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  • L’entourage de Laurent Fabius
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    Plan détaillé Texte intégral La galaxie des conseillers de Laurent Fabius : entre héritage, classicisme et renouvellement Dans l’air du temps : les années 1980 ou l’appel aux spécialistes des sondages Du groupe de travail « flèche » au groupe « printemps » : l’organisation du travail politique à Matignon Le retour de Laurent Fabius sur le devant de la scène politique : une marginalisation du conseil en communication ? 2000-2015 Notes de bas de page Auteur

    De l'attachée de presse au conseiller en communication

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    L’entourage de Laurent Fabius

    Quel rôle pour les « communicants » ?

    Léa Pawelski

    p. 95-110

    Texte intégral La galaxie des conseillers de Laurent Fabius : entre héritage, classicisme et renouvellement Les réseaux mitterrandiens La marque fabiusienne : des recrutements massifs Dans l’air du temps : les années 1980 ou l’appel aux spécialistes des sondages Le travail des « officieux » Du groupe de travail « flèche » au groupe « printemps » : l’organisation du travail politique à Matignon Le retour de Laurent Fabius sur le devant de la scène politique : une marginalisation du conseil en communication ? 2000-2015 Travailler dans le brouillard La domination des politiques ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1« Laurent Fabius est le premier de ses conseillers en communication1 », c’est ce qu’affirme Thierry Lajoie2 qui fut notamment son chef de cabinet à Matignon. Celui qui a été le plus jeune Premier ministre de la Cinquième République, entre 1984 et 1986, a fait couler beaucoup d’encre sur sa communication dans un contexte où le journalisme politique développe une « expertise critique3 » qui passe notamment par la volonté de dévoiler « l’arrière-cuisine » de la politique. Le Premier ministre de François Mitterrand ne se distingue pas uniquement de ses prédécesseurs par sa jeunesse – il a trente-sept ans lorsqu’il est nommé en 1984 – mais aussi par ses stratégies de communication marquées par une personnification, son rapport aux médias et par l’attention particulière qu’il porte aux sondages nous le verrons. À l’exception de sa discrétion le temps du procès de l’affaire dite du « sang contaminé4 », et dans une moindre mesure lors du quinquennat de François Hollande pendant lequel il est ministre5, Laurent Fabius, lorsqu’il ne se met pas en scène pour incarner sa politique6 cherche à modeler son image à son avantage. Cette volonté se heurte à une image publique que Laurent Fabius souhaite corriger, celle d’un bourgeois7, d’un technocrate8, qui remet en cause son capital politique d’homme de gauche et influence ses représentations médiatiques. Si plusieurs de ses stratégies de communication peuvent ainsi être comprises en confrontation avec un « défaut » d’image, elles correspondent aussi à des enjeux politiques qui sont conditionnés par un contexte qui favorise la personnalisation de la vie politique française. Si Laurent Fabius s’attache à penser et mettre en œuvre des politiques de communication, il ne loue pas pour autant les services d’une agence de communication et ne fait pas appel, contrairement à de nombreux leaders politiques, à des « gourous de la com’ ». En ce sens l’attitude de Fabius est tout à la fois singulière et paradoxale. Il convient dès lors d’identifier les rôles et les profils des membres de son entourage qui ont contribué à façonner sa communication.

    2Sans avoir de directeur de la communication dans les différents ministères qu’il occupe, Laurent Fabius consulte des amis, dans l’ombre, proches du Parti socialiste, issus du secteur de la publicité ou des sondages à l’image de Joseph Daniel et Gérard Unger des années 1980 jusqu’au début des années 2000 et s’appuie sur des conseillers de ses services de presse successifs. Laurent Fabius n’établit donc pas seul ses stratégies de communication et d’image. Il délègue tout autant de tâches inhérentes à ses fonctions et ses aspirations depuis son entrée en politique dans des cercles de réseaux relativement étanches. C’est cette organisation que nous proposons d’étudier, en tant qu’entreprise politique comme l’entend Daniel Gaxie, c’est-à-dire au sens de « tentative rationnelle de conquête et d’exercice du pouvoir9 ». Si les objectifs de cette entreprise politique sont clairs, ses contours vis-à-vis des modalités d’élaboration des stratégies de communication sont en revanche flous. En ce sens nous ne sommes pas éloignées des conclusions que dresse Agnès Chauveau en 2003, dans son article sur l’influence des conseillers en communication10 : les parcours et les statuts de ces conseillers sont variés, leurs tâches et fonctions sont multiples.

    3L’hypothèse de ce travail est celle d’une fragmentation du rôle habituellement dévolu à un ou une conseillère en communication tel que nous l’entendons aujourd’hui. La perception, par Laurent Fabius, de la communication politique et du conseil en communication doit nous aider à comprendre comment travaillent ses équipes. Nous verrons ainsi quels sont les rôles et les ressources de l’entourage et des conseillers de Laurent Fabius, de 1981 à la fin des années 1990. Pour finir il nous semble pertinent de nous pencher spécifiquement sur le retour de Laurent Fabius sur la scène politique, après la clôture de l’épisode du « sang contaminé », à l’occasion de deux scrutins porteurs d’enjeux personnels, celui du Traité constitutionnel européen en 2005 et celui des primaires socialistes de 2006. Ces évènements représentent un enjeu politique fort pour Laurent Fabius et son équipe. En filigrane, on pourra alors se demander quelle est la forme de professionnalisation11 à l’œuvre dans une telle configuration. C’est à partir d’un travail qui s’appuie notamment sur les archives ministérielles disponibles de Laurent Fabius12 et des entretiens menés auprès des acteurs que nous proposons d’étudier quels ont été les conseillers pour la communication d’une personnalité longtemps considérée comme « présidentiable » et qui a occupé le devant de la scène politique nationale pendant près de quarante ans.

    La galaxie des conseillers de Laurent Fabius : entre héritage, classicisme et renouvellement

    4La perception que s’est forgée Laurent Fabius de la communication politique permet de mieux comprendre comment fonctionnent ses équipes de collaborateurs. Trois types de réseaux alimentent principalement la construction de sa communication : le réseau mitterrandien, notamment celui pour la campagne de 1981, le réseau composé de fidèles au sein du Parti socialiste et les collaborateurs qu’il recrute, notamment les normaliens.

    Les réseaux mitterrandiens

    5Laurent Fabius expérimente rapidement les questions de communication lorsqu’il travaille auprès de F. Mitterrand à partir de 1976, et donc plus spécifiquement celles des relations aux médias, du traitement des sondages, de l’écriture des discours et de la conduite d’une campagne électorale. En tant que directeur de cabinet, puis secrétaire national du PS à la presse et porte-parole à partir de 1979, il évolue dans un courant en pleine mutation vis-à-vis du secteur de la communication qui se convertit progressivement aux règles du marketing politique depuis l’élection présidentielle de 1974 tandis que Michel Rocard, de son côté, intègre ces nouveautés avec l’appui d’un groupe « image » qui travaille à le mener à l’élection présidentielle de 198113. Laurent Fabius est amené jusqu’en 1981 à collaborer avec des militants qui gravitent alors autour de François Mitterrand dans la cellule communication du candidat socialiste pour la campagne présidentielle. Lui-même animateur de la cellule intellectuelle, il fréquente différents profils dont de nombreux conseillers en image et communication qui officieront auprès du futur Président de la République tels Charles Salzmann ou Jacques Pomonti. Mais la cellule est encore éloignée de ce qui se pratique à droite en matière de communication14. Comme l’explique Joseph Daniel, membre de l’équipe de campagne, a posteriori, la cellule communication du Parti socialiste se cantonne au matériel de propagande électorale : « La communication PS sachant que le sens de communication c’était essentiellement les matériels, les affiches, les tracts, ce n’était pas les relations presse. Les relations presse dépendaient à l’époque de Georges Fillioud, avec qui j’avais par ailleurs de très très bonnes relations, mais c’était des secteurs qui étaient distincts15. » Rapidement, Joseph Daniel, Gérard Unger, Françoise Castro et Laurent Fabius forment une « bande des quatre16 » et les notes passent par Fabius avant d’être présentées au candidat F. Mitterrand.

    6Laurent Fabius participe donc à une mécanique en matière de communication qui consiste à faire travailler différents experts pour mener une campagne électorale, des sondeurs notamment, et est alors conseillé officieusement – ils n’occupent aucune fonction officielle dans les différents cabinets ministériels –, une fois ministre, par trois des membres de l’équipe de campagne de 1981, sondeurs – François Castro, Joseph Daniel et Gérard Unger – auquel s’ajoute un publicitaire, Denis Quénard. Issue de la « bande des quatre », la spécialiste de l’audiovisuel Françoise Castro, qui devient sa compagne, suit, au moins épisodiquement, les stratégies d’image et stratégies médias de Laurent Fabius lorsqu’il parvient aux responsabilités. Les trois hommes se réunissent régulièrement pour confronter leurs points de vue et fournissent différentes notes au ministre, puis premier ministre, sur les stratégies d’image qu’ils préconisent.

    7La perception des enjeux de communication par Laurent Fabius, dont l’attention spéciale portée aux sondages et à la télévision comme outils privilégiés, qui s’est aussi forgée pendant la campagne de 1981, influence l’organisation de sa communication au pouvoir. Thierry Lajoie, qui après avoir collaboré avec Pierre Bérégovoy à Solférino, est devenu chef de cabinet au ministère de l’Industrie et de la Recherche auprès de Laurent Fabius avant de le suivre à Matignon pour occuper la même fonction souligne, a posteriori, l’extrême attention de Laurent Fabius aux médias et son caractère relativement exceptionnel à gauche17. C’est également ce dont témoigne la composition d’un service de presse pléthorique à Matignon qui compte cinq journalistes18. Ce nouveau monde qui intègre le pouvoir socialiste et gravite dans les différents cabinets de Laurent Fabius, cohabite avec un monde « ancien » et forme un troisième cercle qui semble limiter le pouvoir des conseillers officieux en communication.

    La marque fabiusienne : des recrutements massifs

    8Si Laurent Fabius peut s’appuyer sur des personnes issues des réseaux de François Mitterrand, il constitue des réseaux qui lui sont propres dès les années 1980 qui travaillent non seulement à l’exercice du pouvoir mais préparent également sa candidature à l’élection présidentielle. Pendant les années 1980 deux groupes, complètement cloisonnés, conçoivent des notes techniques et fournissent des idées : le groupe Solidarités modernes, et « Agir » situé boulevard Raspail qui rassemble des élus proches de Laurent Fabius. Notons ici que le cloisonnement entre les cercles locaux et parisiens demeure une règle immuable chez Laurent Fabius. Concrètement constitué, le réseau du club de réflexions Solidarités modernes, fondé en 1986 par Lionel Zinsou, plume du Premier ministre, promeut Laurent Fabius. Animé par François Castro, épouse de Laurent Fabius, il réunit des militants socialistes et des experts non encartés au PS et produit des bulletins mensuels au moins jusqu’en 1988 dans lesquels figurent un éditorial de Laurent Fabius sur l’actualité politique puis des informations sur sa propre actualité.

    9Seize ans plus tard, par le même procédé, un nouveau cercle politique est officialisé par la création en 2002 du club Fraternité avec les mêmes objectifs. Fondé par celui qui dirige le cabinet de Laurent Fabius au ministère de l’Économie et des finances19, Denis Olivennes, le club rassemble des anciens membres de Solidarités modernes, tels Lionel Zinsou – coanimateur du club avec D. Olivennes – ou Louis Schweitzer qui fut le directeur de cabinet de Laurent Fabius à Matignon, mais aussi des élus et militants socialistes qui le soutiennent. La partition des rôles se dessine. Le club rassemble ainsi à la fois ceux qui recrutent « plumes » et conseillers depuis plusieurs années. Denis Olivennes se concentre sur les normaliens depuis la fin des années 198020 afin de fournir les rangs des rédacteurs de discours de Laurent Fabius. C’est sur la base de ces compétences, auxquelles il faut ajouter la participation d’intellectuels, à l’image de Régis Debray, et d’élus socialistes – dont Claude Bartolone s’occupe particulièrement –, que le cercle alimente une boîte à idées et fournit des « formules21 ». Si Laurent Fabius ne fait pas fonctionner ses équipes à la manière d’un pôle propre aux questions de communication, l’étude des profils qui composent la galaxie des réseaux de Laurent Fabius et de leurs rôles, des continuités et des ruptures en leurs seins, permettent d’éclairer la conception et la mise en œuvre de stratégies de communication.

    Dans l’air du temps : les années 1980 ou l’appel aux spécialistes des sondages

    10L’organisation du travail des personnalités qui gravitent autour de la communication de L. Fabius est relativement stable dans le temps. On peut cependant distinguer deux périodes, avant et après l’affaire du sang contaminé. Sur le plan de la politique, dans son fief mais aussi dans d’autres fédérations, le réseau d’élus fabiusiens continue de faire prospérer le courant de L. Fabius et son emprise électorale22. Cependant, son équipe parisienne évolue avec notamment l’éloignement des conseillers de l’ombre des années 1980.

    Le travail des « officieux »

    11Au pouvoir, de 1981 à 1986, un trio formé par des spécialistes des sondages et un publicitaire, Joseph Daniel, Gérard Unger et Denis Quénard, conseille Laurent Fabius en matière de communication sans qu’aucun d’entre eux n’ait de fonction officielle dans les différents cabinets ministériels successifs. Tous ont participé, en tant que militants, à la campagne de François Mitterrand pour l’élection présidentielle de 1981 et seul l’un d’entre eux, Joseph Daniel, quitte le secteur privé pour accompagner le pouvoir socialiste lorsqu’il prend la direction du Service d’information et de diffusion de Matignon23 (SID). Pierre angulaire des stratégies d’image du ministre, ces hommes se réunissent régulièrement pour aborder la stratégie de communication personnelle de Laurent Fabius ou pour travailler à une réponse pour une des « commandes » de L. Fabius. Joseph Daniel se souvient avoir, dès 1981 avec Gérard Unger, fait des préconisations à Laurent Fabius pour l’évolution de sa carrière autour de questions – « qu’est-ce qu’être ministre à 35 ans ? Qu’est-ce qu’être un ministre d’un gouvernement d’alternance et comment est-il possible d’imaginer l’évolution d’une telle carrière24 ? » – qui sont au cœur des stratégies de communication de Laurent Fabius, quatre ans plus tard, à Matignon, faire valoir sa jeunesse et sa compétence pour se légitimer et bâtir un leadership à gauche25. Il semble ainsi que ces conseillers « militants » de l’ombre, que Laurent Fabius consulte régulièrement – ils se rencontrent au moins une fois par mois en sus de la transmission de notes sur des sondages, des stratégies de positionnement –, aient eu un rôle primordial dans la définition de l’image que Laurent Fabius a souhaité bâtir. Laurent Fabius a par ailleurs proposé à J. Daniel de devenir son directeur de la communication au ministère de l’Industrie26. Face au refus de ce dernier L. Fabius se contente d’un directeur du service de presse, journaliste. Il aurait également souhaité que son amie Anne Sinclair accède à la même demande27. C’est donc involontairement que Laurent Fabius, tout en étant attentif et réceptif aux évolutions en matière de communication, ne détient pas officiellement de conseiller en communication entre 1981 et 1986. Les collaborations avec des conseillers, que l’on pourrait davantage qualifier de « conseillers image », n’en sont pour autant secondaires pour un ministre particulièrement attentif aux sondages – dont les cotes de popularités – et très présent dans les médias. À titre d’illustration Laurent Fabius marque également son passage à Matignon d’un point de vue médiatique, en réadaptant les causeries mensuelles de Pierre-Mendès France à la radio, par ses interviews à Matignon conçues pour la télévision et baptisées Parlons France. Joseph Daniel, qui dirige alors le SID, après en avoir été le numéro 2 dès 1981, s’occupe personnellement du bilan des passages du premier ministre à la télévision. Cet organisme gouvernemental rattaché à Matignon commande de nombreux sondages pour la majorité au pouvoir, ou encore réalise des revues de presse sur de multiples personnalités politiques28. Son directeur commande des sondages après chaque émission Parlons France29 et produit une note pour L. Fabius transmise le lendemain matin. Cette organisation semble fructueuse tant les médias commentent à la fois les stratégies de communication de Laurent Fabius accréditant son image « d’homme moderne », par opposition à ses prédécesseurs à Matignon.

    12D’autres personnes officient de manière confidentielle et rendent des comptes au cabinet. C’est ce dont témoigne Martine Storti. Cette ancienne journaliste, passée notamment par Libération, explique dans une autobiographie comment elle a été une des « plumes » officieuses30 de Laurent Fabius. Sans connaître les membres du cabinet, elle répond à des commandes provenant du secrétariat31 de Matignon et dispose d’un bureau dans l’hôtel. Il apparaît alors que seuls Laurent Fabius et son directeur de cabinet aient une vue d’ensemble sur le travail des différents contributeurs.

    Du groupe de travail « flèche » au groupe « printemps » : l’organisation du travail politique à Matignon

    13À Matignon, Lionel Zinsou, ancien normalien et plume de Laurent Fabius, s’occupe des différents groupes de travail qui contribuent à l’élaboration des discours et à la rédaction d’argumentaires au sein du cabinet : un pour la préparation de son ouvrage Le cœur du futur paru en 198532, un groupe intitulé « flèche » qui travaille sur la critique de l’opposition, un groupe « printemps » pour les propositions, un autre qui prépare le débat à la télévision entre le chef du gouvernement et le leader de l’opposition J. Chirac en octobre 1985. Les membres de ces groupes font parfois appel à des relations personnelles pour nourrir leur travail. Joseph Daniel affirme que seul L. Fabius avait une vision générale de l’ensemble de ces « équipes ». Lui-même, conseiller de l’ombre comme nous l’avons vu précédemment et directeur du SID, participe à l’organisation des déplacements du Premier ministre afin que ceux-ci coïncident avec l’actualité et puissent bénéficier d’une couverture médiatique. Il travaille, avec le cabinet, à alimenter un « calendrier glissant » qui additionne les événements d’actualité avec l’agenda de Laurent Fabius et fonctionne par le biais du minitel à la façon d’un système d’intranet actuel. Cette demande de Laurent Fabius doit répondre à une volonté d’obtenir des images du Premier ministre dans les médias et s’inscrit dans une vie politique qui n’est plus seulement médiatisée mais médiatique comme l’analyse Christophe Piar33. Très présent à la télévision lorsqu’il est Premier ministre, il en fait son principal outil de communication et ses déplacements sont conçus pour imprimer une « image » reproduite par les journaux télévisés ou la presse écrite : lorsque Laurent Fabius se rend dès le mois d’août 1984 en Normandie, sur le lieu où a été construite une partie de la fusée Ariane à Vernon, ou, le même jour à Dieppe, où se déroule un stage d’initiation à l’informatique34, il apparaît clairement que ces choix font partie d’une stratégie de communication plus générale visant à diffuser l’image d’un homme porté vers le futur35. Toujours avec le concours du directeur du SID, les principaux collaborateurs du cabinet de Laurent Fabius disposent d’une large base de données de sondages provenant de l’organisme rattaché à Matignon sur lesquels s’appuyer pour travailler. Laurent Fabius est ainsi imprégné des règles cathodiques de l’époque en matière de marketing politique. « Naturellement doué » pour la communication politique, selon les mots son chef de cabinet à Matignon, Laurent Fabius est probablement, selon ce dernier, le « premier homme politique français qui, même quand il ne passe pas à la télévision, mais quand il sort pour des évènements, se maquille36 ». Cette mise en scène de l’homme par-dessus le collectif a été l’élément déclencheur d’une querelle entre Lionel Jospin, qui dirige le Parti socialiste, et le Premier ministre. L’équipe de conseillers « image » de Laurent Fabius travaille avec son cabinet pour organiser un meeting à Marseille, à moins d’un an des prochaines élections législatives, centré sur le Premier ministre – le logo du PS est absent de la scénographie et Gaston Defferre, maire de Marseille, fait l’éloge de Laurent Fabius : « Longtemps nous nous sommes demandé s’il y avait à gauche d’autres hommes d’État que François Mitterrand. Te voici Laurent37 ! » Tandis que les journalistes relèvent l’entrée en campagne de Laurent Fabius, Lionel Jospin, pris de court puisque ni l’Élysée ni le Parti socialiste n’ont été prévenus, conteste la prise de leadership par Laurent Fabius.

    14Une telle organisation laisse penser que la synergie d’ensemble entre ces collaborateurs, officiels ou officieux, semble limitée. La machine se grippe à l’occasion de la préparation du débat face à Jacques Chirac alors que Laurent Fabius depuis plusieurs mois décroche dans les sondages après avoir atteint des sommets de popularité au printemps 198538. Constitué en événement, politique et médiatique, alors que doivent s’opposer deux représentants des pôles majoritaires à six mois des élections législatives, il y a trois moments du débat – un avant, un pendant et un après – dont la mise en récit repose sur les sondages et la personnification. Si Laurent Fabius est donné « favori » pour remporter ce « duel », les journaux d’opposition désignent Jacques Chirac comme « vainqueur » au lendemain du débat en s’appuyant sur un sondage : « Un sondage le prouve : Chirac vainqueur39 », « Sondages : Chirac l’a emporté40 ». Si ces chiffres, sur lesquels s’appuie la presse, ont été réinterprétés a posteriori41, l’alignement progressif des autres titres de presse sur ce verdict et la mémoire du célèbre passage du débat où J. Chirac qualifie Laurent Fabius de « roquet » après que ce dernier l’ait interrompu – « Écoutez ! Je vous rappelle que vous parlez au Premier ministre de la France42 » – font de ce débat télévisé un marqueur négatif de la vie politique de Laurent Fabius43. Laurent Fabius a-t-il sous-estimé le pouvoir de l’image ? Joseph Daniel nous apprend44 que l’équipe qui travaille à ce débat est très fournie. Lui-même y participe et conseille au Premier ministre de visionner des extraits de passages de J. Chirac à la télévision afin de ne pas sous-estimer l’adversaire. Il explique ainsi avoir regardé des heures de vidéos avec ses collaborateurs au sein du SID et avoir remarqué que J. Chirac n’était plus si raide à la télévision que sa réputation le laissait encore penser, voire que le leader du RPR devenait doué pour l’exercice. Laurent Fabius refuse de regarder ces extraits et demande des argumentaires. Lorsque l’on connaît l’issue de ce débat, catastrophique en termes d’image pour le Premier ministre, on peut se poser la question de l’efficience de l’organisation du travail de communication autour de L. Fabius. On peut en tout cas relativiser le pouvoir d’influence des conseillers.

    15Ce mode de fonctionnement perdure quelques années jusqu’à ce que J. Daniel dirige le cabinet de Laurent Fabius à la présidence de l’Assemblée nationale à partir de 1988. Il s’agit de l’unique moment, pendant la carrière politique de L. Fabius, où un spécialiste des questions de communication occupe une fonction aussi importante dans l’organigramme officiel que celle de directeur de la communication. Pendant cette période l’échec pour la prise du parti en 1988 n’entache pas les ambitions et le cabinet, véritable place forte, veille à structurer les réseaux et à susciter l’adhésion, comme en témoigne la création d’un journal politique, l’Égalité, dont le directeur de cabinet en assure en partie la rédaction jusqu’à la mise en page. Ce sont quasiment les mêmes équipes qu’à Matignon qui travaillent sur les campagnes électorales : on retrouve des documents45 à l’occasion des élections cantonales comme des élections européennes de 1989. La structure du cabinet reste conçue sur le même modèle en se caractérisant par un nombre conséquent de conseillers – vingt-cinq membres officiels, deux fois plus avec les « intérimaires » tels qu’on les appelle, hors organigramme46. Cependant, la présence de deux d’entre eux, issus de cette génération qui participe à convertir la gauche à la communication politique moderne, témoigne d’une volonté de professionnaliser les aspects de communication : Georges Fillioud, qui dirigeait le service de presse du candidat François Mitterrand dans l’équipe de campagne de 1981 et Jean-Claude Colliard qui est passé par l’Élysée. La stratégie d’image de Laurent Fabius ne change pas depuis qu’il a quitté Matignon. Il continue de privilégier la télévision et de mettre en œuvre une stratégie de communication personnelle47.

    16L’ouverture du procès du sang contaminé va ralentir l’activité médiatique de Laurent Fabius et reporter ses ambitions élyséennes. Il semble en tout cas qu’après cet épisode, Laurent Fabius ait abandonné le conseil officieux en image au profit du conseil politique et du travail avec des « plumes ».

    Le retour de Laurent Fabius sur le devant de la scène politique : une marginalisation du conseil en communication ? 2000-2015

    17Les témoignages recueillis, relatifs à la période qui suit l’acquittement de L. Fabius par la Cour de Justice de la République dans l’affaire du sang contaminé, témoignent d’une relative opacité quant au rôle de chacun des collaborateurs. De ce point de vue, il reste un travail à accomplir pour collecter davantage d’informations.

    Travailler dans le brouillard

    18Laurent Fabius, encore une fois, semble s’adapter à l’air du temps qui voudrait que l’on dénigre les conseillers en communication, leurs raisonnements marketing nuiraient à l’activité politique. À nouveau président de l’Assemblée nationale à partir de 1997, il s’éloigne du conseil publicitaire petit à petit. Pendant la période allant de 1997 à 1999, l’Assemblée nationale fait office de camp retranché. Sans perdre le contact avec ses amis conseillers, L. Fabius les consulte moins souvent pour la gestion d’une communication sur sa carrière, les questions de communication sans rapport avec le procès se faisant rares. Jean-Gabriel Fredet, journaliste passé par le cabinet de Fabius à Matignon après avoir travaillé pour l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, rapporte les propos de son entourage sur la période : ils qualifient le courant fabiusien de SIVOM48 en détournant sa signification initiale, l’abréviation devient ironiquement « Syndicat de gestion des carrières à vocation multiples49 ».

    19À la présidence de l’Assemblée nationale, les argumentaires, les discours et les documents préparatoires aux interventions dans les médias sont rédigés par des collaborateurs, normaliens essentiellement et des conseillers techniques selon les besoins. Cyril Benoit, l’une des « plumes » au cabinet, explique comment, avec Stéphane Israël, autre conseiller, ils rédigent des notes partant des préoccupations et thèmes de L. Fabius qui leur sont connus. Ces « plumes » n’ont pas de directives explicites et peuvent aussi s’aventurer en dehors de ce cadre pour suggérer des argumentaires différents ou des thèmes nouveaux qu’ils estiment pertinents pour L. Fabius50. Marc-Antoine Jamet51 qui dirige le cabinet de Laurent Fabius à l’hôtel de Lassay, ancien magistrat à la Cour des comptes, recruté par Denis Olivennes en 1985 alors qu’il est l’une des plumes pour le club « Solidarités modernes » sous la direction d’Henri Weber, fait office, selon son propos, de « guichet unique52 ». Il est le seul à relire les notes avant de les transmettre à L. Fabius, y compris les argumentaires et projets de discours. M.-A. Jamet dit ainsi à propos de Laurent Fabius : « Il a des idées de communication. […] Il faut les mettre en œuvre. » Ainsi les attachés de presse ou conseillers « communication et presse » selon les cabinets pendant la période et les appellations, dont on peut penser qu’ils sont au cœur de l’élaboration de stratégies de communication, n’auraient qu’un rôle limité dans une part exécutive du processus de communication. Il faut, pour le déterminer, interroger à nouveau les acteurs sur ces rouages. Une question reste en suspens : qui articule et pense le passage entre l’élaboration du message politique et sa traduction dans un support de communication ? Il semble en tout état de cause qu’il y ait une forte répartition des rôles dans le processus de communication. Le cloisonnement des différents acteurs de la communication de Laurent Fabius est toujours d’actualité pendant cette période, puisque de son côté Laurent Fabius continue de faire prospérer son réseau de boîte à idées qui doit continuer d’enrichir ses réflexions en matière de communication. Un collaborateur officiel peut aussi faire appel, de façon informelle, à des relations pour élargir ses réflexions sur les questions de communication. Joseph Daniel, à titre d’exemple, lorsqu’il est officiellement en charge de la communication de L. Fabius lors de sa première présidence de l’Assemblée nationale, a pu faire appel à d’anciens conseillers de Matignon tel Denis Pingaud, ancien journaliste du quotidien Le Matin, recruté par un autre journaliste qui était alors son chef de service, Jean Gabriel Fredet, à Matignon53. Ces informations permettent d’élargir la galaxie des personnes qui peuvent participer à l’élaboration de la communication de L. Fabius. Cependant il semble, progressivement, que les conseillers officiels ou de l’ombre, dont le profil se rapproche le plus du conseil en image et stratégie, soient moins influents ou moins nombreux à partir de 2002.

    La domination des politiques ?

    20Malgré une organisation entre les différents entourages de Laurent Fabius qui apparaît décousue, les éléments essentiels d’une stratégie de communication en ce début des années 2000 sont appliqués : études sociopolitiques (renseignements statistiques, renseignements qualitatifs), participation à des émissions de divertissement… Ministre dans le gouvernement de Lionel Jospin, comme une nouvelle page qui s’écrit après dix années de recul, Laurent Fabius reprend en main sa communication avec le même objectif que pendant les années 1980 : il souhaite montrer qu’il n’est pas l’homme arrogant et distant que l’on décrit, comme en témoigne son ouvrage54 paru en 2003 dans lequel il parle de son goût pour les carottes râpées ou pour le télécrochet musical Star Academy.

    21Pour saisir sa chance après une traversée du désert forcée et renouer avec une ambition présidentielle, Laurent Fabius constitue un cabinet doté de membres davantage politiques qui résulte en une fusion des anciennes équipes de Bercy et de sa propre équipe à la présidence de l’Assemblée nationale. Finalement, il travaille essentiellement avec quatre personnes55, dont aucun parmi eux n’a le profil d’expert en communication. Entretenant toujours un cercle de fidèles qu’il rencontre chaque semaine, Laurent Fabius semble davantage placer sa confiance dans son entourage politique, parmi eux toujours les socialistes Guillaume Bachelay et Henri Weber. C’est aussi ce qui semble marquer la période de débat autour du Traité constitutionnel européen (TCE) où les politiques sont à la manœuvre dans la rédaction des discours et la préparation des interviews.

    22L’après 2002 est une période d’intensité médiatique pour Laurent Fabius, certainement facilitée par le débat du « TCE » et les primaires socialistes pour l’élection présidentielle de 2007. Pour ces primaires il ne fait toujours pas appel à un conseiller en communication, à la différence de ses concurrents socialistes. Dominique Strauss-Kahn par exemple est conseillé par Stéphane Fouks, Anne Hommel, Gilles Finchelstein et Ramzi Khiroun. Laurent Fabius consulte encore des « amis » des années 1980, de façon informelle, qui sont conseillers en communication de métier comme Denis Pingaud56 mais aucun « professionnel de la communication » n’est à la barre. Après l’échec aux primaires, Laurent Fabius devient en 2012, Ministre d’État, deuxième dans l’ordre protocolaire, et parvient progressivement à se forger une identité de « sage » en politique, quasi incontestée aujourd’hui, comme en témoignent la récente COP21 et son retour en grâce dans les sondages57. Communique-t-il autrement alors qu’on ne lui prête plus d’ambition présidentielle ? Il change quatre fois de conseiller en communication en charge des relations avec la presse entre 2012 et 2015. Il reste à déterminer si ceux qui ont le statut officiel de conseiller en communication dans l’organigramme du Quai d’Orsay détiennent un rôle influent. Toujours est-il que Laurent Fabius s’inscrit dans une stratégie de communication classique d’un ministre des Affaires étrangères et aborde peu, dans les médias, les questions partisanes ou de personnes. Il reste focalisé sur son portefeuille, soutenant l’action du président de la République. L’homme semble alors s’effacer derrière la fonction qu’il incarne lorsqu’il ne se met pas en scène au service de celle-ci58.

    ***

    23Finalement, Laurent Fabius a été attentif aux conseils des spécialistes de la communication pendant les années 1980 et 1990 sans pour autant les associer à ses membres de cabinets, qui sont essentiellement des « plumes » et attachés de presse issus du monde du journalisme ou des grandes écoles. Une répartition des rôles, nous l’avons vu, somme toute classique pour la période mais qui se distingue du modèle de celles et ceux qui portent une grande attention aux questions de communication, à droite comme Jacques Chirac ou à gauche comme Michel Rocard59. Ce cloisonnement constitue le paradoxe de Laurent Fabius : s’il accorde une forte attention aux outils et techniques du marketing politique, qu’il côtoie et fait travailler pour lui des spécialistes de la communication, il ne donne pas la possibilité pas à ces derniers de diriger l’ensemble de ses stratégies. Sans toutefois valider les propos de Laurent Fabius selon lesquels il ne fait pas appel à des conseillers en communication, interroger les pratiques à l’œuvre60 dans les différents dispositifs qui se succèdent au fil des fonctions qu’il occupe et/ou ambitionne d’occuper, nous pouvons postuler qu’il n’adhère pas au pouvoir des « gourous de la com’ ».

    24Deux groupes majeurs pour la communication de Laurent Fabius agissent pendant cette période, comme nous l’avons vu, celui des publicitaires-militants officieusement et celui, plus politique, de non-spécialistes de la communication, à l’exception des journalistes tout de même. Seul Laurent Fabius garde une vision d’ensemble de ce dispositif et l’articule. Plus étonnant encore, les plumes de Laurent Fabius à Paris n’ont aucun contact avec les équipes locales dans son département de Seine-Maritime. À l’exception d’une courte période, entre 1988 et 1993, lorsqu’un spécialiste des questions de communication dirige son cabinet, il y a donc une fragmentation du rôle théoriquement assigné à un conseiller en communication, entre différents types de réseaux et de profils de ses conseillers.

    25Laurent Fabius affiche, comme il était de bon ton dans les années 1990 notamment, un rejet du conseil en communication et affirme n’avoir jamais eu de conseiller en communication61. Sa communication porte en effet la trace de ce dispositif, celle de la persistance d’une stratégie qui consiste à se mettre en scène pour symboliser son message et ce au gré des différents conseillers qui passent dans ses cabinets.

    Notes de bas de page

    1Entretien de l’auteure avec Thierry Lajoie, 26 avril 2013, Paris.

    2Thierry Lajoie, militant de la fédération des Hauts-de-Seine du Parti socialiste, collabore avec Pierre Bérégovoy dans ses fonctions partisanes par l’intermédiaire d’un de ses proches, Jean-Marcel Bichat. Il devient ensuite chargé de mission pour les relations avec les syndicats, les associations et les partis politiques au cabinet de Laurent Fabius au ministère de l’Industrie et de la Recherche puis devient, six mois plus tard chef de cabinet, poste qu’il occupe également à Matignon.

    3Padioleau J.-G., « Systèmes d’interaction et rhétoriques journalistiques », Sociologie du travail, 1, 1976.

    4Le scandale éclate en 1991 lorsque les pouvoirs publics et les dirigeants des établissements de transfusion sanguine sont mis en cause pour un défaut de protection de la population alors que plusieurs patients ont été contaminés par le sida et l’hépatite C par des transfusions de sang dans les années 1980. Après un premier procès, qui donne lieu à des condamnations en septembre 1992 de différents responsables en matière de santé, trois ministres – Georgina Dufoix, Laurent Fabius et Edmond Hervé – sont mis en cause à l’Assemblée nationale au mois de novembre 1992 pour des faits et décisions prises en 1985. Ils sont mis en examen en septembre 1994 pour complicité d’empoisonnement par la Cour de Justice de la République avant d’être renvoyés, après un non-lieu, à nouveau devant la CJR pour « homicides involontaires et atteintes involontaires à l’intégrité des personnes ». Le 18 juillet 1998, Georgina Dufoix et Laurent Fabius sont relaxés, tandis qu’Edmond Hervé est condamné et dispensé de peine. Si le volet judiciaire prend fin pour l’ancien premier ministre, il perdure pour trente personnes – médecins et conseillers ministériels –, impliqués pour la prescription ou la distribution de produits sanguins contaminés en 1985, jusqu’en 2002, date à laquelle la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris accorde un non-lieu.

    5Pawelski L., « Laurent Fabius aux Affaires Étrangères : un ministre différent ? Stratégies de communication politique d’un homme au pouvoir », French Journal for Media Research [online], Full texts/Numéros en texte intégral, 7-2017 Mises en scène du politique contemporain/Theatricalization of the Contemporary Politics, dernière mise à jour le 20-12-2016.

    6De façon non exhaustive et récente, nous pouvons prendre pour exemple de la une du magazine Aujourd’hui en France, Parisien magazine au printemps 2014 pour laquelle Laurent Fabius a posé, se mettant en scène tel un présentateur Météo afin d’illustrer les enjeux climatiques qui fondent l’organisation de la conférence internationale sur les changements climatiques – COP21 – à venir l’année suivante à Paris. « Monsieur Météo », Aujourd’hui en France/Parisien Magazine, 20 juin 2014

    7Cette figure du bourgeois repose sur des éléments biographiques : Laurent Fabius est le fils d’une comédienne et d’un marchand d’art parisiens. Multi-diplômé – agrégé de lettres, il a étudié à Normale Sup et Sciences Po avant d’intégrer l’ENA –, il est haut fonctionnaire lorsqu’il s’engage en politique.

    8La figure du « technocrate », initialement utilisée par opposition au portrait idéal-typique du parlementaire, c’est-à-dire comme étant « dépourvu du “sens des valeurs politiques” » disqualifie davantage qu’elle ne qualifie. Dulong D., « Quand l’économie devient politique. La conversion de la compétence économique en compétence politique sous la Cinquième République », in Politix, vol. 9, no 35, 3e trimestre 1996, p. 109-130, p. 129. Elle désigne des personnes dont le capital symbolique repose en majeure partie sur des compétences techniques, souvent administratives ou économiques.

    9Gaxie D., Les Professionnels de la politique, Paris, PUF, 1973, p. 27.

    10Chauveau A., « L’homme politique et la télévision. L’influence des conseillers en communication », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2003/4, no 80, p. 89-100.

    11Riutort P., Sociologie de la communication politique, Paris, La Découverte, 2007, p. 70.

    12En ce qui concerne notre secteur, très peu de documents déposés aux archives nationales nous intéressent. L’essentiel des archives que nous utilisons proviennent du fonds Jean-Marcel Bichat, du nom de celui qui a accompagné Laurent Fabius dans différentes fonctions notamment ministérielles, déposé au Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    13Guigo P.-E., « Le chantre de l’opinion ». La communication politique de Michel Rocard de 1974 à 1981, Paris, Ina Éditions, 2013. Sur le rapport du PS à la communication politique, voir notamment le travail de Guigo P.-E., « L’institutionnalisation de la communication politique : l’exemple du Parti socialiste (1971-1981) » in Cayrol R. et Charon J.-M. (dir.), Medias, opinions et présidentielles, Paris, Ina Éditions, 2012, p. 27-35.

    14Valéry Giscard d’Estaing, par exemple, fait appel pour sa campagne pour l’élection présidentielle de 1974, à un publicitaire de l’agence Havas, Jacques Hintzy, dont le travail repose en grande partie sur l’utilisation des sondages et l’application des techniques de marketing politique.

    15Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    16Ibid.

    17Entretien de l’auteure avec Thierry Lajoie, 26 avril 2013, Paris.

    18Ils sont : Jean-Paul Besset (jusqu’au mois d’octobre 1985), Jean-Gabriel Fredet – directeur du service –, Marion Marchal, Denis Pingaud et Bernard Poulet.

    19Laurent Fabius est ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (27 mars 2000-6 mai 2002) dans le gouvernement de Lionel Jospin.

    20Denis Olivennes, avant de diriger le cabinet ministériel de Laurent Fabius en 2002, était conseiller du président de l’Assemblée nationale à partir de 1988.

    21Voir Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, Paris, Hachette Littératures, 2002.

    22Voir la thèse d’histoire de Rensonnet A., Le Parti socialiste en Haute-Normandie : Des structures épinayennes à l’organisation fabiusienne (1971-2004). Évolution électorale et développement partisan, université de Rouen, 2015, 1 vol., 894 p.

    23Créé en 1976, le Service d’information et de diffusion (SID) est devenu le Service d’information du gouvernement (SIG) en 1996. Joseph Daniel est directeur du service de janvier 1984 au 19 mai 1986.

    24Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    25Pawelski L., Communication politique, représentation médiatique. L’exemple de L. Fabius premier ministre 1984-1986, mémoire de master soutenu à l’université de Rouen, 2013, à paraître en 2018, Nouveau Monde Éditions.

    26Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    27Ibid.

    28Dans le fonds d’archives d’un des conseillers de Laurent Fabius à Matignon – Jean-Marcel Bichat – se trouvent de nombreux documents provenant du SID. Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    29Des sondages par téléphone sont réalisés après chaque numéro par l’institut Estelle, ce dont témoigne Joseph Daniel. Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    30Storti M., Un chagrin politique. De mai 68 aux années 80, Paris, L’Harmattan, 1996. Des argumentaires, signés par elle, figurent dans les archives ministérielles de Jean-Marcel Bichat, conseiller technique de Laurent Fabius à Matignon. Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    31Ibid.

    32Fabius L., Le cœur du futur, Paris, Calmann-Lévy, 1985.

    33« La vie politique n’est plus seulement médiatisée, les journalistes relatant les activités des candidats destinés à conquérir des suffrages sur le terrain. Elle devient aussi et surtout médiatique, ces activités étant organisées pour la télévision » (Piar C., Comment se jouent les élections. Télévision et persuasion en campagne électorale, Paris, Ina Éditions, 2012, p. 42).

    34Ces informations ont été recueillies à partir du journal télévisé de 20 heures, Antenne 2, 9 août 1984, Archives Ina.

    35Comme l’explique Marlène Coulomb-Gully : « Il existe en effet un langage des lieux dont la grammaire est intuitivement perçue par chacun et que la centralité de la scène télévisuelle dote d’une importante toute particulière » (Coulomb-Gully M., La démocratie mise en scène. Télévision et élections, Paris, CNRS Éditions, 2001, p. 81).

    36Entretien de l’auteure avec Thierry Lajoie le 26 avril 2013

    37Cité par Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, op. cit., p. 170. La stratégie du Premier ministre est contredite par le premier secrétaire dans la lettre qu’il adresse au comité directeur, auquel il confie la décision de faire un choix. « La lettre du Premier secrétaire au comité directeur », Le Monde, 22 juin 1985.

    38En avril 1985, le Figaro-Magazine publie son baromètre de popularité mensuel : Laurent Fabius bénéficie de 57 % d’avis favorables devant Michel Rocard. Baromètre mensuel SOFRES/Figaro Magazine, réalisé du 22 au 28 mars 1985 sur un échantillon national de 1 000 personnes, Figaro Magazine, 5 avril 1985.

    39France Soir, 28 octobre 1985.

    40Le Quotidien de Paris, 28 octobre 1985.

    41Comme le relève Patrick Champagne à propos d’un sondage IFRES, réalisé par téléphone juste après le débat et qui est repris dans les journaux cités plus hauts, si 39 % des personnes interrogées estiment que J. Chirac a dominé le débat, il reste que 61 % ne le pensent pas. De plus, 36 % de l’échantillon ne désigne pas de vainqueur. Champagne P., « Le cercle politique, usages sociaux des sondages et nouvel espace politique », Actes de la recherche en sciences sociales, 71-72, mars 1988, p. 95.

    42Extrait du débat du 27 octobre 1985 sur TF1 qui opposa L. Fabius à J. Chirac. Archives Ina.

    43Sur le sujet, voir Pawelski L., Communication politique, représentation médiatique. L’exemple de L. Fabius premier ministre 1984-1986, op. cit.

    44Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    45Voir le fonds laissé par Jean-Marcel Bichat, disponible au Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    46Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, op. cit., p. 246.

    47Laurent Fabius met en scène sa vie privée, par exemple lorsqu’il participe à l’émission présentée par Anne Sinclair, Questions à domicile, le 22 janvier 1987.

    48« SIVOM » est l’acronyme du Syndicat mixte de l’agglomération de Rouen que L. Fabius dirige à l’époque.

    49Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, op. cit.

    50Entretien de l’auteure avec Cyril Benoit, 3 mars 2016, Paris.

    51Marc-Antoine Jamet est diplômé de l’ENA et magistrat à la Cour des comptes. Il dirige le cabinet d’Henri Emmanuelli à l’Assemblée nationale avant de diriger celui de Laurent Fabius (1997-2000), puis d’intégrer, en tant que conseiller, le cabinet de Laurent Fabius au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (2000-2001). Aujourd’hui secrétaire général du groupe LVMH, il est également maire de la commune de Val-de-Reuil dans le département de l’Eure depuis 2001 et conseiller régional.

    52Entretien de l’auteure avec Marc-Antoine Jamet, 8 juillet 2014, Paris.

    53Entretien de l’auteure avec Denis Pingaud, 25 juin 2014, Paris. Denis Pingaud explique par ailleurs pendant cet entretien comment, sans être à nouveau membre du cabinet de L. Fabius, il lui fournit des éléments de réflexion sur les stratégies de communication, à diverses reprises et ce jusqu’en 2006.

    54Fabius L., Cela commence par une ballade, Paris, Broché, 2003.

    55Bruno Crémel qui dirige le cabinet, Marc-Antoine Jamet travaille pour les affaires politiques, Mathieu Pigasse pour l’industrie et les finances et Florence Parly, secrétaire d’État au budget fait également office de conseillère au sein de cette équipe. Entretien avec Marc-Antoine Jamet, 8 juillet 2014, Paris.

    56« Denis Pingaud, un communicant qui préfère l’ombre », Le Monde, 24 juin 2006.

    57Une étude IFOP/JDD parue en mars 2014 indique que L. Fabius est jugé efficace pour 61 % des sondés.

    58Pawelski L., « Laurent Fabius aux Affaires Étrangères : un ministre différent ? Stratégies de communication politique d’un homme au pouvoir », French Journal for Media Research [online], Full texts/Numéros en texte intégral, 7-2017 Mises en scène du politique contemporain/Theatricalization of the Contemporary Politics, dernière mise à jour le 20-12-2016, [http://frenchjournalformediaresearch.com/lodel/index.php?id=1170].

    59Guigo P.-E., Le complexe de la communication : Michel Rocard entre médias et opinion (1965-1995), Paris, Instituts d’études politiques, thèse de doctorat en histoire, 2016.

    60Jean-Baptiste Legavre s’est particulièrement attaché à démontrer l’importance d’étudier la communication politique par l’intelligence de « pratiques politiques » qui éclairent le degré d’adhésion des acteurs aux usages alors en vigueur. Voir Legavre J.-B., « L’horizon local de la communication politique. Retour sur la diffusion d’une expertise », Politix, 1994, vol. 7, p. 76-99.

    61Entretien de l’auteure avec Laurent Fabius, 20 septembre 2013, Paris.

    Auteur

    • Léa Pawelski

      Doctorante en histoire contemporaine, université de Rouen, GRHIS

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    1Entretien de l’auteure avec Thierry Lajoie, 26 avril 2013, Paris.

    2Thierry Lajoie, militant de la fédération des Hauts-de-Seine du Parti socialiste, collabore avec Pierre Bérégovoy dans ses fonctions partisanes par l’intermédiaire d’un de ses proches, Jean-Marcel Bichat. Il devient ensuite chargé de mission pour les relations avec les syndicats, les associations et les partis politiques au cabinet de Laurent Fabius au ministère de l’Industrie et de la Recherche puis devient, six mois plus tard chef de cabinet, poste qu’il occupe également à Matignon.

    3Padioleau J.-G., « Systèmes d’interaction et rhétoriques journalistiques », Sociologie du travail, 1, 1976.

    4Le scandale éclate en 1991 lorsque les pouvoirs publics et les dirigeants des établissements de transfusion sanguine sont mis en cause pour un défaut de protection de la population alors que plusieurs patients ont été contaminés par le sida et l’hépatite C par des transfusions de sang dans les années 1980. Après un premier procès, qui donne lieu à des condamnations en septembre 1992 de différents responsables en matière de santé, trois ministres – Georgina Dufoix, Laurent Fabius et Edmond Hervé – sont mis en cause à l’Assemblée nationale au mois de novembre 1992 pour des faits et décisions prises en 1985. Ils sont mis en examen en septembre 1994 pour complicité d’empoisonnement par la Cour de Justice de la République avant d’être renvoyés, après un non-lieu, à nouveau devant la CJR pour « homicides involontaires et atteintes involontaires à l’intégrité des personnes ». Le 18 juillet 1998, Georgina Dufoix et Laurent Fabius sont relaxés, tandis qu’Edmond Hervé est condamné et dispensé de peine. Si le volet judiciaire prend fin pour l’ancien premier ministre, il perdure pour trente personnes – médecins et conseillers ministériels –, impliqués pour la prescription ou la distribution de produits sanguins contaminés en 1985, jusqu’en 2002, date à laquelle la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris accorde un non-lieu.

    5Pawelski L., « Laurent Fabius aux Affaires Étrangères : un ministre différent ? Stratégies de communication politique d’un homme au pouvoir », French Journal for Media Research [online], Full texts/Numéros en texte intégral, 7-2017 Mises en scène du politique contemporain/Theatricalization of the Contemporary Politics, dernière mise à jour le 20-12-2016.

    6De façon non exhaustive et récente, nous pouvons prendre pour exemple de la une du magazine Aujourd’hui en France, Parisien magazine au printemps 2014 pour laquelle Laurent Fabius a posé, se mettant en scène tel un présentateur Météo afin d’illustrer les enjeux climatiques qui fondent l’organisation de la conférence internationale sur les changements climatiques – COP21 – à venir l’année suivante à Paris. « Monsieur Météo », Aujourd’hui en France/Parisien Magazine, 20 juin 2014

    7Cette figure du bourgeois repose sur des éléments biographiques : Laurent Fabius est le fils d’une comédienne et d’un marchand d’art parisiens. Multi-diplômé – agrégé de lettres, il a étudié à Normale Sup et Sciences Po avant d’intégrer l’ENA –, il est haut fonctionnaire lorsqu’il s’engage en politique.

    8La figure du « technocrate », initialement utilisée par opposition au portrait idéal-typique du parlementaire, c’est-à-dire comme étant « dépourvu du “sens des valeurs politiques” » disqualifie davantage qu’elle ne qualifie. Dulong D., « Quand l’économie devient politique. La conversion de la compétence économique en compétence politique sous la Cinquième République », in Politix, vol. 9, no 35, 3e trimestre 1996, p. 109-130, p. 129. Elle désigne des personnes dont le capital symbolique repose en majeure partie sur des compétences techniques, souvent administratives ou économiques.

    9Gaxie D., Les Professionnels de la politique, Paris, PUF, 1973, p. 27.

    10Chauveau A., « L’homme politique et la télévision. L’influence des conseillers en communication », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2003/4, no 80, p. 89-100.

    11Riutort P., Sociologie de la communication politique, Paris, La Découverte, 2007, p. 70.

    12En ce qui concerne notre secteur, très peu de documents déposés aux archives nationales nous intéressent. L’essentiel des archives que nous utilisons proviennent du fonds Jean-Marcel Bichat, du nom de celui qui a accompagné Laurent Fabius dans différentes fonctions notamment ministérielles, déposé au Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    13Guigo P.-E., « Le chantre de l’opinion ». La communication politique de Michel Rocard de 1974 à 1981, Paris, Ina Éditions, 2013. Sur le rapport du PS à la communication politique, voir notamment le travail de Guigo P.-E., « L’institutionnalisation de la communication politique : l’exemple du Parti socialiste (1971-1981) » in Cayrol R. et Charon J.-M. (dir.), Medias, opinions et présidentielles, Paris, Ina Éditions, 2012, p. 27-35.

    14Valéry Giscard d’Estaing, par exemple, fait appel pour sa campagne pour l’élection présidentielle de 1974, à un publicitaire de l’agence Havas, Jacques Hintzy, dont le travail repose en grande partie sur l’utilisation des sondages et l’application des techniques de marketing politique.

    15Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    16Ibid.

    17Entretien de l’auteure avec Thierry Lajoie, 26 avril 2013, Paris.

    18Ils sont : Jean-Paul Besset (jusqu’au mois d’octobre 1985), Jean-Gabriel Fredet – directeur du service –, Marion Marchal, Denis Pingaud et Bernard Poulet.

    19Laurent Fabius est ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (27 mars 2000-6 mai 2002) dans le gouvernement de Lionel Jospin.

    20Denis Olivennes, avant de diriger le cabinet ministériel de Laurent Fabius en 2002, était conseiller du président de l’Assemblée nationale à partir de 1988.

    21Voir Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, Paris, Hachette Littératures, 2002.

    22Voir la thèse d’histoire de Rensonnet A., Le Parti socialiste en Haute-Normandie : Des structures épinayennes à l’organisation fabiusienne (1971-2004). Évolution électorale et développement partisan, université de Rouen, 2015, 1 vol., 894 p.

    23Créé en 1976, le Service d’information et de diffusion (SID) est devenu le Service d’information du gouvernement (SIG) en 1996. Joseph Daniel est directeur du service de janvier 1984 au 19 mai 1986.

    24Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    25Pawelski L., Communication politique, représentation médiatique. L’exemple de L. Fabius premier ministre 1984-1986, mémoire de master soutenu à l’université de Rouen, 2013, à paraître en 2018, Nouveau Monde Éditions.

    26Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    27Ibid.

    28Dans le fonds d’archives d’un des conseillers de Laurent Fabius à Matignon – Jean-Marcel Bichat – se trouvent de nombreux documents provenant du SID. Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    29Des sondages par téléphone sont réalisés après chaque numéro par l’institut Estelle, ce dont témoigne Joseph Daniel. Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    30Storti M., Un chagrin politique. De mai 68 aux années 80, Paris, L’Harmattan, 1996. Des argumentaires, signés par elle, figurent dans les archives ministérielles de Jean-Marcel Bichat, conseiller technique de Laurent Fabius à Matignon. Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    31Ibid.

    32Fabius L., Le cœur du futur, Paris, Calmann-Lévy, 1985.

    33« La vie politique n’est plus seulement médiatisée, les journalistes relatant les activités des candidats destinés à conquérir des suffrages sur le terrain. Elle devient aussi et surtout médiatique, ces activités étant organisées pour la télévision » (Piar C., Comment se jouent les élections. Télévision et persuasion en campagne électorale, Paris, Ina Éditions, 2012, p. 42).

    34Ces informations ont été recueillies à partir du journal télévisé de 20 heures, Antenne 2, 9 août 1984, Archives Ina.

    35Comme l’explique Marlène Coulomb-Gully : « Il existe en effet un langage des lieux dont la grammaire est intuitivement perçue par chacun et que la centralité de la scène télévisuelle dote d’une importante toute particulière » (Coulomb-Gully M., La démocratie mise en scène. Télévision et élections, Paris, CNRS Éditions, 2001, p. 81).

    36Entretien de l’auteure avec Thierry Lajoie le 26 avril 2013

    37Cité par Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, op. cit., p. 170. La stratégie du Premier ministre est contredite par le premier secrétaire dans la lettre qu’il adresse au comité directeur, auquel il confie la décision de faire un choix. « La lettre du Premier secrétaire au comité directeur », Le Monde, 22 juin 1985.

    38En avril 1985, le Figaro-Magazine publie son baromètre de popularité mensuel : Laurent Fabius bénéficie de 57 % d’avis favorables devant Michel Rocard. Baromètre mensuel SOFRES/Figaro Magazine, réalisé du 22 au 28 mars 1985 sur un échantillon national de 1 000 personnes, Figaro Magazine, 5 avril 1985.

    39France Soir, 28 octobre 1985.

    40Le Quotidien de Paris, 28 octobre 1985.

    41Comme le relève Patrick Champagne à propos d’un sondage IFRES, réalisé par téléphone juste après le débat et qui est repris dans les journaux cités plus hauts, si 39 % des personnes interrogées estiment que J. Chirac a dominé le débat, il reste que 61 % ne le pensent pas. De plus, 36 % de l’échantillon ne désigne pas de vainqueur. Champagne P., « Le cercle politique, usages sociaux des sondages et nouvel espace politique », Actes de la recherche en sciences sociales, 71-72, mars 1988, p. 95.

    42Extrait du débat du 27 octobre 1985 sur TF1 qui opposa L. Fabius à J. Chirac. Archives Ina.

    43Sur le sujet, voir Pawelski L., Communication politique, représentation médiatique. L’exemple de L. Fabius premier ministre 1984-1986, op. cit.

    44Entretien de l’auteure avec Joseph Daniel, 20 juin 2014, Paris.

    45Voir le fonds laissé par Jean-Marcel Bichat, disponible au Centre d’archives socialistes de la Fondation Jean-Jaurès.

    46Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, op. cit., p. 246.

    47Laurent Fabius met en scène sa vie privée, par exemple lorsqu’il participe à l’émission présentée par Anne Sinclair, Questions à domicile, le 22 janvier 1987.

    48« SIVOM » est l’acronyme du Syndicat mixte de l’agglomération de Rouen que L. Fabius dirige à l’époque.

    49Fredet J.-G., Fabius. Les brûlures d’une ambition, op. cit.

    50Entretien de l’auteure avec Cyril Benoit, 3 mars 2016, Paris.

    51Marc-Antoine Jamet est diplômé de l’ENA et magistrat à la Cour des comptes. Il dirige le cabinet d’Henri Emmanuelli à l’Assemblée nationale avant de diriger celui de Laurent Fabius (1997-2000), puis d’intégrer, en tant que conseiller, le cabinet de Laurent Fabius au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (2000-2001). Aujourd’hui secrétaire général du groupe LVMH, il est également maire de la commune de Val-de-Reuil dans le département de l’Eure depuis 2001 et conseiller régional.

    52Entretien de l’auteure avec Marc-Antoine Jamet, 8 juillet 2014, Paris.

    53Entretien de l’auteure avec Denis Pingaud, 25 juin 2014, Paris. Denis Pingaud explique par ailleurs pendant cet entretien comment, sans être à nouveau membre du cabinet de L. Fabius, il lui fournit des éléments de réflexion sur les stratégies de communication, à diverses reprises et ce jusqu’en 2006.

    54Fabius L., Cela commence par une ballade, Paris, Broché, 2003.

    55Bruno Crémel qui dirige le cabinet, Marc-Antoine Jamet travaille pour les affaires politiques, Mathieu Pigasse pour l’industrie et les finances et Florence Parly, secrétaire d’État au budget fait également office de conseillère au sein de cette équipe. Entretien avec Marc-Antoine Jamet, 8 juillet 2014, Paris.

    56« Denis Pingaud, un communicant qui préfère l’ombre », Le Monde, 24 juin 2006.

    57Une étude IFOP/JDD parue en mars 2014 indique que L. Fabius est jugé efficace pour 61 % des sondés.

    58Pawelski L., « Laurent Fabius aux Affaires Étrangères : un ministre différent ? Stratégies de communication politique d’un homme au pouvoir », French Journal for Media Research [online], Full texts/Numéros en texte intégral, 7-2017 Mises en scène du politique contemporain/Theatricalization of the Contemporary Politics, dernière mise à jour le 20-12-2016, [http://frenchjournalformediaresearch.com/lodel/index.php?id=1170].

    59Guigo P.-E., Le complexe de la communication : Michel Rocard entre médias et opinion (1965-1995), Paris, Instituts d’études politiques, thèse de doctorat en histoire, 2016.

    60Jean-Baptiste Legavre s’est particulièrement attaché à démontrer l’importance d’étudier la communication politique par l’intelligence de « pratiques politiques » qui éclairent le degré d’adhésion des acteurs aux usages alors en vigueur. Voir Legavre J.-B., « L’horizon local de la communication politique. Retour sur la diffusion d’une expertise », Politix, 1994, vol. 7, p. 76-99.

    61Entretien de l’auteure avec Laurent Fabius, 20 septembre 2013, Paris.

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    Pawelski, L. (2019). L’entourage de Laurent Fabius. In J. Pozzi (éd.), De l’attachée de presse au conseiller en communication (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/149nf
    Pawelski, Léa. « L’entourage de Laurent Fabius ». In De l’attachée de presse au conseiller en communication, édité par Jérôme Pozzi. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2019. https://doi.org/10.4000/149nf.
    Pawelski, Léa. « L’entourage de Laurent Fabius ». De l’attachée de presse au conseiller en communication, édité par Jérôme Pozzi, Presses universitaires de Rennes, 2019, https://doi.org/10.4000/149nf.

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