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    Plan détaillé Texte intégral Le populisme, les populismes Populisme, fascisme, autoritarisme, totalitarisme Matteo Salvini, populiste ou fasciste ? Conclusion Notes de bas de page Auteur

    L’Europe et le totalitarisme

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Populisme, fascisme, autoritarisme, totalitarisme

    Le cas Matteo Salvini

    Marc Lazar

    p. 129-142

    Texte intégral Le populisme, les populismes Populisme, fascisme, autoritarisme, totalitarisme Matteo Salvini, populiste ou fasciste ? Conclusion Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1L’émergence des populismes de la fin du xxe siècle et des débuts de ce nouveau siècle ont nourri une production scientifique considérable. L’une des interrogations, assez vite formulée, a été de se demander si ces populismes marquaient un retour du fascisme ou l’apparition d’un néofascisme ouvrant la voie à des régimes autoritaires voire à du totalitarisme. La question est également soulevée par différents chercheurs à l’aune de la montée en puissance de partis d’extrême-droite notamment en France et en Italie, et plus généralement en Europe et de leur arrivée au pouvoir dans certains pays, comme en Hongrie ou en Pologne par exemple1. Elle est devenue centrale dans de nombreux travaux scientifiques au regard de la Présidence de Donald Trump accusée de pouvoir provoquer « la mort des démocraties », pour reprendre le titre du livre de Daniel Ziblatt et Steven Levistky, mais encore de marquer la résurgence d’un fascisme de type nouveau ainsi que l’ont écrit, par exemple Robert Kagan dans un article fameux du Washington Post daté du 18 mai 2016 et plus tard Madeleine Allbright2. À chaud, aux lendemains des événements du Capitole à Washington le 6 janvier 2021, les historiens Timothy Snyder et Robert Paxton les ont interprétés comme la preuve de la montée du fascisme, ce qui a suscité de vives controverses, le spécialiste du nazisme Richard J. Evans, entre autres, s’opposant avec fermeté à pareille interprétation3. Mais déjà auparavant, l’historien Federico Finchelstein et le philosophe Jason Stanley avaient, avec des arguments différents, développé la thèse d’une équivalence entre populisme de droite et fascisme ou entre populisme de gauche en Amérique latine et autoritarisme4. Quant à Ruth Ben Gahiat, elle se livre à une comparaison historique des Strongmen, associant de facto Trump mais aussi Poutine, Berlusconi, Kadhafi, Pinochet ou encore Mobutu à Mussolini5. Le débat a repris de plus belle avec le retour au pouvoir de Donald Trump. Il y aurait donc implicitement ou explicitement une parenté entre populisme et fascisme, et par conséquent entre populisme, autoritarisme et totalitarisme.

    2C’est précisément ce sujet complexe que nous nous proposons de tenter de clarifier. Populisme, fascisme, autoritarisme et totalitarisme, autant de concepts, à la fois flous, fluctuants, incertains, très souvent utilisés par les acteurs politiques, qui, pourtant, désignent, fût-ce manière discutable, des réalités historiques et politiques. Avec, toutefois, une différence de taille, c’est que le fascisme est plus aisément identifiable avec l’expérience du régime de Benito Mussolini. Pour ce qui concerne le populisme, la difficulté à cerner sa consistance et l’inflation d’ouvrages et d’articles dans les revues scientifiques qu’il provoque amènent des chercheurs, à l’instar de Thomas Piketty, à refuser d’y recourir puisque son indétermination s’avérerait trop problématique et qu’il se prêterait trop fréquemment à des instrumentalisations politiques6. Il en va de même pour le totalitarisme, comme le sait Bernard Bruneteau qui a toujours analysé savamment ces réticences. Il est à remarquer également que la science politique se montre plus ouverte à l’emploi de ces notions que les historiens, excepté pour ces derniers les spécialistes du fascisme italien qui, dans leur grande majorité, n’hésitent pas à le qualifier de totalitaire ainsi qu’en attestent, par exemple, dans la lignée des travaux séminaux d’Emilio Gentile et en France de Pierre Milza, les livres récents de Patrizia Dogliani de Marie-Anne Matard-Bonucci et de Didier Musiedlak7. Ce qui est pour le moins paradoxal puisqu’à l’inverse la majorité des spécialistes du nazisme et du stalinisme refusent désormais de recourir à la catégorie du totalitarisme et que la plupart des théoriciens de celui-ci, à commencer par Hannah Arendt, considéraient que ce concept ne s’appliquait pas au fascisme.

    Le populisme, les populismes

    3Pour notre part, disons-le nettement, nous pensons utile de recourir à la notion de populisme d’un point de vue théorique car nous estimons qu’elle revêt une grande pertinence tout en reconnaissant qu’elle présente également d’indéniables limites. D’où la nécessité d’en faire un usage limité, bien circonscrit et le plus nuancé possible, comme le préconisait François Furet à propos du recours au concept de totalitarisme pour l’intelligence du communisme. Dans l’immense littérature académique consacrée au populisme, il existe pour simplifier quelque peu, trois grandes approches possibles que je distingue de manière idéal-typique. La première considère que le populisme est une idéologie, fut-elle « a thin ideology » pour reprendre l’expression de Cas Mudde, l’un des meilleurs spécialistes du sujet8. Cette interprétation s’avère fort suggestive d’un point de vue historique, en particulier pour l’Europe qui nous intéresse ici. Les grandes idéologies politiques apparues au xviiie siècle et qui se sont affirmées par la suite, le conservatisme, le libéralisme, le socialisme, le communisme, l’anarchisme, etc., amorcent un déclin plus ou moins prononcé et selon une chronologie différenciée à partir des années 1980. La dernière d’entre elles, le néo-libéralisme qui connut son heure de gloire dans les dernières décennies du xxe siècle au point d’influencer les responsables politiques de droite et de gauche et d’orienter les politiques publiques, a commencé elle aussi à être remise en cause au début du nouveau millénaire, en particulier à la suite de la crise financière puis économique de 2008. Dans ce vide, des formulations idéologiques se déploient, comme l’écologisme par exemple, et donc le populisme. Le problème, c’est que ce populisme ne bénéficie pas vraiment, à la différence des grandes idéologies politiques passées, d’un corps de doctrine bien établi, de textes fondateurs, d’auteurs de référence, d’une philosophie globale fabriquant du sens, proposant une vision du monde, imprégnant parfois les individus jusque dans le plus intime de leur personnalité, inspirant les grandes orientations stratégiques, déterminant pour une part les pratiques politiques des organisations qui s’y réfèrent comme celles de ses membres, inspirant même les politiques publiques que leurs représentants, dans le passé, tentaient de promulguer quand ils étaient au pouvoir que cela soit au niveau local ou national. Certes, dans des genres différents, certains intellectuels de gauche, Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, ou des sociologues, à l’instar en France de Federico Tarragoni, tentent de constituer le populisme de gauche comme un projet politique démocratique9. De l’autre côté du spectre politique, le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orbán s’efforce lui aussi, avec, cependant, bien moins de profondeur conceptuelle, de donner une assise idéologique au populisme à destination à la fois de ses concitoyens mais aussi de l’Europe entière. Le populisme peut aussi être envisagé comme un style ce qui ne signifie pas que la rhétorique de ceux et celles qui l’utilisent soit dénuée de fragments idéologiques plus ou moins cohérents et structurés10. Enfin, le populisme est également une stratégie auquel recourent des acteurs politiques pour tenter de conquérir le pouvoir mais également de l’exercer11.

    4Quoi qu’il en soit, le populisme se caractérise à la fois par des traits communs comme phénomène politique global et par la grande diversité des formes qu’il emprunte selon les époques, les pays, ou encore selon que les partis ainsi qualifiés soient à l’opposition ou au pouvoir, plutôt de droite, de gauche, ni de droite ni de gauche, régionalistes, ou encore qu’ils résultent de l’entrée en politique de chefs d’entreprise à l’instar de Silvio Berlusconi ou, dans un antre genre, de Donald Trump. Telle est la difficulté posée à l’intelligence du populisme qui à dire vrai existe aussi à propos du communisme, du fascisme, du socialisme, etc. ; il faut à la fois souligner l’unité du populisme et la multiplication de ses variantes sans nier la première en détaillant par le menu les secondes, ni occulter les secondes en se concentrant sur la première.

    5Le populisme considère qu’un antagonisme irréductible oppose d’un côté une petite élite, fréquemment qualifiée de caste, supposée être homogène, corrompue, défendant avant tout ses intérêts particuliers, complotant en permanence contre les plus faibles, et, de l’autre, un peuple présenté comme toujours opprimé et dominé, mais vertueux, sain, porteur de vérité, soucieux du bien commun. Si tous les populistes n’ont pas la même acception du peuple, ils associent presque tous celui-ci à la nation ou parfois à une région qui aspire à devenir nation pleine et entière ; en effet, les populistes sont fondamentalement des souverainistes. Selon les populistes, la souveraineté et la volonté populaire doivent être sans limite et en rien entravées par des contre-pouvoirs. Pour eux, il n’existe pas de problèmes compliqués mais que des solutions simples et claires, ce qui induit une temporalité de l’urgence, amplifiée par les chaînes d’information continue et les réseaux sociaux. C’est ce qui explique que dans la plupart des cas, les populistes recourent à un langage simplifié, pour ne pas dire sommaire, parfois vulgaire pour « faire peuple » et se différencier du vocabulaire plus châtié des responsables politiques traditionnels. Le populisme se réfère à une vision dichotomique du monde, de la politique et de la société, avec d’un côté, le bien, de l’autre le mal. D’où, par opposition à la froideur des experts et des technocrates, la nécessité de jouer sur les émotions, les peurs, les craintes mais aussi de suggérer qu’un monde meilleur peut arriver. Le populisme n’a pas d’adversaires mais des ennemis qu’il faut fustiger en permanence, la classe dirigeante bien sûr, l’Union européenne, et pour les populistes de droite, les étrangers et plus encore les musulmans suspectés d’être des suppôts du terrorisme islamique. Il dispose d’un leader supposé incarner le peuple et qui, selon la définition qu’il donne à celui-ci, adapte ses discours, son langage, sa gestuelle, ses postures, sa communication ou encore sa manière de s’habiller.

    Populisme, fascisme, autoritarisme, totalitarisme

    6Si l’on accepte cette définition du populisme, peut-on dire qu’il existe un lien entre le populisme, l’autoritarisme et le totalitarisme ? Vaste question qui suppose là aussi une mise au point théorique et doit susciter encore de multiples recherches empiriques. Pour cela, à notre avis, il s’avère nécessaire de distinguer trois niveaux d’analyse.

    7Au niveau conceptuel, le populisme contemporain se présente comme profondément démocratique : c’est d’ailleurs l’une des différences substantielles avec la plupart des populismes du passé qui fustigeaient la démocratie. De nos jours, les populistes se proclament les meilleurs des démocrates puisqu’ils en appellent continûment au jugement du peuple, à sa sagesse, à son intelligence. D’où leur inclination pour la pratique référendaire, leur inclination pour des formes de démocratie directe et leur argumentaire considérant que leur victoire à des élections leur donne tout pouvoir d’agir. Mais si les populistes sont démocrates, ils ne sont point libéraux, comme l’a fort bien montré, entre autres, la philosophe Nadia Urbinati12. En effet, puisqu’ils affirment l’unité fondamentale du Peuple, avec un P majuscule, le Peuple-Un comme l’écrit Pierre Rosanvallon empruntant cette formulation à Claude Lefort, ils ont de facto le plus grand mal à accepter l’institutionnalisation du conflit et le respect de l’adversaire puisqu’à leurs yeux il n’y a que des ennemis sans légitimité et ne représentant que des intérêts spécifiques qui peuvent oser s’opposer à la volonté unanime du peuple que les leaders populistes prétendent incarner13. C’est pourquoi le populisme contemporain, fut-il drapé dans le manteau de la démocratie directe, référendaire, immédiate, est potentiellement susceptible de basculer dans l’autoritarisme. En revanche, il ne présente guère de propension totalitaire qui supposerait, entre autres, le recours à la terreur physique ou psychologique, la suppression complète des libertés, la mainmise absolue sur les médias, l’endoctrinement systématique, une volonté de contrôle de toute la société dans les moindres détails de la vie économique, sociale et culturelle, et surtout le projet d’engendrer une humanité nouvelle14. En ce sens-là, il est aussi extrêmement discutable, pour ne pas dire erroné, d’associer le populisme au fascisme. D’autant que le faire, serait simplificateur par rapport à l’extrême diversité des populismes qui ne se réduisent pas à ceux de droite ou d’extrême droite. Pour le dire clairement, le Mouvement 5 étoiles en Italie n’a rien à voir avec le fascisme ni la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ou Podemos en Espagne alors que pourtant, de notre point de vue, ils constituent des mouvements populistes.

    8Mais si l’on déplace l’analyse au niveau des pratiques du pouvoir lorsque les populistes y accèdent, se référer à l’autoritarisme acquiert une vraie pertinence. C’est même toute la question qui est posée aux observateurs et aux chercheurs pour, dans une liste très longue, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Turquie d’Erdogan, le Brésil de Bolsonaro ou encore l’Inde de Modi et maintenant les États-Unis de Donald Trump. N’étant pas spécialiste de ces pays, je ne me prononcerai pas. Mais, quoi qu’il en soit, c’est là l’objectif de la recherche en sciences sociales que de déterminer la manière dont les chefs populistes bousculent les institutions démocratiques, voire les subvertissent, en cherchant à limiter le pluralisme politique, à réduire au silence leurs opposants, à étouffer une partie des libertés ; autant d’éléments qui relèvent de la définition classique des régimes autoritaires donnée par Juan Linz15. Selon lui, là encore pour simplifier, les régimes autoritaires sont caractérisés par divers traits. Une répression plus ou moins intense ciblée contre les ennemis du régime et qui peut être très forte mais n’est pas systématique, même si cela dépend des moments historiques comme en attestent les études historiques sur le régime franquiste en Espagne. Un pluralisme limité dans la presse, les médias, l’édition, les milieux intellectuels, culturels ou associatifs. L’absence ou la faible présence d’un grand projet volontariste et idéologique de transformation de la société et de l’homme. En effet, le régime autoritaire n’a pas de prétention à engendrer une révolution anthropologique pour engendrer « un homme nouveau », ce qui explique la discrète politisation de la population, même si le régime autoritaire cherche à imprégner les mentalités, pour reprendre le mot de Linz, de ses populations. Toutefois, la définition de Linz est à nuancer de manière précise en contextualisant en permanence car la frontière est souvent poreuse avec le totalitarisme, ce que souligne souvent Bernard Bruneteau. Ce qui suppose d’analyser les dynamiques politiques en cours pour repérer les passages, les moments de bascule d’une démocratie libérale et représentative dans laquelle les populistes accèdent au pouvoir à un régime autoritaire, puis, éventuellement, à sa métamorphose en un totalitarisme.

    9Enfin, le dernier niveau est celui des mouvements populistes, ou mieux encore du populisme-mouvement comme on a pu parler de fascisme-mouvement pour les distinguer du fascisme-régime. Ces populismes-mouvements sont à l’opposition et obtiennent souvent d’excellents résultats aux élections. Leurs propositions déterminent le débat public et leurs slogans se répandent dans la société. Peuvent-ils être qualifiés pour autant de mouvements fascistes, autoritaires ou encore totalitaires ?

    Matteo Salvini, populiste ou fasciste ?

    10C’est à cette question que je veux apporter une réponse en prenant le cas de Matteo Salvini en Italie16. Celui-ci, militant depuis l’âge de 18 ans dans la Ligue du Nord, ayant été élu entre autres au Parlement européen et s’être fait remarquer par ses talents de communicant, s’empare en 2013 de la direction de son parti, alors en pleine crise. La Ligue du Nord (Lega Nord en italien) venait de n’obtenir que 4 % des voix aux élections politiques contre le double cinq ans plus tôt et sa direction, à commencer par son créateur et son chef historique, Umberto Bossi, était empêtrée dans divers scandales. Lui, l’activiste régionaliste, connu pour ses provocations, change très rapidement l’orientation de son parti en s’inspirant entre autres du Front national de Marine Le Pen. Alors que la Ligue du Nord à ses débuts se montrait pro-européenne, elle avait déjà basculé dans une critique de la monnaie unique et de l’Union européenne. Depuis sa fondation en 1991, elle fustigeait « Rome la voleuse », les méridionaux perçus comme assistés et des parasites incapables de travailler, bref des « terroni » (culs-terreux). La Ligue du Nord transformait de la sorte un vieux préjugé culturel en une ressource politique. Mais elle dénonçait aussi violemment les immigrés et les musulmans, se livrant même à des actes d’hostilité envers ces derniers en leur refusant la possibilité d’ériger leurs lieux de culte dans les communes qu’elle administrait. Devenu secrétaire de la Ligue, Salvini infléchit cet argumentaire. Il exacerbe l’anti-européisme de la Ligue, l’hostilité aux immigrés musulmans et à l’Islam en général mais il cesse les attaques et les moqueries contre Rome et les méridionaux. Il proclame haut et fort la prééminence de la souveraineté nationale : « d’abord, les Italiens » devient l’un de ses slogans favoris. Il se fait le défenseur intransigeant du peuple italien et de la nation italienne dont il donne une définition ethno-culturelle. Est italien qui est né de sang italien – il s’oppose donc à toute réforme visant à instaurer le droit du sol qu’envisageaient le président de la République Giorgio Napolitano et Matteo Renzi quand il était Président du Conseil – et qui est catholique. Salvini revendique un catholicisme intransigeant, critique de celui du Pape François qu’il dénonce pour son empathie envers les migrants et la solidarité qu’il exprime envers ces derniers. Lui dont la vie personnelle n’a rien de spécialement chrétien, manifeste sa nouvelle foi de manière ostentatoire : il remercie la Madone à chaque victoire électorale, tourne continûment les yeux vers le ciel, égraine son rosaire, embrasse son crucifix. Matteo Salvini s’efforce de transformer la Ligue du Nord en une Ligue nationale centrée autour de sa personne. D’ailleurs, le parti n’est plus simplement implanté dans la partie septentrionale du pays, son grand bastion, mais il effectue une vraie percée dans le centre de la péninsule (Émilie-Romagne, Toscane, Marches, Ombrie), jusqu’ici zone de force historique de la gauche, et il s’emploie à s’implanter dans le Mezzogiorno que Salvini n’hésite pas à sillonner.

    11Dans un premier temps, ce changement est couronné de succès. En 2018, son parti obtient plus de 17 % des voix. La même année, la Ligue signe « un contrat de gouvernement » avec le Mouvement 5 étoiles et Matteo Salvini devient ministre de l’intérieur et vice-président du Conseil. Pendant un an, il adopte une attitude de grande fermeté envers les migrants qui affluent dans des conditions dramatiques sur les côtes italiennes. Il n’hésite pas à fermer l’accès des ports aux navires des ONG qui sauvent ces réfugiés en pleine mer. Il affiche son amitié pour Orbán, Poutine et Le Pen. Il menace de quitter la zone euro. Sa popularité est au zénith. Au printemps 2019, la Ligue obtient 34,3 % des voix aux élections européennes. Les sondages révèlent que l’écrasante majorité des Italiens approuve son action à la tête du ministère de l’intérieur alors qu’il n’y passait guère de temps, 17 jours pleins entre le 1er janvier et le 13 mai 2019 selon une enquête d’un journaliste de La Repubblica. Ses déclarations et ses décisions sur les immigrés, la lutte contre la délinquance et en faveur de la sécurité de la vie quotidienne sont plébiscitées. Salvini est en campagne permanente et partout où il passe des foules enthousiastes l’acclament. Selon l’Institut Cattaneo de Bologne, il compte plus de 3 millions 600 000 followers sur Facebook et plus d’un million de personnes le suivent sur Instagram. En août 2018, un sondage mené par la société Demos & Py montrait qu’une grande partie des Italiens voyaient en lui « l’homme fort » de l’Italie et « l’homme du futur ». Selon l’institut Ipsos-Italia, ses soutiens proviennent surtout des petits commerçants, des artisans, des travailleurs indépendants, des chefs des petites et moyennes entreprises, des femmes au foyer, des ouvriers, des salariés du privé, des personnes les moins instruites, des habitants de communes de moins de 10 000 habitants, des catholiques se rendant à la messe une fois par mois, enfin des Italiens âgés de 35-49 ans et 50-64 ans. Toutefois, à l’été 2019, il commet une lourde erreur en ouvrant une crise politique pour déstabiliser le chef du gouvernement et en espérant obtenir la dissolution des Chambres par le Président de la République, Sergio Mattarella. Au final, le Président du Conseil, Giuseppe Conte se maintient en place et dirige un gouvernement reposant sur une nouvelle alliance qui intègre, entre autres, le Mouvement 5 étoiles et le Parti démocrate, de centre gauche. Salvini est rejeté à l’opposition. Dans les mois qui suivent, et surtout avec la crise de la Covid-19, il perd une grande partie de sa popularité et les intentions de vote en faveur de la Ligue diminuent ; pendant un temps, avec un capital électoral aux alentours de 23 %, celle-ci demeure le premier parti italien. Mais cela change rapidement et Fratelli d’Italia ne cesse de progresser à ses dépens.

    12Durant cette période qui court de 2018 à sa sortie du gouvernement, Matteo Salvini combine plusieurs postures. Il adopte une position d’extrême droite de plus en plus marquée au fil des mois, par rapport aux étrangers en recourant à des propos xénophobes voire racistes qui ont sans doute contribué à la multiplication des injures et des agressions contre les étrangers dans le pays. Il joue pleinement la carte populiste, par exemple en opposant la légitimité conférée par le suffrage universel aux magistrats non élus qui le poursuivent. Il recourt à un registre autoritaire en exerçant une forte pression sur les dirigeants de la deuxième chaîne de la télévision publique (RAI 2) afin qu’ils reviennent sur leur décision de nommer des journalistes connus pour leur opposition au gouvernement et à lui-même. Mais, de temps à autre, il se veut aussi un dirigeant responsable se prononçant en faveur des demandes des entreprises et de la poursuite des travaux pour la construction de ligne de train à grande vitesse entre Lyon à Turin que cherchait à arrêter le Mouvement 5 étoiles. Il défend de la sorte les intérêts de ces électeurs du nord du pays, qui demeurent les plus nombreux, et en particulier des chefs de petites entreprises industrielles qui forment le tissu économique et social de la Lombardie et de la Vénétie. À dire vrai, les propos de Matteo Salvini sont souvent contradictoires. Il vilipende Bruxelles, se déclare toujours prêt au bras de fer avec la Commission sur les questions économiques et les comptes publics mais déclare parallèlement vouloir « respecter les contraintes » de la Commission européenne. Il se dit sensible aux exigences et aux revendications des chefs d’entreprise en allégeant leurs impôts mais milite pour l’adoption d’une loi permettant les départs anticipés à la retraite, ce qui satisfait ses électeurs plus âgés. En fait, il épouse et radicalise les mouvements de l’opinion publique et s’évertue à occuper durablement l’espace allant du centre droit à l’extrême droite, tout en se déportant lui-même de plus en plus à droite à l’instar de ses électeurs qui, à 62 %, se classaient ainsi, selon un sondage réalisé par Ipsos en mai 2019.

    13Pour autant, Matteo Salvini symbolise-t-il le retour du fascisme comme le prétendent certains de ses critiques de gauche en Italie comme hors de la péninsule ? Certaines de ses déclarations et attitudes font irrésistiblement penser au Duce et sont sans doute conçues par lui et toute son équipe de communicants comme des messages subliminaux adressés à l’inconscient collectif des Italiens nostalgiques du dictateur. Ainsi, lorsqu’en mai 2018, le président de la République Sergio Mattarella arguant de l’article 92 de la Constitution avait refusé la proposition du Président du Conseil pressenti, Giuseppe Conte, de nommer Paolo Savona au ministère de l’économie, du fait de son hostilité déclarée à l’euro et de son intention de provoquer un Italexit, la Ligue avait-elle pensé un moment en appeler à « une marche sur Rome » : une claire évocation de celle de Mussolini en octobre 1922 qui lui ouvrit les portes du pouvoir. Il n’hésite pas à recourir à des phrases célèbres de Benito Mussolini ou qui lui sont attribuées, comme celle qu’il prononça le 29 juillet 2018 (rappelons que Mussolini était né le 29 juillet 1883) : « Tant d’ennemis, tant d’honneur. » Au printemps 2019, Matteo Salvini a suscité de vives polémiques pour avoir publié un livre d’entretien dans une maison d’édition de CasaPound, un groupe ouvertement fasciste. Ses propos xénophobes renouent avec le racisme fasciste qui précéda les lois antisémites de 1938. Lui-même, toutefois, se veut un ardent défenseur d’Israël et, à plusieurs reprises, il a salué l’action de Benyamin Netanyahou et condamné tout antisémitisme. Pour lui, le combat contre l’Islam et les musulmans constitue la priorité. De même, lorsque durant l’été le leader de la Ligue se laisse photographier torse nu sur les plages, il sait parfaitement qu’il fait resurgir dans la mémoire des Italiens les célèbres images du Duce faisant la moisson. Néanmoins, les différences avec le fascisme sont pléthore. Le contexte historique bien évidemment n’est en rien comparable. Les fascistes recouraient à la violence physique afin de terroriser leurs adversaires, ce que la Ligue n’a jamais fait. Ils tentèrent assez rapidement de forger une véritable doctrine et de déployer un projet totalitaire visant à donner toute puissance à l’État-parti et à engendrer un homme nouveau par un encadrement de l’ensemble de la société en commençant par les enfants dès leur plus jeune âge. Le fascisme entendait étatiser l’économie et a pratiqué l’autarcie, alors que la Ligue se veut plutôt libérale du point de vue économique, favorable à une ouverture internationale des marchandises et des biens (mais elle exige la fermeture des frontières pour les hommes), ce qui correspond aux attentes des industriels septentrionaux. Le Duce se voulait à la fois proche du peuple et en même temps surhomme, alors que Matteo Salvini se présente comme « uno di noi », un comme nous, adepte du « bon sens » comme l’ont montré les spécialistes de la communication Giovanni Diamanti et Lorenzo Pregliasco, bref un Italien ordinaire qui aime boire un mojito en regardant danser des jeunes femmes en bikini17. Néanmoins, il y a à l’évidence une radicalisation vers la droite extrême de Matteo Salvini. Mais qui ne lui profite pas. Parce qu’à la suite de la chute du gouvernement Mario Draghi au mois de juillet 2022, à laquelle Matteo Salvini a contribué, le Président de la République dissout les Chambres. Aux élections du 25 septembre, la coalition dite de centre droit l’emporte désormais dominée par le parti de Giorgia Meloni, Frères d’Italie, qui recueille 26 % des suffrages, la Ligue de Salvini n’en obtenant que 8,7 %. Le dirigeant de la Ligue devient ministre des Transports et vice-président du gouvernement. Il s’évertue à marquer sa différence avec la Présidente du Conseil, Giorgia Meloni, pour tenter de reconquérir les électeurs qui l’ont rejointe. Celle-ci a engagé une stratégie de responsabilité et de crédibilisation surtout en matière économique et de politique internationale tout en restant ferme sur ses positions politiques et idéologiques de droite radicale, ce qui peut représenter de sérieux défi pour la démocratie parlementaire italienne. Quoi qu’il en soit, proclamer que le populiste Salvini est un fasciste et donc un autoritaire ou un totalitaire en puissance, ne nous semble pas convaincant.

    Conclusion

    14Davantage, le cas Salvini nous amène à réinterroger la notion de populiste à la lumière des faits. Salvini est un leader populiste dans deux des trois acceptions que nous avons présentées de ce concept, c’est-à-dire comme style politique et comme stratégie de conquête et d’exercice du pouvoir. Mais ce populisme se heurte à des obstacles. D’abord, en provenance des institutions. Il est frappant de constater que la prétendue faiblesse des institutions politiques italiennes cache une remarquable capacité d’absorption des charges protestataires. Ainsi, les contradictions internes du Mouvement 5 étoiles apparues depuis 2018 ont éclaté au grand jour avec la mise en place du gouvernement de Mario Draghi auquel participaient ses représentants ; en interne, le M5S s’est divisé entre ceux qui occupaient des fonctions officielles et ceux qui entendaient rester fidèles aux valeurs originelles du Mouvement. Avec une moindre intensité, un processus un peu équivalent s’est amorcé du côté de la Ligue. Les expériences gouvernementales successives de la Ligue du Nord (1994, 2001-2006, puis 2008-2011) dans le cadre des gouvernements de centre droit dirigés par Silvio Berlusconi avaient déjà suscité des tensions internes dans le parti entre des dirigeants soucieux de réaliser des compromis avec les autres partis politiques et les militants plus protestataires. Une semblable ligne de fracture s’est ouverte en 2018-2019 entre Matteo Salvini et par exemple Giancarlo Giorgetti, dirigeant de la Ligue, secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres sous le gouvernement Giuseppe Conte 1 et désormais ministre de l’Économie de l’actuel exécutif. Cette tension n’a fait que s’accroître après l’été 2019. Cela démontre que la Ligue n’est pas uniquement et exclusivement populiste. Il existe aussi dans ce parti une autre sensibilité fort présente en Lombardie et en Vénétie ; deux régions durement frappées par l’épidémie de la Covid-19 et soucieuses de ne pas laisser échapper les 209 milliards d’euros promis par l’Union européenne. C’est ce courant, non officiellement organisé, qui a contraint Matteo Salvini à soutenir le gouvernement de Mario Draghi, et à faire des déclarations plus favorables à l’Union européenne et la monnaie unique. Assiste-t-on, pour autant, à la conversion soudaine et aboutie d’un populiste aux us et coutumes de la démocratie libérale et représentative et à son acceptation du cadre européen ? Rien n’est moins sûr. Salvini est avant tout un pragmatique, pas du tout vertébré idéologiquement, en tout cas bien moins que Giorgia Meloni. Il adopte un style populiste quand c’est nécessaire, mais il peut ensuite changer de fusil d’épaule selon l’évolution des rapports de force et en fonction des opportunités qu’offrent les aléas de la politique. Il a compris que la situation sanitaire, économique et sociale avait provoqué une immense inquiétude chez les Italiens et que la préoccupation envers les immigrés est en ce moment passée un peu derrière leur demande de protection pour leur santé, leur travail, leur revenu, l’avenir de leurs familles ou encore la guerre en Ukraine. De même, après deux décennies d’euro-scepticisme, la confiance en l’Union européenne progresse très sensiblement depuis 2020 : tombée à 29 % en 2016, elle est remontée à 45 % en 2022 mais une légère flexion a été enregistrée au début du mois de juillet 202318. Par conséquent, Matteo Salvini, en politique opportuniste qu’il est, fait profil bas. Il avait même un temps envisagé même de faire rentrer son parti dans le Parti populaire européen (PPE). Mais comme Giorgia Meloni s’est engagée dans une opération visant à nouer alliance entre le Parti des conservateurs et réformistes européens et le PPE, il cherche à s’y opposer pour éviter une forme de satellisation. Serait-il devenu pro-euro de manière irréversible lui demandait un journaliste au milieu du mois de février 2021, et Salvini de répondre par une boutade qui en dit long sur son état d’esprit : seule la mort est irréversible. En fait, Salvini fait de son parti, comme on le dit en Italie, un parti de gouvernement et un parti de lutte. Salvini, vraisemblablement, jouera sur les deux tableaux, celui d’un leader responsable et celui d’un chef populiste supposé incarner les pulsions du peuple, donc sa colère, ses frustrations mais aussi ses espoirs.

    15Matteo Salvini, résolument pro-trumpien et pro-poutinen peut avoir des accès d’autorité, voire d’autoritarisme, mais il n’est pas à proprement parler le prototype d’un dirigeant fasciste, autoritaire ou totalitaire. Il fait peser une menace sur la démocratie car il peut être tenté de bousculer les institutions sans pour autant vouloir les subvertir. Mais il ne cherche pas, du moins dans l’immédiat, à les renverser. D’autant que la démocratie italienne a démontré jusqu’ici avoir une grande capacité de résilience.

    Notes de bas de page

    1On ne prend ici en considération que quelques ouvrages et pas les très nombreux articles publiés dans des revues scientifiques. Parmi les livres généraux, voir Berman Sheri, Democracy and Dictatorship in Europe: from the Ancient Régime to the Present Day, Oxford, Oxford University Press, 2019 ; Dieckhoff Alain, Jaffrelot Christophe et Massicart Elise (dir.), Populismes au pouvoir, Paris, Sciences Po Les Presses, 2019 ; Mammone Andrea, Transnational Neofascism in France and Italy, Cambridge, Cambridge University Press, 2015 ; Vercelli Claudio, Neofascismo in grigio. La destra tra l’Italia e l’Europa, Turin, Einaudi, 2021 et Zakaria Fareed, L’avenir de la liberté. La démocratie illibérale aux États-Unis et en Europe, Paris, Odile Jacob, 2003. Sur l’Europe centrale et orientale, citons, par exemple, Krakovsky Roman, Le Populisme en Europe centrale et orientale, Paris, Fayard, 2019 ; Kreko Peter et Enyedi Zsolt, « Explaining Eastern Europe: Orbán’s Laboratory of Illiberalism », Journal of Democracy, 29(3), 2018, p. 39-5 ; Lendvai Paul, Hungary. Between Democracy and Authoritarianism, Columbia, Columbia University Press, 2012 et Orbán. Hungary’s Strongman, Oxford, Oxford University Press, 2017 ; Rupnik Jacques, « Le pouvoir confisqué dans la Hongrie de Viktor Orbán », in Dieckhoff Alain, Jaffrelot Christophe et Massicart Elise (dir.), op. cit., p. 125-135.

    2Ziblatt Daniel et Levitsky Steven, La mort des démocraties, Paris, Calmann-Lévy, 2019 ; Kagan Robert, « This is how fascism comes to America », The Washington Post, 18 mai 2016 ; Allbright Madeleine, Fascisme. L’Alerte, Paris, Salvator, 2019.

    3Nous renvoyons à quelques-uns des articles d’historiens, en désaccord entre eux, sur l’interprétation à donner des événements du 6 janvier 2021 : [https://www.nytimes.com/2021/01/09/magazine/trump-coup.html-] (erreur en 2025) ; [https://www.thenation.com/article/society/trump-fascism/] ; [https://www.nybooks.com/daily/2020/05/19/the-trouble-with-comparisons/] ; [https://jewishcurrents.org/almost-the-complete-opposite-of-fascism/] ; [https://jacobinmag.com/2021/01/trump-capitol-riot-fascist-coup-attempt] ; [https://www.newsweek.com/robert-paxton-trump-fascist-1560652] ; [https://www.newstatesman.com/world/2021/01/why-trump-isnt-fascist].

    4Finchelstein Federico, From Fascism to Populism in History, Oakland, University of California Press, réed. 2019 ; Stanley Jason, Les ressorts du fascisme, Paris, Eliott Éditions, 2022.

    5Gahiat Ruth Ben, Strongmen: Mussolini to the Present, New York, W. W. Norton and Company, 2020.

    6Piketty Thomas, Capital et idéologie, Paris Le Seuil, 2019, p. 1105-1109.

    7Dogliani Patrizia, Le fascisme des Italiens. Une histoire sociale, Grenoble, UGA Éditions, 2020 ; Matard-Bonucci Marie-Anne, Totalitarisme fasciste, Paris, CNRS Éditions, 2018 ; Musiedlak Didier, La marche du Rome. Entre histoire et légende, Paris, Sorbonne Université Presses, 2022. Sur ce sujet, je renvoie à la contribution très complète d’Olivier Forlin dans ce livre.

    8Mudde Cas, « The Populist Zeitgeist », Government and Opposition, vol. 39, no 4, p. 541-563. Cas Mudde a repris cette notion dans tous ses travaux successifs.

    9Laclau Ernest, La raison populiste, Paris, Le Seuil, 2008 ; Mouffe Chantal, Pour un populisme de gauche, Paris, Albin Michel, 2018 ; Tarragoni Federico, L’Esprit démocratique du populisme, Paris, La Découverte, 2019.

    10Pierre-André Taguieff a été l’un des premiers à développer l’analyse du populisme en tant que style dans de nombreux écrits : voir par exemple « Le populisme comme style politique », in Taguieff Pierre-André (dir.), Le retour du populisme. Un défi pour les démocraties européennes, Paris, Universalis, 2004, p. 17-23. Voir aussi Diamanti Ilvo et Lazar Marc, Peuplecratie. La métamorphose de nos démocraties, Paris, Gallimard, 2019 et Moffit Benjamin, The Global Rise of Populism. Performance, Political Style and Representation, Stanford, Stanford University Press, 2016.

    11Voir par exemple Albertazzi Daniele et Mac Donnell Duncan, Populist in Power, Londres, Routledge, 2016 ; Guriev Sergei et Treisman Daniel, Spin dictators. Le nouveau visage de la tyrannie au xxie siècle, Paris, Payot, 2023.

    12Urbinati Nadia, Me the People. How Populism transforms Democracy, Cambridge (Mass)/Londres, Harvard University Press, 2019.

    13Rosanvallon Pierre, Le Siècle du Populisme. Histoire, théorie, critique, Paris, Le Seuil, 2020 et Lefort Claude, L’invention démocratique : les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1994.

    14Bruneteau Bernard, Les totalitarismes, Paris, Armand Colin, 1999.

    15Linz Juan, Régimes totalitaires et autoritaires, Paris, Armand Colin, 2006.

    16Voir Marchetti Rita, Righetti Nicola, Pagiotti Susanna et Stanziano Anna, « Right-Wing Populism and Political Instrumentalization of Religion. The Italian Debate on Matteo Salvini’s Use of Religion Symbols on Facebook », Journal of Religion in Europe, 16, 2023, p. 144-171 ; Passarelli Gianluca et Tuorto Dario, La Lega di Matteo Salvini: estrema destra di governo, Bologne, Il Mulino, 2018. Signalons aussi deux livres de journalistes écrits en français : Bonalume Anna, Un mois avec un populiste, Paris, Pauvert, 2022 et Heuzé Richard, Matteo Salvini, l’homme qui fait peur à l’Europe, Paris, Plon, 2019.

    17Diamanti Giovanni et Pregliasco Lorenzo (dir.), Fenomeno Salvini. Chi è, come comunica, perché lo votano, Rome, Castelvecchi, 2019. Voir aussi Mazzoni Marco et Mincigrucci Roberto, « The Representation of Matteo Salvini in Gossip Magazines: The “Ordinary Super Leader” », Contemporary Italian Politics, 13/1, 2022, p. 1-15.

    18Diamanti Ilvo, « Italiani popolo di euro-prudenti ma contro l’Italexit », La Repubblica, 7 juillet 2023.

    Auteur

    • Marc Lazar

      Centre d’histoire de Sciences Po (Paris).

      Marc Lazar est professeur émérite d’histoire et de sociologie politique au Centre d’histoire de Sciences Po (Paris) titulaire de la Chaire BNP-BNL « French and italian Relations in Europe » à la LUISS et Président de l’advisory board de la School of government de la Luiss (Rome). Il est spécialiste des gauches en Europe, de la politique française et italienne de l’après Seconde Guerre mondiale et des populismes contemporains. Derniers livres parus : avec Mathieu Fulla (dir.), European Socialists and the State in the Twentieth and the Twenty-First Century, Basingstoke, Palgrave, 2020 ; avec Mathieu Fulla, Les Socialistes européens et l’État, La Tour-d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2021 ; avec Stéphane Courtois, Histoire du Parti communiste français, Paris, PUF, 2022 et (dir), Left. Crisis and Challenges of the European Left (end of the Twentieth Century-2020s), Milan, Feltrinelli, 2024.

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    1On ne prend ici en considération que quelques ouvrages et pas les très nombreux articles publiés dans des revues scientifiques. Parmi les livres généraux, voir Berman Sheri, Democracy and Dictatorship in Europe: from the Ancient Régime to the Present Day, Oxford, Oxford University Press, 2019 ; Dieckhoff Alain, Jaffrelot Christophe et Massicart Elise (dir.), Populismes au pouvoir, Paris, Sciences Po Les Presses, 2019 ; Mammone Andrea, Transnational Neofascism in France and Italy, Cambridge, Cambridge University Press, 2015 ; Vercelli Claudio, Neofascismo in grigio. La destra tra l’Italia e l’Europa, Turin, Einaudi, 2021 et Zakaria Fareed, L’avenir de la liberté. La démocratie illibérale aux États-Unis et en Europe, Paris, Odile Jacob, 2003. Sur l’Europe centrale et orientale, citons, par exemple, Krakovsky Roman, Le Populisme en Europe centrale et orientale, Paris, Fayard, 2019 ; Kreko Peter et Enyedi Zsolt, « Explaining Eastern Europe: Orbán’s Laboratory of Illiberalism », Journal of Democracy, 29(3), 2018, p. 39-5 ; Lendvai Paul, Hungary. Between Democracy and Authoritarianism, Columbia, Columbia University Press, 2012 et Orbán. Hungary’s Strongman, Oxford, Oxford University Press, 2017 ; Rupnik Jacques, « Le pouvoir confisqué dans la Hongrie de Viktor Orbán », in Dieckhoff Alain, Jaffrelot Christophe et Massicart Elise (dir.), op. cit., p. 125-135.

    2Ziblatt Daniel et Levitsky Steven, La mort des démocraties, Paris, Calmann-Lévy, 2019 ; Kagan Robert, « This is how fascism comes to America », The Washington Post, 18 mai 2016 ; Allbright Madeleine, Fascisme. L’Alerte, Paris, Salvator, 2019.

    3Nous renvoyons à quelques-uns des articles d’historiens, en désaccord entre eux, sur l’interprétation à donner des événements du 6 janvier 2021 : [https://www.nytimes.com/2021/01/09/magazine/trump-coup.html-] (erreur en 2025) ; [https://www.thenation.com/article/society/trump-fascism/] ; [https://www.nybooks.com/daily/2020/05/19/the-trouble-with-comparisons/] ; [https://jewishcurrents.org/almost-the-complete-opposite-of-fascism/] ; [https://jacobinmag.com/2021/01/trump-capitol-riot-fascist-coup-attempt] ; [https://www.newsweek.com/robert-paxton-trump-fascist-1560652] ; [https://www.newstatesman.com/world/2021/01/why-trump-isnt-fascist].

    4Finchelstein Federico, From Fascism to Populism in History, Oakland, University of California Press, réed. 2019 ; Stanley Jason, Les ressorts du fascisme, Paris, Eliott Éditions, 2022.

    5Gahiat Ruth Ben, Strongmen: Mussolini to the Present, New York, W. W. Norton and Company, 2020.

    6Piketty Thomas, Capital et idéologie, Paris Le Seuil, 2019, p. 1105-1109.

    7Dogliani Patrizia, Le fascisme des Italiens. Une histoire sociale, Grenoble, UGA Éditions, 2020 ; Matard-Bonucci Marie-Anne, Totalitarisme fasciste, Paris, CNRS Éditions, 2018 ; Musiedlak Didier, La marche du Rome. Entre histoire et légende, Paris, Sorbonne Université Presses, 2022. Sur ce sujet, je renvoie à la contribution très complète d’Olivier Forlin dans ce livre.

    8Mudde Cas, « The Populist Zeitgeist », Government and Opposition, vol. 39, no 4, p. 541-563. Cas Mudde a repris cette notion dans tous ses travaux successifs.

    9Laclau Ernest, La raison populiste, Paris, Le Seuil, 2008 ; Mouffe Chantal, Pour un populisme de gauche, Paris, Albin Michel, 2018 ; Tarragoni Federico, L’Esprit démocratique du populisme, Paris, La Découverte, 2019.

    10Pierre-André Taguieff a été l’un des premiers à développer l’analyse du populisme en tant que style dans de nombreux écrits : voir par exemple « Le populisme comme style politique », in Taguieff Pierre-André (dir.), Le retour du populisme. Un défi pour les démocraties européennes, Paris, Universalis, 2004, p. 17-23. Voir aussi Diamanti Ilvo et Lazar Marc, Peuplecratie. La métamorphose de nos démocraties, Paris, Gallimard, 2019 et Moffit Benjamin, The Global Rise of Populism. Performance, Political Style and Representation, Stanford, Stanford University Press, 2016.

    11Voir par exemple Albertazzi Daniele et Mac Donnell Duncan, Populist in Power, Londres, Routledge, 2016 ; Guriev Sergei et Treisman Daniel, Spin dictators. Le nouveau visage de la tyrannie au xxie siècle, Paris, Payot, 2023.

    12Urbinati Nadia, Me the People. How Populism transforms Democracy, Cambridge (Mass)/Londres, Harvard University Press, 2019.

    13Rosanvallon Pierre, Le Siècle du Populisme. Histoire, théorie, critique, Paris, Le Seuil, 2020 et Lefort Claude, L’invention démocratique : les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1994.

    14Bruneteau Bernard, Les totalitarismes, Paris, Armand Colin, 1999.

    15Linz Juan, Régimes totalitaires et autoritaires, Paris, Armand Colin, 2006.

    16Voir Marchetti Rita, Righetti Nicola, Pagiotti Susanna et Stanziano Anna, « Right-Wing Populism and Political Instrumentalization of Religion. The Italian Debate on Matteo Salvini’s Use of Religion Symbols on Facebook », Journal of Religion in Europe, 16, 2023, p. 144-171 ; Passarelli Gianluca et Tuorto Dario, La Lega di Matteo Salvini: estrema destra di governo, Bologne, Il Mulino, 2018. Signalons aussi deux livres de journalistes écrits en français : Bonalume Anna, Un mois avec un populiste, Paris, Pauvert, 2022 et Heuzé Richard, Matteo Salvini, l’homme qui fait peur à l’Europe, Paris, Plon, 2019.

    17Diamanti Giovanni et Pregliasco Lorenzo (dir.), Fenomeno Salvini. Chi è, come comunica, perché lo votano, Rome, Castelvecchi, 2019. Voir aussi Mazzoni Marco et Mincigrucci Roberto, « The Representation of Matteo Salvini in Gossip Magazines: The “Ordinary Super Leader” », Contemporary Italian Politics, 13/1, 2022, p. 1-15.

    18Diamanti Ilvo, « Italiani popolo di euro-prudenti ma contro l’Italexit », La Repubblica, 7 juillet 2023.

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    Lazar, M. (2025). Populisme, fascisme, autoritarisme, totalitarisme. In F. Hourmant (éd.), L’Europe et le totalitarisme (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/149m9
    Lazar, Marc. « Populisme, fascisme, autoritarisme, totalitarisme ». In L’Europe et le totalitarisme, édité par François Hourmant. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2025. https://doi.org/10.4000/149m9.
    Lazar, Marc. « Populisme, fascisme, autoritarisme, totalitarisme ». L’Europe et le totalitarisme, édité par François Hourmant, Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/149m9.

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    Hourmant, F. (éd.). (2025). L’Europe et le totalitarisme (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/149p0
    Hourmant, François, éd. L’Europe et le totalitarisme. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2025. https://doi.org/10.4000/149p0.
    Hourmant, François, éditeur. L’Europe et le totalitarisme. Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/149p0.
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