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    Plan détaillé Texte intégral Histoire positive, histoire démocratique Les illusions perdues ? Le temps du quotidien Notes de bas de page

    Un enfant du siècle

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    Table des matières

    Chapitre IV. Laponneraye et l’historiographie du xixe siècle

    p. 91-110

    Texte intégral Histoire positive, histoire démocratique Les illusions perdues ? Le temps du quotidien Notes de bas de page

    Texte intégral

    Histoire positive, histoire démocratique

    1Lorsqu’il ouvre son Cours d’histoire en novembre 1831, Albert Laponneraye peut s’appuyer sur « une percée intellectuelle déjà accomplie1 », une tradition historiographique à la fois récente et déjà bien ancrée, celle inaugurée par les historiens libéraux qui ont commencé à écrire pendant les années vingt du xixe siècle. Au lendemain de la révolution qui a chassé Charles X du trône, le jeune professeur de la rue Thévenot, écrit non seulement à la lumière « de l’éclair de juillet2 », mais aussi dans un contexte intellectuel profondément marqué par la publication des ouvrages de Thiers, Mignet, Guizot, Sismondi, Augustin Thierry, Prosper de Barante ou du jeune Michelet3. Tous ces auteurs adhérant peu ou prou au programme fixé par Victor Cousin en 1823 selon lequel :

    « La vie de l’humanité se compose d’un certain nombre d’événements qui se suivent, mais dont chacun, considéré en lui-même, forme un tout distinct qui a ses parties ; un drame plus ou moins long, qui a ses commencements, ses progrès et sa fin. Ces différents drames sont les différentes époques de l’humanité. Retracer chacune de ces époques, c’est la fonction de l’histoire4. »

    2On pourrait dire que les travaux de Laponneraye sont écrits sous une double influence : d’un côté celle de Philippe Buonarroti auquel il emprunte les choix politiques, les analyses sociales, le programme révolutionnaire et la réhabilitation de Robespierre, et d’un autre côté cette école historique qui lui fournit une méthode et la vision d’une histoire-science s’organisant autour de concepts clés, notamment ceux de progrès et de processus de civilisation. C’est chez ces historiens, nous l’avons dit, qu’il trouve également l’idée que le moteur de l’histoire serait à chercher dans les affrontements sociaux, dans la « lutte des classes5 », une paternité rappelée par Karl Marx lui-même en 18526.

    3C’est également leurs écrits, et notamment ceux d’Augustin Thierry, qui lui permettent de penser une histoire nationale qui se lirait en terme « d’antipathie des races », distinguant une continuité de caractère aux peuples amenés à constituer des nations7. C’est ainsi que se construit, par exemple, l’image d’une France gauloise peuplée d’hommes « intrépides, curieux, inconstants, fanfarons » et ne craignant qu’une chose : que le ciel leur tombe sur la tête8 ; propos que nous ne pouvons lire sans esquisser un sourire que nous devons aux auteurs de la plus célèbre des bandes dessinées françaises. Cette grille d’explication est particulièrement prégnante dans deux ouvrages de Laponneraye : le Dictionnaire historique des peuples anciens et modernes de 1835 et surtout l’Histoire des rivalités de la France et de l’Angleterre depuis le moyen-âge jusqu’à nos jours de 1842-1843, résumé en 1845 dans le Précis historique des rivalités et des luttes de la France et de l’Angleterre, ouvrage précédé justement d’une lettre adressée par Augustin Thierry à l’auteur. Ce travail, marqué par une anglophobie sans frein, vise à donner, sur le long terme, un contenu politique et moral aux tensions et affrontements existant entre la France et l’Angleterre. Dès les premières pages le ton est donné :

    « Un détroit de sept lieues de largeur sépare la France de l’Angleterre ; mais entre les sentiments, les tendances et les intérêts des deux nations, il existe une séparation plus profonde que les abîmes de l’Océan. […] Il y a des peuples qui sont naturellement artistes, comme les anciens Grecs ; il y en a d’autres qui naissent conquérants, comme les Romains ; d’autres enfin qui se passionnent pour les idées de gloire, de loyauté, de dévouement, comme étaient les Français aux xiie, xiiie et xive siècles, et, comme à certains égards, ils le sont encore aujourd’hui. Les Anglais, eux, sont surtout industriels et marchands. Ne leur demandez pas de se dévouer au triomphe d’une idée ou d’un principe ; il en est bien peu parmi eux qui sauraient ce que cela veut dire. Parlez-leur de négoce, de trafic, de lucre ; alors ils vous comprendront ; vos paroles iront droit à leur cœur ; vous verrez leurs yeux étinceler et leur bouche sourire ; mais d’un sourire d’oiseau de proie. À cette nation cupide et matérialiste, il faut des profits, il faut de l’or9. »

    4Suivent de longues descriptions des tensions entre les deux royaumes depuis le xive siècle et la guerre de Cent Ans – considérée comme une guerre de libération nationale et de « désaffection croissante du peuple de France à l’égard des dominateurs d’outre-mer10 » –, en passant notamment par l’héroïsme de Jeanne d’Arc, jusqu’à la Révolution française qui permet de « voir la rivalité de la France et de l’Angleterre s’envenimer de toute la haine que l’aristocratie britannique portera à notre admirable révolution, et de toute l’énergie que cette révolution sublime et sainte, déploiera pour se défendre, pour s’imposer au monde11 ». Cet antagonisme séculaire entre les deux peuples est présenté comme la clef de l’histoire européenne : l’affrontement d’abord inconscient, mais de plus en plus évident, entre deux principes, offrant ainsi une grille d’interprétation totalement téléologique des événements du passé. De ce point de vue, le jugement porté sur les différents souverains qui ont gouverné la France se fixe exclusivement sur leur capacité à construire un État fort ayant une double vertu : assurer la résistance de la nation aux assauts britanniques et préparer objectivement la Révolution française par un processus de centralisation étatique. L’absolutisme cesse alors d’être une tyrannie insupportable, pour devenir une étape nécessaire au dénouement de l’ensemble du processus historique. Peuvent ainsi trouver grâce aux yeux d’un révolutionnaire du premier xixe siècle : Louis XI – « ce roi qui prépara de loin le triomphe de la liberté, en ne donnant à la tyrannie qu’une seule tête plus facile à abattre12 » – Richelieu – « Ici, il s’agissait de consolider l’œuvre de Louis XI en la continuant ; il s’agissait de détruire tout ce qui pouvait porter atteinte à cette grande et souveraine unité qui promettait à notre pays des destinées si merveilleuses. […] Voilà ce que le génie du grand Richelieu comprit et exécuta admirablement ; et c’est pour avoir attaché son nom à cette politique éminemment nationale, que ce nom, glorieux entre tous les noms de l’histoire, est environné d’une auréole immortelle13 » – Louis XIV face à la ligue d’Augsbourg – « une des plus formidables qui jamais se soient formées contre notre patrie, ne fit pas rompre d’une semelle l’intrépide Louis XIV. Assailli par l’Europe entière, il n’eut qu’à frapper du pied pour faire sortir du sol de France d’invincibles légions14 » – ou même, malgré le « grand attentat du 18 Brumaire », Napoléon : « Si quelque chose pouvait absoudre Bonaparte d’avoir audacieusement foulé sous les pieds les lois de son pays, et de s’être emparé de la dictature, ce serait d’avoir apporté au timon de l’État la volonté inébranlable d’arracher à l’Angleterre le sceptre des mers, et de la réduire à n’être qu’un simple comptoir de marchands. Considérée de ce point de vue, l’usurpation liberticide de Bonaparte fut un événement heureux pour la France, désastreux pour l’Angleterre15. » Un peu à la manière de la « taupe » de Marx16, les grandes ruptures révolutionnaires – le Christ, la Réforme, la Révolution française – ne sont possibles que parce qu’elles s’appuient sur un processus de maturation des esprits et de centralisation des pouvoirs.

    5« Lutte des races » entre elles et « lutte des classes » au sein de chaque nation, apparaissent ainsi comme les moteurs d’un cheminement historique dont l’étude attentive nous permettrait d’en percevoir la finalité. Tensions et rapports de force seraient les ressorts fondamentaux de la marche en avant des destinées humaines, engendrant une opposition violente entre les forces du changement à celles de la conservation. Dans l’histoire de France, l’État monarchique, lorsqu’il s’oppose aux forces du passé, celles de la « féodalité », aurait joué un rôle progressif. Son renforcement ne pouvait donc qu’être bénéfique. Centralisation étatique et concentration des pouvoirs dans les mains d’un exécutif fort, seraient les conditions devant permettre la construction de la nation France et préparer l’accomplissement de la promesse d’égalité et de justice qui serait la finalité de l’aventure humaine.

    6Dans cette logique, les concepts de « centralisation », de « civilisation » et de « progrès » semblent à la fois déterminants et indissolublement liés. C’est bien aux historiens libéraux de la Restauration que Laponneraye emprunte ces notions. Comme eux il pense que « les cinquante années qui viennent de s’écouler ont donné le mot de l’énigme de vingt siècles17 ». La Révolution française rendrait intelligible toute l’histoire passée et permettrait de partir en quête d’une origine perceptible, comme l’a montré Sylvain Venayre18, à la condition de prétendre en connaître le but. La conception moderne de l’histoire naît bien de ces réflexions : « le concept d’histoire est un concept chatoyant. Ne signifiant autrefois que la durée évanescente du passé, il peut désormais exiger une position durable par rapport à l’avenir, indiquer la direction qu’il convient de prendre19 ».

    7Au lendemain des journées de juillet 1830, « l’horizon d’attente » dont cette histoire processus a permis l’émergence, est devenu un enjeu politique majeur, on peut même dire qu’il est la raison d’être de la politique. Toute écriture de l’histoire, parce qu’elle prétend expliquer et donner un sens aux événements qu’a connus la France depuis 1789, prend alors inévitablement un contenu partisan. De ce point de vue, Laponneraye peut difficilement se réclamer, tout du moins dans un premier temps lorsque son engagement au sein du parti républicain de la monarchie de Juillet est total, des historiens libéraux de la Restauration devenus des soutiens, et parfois, à l’image de François Guizot, des acteurs de premier plan, du régime contre lequel il mène un combat de tous les instants. Il doit donc affirmer l’existence d’une histoire démocratique et républicaine qui se différencierait des « historiens bourgeois et fatalistes du xixe siècle ». C’est la tâche qu’il entreprend dans un article intitulé « De la nécessité de refaire l’histoire dans un sens démocratique » et publié dans ses Mélanges de 183520. L’objectif est pour le moins ambitieux, d’autant plus que notre publiciste annonce sans ambages : « je comprends parfaitement toute la portée du mot refaire : il ne s’agit pas seulement de rectifier quelques jugements erronés, quelques appréciations fausses ; il ne s’agit pas d’un remaniement partiel de l’histoire, mais d’une refonte complète ». Vaste programme qui l’entraîne dans une condamnation de tous les écrits historiques antérieurs, depuis Hérodote jusqu’aux « historiens de l’école de Voltaire ». La révision totale prônée dans cet article ne porte pourtant pas sur la façon dont est conçu le temps historique : « l’historien démocrate devra montrer que l’humanité est essentiellement progressive et perfectible » est une affirmation directement héritée des conceptions nées dans les milieux libéraux de la Restauration. Si l’histoire mérite d’être refaite, ce n’est pas pour des problèmes de méthode, mais pour indiquer une autre finalité, tout autant au travail historique qu’aux destinées humaines : « le but social c’est l’égalité. […] Tout livre qui ne sera pas écrit sous l’influence de ce principe sera donc anti-social ». Constatant que l’écriture historique ne peut jamais se résumer à une simple narration des faits passés, mais engage la subjectivité de son auteur, il dénonce la soumission de tous les travaux des historiens qui l’ont précédé aux intérêts des classes dirigeantes. Écrivains souvent subventionnés et toujours serviles, ils déformeraient la réalité pour la présenter sous un jour favorable aux convictions qu’ils servent. C’est sur ce plan qu’il conviendrait donc de réécrire l’histoire :

    « L’historien démocrate devra montrer […] que depuis l’origine des siècles elle [l’humanité] s’avance irrésistiblement vers un but marqué, l’égalité avec toutes ses conséquences ; il montrera, à côté de cette force d’impulsion qui pousse l’humanité en avant, et qu’elle puise dans sa propre nature, une force contraire qui tend sans cesse à l’éloigner du but, à la faire rétrograder, et qui prend sa source dans l’égoïsme individuel : il montrera les peuples continuellement en lutte avec une poignée d’oppresseurs qui règnent par la ruse, la perfidie, la scélératesse, et fera remarquer surtout que cette lutte a constamment tourné à l’avantage de l’humanité ; que les aristocrates et les tyrans perdent chaque jour du terrain, et se trouveront inévitablement débordés avant qu’il soit peu par le flot démocratique ; il rétablira les faits sous leur véritable point de vue ; il flétrira les réputations usurpées, et réhabilitera les hommes contre lesquels la calomnie a épuisé ses traits envenimés ; il marquera du sceau de l’infamie les fourbes et les imposteurs qui exploitent la crédulité et l’ignorance des peuples pour se gorger d’or ; il lancera la foudre sur ces trônes humides du sang et des larmes de l’humanité souffrante, contre ces despotes insatiables de crimes qui n’ont marqué leur passage sur la terre que par des monceaux de ruines et de cadavres. »

    8La singularité de l’histoire démocratique reposerait sur sa capacité à désigner un futur différent. La politisation de l’écriture est ici totalement assumée et revendiquée. Elle aboutit d’ailleurs à ce que Laponneraye ne semble s’intéresser que de loin aux documents originaux. Son objectif n’est pas de découvrir de nouvelles sources, ou de proposer une nouvelle lecture de celles déjà mises à jour, et d’apporter ainsi sa pierre à la connaissance historique, mais de « refaire », c’est-à-dire de « réécrire », dans un sens démocratique l’histoire déjà écrite. Son travail repose toujours sur des travaux réalisés avant lui et auxquels il prétend donner une nouvelle cohérence. Il ne pense pas se singulariser en considérant le temps historique comme relevant d’un processus progressif, mais en affirmant, et en dévoilant aux yeux de ses lecteurs, que le but de ce processus est la réalisation de l’égalité sur terre. C’est bien l’adoption d’un point de vue politique qui lui permet d’affirmer une identité historienne. À condition bien sûr de considérer, une fois de plus, le politique comme une morale, une éthique. La réécriture de l’histoire dans un sens démocratique peut alors être présentée comme une « révolution morale » dont le résultat serait « d’éclairer les hommes sur leurs véritables intérêts et de leur faire comprendre qu’en dehors de l’égalité et de la démocratie, il n’y a pour eux que misère, humiliation, esclavage, et que leur bien-être et leur liberté sont attachés à l’heureuse transformation sociale que nous hâtons de tous nos efforts ».

    Les illusions perdues ?

    9En 1831-1832, lorsqu’il publie son Cours public, nous avons vu que Laponneraye affirme avec force sa conviction que les trois glorieuses journées de 1830 rouvrent une révolution mise en sommeil au lendemain du 9 Thermidor. Allant jusqu’à menacer les « feuillants de 1832 » des foudres de la colère populaire, il n’hésite pas à prédire un très prochain nouveau « 10 août » qui, comme ce fut le cas quarante ans plus tôt, marquerait le passage d’une première phase révolutionnaire, constitutionnelle et monarchiste, à une seconde phase républicaine et démocratique. En 1844, le même Laponneraye publie en trois volumes une Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu’en 1840. Ce texte, tout du moins pour la période allant du 14 juillet au 9 Thermidor, doit beaucoup au Cours commencé treize ans plus tôt, même s’il est expurgé des passages susceptibles d’attirer la vigilante attention de la justice. Il est pourtant possible, dès la première page, d’y repérer une évolution notable de l’état d’esprit de l’auteur : celui-ci parle maintenant du « grand mouvement social commencé en 1789, perpétué jusqu’à nos jours et qu’il ne sera peut-être pas donné à la génération présente de voir finir ». Plus de nouveaux développements révolutionnaires en vue : en cette année 1844 le doute s’est substitué à la certitude, l’enthousiasme des premières années s’est estompé et l’histoire semble s’être ralentie. Contre toute attente, la révolution démocratique n’a pas eu lieu ; la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe, ce régime que l’on considérait comme une tentative sans espoir d’imposer un juste milieu entre la démocratie et l’absolutisme, s’est inscrite dans la durée ; les insurrections républicaines de 1832 et 1834 ont échoué ; les lois liberticides de septembre 1835 ont été adoptées sans coup férir ; les principales figures républicaines ont été emprisonnées ou ont dû s’exiler après une évasion de la prison politique de Sainte-Pélagie ; et les sociétés, qu’elles soient ou non secrètes, ont été démantelées.

    10La désillusion est immense, elle touche tout un parti et c’est bien elle qu’Albert Laponneraye exprime dans l’édition de 1844 de son Histoire de la Révolution française.

    11Nous avons essayé de montrer ailleurs21 que cette désillusion aboutit également à renforcer durablement l’anglophobie de la gauche démocratique française. Dans un univers mental où les identités nationales sont considérées comme un héritage immuable, où les peuples sont perçus comme des êtres collectifs doués de caractères propres, il semble logique d’associer aux différentes nations des principes politiques qu’elles devraient incarner devant l’humanité. La France personnifierait la démocratie, comme la Russie le ferait pour l’absolutisme et l’Angleterre pour le libéralisme. Le peuple, la noblesse et la bourgeoisie auraient ainsi leur pays de prédilection et les relations internationales pourraient être appréciées à cette aune. Dans une telle logique, il semble naturel, et la propagande républicaine ne s’en prive pas, d’accuser la monarchie libérale et constitutionnelle de Louis-Philippe d’être un gouvernement antinational, soumettant la France à des principes anglais. Un fort chauvinisme – le mot apparaît d’ailleurs à cette époque dans un vaudeville des frères Coignard de 1831 et dans un article de Jacques Arago, publié en 1845 dans le Dictionnaire de la conversation22 – caractérise alors le discours des hommes de cette gauche démocratique qui revendiquent fièrement de titre de « patriotes ». Cette sensibilité politique devient prédominante dès 1835, quand les défaites successives du parti républicain éloignent la perspective d’un effondrement de la monarchie de Juillet. Elle est portée au pinacle en 1843-1844, au moment où la visite de la reine Victoria consacre un rapprochement entre les deux pays, considéré comme une « première entente cordiale », et où éclate l’affaire Pritchard : un conflit opposant la France à l’Angleterre au sujet du protectorat français sur l’île de Tahiti23. Ce n’est donc évidemment pas un hasard si, cette même année 1843, Laponneraye publie son Histoire des rivalités et des luttes de la France et de l’Angleterre et que, deux ans plus tard, après que l’affaire Pritchard a exacerbé les passions, il éprouve le besoin d’en proposer une version condensée, plus efficace pour le combat politique. Cette simultanéité témoigne que le professeur du cours de 1831 a gardé de fortes attaches avec un parti dont il partage, par ailleurs, les déceptions. C’est d’ailleurs à cette même époque que nous le retrouvons dans l’entourage immédiat d’Étienne Cabet, le père du communisme icarien. Son jugement sur l’éloignement de la perspective révolutionnaire ne peut donc être attribué à un changement de conviction.

    12Le jeune homme qui croyait pouvoir participer à un tourbillonnement révolutionnaire comparable à celui qui avait bouleversé la France à la fin du siècle précédent, qui pensait même achever l’œuvre de ces glorieux ancêtres, politiques si ce n’est génétiques, de la Ire République, a dû passer plus de cinq années en détention – de janvier 1832 à mai 1837 –, même si une grande partie eut lieu en maison de santé, a échoué dans sa tentative de doter l’extrême gauche républicaine d’une publication périodique, se retrouve dans un relatif isolement et seuls ses travaux d’historien lui permettent de conserver une certaine visibilité dans l’espace public.

    13Cette désillusion est, en fait, celle de toute une génération de jeunes révolutionnaires, souvent issus des écoles parisiennes24, qui croyaient sortir enfin d’une période sans relief, pour bâtir un avenir à la hauteur de leurs ambitions.

    14Il semble assez pertinent de parler de génération – « fille de la démocratie et de l’accélération de l’histoire25 » selon Pierre Nora – lorsque l’on veut désigner ces républicains nés durant la première décennie du xixe siècle : Godefroy Cavaignac et Henri Bonnias sont nés en 1800, Blanqui en 1805, Napoléon Lebon en 1807, Caussidière et Laponneraye en 1808, Barbès et Auguste Caunes en 1809 etc. Il s’agit d’ailleurs sans doute de la première génération à s’être considérée comme telle, comme pourrait en témoigner l’expression d’enfant du siècle utilisée par Laponneraye lors de sa défense de 1832, soit quatre ans avant la parution du célèbre ouvrage d’Alfred de Musset, mais plus de dix ans après que le jeune Balzac l’a employée dans Sténie26. Le terme prend alors pleinement son sens moderne, tel que l’a défini Karl Mannheim27 : celui d’un groupe de personnes d’âge comparable, partageant une expérience commune et une certaine vision du monde liée à des événements intervenus au moment de leur passage à l’âge adulte, ici la révolution de Juillet. L’expression tend d’ailleurs à se généraliser, et à se banaliser, en ce début des années 1830. Elle ne s’applique d’ailleurs pas qu’aux seuls militants républicains, tant s’en faut. Lorsque l’on parle de génération de 1830 on pense plutôt aux jeunes écrivains et artistes qui constituent la « seconde génération romantique », celle qui se retrouve notamment au sein du « petit cénacle28 ». Les deux groupes ont d’ailleurs de nombreux points en commun. Les uns comme les autres éprouvent le besoin de se différencier de la génération qui les a immédiatement précédés : « car finalement le vrai ennemi, c’est la génération des même pas trentenaires qui obscurcissent la route des jeunes gens de vingt ans29 ». Ce besoin de se singulariser vis-à-vis de leurs aînés prend une dimension toute particulière chez les républicains qui ne peuvent, en aucun cas, s’identifier aux opposants libéraux de la Restauration, devenus les meilleurs soutiens du régime honni de Louis-Philippe. La volonté de se réclamer de l’héritage robespierriste et de la période terroriste de la Révolution française trouve d’ailleurs peut-être ici une de ses motivations. Quel meilleur moyen pouvait-on en effet imaginer, afin de creuser un fossé infranchissable entre les libéraux des années 1820 et les démocrates de 1830 ?

    15Chez les républicains, comme au sein du « petit cénacle », « la génération apparaît en définitive comme la validation de l’existence d’une élite qui fait l’histoire, ou qui parfois la subit sans parvenir à en rétablir le sens30 », pour le dire comme Jean-Claude Caron. On pourrait même parler, dans le cas de ces révolutionnaires, d’une élite qui a cru pouvoir « faire l’histoire » et qui réalise, dès les années 1835, qu’elle ne fait que la subir.

    16La déception est évidemment immense. Elle n’est pas, non plus, sans conséquences, notamment en ce qui concerne le rapport que ces jeunes hommes peuvent avoir avec le temps, ce qui est évidemment d’une importance primordiale pour celui qui veut se consacrer au travail d’historien.

    17Nous l’avons suffisamment dit, au lendemain des journées de 1830, Laponneraye, comme tous ses camarades du parti républicain, est convaincu de vivre une répétition de la Révolution française. Pourtant cette certitude est assez vite battue en brèche. Point de 10 août pour compléter les barricades de 1830, ni de république démocratique qui vienne se substituer à la monarchie constitutionnelle de la Charte révisée. L’avenir s’éloigne alors du présent comme du passé en même temps qu’il s’obscurcit. Les tensions perceptibles dans le Cours public, entre une histoire processus, qui ne se répète pas, et un présent qui doit reproduire un passé récent, tendent alors à s’estomper. L’écriture de l’histoire s’en trouve modifiée.

    18Le passé, même récent, et le futur sont clairement distincts. Plus que des exemples qu’il conviendrait de reproduire, l’étude historique nous offrirait des enseignements – les « leçons de l’histoire » – sur lesquels il conviendrait de méditer. Le temps long s’impose comme le temps historique par excellence, l’événement perd de sa force et la part de la rationalité devient prépondérante. D’un certain point de vue on pourrait dire que cette dernière est, ici, fille d’une désillusion, d’un certain désenchantement31.

    19Ces évolutions, ces déceptions, qui marquent l’ensemble de la génération des jeunes républicains entrés en politique au lendemain de la révolution de 1830, prennent sans doute une dimension particulière dans le cas de Laponneraye. Par-delà les considérations générales concernant un groupe, une collectivité – ici générationnelle – il convient en effet de prendre en compte le poids des expériences strictement personnelles afin d’essayer de comprendre la singularité d’une trajectoire.

    20À trois reprises, les 21 avril et 20 juillet 1832 et le 27 juin 1833, Albert Laponneraye comparait devant la cour d’assises de la Seine. La radicalité de ses publications – en l’occurrence le Cours public pour les deux premiers procès et sa Lettre aux prolétaires pour le dernier – lui vaut cette triple confrontation avec la justice, dans un contexte marqué par la volonté du gouvernement de criminaliser l’opposition républicaine : une confrontation qui tourne d’ailleurs souvent à l’avantage de cette dernière dont les militants sont régulièrement acquittés par les jurés. Un rapport présenté, fin 1832, par Félix Barthe, alors ministre de la Justice, fait état de 837 personnes déférées devant les cours d’assises pour délit politique durant l’année 1831, sur ces 837 prévenus 671 (80 %) sont relaxés32. Ces échecs gouvernementaux sont parfois spectaculaires, comme lors des procès dits « des dix-neuf » et « des quinze » des 15 avril 1831 et 12 janvier 1832, même si dans ce dernier cas la cour devait passer outre le verdict du jury et condamner un certain nombre de prévenus, notamment Raspail et Blanqui, pour les propos qu’ils avaient tenus lors leur défense33. Laponneraye lui ne connaît pas une telle sympathie des jurés. À trois reprises il est déclaré coupable : deux ans de prison et 1 000 francs d’amende en avril 183234, trois nouvelles années d’emprisonnement et 3 000 francs d’amende supplémentaires35 trois mois plus tard – c’est-à-dire peu de temps après l’échec de l’insurrection républicaine de juin – et nouveau verdict de culpabilité en juin 1833. Ce dernier jugement l’expose à une peine de dix années de prison qui viendrait s’ajouter aux deux condamnations précédentes. C’est tout du moins ce que demande l’avocat général dans ses réquisitions, prétextant la récidive pour justifier sa sévérité. Pourtant, la Cour, estimant sans doute que quinze ans de prison pour quelques brochures serait une sanction bien lourde, ne condamne l’accusé qu’au minimum de la peine, soit trois mois de prison et 50 francs d’amende36. Si Laponneraye peut se féliciter de « cet arrêt [qui] fait honneur aux magistrats qui l’ont rendu : il vaut un acquittement », il vient pourtant d’être condamné à un total de cinq ans et trois mois de prison et 4 050 francs d’amende… et il n’a que 25 ans.

    21L’étude de sa défense lors de ces trois procès permet d’ailleurs de mettre en évidence de nouvelles manifestations de l’évolution de l’état d’esprit, les désillusions, de Laponneraye. En avril 1831, comme tous ses amis républicains mis dans la même situation, il transforme le prétoire en tribune, prononce de violentes philippiques contre le gouvernement et le régime – c’est à cette occasion qu’il lance l’apostrophe mise en exergue de ce travail –, présente une défense destinée à être publiée par l’extrême gauche démocratique et ne recule devant aucune audace face à ses juges. Lorsque la sentence tombe, le public, acquis à la cause du professeur de la rue Thévenot, manifeste bruyamment son mécontentement et parmi les cris lancés on entend : « deux ans de prison ! tu n’en feras pas trois mois37 ». En juillet 1832, son attitude est déjà différente : dans l’espoir de ne pas trop s’aliéner les jurés sans décevoir ses amis républicains, il décide de rester coi, laissant à son avocat le soin de s’exprimer seul devant la cour. Il pense sans doute ainsi ne pas donner prise à de nouvelles accusations, sans laisser penser qu’il baisse les bras. Il prend d’ailleurs la peine de justifier ce parti pris a posteriori – c’est-à-dire sans prendre le risque que ces propos ne pèsent sur la sentence – dans les colonnes du quotidien républicain La Tribune38. Le 27 juin 1833, il prend encore une nouvelle posture et choisit d’être encore plus prudent en présentant une vraie défense, c’est-à-dire en prononçant un discours dont l’unique but est de gagner l’indulgence du jury. Sans chercher à nier son opposition au gouvernement et au « système bâtard qu’on appelle juste-milieu » – la tâche serait évidemment insurmontable –, il présente une version pour le moins édulcorée des positions qu’ils avaient défendues jusqu’alors : notamment en affirmant son attachement à la propriété, sa conviction que pour améliorer le « sort des prolétaires » il suffit de « les émanciper politiquement, sans porter atteinte au bien-être des riches » et son désir d’éviter les « extrémités déplorables » dans lesquelles pourraient tomber ces mêmes prolétaires si l’on ne tenait pas compte de leurs besoins. Il demande enfin aux jurés de l’acquitter plus au nom de la liberté d’expression – « il en est des convictions politiques comme des convictions religieuses, elles ne se commandent pas ; elles ont pour sanctuaire la conscience » – que d’une éventuelle sympathie avec ses opinions. Ces propos, qui n’entrent pas en contradiction avec les discours contemporains des démocrates – la république va dans le sens des intérêts de la « classe moyenne » parce qu’elle est la seule à pouvoir garantir la paix sociale – n’en marquent pas moins une évidente rupture avec ceux prononcés quatorze mois plus tôt devant cette même cour d’assises. Cette évolution est aussi perceptible lorsque l’accusé fait référence, comme dans le premier de ses procès, à son jeune âge. Alors qu’en avril 1832, la jeunesse était présentée comme une vertu, une garantie de pureté, conférant à ceux qui la possède la mission de résoudre, dans un sens révolutionnaire, les destinées de l’humanité ; en juin 1833, l’orateur donne l’impression de solliciter l’indulgence des juges pour ces jeunes gens dont l’impatience serait la conséquence du manque d’ambition du régime. Dans une société de notables relativement bloquée et par une rhétorique tout à fait dans l’esprit de son temps, il revendique, pour les jeunes garçons de son âge, de vrais débouchés en adéquation avec leur talent, plus qu’un changement de régime39. La dimension générationnelle est toujours présente mais, maintenant, elle exprime plus un « mal-être » qu’une volonté révolutionnaire :

    « Enfin, une des causes les plus puissantes du malaise dont la société est tourmentée, c’est l’absence complète de débouchés pour la jeunesse. Cette jeunesse si active, si ardente, voyez-là, rongeant son frein, et s’indignant du statu quo léthargique dans lequel elle est forcément plongée. L’ordre des choses actuel est une véritable impasse pour la jeunesse. »

    22Que les bourgeois écoutent les souffrances des prolétaires, que la gérontocratie – le mot est inventé à la fin de la Restauration, sans que l’on sache s’il convient de l’attribuer à James Fazy ou au chansonnier Béranger40 – accorde une place à cette jeunesse reléguée aux marges de la société, et l’harmonie régnera : voici un message évidemment moins subversif que ceux auxquels nous avait habitué Albert Laponneraye. Une évolution à laquelle, au demeurant, les magistrats seront plus sensibles que les jurés.

    23Il faut dire que, bien évidemment, le pronostic émis par un de ses camarades promettant au condamné de sortir dans moins de « trois mois », et en héros, des geôles de Louis-Philippe, n’a pas été confirmé. Il faut attendre le 10 mai 1837, cinq ans, trois mois et vingt jours après son arrestation préventive, pour que, à l’occasion du mariage du prince royal, Laponneraye puisse bénéficier de l’amnistie accordée l’avant-veille, c’est-à-dire le jour même de ses vingt-neuf ans.

    Le temps du quotidien

    24Mais ce n’est pas tout, cet homme dont les espoirs ont été déçus et qui a été condamné à une lourde peine de prison, est également sérieusement malade. Il souffre déjà de l’affection cardiaque qui l’emporte à l’âge de 41 ans41. Cette santé chancelante a été la cause du report à deux reprises – les 20 mai et 28 juin 1832 – du procès qui se tient finalement le 20 juillet42 ; et elle est utilisée comme élément de défense lors de la troisième comparution en cours d’assises. Cette maladie le rend « obsédé par des palpitations insupportables43 » et va susciter de vives inquiétudes dont La Tribune se fait l’écho dans son édition du 6 mars 1833. Elle va également marquer son temps de détention. Dès le 18 mai 1832, il doit être envoyé une première fois dans une maison de santé, celle du docteur Cartier, sise au 99 du Faubourg Poissonnière. Il est définitivement transféré le 16 septembre 1833, après plusieurs allers-retours avec sa cellule, dans cet établissement44 qui semble n’avoir laissé aucune archive ; nous savons juste que l’on y traitait les maladies du cœur par l’application de sangsues, Laponneraye réintégrant en avril 1833 sa cellule encore « tout sanglant » de cette médication45. Malgré ces soins, tout aussi sommaires que classiques à cette époque, ce transfert permet une très réelle amélioration de la situation du prisonnier. Tout d’abord parce que l’humidité et l’insalubrité de Sainte-Pélagie étaient peu propices à soigner une maladie chronique. Certes, la prison comprenait une infirmerie – le médecin qui y officiait bénéficiant d’ailleurs de la sympathie des condamnés politiques de tous bords –, mais celle-ci était, jusqu’à ce que des améliorations lui soient apportées en 1840, dans un état déplorable46. Par-dessus tout, en sortant de l’enceinte de la prison de la rue de la clef, où il n’a passé que cinquante-deux semaines au total, Laponneraye retrouve une liberté presque complète de mouvement, profitant de l’absence de surveillants et de ses bonnes relations avec le directeur de cet établissement de soins47. Il est ainsi présent le 20 octobre 1833 – deux semaines seulement après avoir quitté Sainte-Pélagie – à une réunion de l’assemblée centrale des délégués des associations en faveur de la presse patriote, pour y déposer des exemplaires de son Cours public48. Mais surtout, le 10 mai 1836, alors que sa condamnation court encore pour une année entière, nous le retrouvons dans les locaux de la mairie du 3e arrondissement49 de Paris, où a lieu son mariage avec Françoise-Églée Sébille. Les bans ont été déposés les 24 avril et 1er mai. L’épouse est née le 12 mars 1816, elle est donc de huit ans la cadette de son mari et a juste vingt ans. Elle est également enceinte. Une enfant de sexe féminin et prénommée Laure, naît en effet cette même année 183650. Les deux époux sont orphelins de père et le mariage a lieu en présence des mères, celle de l’épouse, Églée-Henriette Genret, est rentière et demeure au 12 de la rue Chabrol dans le 3e arrondissement, non loin de la maison de santé du docteur Cartier. C’est là que le couple déclare s’installer. Parmi les quatre témoins de ce mariage, il faut remarquer la présence de Jean-Alexandre Plocque, un ami de Blanqui qui a participé à tous les combats de la gauche démocratique, a subi quelques condamnations et a défendu des républicains dans plusieurs procès (il est inscrit au barreau depuis 1832)51. Françoise Sébille déclare être sans profession, elle ne tarde pourtant pas à devenir maîtresse de pension, après avoir obtenu un prix au conservatoire lui permettant d’enseigner la musique. Sa sœur Nanine est également pianiste et son frère, Louis, imprimeur : c’est son atelier qui assure, en 1845, la publication des deux premiers tomes de l’Histoire universelle de Laponneraye. Le père de la mariée était sculpteur et un de ses oncles peintre, lauréat du prix de Rome52. Il est cependant possible que les relations entre les deux familles n’aient pas toujours été excellentes. En mai 1846, une annonce publiée dans le Feuilleton du journal de la librairie53, nous apprend que « par acte notarié, dûment en forme » on a substitué l’éditeur Deschamps au beau-frère de l’auteur, pour assurer la diffusion de l’Histoire universelle.

    25À sa sortie de prison, Laponneraye vit avec sa mère, son épouse, sa fille et sans doute sa sœur. Quand on connaît, nous y reviendrons, ses conceptions très conventionnelles des positions respectives que devraient occuper les hommes et les femmes au sein de la famille et de la société, cela a certainement pesé dans ses choix de vie. Le jeune révolutionnaire devenait « chef de famille », avec tout ce que ce terme signifiait à ses yeux. Il se devait donc d’assumer cette responsabilité avec le plus grand sérieux… ce qui impose de trouver des revenus réguliers – l’autorisation de diriger une école primaire lui a été retirée au lendemain de son arrestation et l’établissement de la rue Thévenot a été immédiatement fermé54 – et, si possible, d’éviter de nouveau séjours derrière les barreaux. Les époux sont alors domiciliés rue du Faubourg Saint-Denis, au numéro 16, une adresse où la mère de Laponneraye – qui, a priori, doit continuer à toucher, comme « veuve d’émigré », une pension de 400 francs sur la liste civile55 – s’est installée pendant la captivité, toute relative, de son fils ; elle y vit au début de l’année 1833, y recevant la souscription lancée pour payer l’amende de l’auteur du Cours public56.

    26Pour autant, dans les années qui suivent, Laponneraye continue ses activités au sein du parti républicain. Tout d’abord, de sa libération jusqu’en 1840, il se consacre entièrement à L’Intelligence, un journal qu’il a créé dans le but d’offrir une tribune aux plus radicaux des républicains. Cette expérience, qui se solde par un échec, témoigne non seulement de la persistance de ses convictions, mais aussi de sa volonté d’inscrire son combat dans un temps plus long, en utilisant des outils de la modernité de ce premier xixe siècle. Dans un article qu’il publie en 183557, il affirme en effet l’idée que le journal est le support le mieux adapté à la diffusion d’opinions : à une époque « où les événements se succèdent avec une effrayante rapidité », il serait devenu « plus [qu’] un quatrième pouvoir, […] une puissance formidable qui domine, qui terrifie, qui écrase tous les pouvoirs58 ».

    27 L’Intelligence permet à Laponneraye de retrouver une vraie lisibilité dans l’espace public et d’occuper une place de choix au sein du parti républicain. Elle inscrit aussi son combat dans un temps plus long. Un journal révolutionnaire accompagne l’actualité, il informe et propose des analyses alternatives à celles données par les pouvoirs et les classes dominantes. Il ne peut appeler quotidiennement à l’insurrection, renvoyant celle-ci dans un futur qu’il convient de préparer par un travail d’instruction et d’information. Il répond aux besoins d’un parti dont la propagande doit s’inscrire dans une certaine durée, d’un parti qui a vu ses espoirs – ses certitudes – déçus, mais qui refuse de baisser les bras.

    28Après l’échec de L’Intelligence, Laponneraye participe brièvement au combat des communistes icariens, les adeptes du projet imaginé par Étienne Cabet, et à la vie de leur périodique Le Populaire. Cette expérience n’est pas non plus concluante et se termine par une rupture entre les deux hommes.

    29Dans les deux cas, après trois condamnations, Laponneraye a fait preuve d’une certaine prudence dans ses écrits comme dans ses agissements. Si L’Intelligence n’a pu éviter un certain nombre de procès, ses colonnes ne comportent pas les mêmes outrances que les premières leçons du Cours public59.

    30Il a également réussi à sortir sans coup férir de deux affaires où il a été confronté à la justice. Son nom est tout d’abord cité dans le cadre de la tentative d’insurrection de la société blanquiste des saisons des 12 et 13 mai 1839. Il apparaît parmi les signataires d’une proclamation, lue par Armand Barbès et retrouvée dans une armurerie, qui annonce la constitution d’un gouvernement révolutionnaire et appelle le peuple à se soulever60. L’enquête menée par la Cour des pairs ne retient cependant aucune accusation contre le directeur de L’Intelligence, ni d’ailleurs contre Lamennais et Voyer d’Argenson dont les noms figurent également au bas de cette proclamation : la signature de ces trois personnalités ayant été apposée par les insurgés à leur insu, dans l’espoir que leur renommée faciliterait un soulèvement populaire. Cet incident nous confirme cependant que la parution de L’Intelligence a permis à Laponneraye d’acquérir une vraie position au sein des réseaux de la gauche radicale. La déception de ne pas avoir vu les journées de Juillet enfanter une seconde révolution, pouvait être compensée par le sentiment de faire œuvre utile et d’avoir obtenu une reconnaissance de ses camarades de lutte.

    31La seconde affaire à laquelle il est mêlé est celle dite des « communiste de Toulouse » du 15 janvier 1843. Nous aurons l’occasion de revenir sur cet incident (un banquet communiste, présidé par Laponneraye est l’objet de poursuites au sujet d’un complot imaginaire), qui aboutit au procès de treize inculpés que le jury déclare non coupables le 1er septembre61. Toujours est-il que ce procès et les tensions qui s’ensuivent avec Étienne Cabet, cantonnent Laponneraye dans une position assez marginale. Privé de toute publication périodique, brouillé avec une partie des réseaux d’une l’extrême gauche républicaine qui n’en finit pas de se diviser en chapelles concurrentes, toujours souffrant d’une maladie qui rend ses déplacements de plus en plus difficiles62, il commence à prendre ses distances avec un engagement partisan qui ne lui a guère donné de satisfactions.

    32Pendant toutes ces années, nous l’avons vu, il n’a jamais arrêté son travail d’historien, multipliant les ouvrages qui devaient représenter une part importante de ses revenus.

    33Dès le début des années 1840, alors qu’il continue d’être actif au sein de la gauche radicale, il engage ce que l’on pourrait appeler un processus de « dépolitisation » de ces écrits historiques. C’est ainsi qu’il éprouve le besoin d’insérer, dans les Œuvres de Maximilien Robespierre, des « considérations générales » du républicain modéré et anti-terroriste Armand Carrel, dans le but de mettre en évidence l’intérêt purement historique de cette publication. Une telle démarche lui permet de se protéger d’éventuelles poursuites judiciaires. Elle participe aussi à une certaine patrimonialisation de l’œuvre des conventionnels, ce qui revient à renvoyer la Révolution française à un passé définitivement révolu. À la même époque, et avec le même objectif, Laponneraye cherche pour son travail des appuis auprès de personnalités bien éloignées des républicains radicaux avec lesquels, et pour lesquels, il a l’habitude de travailler. Dans l’espoir d’obtenir une souscription, il envoie le premier volume de ce même ouvrage à Odilon Barrot qui est certes un opposant au gouvernement, mais aussi un défenseur du régime, partisan de la monarchie constitutionnelle. La demande de Laponneraye reste cependant sans suite et Odilon Barrot fait renvoyer à l’auteur le livre qu’il lui a fait parvenir63. Il semble évident que le député de l’Eure n’a pas été la seule personnalité contactée dans cet état d’esprit et il est fort probable que la démarche ait abouti, au moins avec l’historien Augustin Thierry. Ce dernier, envoie une lettre à Laponneraye, le 13 novembre 1843, où il le félicite et lui recommande de préférer « de plus en plus aux agitations politiques le calme des travaux purement littéraires ». Cette lettre est publiée en 1845 dans le Précis historique des rivalités des luttes de la France et de l’Angleterre, c’est-à-dire dans l’ouvrage historique le plus engagé que Laponneraye ait écrit pendant cette décennie : dans le contexte de l’affaire Pritchard il y accuse Guizot d’avoir une âme « sèche […] et peu française » et dénonce, comme manifestation de la plus vile lâcheté, la politique de « paix à tout prix » défendue par le gouvernement64. La présence du courrier d’Augustin Thierry, avec cette recommandation si peu suivie dans le reste du livre, témoigne bien du souci de reconnaissance qui anime à ce moment Laponneraye. Ce dernier, au demeurant, peut également avoir une motivation plus pragmatique, voire commerciale : préserver à ses publications une audience qui dépasse le seul cercle de l’extrême gauche républicaine. Toujours est-il que les livres écrits après ce Précis historique prennent une tonalité toute nouvelle : l’influence d’Augustin Thierry semble devenir prédominante – par exemple dans l’importance accordée au mouvement des communes du xiie siècle65 – et la finalité partisane n’est plus du tout affirmée.

    34Pour en prendre conscience, il n’est peut-être pas vain de citer un extrait de l’Histoire universelle qui commence à paraître cette même année 1845 et que l’auteur dédie à Augustin Thierry :

    « Quelques personnes se sont étonnées de ne pas trouver dans notre Histoire universelle ces réflexions à perte de vue, ces dissertations interminables que l’on rencontre dans beaucoup d’auteurs, et qui ne font, suivant nous, que morceler et défigurer le récit. Dans notre conviction, chaque fait, quelque minime qu’il soit, porte en lui-même son enseignement, et la tâche de l’historien est moins d’en déduire les conséquences que de l’exposer avec clarté et impartialité. L’histoire proprement dite n’est autre chose qu’une narration, et le premier mérite de la narration c’est la simplicité, c’est l’absence de tout ce qui peut dénaturer les événements ou les présenter sous un faux jour, sous une fausse couleur. Le véritable historien est celui qui s’efface entièrement, qui impose silence à ses préjugés, à ses passions, pour ne laisser parler que les faits. Celui qui interrompt à chaque page son récit pour m’entretenir longuement de choses plus ou moins étrangères au sujet, peut être un écrivain brillant et disert, mais je le tiens pour un mauvais historien. L’histoire narrative est la seule qui soit vraiment dramatique, vraiment pittoresque, et qui donne au lecteur une idée exacte du passé ; c’est aussi celle qui est la plus difficile à écrire, quoi qu’on en dise. Les Commentaires de César et l’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands (ouvrage de M. A. Thierry) nous paraissent les modèles achevés de ce genre66. »

    35Il suffit de rappeler les premières phrases du Cours public pour constater le chemin parcouru en une quinzaine d’années :

    « C’est pour concourir à votre amélioration morale, c’est pour faire de vous des citoyens utiles à la patrie que je vous réunis dans cette enceinte ; car je ne me bornerai pas à vous faire connaître les événements dont la France a été le théâtre depuis quarante ans ; je ne me renfermerai pas dans la simple narration des faits ; la tâche que je m’impose est plus vaste, je m’attacherai à vous montrer le principe des choses, la cause raisonnée de tous les incidents extraordinaires survenus dans notre pays depuis 178967. »

    36C’est dans ce contexte qu’il publie en 1847 son Histoire de France, depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1847, d’après MM. de Sismondi, Augustin Thierry, Guizot, de Barante, Michelet, Henri Martin… un travail inachevé dont le titre témoigne de la dette de l’auteur aux historiens libéraux – ils ne sont donc plus les « historiens fatalistes et bourgeois » dénoncés en 183568 – qu’il se contente de vulgariser, dans le but avoué de rendre leurs travaux accessibles aux milieux populaires qui, pour des raisons financières, de temps disponible et d’éducation, n’ont pas accès à de tels ouvrages. Notons que ce travail est publié par la Société de l’industrie fraternelle, c’est-à-dire par l’éditeur, entre autres, de Louis Blanc et du poète-ouvrier toulonnais Charles Poncy69, ce qui confirme que Laponneraye a conservé des liens forts avec les réseaux de la gauche démocratique.

    37Plus compromettante, mais finalement pas étonnante, est la lettre que ce dernier fait parvenir le 8 septembre 1846 au comte de Salvandy70, ministre de l’Instruction publique de Louis-Philippe, pour lui demander de souscrire, comme il lui aurait promis verbalement, à son Histoire universelle dont il lui fait parvenir les deuxième et troisième volumes : « c’est à l’éloquent écrivain et au penseur profond autant qu’au ministre du roi que j’en fais hommage ». Laponneraye aurait ainsi eu l’occasion d’échanger – au seul sujet de ses travaux ? – avec un ministre du roi – par l’intermédiaire d’Augustin Thierry ? – auquel il n’hésite pas à demander son soutien. Nous avons bien affaire à un historien qui est en quête d’une reconnaissance institutionnelle. Un homme qui a cru que sa génération pourrait jouer un rôle extraordinaire en parachevant l’œuvre de la Révolution française… et qui a vu les événements démentir toutes ses attentes. Un homme qui s’est engagé dans un combat politique comme propagandiste de la cause démocratique, mais qui a été progressivement marginalisé et a perdu une grande partie de l’aura que ses premiers combats lui avaient conférée : en témoigne son absence, lui qui accorde une telle importance à la presse, du groupe des fondateurs de La Réforme, le quotidien autour duquel se réorganise, à partir de 1843, la gauche républicaine. Un homme qui souffre d’un mal chronique et voit le temps passer. Un homme dont la principale reconnaissance repose dorénavant sur des travaux d’histoire de plus en plus déconnectés de ses convictions et engagements. Un homme qui doit trouver des moyens de subsistance et aspire donc à une meilleure insertion sociale. Un homme qui ne pense plus, en 1847, tout à fait de la même manière qu’en 1830 et souffre de plus en plus du « mal de l’avenir ». Pour autant, si la trajectoire de Laponneraye témoigne d’un incontestable désenchantement, il serait certainement erroné d’en conclure à une forme de renoncement. Ses convictions, même s’il a été amené à mettre un peu d’eau dans son vin, restent clairement celles d’un républicain convaincu, ses amitiés dans ce parti restent fortes et son nom n’y est pas totalement oublié, comme en témoigne sa capacité à reprendre la lutte, et des responsabilités, très vite après que la révolution tant attendue a fini par exploser, en février 1848. Un homme aussi, qui pendant toute cette période, a toujours accordé une importance primordiale à l’éducation, à la diffusion et à la démocratisation du savoir qu’il conçoit comme une condition nécessaire à la réalisation de ce « bonheur commun » que doit apporter la démocratie.

    Notes de bas de page

    1Marcel Gauchet, op. cit., p. 9.

    2L’expression est bien sûr de Michelet, dans les premières lignes de son introduction de 1869 à l’Histoire de France : « Cette œuvre laborieuse d’environ quarante ans fut conçue d’un moment, de l’éclair de juillet. Dans ces jours mémorables, une grande lumière se fit, et j’aperçus la France. »

    3Outre les Histoire de la Révolution française de Thiers et Mignet, et les Lettres sur l’histoire de France d’Augustin Thierry, citons, de François Guizot, l’Histoire de la révolution d’Angleterre depuis l’avènement de Charles Ier jusqu’à la restauration de Charles II (A. Leroux, et C. Chantpie, 1826) et le Cours d’histoire moderne comprenant notamment l’Histoire de la civilisation en Europe depuis la chute de l’Empire romain jusqu’à la Révolution française (Paris, Pichon et Didier, 1828) ; l’Histoire des Français (Treuttel et Würtz, 1821) de Jean, Charles, Léonard Simonde de Sismondi ; l’Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477 (Paris, Ladvocat, 1825-1826) de Prosper de Barante ; le Cours de philosophie (Paris, Pichon et Didier, 1828-1829) de Victor Cousin ; le « Discours sur le système et la vie de l’auteur », préface de Jules Michelet aux Principes de la philosophie de l’histoire de Giambattista Vico (Paris, J. Renouard, 1827).

    4De la philosophie de l’histoire (1823), cité par Marcel Gauchet, op. cit., p. 189.

    5Cf. Marie-France Piguet, Classe. Histoire du mot et genèse du concept, des physiocrates aux historiens de la Restauration, Lyon, PUL, 1996.

    6« Ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert l’existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu’elles s’y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l’évolution historique de cette lutte des classes » (Lettre à J. Weydemeyer du 5 mars 1852, dans Marx et Engels, Correspondance, 1852-juin 1853, t. 3, Paris, Éditions sociales, 1972, p. 79).

    7Cf. Sylvain Venayre, op. cit., notamment p. 35-66.

    8A. Laponneraye, Histoire de France depuis les temps les plus reculés, op. cit., vol. 1, p. 12. Cf. Paul Viallaneix et Jean Ehrard (dir.), Nos ancêtres les Gaulois. Actes du colloque international de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, 1982.

    9Histoire des rivalités…, vol. 1, p. 2 et 4.

    10Ibid., p. 145.

    11Ibid., vol. 2, p. 2.

    12Ibid., vol. 1, p. 212.

    13Ibid., p. 274.

    14Ibid., p. 289.

    15Ibid., vol. 2, p. 130-131.

    16« La révolution va jusqu’au fond des choses. Elle ne traverse encore que le purgatoire. Elle mène son affaire avec méthode. Jusqu’au 2 décembre 1851, elle n’avait accompli que la moitié de ses préparatifs, et maintenant elle accomplit l’autre moitié. Elle perfectionne d’abord le pouvoir parlementaire, pour pouvoir le renverser ensuite. Ce but une fois atteint, elle perfectionne le pouvoir exécutif, le réduit à sa plus simple expression, l’isole, dirige contre lui tous les reproches pour pouvoir concentrer sur lui toutes ses forces de destruction, et, quand elle aura accompli la seconde moitié de son travail de préparation, l’Europe sautera de sa place et jubilera : “Bien creusé, vieille taupe” ! » (Karl Marx, Le 18 brumaire, op. cit., p. 124.)

    17Henri Martin, préface de 1837 à la nouvelle édition de son Histoire de France, cité par Sylvain Venayre, op. cit., p. 87.

    18Op. cit., notamment le chapitre 5.

    19Reinhart Koselleck, L’expérience de l’histoire, Paris, Gallimard/Seuil, 1997, p. 113.

    20Albert Laponneraye, op. cit., vol. 1, p. 17-25.

    21Dans Les Patriotes, op. cit.

    22Cf. Gérard de Puymège, Chauvin, le soldat-laboureur. Contribution à l’étude des nationalismes, Paris, Gallimard, 1993.

    23Philippe Darriulat, « L’affaire Pritchard : un paroxysme de l’anglophobie française ? », dans Sylvie Aprile et de Fabrice Bensimon (dir.), La France et l’Angleterre au xixe siècle : échanges, représentations et comparaisons, Paris, Créaphis, 2006, p. 219-235.

    24Jean-Claude Caron, Générations romantiques, op. cit. ; Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, op. cit., vol. 1, notamment le chapitre x, p. 391 sq. ; et le no 111-112, de 1994 de la revue L’Homme et la société, intitulé « Générations et mémoires », notamment l’article de Jean-Claude Caron, « Romantisme et génération : genèse du temps vécu », p. 101-111.

    25Pierre Nora, « La Génération », dans Les Lieux de mémoires. La Nation, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », vol. 2, p. 2984.

    26« C’est à nous, jeunes gens, enfants du siècle et de la Liberté, à favoriser l’aurore du bonheur des nations, à faire accorder la sûreté des trônes avec la liberté des peuples ; nous avons déjà de grandes obligations à remplir. Quel lourd fardeau, quelle tâche, de rendre notre siècle illustre après les grands hommes des deux siècles précédents… » (Sténie ou les erreurs philosophiques, roman épistolaire de Balzac, rédigé en 1819 et 1821, jamais publié de son vivant, mais disponible dans Œuvres complètes illustrées. Roman et contes, t. XXIV, Paris, Éditions du delta, 1972, p. 99.)

    27Karl Mannheim, Le Problème des générations, Paris, Nathan, 1990 (1928).

    28Marie-Ève Thérenty, « “Une invasion de jeunes gens sans passé”. Au croisement du paradigme éditorial et de la posture générationnelle », dans Romantisme, 2010/1, no 147, p. 41-54. Dans le même numéro on peut aussi utilement consulter : Brigitte Diaz, « 1830 ex imo », p. 81-96 ; et de José-Luis Diaz, « “Nous tous, enfants perdus de cet âge critique” : la “génération de 1830” par elle-même ».

    29Ibid., p. 47.

    30Jean-Claude Caron, « “Aux âmes bien nées…” ou romantisme et génération(s) », dans Paris 1820 : l’affirmation de la génération romantique : actes de la journée d’étude organisée par le Centre André Chastel le 24 mai 2004, Bern, Peter Lang, 2005, p. 42.

    31Cf. Les remarques de José-Luis Diaz dans « Comment 1830 invente le xixe siècle », dans L’invention du xixe siècle, op. cit., p. 177-194.

    32Cf. La Tribune du jeudi 24 janvier 1833.

    33Société des amis du peuple, Procès des quinze, Paris, A. Mie, 1832

    34Défense du citoyen Laponneraye, prononcée aux assises du département de la Seine, le 21 avril 1832, Paris, A. Mie, 1832.

    35Gazette des tribunaux, 21 juillet 1832. Auguste Mie est conjointement condamné à six mois de prison et 3 000 francs d’amende.

    36Procès du citoyen Laponneraye. Cour d’assises de la Seine (2e section) Audience du 27 juin 1833, Sceaux, Grossteite, 1833.

    37Défense, op. cit. et Gazette des tribunaux, 22 avril 1832.

    38Dans le numéro du 24 juillet 1832.

    39Sur les conséquences de ce sentiment de la génération des années 1830, cf. les remarques de Christophe Charle, dans Discordance des temps, op. cit., p. 63 ainsi que dans Les Hauts fonctionnaires en France au xixe siècle, Paris, Gallimard, 1980.

    40Cf. Pierre Nora, art. cité, p. 2986. Cf. James Fazy, De la gérontocratie, ou Abus de la sagesse des vieillards dans le gouvernement de la France, Paris, Delaforest, 1828 : « La gérontocratie, ou le gouvernement des vieillards, est, selon moi, la cause de toutes des difficultés que l’on rencontre au sein de la profonde paix dans laquelle nous vivons depuis longtemps ; et, quoi que forcé d’expliquer ma pensée, de dire ce que j’entends par ce mot nouveau que je bâtis avec la langue politique des Grecs… » (p. 11). La chanson de Béranger s’intitule exactement « Les infiniment petits, ou la gérontocratie » (Œuvres complètes, nouvelle édition, Paris, Perrotin, 1867, p. 145) et paraît pour la première fois dans un recueil de cette même année 1828. Le dernier vers de chaque strophe, jouant sur l’homophonie entre barbons et Bourbon, est rédigé en ces termes « Et les barbons règnent toujours ». La chanson fait partie de celles qui valent à son auteur une condamnation à neuf mois de prison.

    41Une notice placée au début de la 14e leçon du Cours public (p. 209) nous apprend qu’il « souffre d’un mal chronique (affection du cœur) dont il est tourmenté et qui depuis quelque temps le fait souffrir plus vivement ». Cette notice a été rédigée en mai 1832 : il est fait allusion à la convocation devant les assises pour le « 21 mai, présent mois ».

    42Gazette des tribunaux des 21-22 mai et 29 juin 1832.

    43AN. CC 600, p. 4, lettre de Laponneraye à Bazière.

    44A75. DY13, registre d’écrou de Sainte-Pélagie, écrous no 21 et 195. Laponneraye annonce son entrée à Sainte-Pélagie dans une lettre publiée par La Tribune dans son édition du 28 janvier 1832. Cf. aussi Henri Gisquet, op. cit., vol. 2, p. 184 : « M. Laponneraye subissait sa peine à Sainte-Pélagie ; le mauvais état de sa santé l’engagea à réclamer la faveur d’être conduit dans une maison de santé, jusqu’au terme final de sa détention. J’eus le plaisir de la lui faire accorder. »

    45Gazette de Sainte-Pélagie, 25 avril 1833.

    46Barthélemy Maurice, Histoire politique et anecdotique des prisons de la Seine, Paris, Guillaumin, 1840, p. 160.

    47Le 22 septembre 1833, Laponneraye adresse une lettre à Germain Sarrut, le directeur de La Tribune pour lui demander de publier une annonce en faveur de cette maison « qui vient de passer sous la direction du fils. Vous m’obligeriez personnellement » (AN, CC 617, d. 1, p. 53).

    48AN. CC 612, registre 1.

    49Dans les anciennes limites de Paris.

    50Nous n’avons pas trouvé d’acte d’état civil sur cette naissance et ne connaissons donc pas sa date exacte. Un simple calcul nous permet cependant de conclure qu’un mariage prononcé au mois de mai avec une naissance la même année, nécessite une conception avant le mariage.

    51Cf. DBMOF en ligne [http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr] et Jean-Claude Caron, Générations romantiques, op. cit., p. 278 et 330-334.

    52A75. V5. E et Sylvie Hennet, mémoire cité pour toutes ces informations.

    53No 20 du 16 mai 1846, p. 4.

    54L’arrêté de Montalivet, ministre de l’Instruction publique et des cultes, date du 26 janvier 1832 (AN, F17* 491 no 2868 et F17* 494).

    55Cf. ci-dessus, p. 34.

    56Cours public, op. cit., p. 321, 38e leçon : la sortie de cette leçon est annoncée dans le numéro du vendredi 5 avril 1833 de La Tribune.

    57Albert Laponneraye, « Du journalisme, de son influence et du rôle important qu’il est amené à jouer dans la régénération des peuples », dans Mélanges, op. cit., vol. 2, p. 328-336. Cf. sur cet article et les rapports de Laponneraye au journalisme, ci-dessous, p. 168 sq.

    58N’oublions pas que ces lignes sont écrites cinq ans seulement après la révolution de 1830 dont l’élément déclencheur a été l’adresse de 44 journalistes contre les ordonnances de Saint-Cloud.

    59« Obligés indispensablement de nous renfermer dans le cercle tracé par la législation qui régit la presse, nous ne fournirons pas à MM. les agents du roi l’occasion de déployer contre nous leur zèle » (Albert Laponneraye, Prospectus de L’Intelligence, juin 1837).

    60Joseph Mérilhou, Cour des Pairs. Attentat des 12 et 13 mai 1839, Paris, Imprimerie royale, 1839-1840, vol. 1, p. 70.

    61Cf. ci-dessous, p. 225 sq. ; et Étienne Cabet, Procès du communisme à Toulouse, Paris, bureau du Populaire, 1843.

    62Une lettre conservée aux archives de la Haute-Garonne nous apprend qu’il est arrivé, « brisé de fatigue », à Toulouse en provenance de Limoges (AD31, WU. 1433).

    63AN, 271AP/1, d. A3a, p. 22.

    64Albert Laponneraye, Précis historique, op. cit., p. 1 et 286-287.

    65« Quelque abrégé que soit notre récit, il aura suffi pour donner au lecteur une idée de cette admirable révolution des communes qui prouve que le principe de liberté et d’égalité ne sont pas de nouvelle date en France, et qu’à l’époque ou l’exécrable tyrannie féodale pesait sur nos infortunés aïeux, ces principes sublimes avaient déjà pris racine parmi nous et poussé de verdoyants rameaux. Et puis que l’on vienne dire encore que la révolution de 1789 est née des complications du moment et qu’elle n’a point d’antécédents dans les annales du passé » (Histoire des révolutions …, op. cit., p. 501).

    66Albert Laponneraye, Histoire universelle, op. cit., vol. V, p. ii.

    67Albert Laponneraye, Cours public, op. cit., p. 1. Il dit à peu près la même chose en 1835 dans son article « Examen critique de l’histoire monarchique et constitutionnelle de la Révolution française, par E. Labaume », dans Mélanges, op. cit., vol. 1, p. 88.

    68Cf. ci-dessus, p. 67.

    69Cf. Maurice Agulhon, Une Ville ouvrière au temps du socialisme utopique, Toulon de 1815 à 1851, Paris/La Haye, Mouton, 1970 ; et Philippe Darriulat, La Muse du peuple. Chansons sociales et politiques en France 1815-1871, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

    70AN, F19 3573. Salvandy lui répond le 30 mars 1847 qu’il ne compte pas oublier « dans l’occasion la démarche que vous me faites ». Guizot, lorsqu’il était ministre de l’Instruction publique avait développé une politique d’aide, de subventions, et donc de contrôle, des travaux historiques (David Gaussen, L’Invention de l’histoire nationale en France, 1789-1848, Marseille, Gaussen, 2015, p. 132 sq.).

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    1Marcel Gauchet, op. cit., p. 9.

    2L’expression est bien sûr de Michelet, dans les premières lignes de son introduction de 1869 à l’Histoire de France : « Cette œuvre laborieuse d’environ quarante ans fut conçue d’un moment, de l’éclair de juillet. Dans ces jours mémorables, une grande lumière se fit, et j’aperçus la France. »

    3Outre les Histoire de la Révolution française de Thiers et Mignet, et les Lettres sur l’histoire de France d’Augustin Thierry, citons, de François Guizot, l’Histoire de la révolution d’Angleterre depuis l’avènement de Charles Ier jusqu’à la restauration de Charles II (A. Leroux, et C. Chantpie, 1826) et le Cours d’histoire moderne comprenant notamment l’Histoire de la civilisation en Europe depuis la chute de l’Empire romain jusqu’à la Révolution française (Paris, Pichon et Didier, 1828) ; l’Histoire des Français (Treuttel et Würtz, 1821) de Jean, Charles, Léonard Simonde de Sismondi ; l’Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1364-1477 (Paris, Ladvocat, 1825-1826) de Prosper de Barante ; le Cours de philosophie (Paris, Pichon et Didier, 1828-1829) de Victor Cousin ; le « Discours sur le système et la vie de l’auteur », préface de Jules Michelet aux Principes de la philosophie de l’histoire de Giambattista Vico (Paris, J. Renouard, 1827).

    4De la philosophie de l’histoire (1823), cité par Marcel Gauchet, op. cit., p. 189.

    5Cf. Marie-France Piguet, Classe. Histoire du mot et genèse du concept, des physiocrates aux historiens de la Restauration, Lyon, PUL, 1996.

    6« Ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert l’existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu’elles s’y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l’évolution historique de cette lutte des classes » (Lettre à J. Weydemeyer du 5 mars 1852, dans Marx et Engels, Correspondance, 1852-juin 1853, t. 3, Paris, Éditions sociales, 1972, p. 79).

    7Cf. Sylvain Venayre, op. cit., notamment p. 35-66.

    8A. Laponneraye, Histoire de France depuis les temps les plus reculés, op. cit., vol. 1, p. 12. Cf. Paul Viallaneix et Jean Ehrard (dir.), Nos ancêtres les Gaulois. Actes du colloque international de Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand, 1982.

    9Histoire des rivalités…, vol. 1, p. 2 et 4.

    10Ibid., p. 145.

    11Ibid., vol. 2, p. 2.

    12Ibid., vol. 1, p. 212.

    13Ibid., p. 274.

    14Ibid., p. 289.

    15Ibid., vol. 2, p. 130-131.

    16« La révolution va jusqu’au fond des choses. Elle ne traverse encore que le purgatoire. Elle mène son affaire avec méthode. Jusqu’au 2 décembre 1851, elle n’avait accompli que la moitié de ses préparatifs, et maintenant elle accomplit l’autre moitié. Elle perfectionne d’abord le pouvoir parlementaire, pour pouvoir le renverser ensuite. Ce but une fois atteint, elle perfectionne le pouvoir exécutif, le réduit à sa plus simple expression, l’isole, dirige contre lui tous les reproches pour pouvoir concentrer sur lui toutes ses forces de destruction, et, quand elle aura accompli la seconde moitié de son travail de préparation, l’Europe sautera de sa place et jubilera : “Bien creusé, vieille taupe” ! » (Karl Marx, Le 18 brumaire, op. cit., p. 124.)

    17Henri Martin, préface de 1837 à la nouvelle édition de son Histoire de France, cité par Sylvain Venayre, op. cit., p. 87.

    18Op. cit., notamment le chapitre 5.

    19Reinhart Koselleck, L’expérience de l’histoire, Paris, Gallimard/Seuil, 1997, p. 113.

    20Albert Laponneraye, op. cit., vol. 1, p. 17-25.

    21Dans Les Patriotes, op. cit.

    22Cf. Gérard de Puymège, Chauvin, le soldat-laboureur. Contribution à l’étude des nationalismes, Paris, Gallimard, 1993.

    23Philippe Darriulat, « L’affaire Pritchard : un paroxysme de l’anglophobie française ? », dans Sylvie Aprile et de Fabrice Bensimon (dir.), La France et l’Angleterre au xixe siècle : échanges, représentations et comparaisons, Paris, Créaphis, 2006, p. 219-235.

    24Jean-Claude Caron, Générations romantiques, op. cit. ; Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, op. cit., vol. 1, notamment le chapitre x, p. 391 sq. ; et le no 111-112, de 1994 de la revue L’Homme et la société, intitulé « Générations et mémoires », notamment l’article de Jean-Claude Caron, « Romantisme et génération : genèse du temps vécu », p. 101-111.

    25Pierre Nora, « La Génération », dans Les Lieux de mémoires. La Nation, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », vol. 2, p. 2984.

    26« C’est à nous, jeunes gens, enfants du siècle et de la Liberté, à favoriser l’aurore du bonheur des nations, à faire accorder la sûreté des trônes avec la liberté des peuples ; nous avons déjà de grandes obligations à remplir. Quel lourd fardeau, quelle tâche, de rendre notre siècle illustre après les grands hommes des deux siècles précédents… » (Sténie ou les erreurs philosophiques, roman épistolaire de Balzac, rédigé en 1819 et 1821, jamais publié de son vivant, mais disponible dans Œuvres complètes illustrées. Roman et contes, t. XXIV, Paris, Éditions du delta, 1972, p. 99.)

    27Karl Mannheim, Le Problème des générations, Paris, Nathan, 1990 (1928).

    28Marie-Ève Thérenty, « “Une invasion de jeunes gens sans passé”. Au croisement du paradigme éditorial et de la posture générationnelle », dans Romantisme, 2010/1, no 147, p. 41-54. Dans le même numéro on peut aussi utilement consulter : Brigitte Diaz, « 1830 ex imo », p. 81-96 ; et de José-Luis Diaz, « “Nous tous, enfants perdus de cet âge critique” : la “génération de 1830” par elle-même ».

    29Ibid., p. 47.

    30Jean-Claude Caron, « “Aux âmes bien nées…” ou romantisme et génération(s) », dans Paris 1820 : l’affirmation de la génération romantique : actes de la journée d’étude organisée par le Centre André Chastel le 24 mai 2004, Bern, Peter Lang, 2005, p. 42.

    31Cf. Les remarques de José-Luis Diaz dans « Comment 1830 invente le xixe siècle », dans L’invention du xixe siècle, op. cit., p. 177-194.

    32Cf. La Tribune du jeudi 24 janvier 1833.

    33Société des amis du peuple, Procès des quinze, Paris, A. Mie, 1832

    34Défense du citoyen Laponneraye, prononcée aux assises du département de la Seine, le 21 avril 1832, Paris, A. Mie, 1832.

    35Gazette des tribunaux, 21 juillet 1832. Auguste Mie est conjointement condamné à six mois de prison et 3 000 francs d’amende.

    36Procès du citoyen Laponneraye. Cour d’assises de la Seine (2e section) Audience du 27 juin 1833, Sceaux, Grossteite, 1833.

    37Défense, op. cit. et Gazette des tribunaux, 22 avril 1832.

    38Dans le numéro du 24 juillet 1832.

    39Sur les conséquences de ce sentiment de la génération des années 1830, cf. les remarques de Christophe Charle, dans Discordance des temps, op. cit., p. 63 ainsi que dans Les Hauts fonctionnaires en France au xixe siècle, Paris, Gallimard, 1980.

    40Cf. Pierre Nora, art. cité, p. 2986. Cf. James Fazy, De la gérontocratie, ou Abus de la sagesse des vieillards dans le gouvernement de la France, Paris, Delaforest, 1828 : « La gérontocratie, ou le gouvernement des vieillards, est, selon moi, la cause de toutes des difficultés que l’on rencontre au sein de la profonde paix dans laquelle nous vivons depuis longtemps ; et, quoi que forcé d’expliquer ma pensée, de dire ce que j’entends par ce mot nouveau que je bâtis avec la langue politique des Grecs… » (p. 11). La chanson de Béranger s’intitule exactement « Les infiniment petits, ou la gérontocratie » (Œuvres complètes, nouvelle édition, Paris, Perrotin, 1867, p. 145) et paraît pour la première fois dans un recueil de cette même année 1828. Le dernier vers de chaque strophe, jouant sur l’homophonie entre barbons et Bourbon, est rédigé en ces termes « Et les barbons règnent toujours ». La chanson fait partie de celles qui valent à son auteur une condamnation à neuf mois de prison.

    41Une notice placée au début de la 14e leçon du Cours public (p. 209) nous apprend qu’il « souffre d’un mal chronique (affection du cœur) dont il est tourmenté et qui depuis quelque temps le fait souffrir plus vivement ». Cette notice a été rédigée en mai 1832 : il est fait allusion à la convocation devant les assises pour le « 21 mai, présent mois ».

    42Gazette des tribunaux des 21-22 mai et 29 juin 1832.

    43AN. CC 600, p. 4, lettre de Laponneraye à Bazière.

    44A75. DY13, registre d’écrou de Sainte-Pélagie, écrous no 21 et 195. Laponneraye annonce son entrée à Sainte-Pélagie dans une lettre publiée par La Tribune dans son édition du 28 janvier 1832. Cf. aussi Henri Gisquet, op. cit., vol. 2, p. 184 : « M. Laponneraye subissait sa peine à Sainte-Pélagie ; le mauvais état de sa santé l’engagea à réclamer la faveur d’être conduit dans une maison de santé, jusqu’au terme final de sa détention. J’eus le plaisir de la lui faire accorder. »

    45Gazette de Sainte-Pélagie, 25 avril 1833.

    46Barthélemy Maurice, Histoire politique et anecdotique des prisons de la Seine, Paris, Guillaumin, 1840, p. 160.

    47Le 22 septembre 1833, Laponneraye adresse une lettre à Germain Sarrut, le directeur de La Tribune pour lui demander de publier une annonce en faveur de cette maison « qui vient de passer sous la direction du fils. Vous m’obligeriez personnellement » (AN, CC 617, d. 1, p. 53).

    48AN. CC 612, registre 1.

    49Dans les anciennes limites de Paris.

    50Nous n’avons pas trouvé d’acte d’état civil sur cette naissance et ne connaissons donc pas sa date exacte. Un simple calcul nous permet cependant de conclure qu’un mariage prononcé au mois de mai avec une naissance la même année, nécessite une conception avant le mariage.

    51Cf. DBMOF en ligne [http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr] et Jean-Claude Caron, Générations romantiques, op. cit., p. 278 et 330-334.

    52A75. V5. E et Sylvie Hennet, mémoire cité pour toutes ces informations.

    53No 20 du 16 mai 1846, p. 4.

    54L’arrêté de Montalivet, ministre de l’Instruction publique et des cultes, date du 26 janvier 1832 (AN, F17* 491 no 2868 et F17* 494).

    55Cf. ci-dessus, p. 34.

    56Cours public, op. cit., p. 321, 38e leçon : la sortie de cette leçon est annoncée dans le numéro du vendredi 5 avril 1833 de La Tribune.

    57Albert Laponneraye, « Du journalisme, de son influence et du rôle important qu’il est amené à jouer dans la régénération des peuples », dans Mélanges, op. cit., vol. 2, p. 328-336. Cf. sur cet article et les rapports de Laponneraye au journalisme, ci-dessous, p. 168 sq.

    58N’oublions pas que ces lignes sont écrites cinq ans seulement après la révolution de 1830 dont l’élément déclencheur a été l’adresse de 44 journalistes contre les ordonnances de Saint-Cloud.

    59« Obligés indispensablement de nous renfermer dans le cercle tracé par la législation qui régit la presse, nous ne fournirons pas à MM. les agents du roi l’occasion de déployer contre nous leur zèle » (Albert Laponneraye, Prospectus de L’Intelligence, juin 1837).

    60Joseph Mérilhou, Cour des Pairs. Attentat des 12 et 13 mai 1839, Paris, Imprimerie royale, 1839-1840, vol. 1, p. 70.

    61Cf. ci-dessous, p. 225 sq. ; et Étienne Cabet, Procès du communisme à Toulouse, Paris, bureau du Populaire, 1843.

    62Une lettre conservée aux archives de la Haute-Garonne nous apprend qu’il est arrivé, « brisé de fatigue », à Toulouse en provenance de Limoges (AD31, WU. 1433).

    63AN, 271AP/1, d. A3a, p. 22.

    64Albert Laponneraye, Précis historique, op. cit., p. 1 et 286-287.

    65« Quelque abrégé que soit notre récit, il aura suffi pour donner au lecteur une idée de cette admirable révolution des communes qui prouve que le principe de liberté et d’égalité ne sont pas de nouvelle date en France, et qu’à l’époque ou l’exécrable tyrannie féodale pesait sur nos infortunés aïeux, ces principes sublimes avaient déjà pris racine parmi nous et poussé de verdoyants rameaux. Et puis que l’on vienne dire encore que la révolution de 1789 est née des complications du moment et qu’elle n’a point d’antécédents dans les annales du passé » (Histoire des révolutions …, op. cit., p. 501).

    66Albert Laponneraye, Histoire universelle, op. cit., vol. V, p. ii.

    67Albert Laponneraye, Cours public, op. cit., p. 1. Il dit à peu près la même chose en 1835 dans son article « Examen critique de l’histoire monarchique et constitutionnelle de la Révolution française, par E. Labaume », dans Mélanges, op. cit., vol. 1, p. 88.

    68Cf. ci-dessus, p. 67.

    69Cf. Maurice Agulhon, Une Ville ouvrière au temps du socialisme utopique, Toulon de 1815 à 1851, Paris/La Haye, Mouton, 1970 ; et Philippe Darriulat, La Muse du peuple. Chansons sociales et politiques en France 1815-1871, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.

    70AN, F19 3573. Salvandy lui répond le 30 mars 1847 qu’il ne compte pas oublier « dans l’occasion la démarche que vous me faites ». Guizot, lorsqu’il était ministre de l’Instruction publique avait développé une politique d’aide, de subventions, et donc de contrôle, des travaux historiques (David Gaussen, L’Invention de l’histoire nationale en France, 1789-1848, Marseille, Gaussen, 2015, p. 132 sq.).

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