18 mars 1962 : les accords d’Évian
L’Europe, sujet absent de la décolonisation
p. 49-62
Texte intégral
1L’Europe, au moment où elle devient une réalité politique, sous l’effet d’une dynamique qu’éclairent, notamment, les travaux de Bernard Bruneteau, est inexistante face à la décolonisation. À l’inverse de la conférence de Berlin qui avait vu, en 1884-1885, les pays européens s’accorder sur le partage de l’Afrique, les futures anciennes puissances coloniales agissent en ordre dispersé alors même que le sort des « Européens » est invoqué dans certaines négociations visant à mettre fin à leur domination. C’est ainsi que sont désignés les pieds-noirs, soit le million de personnes installé en Algérie, parfois depuis plusieurs générations1. Tout se passe comme si la qualité d’Européens ne valait que pour se différencier de ceux que les colonisateurs ont nommés les « indigènes ». Comment expliquer la disjonction entre les premiers pas d’une Europe politique et l’absence de tout horizon européen dans le processus qui aboutira à l’émancipation des colonies et plus particulièrement aux accords d’Évian, mettant fin à la guerre d’Algérie le 18 mars 1962 ? La question, contre-intuitive, peut sembler purement rhétorique, tant la constitution d’une Europe politique est inaccomplie. Et pourtant, elle mérite d’être posée tant les dynamiques qu’elle met à jour éclairent des enjeux géopolitiques encore très actuels.
Les puissances coloniales en déroute
2Comme la plupart des puissances coloniales, la France a octroyé l’indépendance à ses colonies sous la contrainte, alors qu’elle avait ratifié, elle aussi, la Charte des Nations unies prescrivant « l’autodétermination des peuples ». L’Angleterre quitte la péninsule indienne dans des conditions dramatiques sur fond de guerre civile, de partition du Pakistan et de conflit autour du Cachemire : on dénombrera 500 000 morts et 17 millions de personnes déplacées dans la deuxième moitié de l’année 1947. Par la suite les Britanniques ont émancipé successivement la Birmanie et Ceylan en 1948 et plus tardivement, la Malaisie, en 1956. Au début des années 1950, ils ont engagé le transfert de compétences pour leurs colonies africaines. Dans les Indes néerlandaises, la médiation de l’ONU a convaincu les Pays-Bas, en guerre contre Sukarno, de concéder finalement l’indépendance à ce qui deviendra l’Indonésie, en décembre 1949. En 1951, la Libye a finalement accédé à l’indépendance après l’échec de diverses tentatives visant à maintenir le pays sous tutelle de puissances européennes. La Belgique, sourde aux revendications d’indépendance, rend public, en 1955, le Plan de trente ans pour l’émancipation de l’Afrique belge, du professeur Jef Van Bilsen. Cela n’empêchera pas le Congo cinq années plus tard, d’arracher son indépendance. En Asie, il fallut la cuisante défaite de Dien-Bien Phu, en 1954, pour que la France se retire de l’Indochine. En 1955, celle-ci émancipe finalement ses anciens protectorats de Tunisie et du Maroc. En donnant satisfaction aux nationalistes des deux pays du Maghreb, la France obéit moins à la pression internationale qu’elle ne cherche à concentrer les efforts sur le maintien d’une Algérie française.
3Aux yeux du monde, c’est probablement l’expédition de Suez qui symbolise le plus l’érosion rapide du pouvoir des Européens outre-mer. Le scénario est bien connu : en riposte à la décision de Nasser de nationaliser le canal de Suez, une expédition, fomentée dans le plus grand secret par la France, la Grande-Bretagne et Israël, tourne au fiasco politique. Le 6 novembre 1956, Français et Britanniques doivent se retirer sur sommation de l’ONU et sous la pression des Américains et des Soviétiques. La reculade des deux puissances impériales face au Raïs est interprétée dans le monde entier comme un véritable camouflet. Indice d’un nouveau rapport de force entre le Nord et le Sud, l’épisode révèle aussi que face aux deux grands, la France et la Grande-Bretagne sont des puissances de deuxième ordre.
4Après avoir reculé sur d’autres fronts, la France ne quitte l’Algérie qu’au terme de huit années d’une « sale guerre2 ». Le conflit s’est ainsi éternisé car l’Algérie n’était pas considérée comme n’importe quelle colonie. Près d’un million de colons français y vivaient, soit 10 % de la population, le plus souvent modestement. D’un point de vue stratégique, le Sahara était perçu comme irremplaçable pour ses réserves de pétrole et de gaz et la possibilité d’y réaliser, dans le désert des expérimentations nucléaires3. Last but not least, nombre de dirigeants français étaient convaincus que l’abandon de l’Algérie marquerait le début du déclin français et celui de « l’Occident ». L’envoi du contingent puis des rappelés, à partir de 1956, transforma le caractère de la guerre, celle-ci concernant désormais l’ensemble de la société française.
5Sur le plan intérieur, le pouvoir politique français eut à lutter sur plusieurs fronts. Les soutiens de l’indépendance et les militants du FLN surent agréger des soutiens de plus en plus nombreux en Algérie comme en métropole au sein d’une population de plus en plus lasse d’un conflit interminable. Le discours de de Gaulle sur l’autodétermination, en septembre 1959, provoqua une nouvelle radicalisation des tenants de l’Algérie française. À la guerre coloniale s’ajouta un conflit franco-français entre les défenseurs de l’Algérie française et les partisans de la paix par l’indépendance. À partir de 1961, le terrorisme de l’OAS alimenta une nouvelle spirale de violence. Plus l’indépendance apparaissait comme inéluctable, plus la répression conduite par l’État français, en Algérie comme en métropole, semblait incompréhensible. Les méthodes employées sur place par l’armée avec, en particulier, l’emploi systématique de la torture contribuèrent à élargir le camp des partisans de la paix. En métropole, la répression féroce contre les Algériens manifestant pacifiquement le 17 octobre 1961 ou au métro Charonne le 8 février 1962, manifestaient les dérives de l’Etat de droit en contexte de crise4.
6Le contraste entre ces évolutions, désormais bien étudiées, et une politique étrangère dont la France est partie prenante – visant à garantir la paix en Europe et dans le monde, qu’il s’agisse du rapprochement franco-allemand qui aboutira au traité de l’Élysée ou de la construction européenne – peut donner le sentiment d’une forme de schizophrénie dans l’attitude des dirigeants de la IVe puis de la Ve République.
L’Europe isolée et la France en accusation
7Dans le contexte des luttes anticoloniales, des solidarités régionales se forment en opposition à l’Europe, une Europe désormais synonyme de colonialisme et d’oppression. Pour accélérer le processus de décolonisation, les pays du tiers monde ont su taire leurs divergences pour s’unir au plan régional. La conscience d’une communauté de destin et d’intérêts conduit à la formation du groupe des pays « afro-asiatiques » au sein de l’ONU, entité en première ligne lors de la conférence de Bandung, en avril 1955. Parce qu’Européen, et en dépit de son engagement en faveur du neutralisme, Tito n’a pas été invité à Bandung. Pour les mêmes raisons, l’URSS, considérée comme État blanc et européen ne fut pas conviée. Beaucoup des observateurs de la conférence y ont vu l’expression d’un sentiment anti-européen et quelquefois « anti-blanc ». Pourtant, le communiqué final, fruit d’un compromis, réaffirmait une conception universelle des droits de l’homme telle qu’exprimée dans la Charte de l’ONU et, en appelant à une multiplication des échanges entre l’Afrique et l’Asie, préconisait une conception très ouverte des échanges culturels :
« Ce n’est pas en se plaçant à un point de vue d’exclusivité ou de rivalité avec d’autres Nations, d’autres civilisations et d’autres cultures, que la Conférence considère le développement de la coopération culturelle dans les pays africains et asiatiques. Fidèle à une tradition séculaire de tolérance et d’universalité, la Conférence estime que la coopération culturelle asiatique et africaine doit se développer dans le contexte plus large de la coopération mondiale. »
8Au sein des Nations unies, le groupe afro-asiatique fit prévaloir le même type d’approche, comme en 1960, lors de l’adoption de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés réitérant : « La sujétion des peuples à une domination étrangère constitue un déni des droits fondamentaux de l’homme. »
9Lors des débats entre pays afro-asiatiques, la guerre d’Algérie est un sujet récurrent. Dès la conférence de Bandung, une mise en demeure avait été adressée à la France :
« En ce qui concerne la situation instable en Afrique du Nord et le refus persistant d’accorder aux peuples d’Afrique du Nord leur droit à disposer d’eux-mêmes, la conférence afro-asiatique déclare appuyer les droits des peuples d’Algérie, du Maroc et de Tunisie à disposer d’eux-mêmes et à être indépendants, et elle presse le gouvernement français d’aboutir sans retard à une solution pacifique de cette question. »
10Dans les pays récemment indépendants, notamment au Maghreb et au Moyen-Orient, des réseaux de solidarité se mettent en place. Plus de la moitié des financements du FLN proviennent des pays arabes : si l’appui de l’Égypte, de la Tunisie et du Maroc est plus symbolique que réel, le Koweït, l’Arabie Saoudite et l’Irak sont de gros contributeurs. La caisse centrale du FLN est installée à Damas. La Chine apporte son soutien financier au FLN tandis que l’URSS et les pays de l’Est, fournissent la rébellion en armes. Sur le plan politique et stratégique, les indépendantistes algériens installent des bases arrière dans les anciens protectorats français : les structures dirigeantes du FLN et le GPRA sont accueillis à Tunis tandis que les forces de l’ALN stationnent, dans différents camps d’entrainement, le long de la frontière avec le Maroc. Partout dans le monde, les représentants de l’arabisme popularisent la lutte du peuple algérien avec le concours d’États aux intérêts parfois divergents5.
11Dans ce contexte d’accélération des décolonisations, la stratégie du FLN s’est donc habilement déployée, pariant notamment sur l’internationalisation du conflit. Des émissaires ont été envoyés dans le monde entier pour recueillir des soutiens, avec des porte-parole tels que Franz Fanon ou Mohammed Yazid, bientôt ministre de l’Information du GPRA. En Asie, de nombreux pays accueillent aussi une représentation du FLN. En Europe, des bureaux du FLN sont implantés dès 1954 à Madrid et Montreux, puis, en 1955 à Helsinki et Stockholm, et l’année suivante à Londres. En 1958, c’est au tour de Bonn et de Rome.
12L’isolement de l’Europe et bientôt de la France est d’autant plus accentué que les deux Grands attisent les braises de la décolonisation. L’URSS multiplie les manœuvres de séduction en direction des pays du Tiers Monde, notamment lors du voyage de Khrouchtchev dans le Sud-Est asiatique, en décembre 1955. La Chine s’offre aussi comme protecteur « sans oppression » des nouvelles nations. Quant aux Américains, embarrassés par le dossier algérien, partagés entre la volonté de garder la France dans le bloc atlantique et de ménager leurs pions sur l’échiquier de la guerre froide, ils tenteront d’œuvrer pour un règlement amiable de la question, sans jamais entrer en crise ouverte avec leur alliée6. Ils n’en soutiendront pas moins de plus en plus ouvertement, les aspirations des Algériens à l’indépendance, d’autant plus que le FLN exploite habilement les différences de vue entre Washington et Paris. Plus l’enceinte des Nations unies s’élargit (de 1945 à 1962, on passe de 51 à 109 pays) plus il devient difficile de tenir les avis exprimés pour quantité négligeable, et, en particulier, les résolutions évoquant spécifiquement la question algérienne. Pour la première fois, en 1958, les Américains s’abstiennent quand, jusque-là, ils avaient voté contre. Celle du 19 décembre 1960 réitère le souhait de voir s’établir des négociations « pour une juste solution de la question algérienne ».
Les Etats européens face à la question algérienne : entre divergences et rivalités
13À la différence des États récemment émancipés qui activent des solidarités régionales, au nom de l’arabisme, de l’africanisme ou de l’afro-asiatisme, les pays européens ne poseront à aucun moment la question coloniale de manière globale ou régionale, alors même que le processus de construction européenne était en cours. La décolonisation et l’intégration européenne sont des horizons envisagés séparément ou, comme c’est le cas lors de la signature du traité de Rome, dans la continuité des relations établies dans un cadre colonial. Pourtant, la crise de Suez n’a pas seulement été une humiliation géopolitique pour la France et la Grande-Bretagne mais elle a fait comprendre aux Européens les bouleversements des équilibres géopolitiques et la précarité de leur approvisionnement énergétique. D’où, au lendemain de la crise, une relance des négociations d’Euratom et des négociations du Marché commun. La France et la Belgique plaident alors pour la constitution d’une « Eurafrique associée au Marché commun »7. Mais en pleine guerre d’Algérie, la proposition ne fait pas l’unanimité, la RFA, l’Italie et les Pays-Bas craignant de passer pour des soutiens au colonialisme français. L’insistance de la France permettra cependant d’arracher un compromis, soit l’association de l’Outre-mer au Marché commun pour une période d’essai de cinq ans.
14Plus la guerre d’Algérie se prolonge, plus la cohésion intereuropéenne est mise à l’épreuve, les alliés de la France se trouvant tiraillés entre devoir de solidarité occidentale et intérêt géopolitique, entre tiers-mondisme et anticommunisme. La Grande-Bretagne, l’Italie ou les Pays-Bas, récemment contraints d’abandonner leurs possessions d’Outre-mer, n’ont guère de raison d’accepter une éventuelle exception française. En février 1960, devant le Parlement sud-africain Harold MacMillan, alors Premier ministre, a jugé inexorable la marche des peuples pour leur indépendance, tant souffle fort le « vent du changement ». Condamnée pour son caractère anachronique, la politique française est aussi jugée à l’aune de sa brutalité extrême, dans un contexte où la mémoire de la Seconde Guerre mondiale n’est pas très lointaine. Le 8 février 1958, le bombardement du village tunisien de Sakhiet Sidi Youssef a suscité une réprobation généralisée, isolant encore un peu plus la puissance coloniale.
15Face à la guerre d’Algérie, les États européens obéissent aussi à des logiques de realpolitik. Celle-ci vient réactiver les rivalités traditionnelles des nations latines en Méditerranée. Mise au ban de la communauté internationale par la résolution des Nations unies du 12 décembre 1946, l’Espagne franquiste a d’abord vu dans le soutien aux nationalistes arabes, en particulier au Maroc, le moyen de retrouver un poids sur la scène internationale, d’obtenir la levée des sanctions8. Jusqu’à l’indépendance du Maroc, la propagande du régime met l’accent sur les liens unissant, au passé comme au présent, le Maghreb et la péninsule ibérique allant même jusqu’à affirmer que parmi les Européens d’Algérie, les Espagnols d’origine sont ceux qui entretiennent les meilleures relations avec la population locale. Cette attitude évolue cependant au tournant de la décennie, en raison des intérêts espagnols au Sahara, de la guerre froide et de l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle dont Franco se sent proche. Ce contexte amène le gouvernement espagnol à opérer un virage à 180 degrés. Le bureau du FLN à Madrid est fermé en 1958 et le gouvernement espagnol contribue désormais à la surveillance des nationalistes algériens. En affichant sa solidarité avec la France, l’Espagne cherche à consolider sa place dans le camp atlantique et c’est grâce à l’appui de son alliée qu’elle rejoint l’OECE en janvier 1958. Selon le général Barroso, ministre des Armées et proche de Franco :
« Le généralissime a été longtemps convaincu, ou du moins il a espéré que l’Espagne pourrait jouer un rôle utile auprès du monde arabe, celui d’un intermédiaire entre l’Occident et le monde musulman. Mais, dans son esprit, il ne peut être question que cela se fasse au détriment de la France en Algérie ou de l’Europe en général en Afrique, au détriment d’une solidarité qui est plus importante et plus nécessaire que tout le reste. Le continent africain se trouve actuellement menacé dans son ensemble par toutes les forces du communisme et de la subversion. C’est un fait que nous avons été obligés de constater et qui a entraîné dans notre politique une véritable volte-face9. »
16L’Italie, après le traité de Paris et l’abandon de la Libye n’a pas renoncé à jouer un rôle en Méditerranée. Comme l’Espagne, celle-ci espère occuper une position stratégique entre « l’Orient » et l’Occident, en particulier après le départ de la France de la Tunisie et du Maroc10. Lors du conflit franco-algérien, l’Italie oscillera constamment entre une solidarité de principe à l’égard de la France et la volonté de se démarquer du jusqu’au-boutisme colonial français. D’où des tensions récurrentes entre les deux pays. Si le quai d’Orsay est prêt à mettre sur le compte de l’impuissance des forces de l’ordre italiennes le trafic d’armes à destination du FLN qui se déroule dans la péninsule, il accepte difficilement la présence de nationalistes algériens, l’installation, à Rome, d’un bureau du FLN dans l’ambassade de Tunisie puis dans celle de la République arabe unie. Cette bienveillance à l’égard du FLN est vue par les diplomates français comme un effet du poids politique du courant des « démos-musulmans » (Gronchi, Fanfani, La Pira), soit l’aile gauche de la démocratie chrétienne, favorable au nationalisme arabe par anticommunisme et intérêt stratégique. Les diplomates français accusent également Enrico Mattei, président de l’ENI (Ente Nazionale Idrocarburi), perçu comme le leader des « démos-musulmans », d’apporter une aide directe au FLN. En octobre 1958, le premier colloque méditerranéen organisé à Florence à l’initiative du maire de la ville Giorgio La Pira, lors duquel sont invités des représentants du FLN, et, en particulier Ahmed Boumendjel, porte-parole du GPRA, est considéré comme une véritable provocation11. La position de La Pira comme celle des démocrates-chrétiens proches de lui, est dictée autant par une approche religieuse que par des objectifs stratégiques. Dans une lettre adressée à Gronchi, en juillet 1957, il expose sa vision géopolitique des liens entre les peuples du Maghreb et l’Europe, vision non dénuée de paternalisme et d’aveuglement sur ce qu’a été le passé colonial de l’Italie :
« Ce vaste monde de jeunes peuples en train de devenir adultes est à la recherche d’un guide : lequel ? Un guide en matière sociale (travail, progrès social, etc.) et spirituel et religieux : il ne cherche pas un guide aveugle (si un aveugle en conduit un autre !) : il cherche un phare, une lumière qui soit à la fois humaine et divine. Quelle nation assumera ce “service”, cette fonction de coordination ? La Russie ? Non, impossible parce qu’elle est matérialiste et athée. L’Amérique ? Il lui manque les deux notes essentielles pour exercer cette fonction de guide : la beauté et la prière : elle est trop riche et cette richesse excessive lui interdit la beauté et la prière… La France et l’Angleterre ? On leur reproche – comme on dit – le colonialisme : c’est surtout vrai pour la France. L’Espagne ? La réponse n’est pas difficile à donner aujourd’hui. Et alors ? Reste l’Italie12. »
17En toile de fond, la DC peut se sentir encouragée par le Vatican dont l’attitude de plus en plus conciliante à l’égard des peuples en voie d’émancipation répond à la volonté de préserver les positions de l’Église catholique dans ses anciennes terres de mission, Algérie comprise. Dans son message de Noël 1955, Pie XII se prononce pour un processus d’évolution « vers l’autonomie politique des peuples colonisés ».
18La guerre complexifie aussi les relations entre la France et la RFA, sans compromettre pour autant le rapprochement des deux pays et le dessein commun vers l’intégration européenne. Le passé expansionniste nazi, l’affichage, dans la RDA voisine d’un discours anti-impérialiste sans ambigüité, ne peuvent qu’encourager les dirigeants allemands à se montrer compréhensifs avec les indépendantistes. Au risque de tensions avec la France, les autorités de RFA tolèrent, comme on l’a vu, une représentation du FLN dans les ambassades de Tunisie, puis du Maroc13 tandis que 2 à 3 000 réfugiés algériens vivent sur le sol national. Les activités à caractère culturel ou humanitaire sont tolérées mais les manifestations politiques sont étroitement surveillées14. Hambourg n’en devient pas moins la plaque tournante d’un trafic d’armes en provenance de l’Est et à destination du Maghreb avec l’aide d’armateurs ou de courtiers allemands.
19Par rapport à ces différents pays, la Grande-Bretagne se montre l’un des partenaires européens les plus compréhensifs. En prise avec sa propre décolonisation en Afrique, au Soudan dès 1956 et qui se prolonge jusqu’en 1968 avec la perte du Swaziland, celle-ci a pu observer de quelle manière la présence, comme au Kenya devenu indépendant en 1963, d’une importante colonie de peuplement, compliquait les scénarios de la décolonisation. Jusqu’à la crise de Suez, celle-ci fait preuve d’une solidarité sans faille vis-à-vis de la France15. Par la suite, un réalignement sur la position américaine la conduit à prendre ses distances, tout particulièrement après le bombardement de Sakiet Sidi Youssef, en Tunisie, sans jamais adopter une position de franche critique comparable à celle des Américains.
20Si les divisions apparues lors du conflit algérien n’ont, à aucun moment, compromis la cohésion du bloc occidental, l’incompréhension de ses partenaires à l’égard de l’enlisement français en Algérie n’a jamais donné lieu à une prise de position collective ou à une quelconque initiative multilatérale à l’échelle européenne. Si l’on veut entendre une voix s’exprimer au nom de l’Europe des droits de l’homme, il faut la chercher en dehors des enceintes diplomatiques.
Les soutiens du FLN en Europe
21En effet, au-delà des enjeux strictement géopolitiques, l’Algérie est devenue, en quelques années, le symbole d’un combat pour l’humanisme et les droits de l’homme. Dès 1955, la dénonciation de pratiques de torture par l’armée française a trouvé de multiples relais en dehors de l’hexagone16. Pour beaucoup d’intellectuels européens, les idéaux de la résistance étaient bafoués en Algérie, le parallèle entre les méthodes de la Gestapo et la répression de l’armée française étant souvent évoqué sous la plume des opposants. Après la mort d’Ali Boumendjel, de nombreux Français écrivent au frère de la victime pour lui exprimer leur indignation qui en tant que « juif », qui en tant qu’ancien déporté17. Le travail très efficace d’information et de propagande mené par le FLN contribue à une prise de conscience des violences perpétrées en Algérie, au moyen de conférences et de réunions publiques. Une presse militante paraît dans plusieurs pays en langue nationale : Freies Algerien en Allemagne, Free Algeria en Grande-Bretagne et Algier Frit au Danemark.
22Des réseaux d’intellectuels se mobilisent, selon des logiques qui transcendent les clivages politiques. Les positions de François Mauriac, catholique, et farouchement anticommuniste en sont l’illustration. Sa dénonciation de la torture, dans L’Express, en 1955, eut un grand retentissement. À droite, si les anticolonialistes sont peu nombreux, certaines voix respectées, comme celle de Raymond Aron, affichent un anticolonialisme de raison. Des solidarités nées dans le combat antifasciste sont aussi réactivées. La commission internationale contre le régime concentrationnaire, créée par David Rousset, rescapé du camp de Neuengamme, pour faire la lumière sur les camps soviétiques s’intéressa dès 1955, à la situation algérienne. D’autres anciens déportés comme Claude Bourdet ou Claude Gérard s’engagent aussi pour l’indépendance. En Italie, l’Associazione Nazionale dei Partigiani Italiani prit position en faveur de l’indépendance18. Les Éditions de Minuit, créées dans la Résistance, publient plusieurs ouvrages percutants de dénonciation de la sale guerre. La question, d’Henri Alleg, publiée par les Éditions de Minuit, immédiatement interdite par le gouvernement français en 1958, fut très rapidement traduite en anglais, allemand et russe et italien. En septembre 1960, le manifeste dit des « 121 », « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » proclame : « La cause du peuple algérien, qui contribue de façon décisive à ruiner le système colonial, est la cause de tous les hommes libres. »
23Une minorité d’intellectuels catholiques prend aussi position de bonne heure pour la cause des peuples colonisés, anticipant les prises de position de la hiérarchie. La revue Esprit joue ainsi un rôle de premier plan dans le combat anticolonial, dès la guerre d’Indochine. Tempo presente en Italie qui a suivi dès sa création les questions coloniales décide de publier le texte19. Peu après, une lettre d’intellectuels italiens est adressée au secrétaire général de l’ONU tandis que se constitue un Comité pour la paix en Algérie. S’exposant aux critiques du Congrès pour la liberté de la culture, Nicola Chiaromonte voit dans les solidarités qui se dessinent contre la répression en Algérie la base d’une recomposition du jeu politique en Europe, et « la première manifestation, dans un pays de l’Europe non totalitaire, de l’effervescence qui se manifeste un peu partout : signe précurseur, peut-être, de ce libre renouveau de la vie politique que la guerre froide et les vieux schémas politiques ont figé pendant 15 ans ». Un appel de solidarité, publié deux mois plus tard sous le titre « Diritto alla resistenza » recueille les signatures d’éminents intellectuels, éditeurs, artistes, universitaires italiens mais aussi d’importantes figures de la vie intellectuelle britannique I. Berlin, R. Hoggart, P. Ignotus, D. Jacobsen, B. Russel, J. Russel et même américaine, notamment Hannah Arendt20.
24Des réseaux clandestins d’aide au FLN créés en France ont des points d’appui en Europe. Le plus important d’entre eux autour de Francis Jeanson contribue à des transports de fonds et d’armes mais aussi à l’exfiltration de militants en direction de pays frontaliers. En octobre 1958, le groupe Jeune Résistance est créé en Suisse autour d’Henri Curiel.
25En France, la mobilisation des intellectuels supplée les « carences de l’opposition politique traditionnelle21 ». Les seuls groupes politiques mobilisés ouvertement dès le début du conflit se situent à l’extrême gauche, dans les milieux libertaires ou trotskystes. Dans l’hexagone comme dans les autres pays mentionnés, la guerre d’Algérie va constituer un terrain de réflexion et d’apprentissage pour la nouvelle gauche radicale à l’échelle européenne22. La politique répressive du gouvernement du socialiste Guy Mollet en Algérie plaçait les socialistes dans une position délicate tandis que les communistes, désireux d’une alliance avec les socialistes et attachés à la légalité allaient jusqu’à condamner l’aventurisme de l’insoumission et l’aide au FLN. Avec l’avènement de la Ve République et l’apparition de l’OAS, les partis de gauche poussés par un front syndical constitué plus précocement, retrouveront une forme d’unité d’action.
26Dans les autres pays européens, les forces de gauche firent davantage entendre leur voix. Ainsi, en Allemagne, le SPD et son mouvement de jeunesse constituent des soutiens importants au FLN. En Belgique et aux Pays-Bas, les sociaux-démocrates étaient également très engagés tandis qu’en Grande-Bretagne, en 1958, Ben Khedda et Benhyahia sont entendus par une commission de députés travaillistes aux communes. En Italie, le FLN voit l’engagement des socialistes et plus encore des communistes. En décembre 1960, le PCI organise une semaine d’Algérie, avec des manifestations dans de nombreuses villes de la péninsule. Le même mois, la conférence des partis communistes réunie à Moscou, dans sa déclaration finale estime inévitable l’effondrement du colonialisme et prend position pour condamner la position française en Algérie.
La Méditerranée, nouvelle frontière de l’Europe ?
27Capitulation pour les uns, paix manquée pour les autres, ou encore nouveau départ : les accords d’Évian ont suscité les interprétations les plus contradictoires23. Dans ses mémoires, le général de Gaulle en propose, sans surprise, une lecture positive : « En l’an de grâce 1962, fleurit le renouveau de la France. Elle avait été menacée par une guerre civile. La faillite allait l’accabler. Le monde oubliait sa voix. La voici tirée d’affaire24. »
28Pareil optimisme, s’il rendait bien compte du soulagement de la nation à l’issue de plus de huit années de guerre, est révélateur de la permanence d’un point de vue principalement national dans l’appréhension de la question.
29Le document final des accords rassemblait plusieurs textes : un accord de cessez-le-feu, un décret d’amnistie, le règlement du référendum sur l’indépendance qui devait être organisé de part et d’autre de part et d’autre de la Méditerranée, une série de déclarations de principes et une déclaration générale entérinant le principe d’une indépendance de l’Algérie en coopération avec la France et garantissant « les intérêts de la France, et les droits acquis des personnes physiques et morales privilégiées ». Les accords évaluaient à 600 000 les « Européens » qui seraient restés sur place. Au bout de trois ans, ils auraient la possibilité de choisir la nationalité française ou algérienne. Une aide importante serait accordée par la France en matière de développement économique, social et culturel ce qui confortait l’importance de la langue et de la culture françaises, moyennant la présence d’enseignants et de cadres administratifs. Les militaires français disposaient de deux ans pour évacuer l’ensemble du territoire. La base de Mers el Kébir et certains sites militaires étaient conservés avec un bail de 15 ans. Une déclaration de principe relative à l’exploitation du sous-sol du Sahara protégeait les droits français en matière minière.
30Dans le court terme, les accords furent respectés par l’ALN et l’armée française, permettant une sortie de guerre effective avec le soutien des opinions publiques de part et d’autre de la Méditerranée25. Mais ils ne firent pas cesser la violence qui allait se déchaîner dans l’ancienne colonie. Dans les mois qui suivirent, l’OAS multiplia les attentats contre les Algériens musulmans, terrorisant aussi les Européens désireux de quitter l’Algérie. Le cycle de violences et de représailles amplifia le mouvement de départ des pieds-noirs, compromettant toute perspective de maintien d’une population européenne sur le territoire algérien. En représailles aux actions de l’OAS, le FLN multiplia les enlèvements et les exécutions. Le 5 juillet 1962, jour de proclamation de l’indépendance, tandis que le pays entier était en liesse, une véritable chasse aux Européens était conduite à Oran26. Dans un chaos total, entre avril et décembre, près d’un million des Européens d’Algérie, soit pratiquement la totalité d’entre eux, quittèrent le pays où 80 % d’entre eux étaient nés. Les biens laissés sur place furent immédiatement confisqués.
31C’est dans ce contexte de l’immédiat après-indépendance qu’une guerre civile déchira les nouvelles élites algériennes, opposant les soutiens du GPRA aux partisans de la coalition Ben Bella-Boumedienne. La victoire de ces derniers permit l’établissement de la « République algérienne démocratique et populaire ». Celle-ci, vite devenue un régime autoritaire, gouverna au profit de la majorité arabo-musulmane, au détriment des minorités bientôt victimes de discriminations et de l’arabisation de la société. Jusqu’en 1971, les accords relatifs au Sahara ne furent pas remis en question. Quant aux Algériens musulmans restés fidèles à la France, en particulier, les Harkis, Algériens supplétifs de l’Armée française, ils furent littéralement abandonnés à leur sort et victimes d’une violence extrême. Si 85 000 s’installèrent en France, plusieurs milliers de ceux qui étaient restés sur place furent éliminés après l’indépendance27.
32Sans céder à la tentation de l’uchronie, on peut légitimement se demander ce qui serait advenu des relations entre l’Europe et le Maghreb si la France avait fait preuve d’une attitude plus éclairée à l’égard des Algériens et plus ferme à l’égard des colons. Un désengagement plus précoce aurait permis de limiter la sédimentation de rancœurs et de haines, de part et d’autre. La présence d’une communauté « européenne » était susceptible de constituer un atout économique et culturel pour l’Europe, quand bien même celle-ci aurait fait le choix de la nationalité algérienne. L’aveuglement français conjugué à la pusillanimité – ou l’impuissance – des gouvernements européens et à l’incompréhension, confinant à l’entêtement, des populations européennes d’Algérie, prolongea indéfiniment la guerre. Ce faisant, les contentieux s’accumulaient pour déboucher sur un divorce prononcé dans les pires conditions que l’on puisse imaginer. Libérée du fardeau algérien, la France put concentrer ses efforts diplomatiques vers la construction européenne. Mais une Europe qui allait se construire en ignorant, dans une large mesure, l’autre rive de la Méditerranée. Au lieu de rassembler, la Méditerranée allait tracer durablement une ligne de fracture entre le Nord et le Sud.
Notes de bas de page
1Parmi eux, 400 000 sont des « Français de souche », issus des premiers colons venus depuis la France. Les autres viennent du bassin méditerranéen, Italiens, Espagnols, Maltais devenus Français par le jeu des naturalisations. S’y ajoutent quelques dizaines de milliers de juifs ayant obtenu la citoyenneté française depuis le décret Crémieux de 1870. La plupart ne connaissent ni la France ni l’Europe mais se retrouvent dans la qualité de Français et d’Européens à laquelle sont associés certains privilèges, à commencer par la citoyenneté.
2Les signataires sont le ministre des Affaires étrangères français Louis Joxe, et son homologue du GPRA, Belkacem Krim.
3En février 1960, la première bombe atomique française a explosé dans le Sahara.
4Dewerpe Alain, Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État, Paris, Gallimard, 2006.
5Sur les rivalités et divergences entre les États arabes sur la question algérienne et plus généralement sur la politique extérieure du FLN, Meynier Gilbert, Histoire intérieure du FLN, Paris, Fayard, 2003, p. 549-634 ; aussi Byrne Jeffrey James, « L’action internationale du FLN », in Bouchène Abderrahmane, Peyroulou Jean-Pierre, Tengour Ouanassa Siari et Thénault Sylvie (dir.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale : 1830-1962, Paris, La Découverte, 2014, p. 651-657.
6Wall Irwin M., Les États-Unis et la guerre d’Algérie, Paris, Soleb, 2006.
7Cette idée est développée par Pierre Moussa, directeur des Affaires économiques et du Plan au ministère de la France d’outre-mer, dans Les chances économiques de la communauté franco-africaine, 1957.
8Sur les relations franco-espagnoles dans le contexte de la guerre d’Algérie : Dulphy Anne, L’Algérie des Pieds-Noirs, entre l’Espagne et la France, Paris, Éditions Vendémiaire, 2014.
9Cité dans Dulphy Anne, « La guerre d’Algérie dans les relations franco-espagnoles », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 235(3), 2009, p. 117-129. « Volte-face » : le mot n’est pas trop fort puisqu’après avoir accueilli sur son sol les militants du FLN, l’Espagne franquiste se montrera très tolérante à l’égard de l’OAS créée à Madrid en 1961, et dont la péninsule Ibérique sera la base arrière.
10Sur la façon dont l’Italie gère sa propre décolonisation, Labanca Nicola, Oltremare, Storia dell’espansione coloniale italiana, Bologne, Il Mulino, 2002, chap. viii. Sur l’attitude italienne face à la guerre d’Algérie, l’ouvrage de référence est Bagnato Bruna, L’Italia e la guerra d’Algeria (1954-1962), Soveria Mannelli, Rubbettino, 2012. Voir aussi Mourlane Stéphane, « La guerre d’Algérie dans les relations franco-italiennes (1958-1962) », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 217, 2005/1, p. 77-90 et Rainero Romain H., « L’Italie entre amitié française et solidarité algérienne », in Rioux Jean-Pierre (dir.), La Guerre d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990, p 389. Sur la question plus générale des relations entre l’Italie et l’Algérie voir sous la direction du même auteur : Italia e Algeria. Aspetti storici di un’amicizia mediterranea, Milan, Marzorati, 1982.
11Sur cet épisode : Mourlane Stéphane, « Malaise dans les relations franco-italiennes : le Ier Colloque méditerranéen de Florence (3-6 octobre 1958) », Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, no 113-1, 2001, p. 425-449.
12Lettre du 22 juillet 1957 citée par Bagnato Bruna, op. cit., p. 484-485.
13Cahn Jean-Paul et Mùller Claus-Jurgen, La République fédérale d’Allemagne et la Guerre d’Algérie (1954-1962). Perception, implication et retombées diplomatiques, Paris, Éditions du Félin, 2003.
14Meynier Gilbert, op. cit., p. 597.
15Martin Thomas, The French North African Crisis: Colonial Breakdown and Anglo-French Relations, 1945-1962, Londres, Macmillan, 2000. Goldsmith Christopher, « The British Embassy in Paris and the Algerian war: An uncomfortable partner? », Journal of Strategic Studies, 2-2, 2002, p. 159-171.
16Branche Raphaëlle, La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), Paris, Gallimard, 2001.
17Voir Rahal Malika, Ali Boumendjel. Une affaire française, une histoire algérienne, Paris, Les Belles Lettres, 2010, p. 236-240.
18Meynier Gilbert, op. cit., p. 601.
19Panizza Cesare, « Nicola Chiaromonte, “Tempo presente” e la “crisi” della Francia », Cahiers d’études italiennes, 22, 2016, p. 203-217.
20Tempo presente, vol. 5, no 11, p. 785-788. La liste des intellectuels est reproduite dans l’article de Panizza Cesare, op. cit.
21Quémeneur Tramor, « Les oppositions françaises à la guerre d’indépendance », in Bouchène Abderrahmane, Peyroulou Jean-Pierre, Tengour Ouanassa Siari et Thénault Sylvie (dir.), Histoire de l’Algérie à la période coloniale, 1830-1962, Paris, La Découverte, Poche/Essais, 2014, p. 595-601.
22Voir notamment Brazzoduro Andrea, « Voir/ne pas voir l’Algérie. La gauche italienne et la lutte des Algériens », in Bouaziz Moula, Kadri Aïssa et Quémeneur Tramor (dir.), La guerre d’Algérie revisitée. Nouvelles générations, nouveaux regards, Paris, Karthala, 2015, p. 331-338.
23Sur le bilan des accords, Thénault Sylvie, Algérie : des « événements » à la guerre. Idées reçues sur la guerre d’indépendance algérienne, Paris, Le Cavalier Bleu, 2012, p. 157-165.
24Gaulle Charles de, Mémoires d’espoir, t. II : L’effort, 1962-, Paris, Plon, 1971.
25Le 8 avril 1962, les Français approuvent par 90,7 % de oui les accords tandis que les Algériens, consultés le 1er juillet, les approuvent à 99,7 % des suffrages exprimés.
26Les bilans varient de 1 à 7, d’une centaine à près de 700 victimes, chiffre avancé par G. Pervillé. Rochebrune Renaud de et Stora Benjamin, La guerre d’Algérie vue par les Algériens, t. II : De la bataille d’Alger à l’indépendance, Paris, Denoël, 2016, p. 256. Chiffre de 100. Pervillé Guy, Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre, Paris, Éditions Vendémiaire, 2014.
27Jordi Jean-Jacques, « Les Harkis », in Rioux Jean-Pierre, Dictionnaire de la France coloniale, Paris, Flammarion, 2007, p. 505-510. Les chiffres font l’objet de débat, variant de 75 000 à 150 000.
Auteur
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Marie-Anne Matard-Bonucci
Université Paris 8.
Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris 8 et membre senior de l’Institut universitaire de France. Spécialiste des fascismes, des racismes et de l’antisémitisme elle dirige RevueAlarmer [https://revue.alarmer.org]. Elle a notamment publié Totalitarisme fasciste, Paris, CNRS Éditions, Paris, 2018 ; L’Italie fasciste et la persécution des Juifs, Paris, PUF, rééd. 2012.

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