• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15573 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15573 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires de Rennes
  • ›
  • Histoire
  • ›
  • Militer en minorité ?
  • ›
  • Première partie. Entre deux mondes. Négo...
  • ›
  • Chapitre I. Portrait d’une génération mi...
  • Presses universitaires de Rennes
  • Presses universitaires de Rennes
    Presses universitaires de Rennes
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral « La génération des enfants de l’Octobre rouge » Des vies de résistants Notes de bas de page

    Militer en minorité ?

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Chapitre I. Portrait d’une génération militante

    p. 41-72

    Texte intégral « La génération des enfants de l’Octobre rouge » Un capital scolaire et culturel La première génération militante Sortir de la religion Devenir marxiste Rêver d’un monde sans antisémitisme De la Pologne à la France : des vies de révolutionnaires clandestins Des vies de résistants De la clandestinité à la Résistance Reconstituer les organisations juives communistes et la MOI Organiser la solidarité et la Résistance juive communiste (1940-1942) Un engagement de premier plan dans la Résistance, sans distinction de genre Le tournant de 1943 : unité et concurrences dans le monde juif Rassembler et préparer l’avenir : la création de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE) Unir et représenter tous les Juifs de France : la création d’organisations unitaires L’UJRE, un programme concurrent pour l’avenir ? Notes de bas de page

    Texte intégral

    « J’avais affaire à des camarades politiquement chevronnés. Ils militaient depuis des années ; pour certains, des décennies. Des hommes éprouvés. Ils avaient été poursuivis, emprisonnés dès leur pays d’origine ; nombre d’entre eux avaient combattu dans les Brigades internationales. Depuis très longtemps, bien avant la guerre, ils savaient ce que la clandestinité veut dire. Les organisations qu’ils animaient au grand jour, associations culturelles, troupes de théâtre, associations sportives comme le YASK, affilié à la FSGT, étaient prêtes à entrer en résistance1. »

    1Ainsi s’exprime Charles Lederman, dans ses mémoires inédits non publiés, à propos de sa rencontre en 1941 avec des Juifs yiddishophones de la MOI. Il dessine le portrait d’un groupe dont celles et ceux qui ont survécu aux années de guerre sont au cœur de ce livre. Ce chapitre saisit une partie d’entre eux en 1944-1945, à l’issue de la guerre et revient sur leurs trajectoires individuelles et leurs carrières militantes. Un corpus de 25 individus – 19 hommes et 6 femmes – a été constitué. Il s’agit des cadres intermédiaires et supérieurs du « secteur juif » du PCF après-guerre (l’ancienne sous-section juive de la MOI). Ce sont principalement des permanents – c’est-à-dire de militantes et militants rémunérés au moins temporairement par le parti – ou des individus ayant joué un rôle central. Malgré des carrières militantes et des niveaux de responsabilité variés, ces militants représentent une même génération militante2. Ils partagent d’une part une situation de génération : ils sont issus du monde des petits artisans, ouvriers et commerçants juifs yiddishophones d’Europe orientale. Ils appartiennent, d’autre part, au même ensemble générationnel. Ils partagent en effet un destin commun qui établit un lien entre eux : des trajectoires d’immigration et la même période d’adhésion au communisme. Ils sont la première génération communiste définie par Annie Kriegel3 : nés dans les premières années du xxe siècle, étant pour la plupart devenus communistes dans leur pays d’origine dans les années 1920, avant de rejoindre le PCF en France avant le Front populaire. Enfin, au sein d’une génération existent des unités de génération, un sous-groupe à l’intérieur d’un groupe. C’est le cas des militants ayant joué un rôle de direction ou de propagande au sein des organisations juives communistes et qui font l’objet de ce chapitre.

    2Ces individus peuvent être considérés comme des idéaux-types, des cas à la fois particuliers et représentatifs des militants juifs yiddishophones du PCF avec qui ils partagent un certain nombre de caractéristiques sociologiques tout en présentant des spécificités. Contrairement aux militants de la base, ils ont non seulement laissé de nombreuses traces dans les archives politiques, mais ils ont aussi souvent écrit et témoigné. Ce n’est pas sans lien avec la spécificité de ce sous-groupe : un niveau scolaire en moyenne plus élevé que les militants de la base et une formation politique qui favorise la mise en sens de l’histoire sociale personnelle4. Sur ces 25 militants, dix-huit ont rempli un questionnaire biographique du PCF, sept ont écrit leurs mémoires ou de brefs témoignages autobiographiques (sans nécessairement les publier), certains ont livré des interviews que j’ai pu écouter ou lire5. J’ai aussi rencontré les enfants d’une petite dizaine d’entre eux et lu les deux biographies de militantes qui ont été écrites par leurs enfants6.

    3Dans un souci de comparaison, des interviews avec des enfants de militants de la base permettent de percevoir les similarités et les différences entre les profils de dirigeants et ceux des militants de la base. Plusieurs études sociologiques du monde juif yiddishophone parisien peuvent être mobilisées pour adosser l’analyse à adosser l’analyse à des données générales et comprendre la spécificité du groupe juif communiste et, en particulier, celle de ses dirigeants7. Enfin, l’histoire sociale de ce groupe fait apparaître un profil de cadre propre au secteur juif et à sa nature particulière au sein du PCF, notamment par comparaison avec les cadres des fédérations de Paris et de banlieue parisienne, qui correspondent au modèle militant central au sein du PCF8. C’est chronologiquement que ce chapitre retrace les trajectoires de cette génération : de l’avant-guerre à l’immédiat après-guerre, en passant par la période de la clandestinité. Cela me conduira à revenir sur les organisations de Résistance juives communistes et sur la reconstitution des structures du monde juif communiste yiddishophone d’après-guerre.

    « La génération des enfants de l’Octobre rouge »

    4À la différence de la plupart des structures du PCF (les fédérations, les syndicats et les organisations de masse), qui connaissent un afflux massif d’adhérents après-guerre, le secteur juif ne connaît pas de renouvellement de générations. Il est composé des mêmes cadres et militants que dans les années 1930. Il s’agit de la « génération des enfants de l’Octobre rouge9 », ces individus devenus, pour beaucoup, communistes en Europe orientale dans les années qui suivent la révolution russe. Qui sont-ils ? Comment et pourquoi se sont-ils engagés ? Quand, pourquoi et comment sont-ils arrivés en France ?

    Un capital scolaire et culturel

    5Les militants du corpus sont nés au début du xxe siècle, entre 1898 pour le plus âgé et 1916 pour la plus jeune, la majorité étant née autour de 1910. À l’image de tous les militants juifs communistes yiddishophones en France, la plupart d’entre eux sont originaires de la Pologne dans ses frontières de l’époque (qui comprennent des parties des actuelles Lituanie, Pologne et Russie) et, dans une moindre mesure, de Roumanie, de Tchécoslovaquie et d’Ukraine. Ils sont principalement de langue et de culture yiddish et sont issus de familles traditionnelles du yiddishland dont ils vont questionner les certitudes, notamment religieuses, en se « convertissant » au communisme10. Enfin, ils appartiennent au monde artisanal et ouvrier yiddish d’Europe orientale. Le groupe au cœur de ce livre se distingue toutefois par un capital scolaire et culturel plus élevé que les militants de la base.

    6Il est toutefois difficile de définir précisément leur profil socio-professionnel. D’une part, les informations sont peu précises : lorsqu’ils indiquent la profession de leurs parents dans leurs questionnaires biographiques, les militants ne précisent pas le niveau de vie de la famille. D’autre part, les informations écrites dans les questionnaires biographiques visent parfois à correspondre, consciemment ou non, au modèle valorisé par le PCF. Enfin, certaines familles initialement à l’aise financièrement ont subi des déclassements, à la suite de déplacements de population, de la fin du commerce avec l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, de la montée de l’antisémitisme en Pologne ou encore de la mort d’un parent.

    Tableau 1. – Origines socio-professionnelles (professions des parents).

    Catégorie socio-professionnelle des parents

    Nombre d’individus (sur 25)

    Nom des individus

    Commerce et petit commerce

    10

    David Diamant, Louis Gronowski et Michel Grojnowski, Hirsch-Jacobi, Joseph Minc, Jeanne List-Pakin, Adam Rayski, Sophie Schwartz, Techka Tenenbaum, Anna Vilner

    Artisanat

    3

    Sonia Bianchi, Isi Blum, Charles Lederman

    Employés et comptables

    4

    Jacob Gromb, Marceau Vilner, Jacques Ravine, Jacques Farber

    Ouvriers

    2

    Albert Youdine, Jacques Kaminski

    Autres : professions intellectuelles

    2

    Cécile Cerf, Édouard Kowalski

    NA

    4

    Idl Korman, Henri-Adam Braun, Simon Cukier, Haïm Slovès

    7Au sein de ce groupe, ce sont toutefois moins les professions des parents que leur capital culturel et le fait de valoriser les études de leurs enfants qui ont pu déterminer leurs trajectoires. Comme l’écrivent Claude Pennetier et Bernard Pudal : « L’incitation à faire des études et l’importance de la culture livresque, quelles qu’en soient ses modalités, sont récurrentes dans ces trajectoires militantes11. » Effectivement, dans leurs mémoires, plusieurs militants font état de la culture de leurs parents, qui parlaient plusieurs langues (yiddish, hébreu, russe, allemand, polonais, ukrainien, etc.) et avaient une culture littéraire12. Les enfants de militants de la base soulignent quant à eux très souvent la différence d’éducation entre les cadres et les militants de la base, qui n’auraient bien souvent pas dépassé le niveau d’étude primaire et dont certains – en particulier des femmes – seraient analphabètes13.

    8Beaucoup des familles des membres du corpus valorisaient en effet les études. À titre d’exemple, malgré leur déplacement forcé durant la Première Guerre mondiale et le déclassement social qui en résulte, les parents de Joseph Minc l’ont immédiatement inscrit à l’école dans le village où ils venaient de s’installer14. Hirsch-Jacobi, qui venait d’une famille de commerçants très pauvres, a tout de même accédé au lycée. Le niveau scolaire des militants du corpus est aussi plus élevé que celui des cadres des fédérations parisiennes et de proche banlieue parisienne après-guerre. Sur le corpus de 169 militants qu’a étudié Paul Boulland, la répartition socio-professionnelle était la suivante : seize militants étaient diplômés du primaire, trente-six avaient leur certificat d’études primaires, trente-cinq étaient issus du technique court, treize du technique long, trente du cours complémentaire/brevet élémentaire, quatorze du brevet supérieur, seize du baccalauréat et huit avaient fait des études supérieures15. Il est difficile de déterminer le niveau d’étude atteint par les membres du corpus, originaires de pays aux systèmes scolaires différents de celui de la France et dont les biographies ne sont pas toujours très précises sur ce point. Le tableau de la page suivante tente toutefois une classification.

    9Parmi ces vingt-cinq militantes et militants du secteur juif, la proportion qui a dépassé le primaire et a pu suivre des études secondaires généralistes voire supérieures généralistes est largement supérieure à celle des cadres des fédérations parisiennes du PCF. Plusieurs des militants qui n’ont pas pu faire les études auxquelles ils aspiraient se distinguent par un profil d’autodidacte. C’est par exemple le cas de Jacob Gromb. Issu d’une famille de petits bourgeois ruinés pendant la Première Guerre mondiale, il a dû arrêter ses études et commencer un apprentissage dans le textile à l’âge de treize ans. Mais parallèlement à cet apprentissage, Jacob Gromb lisait énormément et fréquentait les cours du soir16. Ces études du soir lui ont permis d’atteindre le niveau du baccalauréat17. Son père était par ailleurs très instruit et polyglotte et a sans doute transmis à son fils la curiosité intellectuelle et le goût de l’étude.

    Tableau 2. – Niveau d’instruction.

    Niveau d’instruction

    Nombre d’individus (sur 25)

    Nom des individus

    Instruction primaire

    4

    Sonia Bianchi, Idl Korman, Jacques Farber, Techka Tenenbaum

    Études secondaires interrompues avant 13 ans

    2

    Michel Grojnowski, Jacques Kaminski

    Études secondaires généralistes jusqu’à 15 ans

    2

    Louis Gronowski, Sophie Schwartz

    Études secondaires généralistes après 15 ans (certains ont toutefois dû interrompre leurs études avant l’équivalent du bac)

    9

    Cécile Cerf, Isi Blum, Simon Cukier, Joseph Minc, Hirsch-Jacobi, Jeanne List-Pakin, Jacques Ravine, Anna Vilner, Albert Youdine

    Autodidactes qui atteignent le niveau bac ou entament des études supérieures techniques

    2

    David Diamant, Jacob Gromb

    Lycée puis études supérieures généralistes interrompues

    3

    Marceau Vilner, Édouard Kowalski, Adam Rayski

    Lycée puis études supérieures généralistes terminées (de licence à doctorat)

    2

    Charles Lederman, Haïm Slovès

    NA

    1

    Henri-Adam Braun

    10Les femmes du groupe ont atteint un niveau scolaire moins élevé que les hommes. Elles viennent en revanche de milieux sociaux en moyenne plus aisés. Sur les six femmes, cinq viennent de milieux bourgeois ou intellectuels. Le père de Cécile Cerf, Moshe Shalit, était un écrivain et intellectuel très connu à Vilno. Celui de Jeanne List-Pakin, Hersz List, était un « érudit en écriture sainte » d’un « mysticisme inné18 ». La famille d’Anna Vilner était très à l’aise financièrement. Les parents de Sophie Schwartz appartenaient à la petite bourgeoisie aisée qui rencontra des difficultés à partir de la Première Guerre mondiale. Sonia Bianchi venait d’un milieu de la petite bourgeoisie. Le milieu social n’est toutefois pas nécessairement corrélé au niveau d’étude des femmes, en raison des contraintes de genre qui pesaient alors sur l’éducation des filles. Dans ce groupe, Sonia Bianchi est toutefois la seule dont la famille, très traditionnelle, s’opposait à l’instruction des filles. Toutes les autres ont pu suivre des études secondaires voire des études supérieures. Cécile Cerf a fini des études secondaires et avait l’opportunité de continuer ses études à Paris. Par conviction, elle a toutefois décidé de s’orienter vers une carrière plus conforme à l’idéal communiste et est devenue monteuse TSF (transmission sans fil)19. Jeanne List-Pakin avait son baccalauréat et est arrivée à Paris pour entreprendre des études de médecine, qu’elle n’a pas pu poursuivre, faute de moyens20. Anna Vilner a fini le lycée et était diplômée de l’École normale d’institutrices. Elle avait aussi un diplôme de psychologie sociale. La mort de son père l’a toutefois contrainte à aider la famille en travaillant21. La famille de Sophie Schwartz, traditionnelle, était malgré tout en faveur de l’éducation des filles. Toutefois, en raison des difficultés financières, Sophie a dû arrêter l’école à 15 ans22. Elle a travaillé ensuite comme ouvrière dans le cadre de son parcours d’immigration. La sixième femme du secteur juif, Techka Tenenbaum était issue d’un milieu petit commerçant a priori peu aisé. Sa famille était « très pratiquante », ce qui explique vraisemblablement qu’elle n’ait bénéficié que d’une éducation primaire23.

    11Les permanentes du secteur juif après-guerre sont donc plus éduquées, en moyenne, que les que les cadres masculins du secteur juif et, surtout, que la plupart des femmes juives yiddishophones à Paris. Cela est cohérent avec les constats de travaux récents, selon lesquels : « Les carrières des militantes féminines ne prennent un véritable essor que lorsque celles-ci disposent d’un capital social de départ renforcé », ce qui est surtout rendu possible à partir des années soixante-dix24. Si aucune de ces femmes n’atteint le même niveau d’études que les hommes les plus éduqués du corpus, leur milieu et leur éducation leur ont permis d’atteindre des positions de dirigeantes dans le secteur juif. Leur maîtrise de la lecture et de l’écriture, leur capacité à écrire des caractères latins (appris par exemple dans l’enfance) puis à apprendre le français rapidement a en effet joué à leur avantage, de même que la connaissance des textes théoriques marxistes – liée notamment à la participation à des cercles d’études marxistes en Pologne. À l’inverse, le fils d’Hirsch-Jacobi m’a expliqué que sa mère, militante « à la base » après-guerre, parlait mal le français et l’écrivait difficilement, ce qui rendait difficile tout engagement plus haut placé pour elle25.

    La première génération militante

    12Comment les membres du corpus deviennent-ils militants ? Le communisme est-il leur premier engagement ? Première génération militante, leur engagement ne se fait pas par imprégnation familiale mais par des stimuli intellectuels, le rôle d’organisations visibles et des rencontres26. Dans leurs mémoires ou les interviews qu’ils ont pu donner, le processus d’engagement politique et, plus spécifiquement, l’arrivée au parti communiste sont décrits comme des moments fondateurs. Il s’agit du « socle » du récit de vie, « une identité première qui constitue l’armature de l’identité narrative27 ». Ces témoignages, écrits a posteriori et souvent reconstruits en fonction de l’expérience vécue dans le PCF et de l’éventuelle rupture avec le communisme, sont ici un des objets de l’analyse, tout autant que l’étude des ressorts de l’engagement. Les dispositions au « travail biographique » sont en effet « un des effets de l’engagement communiste28 ». Les enfants de militants interviewés adoptent quant à eux une posture analytique de l’engagement de leurs parents qu’ils cherchent autant à comprendre qu’à justifier. Dans le même temps, ils considèrent cet engagement comme tout à fait naturel : plusieurs d’entre eux racontent en effet qu’ils pensaient, enfants, que tous les Juifs étaient communistes. Revenir sur les prémices de l’engagement, les espoirs suscités par le marxisme et les expériences qui y ont mené se révèle central pour comprendre cet engagement.

    Sortir de la religion

    13Le communisme est souvent associé à une « religion sécularisée, pleine de rituels, de commémorations, de textes sacrés et indiscutables, de saints et, bien sûr, de croyants29 ». Cette dimension est souvent mise en avant dans le cas des Juifs, peuple du livre, qui seraient passés de l’étude des textes religieux à l’étude des textes profanes communistes. À la recherche des racines religieuses de l’engagement juif communiste, les historiens Jacques Frémontier et Annette Aronowicz ont cherché à analyser ce qui, dans les discours des Juifs communistes, traduirait une rémanence de la tradition religieuse juive30. Mais la question se pose de savoir si l’engagement des jeunes juifs dans le mouvement communiste était consciemment inscrit dans un héritage religieux. Empiriquement, c’est une affirmation difficile à vérifier. D’une part, comment évaluer, a posteriori et sans observation directe, la part de chaque dimension dans l’engagement politique ? En tant que minorité subissant l’antisémitisme, les Juifs avaient de nombreuses raisons de chercher de l’espoir dans un mouvement politique. D’autre part, si nous pouvions interroger les militants sur ce sujet, rien ne dit qu’ils répondraient sincèrement à la question. En l’occurrence, le parallèle entre le judaïsme et le marxisme n’est jamais revendiqué en tant que tel dans les témoignages de Juifs communistes, sécularisés, souvent en lutte contre la religion – même lorsqu’ils ont rompu avec le communisme et renoué avec leurs origines juives – et peu désireux d’inscrire leur engagement dans une continuité religieuse.

    14En revanche, l’idée d’une continuité entre l’étude juive et l’étude des textes communistes, et plus généralement le rôle des études et de la culture dans le passage au communisme apparaît comme un topos dans les autobiographies et biographies de militants. Presque tous les hommes du corpus ont ainsi fréquenté un kheder, une école primaire traditionnelle juive, avant d’entamer des études ou un apprentissage. Tous n’analysent pas leur éducation religieuse de la même façon : certains en gardent un souvenir heureux et le goût de l’étude31, d’autres adoptent une posture critique vis-à-vis de l’enseignement qu’ils y ont reçu32. Dans les deux cas, ce sont toutefois des compétences acquises dans le cadre de cet enseignement qui leur permet d’avoir accès à des lectures profanes et de transmettre ensuite le contenu de leurs lectures. Plusieurs membres du corpus ont en effet appris à écrire plusieurs langues au kheder : yiddish, hébreu, polonais, allemand. Les femmes, quant à elles, découvrent aussi les lectures profanes grâce à l’alphabétisation acquise dans leurs études, et sont plusieurs à décrire leur soif de lectures33.

    15On retrouve dans plusieurs témoignages et récits de vie un même chemin du religieux au profane, généralement à la suite de rencontres. Le contexte politique et social du début des années vingt conduit ces jeunes Juifs à rencontrer des soldats de passage ou des cousins revenus du front lors de la guerre russo-polonaise34. C’est ainsi que certains apprennent les nouvelles de la révolution russe, de la destitution du tsar et de la proclamation de la République. Ces événements font naître les espoirs de voir renaître une Pologne indépendante. Puis, des discussions amènent ces jeunes gens à remettre en question leur vision du monde et leur foi. Louis Gronowski raconte ainsi qu’il passe beaucoup de temps dans le salon de coiffure de son cousin et meilleur ami, fréquenté par des réfugiés juifs. Il y apprend l’existence de Spinoza et sa critique de la Bible, ce qui est « le point de départ de réflexions qui déterminèrent [son] évolution35 ». L’impact de la lecture de Spinoza est un topos que l’on retrouve dans plusieurs témoignages, ce qui révèle l’habitude de se raconter dans le milieu communiste, la circulation d’un certain type de discours sur soi et la lecture des témoignages et mémoires d’autrui. Les premiers doutes conduisent ensuite ces jeunes gens à lire des livres scientifiques, qui remettent en question certaines choses lues dans la Bible. Après la science, ils s’intéressent à la sociologie et à la politique. Ils découvrent alors l’existence des classes sociales, parfois par le biais de professeurs qui sont souvent des figures marquantes dans leurs trajectoires, aussi bien dans des établissements en Pologne (Louis Gronowski fréquente un lycée polonais) qu’en France (Charles Lederman fréquente le lycée Voltaire à Paris). Ils racontent comment ils deviennent alors athées, souvent en rupture avec leur univers familial qui doit parfois justifier auprès de la communauté pourquoi leur fils ne se rend plus à la synagogue et ne porte plus la kippa.

    16Qu’ils poursuivent des études classiques ou religieuses, intellectuelles ou manuelles, les lectures de ces militants participent pleinement de leur passage d’un milieu souvent traditionnel à la culture séculaire. Dans ces trajectoires, la sortie de la religion peut être vue comme une première étape vers le marxisme.

    Devenir marxiste

    17Après les stimuli intellectuels et la sortie de la religion, ces jeunes gens encore non politisés ont soif d’échanges. Certains créent des bibliothèques pour enfants ou rejoignent des cercles d’étude pour jeunes travailleurs. Ils deviennent les passeurs d’un nouvel idéal non religieux, nourri de culture scientifique, tout en transmettant des compétences comme la lecture, l’écriture et le calcul. Parallèlement, le contexte politique de l’époque et le constat de la misère en Pologne et des inégalités jouent un rôle clé dans leur politisation. La révolution russe et son impact fort dans la Pologne de l’époque permettent de « rêver à une nouvelle société, toute de justice, d’égalité, de bonheur pour les gens du travail36 ». Par divers biais et rencontres, ces jeunes gens découvrent de nouvelles lectures comme Le Manifeste du parti communiste. Les échanges et discussions nourries les conduisent à sauter le pas et à s’engager. Sonia Bianchi estime ainsi dans un témoignage que sa mue politique est une réaction à la misère à la Pologne (« ces idées je les aies eues dans la vie quotidienne, dans la misère ») et aux échanges (« nous étions toutes orientées vers la politique, vers l’étude. Nous avions un cercle marxiste37 »).

    18Pour quinze membres du corpus sur vingt-cinq, le communisme représente le premier véritable engagement politique38. Pour ces militants, le choix du parti communiste est une évidence : ils estiment qu’il faut lutter sur place, sans considération pour les frontières et aux côtés de tous les prolétariats : polonais, ukrainiens, biélorusses, etc.39. L’enjeu, pour eux, est « l’abolition de toutes les injustices » et pas uniquement celles concernant les Juifs40. Au sein du parti communiste polonais ou de syndicats, ils sont amenés à rencontrer beaucoup de polonais non juifs. Louis Gronowski est affecté à la cellule des jeunes tailleurs de Włocławek où il est « lecteur », chargé de petites conférences politique ou de revue de presse à chaque réunion : il réinvestit donc sa formation scolaire dans son militantisme. Joseph Minc adhère au parti communiste en 1924 et au syndicat des métallurgistes, au sein duquel il fait régulièrement des présentations et discours devant des ouvriers polonais. Sonia Bianchi est elle aussi très vite amenée à rencontrer des Polonais, ouvriers et paysans, à qui elle essaie de transmettre les bases de la pensée marxiste. Ses quelques années d’études, et surtout son goût de la lecture, lui permettent de jouer ce rôle : « J’avais un certain travail culturel parce qu’il y avait énormément d’analphabètes41. » C’est aussi le cas d’Anna Vilner, institutrice de formation, qui se rend régulièrement dans des villages auprès de paysans.

    19D’autres membres du corpus n’adhèrent pas directement au parti communiste. Six ont d’abord été adhérents ou militants dans des mouvements sionistes de gauche comme le Poale-Sion de gauche, l’Hachomer Hatzair, les Macabi (les jeunesses sionistes) ou encore des organisations sportives sionistes de gauche42. Deux seulement adhèrent préalablement au Bund avant de rejoindre le parti communiste en Pologne (Marceau Vilner et Sophie Schwartz). Ils partagent avec les autres militants une même conscience sociale face aux injustices socio-économiques et sont eux aussi marqués par la révolution soviétique. Ils s’interrogent toutefois sur la manière de lutter et sur les causes à défendre en priorité. Sophie Schwartz, par exemple, se serait demandé si la solution à « la situation tragique des Juifs se trouvait […] dans le sionisme ou [s’il fallait] plutôt lutter aux côtés des ouvriers polonais en militant au Bund ou en s’engageant dans l’organisation illégale des jeunesses communistes ?43 ». Elle adhère finalement en 1920 à la fraction radicale de l’organisation de jeunesse du Bund, avant de devenir militante communiste au moment de la fusion de ce groupe avec l’Union de la jeunesse communiste. D’autres, comme David Diamant, rejoignent d’abord l’Hachomer Hatzaïr. Il explique son passage au parti communiste comme une prise de conscience : au retour de son frère aîné de Russie, en 1919, il est imprégné par l’esprit révolutionnaire et estime que l’Hachomer est un mouvement « bourgeois44 ». Hirsch-Jacobi, membre dirigeant de l’Hachomer Hatzaïr à Bialystok, s’installe en Palestine en 1930. Là-bas, en 1931, il adhère au PC et prend la direction du Secours rouge. Il s’installe finalement en France en mai 1935. Pour des jeunes Juifs, qui ont grandi et été éduqués dans des milieux juifs souvent traditionnels, et ont généralement peu côtoyé de Polonais non juifs avant de commencer leur politisation, adhérer à un mouvement non juif n’allait pas de soi. S’ils envisagent d’abord un engagement entre Juifs, ils partagent toutefois avec les Juifs communistes une même volonté de lutter contre les injustices socio-économiques, ce dont témoigne la dimension marxiste de leurs premiers engagements.

    20Notons enfin que plusieurs des membres du corpus jouent très tôt des rôles de dirigeants, à l’image d’Hirsch-Jacobi, de Cécile Cerf qui était dirigeante des Pionniers de sa ville polonaise (une organisation communiste pour les enfants), ou encore d’Édouard Kowalski qui était membre du comité régional du parti communiste à Cracovie45. Ils ont ainsi acquis des compétences utiles pour la suite de leur carrière politique.

    Rêver d’un monde sans antisémitisme

    21Dans leurs témoignages et mémoires, plusieurs militants reviennent sur l’antisémitisme profond qui règne dans la société polonaise et sur les vagues d’antisémitisme qui accompagnent la proclamation de la Pologne indépendante (1918). La majorité des Juifs de Pologne n’adhère pas au communisme et n’y voit pas la solution à l’antisémitisme46. Mais les jeunes Juifs qui deviennent marxistes ont l’espoir que le communisme puisse créer une société socialiste où seraient effacées toutes les différences entre ouvriers polonais, juifs, ukrainiens ou biélorusses. Pour eux, la révolution russe est « le présage de la fin de l’antisémitisme, des discriminations de toutes sortes, des humiliations deux fois millénaires47 ». L’antisémitisme n’est toutefois pas évoqué comme la raison principale à l’origine de leur engagement communiste. La volonté de lutter pour et aux côtés du prolétariat de tous les pays, en réaction à la misère qu’ils constatent, est bien plus prégnante dans leurs récits. Cela n’est peut-être pas étranger à leur volonté de prouver, même lorsqu’ils ont déjà quitté le PCF au moment où ils témoignent ou écrivent leurs mémoires, que leur engagement n’était pas motivé par des intérêts particularistes. Je ne dirais donc pas que la motivation de cette génération « fut sans aucun doute juive48 ». Il me semble qu’elle était non seulement juive mais aussi universelle ou plutôt internationale : ces jeunes gens n’entendaient en effet pas se battre uniquement pour les Juifs, ne défendaient pas que des causes juives et n’étaient pas ou plus engagés dans des mouvements spécifiquement juifs. Toutefois, l’espoir d’un monde sans antisémitisme les a indéniablement portés vers le communisme. C’est d’ailleurs la question de l’antisémitisme soviétique qui remet en cause, des années plus tard, l’engagement communiste d’un certain nombre d’entre eux, qu’ils soient directement touchés par une politique antisémite ou non.

    De la Pologne à la France : des vies de révolutionnaires clandestins

    22Dans les années vingt et trente, en Europe orientale et notamment en Pologne, pays d’où sont originaires la plupart des membres du corpus, la situation des Juifs ne cesse de se dégrader dans le cadre de la « polonisation » du pays. Les minorités souffrent de discriminations et les Juifs font face à un antisémitisme grandissant qui donne parfois lieu à des actes violents comme des boycotts d’entreprises juives, des quotas à l’université voire des pogroms. Beaucoup de jeunes Juifs envisagent de quitter le pays pour étudier ou trouver un emploi. Dans le cas des militants communistes cela s’impose d’autant plus qu’ils font face à la répression politique et à des peines d’emprisonnement en cas d’arrestations. Dans la Pologne de Pilsudski, qui a repris le pouvoir par la force en 1926, le Parti communiste est en effet illégal. Les militants sont donc traqués et doivent apprendre à jouer avec la clandestinité s’ils veulent éviter la prison. Celles et ceux qui sont arrêtés et emprisonnés se voient conseiller par leurs proches de quitter le pays ou d’arrêter de militer. La situation politique conduit donc au départ de beaucoup de jeunes Juifs communistes.

    23Souvent en contact avec le Secours rouge international, une organisation de défense face à la répression du mouvement communiste, ces jeunes militants bénéficient d’aide et de réseaux pour quitter le pays49. Munis du minimum d’effets personnels et d’argent et d’un visa pour un pays comme la Belgique ou la France, ils entreprennent un exil qui conduit beaucoup d’entre eux à ne plus jamais revoir leur famille restée en Europe orientale. Toutes et tous ne rejoignent pas la France directement. Parmi les vingt-cinq étudiés dans ce livre, treize sont passés par un autre pays avant de rejoindre la France : Sonia Bianchi par l’Allemagne, Édouard Kowalski par la Tchécoslovaquie, une majorité par la Belgique (David Diamant, Marceau Vilner, Louis Gronowski, Michel Grojnowski, Jacques Kaminski, Albert Youdine). Sophie Schwartz a d’abord posé ses valises aux Pays-Bas avant de rejoindre la Belgique puis la France. Samuel Cynamon et Hirsch-Jacobi se sont d’abord installés en Palestine avant de rejoindre la Belgique puis la France pour le premier, la France pour le second. Anna Vilner est passée par l’Afrique du Sud avant de transiter par l’Angleterre en cherchant à rejoindre la France. Jacques Ravine, enfin, est arrivé en France en 1931, puis est parti au Brésil en 1935 avant de revenir en France au début de l’année 1937. La plupart entreprend ce départ à la toute fin des années 1920 et au début des années 1930. Ils vivent des vies semi-clandestines : ils entrent parfois illégalement dans un pays, celles et ceux qui sont entrés avec un visa de tourisme travaillent sans avoir de permis de travail, tous militent et s’exposent à la surveillance des renseignements généraux de la préfecture de Police voire à des arrestations et des expulsions s’ils ne sont pas entrés dans le pays légalement ou s’ils ne sont pas naturalisés. À une époque où l’on attend des étrangers qu’ils témoignent de discrétion et ne se mêlent pas de politique, l’engagement est un facteur de vulnérabilité50. Afin de ne pas être repérés, beaucoup de ces jeunes militants changent de logement très régulièrement51. Certains adoptent aussi des pseudonymes, à l’image de Jacob Gromb dit Koenig ou de Naoum Fanstein dit Vilner, du nom de sa ville d’origine, Vilno. De la Pologne à la France, ils acquièrent ainsi une sorte d’éthos clandestin qui se révèle être un des ressorts de leur engagement résistant pendant la guerre52.

    24Les trajectoires d’immigration des militants du corpus les confrontent aussi à la précarité. Les métiers qu’ils exercent après leur émigration ne reflètent pas leur niveau d’étude, ce qui est une constante dans l’histoire des migrations mais est particulièrement flagrant dans un corpus constitué d’un nombre étonnamment élevé, pour l’époque, de bacheliers. À leur arrivée en Belgique ou en France, même si certains militants entreprennent des études, ils exercent pour beaucoup des métiers manuels d’ouvriers ou d’artisans et connaissent la vie de jeunes immigrés au confort précaire, aux lendemains non assurés. Beaucoup passent d’un emploi à un autre en fonction de ce qui leur est proposé. Sur les vingt-cinq, treize deviennent journaliers ou ouvriers non qualifiés dans des corps de métier typiquement juifs (tailleurs, finisseuses, repasseurs, coupeurs de peaux, etc.), souvent à domicile : la plupart exercent ces professions en raison de leur situation d’immigrés récents, sans qu’elles soient corrélées à leur niveau d’étude. Quatre sont ouvriers qualifiés : ils sont tous bacheliers et exercent cette profession par choix politique pour l’une d’entre elle et à défaut de pouvoir exercer une profession plus qualifiée pour les autres. Enfin, quatre exercent des professions rédactionnelles ou intellectuelles dans la presse juive communiste ; deux exercent des professions intellectuelles ou artistiques ; et les deux juristes de formation exercent les professions juridiques auxquelles ils ont été formés.

    25À leur arrivée à Paris, ces jeunes gens s’insèrent dans une vie associative et politique très active. Ils investissent un Paris juif communiste yiddishophone, à l’est de la capitale, autour de la place de la République, à Belleville et Ménilmontant. Actifs dans les organisations de masse de la MOI, qui poursuivent leur objectif de pénétration sociétale du communisme, beaucoup jouent très vite des rôles de dirigeants associatifs. Pendant la guerre d’Espagne, une partie d’entre eux s’engage53. Des femmes du corpus se distinguent par la création d’associations d’aide aux femmes et aux enfants de volontaires, des expériences fondatrices et constitutives d’un savoir-faire qu’elles mobilisent pendant et après la guerre. Durant toutes ces années, ces hommes et ces femmes sont surtout militants au quotidien. Ce travail militant requiert un don de soi absolu : le militantisme ne doit pas se ralentir au risque de perdre des adhérents54. La majorité d’entre eux conjuguent un travail alimentaire avec l’engagement politique. Le militantisme s’insère dans leur temps libre, le soir, souvent, et le dimanche qui est le jour de distribution des journaux. Une minorité d’entre eux devient, dès la fin des années 1930, permanent du parti en accédant à des rôles de dirigeants. Ils sont alors des professionnels de la politique qui vivent pour et de la politique.

    26Parmi ces militants, un profil se distingue, celui de Charles Lederman. Arrivé avec ses parents en France depuis Varsovie à l’âge de 3 mois, il grandit comme un « assimilé du faubourg ». Élève au lycée Voltaire, il milite dans une cellule française du PCF, il est licencié en droit, passe le barreau de Paris et exerce le métier d’avocat. S’il lui arrive de défendre des étrangers, syndicalistes ou communistes en situation irrégulière, il n’est en contact avec le monde des immigrés yiddishophones que par sa famille et la vie de quartier. Sa vie de militant communiste prend « une direction imprévue » en janvier 1941, à Lyon, lors de sa rencontre avec Schmulek (Jacques) Farber, un des dirigeants de la MOI en zone sud. Il découvre alors « le secteur juif de la MOI » et retrouve « les racines d’un environnement, d’une culture dont [il se rendit] compte à quel point [il en était] imprégné et combien [il y était] attaché55 ».

    Des vies de résistants

    27Pendant la guerre, les Juifs de France ont des conceptions différentes du rôle que doivent jouer les Juifs dans la Résistance. Certains Juifs français s’engagent dans la Résistance française et souhaitent résister en tant que Français, pour la France. Pour les Juifs non communistes, en particulier les Juifs originaires d’Europe centrale et orientale, la résistance juive doit se consacrer exclusivement à l’aide et au sauvetage des Juifs persécutés. Les Juifs communistes de la MOI se situent dans un entre-deux, entre aide et sauvetage des Juifs et lutte armée qui doit autant libérer les Juifs que la France du joug nazi. Leur conception de la Résistance a toutefois fait l’objet de nombreux débats, tant dans le monde juif pendant et après la guerre que parmi les historiens56.

    De la clandestinité à la Résistance

    28Le 23 août 1939, l’URSS signe un traité de non-agression avec l’Allemagne nazie (pacte germano-soviétique ou Molotov-Ribbentrop). Le PCF est désarçonné et ignore le protocole secret qui prévoit le partage de la Pologne entre les deux États. S’il justifie la position soviétique, il ne remet pas en cause « la stratégie communiste des temps de Front populaire », comme l’illustre la une de L’Humanité du 26 août, qui prône l’union de la nation française contre l’agresseur hitlérien57. Le PCF vote même les crédits de guerre, le 2 septembre, et encourage l’engagement de ses militants dans l’armée, au premier rang desquels Maurice Thorez lui-même. C’est d’ailleurs ce que font de nombreux militants juifs communistes. Toutefois, le 8 septembre, le Komintern impose une nouvelle ligne aux partis communistes ouest-européens. Ceux-ci doivent désormais dénoncer la guerre impérialiste, tourner la page du Front populaire et se préparer à la clandestinité. Après quelques hésitations sur la ligne, le PCF rentre dans le rang. Le 22 septembre, après l’entrée de l’Armée rouge en Pologne le 17, il lance un appel à la paix et dénonce la politique de défense nationale du gouvernement français. En conséquence, le 26 septembre 1939, le gouvernement Daladier décrète l’interdiction du PCF. Au même moment, le parti est confronté à de nombreuses défections : beaucoup de militants ne peuvent accepter l’opposition à la guerre. Dans ce contexte, le lien entre la MOI et le PCF est rompu. Confrontée à l’exil de la plupart de ses cadres, à l’image de Thorez qui rejoint Moscou en novembre après avoir déserté l’armée le 2 octobre sous la pression du Komintern, la direction du parti explique au dirigeant national de la MOI, Louis Gronowski, ne pas pouvoir « s’occuper des problèmes des immigrés et de leurs organisations58 ». Elle craint aussi que la police infiltre le parti clandestin par le biais des organisations d’immigrés59. Cette rupture temporaire des liens entre MOI et PCF et la dissolution des organisations de masse communistes n’empêchent pas les Juifs communistes de se réorganiser très vite dans la clandestinité.

    Reconstituer les organisations juives communistes et la MOI

    29C’est Louis Gronowski qui entreprend la reconstitution des organisations juives. Avant de rejoindre la direction de la MOI à la fin des années 1930, Louis Gronowski était rédacteur en chef de Naye Prese et à la tête de la sous-section juive de la MOI. À l’automne 1939, il reprend ses activités auprès des Juifs de l’ancienne sous-section juive de la MOI, de facto dissoute. Deux cadres de la sous-section juive, Jacques Kaminski et Édouard Kowalski, forment avec lui un trio de direction des organisations juives clandestines. Familier de la clandestinité depuis son engagement communiste en Pologne alors que le parti communiste était interdit, Gronowski organise le développement des structures clandestines juives communistes à Paris, à l’échelle de chaque arrondissement. Dans les mois qui suivent, les Juifs communistes réussissent à mettre sur pied une organisation et à rééditer un journal en yiddish, sous le titre Undzer Vort (Notre Parole). Les militants sont organisés en groupe de trois et colportent la presse illégale en yiddish et en français dans les quartiers et les ateliers, « afin de maintenir un contact direct avec les sympathisants60 ». À l’époque de la Drôle de guerre, l’ensemble des groupes juifs à Paris aurait compté environ 200 adhérents, « tous militants éprouvés, anciens cadres des organisations progressistes juives et des syndicats d’avant-guerre61 ». À la suite de l’arrivée des Allemands à Paris (mi-juin 1940), Kaminski et Kowalski quittent temporairement Paris pour le Midi de la France. Albert Youdine, lui aussi membre de l’ancienne sous-section juive de la MOI, est désigné comme responsable des organisations juives communistes clandestines à Paris.

    30Avec l’arrivée des Allemands en France commence une période complexe, durant laquelle le PCF suit une ligne de défense de l’indépendance nationale de la France tout en cherchant à négocier avec l’occupant, notamment pour la reparution du journal L’Humanité, alors interdit. Il importe toutefois, en accord avec les directives de Moscou, de ne pas donner une impression de solidarité avec l’occupant, au risque de compromettre le parti et ses militants aux yeux de l’opinion publique. C’est ce qui explique le télégramme de Dimitrov, secrétaire général du comité exécutif du Komintern, et de Thorez – alors à Moscou – aux dirigeants communistes à Paris le 20 juillet : ils condamnent l’entrevue de Tréand, le responsable aux cadres alors en charge du travail de réorganisation du parti, avec Abetz (l’ambassadeur du Troisième Reich à Paris durant l’Occupation du pays) et son impact négatif sur le parti62. Tréand est désavoué et Duclos confirmé dans ses fonctions le 6 août 1940. Le PCF doit désormais se concentrer sur la reconstitution d’une base militante sérieusement fragilisée depuis quelques mois. Avant son éviction, Tréand rencontre donc Louis Gronowski à l’été et le charge de réorganiser la MOI.

    31Gronowski constitue, à la fin de l’année 1940, un triangle de direction de la MOI avec Jacques Kaminski et Artur London63. Kaminski et London ont déjà une expérience de la lutte en temps de guerre. Kaminski a été envoyé en Espagne lors de la guerre civile afin d’organiser le travail politique et culturel parmi les volontaires juifs, d’encadrer les cadres et de mettre en œuvre une publication à l’intention des volontaires juifs de la compagnie Botvine. Artur London et sa femme ont pris part à la guerre civile espagnole dans le cadre des Brigades internationales. N’ayant pas participé aux combats au front, Artur London a occupé plusieurs positions de dirigeant, sous la direction du NKVD, le Commissariat du peuple aux Affaires intérieures d’URSS.

    32Chacun d’entre eux se charge d’un certain nombre de secteurs nationaux de la MOI : London dirige les groupes tchécoslovaque, yougoslave, roumain et hongrois ; Kaminski les groupes juif, bulgare, arménien ; Gronowski les groupes italien, polonais et espagnol. Gronowski est aussi en charge de la liaison avec la direction du PCF clandestin : dès l’automne 1940, il a un lien direct avec Jacques Duclos. En 1941, Artur London est détaché à la direction du Travail allemand (TA) et remplacé par Gheorgue Vasiliki dit Victor Blajek64. Ce dernier est toutefois arrêté en avril 1943, lors d’une vague d’arrestations qui fragilise particulièrement la MOI et la section juive clandestine en région parisienne65. En zone sud, pour pallier les difficultés de liaisons dues à la ligne de démarcation, une direction autonome de la MOI est créée. C’est la militante italienne Estella Noce-Longo, l’ex-épouse de Luigi Longo, le dirigeant du parti communiste italien, qui en prend la responsabilité. Après son arrestation, en 1943, Édouard Kowalski, qui dirigeait les groupes de combat juifs à Paris, la remplace. Les dirigeants de la MOI clandestine appartiennent donc, pour beaucoup d’entre eux, à l’ancienne sous-section juive de la MOI.

    Fig. 1. – Direction nationale de la MOI clandestine entre 1940 et 1943.

    Schéma réalisé à partir de : CDJC, fonds Adam Rayski, organigramme de la MOI, 1943.

    Organiser la solidarité et la Résistance juive communiste (1940-1942)

    33Le 1er septembre 1940, après avoir entrepris la reconstitution de la MOI, Louis Gronowski organise une réunion qui rassemble neuf militants de l’ancienne sous-section juive de la MOI : Sophie Schwartz, Aron Skrobek dit David Kutner, Adam Rayski, Simon Cukier dit Alfred Grant, Jacob Szpejter dit Jacques Ravine et Techka Tenenbaum né Forszteter dans l’appartement du photographe « Rex » Puterflam et de son épouse Mina, au 54 rue Custine, dans le 18e arrondissement66. Le but de la réunion est de fonder une organisation de masse clandestine qui viendrait en aide, matériellement et moralement, à la population ouvrière et immigrée juive, notamment aux familles de combattants morts au front, de prisonniers de guerre et de chômeurs. Il s’agit aussi de remonter le moral à la population juive et de la préparer à la lutte contre les mesures antisémites67. L’organisation Solidarité naît le 1er septembre 1940, sur la base de la structure de l’organisation par arrondissement fondée dès 1939, mais qui restait encore confidentielle et peu développée. Elle fonctionne par arrondissements, au niveau des immeubles, des rues et des quartiers68. À son retour du sud de la France, c’est d’abord Jacques Kaminski qui prend la direction de Solidarité. Lorsqu’il rejoint le trio de direction de la MOI, à la fin de l’année 1940, il est remplacé par Édouard Kowalski69.

    34En novembre 1940, 50 groupes de Solidarité fonctionneraient déjà à Paris. Ils se réunissent d’abord par groupes de 5 personnes avant de réduire ce nombre à 3 personnes. À la fin de l’année 1940, d’anciens résistants estiment que plus d’une centaine de groupes se seraient développés, constitués pour l’essentiel de « sans-parti70 ». Quelques mois plus tard, en 1941, plus de 130 groupes existeraient à Paris. Entre sa création et mars 1942, Solidarité vient en aide à plus de 3 500 familles. Pour Renée Poznanski, cette activité est l’application dans le secteur juif des directives de Moscou71. Jusqu’au début de l’année 1941, le mot d’ordre du PCF était, avec la lutte contre l’occupation et le soutien aux revendications quotidiennes des Français, la lutte contre une guerre impérialiste. Toutefois, le 27 janvier 1941, un télégramme de Marty et Thorez, les dirigeants du PCF en exil à Moscou, adressé à Jacques Duclos modifie considérablement cette stratégie. Le mot d’ordre doit désormais être « le ralliement des masses dans un véritable front populaire de lutte pour leurs intérêts, droits, liberté, indépendance nationale72 ». Le 22 juin 1941, l’invasion de l’URSS par l’Allemagne confirme la nouvelle orientation du parti. C’est désormais la libération nationale qui importe, dans une guerre pensée comme « patriotique » et non plus impérialiste. Les alliances s’imposent et le parti entre en Résistance. Les Juifs communistes n’ont toutefois pas attendu ces directives ni l’invasion de l’URSS pour se réorganiser.

    35Parallèlement à Solidarité, plusieurs organisations ont en effet été créées par les Juifs communistes de l’ancienne sous-section juive de la MOI comme l’Union des femmes juives, l’Union de la jeunesse juive (à partir de décembre 1940) et la commission intersyndicale juive73. Un dispensaire, créé dans l’entre-deux-guerres, fonctionne aussi, de même que des cantines. Les Juifs communistes ne sont pas les seuls à développer de telles structures, en témoignent la cantine et le dispensaire du Comité de la rue Amelot par exemple, une structure de secours qui regroupe plusieurs organisations juives non communistes issues de l’immigration74. Une section des intellectuels est créée auprès de Solidarité. Constituée de quelques écrivains, artistes, médecins et juristes, elle est notamment chargée de la propagande. Enfin, un appareil technique, ayant pour tâche de coordonner les différents services ainsi que la publication et la répartition du matériel de propagande, est mis en place.

    36En zone sud, des comités de secours populaire sont créés sur le modèle des comités de Solidarité en zone nord. Initialement, la clandestinité et l’absence de moyens ne permettent toutefois pas un développement de grande ampleur de l’assistance en zone sud. Il faut attendre 1941 pour qu’un centre autonome soit créé en zone sud. Devant les vagues de départs des Juifs vers la zone sud, Adam Rayski, Jacques Kaminski et Jacques Ravine y sont envoyés afin d’organiser l’activité clandestine. Après quelques mois de travail, le centre autonome de zone sud est constitué de Jacques Ravine, Léon Gordon, Schmulek Farber, Mina Puterflam, Charles Lederman et Henri-Adam Braun75. Albert Youdine en ferait aussi partie entre janvier 1942 et fin 1942, avant de prendre la direction de la MOI en zone sud aux côtés d’Édouard Kowalski.

    37Dans les premières années de guerre, c’est toutefois à Paris que l’essentiel de l’activité des Juifs communistes est concentrée. Après la création du centre autonome de zone sud, Adam Rayski et Jacques Kaminski sont ainsi de retour dans la capitale. Rayski devient le responsable national de la section juive. Le secrétariat des organisations juives clandestines de zone nord est composé d’Édouard Kowalski jusqu’en 1943 (date à laquelle il prend la direction de la MOI en zone sud avec Albert Youdine), d’Albert Youdine entre juin 1941 et décembre 1941 (avant son départ pour la zone sud), d’Idl Korman et d’Alfred Grant.

    38À l’hiver 1941-1942, les organisations juives issues de la MOI gagnent de nouveaux membres en raison de la décision du parti de verser les jeunes militants juifs communistes dans l’organisation clandestine des jeunes Juifs, même si ceux-ci étaient auparavant membres des structures françaises du PCF. L’accent est progressivement mis sur la lutte armée, notamment après l’opération Barbarossa et l’attaque de l’URSS par l’Allemagne nazie, qui scelle la fin du pacte germano-soviétique (22 juin 1941). Les jeunes Juifs s’engagent d’abord dans l’Organisation spéciale (OS), spécialisée notamment dans le sabotage et créée au premier semestre 1941 par le PCF. Ils rejoignent ensuite les FTP-MOI au printemps 1942, ces groupes armés de la MOI construits sur le modèle des FTP. Selon les directives du parti, chaque organisation communiste doit verser 10 % de ses effectifs dans les FTP-MOI. Sur les quatre détachements FTP-MOI créés, les Juifs sont majoritaires dans le premier et constituent l’essentiel des effectifs du second. Ils sont parmi les plus actifs dans la lutte armée76.

    Un engagement de premier plan dans la Résistance, sans distinction de genre

    39Durant la guerre, hormis les prisonniers de guerre (3 sur 25), tous les membres du corpus sont engagés dans la Résistance. Une minorité exerce des fonctions de dirigeants de la MOI à l’échelle nationale ou régionale. Les autres sont actifs dans la section juive de la MOI. Ils exercent soit des fonctions de dirigeant à l’échelle nationale ou régionale, soit des fonctions de dirigeant de secteur et d’organisation, ou enfin des fonctions moins encadrantes. Ils sont alors permanents du secteur juif de la MOI, à l’image de Charles Lederman à partir de l’été 1942. Ce dernier raconte toucher 1 000 francs par mois, ce qui représente d’après lui quatre à cinq fois moins que la somme reçue au même moment par les résistants gaullistes ou ceux d’autres organisations77. Ces sommes d’argent doivent permettre de se déplacer, de se loger, de s’habiller et de se ravitailler.

    40Quant aux prisonniers de guerre et déportés, ils signalent tous dans leurs questionnaires biographiques leurs actions clandestines en captivité. Il s’agit là d’un topos des questionnaires biographiques, chaque militant cherchant à prouver au parti qu’il a fait des tentatives d’évasion ou, au contraire, en fonction de ce qu’il pense être le plus valorisé, qu’il est resté avec les masses en captivité afin de les éduquer et les entraîner à la révolution (tableau 3).

    Tableau 3. – Activités clandestines des militants du corpus (à partir de la responsabilité la plus haute endossée par le militant ou la militante).

    Fonctions dans la Résistance

    Nombre de militants

    Nom des militants

    Direction de la MOI, niveau national

    2

    Louis Gronowski, Jacques Kaminski

    Direction de la MOI, niveau régional

    2

    Édouard Kowalski, Alfred Youdine

    Direction de la MOI, niveau d’un arrondissement parisien

    1

    Marceau Vilner

    Direction de la sous-section juive de la MOI, niveau national

    1

    Adam Rayski

    Direction de la sous-section juive de la MOI, niveau régional

    7

    Henri-Adam Braun, Jacques Farber, Alfred Grant, Idl Korman, Jacques Ravine, Sophie Schwartz, Techka Tenenbaum,

    Direction d’organisations de la sous-section juive de la MOI

    2

    Cécile Cerf, Charles Lederman

    Travail au sein des organisations

    6

    David Diamant, Hirsch-Jacobi, Jeanne List-Pakin, Joseph Minc, Haïm Slovès, Anna Vilner

    Prisonniers de guerre

    3

    Isi Blum, Jacob Gromb, Michel Grojnowski

    Autre situation

    1

    Sonia Bianchi

    41Qu’en est-il des six femmes du corpus ? Leur engagement est-il singulier sur le plan de ses modalités, de ses ressorts et de ses finalités78 ? Leur engagement clandestin puis résistant ne se distingue pas de celui des hommes en termes d’intensité et d’antériorité : la plupart d’entre elles s’engagent dans des activités clandestines dès l’interdiction du PCF par le gouvernement Daladier, en septembre 1939. Par exemple, Sophie Schwartz et Techka Tenenbaum participent toutes deux à la fondation de Solidarité. Ensuite, dans la Résistance, quatre d’entre elles exercent des responsabilités dans des secteurs dans lesquels les femmes sont surreprésentées au sein du PCF et dans la Résistance : assistance et plus particulièrement enfance et jeunesse79. Sophie Schwartz, Techka Tenenbaum, Cécile Cerf, Jeanne List-Pakin participent ainsi à l’organisation de sauvetages d’enfants. Jeanne List-Pakin et Anna Vilner occupent aussi des fonctions d’agent de liaison, souvent associées aux femmes dans l’imaginaire collectif.

    42Ces activités n’empêchent pas ces femmes de s’impliquer dans des actions comme le transport d’armes et de matériels ou d’être membres des FTP-MOI. Anna Vilner est ainsi « technique » de l’UJRE de 1942 à 1944, puis agent de liaison du Comité juif et responsable d’un groupe de jeunes qu’elle entraîne militairement80. Cécile Cerf est responsable FTP-MOI dans la zone nord (août 1943-juin 1944), chargée de développer l’activité résistante parmi les femmes. Sophie Schwartz et Techka Tenenbaum occupent quant à elle des rôles de dirigeantes, des positions généralement confiées à des hommes. Tout en étant dirigeante de l’Union des femmes juives, Techka Tenenbaum est ensuite envoyée dans l’est de la France où elle est interrégionale, chargée de la direction du groupe de langue italienne. Elle est toutefois arrêtée le 6 janvier 1944 et déportée à Ravensbrück comme résistante. Sophie Schwartz, outre ses activités de dirigeante dans les secteurs de l’assistance et de l’enfance, est membre de la direction de la section juive de la MOI (zone nord) à partir de 1943. En 1944, elle remplace Schmulek Farber, alors malade, à la direction des cadres juifs en zone sud.

    43Tout en exerçant des activités traditionnellement associées aux femmes, les femmes du corpus transgressent donc les assignations de genre en adoptant des comportements en rupture avec l’univers traditionnel des femmes : lutte armée et direction d’organisations non spécifiquement féminines. En revanche, elles n’atteignent jamais les postes les plus stratégiques sur le plan politique, qui restent la chasse-gardée des hommes.

    Le tournant de 1943 : unité et concurrences dans le monde juif

    44Depuis l’occupation de la zone sud (11 novembre 1942), la situation des Juifs en zone sud est de plus en plus critique. En juin 1941, Vichy ordonne le recensement général des Juifs et l’apposition du cachet juif sur leur carte d’identité. L’aryanisation des entreprises commence en zone libre. En zone occupée, des milliers de Juifs, la plupart étrangers, sont internés et les déportations commencent au printemps 1942. En juillet 1942, la rafle du Vel d’Hiv’ aboutit à l’arrestation de plus de 13 000 Juifs. La même année, en zone libre, une série de rafles conduisent à la déportation de plus de 7 000 Juifs. Dans ce contexte, toutes les organisations juives sont de plus en plus critiques vis-à-vis de l’Union générale des Israélites de France (UGIF), la seule organisation légale de travail social juif imposée par l’Occupant depuis novembre 1941 et qui résulte de la fusion de plusieurs œuvres sociales juives. Chargée de représenter les Juifs de France auprès des pouvoirs publics et de prendre en charge les questions d’assistance, elle est accusée par les Juifs communistes de collaboration81. Certaines de ses structures collectives (cantines, maisons d’enfants) sont la cible de rafles récurrentes et concentrent les attaques des Juifs communistes qui organisent parfois des actions afin d’évacuer des enfants des maisons de l’UGIF. Les organisations juives non communistes, dont certaines sont membres de l’UGIF, portent un regard moins critique mais organisent parallèlement une action clandestine de sauvetage et d’aide aux Juifs. En 1943, face à l’accélération des persécutions, les organisations juives prennent conscience de l’importance d’unir leurs forces malgré des différends politiques et stratégiques. Face à la création du CNR au printemps 1943, elles réalisent aussi la nécessité de présenter un front uni aux futurs représentants de la France.

    Rassembler et préparer l’avenir : la création de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE)

    45À partir de 1942 de nouvelles structures voient le jour dans le monde juif. En mai, la création du mouvement de la jeunesse sioniste (MJS), envisagée dès la fin de l’année 1941, résulte de la dissolution de toutes les organisations de jeunesses sionistes existantes afin de former une nouvelle entité plus efficace. Il s’agit d’un « cas sans précédent dans l’histoire du sionisme à travers l’Europe82 ». Du côté des Juifs communistes, est d’abord créée, en septembre 1942, une organisation dédiée à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, le mouvement national contre le racisme (MNCR), qui doit mobiliser Juifs et non-Juifs, Français et étrangers. Le MNCR s’inscrit dans la continuité de la politique du PCF vis-à-vis des immigrés depuis les années trente : diffuser le communisme parmi les populations immigrées tout en cherchant à créer des liens entre les immigrés et les Français83. L’organisation se veut patriotique (« mouvement national ») et universaliste (« racisme ») même s’il s’agit alors principalement de dénoncer l’antisémitisme. Dans la presse clandestine du mouvement, J’accuse en zone nord et Fraternité en zone sud, les persécutions antisémites sont décrites comme le prélude de persécutions qui toucheront d’autres catégories de Français. Les fondateurs du MNCR, pour l’essentiel des Juifs communistes issus de la MOI, espèrent ainsi parvenir à rassembler Juifs et non-Juifs.

    46Parallèlement, face à la création du CNR en 1943, les Juifs communistes cherchent à créer un corps représentatif en mesure de présenter les problèmes et revendications des Juifs de France. Au printemps 1943, à Paris, une conférence secrète réunit les représentants de la résistance juive communiste des deux zones. Édouard Kowalski, Adam Rayski, Idl Korman, Techka Tenenbaum et peut-être Sophie Schwartz représentent la direction parisienne84. Jacques Ravine est le représentant de la zone sud. L’idée d’une nouvelle organisation de masse, qui réunirait dans la lutte contre l’occupant tous les Juifs de France, ceux d’origine étrangère comme les Français, toutes tendances politiques confondues, donne naissance à l’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE). Née à Paris à la fin du mois d’avril ou en mai 1943, elle ne s’ajoute pas aux organisations préexistantes mais regroupe toutes les organisations clandestines juives communistes existantes : Solidarité à Paris, son corollaire en zone sud, l’Union des femmes juives, l’Union des jeunes Juifs, les groupes de la commission intersyndicale juive et les groupes armés85. Rattachée à la MOI, l’UJRE dispose d’une autonomie d’action et d’orientation. Elle représente le pendant juif du Front national, le mouvement de Résistance intérieure amorcé par le PCF le 1er mai 1942 et actif depuis début 1943 et qui promeut un vaste rassemblement ouvert aux non communistes.

    47À la suite des arrestations nombreuses du printemps et de l’été 1943 en région parisienne, qui déciment la résistance juive communiste de zone nord, la direction nationale des organisations clandestines juives est établie à Lyon en septembre 1943. Elle est assurée par Adam Rayski, Jacques Ravine et Jacques Farber qui est remplacé par Sophie Schwartz en 1944. Se trouvent aussi à leurs côtés les responsables de l’Union des jeunes juifs et du MNCR.

    Fig. 2. – Direction des organisations juives clandestines repliées à Lyon à partir de septembre 1943.

    48L’UJRE existe-t-elle déjà en zone sud ou est-elle implantée à la suite du repli de la section juive à Lyon ? Certains estiment qu’après le repli en zone sud, les Juifs communistes accélèrent la formation de l’UJRE en zone sud. Dans un rapport de décembre 1943, Adam Rayski écrit : « Vers le début de décembre, l’UJRE a commencé à vivre. Elle a premièrement englobé toutes nos formations de masses existantes, et ensuite des éléments du parti et sans-parti aptes à élargir notre influence parmi les Juifs français86. » D’autres considèrent que l’UJRE existait déjà en zone sud depuis sa création87. Elle prend toutefois de l’ampleur avec le repli des principaux cadres en zone sud.

    49La nature de l’UJRE illustre le changement de stratégie du PCF vis-à-vis des Juifs de la MOI. Alors que ceux-ci étaient invités depuis les années trente à cibler la population juive d’origine étrangère, le PCF cherche désormais à cibler toute la population juive, française comme étrangère. Un document non signé et non daté (mais datant probablement du printemps 1943), adressé à la délégation du Comité central en zone sud, revient sur les fondements de ce projet. Intitulé « Communication relative à la ligne politique à suivre par nos camarades du groupe de langue juif88 », le document procède à un exposé sur les divisions qui existaient avant-guerre entre Juifs français et Juifs immigrés. Néanmoins, face aux premières campagnes antisémites avant la guerre, un rapprochement aurait débuté. Le document estime que ce rapprochement doit continuer car, face à la politique antisémite du gouvernement, les Juifs de France deviennent « une catégorie particulière, avec des revendications particulières » dans la masse de la Nation française. Ils « doivent donc développer une action particulière » et changer leurs méthodes militantes afin d’attirer les Juifs français :

    « Voilà ce que doivent comprendre les camarades de notre groupe de langue juif. Ils sont habitués à développer leur activité exclusivement dans le milieu des immigrés. S’ils restent à cette ancienne position, ils risquent d’être coupés de la masse. Ils doivent donc opérer un tournant décisif vers la conquête des masses juives en France en général et de ce fait opérer un changement dans leurs méthodes d’agitation, dans leur langue, dans les formes d’organisation de la masse, etc. Leur ambition avant la guerre était d’être les représentants reconnus des Juifs immigrés, ils doivent devenir maintenant une des forces dirigeantes des Juifs en France89. »

    50En conséquence, l’UJRE adopte comme langue officielle le français et publie essentiellement dans cette langue. Pour Renée Poznanski, le nouveau langage unitaire alors adopté par les Juifs communistes, qui souligne la communauté de destin des Juifs, « sans en être dénuée, n’était pas de pure tactique politique : il collait trop à la réalité pour cela90 ». L’urgence est en effet la lutte contre les nazis, une lutte qui requiert le plus de forces possibles et, donc, l’unité.

    Unir et représenter tous les Juifs de France : la création d’organisations unitaires

    51Jusqu’en 1943, les Juifs communistes agissent à part. Les autres organisations juives de l’immigration parviennent en revanche à s’unir. En juin 1940, naît ainsi à Paris le Comité Amelot, qui rassemble toutes les organisations juives de l’immigration à l’exception des communistes. Il prend le nom de la rue où était situé, avant-guerre, le dispensaire de la Colonie Scolaire, « La mère et l’enfant », au 36 rue Amelot. Il regroupe la Fédération des sociétés juives de France (FSJF) – une organisation de tendance sioniste constituée de Juifs immigrés –, la Colonie Scolaire, le Poale Sion de gauche, le Yddishe Vinkl, le Bund et l’œuvre de secours aux enfants (OSE)91. En zone sud est créé le Comité de coordination auprès de la FSJF92. À l’été 1943, un rapprochement entre ces organisations et les Juifs communistes s’amorce. La FSJF propose en effet une rencontre à la direction des organisations juives communistes de zone sud, afin de discuter d’un projet d’unité. Les sionistes et les communistes s’entendent sur les questions d’aide et de sauvetage mais ne parviennent pas à trouver d’accord sur la question de la lutte armée contre l’occupant93. La FSJF s’oppose en effet à la lutte armée par crainte de représailles contre la population juive.

    52Un compromis est toutefois trouvé et permet la création du Comité général de défense (CGD) en juillet 1943 à Grenoble. Il réunit toutes les forces politiques des Juifs immigrés (sionistes, bundistes et communistes). Jusqu’à son arrestation en juin 1944, le secrétaire général est Léo Glaeser, membre de la FSJF. Il est ensuite remplacé par Henri-Adam Braun, le représentant des forces communistes. Le siège du CGD s’établit à Lyon. Dans sa charte d’unité, le CGD se donne plusieurs objectifs : l’organisation de la défense des Juifs ; la coordination de l’activité d’assistance ; le lien avec les forces libératrices du pays ; le développement de comités locaux et régionaux94. Des comités régionaux essaiment rapidement en France. En janvier 1944, naît aussi à Paris le Comité d’unité et de défense des Juifs de France (CUDJF), pendant du CGD en zone nord. L’action organisée de sauvetage est renforcée mais la lutte armée incombe exclusivement à l’UJRE, qui obtient une petite subvention du CGD pour financer les groupes de combat qu’elle a commencé à créer au printemps 1943 en zone sud95.

    53Cette unité ne doit toutefois pas masquer la compétition et les conflits qui se jouent au sein du CGD. Les bundistes n’aiment pas « l’idée de de donner aux communistes une “carte d’entrée dans la société juive” » quand les communistes ne se privent pas de fustiger « l’attentisme des sionistes96 ». Les communistes craignent aussi constamment d’être exclus des décisions communautaires. Ils cherchent donc à renforcer leur place au sein du Comité. Dans un rapport « du responsable de l’unité pour le mois de novembre » 1943, dont la stratégie est clairement impulsée par le PCF, on lit ainsi :

    « Afin de diminuer les possibilités de manœuvre de nos associés, notre représentant s’est tracé comme ligne de conduite la pénétration complète de tous les rouages et les multiples compartiments de l’activité financière, et les liaisons du Comité. Ce n’est pas une petite tâche, car nos alliés se gardent bien de nous la faciliter. Ce n’est que la politique de présence et, d’autre part, les dissensions entre les différents membres du comité (qui sont plus souvent d’ordre personnel que politique), qui nous permettent d’entrevoir de temps en temps, et dernièrement de plus en plus, quelques aspects ou rouages du Comité de coordination tenus en secret97. »

    54Cet extrait révèle la méfiance des communistes et leur stratégie politique pour ne pas être dépassés. Ils entendent aussi jouer un rôle prépondérant dans le monde juif, ce qui passe par l’unité car « un bon travail dans l’Unité doit nous fournir le meilleur terrain pour le renforcement de notre influence sur les J [Juifs]98 ».

    55Malgré ces concurrences internes, une deuxième étape vers l’unité est franchie avec la fondation du Conseil représentatif des israélites de France (CRIF) à la fin de l’année 1943. Celle-ci fait suite à des discussions entre les représentants du CGD et ceux du Consistoire central, replié à Lyon. Plusieurs mois sont toutefois nécessaires avant la publication officielle d’une charte, signée en juillet 1944. Des conflits opposent notamment les communistes aux sionistes sur la question palestinienne99. Cette unité est sans précédent : toutes les tendances du monde juif, religieux comme non religieux, immigrés et Français sont réunis dans la même organisation. Comme l’écrit Renée Poznanski : « Pour la première fois de son histoire, le judaïsme de France avait adopté le principe d’une représentation unifiée qui ne reposait pas sur un seul fondement religieux100. » Le Consistoire reste toutefois prééminent au sein du CRIF puisque le poste de président est réservé à l’un de ses membres et que six des treize membres constitutifs du CRIF sont désignés par le Consistoire. Le CRIF porte un projet d’avenir : celui d’une nouvelle représentation politique des Juifs de France. C’est lui qui doit communiquer avec le CNR au nom de tous les Juifs de France puis devenir, après-guerre, l’interprète du judaïsme devant les pouvoirs publics.

    56Avec la fondation du CGD et du CRIF, toutes les composantes de la Résistance juive partagent désormais le même double objectif : « [organiser] la défense des Juifs, mais également [insérer] la Résistance juive dans le mouvement général de la Résistance pour préparer la réintégration des Juifs dans leurs droits101 ». La création des infrastructures unitaires, tournées vers l’avenir et la reconstruction, est suivie dès le début de l’année 1944 du retour à Paris d’un certain nombre d’organisations et de cadres alors installés en zone sud. À l’instar d’autres organisations, les Juifs communistes se réorganisent donc à Paris dès le début de l’année 1944 en y envoyant des militants. L’UJRE prépare aussi son propre programme pour l’avenir.

    L’UJRE, un programme concurrent pour l’avenir ?

    57Le programme de l’UJRE reflète ses prétentions pour l’après-guerre. Dans un tract à valeur programmatique publié une première fois en janvier 1944, puis au printemps et en août 1944, l’UJRE présente un programme en trois points : l’entraide, la résistance, la représentation des Juifs auprès des pouvoirs publics102. Ce programme est initialement publié dans un moment de flou : le CRIF n’a alors pas encore publié sa charte et l’UJRE peut donc publier le sien sans entrer en concurrence avec la nouvelle instance.

    58L’urgence est d’abord le présent. L’UJRE fait donc une place centrale à l’entraide et entend apporter une assistance matérielle aux Juifs et aider à leur « planquage ». Elle prévoit de créer des comités régionaux, locaux ou de quartier pour venir en aide aux Juifs nécessiteux et en danger. Elle peut s’appuyer pour cela sur le réseau mis en place par Solidarité depuis 1940. Elle souhaite aussi créer un service d’assistance sociale chargé de s’occuper des enfants, vieillards et malades. Enfin, elle veut créer un service de pièces d’identité pour aider les Juifs à passer dans l’illégalité.

    59La Résistance est bien sûr centrale dans le programme de l’UJRE. L’organisation adopte un point de vue singulier, qui a semble-t-il un impact durable sur sa perception ultérieure de la nature du militantisme juif communiste. Elle estime ainsi que « le combat des Juifs ne doit pas être anonyme » car le combat anonyme « a permis aux antisémites partout de poursuivre la plus odieuse de leur propagande » en accusant les Juifs de lâcheté. Les Juifs doivent donc lutter en tant que Juifs, à la fois pour leur existence, mais aussi dans le combat patriotique de tous les Français pour la liberté du pays. L’UJRE considère que : « Par le combat qu’ils mènent aujourd’hui, ils [les Juifs] acquièrent le droit de réclamer à la France de demain leurs droits d’hommes et de citoyens103. » Cette position permet de comprendre le poids de la lutte armée pour les Juifs communistes et le rôle symbolique qu’ils lui assignent, dans le cadre d’une communication qui s’adresse toujours simultanément à plusieurs audiences. Il s’agit, d’une part, de suivre les objectifs du PCF, qui privilégient des objectifs armés ; d’autre part, de montrer à tous, et notamment aux Français non juifs, que les Juifs ont pris leur part dans les combats patriotiques pour la Libération et qu’ils ne sont pas lâches, comme le laissent croire un certain nombre de stéréotypes.

    60L’UJRE entend enfin œuvrer à la création d’une « représentation unique des Juifs de France englobant les représentants de tous les groupements juifs de résistance. Cet organisme représentera les Juifs auprès du CNR jusqu’à la victoire, auprès du Gouvernement provisoire de la République après la victoire104 », ainsi qu’auprès des instances juives internationales. Comment comprendre un tel objectif, affiché en avril 1944, alors même que le CRIF est censé être le nouvel organe politique des Juifs de France ? Outre le fait que le CRIF n’a alors pas encore publié sa charte, l’UJRE s’inquiète d’être exclue des instances unitaires juives. Si les Juifs communistes sont représentés, au sein du CGD et du CRIF, par des représentants comme Henri-Adam Braun, leur organisation principale, l’UJRE, n’en est pas membre. Les organisations non communistes ne veulent pas offrir aux Juifs communistes une double représentation. Suspicieuse et craignant constamment d’être exclue des instances unitaires, l’UJRE ne renonce donc pas à son objectif de représentation des Juifs de France.

    ⁂

    61Ce chapitre a permis de dessiner le portrait d’une génération militante et de ses organisations créées dès les années 1930 en France. Ce groupe se caractérise par son engagement politique en Pologne et Europe orientale, le plus souvent non hérité, un capital scolaire plus élevé que les cadres communistes non juifs et que les militants juifs yiddishophones de la base, la sortie de la religion comme première étape vers le marxisme, le rôle de passeurs de savoirs et savoir-faire militants dans leur engagement, un rapport assoiffé au savoir, qui n’est pas sans lien avec la volonté de s’extraire de la condition de leurs parents. À l’issue de la guerre, les membres du corpus sont des militants expérimentés, ayant pour l’essentiel joué un rôle important dans la Résistance en France. À quelques exceptions près, les militants les plus hauts placés après-guerre sont aussi ceux qui ont joué des rôles de premier plan dans la clandestinité, nous allons le voir. C’est là une des spécificités de ce groupe : contrairement à beaucoup de résistants français, qui étaient des nouveaux venus dans le combat et qui ne pérennisent pas leur expérience sous forme d’un engagement politique après-guerre105, l’engagement des Juifs communistes s’inscrit dans la longue durée : il remonte à l’avant-guerre et continue après-guerre.

    Notes de bas de page

    1Lederman Charles, Mémoires inédits non publiés, Paris, p. 203.

    2Mannheim Karl, Le problème des générations, Paris, Nathan, 1990.

    3Sur les générations communistes : Kriegel Annie, Les communistes français : essai d’ethnographie politique, Paris, Seuil, 1968 ; Françoise Subileau, « Générations ou classes d’âge chez les militants communistes parisiens », Rapport au 1er congrès de l’AFSP, Paris, 22-24 octobre 1981 ; Buton Philippe, « Les générations communistes », Vingtième Siècle, Revue d’histoire, no 22, 1989, p. 81-91 ; Wieviorka Annette, « Chapitre 5/Juifs et communistes. L’engagement politique à l’épreuve de trois générations », in Anne Muxel (dir.), Temps et politique. Les recompositions de l’identité, Paris, Presses de Sciences Po, 2016, p. 105-122.

    4Voegtli Michael, « Du jeu dans le je : ruptures biographiques et travail de mise en cohérence », op. cit., 2004, p. 145-158.

    5Les mémoires publiés sont les suivants : Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980 ; Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, Paris, Seuil, 2006 ; Rayski Adam, Nos illusions perdues, Paris, Balland, 1985. Simon Cukier, David Diamant, Michel Grojnowski et Charles Lederman ont quant à eux écrit des mémoires ou des témoignages qu’ils n’ont pas publiés.

    6Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé : Sophie Schwartz-Micnik, 1905-1999, Paris, AGP, 2006 ; Brudny Michelle-Irène, Les noms de Vilno, Paris, Le Temps, 2020.

    7Roblin Michel, Les juifs de Paris : démographie, économie, culture, thèse de doctorat, université de Paris, faculté des lettres, 1952 ; Roland Charlotte, Du ghetto à l’Occident : deux générations yiddiches en France, Paris, Éditions de Minuit, 1962 ; Lustman François, Entre Shoah, communisme et sionisme : les Juifs yiddish de Paris et leur presse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Honoré Champion, 2012.

    8Boulland Paul, « “Des hommes quelconques” ? La politique d’encadrement au crible de la sociobiographie (1944-1974) », in Claude Pennetier et Bernard Pudal (dir.), Le sujet communiste : identités militantes et laboratoires du « moi », Rennes, PUR, 2014, p. 192 (191-216).

    9Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 59.

    10Sur le communisme comme croyance séculaire, voir par exemple : Lazar Marc, Le communisme : une passion française, Paris, Perrin, 2002.

    11Pudal Bernard et Pennetier Claude, Le souffle d’octobre 1917, op. cit., 2017, p. 196.

    12Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 17.

    13Par exemple : Entretien avec Raymonde Baron, fille d’un militant de la base, 25 septembre 2018 ; Entretien avec Alex Gromb, fils de Jacob Gromb, 16 mars 2017.

    14Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 18.

    15Boulland Paul, « “Des hommes quelconques” ? La politique d’encadrement au crible de la sociobiographie (1944-1974) », op. cit., 2014, p. 201 (191-216).

    16Entretien avec Alex Gromb, 16 mars 2017.

    17AD 93, PCF, 269 J, fonds Grojnowski, fascicule « L’affaire Jacob Gromb ».

    18List-Pakin Jeanne, « Vie et mort d’une famille juive en Pologne », Le Monde juif, no 3, vol. 158, 1996, p. 179 (178-208).

    19Entretien avec C. C., la fille de Cécile Cerf, 10 janvier 2022.

    20Jeanne List-Pakin est connue dans le monde militant sous le nom de Pakin à partir de 1941. Il s’agit du nom de Léon Pakin, qu’elle rencontre en novembre 1941 et dont elle a un fils en 1942. Jeanne et Léon ne se sont pourtant jamais mariés : Léon Pakin a été fusillé en juillet 1942 et n’a jamais connu son fils.

    21Entretien avec Michelle-Irène Brudny, la fille d’Anna Vilner, 21 février 2018.

    22Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 7-9.

    23Grojnowski dit Monikowski Michel, Mémoires, non publiés, s. d., p. 237.

    24Christian Michel et Heiniger Alix, « Présentation au dossier Femmes, genre et communismes », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 2, vol. 126, 2015, p. 11 (3-13).

    25Échange de courriels avec Julien Hirsch, février 2020.

    26Ce sont les trois influences majeures identifiées par la psychosociologue Molly Andrews comme étant au fondement de la formation de la conscience politique : Andrews Molly, Lifetimes of Commitment: Aging, Politics, Psychology, Cambridge, Cambridge University Press, 1991.

    27Leclercq Catherine, Histoires d’« ex » : une approche socio-biographique du désengagement des militants du Parti communiste français, thèse de doctorat, Institut d’études politiques, 2008, p. 311.

    28Leclercq Catherine et Pagis Julie, « Les incidences biographiques de l’engagement », no 84, Sociétés contemporaines, 2011, p. 19.

    29Boswell Laird, « L’historiographie du communisme français est-elle dans une impasse ? », Revue française de science politique, no 5, vol. 55, 2005, p. 919-933.

    30Frémontier Jacques, L’étoile rouge de David, op. cit., 2002 ; Aronowicz Annette, « Haim Sloves, the Jewish People, and a Jewish Communist’s Allegiances », Jewish Social Studies, no 1, vol. 9, 2002, p. 95-142.

    31Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980.

    32Centre de documentation du Mémorial de la Shoah (CDJC), DD, CMXXV/1/7, questionnaire adressé aux camarades vétérans du PCF, formulaire rempli par David Diamant, 1975 ; Rayski Adam, Nos illusions perdues, op. cit., 1985, p. 25 ; Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 15.

    33Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 8 ; Interview de Sonia Bianchi, musée de l’Histoire vivante de Montreuil, 1984.

    34Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 33.

    35Ibid., p. 34.

    36Ibid., p. 38.

    37Interview de Sonia Bianchi, musée de l’Histoire vivante de Montreuil, 1984.

    38Il s’agit de Sonia Bianchi, Henri-Adam Braun (qui adhère à 16 ans à la Social-Démocratie du Royaume de Pologne et de Lituanie, la SDKPiL, un parti politique marxiste clandestin), Cécile Cerf, Louis Gronowski, Michel Grojnowski, Jacob Gromb, Jacques Kaminski, Édouard Kowalski, Charles Lederman, Joseph Minc, Jeanne List-Pakin, Adam Rayski, Haïm Slovès, Jacques Ravine et Anna Vilner.

    39Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 46.

    40Rayski Adam, Nos illusions perdues, op. cit., 1985, p. 26.

    41Interview de Sonia Bianchi, musée de l’Histoire vivante de Montreuil, 1984.

    42Il s’agit de Simon Cukier et Jacques Farber (Poale-Sion de gauche), David Diamant et Hirsch-Jacobi (Hachomer Hatzaïr), Youdine (Macabi) et Techka Tenenbaum (organisation sportive sioniste de gauche).

    43Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 8.

    44CDJC, DD, CMXXV/1/7, questionnaire adressé aux camarades vétérans du PCF, formulaire rempli par David Diamant, 1975.

    45Pour des chiffres et exemples plus précis, je renvoie au manuscrit de ma thèse de doctorat et à ses annexes. Le manuscrit est consultable en version papier à la bibliothèque de Sciences Po Paris et au Mémorial de la Shoah.

    46Kichelewski Audrey, Les survivants : les juifs de Pologne depuis la Shoah, Paris, Belin, 2018, p. 103-104.

    47Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 59.

    48Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018, p. 399.

    49Lahu Corentin, La solidarité comme arme : le Secours rouge international, une organisation de défense face à la répression du mouvement communiste (1918-1934), thèse de doctorat, Bourgogne Franche-Comté, 2022.

    50Pour la période de la IVe République, voir Guedj Jérémy, « S’engager en minorité. Les immigrés et la vie politique dans les Alpes-Maritimes sous la IVe République », op. cit., 2011, p. 141-158.

    51Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 11 ; Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 33-56 ; Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 78-82.

    52Grumberg Zoé, « Sortir de la clandestinité ? Expériences clandestines de militants du monde juif communiste yiddishophone, France, entre-deux-guerres-années 1950 », in Virgile Cirefice, Grégoire Le Quang et Charles Riondet (dir.), La part de l’ombre. Histoire de la clandestinité politique au xxe siècle, Seyssel, Éditions Champ Vallon, 2019, p. 277-290.

    53Zaagsma Gerben, Jewish Volunteers, the International Brigades and the Spanish Civil War, Londres, Bloomsbury Academic, 2018 ; Sill Édouard (dir.), ¡Solidarias!: Les volontaires étrangères et la solidarité internationale féminine durant la guerre d’Espagne (1936-1939), Rennes, PUR, 2022.

    54Lazar Marc, « Le parti et le don de soi », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 1, vol. 60, 1998, p. 37 (35-42).

    55Lederman Charles, Mémoires inédits non publiés, op. cit., p. 102.

    56Courtois Stéphane, « La résistance communiste juive », Pardès, vol. 6, 1987 ; Poznanski Renée, « La résistance juive en France », Revue d’histoire de la deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, vol. 137, 1985, p. 3-32 ; Poznanski Renée, Propagandes et persécutions, op. cit., 2008 ; Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018 ; sur les débats sur la définition de la résistance juive et le poids de la lutte armée voir Lévy Claude, « La résistance juive en France. De l’enjeu de mémoire à l’histoire critique », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 1, vol. 22, 1989, p. 117-128.

    57Martelli Roger, Vigreux Jean et Wolikow Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, Paris, Armand Colin, 2020, p. 75.

    58Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 74.

    59Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 121.

    60Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France : 1940-1944, Paris, Julliard, 1973, p. 27.

    61Ibid., p. 28.

    62Martelli Roger, Vigreux Jean et Wolikow Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, op. cit., 2020, p. 80.

    63Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 137.

    64Ibid., p. 178.

    65Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 243-387.

    66Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018.

    67Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 28.

    68Ibid., p. 29.

    69Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 134.

    70Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 29.

    71Poznanski Renée, « On Jews, Frenchmen, Communists, and the Second World War », op. cit., 2004, p. 190 (168-198).

    72Martelli Roger, Vigreux Jean et Wolikow Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, op. cit., 2020, p. 83.

    73Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 31.

    74Sur les organisations juives à Paris pendant la guerre, voir Adler Jacques, Face à la persécution : les organisations juives à Paris de 1940 à 1944, Paris, Calmann-Lévy, 1985.

    75Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 37.

    76Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 146-147.

    77Charles Lederman, Mémoires inédits non publiés, p. 237.

    78Sur la Résistance au prisme du genre : Andrieu Claire, « Les résistantes, perspectives de recherche », Le Mouvement social, no 180, 1997, p. 69-96 ; Lacour-Astol Catherine, Le genre de la Résistance, Paris, Presses de Sciences Po, 2015.

    79Pour une réflexion sur les femmes dans le PCF dans l’entre-deux-guerres : Pennetier Claude et Pudal Bernard, « La part des femmes, des femmes à part… », Le sujet communiste : identités militantes et laboratoires du « moi », Rennes, PUR, 2014, p. 165-189.

    80Siège national du PCF, fonds des questionnaires biographiques et de la Commission centrale de contrôle politique (Bio/CCCP), questionnaire biographique d’Anne Brudny dite Anna Vilner, 2 avril 1952.

    81Sur l’UGIF comme force collaborationniste, voir Rajsfus Maurice et Vidal-Naquet Pierre, Des juifs dans la collaboration. L’UGIF, 1941-1944, Paris, ÉDI, 1980 ; Michel Laffitte propose quant à lui une vision moins polémique de l’UGIF : Laffitte Michel, Un engrenage fatal : l’UGIF face aux réalités de la Shoah, 1941-1944, Paris, Liana Levi, 2003 ; pour une réflexion récente et comparatiste : Vastenhout Laurien, Between Community and Collaboration: « Jewish Councils » in Western Europe under Nazi Occupation, Cambridge, Cambridge University Press, 2022.

    82Lazare Lucien, La Résistance juive en France, Paris, Stock, 1987, p. 82.

    83Poznanski Renée, « On Jews, Frenchmen, Communists, and the Second World War », op. cit., 2004, p. 196 (168-198).

    84Entretien avec Denise Sevastos, 5 juin 2024 : Denise Sevastos me signale que Sophie Schwartz était peut-être absente de cette réunion car elle aurait été opérée de l’appendicite au même moment.

    85Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 147.

    86Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 397. CDJC, CDLXXIII-93, décembre 1943, rapport interne écrit par Adam Rayski.

    87Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 154.

    88Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne (MRN), fonds David Diamant (DD), carton 26, « Communication relative à la ligne politique à suivre par nos camarades du groupe de langue juif », sans date.

    89Ibid.

    90Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 515.

    91Adler Jacques, Face à la persécution, op. cit., 1985, p. 158-168 ; Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 79.

    92Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 516.

    93Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David et Grojnowski Michel, Juifs révolutionnaires : une page d’histoire du Yidichland en France, Paris, Messidor, 1987, p. 181 ; Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018, p. 286-287.

    94MRN, DD, carton 31 « CGD », dossier 4, charte d’unité du CGD, sans date.

    95Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 155.

    96Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 517 ; voir aussi Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018, p. 287.

    97MRN, DD, carton 31 « CGD », dossier 6, « Rapport du responsable pour l’unité », sans date, peut-être octobre 1943.

    98Ibid.

    99Ghiles-Meilhac Samuel, Le CRIF, op. cit., 2010.

    100Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 519.

    101Ibid., p. 534.

    102AD 93, DD, 335 J 65-86 UJRE, 335 J 65 correspondances, « l’UJRE son action et ses buts » édition illégale janvier 1944, réédition août 1944 ; MRN, DD, carton 26, dossier 35, tract d’avril 1944.

    103Ibid.

    104Ibid.

    105Andrieu Claire, « Le Conseil national de la Résistance et les logiques de l’insurrection résistante », Le rétablissement de la légalité républicaine (1944) : interventions, Bruxelles, Éditions Complexe, 1996, p. 299-355.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0

    Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Presses universitaires de Rennes
    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    ePub / PDF

    1Lederman Charles, Mémoires inédits non publiés, Paris, p. 203.

    2Mannheim Karl, Le problème des générations, Paris, Nathan, 1990.

    3Sur les générations communistes : Kriegel Annie, Les communistes français : essai d’ethnographie politique, Paris, Seuil, 1968 ; Françoise Subileau, « Générations ou classes d’âge chez les militants communistes parisiens », Rapport au 1er congrès de l’AFSP, Paris, 22-24 octobre 1981 ; Buton Philippe, « Les générations communistes », Vingtième Siècle, Revue d’histoire, no 22, 1989, p. 81-91 ; Wieviorka Annette, « Chapitre 5/Juifs et communistes. L’engagement politique à l’épreuve de trois générations », in Anne Muxel (dir.), Temps et politique. Les recompositions de l’identité, Paris, Presses de Sciences Po, 2016, p. 105-122.

    4Voegtli Michael, « Du jeu dans le je : ruptures biographiques et travail de mise en cohérence », op. cit., 2004, p. 145-158.

    5Les mémoires publiés sont les suivants : Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980 ; Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, Paris, Seuil, 2006 ; Rayski Adam, Nos illusions perdues, Paris, Balland, 1985. Simon Cukier, David Diamant, Michel Grojnowski et Charles Lederman ont quant à eux écrit des mémoires ou des témoignages qu’ils n’ont pas publiés.

    6Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé : Sophie Schwartz-Micnik, 1905-1999, Paris, AGP, 2006 ; Brudny Michelle-Irène, Les noms de Vilno, Paris, Le Temps, 2020.

    7Roblin Michel, Les juifs de Paris : démographie, économie, culture, thèse de doctorat, université de Paris, faculté des lettres, 1952 ; Roland Charlotte, Du ghetto à l’Occident : deux générations yiddiches en France, Paris, Éditions de Minuit, 1962 ; Lustman François, Entre Shoah, communisme et sionisme : les Juifs yiddish de Paris et leur presse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Honoré Champion, 2012.

    8Boulland Paul, « “Des hommes quelconques” ? La politique d’encadrement au crible de la sociobiographie (1944-1974) », in Claude Pennetier et Bernard Pudal (dir.), Le sujet communiste : identités militantes et laboratoires du « moi », Rennes, PUR, 2014, p. 192 (191-216).

    9Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 59.

    10Sur le communisme comme croyance séculaire, voir par exemple : Lazar Marc, Le communisme : une passion française, Paris, Perrin, 2002.

    11Pudal Bernard et Pennetier Claude, Le souffle d’octobre 1917, op. cit., 2017, p. 196.

    12Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 17.

    13Par exemple : Entretien avec Raymonde Baron, fille d’un militant de la base, 25 septembre 2018 ; Entretien avec Alex Gromb, fils de Jacob Gromb, 16 mars 2017.

    14Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 18.

    15Boulland Paul, « “Des hommes quelconques” ? La politique d’encadrement au crible de la sociobiographie (1944-1974) », op. cit., 2014, p. 201 (191-216).

    16Entretien avec Alex Gromb, 16 mars 2017.

    17AD 93, PCF, 269 J, fonds Grojnowski, fascicule « L’affaire Jacob Gromb ».

    18List-Pakin Jeanne, « Vie et mort d’une famille juive en Pologne », Le Monde juif, no 3, vol. 158, 1996, p. 179 (178-208).

    19Entretien avec C. C., la fille de Cécile Cerf, 10 janvier 2022.

    20Jeanne List-Pakin est connue dans le monde militant sous le nom de Pakin à partir de 1941. Il s’agit du nom de Léon Pakin, qu’elle rencontre en novembre 1941 et dont elle a un fils en 1942. Jeanne et Léon ne se sont pourtant jamais mariés : Léon Pakin a été fusillé en juillet 1942 et n’a jamais connu son fils.

    21Entretien avec Michelle-Irène Brudny, la fille d’Anna Vilner, 21 février 2018.

    22Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 7-9.

    23Grojnowski dit Monikowski Michel, Mémoires, non publiés, s. d., p. 237.

    24Christian Michel et Heiniger Alix, « Présentation au dossier Femmes, genre et communismes », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 2, vol. 126, 2015, p. 11 (3-13).

    25Échange de courriels avec Julien Hirsch, février 2020.

    26Ce sont les trois influences majeures identifiées par la psychosociologue Molly Andrews comme étant au fondement de la formation de la conscience politique : Andrews Molly, Lifetimes of Commitment: Aging, Politics, Psychology, Cambridge, Cambridge University Press, 1991.

    27Leclercq Catherine, Histoires d’« ex » : une approche socio-biographique du désengagement des militants du Parti communiste français, thèse de doctorat, Institut d’études politiques, 2008, p. 311.

    28Leclercq Catherine et Pagis Julie, « Les incidences biographiques de l’engagement », no 84, Sociétés contemporaines, 2011, p. 19.

    29Boswell Laird, « L’historiographie du communisme français est-elle dans une impasse ? », Revue française de science politique, no 5, vol. 55, 2005, p. 919-933.

    30Frémontier Jacques, L’étoile rouge de David, op. cit., 2002 ; Aronowicz Annette, « Haim Sloves, the Jewish People, and a Jewish Communist’s Allegiances », Jewish Social Studies, no 1, vol. 9, 2002, p. 95-142.

    31Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980.

    32Centre de documentation du Mémorial de la Shoah (CDJC), DD, CMXXV/1/7, questionnaire adressé aux camarades vétérans du PCF, formulaire rempli par David Diamant, 1975 ; Rayski Adam, Nos illusions perdues, op. cit., 1985, p. 25 ; Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 15.

    33Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 8 ; Interview de Sonia Bianchi, musée de l’Histoire vivante de Montreuil, 1984.

    34Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 33.

    35Ibid., p. 34.

    36Ibid., p. 38.

    37Interview de Sonia Bianchi, musée de l’Histoire vivante de Montreuil, 1984.

    38Il s’agit de Sonia Bianchi, Henri-Adam Braun (qui adhère à 16 ans à la Social-Démocratie du Royaume de Pologne et de Lituanie, la SDKPiL, un parti politique marxiste clandestin), Cécile Cerf, Louis Gronowski, Michel Grojnowski, Jacob Gromb, Jacques Kaminski, Édouard Kowalski, Charles Lederman, Joseph Minc, Jeanne List-Pakin, Adam Rayski, Haïm Slovès, Jacques Ravine et Anna Vilner.

    39Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 46.

    40Rayski Adam, Nos illusions perdues, op. cit., 1985, p. 26.

    41Interview de Sonia Bianchi, musée de l’Histoire vivante de Montreuil, 1984.

    42Il s’agit de Simon Cukier et Jacques Farber (Poale-Sion de gauche), David Diamant et Hirsch-Jacobi (Hachomer Hatzaïr), Youdine (Macabi) et Techka Tenenbaum (organisation sportive sioniste de gauche).

    43Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 8.

    44CDJC, DD, CMXXV/1/7, questionnaire adressé aux camarades vétérans du PCF, formulaire rempli par David Diamant, 1975.

    45Pour des chiffres et exemples plus précis, je renvoie au manuscrit de ma thèse de doctorat et à ses annexes. Le manuscrit est consultable en version papier à la bibliothèque de Sciences Po Paris et au Mémorial de la Shoah.

    46Kichelewski Audrey, Les survivants : les juifs de Pologne depuis la Shoah, Paris, Belin, 2018, p. 103-104.

    47Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 59.

    48Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018, p. 399.

    49Lahu Corentin, La solidarité comme arme : le Secours rouge international, une organisation de défense face à la répression du mouvement communiste (1918-1934), thèse de doctorat, Bourgogne Franche-Comté, 2022.

    50Pour la période de la IVe République, voir Guedj Jérémy, « S’engager en minorité. Les immigrés et la vie politique dans les Alpes-Maritimes sous la IVe République », op. cit., 2011, p. 141-158.

    51Goldman René, Une femme juive dans les tourmentes du siècle passé, op. cit., 2006, p. 11 ; Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 33-56 ; Minc Joseph, L’extraordinaire histoire de ma vie ordinaire, op. cit., 2006, p. 78-82.

    52Grumberg Zoé, « Sortir de la clandestinité ? Expériences clandestines de militants du monde juif communiste yiddishophone, France, entre-deux-guerres-années 1950 », in Virgile Cirefice, Grégoire Le Quang et Charles Riondet (dir.), La part de l’ombre. Histoire de la clandestinité politique au xxe siècle, Seyssel, Éditions Champ Vallon, 2019, p. 277-290.

    53Zaagsma Gerben, Jewish Volunteers, the International Brigades and the Spanish Civil War, Londres, Bloomsbury Academic, 2018 ; Sill Édouard (dir.), ¡Solidarias!: Les volontaires étrangères et la solidarité internationale féminine durant la guerre d’Espagne (1936-1939), Rennes, PUR, 2022.

    54Lazar Marc, « Le parti et le don de soi », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 1, vol. 60, 1998, p. 37 (35-42).

    55Lederman Charles, Mémoires inédits non publiés, op. cit., p. 102.

    56Courtois Stéphane, « La résistance communiste juive », Pardès, vol. 6, 1987 ; Poznanski Renée, « La résistance juive en France », Revue d’histoire de la deuxième guerre mondiale et des conflits contemporains, vol. 137, 1985, p. 3-32 ; Poznanski Renée, Propagandes et persécutions, op. cit., 2008 ; Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018 ; sur les débats sur la définition de la résistance juive et le poids de la lutte armée voir Lévy Claude, « La résistance juive en France. De l’enjeu de mémoire à l’histoire critique », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 1, vol. 22, 1989, p. 117-128.

    57Martelli Roger, Vigreux Jean et Wolikow Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, Paris, Armand Colin, 2020, p. 75.

    58Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 74.

    59Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 121.

    60Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France : 1940-1944, Paris, Julliard, 1973, p. 27.

    61Ibid., p. 28.

    62Martelli Roger, Vigreux Jean et Wolikow Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, op. cit., 2020, p. 80.

    63Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 137.

    64Ibid., p. 178.

    65Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 243-387.

    66Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018.

    67Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 28.

    68Ibid., p. 29.

    69Gronowski-Brunot Louis, Le dernier grand soir, op. cit., 1980, p. 134.

    70Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 29.

    71Poznanski Renée, « On Jews, Frenchmen, Communists, and the Second World War », op. cit., 2004, p. 190 (168-198).

    72Martelli Roger, Vigreux Jean et Wolikow Serge, Le Parti rouge. Une histoire du PCF 1920-2020, op. cit., 2020, p. 83.

    73Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 31.

    74Sur les organisations juives à Paris pendant la guerre, voir Adler Jacques, Face à la persécution : les organisations juives à Paris de 1940 à 1944, Paris, Calmann-Lévy, 1985.

    75Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 37.

    76Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 146-147.

    77Charles Lederman, Mémoires inédits non publiés, p. 237.

    78Sur la Résistance au prisme du genre : Andrieu Claire, « Les résistantes, perspectives de recherche », Le Mouvement social, no 180, 1997, p. 69-96 ; Lacour-Astol Catherine, Le genre de la Résistance, Paris, Presses de Sciences Po, 2015.

    79Pour une réflexion sur les femmes dans le PCF dans l’entre-deux-guerres : Pennetier Claude et Pudal Bernard, « La part des femmes, des femmes à part… », Le sujet communiste : identités militantes et laboratoires du « moi », Rennes, PUR, 2014, p. 165-189.

    80Siège national du PCF, fonds des questionnaires biographiques et de la Commission centrale de contrôle politique (Bio/CCCP), questionnaire biographique d’Anne Brudny dite Anna Vilner, 2 avril 1952.

    81Sur l’UGIF comme force collaborationniste, voir Rajsfus Maurice et Vidal-Naquet Pierre, Des juifs dans la collaboration. L’UGIF, 1941-1944, Paris, ÉDI, 1980 ; Michel Laffitte propose quant à lui une vision moins polémique de l’UGIF : Laffitte Michel, Un engrenage fatal : l’UGIF face aux réalités de la Shoah, 1941-1944, Paris, Liana Levi, 2003 ; pour une réflexion récente et comparatiste : Vastenhout Laurien, Between Community and Collaboration: « Jewish Councils » in Western Europe under Nazi Occupation, Cambridge, Cambridge University Press, 2022.

    82Lazare Lucien, La Résistance juive en France, Paris, Stock, 1987, p. 82.

    83Poznanski Renée, « On Jews, Frenchmen, Communists, and the Second World War », op. cit., 2004, p. 196 (168-198).

    84Entretien avec Denise Sevastos, 5 juin 2024 : Denise Sevastos me signale que Sophie Schwartz était peut-être absente de cette réunion car elle aurait été opérée de l’appendicite au même moment.

    85Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 147.

    86Courtois Stéphane, Peschanski Denis et Rayski Adam, Le sang de l’étranger, op. cit., 1989, p. 397. CDJC, CDLXXIII-93, décembre 1943, rapport interne écrit par Adam Rayski.

    87Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 154.

    88Musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne (MRN), fonds David Diamant (DD), carton 26, « Communication relative à la ligne politique à suivre par nos camarades du groupe de langue juif », sans date.

    89Ibid.

    90Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 515.

    91Adler Jacques, Face à la persécution, op. cit., 1985, p. 158-168 ; Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 79.

    92Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 516.

    93Cukier Simon, Decèze Dominique, Diamant David et Grojnowski Michel, Juifs révolutionnaires : une page d’histoire du Yidichland en France, Paris, Messidor, 1987, p. 181 ; Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018, p. 286-287.

    94MRN, DD, carton 31 « CGD », dossier 4, charte d’unité du CGD, sans date.

    95Ravine Jacques, La Résistance organisée des Juifs en France, op. cit., 1973, p. 155.

    96Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 517 ; voir aussi Wieviorka Annette, Ils étaient juifs, résistants, communistes, op. cit., 2018, p. 287.

    97MRN, DD, carton 31 « CGD », dossier 6, « Rapport du responsable pour l’unité », sans date, peut-être octobre 1943.

    98Ibid.

    99Ghiles-Meilhac Samuel, Le CRIF, op. cit., 2010.

    100Poznanski Renée, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, op. cit., 2018, p. 519.

    101Ibid., p. 534.

    102AD 93, DD, 335 J 65-86 UJRE, 335 J 65 correspondances, « l’UJRE son action et ses buts » édition illégale janvier 1944, réédition août 1944 ; MRN, DD, carton 26, dossier 35, tract d’avril 1944.

    103Ibid.

    104Ibid.

    105Andrieu Claire, « Le Conseil national de la Résistance et les logiques de l’insurrection résistante », Le rétablissement de la légalité républicaine (1944) : interventions, Bruxelles, Éditions Complexe, 1996, p. 299-355.

    Militer en minorité ?

    X Facebook Email

    Militer en minorité ?

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Militer en minorité ?

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Grumberg, Z. (2025). Chapitre I. Portrait d’une génération militante. In Militer en minorité ? (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/14422
    Grumberg, Zoé. « Chapitre I. Portrait d’une génération militante ». In Militer en minorité ?. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2025. https://doi.org/10.4000/14422.
    Grumberg, Zoé. « Chapitre I. Portrait d’une génération militante ». Militer en minorité ?, Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/14422.

    Référence numérique du livre

    Format

    Grumberg, Z. (2025). Militer en minorité ? (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/14440
    Grumberg, Zoé. Militer en minorité ?. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2025. https://doi.org/10.4000/14440.
    Grumberg, Zoé. Militer en minorité ?. Presses universitaires de Rennes, 2025, https://doi.org/10.4000/14440.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires de Rennes

    Presses universitaires de Rennes

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.pur-editions.fr

    Email : pur@univ-rennes2.fr

    Adresse :

    2, avenue Gaston Berger

    CS 24307

    F-35044

    Rennes

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement