçons, le 18 novembre 1832 ; 8e leçon, le 23 février ; 9e leçon, le 21 mars ; 10e leçon, le 27 mars ; 11e leçon, le 2 avril ; 12e leçon, le 19 avril ; trois leçons sans autre indication les 3, 19 et 25 mai ; 18e leçon, le 29 juin ; 19e leçon, le 13 juillet ; 20e leçon, le 2 août ; 21e leçon, le 10 août ; 22e leçon, le 14 août ; 29e leçon, le 5 décembre ; 30e leçon, le 19 décembre ; 31e leçon, le 4 janvier 1833 ; « 32e leçon sq. », le 22 janvier 1833.

    5Notice de la 31e leçon du Cours public, op. cit., p. 1 (en fait il s’agit du second volume relié avec le précédent dans l’exemplaire de la BnF).

    6Les EDHIS ont proposé plusieurs recueils, en reprint, d’un nombre significatif de ces brochures : Les révolutions du xixe siècle : 2, La Société des amis du peuple : 1830-1832, et 3, La Société des droits de l’homme et du citoyen : 1832-1834, Paris, EDHIS, s. d.

    7Il assure la parution des leçons 4 à 7, 22 à 28 et 35 à 49. Il imprime, par ailleurs, entre autres : Procès politiques de la 6e brochure des Amis du peuple et du prospectus des Instructeurs du peuple, soutenus par Ricard-Farrat, devant la cour d’assises de la Seine, le 14 décembre 1831 ; de Xavier Sauriac, Réforme sociale, ou catéchisme du prolétaire ; le Catéchisme des droits de l’homme et du citoyen d’Ernest Richard ; les journaux Mayeux et le Libérateur ; ou Tout l’espoir des prolétaires est dans la République, signé Adam (cf. DBMOF, url citée). Il devait également imprimer, en 1834, Le Libérateur de Blanqui (cf. Maurice Dommanget, Auguste Blanqui, des origines à la révolution de 1848, Paris/La Haye, Mouton, 1969, p. 129). Il est étroitement surveillé par le sous-préfet de Sceaux (AN, F18 149, dossier Sceaux, lettre du 14 février 1834 affirmant exercer « depuis longtemps sur l’imprimerie de M. Grossteite, une surveillance active, qui, vous pouvez le croire, ne sera jamais en défaut »).

    8AN, F18 113. Il imprime les 2e et 3e leçons. Sortent également de ses presses, entre autres, une Réponse d’un républicain aux pamphlets du juste-milieu, et aux mensonges gratuitement distribués à domicile contre les républicains de Charles Pimpaneau : le Compte rendu du procès de l’ouvrier tailleur républicain Victor Prospert ; ou, d’Adolphe Rion, Lettre du Père André sur les droits et les intérêts du peuple français : principaux événements qui se sont succédés depuis quarante ans ; et À M. Gisquet, Préfet de police ; deux brochures parues en 1832, plusieurs brochures de la Société des droits de l’homme ou un recueil intitulé Chants dédiés à la Société des droits de l’homme. Son atelier se trouvait 29, rue de Grenelle Saint-Honoré, actuelle rue Jean-Jacques Rousseau, dans sa partie sud, entre la rue du Louvre et la rue Coquillière.

    9AN, F18 58B. Il imprime les leçons 1 et 29 à 34. Son atelier se situait 4bis-6, boulevard Poissonnière. Il a également imprimé le Règlement de la Société des Amis du Peuple en 1830.

    10AN, F18 95. Il imprime les leçons 8 à 20. Son atelier se trouvait au no 9 de la rue Joquelet (actuelle rue Léon Cladel dans le 2e arrondissement, derrière le palais Brongniart).

    11Cf. DBMOF, url citée. Il est élu député de la Dordogne, siégeant avec la Montagne, à l’élection complémentaire du 4 juin 1848 et réélu le 13 mai 1849.

    12D’après une notice insérée à la fin du prospectus annonçant la parution des Œuvres choisies de Robespierre et la Bibliographie de la France : ou Journal général de l’imprimerie et de la librairie pour 1831, 1832 et 1833.

    13Paul Paillat, « Les salaires et la condition ouvrière en France à l’aube du machinisme (1815-1830) », dans Revue économique, vol. 2, no 6, 1951, p. 767-776.

    14La France ne comptait que 20 % d’urbains en 1801 et 25 % en 1850.

    15La BnF n’a conservé qu’une collection incomplète du premier volume (il manque les leçons 4 à 6 et 22 à 28), reliée avec les quatre premières leçons du second volume (31 à 34). L’intérêt porté par la police aux leçons de Laponneraye nous permet cependant, grâce aux saisies conservées aux Archives nationales, de reconstituer la quasi-totalité des 50 premières leçons (leçons 4 à 6 et 22 à 25 en AE.V.117 et 35 à 38, 40 à 47 et 49 en AE.V.148A). La BnF possède aussi une version polonaise de 1834.

    16C’est tout du moins ce qu’affirme Laponneraye dans les Mélanges de 1835 (vol. 1, p. 161), dans un article où il annonce qu’il renonce à publier le quatrième volume, ce qui suppose que les trois premiers sont effectivement parus.

    17Notons celle de Verdière, Lheureux, Ponthieu et Bossange, (1825) en 3 volumes et 60 livraisons ; celle de Jules Didot aîné, Dufour et Cie, (1827-1829), publié sur 2 colonnes (pour augmenter, dans un but d’économie, la quantité de texte imprimé par page) et 4 volumes, la couverture de la 63e livraison est insérée dans le 3e volume ; celle de A. Sautelet, Verdière, Furne, A. Dupont, (1827), en 3 volumes, imprimée par H. Fournier et publiée en livraisons ; celle en 75 volumes proposée par Fortic (1825-1828).

    18Paris, Pichon et Didier, 1828-1829.

    19Chansons de Vinçard, Paris, A. Appert, s. d, 3 livraisons de 12 pages.

    20Cf. Philippe Darriulat, La Muse du peuple. Chansons politiques et sociales en France, 1815-1871, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 266 sq.

    21Dominique Kalifa, « L’Entrée de la France en régime “médiatique” : l’étape des années 1860 », dans Jacques Migozzi, De l’écrit à l’écran, Limoges, Pulim, 2000, p. 39-52.

    22Mélanges, op. cit., vol. 2, p. 328-329. Les Bulletin de police de la Préfecture de Paris présente Ricard-Farrat et son Prospectus des instructeurs du peuple, imprimé par A. Mie, comme « le fondateur de cette espèce d’écrits périodiques » à des fins de propagande républicaine, un mois avant la première leçon du cours public de Laponneraye (AN, F73885, bulletin du 5 octobre 1831).

    23La Bibliographie de la France : ou Journal général de l’imprimerie et de la librairie nous permet de voir comment ont été diffusées les œuvres de Laponneraye : les Œuvres choisies de Robespierre (1834), 24 livraisons à 50 centimes chaque ; le Dictionnaire historique des peuples anciens et modernes … 60 livraisons hebdomadaires à 15 centimes la livraison ; les Mélanges…, 24 à 26 livraisons, 25 centimes la livraison ; le Dictionnaire historique, 29 livraisons à 25 centimes la livraison ; l’Histoire de la Révolution de 1789 à 1814, 30 livraisons à 30 centimes ; la Biographie des rois…, 40 livraisons à 50 centimes ; l’Histoire des révolutions de l’Europe, 80 livraisons, 30 centimes chacune ; les Œuvres de Robespierre, avec avant-propos d’Armand Carrel, 64 livraisons, 0.30 f. la livraison ; l’Histoire des grands capitaines… 100 livraisons à 10 centimes ; l’Histoire universelle…, est prévue en 20 volumes de cinq séries chacun, chaque série est proposée pour 1 franc ; Histoire de la Révolution française jusqu’en 1845, 25 séries, 1 franc chacune ; l’Histoire des guerres civiles… 40 livraisons à 40 centimes chacune ; l’Histoire des guerres civiles … 40 livraisons à 40 centimes chacune ; la Description pittoresque et statistique de Paris au xixe siècle est prévue en 100 livraisons ; l’Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1847 40 livraisons, à 15 centimes l’unité.

    24La Voix du peuple, no 120, 25 mai 1849. Par ailleurs le Journal des journaux de janvier 1843, nous apprend que l’Histoire des rivalités de la France et de l’Angleterre peut être achetée par livraisons « au prix de 50 c. chaque livraison ». Le même journal publie des extraits de Stephanowa (en 1840 et 1842) ce qui laisse supposer, sans donner de certitude, que cet ouvrage fut aussi diffusé par livraisons.

    25Le catalogue de la BnF propose 295 occurrences pour une recherche d’ouvrages intitulé « histoire de France » et publiés entre 1830 et 1848 – avec cependant plusieurs rééditions –, 18 pour l’année 1847.

    26Prospectus recto-verso non numéroté placé à la fin du volume.

    27Cette leçon n’est pas dans le recueil conservé par la BnF, on peut la trouver aux AN en AE.V.117.

    28Les 2e et 3e leçons sont tirées à 1 500 exemplaires (AN, F18 113, dossier Sétier), et la 11e leçon, celle qui paraît à la veille du procès de Laponneraye, à 2 000 exemplaires (F18 95, dossier Mie).

    29AN, F18II 22, no 3061.

    30AN, F18II 30, no 1164.

    31AN, F18 95, déclaration du 25 avril.

    32AN, F18II 31, no 4229.

    33Sur les presses d’Auguste Mie (AN, F18 95), une première fois à 10 000 exemplaires (le 25 octobre 1832) et une seconde fois à 8 000 exemplaires (le 14 septembre 1833) et sur celles de Sétier à 3 000 exemplaires le 11 avril 1833 (AN, F18 113). De nombreuses autres impressions de la déclaration existent sans qu’il soit possible de définir si elles sont accompagnées du commentaire de Laponneraye. Le tirage de 21 000 représente donc bien un minimum.

    34AN, F18 84.

    35Robert Tombs, « Thiers historien », dans Cahiers de l’Association internationale des études françaises, 1995, no 47, p. 265-281.

    36« Du journalisme, de son influence et du rôle important qu’il est appelé à jouer dans la régénération des peuples », dans Mélanges…, vol. 2, p. 328-355. Sauf mention contraire, les références faites dans cette partie renvoient à cet article.

    37Géraldine Muhlmann, « La démocratie médiatique », dans Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant (dir.), op. cit., p. 1367-1380. Camille Desmoulins évoquait ainsi le « torrent révolutionnaire » qui, pour être suivi, exige la plume « rapide et haletante » du journal.

    38On en attribue généralement la paternité à Edmund Burke qui s’en servit en 1790 pour condamner la Révolution française

    39« Chronique de la presse », dans La Revue parisienne, 25 août 1840, p. 243 : « La presse est en France un quatrième pouvoir dans l’État : elle attaque tout et personne ne l’attaque. » Sur Balzac et la presse, cf. José-Luis Diaz, « Balzac analyste du journalisme. Selon la “Monographie de la presse parisienne” », dans L’Année balzacienne, 2006/1 (no 7), p. 215-235 ; et Marie-Ève Thérenty, Balzac journaliste : articles et chroniques, Paris, GF, 2014.

    40Christophe Charle, Discordance des temps, op. cit., p. 35. Cf. également Thomas Bouchet, Vincent Bourdeau, Edward Castelton, Ludovic Frobert et François Jarrige, Quand les socialistes inventaient l’avenir, 1825-1860, Paris, La Découverte, 2015, notamment p. 143 sq.

    41Ibid.

    42En 1830, la presse quotidienne parisienne (à vocation nationale) ne tire qu’à 60 000 exemplaires, tous titres confondus, et elle ne se diffuse que par abonnements, au prix de 80 francs par an, ce qui correspond au salaire de 26 journées de travail d’un ouvrier parisien (à peu près 40 jours pour un ouvrier agricole).

    43Cf. à ce propos les remarques d’Emmanuel Fureix qui estime qu’autour de 1840 « La langue et les doctrines héritées de la Révolution ne suffisent pas à dire le présent, ni à proposer un renversement effectif des rapports sociaux. Il n’est plus possible de voir simplement en 1830 un nouveau 1789, ni même un nouveau 1793, en appelant de ses vœux une révolution mimétique qui renverserait les nouvelles féodalités bourgeoises » (« Une transmission discontinue », art cité, p. 191).

    44Cf. Corinne Saminadayar-Perrin, « Poétique de l’écriture de la Presse. Avatars journalistiques de l’éloquence publique », dans Dominique Kalifa, Philippe Régnier et al., op. cit., p. 667-690.

    45« Nulle association de plus de vingt personnes, dont le but sera de se réunir tous les jours ou certains jours marqués, pour s’occuper d’objets religieux, littéraire, politiques ou autres, ne pourra se former qu’avec l’agrément du Gouvernement, et sous les conditions qu’il plaira à l’autorité publique d’imposer à la société. »

    46L’autorisation délivrée par le gouvernement serait toujours révocable et, pour contrer les sociétés républicaines qui se divisaient en sections de moins de 20 personnes, le texte précisait que la rigueur du code s’appliquerait « aux associations de plus de vingt personnes, alors même que ces associations seraient partagées en sections d’un nombre moindre, et qu’elles ne se réuniraient pas tous les jours ou à des jours marqués ».

    47Le Club. Journal de discussion politique et philosophique. « Prospectus », Paris, s. d. [1841]. Pour toutes les informations et citations ci-dessous.

    48La Fraternité : journal moral et politique (mai 1841-mars 1843), rédacteur en chef Richard Lahautière.

    49L’Humanitaire. Organe de la science sociale, juillet et août 1841. Cf. Jean-Michel Paris, L’Humanitaire, naissance d’une presse anarchiste ?, Paris, L’Harmattan, 2014.

    50Le Travail : organe de la rénovation sociale, Lyon, juin 1841.

    51Le Populaire de 1841 : journal de réorganisation sociale et politique (1841-1851), par Étienne Cabet.

    52Premier banquet communiste, le 1er juillet 1840, [Paris, 1840]. Cf. Alain Maillard, « La génération communiste de 1840 et la mémoire de Gracchus Babeuf », dans L’Homme et la société, op. cit., p. 89-100.

    53C’est-à-dire le jour de l’anniversaire de ses 29 ans. Il ne lui restait même pas deux mois à attendre avant d’avoir fini de purger sa peine. Les bénéficiaires de cette amnistie peuvent être « soumis à surveillance », ce qui n’est pas le cas de Laponneraye (AN, BB18 1367).

    54Dans un article consacré à l’histoire de L’Intelligence publié par le Populaire de Cabet dans son édition du 11 septembre 1842.

    55Cf. 133 sq. ; Alain Maillard, « Égalité et communauté, la presse communiste », dans Thomas Bouchet, Vincent Bourdeau et al., op. cit., p. 143-150 et 168-180 ; et Philippe Régnier, « Le Journal militant », dans La Civilisation du journal, op. cit., p. 295-316.

    56« Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions en se conformant aux lois. La censure ne pourra jamais être rétablie » (article 7).

    57Il s’agit de la confirmation de l’article 3 de la loi du 18 juillet 1828 qui dispense de cautionnement les mensuels et les journaux non politiques.

    58Des chiffres qui ne sont évidemment que des approximations réalisées à partir des données proposées par Paul Paillat, art. cité.

    59Ce dernier titre reprend cependant sa publication en 1838.

    60Cf. ci-dessus, p. 54. Sauf mention contraire, les informations ci-dessous sont données à partir de cet article.

    61AN, F18 362, d. 55.

    62Ibid.

    63Antoine, Auguste d’Urtubie (né en 1801) et Jacob Worms (né, comme Laponneraye, en 1808) sont associés dans une imprimerie sise à Montmartre qui fait faillite en 1839 (AN F18 2084, F18 1760 et Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du xixe siècle, de l’École des Chartes), [http://elec.enc.sorbonne.fr/imprimeurs].

    64AN, F18(II) 25, no 1826.

    65Le jour même le ministère de l’Intérieur le signale au procureur général et au procureur du Roi (AN, F18 362, d. 55).

    66AN, F18 362, d. 55.

    67AD15, 27 J 108 et 27 J 220, [http://archives.cantal.fr/ark:/16075/a0113724107748bwE2M] et [http://archives.cantal.fr/ark:/16075/a011372410774r5ndn8].

    68La ligne Paris-Orléans en train n’est ouverte, jusqu’à Orléans, qu’en mai 1843.

    6940 000 habitants dans les années 1830. Rappelons que la limite de 50 000 habitants est celle à partir de laquelle le cautionnement des journaux est diminué de moitié.

    70La création du journal est annoncée dans le numéro du 18 octobre 1837 ; les démêlés de L’Intelligence avec la police et la justice sont relatés dans les numéros des 29 novembre 1837, 21 février, 7 mars, 28 mars et 9 mai 1838.

    71AN, F18 1966.

    72Dictionnaire des imprimeurs … en ligne, url citée et AN, F18 1966, dossier Danicourt-Huet. Dans le but d’aboutir à la disparition du Journal du Loiret – « La destruction de ce journal est pour ainsi dire la condition de son existence [à la force et à la sécurité], et nous ne devons négliger aucun moyen pour y arriver » (lettre du 15 octobre 1838) – le préfet propose par exemple de retirer le brevet d’imprimeur à Danicourt-Huet sous des prétextes divers que sa tutelle ne peut retenir.

    73AN, F18 362, d. 55 et AD45 T.947 (2) ; ainsi que pour les autres références à la correspondance entre la préfecture du Loiret et le ministère de l’Intérieur. La cour royale d’Orléans adresse également un courrier au ministre de la Justice sur cette nouvelle parution (AN, BB18 1370).

    74En fait il sera réélu à Joigny le 4 novembre.

    75Une lettre envoyée à Valentin Duclos le 30 novembre 1837 affirme que tout nouvel actionnaire se voit offrir un exemplaire de L’Histoire de l’amiral de Coligni et que celui qui en prendrait deux « reçoit également à titre de prime un exemplaire de ma Biographie des rois, empereurs et des papes » (AN, CC 778, scellé no 1, p. 4).

    76AN, BB18 1370 et AD45, T.947 (2).

    77L’article 69.1 de la Charte de 1830 prévoyait en effet que les délits politiques et de presse relevaient des cours d’assises, dans des conditions qu’a précisé la loi du 10 avril 1834.

    78AN, F18 362, d. 55 et AD45, T.947 (2).

    79Les 200 francs, auxquels s’ajoutent 51,65 francs, sont payés à Paris le 24 mai 1838 (AD45, T 947, d. 57).

    80L’article 19 de la loi du 9 septembre 1835 « relative aux crimes, délits et contraventions de la presse et autres moyens de publication » affirmait en effet : « En cas de condamnation contre un gérant pour crime, délit ou contravention de la presse, la publication du journal ou écrit périodique ne pourra avoir lieu, pendant toute la durée des peines d’emprisonnement et l’interdiction des droits civils, que par un autre gérant remplissant toutes les conditions exigées par la loi. Si le journal n’a qu’un gérant, les propriétaires auront un mois pour en présenter un nouveau, et, dans l’intervalle, ils seront tenus de désigner un rédacteur responsable. Le cautionnement entier demeurera affecté à cette responsabilité. »

    81Transmission faite le 22 février 1838 à l’étude de maître Alagnier (AN, F18 362, p. 305).

    82AN, F18 362, d. 55.

    83AN, F18(II) 25, no 1039 et 1426 pour les informations concernant les tirages.

    84AD45, T.947(2).

    85Dictionnaire des imprimeurs-lithographes … en ligne, url citée et AN, F18 2026. En avril 1841 elle est condamnée à 1 000 francs d’amende pour avoir déclaré les publications qu’elle imprime à la sous-préfecture, et non à la préfecture, de l’Oise. Elle demande un recours en grâce, appuyée par son époux, garde national de la 3e légion, soutenu dans ses démarches par sa hiérarchie, pour que la somme soit ramenée à 100 francs, ce qu’elle obtient le 17 novembre 1841, malgré l’avis du préfet qui rappelle : « c’est elle qui a imprimé La Revue de l’Oise, L’Intelligence et qui imprime encore le Progressif, qui comme les deux journaux tombés, reproduit fidèlement les doctrines les plus hostiles au gouvernement ».

    86AN, F18 362, d. 55. Cf. également Jacques Mermet, Histoires de chez nous, chroniques du pays d’Oise, Compiègne, 1926, p. 259-262.

    87Cf. DBMOF, url citée.

    88Les numéros des 23 novembre et 7 décembre 1838 (AN, AEV 172), 22 février (AN, CC 741, no 212) et 10 mai 1839 (AN, CC 736, no 127). On trouve également le premier numéro du 2 novembre 1838 dans le dossier administratif de L’Intelligence (AN, F18 362, d. 55), ainsi que ceux des 10 et 17 mai 1839 aux AD60 (2UP1).

    89Cf. Joseph Mérilhou, op. cit. Sur cet épisode, cf. ci-dessus, p. 106-107.

    90AN, BB20 99 ainsi que AD60, MP1642, 2UP41 et surtout 2UP1, pour toutes les informations et citations ci-dessous.

    91Dans une lettre du 25 janvier 1839 adressée au procureur général, le procureur du Roi écrit que Semé « est un homme illettré qu’on a placé à Senlis pour supporter les condamnations qui pourraient être prononcées » (AD60, 2UP1).

    92Cf. également AN, CC 748, d. 511, Journal du peuple, 5 mars 1839. Le 18 janvier 1839, 1 280 exemplaires sont saisis à la poste et 84 chez Semé, dont 70 non timbrés. Le numéro du 17 mai est également saisi à la poste, chez Semé et Mme Fessard (AD60, 2UP1).

    93Cf. DBMOF, url citée.

    94Et tout comme, bien avant eux, Pierre Antoine d’Antonelle, étudié par Pierre Serna (Antonelle, aristocrate révolutionnaire, 1747-1817, Paris, Éditions du Félin, 1997).

    95Le tableau découvert en 1998 a été acquis en 2000 par le musée Delacroix.

    96En 1840, il publie sous son nom, chez Rouanet, Études et souvenirs, poésies, précédées d’une lettre de l’habitant des Landes.

    97Petit catéchisme de la réforme sociale par Richard Lahautière. Suivi de la relation du procès et de quelques notes extraites des défenses présentées en faveur de l’Intelligence par MM. Richard Lahautière et Choron, Senlis, 1839.

    98Ce départ est annoncé par Le Journal du peuple du 16 juin 1839.

    99Réponse philosophique à un article sur le babouvisme, publié par M. Thoré dans le Journal du peuple, numéro du 24 novembre 1839, Paris, Rouanet, 1840.

    100Notamment : Les Déjeuners de Pierre, dialogues, Paris, 1841 ; De la Loi sociale, Paris, Prévot, 1841 ; Boulets rouges, Paris, Fiquet, 1840 ; Deux sous pour les Bastilles, s’il vous plaît, Paris, Fiquet, 1840.

    101Biographie populaire de l’armée, Paris, Prévôt, 1840.

    102La Fraternité, journal moral et politique. Le journal publie d’ailleurs, dans son numéro de septembre 1842, un long article de Laponneraye intitulé « Observations sur Maximilien Robespierre ».

    103Auguste Richard de La Hautière, Première jeunesse, illusions ; Dix ans après, désillusions, Vendôme, 1882 : « Trêve de Politique/Royaume, Empire ou République,/Pourvu qu’en France on héberge toujours/L’amitié sainte et les tendres amours,/Je jette au vent ma plume de bataille. »

    104Étienne Cabet, après s’être totalement brouillé avec Richard Lahautière, accuse ce dernier d’être responsable de la disparition de L’Intelligence, en quittant le journal avec une partie de ses fonds (Étienne Cabet, Ma ligne droite ou le vrai chemin de salut pour le peuple, Paris, 1841).

    105Cf. ci-dessus, p. 168 sq.

    1068 pages pour un mensuel contre 4 pages pour un hebdomadaire, l’abonnement coûtant 6 francs par an. L’abonnement était passée à 12 f. pendant la période où le journal était imprimé à Senlis.

    107Dictionnaire des imprimeurs, url citée.

    108« Dès les premiers mois de 1840, quelques communistes, notamment MM. Pillot, récemment sorti de prison, Dezamy, etc. se réunirent pour fonder un journal. On voulait même en créer quatre qui paraîtraient successivement chaque semaine et qui n’en feraient, réellement, qu’un seul : mais on ne put s’entendre sur la rédaction » (Étienne Cabet, Ma ligne droite … op. cit., p. 43).

    109« L’Intelligence a été forcée de renoncer à ses publications hebdomadaires pour adopter le mode mensuel. La Propagande vient combler cette lacune. Elle sera rédigée dans le même esprit que L’Intelligence : elle professera les mêmes principes et les mêmes doctrines, en sorte que les deux journaux se compléteront l’un par l’autre. Cette déclaration de notre part nous dispense de toute profession de foi, c’est aux lecteurs de L’Intelligence que s’adresse principalement ce prospectus ; ils savent donc qui nous sommes et ce que nous voulons. Le prix d’abonnement de L’Intelligence ayant été réduit de 12 fr. à 6, les abonnés de ce journal pourront souscrire à la Propagande sans avoir à débourser une plus forte somme que lorsque L’Intelligence paraissait toutes les semaines. Les deux journaux réunis formeront à peu près l’équivalent de quatre numéros hebdomadaires [l’auteur veut dire mensuel, lapsus révélateur !]. La rédaction de la Propagande sera confiée à des écrivains d’une conviction ardente et forte, d’un radicalisme éprouvé. M. Laponneraye sera un des principaux rédacteurs. » Cet extrait du prospectus est également publié par L’Intelligence.

    110AN, F18 362, d. 56.

    111La collection de la BnF s’arrête au numéro de mars.

    112C’est tout du moins ce qu’affirme le numéro de janvier 1840 de L’Intelligence.

    11310 francs pour 52 numéros de 4 pages (208 pages) en 1837 ; 8 francs pour 12 numéros de 12 pages de demi-format (192 pages correspondant à 96 pages de format complet) en 1840.

    114Cf. ci-dessus, p 171.

    115Cf. ci-dessous, p. 225 sq.

    116AN, F18 348, d. 99.

    117Bibliographie de France, op. cit., 7 septembre 1844.

    118Ibid.

    119AN, F18 348, d. 99.

    120Cf. p. 159.

    121Dans les Mélanges, op. cit., vol. 2, p. 333.

    122L’Indépendant, journal quotidien, politique et littéraire, « Liberté ! Vérité ! ». Ce journal est vendu au numéro pour le prix de 2 sous. L’abonnement annuel est proposé à 30 f. à Paris et 36 f. dans les départements. Cette feuille affirme avoir toujours tiré à un minimum de 10 000 exemplaires.

    123Ibid., no 8, 18 mai.

    124Ibid., no 1, 15 mai 1848.

    125Un rassemblement en faveur de la Pologne aboutit à l’invasion de l’Assemblée nationale et à la proclamation, à l’hôtel de ville, d’un gouvernement insurrectionnel. Son principal résultat fut d’affaiblir la gauche républicaine et de faciliter la tâche à la droite parlementaire dont le principal objectif était d’arriver à prononcer la dissolution des ateliers nationaux.

    126Il s’agit de l’insurrection dite de « Grande Pologne » en Posnanie prussienne qui fut réprimée.

    127Tout du moins c’est le dernier numéro conservé par la BnF.

    128La République est appelée à rétablir l’ordre moral aussi bien que matériel, Paris, Maulde et Renoux, 1848. La BnF n’en a conservé aucun exemplaire ; à notre connaissance la seule bibliothèque qui ait cette brochure dans son catalogue est la Bibliothèque historique de la ville de Paris.

    129Cf. notamment les éditions des 26 et 27 juin 1848.

    130Cf. par exemple dans l’édition du 24 juin les articles « Séance de la Chambre » et de X. Chambellant « République et socialisme ».

    131Albert Laponneraye, Catéchisme républicain, Paris, H.-V. de Surcy, 1848. Il existe aussi une version avignonnaise de cette brochure (Avignon, Peyri, 1848), les fonctions de son auteur à la tête de La Voix du peuple y sont spécifiées.

    132Albert Laponneraye, Lettre à Mgr le prince Louis Bonaparte, constable de la bonne ville de Londres, Paris, 1848.

    133La Voix du peuple, 18 novembre 1848.

    134Préambule des statuts de la Solidarité républicaine. Cf. Edward Berenson, op. cit., p. 74 sq.

    135La BnF recense, en 1848 et 1849, 15 titres portant ce nom ; outre celui qui nous intéresse et la feuille de P. -J. Proudhon, notons des journaux de Colmar, Saint-Étienne, Château-Gontier, Auxonne, Troyes et Lyon ainsi qu’une revue bilingue français-allemand. Ce titre fut aussi adopté pour un recueil de chansons républicaines, publié par les principaux chansonniers parisiens (La Voix du peuple ou les républicaines de 1848, recueil de chants populaires, démocratiques et sociaux publiés depuis la Révolution de février, Paris, Durand, 1848).

    136Le National du Midi. Journal du peuple souverain, parait aux mois de mars et avril 1848, il devient ensuite Le National du Midi, journal du soir qui disparaît en juillet 1848.

    137« En nous ralliant à un des organes les plus avancés et les plus intelligents de la presse démocratique de Paris, nous avons la ferme conviction que nos principes politiques ne seront l’objet d’aucune suspicion de la part des républicains de notre ville. Le National a reçu la consécration de deux noms illustres dans la presse, Armand Carrel et Armand Marrast » (Le National du Midi, 1er mars 1848).

    138Cf. DBMOF, url citée, qui cite pour unique source : Les Bouches-du-Rhône. Encyclopédie départementale, t. IX, Marseille, 1913 ; ainsi que l’article de René Merle publié sur le site de l’Association « 1851, pour la mémoire des résistances républicaines » (une mine d’informations sur la IIe République et les résistances au coup d’État de 1851 en Provence), [http://1851.fr/lieux/marseille_juin_1848/]. Une très (trop) rapide recherche à ce sujet dans les archives départementales (4M 2396) ne nous a cependant pas permis de repérer son nom dans le dossier des personnes incarcérées au château d’If.

    139AD13m, 4M 2383.

    140L’exemplaire conservé par la BnF est dédicacé « au citoyen Arago ». Poumicon y demande : « point de marchandage, fixation du travail et du salaire, liberté d’association entre les travailleurs », mesures qu’il considère impossibles sans que les « grandes industries manufacturières » ne soient « placées sous la main du gouvernement » qui pourrait leur prêter à faible intérêt grâce à une « banque fraternelle ». Il prône également le développement des échanges internationaux et du libre-échange – « guerre d’émulation et d’industrie » – la colonisation de l’Afrique et l’accueil par la France de tous « exilés et proscrits politiques ».

    141Le Club indépendant. Journal de Marseille, quotidien, politique, commercial et littéraire, 18 avril 1848.

    142AD13m, 1M 602.

    143AN, F18 441E.

    144Cf. M. Cassan, Lois sur la presse depuis le 24 février 1848, Paris, Videcoq, 1851.

    145Il aurait fourni 2 000 francs sur les 3 000 déposés. L’appel à un « mécène », montrant, une fois de plus, les difficultés d’un journal démocratique à placer des actions auprès de ses soutiens (AD13m, 2T 66).

    146M. Cassan, op. cit. ; et AD13m, 1M 600.

    147AD13m, 2T 66.

    148Il est fixé à 30 francs pour la ville de Marseille, 36 francs pour les autres communes des Bouches-du-Rhône, 40 francs pour les autres départements et 60 francs pour l’étranger ; des montants sont ramenés respectivement à 16 francs, 18 francs, 20 francs et 30 francs pour un abonnement de six mois et 8,50 francs, 9,50 francs, 12,50 francs et 16,50 francs pour un abonnement trimestriel. L’abonnement annuel à La Réforme coûte, en octobre 1848, 30 francs pour Paris et 38 francs pour les départements, sommes ramenées à 16 et 20 francs pour une période de 6 mois ; toujours en octobre 1848, Le Journal des débats est proposé pour 50 francs par an à Paris et 60 francs dans les départements.

    149AN, F18 441e.

    150À 2.25 francs par mois, cf. La Voix du peuple, 10 janvier 1849. Cet arrêté rétablit les rigueurs de la loi du 16 février 1834. Il se situe dans le prolongement de l’arrêté du 19 août 1848, pris par le préfet de police de Paris, François Joseph Ducoux.

    151Sur ces questions cf. Dominique Kalifa, Philippe Régnier et al., op. cit. ; ainsi que Christophe Charle, Le Siècle de la presse (1830-1938), Paris, Seuil, 2004.

    152La Voix du peuple des 10 et 10 janvier 1849.

    153Ibid., 23 mai 1849.

    154Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant, 1836, l’An I de l’ère médiatique, Paris, Nouveau monde, 2001.

    155La Voix du peuple, 8 et 9 janvier 1849.

    156Dans La Voix du peuple du 9 juin 1849, il est avancé, pour attirer les annonceurs, un tirage minimal de 4 000 exemplaires, « et souvent même 4 500 », mais dans une lettre non datée, mais postérieure à l’élection présidentielle, adressée à sa belle-sœur, et découverte par Mme Hennet, il écrit : « Nous tirons à 3 200 exemplaires. Jamais aucun journal à Marseille n’est parvenu à un tel tirage. Le journal le plus répandu ne tire qu’à 1 600 » (Sylvie Hennet, mémoire cité, annexe IX, n. p.) Les deux chiffres ne sont pas forcément contradictoires, le journal pouvait tirer à 3 200 exemplaires en janvier et à 4 000 en juin 1849.

    157Cf. ci-dessous, p. 239 sq.

    158Cf. ci-dessus, p. 78.

    159AD13a, 2 U1 191, d. 6, lettre du 21 janvier 1849.

    160AD13a, 2 U1 312.

    161AD13a, 2 U2 4238 et 2. U1.191, d. 6.

    162Il occupe cette fonction du 12 mars 1848 au 18 mai 1849.

    163AD13a, 2 U1 191, d. 6, brouillon d’une lettre du procureur datée du 13 février.

    164Ibid., lettre du 7 février.

    165Ibid.

    166Lette de Laponneraye à Nanine Sébille du 1er mars 1849, dans Sylvie Hennet, mémoire cité, annexe X, n. p.

    167Cf. Laurent Reverso (textes réunis par), La République romaine de 1849 et la France, Paris, L’Harmattan, 2008 ; et Laurent Reverso (dir.), Constitutions, républiques, mémoires. 1849 entre Rome et la France, Paris, L’Harmattan, 2011.

    168AD13a, 2 U2 4237, ainsi que pour les informations ci-dessous.

    169Élu une première fois le 7 janvier 1849, lors d’une élection partielle, il est réélu, le 13 mai 1849, 3e et dernier de la liste, avec 11 952 voix (26 587 votants, 48 379 inscrits).

    170AD13a, 2 U2 4239.

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    1Cf. ci-dessus, p. 154 sq.

    2Lettre de Laponneraye à la Gazette des tribunaux du samedi 3 décembre 1831 ; et Henri Gisquet, op. cit., vol. 3, p. 183.

    3AN. F7 3885, bulletin du 4 décembre 1831 et Gazette des tribunaux, no 1969 des 5 et 6 décembre.

    4Dès la fin de la seconde leçon est annoncée la saisie de la leçon précédente. Les archives nationales nous permettent, par le biais des déclarations des imprimeurs, de suivre à peu près régulièrement la sortie de ces brochures (registres microfilmés F18II 21 pour 1831 et F18II 22 du 1er janvier 1832 à juin 1833 et dossiers F18 58B pour David, 95 pour Mie et 113 pour Sétier, nous n’avons pas, en revanche, retrouvé les déclarations de Grossteite, les Archives nationales n’étant complètes que pour les seuls imprimeurs parisiens). Le 10 novembre 1831, David déclare « avoir l’intention d’imprimer la 1re leçon ». En ce qui concerne les autres leçons, on relève : 2e et 3e leçons, le 18 novembre 1832 ; 8e leçon, le 23 février ; 9e leçon, le 21 mars ; 10e leçon, le 27 mars ; 11e leçon, le 2 avril ; 12e leçon, le 19 avril ; trois leçons sans autre indication les 3, 19 et 25 mai ; 18e leçon, le 29 juin ; 19e leçon, le 13 juillet ; 20e leçon, le 2 août ; 21e leçon, le 10 août ; 22e leçon, le 14 août ; 29e leçon, le 5 décembre ; 30e leçon, le 19 décembre ; 31e leçon, le 4 janvier 1833 ; « 32e leçon sq. », le 22 janvier 1833.

    5Notice de la 31e leçon du Cours public, op. cit., p. 1 (en fait il s’agit du second volume relié avec le précédent dans l’exemplaire de la BnF).

    6Les EDHIS ont proposé plusieurs recueils, en reprint, d’un nombre significatif de ces brochures : Les révolutions du xixe siècle : 2, La Société des amis du peuple : 1830-1832, et 3, La Société des droits de l’homme et du citoyen : 1832-1834, Paris, EDHIS, s. d.

    7Il assure la parution des leçons 4 à 7, 22 à 28 et 35 à 49. Il imprime, par ailleurs, entre autres : Procès politiques de la 6e brochure des Amis du peuple et du prospectus des Instructeurs du peuple, soutenus par Ricard-Farrat, devant la cour d’assises de la Seine, le 14 décembre 1831 ; de Xavier Sauriac, Réforme sociale, ou catéchisme du prolétaire ; le Catéchisme des droits de l’homme et du citoyen d’Ernest Richard ; les journaux Mayeux et le Libérateur ; ou Tout l’espoir des prolétaires est dans la République, signé Adam (cf. DBMOF, url citée). Il devait également imprimer, en 1834, Le Libérateur de Blanqui (cf. Maurice Dommanget, Auguste Blanqui, des origines à la révolution de 1848, Paris/La Haye, Mouton, 1969, p. 129). Il est étroitement surveillé par le sous-préfet de Sceaux (AN, F18 149, dossier Sceaux, lettre du 14 février 1834 affirmant exercer « depuis longtemps sur l’imprimerie de M. Grossteite, une surveillance active, qui, vous pouvez le croire, ne sera jamais en défaut »).

    8AN, F18 113. Il imprime les 2e et 3e leçons. Sortent également de ses presses, entre autres, une Réponse d’un républicain aux pamphlets du juste-milieu, et aux mensonges gratuitement distribués à domicile contre les républicains de Charles Pimpaneau : le Compte rendu du procès de l’ouvrier tailleur républicain Victor Prospert ; ou, d’Adolphe Rion, Lettre du Père André sur les droits et les intérêts du peuple français : principaux événements qui se sont succédés depuis quarante ans ; et À M. Gisquet, Préfet de police ; deux brochures parues en 1832, plusieurs brochures de la Société des droits de l’homme ou un recueil intitulé Chants dédiés à la Société des droits de l’homme. Son atelier se trouvait 29, rue de Grenelle Saint-Honoré, actuelle rue Jean-Jacques Rousseau, dans sa partie sud, entre la rue du Louvre et la rue Coquillière.

    9AN, F18 58B. Il imprime les leçons 1 et 29 à 34. Son atelier se situait 4bis-6, boulevard Poissonnière. Il a également imprimé le Règlement de la Société des Amis du Peuple en 1830.

    10AN, F18 95. Il imprime les leçons 8 à 20. Son atelier se trouvait au no 9 de la rue Joquelet (actuelle rue Léon Cladel dans le 2e arrondissement, derrière le palais Brongniart).

    11Cf. DBMOF, url citée. Il est élu député de la Dordogne, siégeant avec la Montagne, à l’élection complémentaire du 4 juin 1848 et réélu le 13 mai 1849.

    12D’après une notice insérée à la fin du prospectus annonçant la parution des Œuvres choisies de Robespierre et la Bibliographie de la France : ou Journal général de l’imprimerie et de la librairie pour 1831, 1832 et 1833.

    13Paul Paillat, « Les salaires et la condition ouvrière en France à l’aube du machinisme (1815-1830) », dans Revue économique, vol. 2, no 6, 1951, p. 767-776.

    14La France ne comptait que 20 % d’urbains en 1801 et 25 % en 1850.

    15La BnF n’a conservé qu’une collection incomplète du premier volume (il manque les leçons 4 à 6 et 22 à 28), reliée avec les quatre premières leçons du second volume (31 à 34). L’intérêt porté par la police aux leçons de Laponneraye nous permet cependant, grâce aux saisies conservées aux Archives nationales, de reconstituer la quasi-totalité des 50 premières leçons (leçons 4 à 6 et 22 à 25 en AE.V.117 et 35 à 38, 40 à 47 et 49 en AE.V.148A). La BnF possède aussi une version polonaise de 1834.

    16C’est tout du moins ce qu’affirme Laponneraye dans les Mélanges de 1835 (vol. 1, p. 161), dans un article où il annonce qu’il renonce à publier le quatrième volume, ce qui suppose que les trois premiers sont effectivement parus.

    17Notons celle de Verdière, Lheureux, Ponthieu et Bossange, (1825) en 3 volumes et 60 livraisons ; celle de Jules Didot aîné, Dufour et Cie, (1827-1829), publié sur 2 colonnes (pour augmenter, dans un but d’économie, la quantité de texte imprimé par page) et 4 volumes, la couverture de la 63e livraison est insérée dans le 3e volume ; celle de A. Sautelet, Verdière, Furne, A. Dupont, (1827), en 3 volumes, imprimée par H. Fournier et publiée en livraisons ; celle en 75 volumes proposée par Fortic (1825-1828).

    18Paris, Pichon et Didier, 1828-1829.

    19Chansons de Vinçard, Paris, A. Appert, s. d, 3 livraisons de 12 pages.

    20Cf. Philippe Darriulat, La Muse du peuple. Chansons politiques et sociales en France, 1815-1871, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 266 sq.

    21Dominique Kalifa, « L’Entrée de la France en régime “médiatique” : l’étape des années 1860 », dans Jacques Migozzi, De l’écrit à l’écran, Limoges, Pulim, 2000, p. 39-52.

    22Mélanges, op. cit., vol. 2, p. 328-329. Les Bulletin de police de la Préfecture de Paris présente Ricard-Farrat et son Prospectus des instructeurs du peuple, imprimé par A. Mie, comme « le fondateur de cette espèce d’écrits périodiques » à des fins de propagande républicaine, un mois avant la première leçon du cours public de Laponneraye (AN, F73885, bulletin du 5 octobre 1831).

    23La Bibliographie de la France : ou Journal général de l’imprimerie et de la librairie nous permet de voir comment ont été diffusées les œuvres de Laponneraye : les Œuvres choisies de Robespierre (1834), 24 livraisons à 50 centimes chaque ; le Dictionnaire historique des peuples anciens et modernes … 60 livraisons hebdomadaires à 15 centimes la livraison ; les Mélanges…, 24 à 26 livraisons, 25 centimes la livraison ; le Dictionnaire historique, 29 livraisons à 25 centimes la livraison ; l’Histoire de la Révolution de 1789 à 1814, 30 livraisons à 30 centimes ; la Biographie des rois…, 40 livraisons à 50 centimes ; l’Histoire des révolutions de l’Europe, 80 livraisons, 30 centimes chacune ; les Œuvres de Robespierre, avec avant-propos d’Armand Carrel, 64 livraisons, 0.30 f. la livraison ; l’Histoire des grands capitaines… 100 livraisons à 10 centimes ; l’Histoire universelle…, est prévue en 20 volumes de cinq séries chacun, chaque série est proposée pour 1 franc ; Histoire de la Révolution française jusqu’en 1845, 25 séries, 1 franc chacune ; l’Histoire des guerres civiles… 40 livraisons à 40 centimes chacune ; l’Histoire des guerres civiles … 40 livraisons à 40 centimes chacune ; la Description pittoresque et statistique de Paris au xixe siècle est prévue en 100 livraisons ; l’Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1847 40 livraisons, à 15 centimes l’unité.

    24La Voix du peuple, no 120, 25 mai 1849. Par ailleurs le Journal des journaux de janvier 1843, nous apprend que l’Histoire des rivalités de la France et de l’Angleterre peut être achetée par livraisons « au prix de 50 c. chaque livraison ». Le même journal publie des extraits de Stephanowa (en 1840 et 1842) ce qui laisse supposer, sans donner de certitude, que cet ouvrage fut aussi diffusé par livraisons.

    25Le catalogue de la BnF propose 295 occurrences pour une recherche d’ouvrages intitulé « histoire de France » et publiés entre 1830 et 1848 – avec cependant plusieurs rééditions –, 18 pour l’année 1847.

    26Prospectus recto-verso non numéroté placé à la fin du volume.

    27Cette leçon n’est pas dans le recueil conservé par la BnF, on peut la trouver aux AN en AE.V.117.

    28Les 2e et 3e leçons sont tirées à 1 500 exemplaires (AN, F18 113, dossier Sétier), et la 11e leçon, celle qui paraît à la veille du procès de Laponneraye, à 2 000 exemplaires (F18 95, dossier Mie).

    29AN, F18II 22, no 3061.

    30AN, F18II 30, no 1164.

    31AN, F18 95, déclaration du 25 avril.

    32AN, F18II 31, no 4229.

    33Sur les presses d’Auguste Mie (AN, F18 95), une première fois à 10 000 exemplaires (le 25 octobre 1832) et une seconde fois à 8 000 exemplaires (le 14 septembre 1833) et sur celles de Sétier à 3 000 exemplaires le 11 avril 1833 (AN, F18 113). De nombreuses autres impressions de la déclaration existent sans qu’il soit possible de définir si elles sont accompagnées du commentaire de Laponneraye. Le tirage de 21 000 représente donc bien un minimum.

    34AN, F18 84.

    35Robert Tombs, « Thiers historien », dans Cahiers de l’Association internationale des études françaises, 1995, no 47, p. 265-281.

    36« Du journalisme, de son influence et du rôle important qu’il est appelé à jouer dans la régénération des peuples », dans Mélanges…, vol. 2, p. 328-355. Sauf mention contraire, les références faites dans cette partie renvoient à cet article.

    37Géraldine Muhlmann, « La démocratie médiatique », dans Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant (dir.), op. cit., p. 1367-1380. Camille Desmoulins évoquait ainsi le « torrent révolutionnaire » qui, pour être suivi, exige la plume « rapide et haletante » du journal.

    38On en attribue généralement la paternité à Edmund Burke qui s’en servit en 1790 pour condamner la Révolution française

    39« Chronique de la presse », dans La Revue parisienne, 25 août 1840, p. 243 : « La presse est en France un quatrième pouvoir dans l’État : elle attaque tout et personne ne l’attaque. » Sur Balzac et la presse, cf. José-Luis Diaz, « Balzac analyste du journalisme. Selon la “Monographie de la presse parisienne” », dans L’Année balzacienne, 2006/1 (no 7), p. 215-235 ; et Marie-Ève Thérenty, Balzac journaliste : articles et chroniques, Paris, GF, 2014.

    40Christophe Charle, Discordance des temps, op. cit., p. 35. Cf. également Thomas Bouchet, Vincent Bourdeau, Edward Castelton, Ludovic Frobert et François Jarrige, Quand les socialistes inventaient l’avenir, 1825-1860, Paris, La Découverte, 2015, notamment p. 143 sq.

    41Ibid.

    42En 1830, la presse quotidienne parisienne (à vocation nationale) ne tire qu’à 60 000 exemplaires, tous titres confondus, et elle ne se diffuse que par abonnements, au prix de 80 francs par an, ce qui correspond au salaire de 26 journées de travail d’un ouvrier parisien (à peu près 40 jours pour un ouvrier agricole).

    43Cf. à ce propos les remarques d’Emmanuel Fureix qui estime qu’autour de 1840 « La langue et les doctrines héritées de la Révolution ne suffisent pas à dire le présent, ni à proposer un renversement effectif des rapports sociaux. Il n’est plus possible de voir simplement en 1830 un nouveau 1789, ni même un nouveau 1793, en appelant de ses vœux une révolution mimétique qui renverserait les nouvelles féodalités bourgeoises » (« Une transmission discontinue », art cité, p. 191).

    44Cf. Corinne Saminadayar-Perrin, « Poétique de l’écriture de la Presse. Avatars journalistiques de l’éloquence publique », dans Dominique Kalifa, Philippe Régnier et al., op. cit., p. 667-690.

    45« Nulle association de plus de vingt personnes, dont le but sera de se réunir tous les jours ou certains jours marqués, pour s’occuper d’objets religieux, littéraire, politiques ou autres, ne pourra se former qu’avec l’agrément du Gouvernement, et sous les conditions qu’il plaira à l’autorité publique d’imposer à la société. »

    46L’autorisation délivrée par le gouvernement serait toujours révocable et, pour contrer les sociétés républicaines qui se divisaient en sections de moins de 20 personnes, le texte précisait que la rigueur du code s’appliquerait « aux associations de plus de vingt personnes, alors même que ces associations seraient partagées en sections d’un nombre moindre, et qu’elles ne se réuniraient pas tous les jours ou à des jours marqués ».

    47Le Club. Journal de discussion politique et philosophique. « Prospectus », Paris, s. d. [1841]. Pour toutes les informations et citations ci-dessous.

    48La Fraternité : journal moral et politique (mai 1841-mars 1843), rédacteur en chef Richard Lahautière.

    49L’Humanitaire. Organe de la science sociale, juillet et août 1841. Cf. Jean-Michel Paris, L’Humanitaire, naissance d’une presse anarchiste ?, Paris, L’Harmattan, 2014.

    50Le Travail : organe de la rénovation sociale, Lyon, juin 1841.

    51Le Populaire de 1841 : journal de réorganisation sociale et politique (1841-1851), par Étienne Cabet.

    52Premier banquet communiste, le 1er juillet 1840, [Paris, 1840]. Cf. Alain Maillard, « La génération communiste de 1840 et la mémoire de Gracchus Babeuf », dans L’Homme et la société, op. cit., p. 89-100.

    53C’est-à-dire le jour de l’anniversaire de ses 29 ans. Il ne lui restait même pas deux mois à attendre avant d’avoir fini de purger sa peine. Les bénéficiaires de cette amnistie peuvent être « soumis à surveillance », ce qui n’est pas le cas de Laponneraye (AN, BB18 1367).

    54Dans un article consacré à l’histoire de L’Intelligence publié par le Populaire de Cabet dans son édition du 11 septembre 1842.

    55Cf. 133 sq. ; Alain Maillard, « Égalité et communauté, la presse communiste », dans Thomas Bouchet, Vincent Bourdeau et al., op. cit., p. 143-150 et 168-180 ; et Philippe Régnier, « Le Journal militant », dans La Civilisation du journal, op. cit., p. 295-316.

    56« Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions en se conformant aux lois. La censure ne pourra jamais être rétablie » (article 7).

    57Il s’agit de la confirmation de l’article 3 de la loi du 18 juillet 1828 qui dispense de cautionnement les mensuels et les journaux non politiques.

    58Des chiffres qui ne sont évidemment que des approximations réalisées à partir des données proposées par Paul Paillat, art. cité.

    59Ce dernier titre reprend cependant sa publication en 1838.

    60Cf. ci-dessus, p. 54. Sauf mention contraire, les informations ci-dessous sont données à partir de cet article.

    61AN, F18 362, d. 55.

    62Ibid.

    63Antoine, Auguste d’Urtubie (né en 1801) et Jacob Worms (né, comme Laponneraye, en 1808) sont associés dans une imprimerie sise à Montmartre qui fait faillite en 1839 (AN F18 2084, F18 1760 et Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du xixe siècle, de l’École des Chartes), [http://elec.enc.sorbonne.fr/imprimeurs].

    64AN, F18(II) 25, no 1826.

    65Le jour même le ministère de l’Intérieur le signale au procureur général et au procureur du Roi (AN, F18 362, d. 55).

    66AN, F18 362, d. 55.

    67AD15, 27 J 108 et 27 J 220, [http://archives.cantal.fr/ark:/16075/a0113724107748bwE2M] et [http://archives.cantal.fr/ark:/16075/a011372410774r5ndn8].

    68La ligne Paris-Orléans en train n’est ouverte, jusqu’à Orléans, qu’en mai 1843.

    6940 000 habitants dans les années 1830. Rappelons que la limite de 50 000 habitants est celle à partir de laquelle le cautionnement des journaux est diminué de moitié.

    70La création du journal est annoncée dans le numéro du 18 octobre 1837 ; les démêlés de L’Intelligence avec la police et la justice sont relatés dans les numéros des 29 novembre 1837, 21 février, 7 mars, 28 mars et 9 mai 1838.

    71AN, F18 1966.

    72Dictionnaire des imprimeurs … en ligne, url citée et AN, F18 1966, dossier Danicourt-Huet. Dans le but d’aboutir à la disparition du Journal du Loiret – « La destruction de ce journal est pour ainsi dire la condition de son existence [à la force et à la sécurité], et nous ne devons négliger aucun moyen pour y arriver » (lettre du 15 octobre 1838) – le préfet propose par exemple de retirer le brevet d’imprimeur à Danicourt-Huet sous des prétextes divers que sa tutelle ne peut retenir.

    73AN, F18 362, d. 55 et AD45 T.947 (2) ; ainsi que pour les autres références à la correspondance entre la préfecture du Loiret et le ministère de l’Intérieur. La cour royale d’Orléans adresse également un courrier au ministre de la Justice sur cette nouvelle parution (AN, BB18 1370).

    74En fait il sera réélu à Joigny le 4 novembre.

    75Une lettre envoyée à Valentin Duclos le 30 novembre 1837 affirme que tout nouvel actionnaire se voit offrir un exemplaire de L’Histoire de l’amiral de Coligni et que celui qui en prendrait deux « reçoit également à titre de prime un exemplaire de ma Biographie des rois, empereurs et des papes » (AN, CC 778, scellé no 1, p. 4).

    76AN, BB18 1370 et AD45, T.947 (2).

    77L’article 69.1 de la Charte de 1830 prévoyait en effet que les délits politiques et de presse relevaient des cours d’assises, dans des conditions qu’a précisé la loi du 10 avril 1834.

    78AN, F18 362, d. 55 et AD45, T.947 (2).

    79Les 200 francs, auxquels s’ajoutent 51,65 francs, sont payés à Paris le 24 mai 1838 (AD45, T 947, d. 57).

    80L’article 19 de la loi du 9 septembre 1835 « relative aux crimes, délits et contraventions de la presse et autres moyens de publication » affirmait en effet : « En cas de condamnation contre un gérant pour crime, délit ou contravention de la presse, la publication du journal ou écrit périodique ne pourra avoir lieu, pendant toute la durée des peines d’emprisonnement et l’interdiction des droits civils, que par un autre gérant remplissant toutes les conditions exigées par la loi. Si le journal n’a qu’un gérant, les propriétaires auront un mois pour en présenter un nouveau, et, dans l’intervalle, ils seront tenus de désigner un rédacteur responsable. Le cautionnement entier demeurera affecté à cette responsabilité. »

    81Transmission faite le 22 février 1838 à l’étude de maître Alagnier (AN, F18 362, p. 305).

    82AN, F18 362, d. 55.

    83AN, F18(II) 25, no 1039 et 1426 pour les informations concernant les tirages.

    84AD45, T.947(2).

    85Dictionnaire des imprimeurs-lithographes … en ligne, url citée et AN, F18 2026. En avril 1841 elle est condamnée à 1 000 francs d’amende pour avoir déclaré les publications qu’elle imprime à la sous-préfecture, et non à la préfecture, de l’Oise. Elle demande un recours en grâce, appuyée par son époux, garde national de la 3e légion, soutenu dans ses démarches par sa hiérarchie, pour que la somme soit ramenée à 100 francs, ce qu’elle obtient le 17 novembre 1841, malgré l’avis du préfet qui rappelle : « c’est elle qui a imprimé La Revue de l’Oise, L’Intelligence et qui imprime encore le Progressif, qui comme les deux journaux tombés, reproduit fidèlement les doctrines les plus hostiles au gouvernement ».

    86AN, F18 362, d. 55. Cf. également Jacques Mermet, Histoires de chez nous, chroniques du pays d’Oise, Compiègne, 1926, p. 259-262.

    87Cf. DBMOF, url citée.

    88Les numéros des 23 novembre et 7 décembre 1838 (AN, AEV 172), 22 février (AN, CC 741, no 212) et 10 mai 1839 (AN, CC 736, no 127). On trouve également le premier numéro du 2 novembre 1838 dans le dossier administratif de L’Intelligence (AN, F18 362, d. 55), ainsi que ceux des 10 et 17 mai 1839 aux AD60 (2UP1).

    89Cf. Joseph Mérilhou, op. cit. Sur cet épisode, cf. ci-dessus, p. 106-107.

    90AN, BB20 99 ainsi que AD60, MP1642, 2UP41 et surtout 2UP1, pour toutes les informations et citations ci-dessous.

    91Dans une lettre du 25 janvier 1839 adressée au procureur général, le procureur du Roi écrit que Semé « est un homme illettré qu’on a placé à Senlis pour supporter les condamnations qui pourraient être prononcées » (AD60, 2UP1).

    92Cf. également AN, CC 748, d. 511, Journal du peuple, 5 mars 1839. Le 18 janvier 1839, 1 280 exemplaires sont saisis à la poste et 84 chez Semé, dont 70 non timbrés. Le numéro du 17 mai est également saisi à la poste, chez Semé et Mme Fessard (AD60, 2UP1).

    93Cf. DBMOF, url citée.

    94Et tout comme, bien avant eux, Pierre Antoine d’Antonelle, étudié par Pierre Serna (Antonelle, aristocrate révolutionnaire, 1747-1817, Paris, Éditions du Félin, 1997).

    95Le tableau découvert en 1998 a été acquis en 2000 par le musée Delacroix.

    96En 1840, il publie sous son nom, chez Rouanet, Études et souvenirs, poésies, précédées d’une lettre de l’habitant des Landes.

    97Petit catéchisme de la réforme sociale par Richard Lahautière. Suivi de la relation du procès et de quelques notes extraites des défenses présentées en faveur de l’Intelligence par MM. Richard Lahautière et Choron, Senlis, 1839.

    98Ce départ est annoncé par Le Journal du peuple du 16 juin 1839.

    99Réponse philosophique à un article sur le babouvisme, publié par M. Thoré dans le Journal du peuple, numéro du 24 novembre 1839, Paris, Rouanet, 1840.

    100Notamment : Les Déjeuners de Pierre, dialogues, Paris, 1841 ; De la Loi sociale, Paris, Prévot, 1841 ; Boulets rouges, Paris, Fiquet, 1840 ; Deux sous pour les Bastilles, s’il vous plaît, Paris, Fiquet, 1840.

    101Biographie populaire de l’armée, Paris, Prévôt, 1840.

    102La Fraternité, journal moral et politique. Le journal publie d’ailleurs, dans son numéro de septembre 1842, un long article de Laponneraye intitulé « Observations sur Maximilien Robespierre ».

    103Auguste Richard de La Hautière, Première jeunesse, illusions ; Dix ans après, désillusions, Vendôme, 1882 : « Trêve de Politique/Royaume, Empire ou République,/Pourvu qu’en France on héberge toujours/L’amitié sainte et les tendres amours,/Je jette au vent ma plume de bataille. »

    104Étienne Cabet, après s’être totalement brouillé avec Richard Lahautière, accuse ce dernier d’être responsable de la disparition de L’Intelligence, en quittant le journal avec une partie de ses fonds (Étienne Cabet, Ma ligne droite ou le vrai chemin de salut pour le peuple, Paris, 1841).

    105Cf. ci-dessus, p. 168 sq.

    1068 pages pour un mensuel contre 4 pages pour un hebdomadaire, l’abonnement coûtant 6 francs par an. L’abonnement était passée à 12 f. pendant la période où le journal était imprimé à Senlis.

    107Dictionnaire des imprimeurs, url citée.

    108« Dès les premiers mois de 1840, quelques communistes, notamment MM. Pillot, récemment sorti de prison, Dezamy, etc. se réunirent pour fonder un journal. On voulait même en créer quatre qui paraîtraient successivement chaque semaine et qui n’en feraient, réellement, qu’un seul : mais on ne put s’entendre sur la rédaction » (Étienne Cabet, Ma ligne droite … op. cit., p. 43).

    109« L’Intelligence a été forcée de renoncer à ses publications hebdomadaires pour adopter le mode mensuel. La Propagande vient combler cette lacune. Elle sera rédigée dans le même esprit que L’Intelligence : elle professera les mêmes principes et les mêmes doctrines, en sorte que les deux journaux se compléteront l’un par l’autre. Cette déclaration de notre part nous dispense de toute profession de foi, c’est aux lecteurs de L’Intelligence que s’adresse principalement ce prospectus ; ils savent donc qui nous sommes et ce que nous voulons. Le prix d’abonnement de L’Intelligence ayant été réduit de 12 fr. à 6, les abonnés de ce journal pourront souscrire à la Propagande sans avoir à débourser une plus forte somme que lorsque L’Intelligence paraissait toutes les semaines. Les deux journaux réunis formeront à peu près l’équivalent de quatre numéros hebdomadaires [l’auteur veut dire mensuel, lapsus révélateur !]. La rédaction de la Propagande sera confiée à des écrivains d’une conviction ardente et forte, d’un radicalisme éprouvé. M. Laponneraye sera un des principaux rédacteurs. » Cet extrait du prospectus est également publié par L’Intelligence.

    110AN, F18 362, d. 56.

    111La collection de la BnF s’arrête au numéro de mars.

    112C’est tout du moins ce qu’affirme le numéro de janvier 1840 de L’Intelligence.

    11310 francs pour 52 numéros de 4 pages (208 pages) en 1837 ; 8 francs pour 12 numéros de 12 pages de demi-format (192 pages correspondant à 96 pages de format complet) en 1840.

    114Cf. ci-dessus, p 171.

    115Cf. ci-dessous, p. 225 sq.

    116AN, F18 348, d. 99.

    117Bibliographie de France, op. cit., 7 septembre 1844.

    118Ibid.

    119AN, F18 348, d. 99.

    120Cf. p. 159.

    121Dans les Mélanges, op. cit., vol. 2, p. 333.

    122L’Indépendant, journal quotidien, politique et littéraire, « Liberté ! Vérité ! ». Ce journal est vendu au numéro pour le prix de 2 sous. L’abonnement annuel est proposé à 30 f. à Paris et 36 f. dans les départements. Cette feuille affirme avoir toujours tiré à un minimum de 10 000 exemplaires.

    123Ibid., no 8, 18 mai.

    124Ibid., no 1, 15 mai 1848.

    125Un rassemblement en faveur de la Pologne aboutit à l’invasion de l’Assemblée nationale et à la proclamation, à l’hôtel de ville, d’un gouvernement insurrectionnel. Son principal résultat fut d’affaiblir la gauche républicaine et de faciliter la tâche à la droite parlementaire dont le principal objectif était d’arriver à prononcer la dissolution des ateliers nationaux.

    126Il s’agit de l’insurrection dite de « Grande Pologne » en Posnanie prussienne qui fut réprimée.

    127Tout du moins c’est le dernier numéro conservé par la BnF.

    128La République est appelée à rétablir l’ordre moral aussi bien que matériel, Paris, Maulde et Renoux, 1848. La BnF n’en a conservé aucun exemplaire ; à notre connaissance la seule bibliothèque qui ait cette brochure dans son catalogue est la Bibliothèque historique de la ville de Paris.

    129Cf. notamment les éditions des 26 et 27 juin 1848.

    130Cf. par exemple dans l’édition du 24 juin les articles « Séance de la Chambre » et de X. Chambellant « République et socialisme ».

    131Albert Laponneraye, Catéchisme républicain, Paris, H.-V. de Surcy, 1848. Il existe aussi une version avignonnaise de cette brochure (Avignon, Peyri, 1848), les fonctions de son auteur à la tête de La Voix du peuple y sont spécifiées.

    132Albert Laponneraye, Lettre à Mgr le prince Louis Bonaparte, constable de la bonne ville de Londres, Paris, 1848.

    133La Voix du peuple, 18 novembre 1848.

    134Préambule des statuts de la Solidarité républicaine. Cf. Edward Berenson, op. cit., p. 74 sq.

    135La BnF recense, en 1848 et 1849, 15 titres portant ce nom ; outre celui qui nous intéresse et la feuille de P. -J. Proudhon, notons des journaux de Colmar, Saint-Étienne, Château-Gontier, Auxonne, Troyes et Lyon ainsi qu’une revue bilingue français-allemand. Ce titre fut aussi adopté pour un recueil de chansons républicaines, publié par les principaux chansonniers parisiens (La Voix du peuple ou les républicaines de 1848, recueil de chants populaires, démocratiques et sociaux publiés depuis la Révolution de février, Paris, Durand, 1848).

    136Le National du Midi. Journal du peuple souverain, parait aux mois de mars et avril 1848, il devient ensuite Le National du Midi, journal du soir qui disparaît en juillet 1848.

    137« En nous ralliant à un des organes les plus avancés et les plus intelligents de la presse démocratique de Paris, nous avons la ferme conviction que nos principes politiques ne seront l’objet d’aucune suspicion de la part des républicains de notre ville. Le National a reçu la consécration de deux noms illustres dans la presse, Armand Carrel et Armand Marrast » (Le National du Midi, 1er mars 1848).

    138Cf. DBMOF, url citée, qui cite pour unique source : Les Bouches-du-Rhône. Encyclopédie départementale, t. IX, Marseille, 1913 ; ainsi que l’article de René Merle publié sur le site de l’Association « 1851, pour la mémoire des résistances républicaines » (une mine d’informations sur la IIe République et les résistances au coup d’État de 1851 en Provence), [http://1851.fr/lieux/marseille_juin_1848/]. Une très (trop) rapide recherche à ce sujet dans les archives départementales (4M 2396) ne nous a cependant pas permis de repérer son nom dans le dossier des personnes incarcérées au château d’If.

    139AD13m, 4M 2383.

    140L’exemplaire conservé par la BnF est dédicacé « au citoyen Arago ». Poumicon y demande : « point de marchandage, fixation du travail et du salaire, liberté d’association entre les travailleurs », mesures qu’il considère impossibles sans que les « grandes industries manufacturières » ne soient « placées sous la main du gouvernement » qui pourrait leur prêter à faible intérêt grâce à une « banque fraternelle ». Il prône également le développement des échanges internationaux et du libre-échange – « guerre d’émulation et d’industrie » – la colonisation de l’Afrique et l’accueil par la France de tous « exilés et proscrits politiques ».

    141Le Club indépendant. Journal de Marseille, quotidien, politique, commercial et littéraire, 18 avril 1848.

    142AD13m, 1M 602.

    143AN, F18 441E.

    144Cf. M. Cassan, Lois sur la presse depuis le 24 février 1848, Paris, Videcoq, 1851.

    145Il aurait fourni 2 000 francs sur les 3 000 déposés. L’appel à un « mécène », montrant, une fois de plus, les difficultés d’un journal démocratique à placer des actions auprès de ses soutiens (AD13m, 2T 66).

    146M. Cassan, op. cit. ; et AD13m, 1M 600.

    147AD13m, 2T 66.

    148Il est fixé à 30 francs pour la ville de Marseille, 36 francs pour les autres communes des Bouches-du-Rhône, 40 francs pour les autres départements et 60 francs pour l’étranger ; des montants sont ramenés respectivement à 16 francs, 18 francs, 20 francs et 30 francs pour un abonnement de six mois et 8,50 francs, 9,50 francs, 12,50 francs et 16,50 francs pour un abonnement trimestriel. L’abonnement annuel à La Réforme coûte, en octobre 1848, 30 francs pour Paris et 38 francs pour les départements, sommes ramenées à 16 et 20 francs pour une période de 6 mois ; toujours en octobre 1848, Le Journal des débats est proposé pour 50 francs par an à Paris et 60 francs dans les départements.

    149AN, F18 441e.

    150À 2.25 francs par mois, cf. La Voix du peuple, 10 janvier 1849. Cet arrêté rétablit les rigueurs de la loi du 16 février 1834. Il se situe dans le prolongement de l’arrêté du 19 août 1848, pris par le préfet de police de Paris, François Joseph Ducoux.

    151Sur ces questions cf. Dominique Kalifa, Philippe Régnier et al., op. cit. ; ainsi que Christophe Charle, Le Siècle de la presse (1830-1938), Paris, Seuil, 2004.

    152La Voix du peuple des 10 et 10 janvier 1849.

    153Ibid., 23 mai 1849.

    154Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant, 1836, l’An I de l’ère médiatique, Paris, Nouveau monde, 2001.

    155La Voix du peuple, 8 et 9 janvier 1849.

    156Dans La Voix du peuple du 9 juin 1849, il est avancé, pour attirer les annonceurs, un tirage minimal de 4 000 exemplaires, « et souvent même 4 500 », mais dans une lettre non datée, mais postérieure à l’élection présidentielle, adressée à sa belle-sœur, et découverte par Mme Hennet, il écrit : « Nous tirons à 3 200 exemplaires. Jamais aucun journal à Marseille n’est parvenu à un tel tirage. Le journal le plus répandu ne tire qu’à 1 600 » (Sylvie Hennet, mémoire cité, annexe IX, n. p.) Les deux chiffres ne sont pas forcément contradictoires, le journal pouvait tirer à 3 200 exemplaires en janvier et à 4 000 en juin 1849.

    157Cf. ci-dessous, p. 239 sq.

    158Cf. ci-dessus, p. 78.

    159AD13a, 2 U1 191, d. 6, lettre du 21 janvier 1849.

    160AD13a, 2 U1 312.

    161AD13a, 2 U2 4238 et 2. U1.191, d. 6.

    162Il occupe cette fonction du 12 mars 1848 au 18 mai 1849.

    163AD13a, 2 U1 191, d. 6, brouillon d’une lettre du procureur datée du 13 février.

    164Ibid., lettre du 7 février.

    165Ibid.

    166Lette de Laponneraye à Nanine Sébille du 1er mars 1849, dans Sylvie Hennet, mémoire cité, annexe X, n. p.

    167Cf. Laurent Reverso (textes réunis par), La République romaine de 1849 et la France, Paris, L’Harmattan, 2008 ; et Laurent Reverso (dir.), Constitutions, républiques, mémoires. 1849 entre Rome et la France, Paris, L’Harmattan, 2011.

    168AD13a, 2 U2 4237, ainsi que pour les informations ci-dessous.

    169Élu une première fois le 7 janvier 1849, lors d’une élection partielle, il est réélu, le 13 mai 1849, 3e et dernier de la liste, avec 11 952 voix (26 587 votants, 48 379 inscrits).

    170AD13a, 2 U2 4239.

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