• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15530 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15530 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires de Rennes
  • ›
  • Histoire
  • ›
  • L’Europe et le totalitarisme
  • ›
  • Deuxième partie. Le totalitarisme : un c...
  • ›
  • À quoi sert encore aujourd’hui le concep...
  • Presses universitaires de Rennes
  • Presses universitaires de Rennes
    Presses universitaires de Rennes
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Les trois fonctions du totalitarisme Une défaite heuristique consommée Un instrument toujours très prisé de délégitimation politique De l’actualité et de l’utilité dans notre temps présent Du nécessaire détour par la littérature pour reposer la question de la plus-value heuristique Notes de bas de page Auteur

    L’Europe et le totalitarisme

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    À quoi sert encore aujourd’hui le concept de totalitarisme ?

    Emmanuel Droit

    p. 87-100

    Texte intégral Les trois fonctions du totalitarisme Une défaite heuristique consommée Un concept inédit au fondement d’une recherche interdisciplinaire L’essoufflement progressif de l’apport heuristique Un instrument toujours très prisé de délégitimation politique Les polémiques de guerre froide Un concept au service de tous les populismes De l’actualité et de l’utilité dans notre temps présent L’actualité de la pensée arendtienne et orwellienne La littérature de fiction comme lanceuse d’alerte Du nécessaire détour par la littérature pour reposer la question de la plus-value heuristique Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    « Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible1. »

    Les trois fonctions du totalitarisme

    1La question à la fois simple et charmante posée par son fils à Marc Bloch – À quoi sert l’histoire ? – et appliquée au concept de totalitarisme est une manière de rendre hommage à Bernard Bruneteau et à la manière qu’il a eue dans ses travaux de montrer comment le totalitarisme, à la fois comme concept et comme théorie, a été un puissant instrument de renouvellement de la réflexion philosophico-politique sur la manière de refonder la démocratie libérale en crise durant l’entre-deux-guerres2.

    2Poser la question de l’utilité du totalitarisme en 2025 permet d’interroger à nouveaux frais le passé, le présent et le possible futur de ce produit intellectuel de l’« âge des extrêmes » (Hobsbawm). Dans quels domaines est-il encore pertinent de le mobiliser ? Quelles fonctions remplit-il ?

    3Pour la clarté de l’exposé, j’ai distingué trois enjeux qui constitueront les trois thèmes de ma contribution : une fonction scientifique liée à la valeur heuristique pour l’étude du nazisme et du communisme ; une fonction polémique liée à son utilisation dans le champ politico-médiatique pour délégitimer un adversaire politique ; une fonction civique de lanceur d’alerte liée à sa capacité à interpeller les citoyens sur la vulnérabilité des sociétés ouvertes et démocratiques.

    Une défaite heuristique consommée

    4Dans le champ historiographique, certains historiens n’hésitent pas à dénier tout intérêt au concept de totalitarisme à l’instar de la position défendue par Christian Ingrao. Ce spécialiste du nazisme et des violences génocidaires se revendique d’une histoire sociale de la domination dans la filiation intellectuelle de l’historien allemand Alf Lüdtke. Son jugement sur l’utilité heuristique du totalitarisme est sans appel voire caricatural : « Je n’aime pas ce[s] terme[s] “totalitarisme”, j’en ai horreur… cela ne veut rien dire, l’un dit “mange ta soupe” et l’autre le fait ? Je ne comprends pas le terme3. » Au-delà de l’image réductrice donnée par Christian Ingrao, il est certain que depuis le début des années 2000, le concept de totalitarisme a éprouvé ses limites heuristiques à analyser ces dictatures d’un genre nouveau – le nazisme et le stalinisme – qui ont bouleversé l’Europe et le monde entre 1929 et 1953 et qui ont usé d’une violence de masse inédite pour imposer leur volonté politique de transformer la société. Après avoir été un concept phare des sciences politiques au début de la guerre froide et en dépit d’une renaissance spectaculaire au début des années 1990, le totalitarisme est de moins en moins utilisé par les historiens et les politistes4.

    Un concept inédit au fondement d’une recherche interdisciplinaire

    5Né dans les années 1930 au sein de cette « communauté de déracinés » (J. Patocka) et fortement lié à l’analyse de l’expérience nazie5, le concept de totalitarisme a acquis par les écrits d’Hannah Arendt, puis ceux de Carl J. Friedrich et Zbigniew Brzezinski une force interprétative quasi canonique au cours des années 1950 et 1960. Outil analytique inédit, inventé pour saisir un système politique qui ne confondait ni avec le despotisme oriental, ni avec les monarchies absolues de l’époque moderne ou les tyrannies de la Grèce antique, il permettait, par les formes qu’il a revêtues – le communisme soviétique et le national-socialisme allemand – de prendre en charge le défi idéologique lancé depuis 1917 au sein de la civilisation occidentale à l’État de droit, au libéralisme politique et au capitalisme. En tant que système politique, le totalitarisme était un produit de la modernité politique et il a exercé une certaine fascination allant même jusqu’à apparaître comme une alternative crédible à la démocratie et au marché délégitimés un temps par la crise de 1929.

    6Il permettait à la fois de qualifier une nouvelle forme de système politique inconnue auparavant et de fournir un outil d’analyse comparée du nazisme et du stalinisme. Il se caractérisait principalement par sa double nature qu’il possède encore aujourd’hui et qui continue à poser problème en raison de la perméabilité de la frontière entre ses deux composantes, à savoir ses dimensions analytique et normative. D’une part, la notion de totalitarisme proposait, un peu à la manière d’un idéal-type weberien, un cadre théorique explicatif, dont le but est in fine de comparer différentes formes de régimes politiques inédits (essentiellement le IIIe Reich et l’URSS). Le cadre de modélisation fixé par C. J. Friedrich établissait un catalogue d’éléments-clés constitutifs d’un État totalitaire : une idéologie globalisante, un parti unique, une police secrète exerçant une terreur aveugle, le monopole de l’information, le monopole de la force et une économie dirigée. Sous l’effet d’une politique de terreur, la pratique totalitaire du pouvoir déboucherait sur la destruction des oppositions politiques et des structures sociales ou sur ce que Claude Lefort qualifiait de « pétrification du social en profondeur6 ». Ce concept analytique clé des sciences sociales des années 1950 et 1960 fut relayé en RFA par le sociologue et politiste allemand Otto Stammer, fondateur de l’institut de sociologie de l’Université libre de Berlin et en France par Raymond Aron7. Pour reprendre la formule de Stammer, la fonction première du concept de totalitarisme visait à « l’analyse des systèmes de domination totalitaire et [à] l’étude de parties de structures de pouvoir totalitaires8 ». Dès 1939, Friedrich avait constaté que le totalitarisme relevait d’une problématique interdisciplinaire. En RFA, les recherches se développèrent dans une logique pluridisciplinaire et comparée, ancrée dans le présent dans la mesure où le nazisme venait à peine de disparaître et que la soviétisation de la partie orientale de l’Allemagne se déroulait in situ sous leurs yeux. Rien qu’à l’Université libre de Berlin, les études sur le totalitarisme liaient entre eux des sociologues et des politistes de l’institut berlinois pour la science politique (aujourd’hui Institut Otto-Suhr), des historiens de l’institut Friedrich Meinecke, des politistes et des spécialistes du tout nouvel Institut de l’Europe de l’Est. Mais après avoir tenu le haut du pavé des sciences sociales jusqu’à la fin des années 19609, le concept de totalitarisme perdit une bonne part de sa pertinence dans les années 1970 avant de connaître une renaissance spectaculaire au début des années 1990.

    L’essoufflement progressif de l’apport heuristique

    7La plus-value heuristique du totalitarisme commença à être battue en brèche dans les années 1970 avec la montée en puissance d’une histoire sociale du Politique et du paradigme de la convergence entre les mondes capitaliste et communiste dans le contexte global de la détente. Le modèle totalitaire a été mis en cause aux États-Unis par des historiens du social comme Sheila Fitzpatrick et Moshe Lewin. Cette école « révisionniste » était attachée à inscrire l’expérimentation soviétique dans la longue durée de l’histoire russe et donc à interroger l’exceptionnalisme communiste. L’objectif principal de ces historiens était de montrer que la société soviétique était plus qu’un simple objet passif, victime des manipulations et des mobilisations forcées du régime. Ils voulaient ainsi replacer la société au centre de l’analyse. Cette perspective impliquait de s’interroger sur le degré et la nature du soutien de la population au régime, sa capacité à développer des initiatives et la possibilité d’accommodations entre le régime et la société. Cette évolution méthodologique eut des échos en Allemagne de l’Ouest où un courant de recherche sur la RDA (DDR-Forschung) se développa à la fois avant et à la suite de l’Ostpolitik du Chancelier Willy Brandt autour de politologues comme Peter Christian Ludz et Gert-Joachim Glaessner. Ces chercheurs s’efforçaient de comprendre la RDA dans son contexte propre, avec en arrière-plan l’idée d’un possible rapprochement des deux États et la convergence des deux sociétés allemandes. Ces chercheurs, représentants du courant dit de l’« immanence critique », ont montré que l’histoire sociale pouvait permettre d’aborder autrement le communisme, sans remettre en cause le cadre politique de la dictature, mais en s’attachant aux fonctionnements sociaux qui permettaient au régime est-allemand de se stabiliser10.

    8La fin de la guerre froide donna au concept de totalitarisme la possibilité d’opérer un « étonnant retour11 » dans le champ des sciences sociales. Il offrait un cadre normatif pour disqualifier le communisme soviétique et une grille d’interprétation pour analyser ces régimes qui venaient de s’effondrer sans violence. La géographie du débat se déplaça des États-Unis vers l’Europe post-socialiste, comme dans la Pologne post-communiste, où les thèses totalitaires furent portées par des historiens issus des mouvements d’opposition aux régimes de dictature12. Ces derniers s’imposèrent provisoirement au tout début des années 1990 dans l’espace public en vertu de leur légitimité morale « supérieure » face aux autres historiens plus ou moins compromis avec le défunt régime13. Cette renaissance des thèses totalitaires au début des années 1990 ne s’accompagna pas d’un réel renouvellement de la réflexion sur le concept de totalitarisme. Elle prit la forme d’un processus de « récapitulation », c’est-à-dire de reprise d’une notion forgée dans un contexte historique particulier et réutilisée sans aucune distance critique à plusieurs années voire décennies d’intervalles. L’Allemagne réunifiée a ainsi connu quelques travaux d’ex-dissidents devenus historiens du régime après sa chute comme ceux d’Armin Mitter et Stefan Wolle14 ou du théologien Ehrhart Neubert15. Mais très rapidement, la recherche historique fut dans les faits presque totalement entreprise par des chercheurs et des cadres institutionnels ouest-allemands préexistants, comme l’Institut du temps présent de Munich (qui ouvrit en 1994 une antenne de recherche à Berlin) ou le centre de recherche d’histoire du temps présent de Potsdam nouvellement créé en 1991. Ce retour des thèses totalitaires fut un succès scientifique de courte durée mais il demeura un succès social qui a permis dans l’Allemagne réunifiée de penser ensemble l’expérience du national-socialisme et du communisme dans le champ politico-médiatique.

    9Dans le champ historiographique, cette étonnante renaissance eut un effet indirect très positif dans la mesure où elle a encouragé l’histoire sociale à produire des enquêtes empiriques approfondies articulées à des cadres théoriques solides qui ont permis de nuancer l’approche totalitaire et de montrer ses limites : celles d’un modèle essentialiste, statique, quasi a-historique, souvent incapable de penser les évolutions d’un régime traversé par de nombreuses contradictions. Si la recherche sur la RDA a été marquée par des débats scientifiques, ces derniers n’ont jamais atteint l’ampleur des controverses sur le national-socialisme, que ce soit avant 1989 (avec la célèbre « querelle des historiens ») ou après (avec les polémiques autour de l’exposition photographique sur les crimes de la Wehrmacht en 1995 ou du livre du politiste américain Daniel Goldhagen)16. Ce moment de débat historiographique a été néanmoins très précieux dans la mesure où il a ouvert la voie à une recherche allemande et internationale qui développa soit une approche comparée17, soit une approche sociale et politique de l’histoire de la RDA. Depuis le milieu des années 2000, l’histoire du communisme est un champ historiographique très bien balisé et qui ne produit plus vraiment d’innovations méthodologiques majeures, se contentant de suivre les modes du transnational et du global.

    Un instrument toujours très prisé de délégitimation politique

    10Dans le champ politico-médiatique, on serait tenté de dire que le concept a eu et a encore une belle vie devant lui tant il fait partie intégrante des ressources dans la stratégie de communication politique utilisée à droite comme à gauche, au centre comme aux extrêmes, pour délégitimer des adversaires politiques, dénoncer le bien-fondé de telle ou telle politique publique. La crise sanitaire récente de la Covid-19 a été l’occasion de voir le concept de totalitarisme être utilisé pour critiquer la stratégie sanitaire du gouvernement français.

    Les polémiques de guerre froide

    11Dès ses origines, le totalitarisme a été érigé comme un instrument politico-éducatif de combat qui devint un élément central de la structuration du bloc de l’Ouest. Même à une époque où il tenait le haut du pavé au sein des sciences sociales du camp occidental (à commencer par les États-Unis et la RFA), son usage scientifique a été parasité par un usage politico-médiatique. Dès les années 1960, Otto Stammer regrettait que cette autre dimension du totalitarisme vienne affaiblir sa portée heuristique. Le consensus anti-totalitariste a ainsi constitué le fondement de l’identité politique de la nouvelle République de Bonn se diffusant dans les champs politique, médiatique, éducatif et culturel.

    12En France, une partie de la gauche intellectuelle reprochait à ce concept de guerre froide de faire le parallèle entre nazisme et stalinisme. En 1997, Stéphane Courtois, à travers la publication en 1997 de son entreprise collective Le Livre noir du communisme, avait délibérément mis l’accent sur le communisme comme un phénomène criminel et répressif dont les principes de fonctionnement politique avaient été généralisés à l’ensemble du système social18. Il bénéficia d’une importante couverture médiatique (Bouillon de Culture, la Marche du Siècle) et d’une réception mondiale19. Dans le contexte politique de la gauche plurielle et quelques jours avant la mort de Georges Marchais, le Livre noir fut brandi le 12 novembre 1997, lors d’une séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Alors que le député UDF Michel Voisin attaquait le Premier ministre Lionel Jospin sur la participation des communistes au gouvernement en se référant au livre de Courtois, son collègue Charles-Amédée de Courson brandissait dans un brouhaha crescendo un exemplaire de l’ouvrage récemment sorti, obligeant Laurent Fabius, le président de l’Assemblée nationale à le rappeler à l’ordre : « Monsieur de Courson, posez votre livre20. »

    13Ces polémiques de guerre froide sont désormais bien révolues. On en veut pour preuve la confirmation de la place du concept de totalitarisme dans les programmes scolaires de l’enseignement de l’histoire dans le secondaire.

    Un concept au service de tous les populismes

    14Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, le concept est utilisé par les mouvements populistes pour mieux brandir l’arme du « dégagisme ». La crise sanitaire a fait émerger en Allemagne un mouvement anarcho-libéral hostile aux mesures de confinement. Lors de leur manifestation, les anti-masques organisés dans des associations comme « Résistance démocratique » à Berlin ou « Querdenker 711 » à Stuttgart dénoncèrent un État « mensonger » et « totalitaire ». Ils se targuaient de recevoir le soutien du neveu du président Kennedy, l’avocat Robert Francis Kennedy, qui est passé en quelques années de la cause environnementale à celle du complotisme. Venu soutenir le mouvement anti-masque réuni à Berlin en septembre 2020, il reprit à son compte la célèbre formule prononcée par son oncle en juin 1963 du haut du balcon de la mairie de Schöneberg : « Aujourd’hui encore, Berlin est en première ligne contre le totalitarisme global et ceux qui sont là aujourd’hui peuvent dire fièrement “Ich bin ein Berliner”21. »

    15En France, l’un des moyens les plus rentables de se faire entendre ou de marquer les esprits c’est d’employer les mots « totalitaire », « total » ou « totalitarisme ». En février 2018, Laurent Wauquiez comparait devant un parterre d’étudiants d’une école de commerce de Lyon la présidence d’Emmanuel Macron à « une dictature totale ». C’était une manière de critiquer selon lui le fonctionnement vertical de la Ve République. Dans le contexte de la crise sanitaire, Patrick Mignola, leader du groupe Modem à l’Assemblée nationale, n’hésita pas à mobiliser le concept de totalitarisme dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Point en novembre 2020 : « Le jour où vous décidez, pour préserver les jeunes bien portants, de confiner – donc de condamner – les seniors en disant “on peut s’en passer”, qu’est-ce qui vous empêche demain de confiner ceux qui ont des maladies génétiques, puis les femmes, les blonds, etc. ? C’est le début du totalitarisme22 ! »

    16Indépendamment des usages polémiques passés et actuels, le « totalitarisme » représente une figure conceptuelle incontournable23 pour penser les enjeux de notre temps et le double défi de crise de la démocratie représentative et de déploiement de tendances antilibérales.

    De l’actualité et de l’utilité dans notre temps présent

    17Dans le champ citoyen, la pertinence du concept de totalitarisme est défendue avec brio par la littérature de fiction qui fait du totalitarisme un instrument central pour dénoncer des phénomènes ou des dangers qui minent la démocratie de l’intérieur. Le concept, tel qu’il est mobilisé par un auteur comme Boualem Sansal, possède une puissance d’évocation, charrie des représentations visuelles qui visent à aider les citoyens à rester en alerte et donc à penser l’impensable.

    L’actualité de la pensée arendtienne et orwellienne

    18Un certain nombre d’auteurs – notamment des juristes et des politistes allemands24 – estiment que la démocratie comme forme de vie est de nouveau en danger. Cette inquiétude outre-Rhin fait écho en France à une actualité de la pensée d’Hannah Arendt et de George Orwell, ce qui redonne de l’importance au totalitarisme comme figure conceptuelle. Pour bien comprendre la fécondité de la pensée arendtienne, il faut repartir du titre allemand de son célèbre livre sur les origines du totalitarisme : « élément et surgissement de la domination totale ». La philosophe allemande portait son attention sur la figure de « l’homme de masse » et analysait avec précision le passage d’une société de classes à une société de masse :

    « Dans un monde toujours changeant et incompréhensible, les masses avaient atteint [en 1933] le point où elles croyaient simultanément tout et rien, que tout était possible et que rien n’était vrai. La propagande découvrit que son auditoire était prêt à tout moment à croire le pire, quelle qu’en fût l’absurdité, qu’il ne répugnait pas particulièrement à être trompé, puisqu’il pensait que, de toute manière, toute affirmation était mensongère. Les leaders totalitaires fondèrent leur propagande sur le principe psychologiquement exact qu’on pouvait faire croire aux gens les déclarations les plus fantastiques un jour, et être sûr que, si le lendemain on leur donnait la preuve irréfutable de leur fausseté, ils se réfugieraient dans le cynisme : au lieu d’abandonner les chefs qui leur avaient menti, ils protesteraient qu’ils avaient toujours su que la déclaration était mensongère, admireraient les chefs pour leur intelligence tactique supérieure25. »

    19Une telle analyse ne peut que frapper de stupeur et d’étonnement les contemporains que nous sommes tant elle fait écho à la « dérive totalitaire » de certains responsables politiques qui ont été au pouvoir ces dernières années aux États-Unis ou au Brésil. Notre propos n’est évidemment pas ici de qualifier la présidence trumpienne d’expérience totalitaire mais de rappeler toute l’actualité de la pensée d’Hannah Arendt. Une des leçons tirées par la philosophe pour expliquer l’arrivée au pouvoir du nazisme, c’est qu’en l’absence de projet politique commun, les sociétés se fragmentent, se décomposent dans le sens où les individus ne sont plus structurés par des partis ou des institutions de classes comme les syndicats. C’est dans ce contexte fluide que peuvent surgir des mouvements totalitaires qui s’emparent du pouvoir de manière semi-légale dans un mélange d’idéologie et de violence, produisant à moyen terme un double effet d’atomisation et de désolation de la société. Idéologie et terreur sont les deux idées forces qu’Arendt avait mises en avant pour définir les origines du totalitarisme et lui permettre de distinguer ce système d’autres formes de régimes autoritaires. Une fois au pouvoir, ces mouvements totalitaires s’appuient sur les États, c’est-à-dire sur les appareils bureaucratiques, pour détruire le domaine public, les capacités d’opposition politique des individus puis la vie privée en éliminant la frontière entre vie publique et vie privée. Dans l’esprit d’Hannah Arendt, le camp – de concentration ou de travail – représentait matériellement cette expérience ultime de l’Homme radicalement superflu. Il était l’incarnation de l’essence du totalitarisme, constitutif de l’État totalitaire. D’où la description phénoménologique des camps à la fin de son livre.

    20L’entrée récente de l’écrivain Georges Orwell dans la collection de la Pléiade26 nous rappelle qu’avec Arendt, ces deux penseurs représentent aujourd’hui les figures intellectuelles de référence que des auteurs de fiction mobilisent ou utilisent comme point d’appui pour alerter l’opinion publique sur les vulnérabilités de nos démocraties. Il ne s’agit d’aller puiser mécaniquement dans son roman d’anticipation 1984 des clés d’explication pour appréhender nos sociétés contemporaines. Mais la médiatisation des écrits politiques et des romans d’Orwell traduit ce souci de réfléchir dans le temps présent à un ensemble de mécanismes de contrôle de la pensée, de dénaturation du langage, bref de dispositifs permettant d’imposer des dogmes ou de falsifier la vérité d’un jour sur l’autre. Mais au-delà de cette recherche de similitudes, le véritable enjeu, c’est de prendre conscience du message d’Orwell : la description minutieuse des mécanismes de domination est un appel à la responsabilité de tout citoyen.

    21Cette double actualité arendtienne et orwellienne illustre ce besoin actuel d’éclairer un avenir perçu comme menaçant. Elle traduit un besoin de penser les fragilités de notre monde, de donner un cap pour éviter une nouvelle catastrophe. Elle constitue aussi un miroir de nos angoisses contemporaines face à la montée des populismes, la menace virale de la désinformation et de l’appel à la haine sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, la littérature de fiction en revêtant les habits de lanceuse d’alerte, appelle à faire un pas de côté et à sortir de la dictature de l’immédiateté. À côté d’une littérature dénonçant la toute-puissance des géants du numérique (les fameux GAFAM) et du dogme de la transparence absolue du capitalisme numérique27, il existe depuis une dizaine d’années une littérature engagée dans la dénonciation de ce que certains, comme l’historien israélien spécialiste de la Shoah Yehuda Bauer, qualifient de « troisième totalitarisme » après le nazisme et le communisme : l’islamisme28. Cette qualification est apparue après le 11 septembre dans le milieu des néo-conservateurs américains soucieux de dénoncer le renouveau d’une menace antilibérale.

    La littérature de fiction comme lanceuse d’alerte

    22L’auteur algérien Boualem Sansal a fait l’expérience traumatisante de la guerre civile en Algérie dans les années 1990. Il a surtout été le témoin d’une islamisation rampante de la société algérienne à partir des années 1980 et des départs volontaires de djihadistes pour l’Afghanistan. Cette double expérience innerve son œuvre littéraire depuis une dizaine d’années qui sert de tribune à une dénonciation de la mondialisation de l’islamisme à rebours d’une « mondialisation matérialiste heureuse29 ». Il utilise l’arme de la fiction et de l’essai pour dénoncer les États prosélytes, les dictateurs opportunistes, les pouvoirs occidentaux dépassés, les intellectuels silencieux30.

    23Le fil conducteur de son œuvre romanesque, c’est d’établir un lien entre le nazisme et l’islamisme. Il s’agit moins de tisser des liens de filiation, même si Sansal rappelle dans de nombreux entretiens la manière dont les Frères musulmans s’inspirèrent ouvertement de l’idéologie nazie à travers leur chef de l’époque, le grand mufti de Jérusalem, Haj Mohammad Amin al-Husseini et comment des bataillons musulmans nazis furent créés pendant la Seconde Guerre mondiale31. Son dernier roman Le train d’Erlingen ou La métamorphose de Dieu est présenté par l’auteur comme une « chronique sur les temps qui courent » :

    « Rien de nouveau sous le soleil. Nous vivons les mêmes événements qui ont conduit aux grandes migrations du passé, à la montée des fascismes, aux guerres mondiales, aux folies religieuses, aux grandes défaites morales32. »

    24Dans 2084, La fin du monde, Sansal est allé jusqu’au bout de la logique d’avertissement sous la forme d’une dystopie : dénoncer les tendances du présent en montrant le résultat possible à venir sous la forme de cet Abistan, un univers totalitaire intégriste inspiré du régime des mollahs en Iran et fondé sur la peur et la surveillance33. À la différence du roman Soumission de Michel Houellebecq qui imaginait l’arrivée démocratique au pouvoir d’un parti islamiste en France en 2022, le livre de Sansal décrit un empire mondial totalitaire en empruntant à Georges Orwell une description des modes de soumissions des individus par l’appauvrissement du langage, le culte du chef et l’atomisation des rapports sociaux. Sa réflexion s’inspire moins de la gouvernementalité prédatrice de l’État islamique que d’une stratégie rampante qu’il a observée en Algérie, de cette montée en puissance invisible reposant certes sur la violence physique, mais aussi et surtout sur le triomphe souterrain puis de plus en plus visible d’idées forces diffusées dans les médias ou mises en œuvre sous la forme de l’action caritative.

    25Mais il ne fait que prolonger une réflexion entamée quelques années plus tôt dans un précédent roman, Le Village de l’Allemand, publié en 200834. Dans son périple, de la périphérie de sa banlieue parisienne en voie d’islamisation jusqu’en Égypte en passant par l’Algérie et la Turquie, l’un des héros malheureux du roman (puisqu’il se suicide à la fin de désespoir), Rachel, découvre dans le cadre de ses recherches sur son père – un nazi exfiltré en Algérie – l’islamisme, soit rampant à l’ombre de la démocratie française, soit bouillonnant sous la chape de plomb d’une dictature socialiste algérienne sclérosée et corrompue. Confronté directement à l’islamisme dans sa banlieue comparée à un camp de concentration, l’autre héros, le frère de Rachel, Malrich, présente Hitler comme une « sorte d’imam en casquette et blouson noir35 ». Il considère que ces idéologies sont identiques dans leur nature :

    « Il [son frère Rachel] a compris que l’islamisme et le nazisme, c’était du pareil au même. Il a voulu voir ce qui nous attendait si on laissait faire comme on a laissé faire en Allemagne, à Kaboul ou en Algérie où les charniers islamistes ne se comptent plus36. »

    26Ce qui intéresse Sansal, c’est de montrer qu’à l’instar du nazisme, l’idéologie islamiste possède une nature révolutionnaire et radicale37 dans la mesure où elle s’inscrit dans une logique d’émancipation de la domination coloniale de l’Occident incarnée dans la propagande de l’État islamique par la dénonciation des accords Sykes-Picot. Dans le même temps, elle développe un puissant discours nostalgique, idéalisant le Califat médiéval des Omeyyades qui s’étendait de l’Andalousie au Moyen-Orient. Elle invente une continuité historique idéalisée avec l’époque médiévale et prétend proposer un projet universel concurrent à l’universalisme occidental jugé décadent et matérialiste.

    27Au final, la littérature de Sansal ne prétend pas défendre l’idée de lois de l’histoire mais plutôt de lois dans l’histoire. La fiction lui sert simplement de surface de projection à l’avènement non pas d’un islamisme terroriste à l’instar de celui de Daech ou Boko Haram, mais plutôt d’un islamisme radical qui mine l’Occident de l’intérieur en mobilisant l’instrument de la culpabilité née de la domination coloniale et la « naïveté » des sociétés ouvertes38. À travers le danger du totalitarisme islamique né en Égypte avec les Frères musulmans, l’auteur algérien repose la question de la vulnérabilité de la démocratie libérale, enjeu partiellement oublié après la fin de la guerre froide dans le contexte de « fin de l’histoire » annoncée par Fukuyama.

    Du nécessaire détour par la littérature pour reposer la question de la plus-value heuristique

    28Né à « l’âge des extrêmes » pour qualifier un régime politique d’un type nouveau, le concept de totalitarisme n’a pas disparu avec la fin de la guerre froide. Sur le plan scientifique, il incarne une manière un peu dépassée de débattre de la nature des dictatures nazie et communiste car il reste prisonnier d’une approche taxinomique fondée sur le recours à des critères statiques. Dans le champ politico-médiatique, que ce soit sous la forme du substantif singulier ou de l’adjectif, il continue aujourd’hui d’être régulièrement mobilisé pour disqualifier pêle-mêle un pays autoritaire ou non (la Chine, la Corée du Nord, la France, l’Espagne), un ensemble régional (l’Union européenne présentée sur le site conspirationniste Agoravox comme « un totalitarisme à la Soviet »), un homme d’État (le Rassemblement national assimilant récemment la gouvernance du président Macron à un « totalitarisme »), les données numériques (open data), le mouvement d’interdépendance des économies (dénoncée par certains auteurs comme une « mondialisation totalitaire ») ou une politique sanitaire visant à développer des logiques plus ou moins contraignantes de confinement.

    29Sur le plan citoyen, le concept de totalitarisme n’a rien perdu de sa pertinence et de sa puissance analytique lorsqu’on privilégie une approche croisant une perspective idéal-typique et phénoménologique. À travers l’exemple des romans de Boualem Sansal, on se rend compte comment un écrivain teste les critères de la violence et de la puissance de l’idéologie sur les terrains de la démocratie française en crise et de la dictature algérienne sclérosée en montrant la nature et la singularité du projet islamiste. Le totalitarisme a encore toute sa place dans l’arsenal des intellectuels engagés. Reste peut-être aux historiens du temps présent à se réapproprier ce concept de guerre froide, en mettant à distance les affrontements et les polémiques scientifico-politiques du passé. Faire un détour par la littérature, souvent mieux à même de décrire l’impact du politique sur le social, peut permettre aux historiens de tester à nouveau ce concept analytique non pas à partir de critères statiques, mais en interrogeant à partir de terrains d’enquête post-guerre froide la manière dont idéologie et violence se déploient pour miner la démocratie libérale.

    Notes de bas de page

    1Rousset David, L’Univers concentrationnaire, Paris, Les Éditions de Minuit, 1989, p. 181.

    2Bruneteau Bernard, Le totalitarisme. Origine d’un concept, genèse d’un début 1930-1942, Paris, Éditions du Cerf, 2010. Voir aussi Baudouin Jean et Bruneteau Bernard, Le totalitarisme : un concept et ses usages, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.

    3Denis Juliette, « Autour de la violence de guerre. Entretien avec Christian Ingrao », Tracés. Revue de Sciences humaines, en ligne, no 14, 2008, [http://journals.openedition.org/traces/395] ; DOI : [https://doi.org/10.4000/traces.395], mis en ligne le 30 mai 2009, consulté le 13 juillet 2023.

    4Dans le cas du fascisme, voir la tentative de réhabilitation reposant sur la centralité de la violence par Matard-Bonucci Marie-Anne, Totalitarisme fasciste, Paris, CNRS Éditions, 2018.

    5Behrends Jan, « Diktatur: Moderne Gewaltherrschaft zwischen Leviathan und Behemoth », Docupedia-Zeitgeschichte, 2012, [https://docupedia.de/zg/Diktatur?oldid=82277].

    6Lefort Claude, L’invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1981, p. 102.

    7Aron Raymond, Démocratie et totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965.

    8Stammer Otto, « Aspekte der Totalitarismus-Forschung », Soziale Welt, vol. 12, no 2, 1961, p. 97.

    9Greifenhagen Martin, « Der Totalitarismusbegriff in der Regimenlehre », Politische Vierteljahresschrift, 9-3, 1968, p. 372-396.

    10Christian Michel et Droit Emmanuel, « Écrire l’histoire du communisme : l’histoire sociale de la RDA et de la Pologne communiste en Allemagne, en Pologne et en France », Genèses, no 61, 2005 p. 118-133.

    11Rowell Jay, « L’étonnant retour du “totalitarisme”. Réflexions sur le “tournant” de 1989 et l’historiographie de la RDA », Politix, no 47, 1999, p. 131-150.

    12Behr Valentin, « La politique publique de l’Histoire et le “bon changement” en Pologne », Revue d’études comparatives Est-Ouest, no 1, 2020, p. 73-103.

    13Pour un aperçu du rapport entre historiens et pouvoir politique en RDA, voir Sabrow Martin, Das Diktat des Konsenses. Geschichtswissenschaft in der DDR 1949-1969, Oldenbourg, De Gruyter, 2001.

    14Mitter Armin et Wolle Stefan, Untergang auf Raten. Unbekannte Kapitel der DDR-Geschichte, Munich, Bertelsmann, 1993.

    15Après avoir rédigé avec Joachim Gauck, l’actuel président de la RFA, la contribution sur les crimes politiques de la RDA dans la version allemande du Livre noir du communisme publié en 1998, il publia une histoire de l’opposition en RDA. Neubert Ehrhart, Geschichte der Opposition in der DDR 1949-1989, Berlin, Links Verlag, 1997.

    16Sabrow Martin, Jessen Ralph et Große Kracht Klaus (dir.), Zeitgeschichte als Streitgeschichte. Große Kontroversen seit 1945, Munich, Beck, 2003.

    17Pour le cas de l’approche comparée entre stalinisme et nazisme, voir Geyer Michael et Fitzpatrick Sheila (dir.), Beyond Totalitarianism. Stalinism and Nazism Compared, Cambridge, Cambridge University Press, 2009.

    18Courtois Stéphane (dir.), Le livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Paris, Robert Laffont, 1997.

    19Behr Valentin, Blaive Muriel et Constantin Anenoma et al., « An anti-communist Consensus: The Black Book of communism in Pan-European Perspective », Revue d’études comparatives Est-Ouest, no 2-3, 2020, p. 55-88.

    20[http://archives.assemblee-nationale.fr/11/cri/1997-1998-ordinaire1/058.pdf].

    21[https://www.youtube.com/watch?v=LhFH_5jKM1c].

    22[https://www.lepoint.fr/politique/patrick-mignola-confiner-les-plus-vulnerables-c-est-le-debut-du-totalitarisme-11-11-2020-2400526_20.php].

    23Söllner Alfons, « Totalitarismus. Eine notwendige Denkfigur des 20. Jahrhunderts », Mittelweg. Zeitschrift des Hamburger Instituts für Sozialforschung, 36/2, 1993, p. 83-88.

    24Manow Philip, (Ent-)Demokratisierung der Demokratie, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2020 ; Möllers Christoph, Freiheitsgrade – Elemente einer liberalen politischen Mechanik, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2020.

    25Arendt Hannah, Les Origines du totalitarisme, Paris, Gallimard, 2002, p. 709 et suivantes.

    26Orwell Georges, Œuvres, édition publiée sous la direction de Philippe Jaworski, avec la collaboration de Véronique Béghain, Marc Chénetier et Patrice Repusseau, no 651, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2020.

    27Eggers Dave, Le cercle, Paris, Gallimard, 2016.

    28Bauer Yehuda, « Der dritte Totalitarismus », Die Zeit, no 32, 2003.

    29Entretien réalisé avec Boualem Sansal à l’occasion de la parution du Train d’Erlingen en 2018, [http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Boualem-Sansal.-Le-train-d-Erlingen] (erreur en 2025).

    30Sansal Boualem, Gouverner au nom d’Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe, Paris, Gallimard, 2013.

    31Bougarel Xavier, La division Handschar. Waffen-SS de Bosnie, Paris, Passés composés, 2020.

    32Entretien réalisé avec Boualem Sansal à l’occasion de la parution du Train d’Erlingen en 2018, op. cit.

    33Sansal Boualem, 2084. La fin du monde, Paris, Gallimard, 2015.

    34Mégevand Martin, « Le Village de l’Allemand : entretien avec Boualem Sansal », Littérature, no 154, 2009, p. 108-117.

    35Sansal Boualem, Le Village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller, Paris, Gallimard, 2008, p. 126.

    36Ibid., p. 129.

    37Daech est formé à partir du mot arabe Dawla qui désigne, « révolution », « table rase ». Atran Scott, L’État islamique est une révolution, Paris, Les Liens qui libèrent, 2016.

    38« Dans cinquante ans, le totalitarisme islamique est plausible : entretien avec Boualem Sansal », Revue des Deux Mondes, décembre 2015-janvier 2016, p. 109-116.

    Auteur

    • Emmanuel Droit

      Sciences Po Strasbourg.

      Emmanuel Droit est professeur d’histoire contemporaine à Sciences Po Strasbourg et directeur adjoint du Laboratoire interdisciplinaires d’études culturelles de l’université de Strasbourg (LinCS). Spécialiste de l’histoire de la RDA, ses recherches portent également sur l’histoire de la guerre froide et de la mémoire collective en Europe. Publications récentes : La Dénazification. Protohistoire du IIIe Reich, Paris, PUF, 2024 ; Les suicidés de Demmin. 1945, un cas de violence de guerre, Paris, Gallimard 2021 ; 24 heures de la vie en RDA, Paris, PUF, 2020 ; Les polices politiques du bloc de l’Est, Paris, Gallimard, 2019.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0

    Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de livres
    Vers un homme nouveau ?

    Vers un homme nouveau ?

    L’éducation socialiste en RDA (1949-1989)

    Emmanuel Droit

    2009

    Voir plus de livres
    Vers un homme nouveau ?

    Vers un homme nouveau ?

    L’éducation socialiste en RDA (1949-1989)

    Emmanuel Droit

    2009

    Voir plus de chapitres

    D’une frontière détruite à une frontière patrimonialisée : le mur de Berlin et la mémoire officielle de la RDA (1989-2009)

    Emmanuel Droit

    Le RPF dans les zones françaises d’occupation en Allemagne (1947-1958)

    Emmanuel Droit

    La divergence des temps historiques dans l’Europe réunifiée ou le défi d’une « mémoire juste »

    Emmanuel Droit

    Voir plus de chapitres
    1 / 3

    D’une frontière détruite à une frontière patrimonialisée : le mur de Berlin et la mémoire officielle de la RDA (1989-2009)

    Emmanuel Droit

    Le RPF dans les zones françaises d’occupation en Allemagne (1947-1958)

    Emmanuel Droit

    La divergence des temps historiques dans l’Europe réunifiée ou le défi d’une « mémoire juste »

    Emmanuel Droit

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Presses universitaires de Rennes
    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    ePub / PDF

    1Rousset David, L’Univers concentrationnaire, Paris, Les Éditions de Minuit, 1989, p. 181.

    2Bruneteau Bernard, Le totalitarisme. Origine d’un concept, genèse d’un début 1930-1942, Paris, Éditions du Cerf, 2010. Voir aussi Baudouin Jean et Bruneteau Bernard, Le totalitarisme : un concept et ses usages, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.

    3Denis Juliette, « Autour de la violence de guerre. Entretien avec Christian Ingrao », Tracés. Revue de Sciences humaines, en ligne, no 14, 2008, [http://journals.openedition.org/traces/395] ; DOI : [https://doi.org/10.4000/traces.395], mis en ligne le 30 mai 2009, consulté le 13 juillet 2023.

    4Dans le cas du fascisme, voir la tentative de réhabilitation reposant sur la centralité de la violence par Matard-Bonucci Marie-Anne, Totalitarisme fasciste, Paris, CNRS Éditions, 2018.

    5Behrends Jan, « Diktatur: Moderne Gewaltherrschaft zwischen Leviathan und Behemoth », Docupedia-Zeitgeschichte, 2012, [https://docupedia.de/zg/Diktatur?oldid=82277].

    6Lefort Claude, L’invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1981, p. 102.

    7Aron Raymond, Démocratie et totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965.

    8Stammer Otto, « Aspekte der Totalitarismus-Forschung », Soziale Welt, vol. 12, no 2, 1961, p. 97.

    9Greifenhagen Martin, « Der Totalitarismusbegriff in der Regimenlehre », Politische Vierteljahresschrift, 9-3, 1968, p. 372-396.

    10Christian Michel et Droit Emmanuel, « Écrire l’histoire du communisme : l’histoire sociale de la RDA et de la Pologne communiste en Allemagne, en Pologne et en France », Genèses, no 61, 2005 p. 118-133.

    11Rowell Jay, « L’étonnant retour du “totalitarisme”. Réflexions sur le “tournant” de 1989 et l’historiographie de la RDA », Politix, no 47, 1999, p. 131-150.

    12Behr Valentin, « La politique publique de l’Histoire et le “bon changement” en Pologne », Revue d’études comparatives Est-Ouest, no 1, 2020, p. 73-103.

    13Pour un aperçu du rapport entre historiens et pouvoir politique en RDA, voir Sabrow Martin, Das Diktat des Konsenses. Geschichtswissenschaft in der DDR 1949-1969, Oldenbourg, De Gruyter, 2001.

    14Mitter Armin et Wolle Stefan, Untergang auf Raten. Unbekannte Kapitel der DDR-Geschichte, Munich, Bertelsmann, 1993.

    15Après avoir rédigé avec Joachim Gauck, l’actuel président de la RFA, la contribution sur les crimes politiques de la RDA dans la version allemande du Livre noir du communisme publié en 1998, il publia une histoire de l’opposition en RDA. Neubert Ehrhart, Geschichte der Opposition in der DDR 1949-1989, Berlin, Links Verlag, 1997.

    16Sabrow Martin, Jessen Ralph et Große Kracht Klaus (dir.), Zeitgeschichte als Streitgeschichte. Große Kontroversen seit 1945, Munich, Beck, 2003.

    17Pour le cas de l’approche comparée entre stalinisme et nazisme, voir Geyer Michael et Fitzpatrick Sheila (dir.), Beyond Totalitarianism. Stalinism and Nazism Compared, Cambridge, Cambridge University Press, 2009.

    18Courtois Stéphane (dir.), Le livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Paris, Robert Laffont, 1997.

    19Behr Valentin, Blaive Muriel et Constantin Anenoma et al., « An anti-communist Consensus: The Black Book of communism in Pan-European Perspective », Revue d’études comparatives Est-Ouest, no 2-3, 2020, p. 55-88.

    20[http://archives.assemblee-nationale.fr/11/cri/1997-1998-ordinaire1/058.pdf].

    21[https://www.youtube.com/watch?v=LhFH_5jKM1c].

    22[https://www.lepoint.fr/politique/patrick-mignola-confiner-les-plus-vulnerables-c-est-le-debut-du-totalitarisme-11-11-2020-2400526_20.php].

    23Söllner Alfons, « Totalitarismus. Eine notwendige Denkfigur des 20. Jahrhunderts », Mittelweg. Zeitschrift des Hamburger Instituts für Sozialforschung, 36/2, 1993, p. 83-88.

    24Manow Philip, (Ent-)Demokratisierung der Demokratie, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2020 ; Möllers Christoph, Freiheitsgrade – Elemente einer liberalen politischen Mechanik, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2020.

    25Arendt Hannah, Les Origines du totalitarisme, Paris, Gallimard, 2002, p. 709 et suivantes.

    26Orwell Georges, Œuvres, édition publiée sous la direction de Philippe Jaworski, avec la collaboration de Véronique Béghain, Marc Chénetier et Patrice Repusseau, no 651, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2020.

    27Eggers Dave, Le cercle, Paris, Gallimard, 2016.

    28Bauer Yehuda, « Der dritte Totalitarismus », Die Zeit, no 32, 2003.

    29Entretien réalisé avec Boualem Sansal à l’occasion de la parution du Train d’Erlingen en 2018, [http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Boualem-Sansal.-Le-train-d-Erlingen] (erreur en 2025).

    30Sansal Boualem, Gouverner au nom d’Allah. Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe, Paris, Gallimard, 2013.

    31Bougarel Xavier, La division Handschar. Waffen-SS de Bosnie, Paris, Passés composés, 2020.

    32Entretien réalisé avec Boualem Sansal à l’occasion de la parution du Train d’Erlingen en 2018, op. cit.

    33Sansal Boualem, 2084. La fin du monde, Paris, Gallimard, 2015.

    34Mégevand Martin, « Le Village de l’Allemand : entretien avec Boualem Sansal », Littérature, no 154, 2009, p. 108-117.

    35Sansal Boualem, Le Village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller, Paris, Gallimard, 2008, p. 126.

    36Ibid., p. 129.

    37Daech est formé à partir du mot arabe Dawla qui désigne, « révolution », « table rase ». Atran Scott, L’État islamique est une révolution, Paris, Les Liens qui libèrent, 2016.

    38« Dans cinquante ans, le totalitarisme islamique est plausible : entretien avec Boualem Sansal », Revue des Deux Mondes, décembre 2015-janvier 2016, p. 109-116.

    L’Europe et le totalitarisme

    X Facebook Email

    L’Europe et le totalitarisme

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    L’Europe et le totalitarisme

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Droit, E. (2025). À quoi sert encore aujourd’hui le concept de totalitarisme ?. In F. Hourmant (éd.), L’Europe et le totalitarisme (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/149kf
    Droit, Emmanuel. « À quoi sert encore aujourd’hui le concept de totalitarisme ? ». In L’Europe et le totalitarisme, édité par François Hourmant. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2025. https://doi.org/10.4000/149kf.
    Droit, Emmanuel. « À quoi sert encore aujourd’hui le concept de totalitarisme ? ». L’Europe et le totalitarisme, édité par François Hourmant, Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/149kf.

    Référence numérique du livre

    Format

    Hourmant, F. (éd.). (2025). L’Europe et le totalitarisme (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/149p0
    Hourmant, François, éd. L’Europe et le totalitarisme. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2025. https://doi.org/10.4000/149p0.
    Hourmant, François, éditeur. L’Europe et le totalitarisme. Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/149p0.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires de Rennes

    Presses universitaires de Rennes

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.pur-editions.fr

    Email : pur@univ-rennes2.fr

    Adresse :

    2, avenue Gaston Berger

    CS 24307

    F-35044

    Rennes

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement