La prébende de l’écolâtre et la gestion des biens de Saint-Martin de Tours au ixe siècle
p. 23-38
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Index géographique : France
Texte intégral
1La connaissance des pouvoirs locaux en Touraine a été renouvelée, dans les dernières années, grâce à plusieurs monographies1. Les sources dont l’historien dispose proviennent des principales abbayes ligériennes ; leur nombre et leur qualité varient grandement d’un établissement à l’autre2. C’est ainsi que, par exemple, l’état de la documentation diplomatique concernant Marmoutier au seuil du Moyen Âge classique3 présente un contraste saisissant avec les carences que recèle le fonds de Saint-Martin, l’un des établissements les plus riches du royaume de France dont on ne connaît à présent, sous la forme de copies érudites, qu’une infime partie des actes ; de même, on ne peut que supposer – grâce notamment au formulaire élaboré à Saint-Martin de Tours vers le milieu du viiie siècle4 – le rôle que cet établissement, dont on sait le prestige5, devait exercer dans la rédaction des actes en Touraine6. La Pancarte noire (première moitié du xiie siècle), qui a fait l’objet d’une reconstitution7, ne nous permet qu’une approche biaisée de la documentation8 (on a tout lieu de penser que la sélection des chartes alors opérée9 occasionna la perte de nombre d’actes privés10). Or Saint-Martin de Tours offre l’exemple magnifique d’une seigneurie éclatée sur de larges parties de l’empire carolingien (ainsi, l’une des premières faveurs accordées par Charlemagne après la conquête du royaume lombard fut, en juillet 774, la donation à Saint-Martin de Tours de biens fiscaux sur le lac de Garde11). Un mémoire de maîtrise récent sur les possessions de Saint-Martin de Tours à l’époque carolingienne permet de mieux comprendre la politique d’approvisionnement de la communauté12, tandis que les documents comptables (fin du viie siècle – début du viiie siècle) offrent un témoignage exceptionnel, bien que fragmentaire et partiel, sur les redevances perçues par les agents de l’abbaye13. Parmi les actes de Saint-Martin, certains documents illustrent les préoccupations des frères en matière d’intendance14, d’autres permettent d’entrevoir une stratégie d’acquisitions foncières15, d’autres encore suggèrent l’existence d’une réelle politique dans la gestion des biens16. Le patrimoine de Saint-Martin offre ainsi une grande diversité qu’on ne peut appréhender que par des échantillons dont rien ne dit s’ils sont représentatifs. Il semble toutefois que les actes relatifs à la prébende de l’écolâtre permettent à l’historien d’entrevoir sous un jour assez cru la manière dont les droits sur les personnes et sur les biens étaient gérés dans le cadre de la seigneurie de ce grand établissement ligérien.
2Dans le cadre de cette analyse de la gestion des biens de Saint-Martin en rapport avec la fondation d’une prébende, on n’hésitera pas, avec Olivier Bruand, à parler de « seigneurie » à propos des droits de cet établissement monastique sur les terres et sur les hommes17. Les formulaires mérovingiens semblent à cet égard explicites : ainsi, dans un modèle de vente d’un bien sis dans le territoire (infra terminum) du saint18, l’acquéreur reçoit toute liberté de faire ce qu’il veut (quicquid de supradicta rem [ !] facere volueris, liberam habeas potestatem), sans toutefois qu’il soit porté préjudice aux droits du saint (salvo iure ipsius sancti), à qui demeure la propriété éminente19. Certaines transactions foncières des temps carolingiens permettent de voir que les droits cédés ne se limitent pas à la propriété des terres et des esclaves. Ainsi, lors d’un échange auquel l’abbé de Cormery et un noble procèdent en 840, sur l’ordre de l’abbé de Saint-Martin, Adalard, leur seigneur commun, les terres sont cédées avec les hommes qui y résident20, que ces derniers soient de condition servile ou libre21 (cum hominibus ibidem commanentibus, tam servis, quam colonis, accolanis, libertis) : le fait de demeurer sur la terre du saint leur confère des droits et des devoirs similaires22. Saint-Martin exerçait un droit de protection sur les hommes habitant ses terres, comme cela est explicitement reconnu dans un acte de donation établi en 818 au nom de deux frères, Haganon et Adjutor, qui présente l’intérêt d’évoquer les modifications de statut, les négociations et les déplacements de personnes que pouvait occasionner un transfert foncier23 : les affranchis laissés sur place devront désormais être défendus par l’établissement qui les reçoit (illos vero quos nec liberos dimisimus, nec alicubi delegaverimus, pars S. Martini precipiat et defendat). Dès le ixe siècle, des actes de la pratique désignent les habitants des terres de Saint-Martin comme les hommes de cette potestas24. L’origine publique de ce pouvoir est claire dans le cas de Saint-Martin, puisque l’abbaye jouissait du privilège d’immunité25 (notons à ce propos la présence de modèles d’actes judiciaires dans les Formulae Turonenses26).
3Par conséquent, les droits entrant en jeu lors des transferts fonciers ou de la dévolution en bénéfice de domaines appartenant à l’abbaye s’avéraient d’importance, d’où les convoitises que pouvaient susciter ces bénéfices et autres prébendes. Les actes relatifs à la dotation de l’écolâtre devraient nous permettre de mieux apprécier l’impact qu’eurent les événements politiques de la seconde moitié du ixe siècle sur la gestion des domaines de Saint-Martin et de mieux cerner le contexte dans lequel on pouvait être amené à préciser les obligations de chacun.
4En août 841, le diacre Amaury, écolâtre de Saint–Martin de Tours, fit don à Saint–Martin de trois manses, qu’il possédait en alleux27 :
« […] Moi, Amaury, diacre infime du convent du bienheureux Martin, […] j’offre (offero) à Dieu, le Créateur, et à saint Martin, mon seigneur très glorieux […] mes biens (res meas) : ce qu’il appert que j’ai (habere) actuellement [et qui me vient] légalement de la lignée de mes parents (de progenie parentum) et [ce que j’ai acquis] par achat ou de quelque autre manière (de qualibet comparatione aut quolibet attractu), c’est-à-dire un manse seigneurial (mansum indominicatum) et un autre manse servile (alterum servile) dans le pagus de Tours, dans la villa de Marigny28 (Mariniacum29), dans la viguerie (vicaria) d’Esvres30, avec les terres, les maisons, les édifices, les vignes, les biens meubles et immeubles, cultivés et incultes, et toutes les autres choses qui en dépendent, ainsi qu’un troisième manse, dans le pagus de Blois, dans la circonscription (condita) de Cheverny, au lieu appelé Aunay, avec les maisons, les édifices, les terres, les vignes, les forêts, les prés, les pâturages, les eaux et les cours d’eaux, les biens meubles et immeubles, cultivés et incultes – pour autant que cela semble être actuellement ma propriété (possessio) dans les lieux sus-mentionnés ; [j’offre] tout intégralement et veux que cela demeure perpétuellement à jamais offert (oblatumque in perpetuum perpetualiter esse volo), je le transmets (trado) de mon pouvoir (de mea potestate) à la seigneurie (in jus dominationemque) du bienheureux Martin et du recteur de son église, à la condition qui est mentionnée ci-dessous. »
5S’ensuit la rétrocession des biens par l’abbé Adalard, qui en fit bénéficier Amaury, Milon et Guichard (ces deux derniers étaient frères germains31), pour leur permettre de se consacrer gratuitement à l’enseignement32 ; à cette fin, l’abbé confirma également ce qu’Amaury tenait de lui à titre de bénéfice (ces biens sont explicitement réputés dépendre des villae de La Fontaine, Courçay et Martiniacum33). Le comte Vivien, successeur d’Adalard à la tête de Saint-Martin, fit confirmer cette mesure par le roi Charles le Chauve, qui arrondit les revenus de l’écolâtre en ajoutant dix quartes à son bénéfice34 (dans ce diplôme, les biens ne sont pas désignés précisément). D’où provenaient ces biens ? Rien ne permet d’affirmer qu’ils étaient d’origine fiscale. Il convient de se demander si le roi n’affecta pas plutôt des revenus à l’entretien de l’écolâtre en puisant dans les biens de Saint-Martin. En effet, les termes employés dans le diplôme sont les suivants : « Qui plus est, nous ajoutons dix quartes par ce précepte à la même condition que celle concernant les biens attribués récemment en bénéfice à Amaury ». Il s’avère d’autant plus probable que le roi affecta des biens appartenant à l’abbaye qu’il précisa l’affectation de certains revenus à l’entretien des frères de Saint-Martin par deux diplômes donnés le même jour35. Le silence sur la localisation des biens serait-il dû au fait que le roi attribuait des revenus, à charge pour l’abbé d’en déterminer ultérieurement l’origine ? Toujours est-il que l’identification des biens n’est assurée qu’à la génération suivante.
6Mais revenons à l’acte de l’abbé Adalard : le troisième des biens attribués en bénéfice à l’écolâtre Amaury retient en effet l’attention. L’identification de ce toponyme avec la villa de Marigny ou avec « La Martinière, hameau situé sur l’Indre, près du Lavoir et de Veigné36 », semblerait logique d’un point de vue géographique : la villa de La Fontaine est également sise dans la commune d’Esvres37 et la villa de Courçay38 se trouve aussi sur le cours de l’Indre – ces divers biens sont donc proches les uns des autres. Qui plus est, on a vu que deux des manses qu’Amaury venait de donner à Saint-Martin se trouvaient à Marigny, « dans la viguerie d’Esvres » ; le troisième manse se trouvait dans celle de Cheverny. On note donc que l’écolâtre fut doté dans la région où il possédait des biens, éventuellement de manière à permettre une gestion cohérente de l’ensemble.
7Toutefois, on situe traditionnellement les biens attribués en bénéfice à l’écolâtre de Saint-Martin dans la villa de Martigny-sur-Loire39, au nord-ouest de Tours (dans l’actuelle commune de Fondettes). Il n’y a pas de doute sur le fait que Saint-Martin de Tours était possessionné à Martigny aux temps carolingiens, et peut-être auparavant ; toujours est-il que les attestations diplomatiques ne sont pas antérieures au ixe siècle40. Dans l’une des versions de la charte de l’abbé Adalard (selon l’édition que Martène et Durand en font dans leur Thesaurus novus anecdotorum, faite « d’après le cartulaire de Saint-Martin »), l’énumération des biens tenus en bénéfice par Amaury est complétée par la précision suivante (qui n’apparaît pas dans l’édition de la Gallia christiana, par les soins de Hauréau, « d’après les papiers de Baluze ») : ces biens se trouvent inter Calimacum et Picteum mundatum et représentent deux manses et demi41 (l’équivalence avec les dix quartes dont il est question dans le diplôme de Charles le Chauve est assurée par un acte de 915, par lequel Téotolon, doyen de Saint-Martin, accorde en précaire la villa de Martigny au trésorier Robert42). Cette divergence dans l’établissement du texte de la charte pourrait venir du fait que ce document fut copié à deux reprises dans la Pancarte noire (n° xxxv et n° cxvii). Il n’est pas impossible que cette précision géographique s’avère une interpolation.
8En effet, les biens en question firent l’objet d’un différend entre Guichard, prêtre et doyen de la communauté de Saint-Martin, et « un certain vassal, du nom de Guillaume, qui avait Martiniacum en bénéfice, par la générosité du seigneur Hugues » – alias Hugues l’Abbé. La notice établie à ce propos43 date du 18 janvier 881 ou du 17 janvier 882, selon l’analyse de G. Tessier44. Guichard accusait le vassal de son abbé de s’être emparé de ce que lui-même et Milon tenaient en précaire à la suite d’Amaury, précisant que ces biens étaient destinés à son entretien en tant qu’écolâtre. Guichard fait manifestement allusion à l’acte de 841, puisqu’il évoque « sa précaire, qu’Amaury avait obtenue à partir de la villa susdite, du temps de l’abbé Adalard, avec le don fait à partir de ses biens propres, qu’il avait confiés à Saint-Martin et à ses recteurs ». Suite à cette accusation, l’abbé Hugues ordonna une enquête. Il y eut alors lecture, devant les missi de l’abbé, des
« chartes (auctoritates) par lesquelles Guichard devait tenir justement et légalement ce qu’il revendiquait, à savoir deux manses et demi provenant de la villa de Martiniacum, entre Catiniacum et Puteum mundatum, par une précaire et par un précepte du seigneur roi Charles [le Chauve], avec un champ de vigne dans la villa de Magniacum (Maigné45) ».
9Si l’on fait abstraction de la variante (qui plus est fautive) de l’une des versions de l’acte de précaire d’Adalard, en 841, il s’agit là de la première localisation des deux manses et demi, dans lesquels on peut reconnaître les dix quartes attribuées par Charles le Chauve ; la villa en question est alors celle de Martigny, puisqu’on reconnaît dans les toponymes mentionnés Châtigny, dans la commune de Fondettes, et le Puy-Prosé, un lieu-dit de la même commune46. En revanche, rien ne permet d’affirmer que ces biens sont identiques avec ceux qu’Amaury avait donnés à Saint-Martin et reçus en précaire de son abbé : on l’a vu, les biens ne sont pas localisés dans le diplôme de Charles le Chauve (rien ne permet donc d’affirmer que le roi avait doté l’écolâtre avec des biens provenant de la même villa que celle où Amaury était possessionné) ; il s’agit plutôt ici d’une assimilation des biens rajoutés par Charles le Chauve à la fondation initiale d’Amaury et d’Adalard. Suite à la lecture des documents produits pour la défense de Guichard, Guillaume répondit qu’il ne saurait opposer quoi que ce soit à un diplôme royal mais que, « à l’instar de son père, il avait tenu cette villa intégralement, par la générosité de l’abbé Hugues », qui ordonna toutefois la restitution de ces biens à l’écolâtre.
10Il convient de noter que Guillaume ne fut pas le premier des vassaux de l’abbé de Saint-Martin à avoir reçu la villa de Martigny en bénéfice : tel avait été le cas de son père, probablement lui aussi un vassal de l’abbé. Guillaume ne devait pas être le dernier non plus : l’acte du 3 novembre 915, par lequel Téotolon attribua au trésorier Robert la villa de Martigny à titre de précaire nous apprend que ce bien avait été jadis tenu en bénéfice par un certain Gauzbert, qui avait la qualité de vasallus dominicus47. En fait, la villa de Martigny appartenait à la mense abbatiale. C’est ce qui appert de l’acte d’attribution en précaire de cette villa au trésorier Robert. En effet, le trésorier avait demandé à ses frères de lui accorder la villa de Martigny, bien que – à la demande du vassal Gauzbert lui-même – cette villa ait été acquise par voie d’échange avec l’abbé Robert contre l’attribution à ce dernier, qui s’obligeait à l’acquittement d’un cens annuel, de biens de la mense conventuelle sis à Charnisay ; l’abbé jouirait de ces biens sa vie durant et, après sa mort, ils reviendraient à un autre membre de la communauté, le sous-diacre Guncelmus, son protégé (alumnus)48. Un acte de Charles le Simple, le premier des diplômes royaux à mentionner la villa de Martigny parmi les biens des frères de Saint-Martin49, garde le souvenir de cet échange, puisque Martigny est évoqué comme un domaine « que le troupeau du bienheureux Martin échangea avec le susdit Robert, à partir de ses biens propres » (Martiniacum etiam villam super fluvium Ligeris quam grex beati Martini cum prescripto Roberto ex propriis rebus commuta-vit50). La précaire accordée au trésorier Robert en 915 exclut explicitement le « bénéfice de l’école de Saint-Martin51 ». On a vu que, de même que son père avait tenu la villa de Martigny, le vassal Guillaume la tenait en bénéfice de Hugues l’Abbé. Il est probable que l’attribution de ce bénéfice à un vassal de l’abbé était contemporaine de la redistribution des pouvoirs dans les pays ligériens qui accompagna la création d’un grand commandement de Neustrie pour Robert le Fort et sa nomination comme abbé de Saint–Martin, quelques mois seulement avant sa mort52. En plein xe siècle, on observe encore quelque trace de l’éparpillement des droits sur Martigny entre plusieurs seigneurs53.
11La notice de janvier 881 ou 882 documenterait-elle une tentative, de la part de l’abbé Hugues, de mettre la main sur la prébende de l’écolâtre par le biais d’une attribution en précaire à l’un de ses vassaux ? Peut-être, mais cela n’est pas certain. Il était en tout cas possible d’attribuer ces biens à une tierce personne, ce qui devait assurément favoriser une éventuelle confusion. En effet, il pouvait arriver que, alors même que les revenus de ce bien étaient attribués à l’écolâtre, ce dernier n’en ait pas directement la jouissance. C’est ce qu’illustre un acte de précaire de l’abbé Robert en faveur de l’écolâtre Oury, en date du 30 juillet 895. On y apprend que ce bien avait été tenu par l’écolâtre Ermengaire, avant d’être tenu par Oury. L’abbé confirme à ce dernier la jouissance de ce qu’il était apparemment prêt à défendre en produisant ses preuves54 (comme cela avait été le cas par son prédécesseur, Guichard, une quinzaine d’années plus tôt) – l’écolâtre aurait-il craint une nouvelle spoliation ? Les biens en question, qui forment un « petit bénéfice » (beneficiolum) se trouvent dans les villae de Châtigny et de Puy – Prosé ; ce à quoi s’ajoute un pré entre la Loire et le Cher dit Au Pré de Luc55. Après avoir mis fin à ses fonctions, Oury pourrait garder ces biens contre le paiement annuel de deux sous à l’écolâtre. Il pourrait également les léguer à quelque ami ou parent de son choix, contre le même cens. À la mort du bénéficiaire, les biens feraient retour à l’écolâtre56.
12On remarquera l’évolution des termes : dans l’acte de 895, les biens affectés à l’entretien de l’écolâtre sont réputés se trouver dans des villae dépendant de la curtis de Martigny57. Il convient également de noter que ce document est le premier à identifier ces biens explicitement comme ceux attribués à l’écolâtre non seulement par Charles le Chauve, mais par l’abbé Adalard : la focalisation des intérêts sur ce « petit bénéfice » complémentaire de la prébende initiale a probablement conduit l’écolâtre à vieillir quelque peu l’origine de cette attribution pour l’associer au souvenir de l’acte originel58 (on observe ici une confirmation de la tendance déjà décelée dans l’acte de 881 ou 882). Ainsi donc, la dotation décidée par Charles le Chauve suscita des convoitises, puisque l’écolâtre Oury jugea nécessaire de se faire explicitement confirmer ce bien par son abbé – il est vrai qu’il entendait s’en réserver la jouissance dans ses vieux jours, mais sa démarche est certainement révélatrice d’un regain d’intérêt pour le domaine de Martigny, sous l’abbatiat du frère du roi Eudes, et de l’entrée en jeux d’intérêts contradictoires et rivaux. La fondation initiale d’Amaury à Marigny fut, elle aussi, menacée à cette époque, par la faute de l’écolâtre Guichard lui-même. En effet, ce dernier avait distribué à ses neveux des biens de Saint-Martin proches de la villa d’Athée et d’autres biens sis à Marigny, en puisant dans les ressources affectées à son office. En 907, son successeur, Arnachaldus, obtint gain de cause dans un procès l’opposant à l’un des neveux de Guichard, un diacre qui portait le même nom que son oncle. Ce fut l’occasion de rappeler avec vigueur que les biens attribués à l’écolâtre étaient « les choses des frères, qu’il tenait en bénéfice pour le service de l’école » (res fratrum, quas propter ministerium scholae in beneficium tenuerat59).
13Comme on l’a vu plus haut, en 895, l’abbé Robert ajouta à la prébende de l’écolâtre « un pré entre la Loire et le Cher, qui est appelé Au Pré de Luc ». C’est la première occurrence de ce pré, mentionné ultérieurement dans un autre acte de précaire de l’abbé Robert, fait le 14 septembre 900 en faveur de Gui et de sa femme, dont l’un des enfants, lui aussi bénéficiaire de la précaire, est chanoine de Saint-Martin de Tours. L’abbé leur attribue la villa de Martigny avec la chapelle Saint-Martin et le manse dominical, dont dépendent 17 manses serviles réputés ex toto absi (ces « tenures sans occupant régulier » témoignent d’un mouvement de personnes particulièrement fréquent à proximité des centres urbains60) ; divers biens sont également énumérés, ainsi que « la moitié du Pré de Luc, qui se trouve de l’autre côté de la Loire ». Cet acte présente la particularité de décrire le domaine de Martigny à la manière d’un « bref » de polyptyque61 ; à la suite de cette description, on lit une récapitulation aux termes de laquelle la précaire porte sur toute la villa, sauf deux manses et demi et la moitié du Pré de Luc, attribués à l’écolâtre par les abbés et confirmés par précepte royal62. Cette précision est d’importance, puisqu’elle illustre la manière dont la mesure royale, qui concernait à l’origine l’attribution à l’écolâtre de deux manses et demi, est progressivement associée à d’autres biens. L’acte du 14 septembre 900 est d’autant plus important qu’il révèle une réelle rivalité entre diverses personnes à propos de la jouissance de la villa de Martigny et des biens qui en dépendent. Cela s’avère particulièrement explicite à propos du Pré de Luc, attribué apparemment de manière entière à l’écolâtre Oury en 895, mais dont Gui et sa femme reçurent la moitié cinq ans plus tard. Ils n’étaient pas seuls en jeu : les frères revendiquaient l’île Saint-Cosme et les retenues de pêche pour la mense conventuelle et le cellerier, et ils n’avaient pas hésité à engager une procédure judiciaire à cet effet63.
14L’acte du 14 septembre 900 nous apprend que la villa de Martigny avait été réclamée par Gui, un « noble vassal fidèle » de l’abbé Robert, qui – pour obtenir Martigny – avait donné à Saint-Martin l’alleu de Vonne (ou Vontes64), sis dans la viguerie de Pont-de-Ruan, et celui d’Hertré, sis dans celle d’Alençon. Ce Gui avait épousé la veuve d’un fidèle du roi Eudes en faveur de qui Robert était intervenu pour que le souverain lui donne le bien à l’origine du domaine cédé en 900 à Saint-Martin de Tours65. Par conséquent, le bénéficiaire de la précaire du 14 septembre 900 était un membre de l’entourage de l’abbé qui obtint le domaine de Martigny dans un contexte apparemment tendu (alors même qu’il semble avoir été courant que la personne à qui l’abbé de Saint-Martin attribuait le domaine de Martigny ne fût pas l’écolâtre, puisque l’acte de 895 défend explicitement les droits de ce dernier sur les deux manses et demi et enjoint la personne ayant reçu Martigny de veiller à leur respect66).
15Indépendamment du laisser aller qui marqua peut-être la gestion de ce domaine dans les dernières années67, c’est ce contexte judiciaire qui explique probablement la forme particulière de l’acte de précaire du 14 septembre 900. On se livra en effet à une description précise des diverses prestations et revenus autrefois dus, en évoquant nommément les titulaires des quartes (on y trouve notamment un prêtre, un autre clerc, et un monetarius) ainsi que les colons et les serfs concernés. En vue de l’appréciation du caractère équitable de la demande de Gui (l’abbé Robert précise que sa requête est non superflua neque importuna), les biens de ce dernier avait été soumis à une estimation similaire, mentionnée dans l’acte qui précise qu’on s’en tiendrait aux redevances alors définies (colonorum lex). Dans certaines occasions, on ne peut nier une participation, certes probablement très encadrée, des colons à la définition de leur statut ; ainsi, dans un jugement de Pépin Ier d’Aquitaine datant de 828, il est rappelé que les colons d’Antoniacus, une villa appartenant à l’abbaye de Cormery, avaient déclaré sous serment ce qu’ils devaient du temps de l’abbé Alcuin, en 801 ou 802 (cum juramento dictaverunt quid per singula mansa ex ipsa curte desolvere debebant et habebant daturum), ainsi qu’en témoignait la descriptio faite alors, où les redevances étaient détaillées manse par manse68 – ce n’est pas le seul témoignage relatif à une entreprise de description des domaines de Saint-Martin : une descriptio villarum sancti Martini aurait été faite en 856 selon un chroniqueur du milieu du xiiesiècle, Pierre Béchin69. Il pouvait également arriver que la définition des redevances ait lieu au moment de la donation d’un bien et de ses dépendants : c’est ainsi qu’un clerc du nom de Gautier, qui fait une donation à Cormery en 851, précise les redevances que doivent les servi et ancillae établis comme colons (sub conditione colonorum constitutos) et interdit qu’on leur demande plus que ce qu’ils doivent70. Par conséquent, l’acte du 14 septembre 900 s’avère un témoin précieux sur les prélèvements seigneuriaux dans une région pour laquelle on ne conserve pas de polyptyque, alors que de tels documents ont dû exister. Tous ne furent probablement pas réalisés dans un contexte de tensions et de rivalités (quoiqu’il faille rappeler que la description à laquelle procéda Alcuin eut lieu dans le contexte d’une scission au sein de la communauté de Saint-Martin, les partisans de la règle bénédictine s’étant regroupés à Cormery71), mais l’acte de 900 apporte la preuve de l’opportunité de ce genre de mesure en tel ou tel moment critique de la gestion du patrimoine monastique.
16Le caractère équitable de l’attribution à cens de la villa de Martigny, qui préoccupait l’abbé Robert en 900, est également souligné dans l’acte du 3 novembre 915, par lequel Teotolon, doyen de Saint-Martin72, accorda ce domaine au trésorier Robert, qui le lui avait demandé : il avait en effet donné à Saint-Martin deux alleux, décrits avec une certaine précision, ne talis petitio fratribus videretur onerosa73. Les frères ne semblent pas avoir été perdants dans cette affaire, puisque le cens annuel, qui était d’un montant de dix sous (en 900) pour Gui, sa femme Emma et leur fils Letaldus, chanoine de Saint-Martin, fut multiplié par dix lorsque la villa de Martigny fut concédée au trésorier Robert : ce dernier devait en effet acquitter un cens annuel de cent sous. Il est possible que cette augmentation soit due au fait que, désormais, cette concession en précaire se faisait directement au détriment des frères, puisqu’on a vu qu’ils avaient obtenu la villa de Martigny de leur abbé en vertu d’un échange (certes, en 900, Robert avait eu besoin du consentement des chanoines et des nobles laïcs, ses fidèles, pour accorder Martigny en précaire à son vassal Gui, mais rien, dans cet acte, ne permet de dire qu’il s’agissait déjà d’un bien de la mense conventuelle – on sait simplement que les frères revendiquaient l’île Saint-Cosme et des réserves de pêche).
17Cette étude a permis de montrer que, selon toute vraisemblance, le roi Charles le Chauve compléta la dotation de l’écolâtre à partir d’autres biens que ceux qu’Amaury avait donnés à Saint-Martin et qu’il avait ensuite reçus en précaire de l’abbé (ces biens se trouvant dans la vallée de l’Indre) ; il faut donc strictement distinguer les biens sis à Mariniacum des dix quartes (ou deux manses et demi) que l’écolâtre reçut du roi, à Martiniacum (Martigny-sur-Loire). La localisation de ces quartes dans l’une des versions de l’acte de 841 doit être considérée comme une interpolation motivée par les pressions que diverses personnes, notamment des vassaux de l’abbé de Saint-Martin, exercèrent sur ces biens, un phénomène que l’on distingue nettement à partir des années 880, mais qui tire probablement son origine de la politique de rémunération des fidélités dès le temps de Robert le Fort. Les menaces qui pesèrent sur la prébende de l’écolâtre, qui était constituée des revenus de divers biens, furent l’occasion, d’une part, d’une entreprise d’assimilation des divers ajustements survenus ultérieurement à la fondation initiale confirmée par Charles le Chauve, mais aussi, d’autre part, d’une vaste enquête sur le statut des hommes et les redevances auxquels ils étaient astreints. Il semblait plus prudent, tout en se référant à l’autorité royale, de fonder le pouvoir du seigneur foncier sur la reconnaissance, par les hommes vivant sur ses terres, de ce qu’ils lui devaient : c’est seulement ainsi que les membres de la communauté de Saint-Martin pouvaient espérer garantir leurs revenus face à certains de leurs frères, à leur abbé ou à ses vassaux.
Notes de bas de page
1 Citons notamment : D. Barthélemy, La société dans le comté de Vendôme, de l’an mil au xive siècle, Paris 1993 ; E. Lorans, Le Lochois, du haut Moyen Âge au xiiie siècle : Territoires, habitats et paysages, Tours 1996 ; Eadem, « Bourgs, églises et châteaux en Touraine aux xie et xiie siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest 97 (1990), p. 437-461 ; Chantal Senséby, « Un aspect de la croissance : le développement des bourgs aux confins du Poitou, de l’Anjou et de la Touraine (xie et xiie siècles) », Journal des Savants, 1997, p. 39-98. Parmi les travaux universitaires demeurés à l’état de manuscrit, citons également E. Lorans, Le fief de Saint-Julien de Tours au Moyen Âge. Recherches de topographie & d’histoire urbaines, mémoire de maîtrise dactylographié, Université de Tours, 1980.
2 La communication originelle faite lors de la table ronde mancelle du 27 mars 2003 sur les pouvoirs locaux avait pour titre : « Seigneurie foncière et encadrement des hommes d’après les sources monastiques tourangelles (viiie-xe siècle) ». Pour des raisons de place, la présente étude est centrée sur l’analyse d’un seul dossier, particulièrement riche.
3 D. Barthélemy, « Note sur les cartulaires de Marmoutier (Touraine) au xie siècle », dans : O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse (éd.), Les cartulaires, Paris 1993, p. 247-259.
4 Ph. Depreux, « La tradition manuscrite des Formulae Turonenses et la diffusion des modèles d’actes aux viiie et ixe siècles », dans : Actes du colloque « Alcuin à Tours », éd. Ph. Depreux et B. Judic – sous presse.
5 G. Tessier, « Les diplômes carolingiens du chartier de Saint-Martin de Tours », dans : Mélanges d’histoire du Moyen Âge dédiés à la mémoire de Louis Halphen, Paris 1951, p. 683-691.
6 A titre de comparaison, cf. les observations sur la documentation de Saint-Gall formulées par R. McKitterick, The Carolingians and the Written Word, Cambridge 1989, p. 77-134.
7 E. Mabille, La Pancarte noire de Saint-Martin-de-Tours, brûlée en 1793, restituée d’après les textes imprimés et manuscrits, Paris 1866.
8 On a ainsi trace de 226 actes, dont 162 sont antérieurs à l’an mil. La répartition des actes copiés dans la Pancarte noire est la suivante : 7 % des actes datent du vie siècle à 730 (en fait : sont antérieurs au règne de Charlemagne), 11 % des actes datent du règne de Charlemagne et de celui de Louis le Pieux, 30 % des actes datent de la seconde moitié du ixe siècle (à partir de 840), 24 % des actes datent du xe siècle, 18 % des actes datent du xie siècle et 10 % des actes datent du début du xiie siècle.
9 C’est ainsi, par exemple, que les actes royaux représentent près de la moitié des actes connus pour la seconde moitié du ixe siècle.
10 Sur ces documents, cf. P. Gasnault, « Les actes privés de l’abbaye de Saint-Martin de Tours du viiie au xiie siècles », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes 112 (1954), p. 24-66.
11 Die Urkunden Pippins, Karlmanns und Karls des Großen, éd. E. Mühlbacher, Hanovre 1906 (MGH, Diplomata Karolinorum, 1), n° 81, p. 115 – 117.
12 H. Noizet, Les relations de Saint-Martin de Tours avec ses possessions à l’époque carolingienne, mémoire de maîtrise dactylographié, Université de Tours, 1997 (l’élément spirituel et l’enjeu symbolique de certaines donations sont négligés, l’accent étant mis sur les problèmes de gestion). Une partie de ce mémoire a été publiée : Eadem, « Le centre canonial de Saint-Martin de Tours et ses domaines périphériques en Val de Loire (ixe-xe siècle) », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest 109/2 (2002), p. 9-33.
13 S. Sato, « The Merovingian accounting documents of Tours : form and function », Early Medieval Europe 9 (2000), p. 143-161.
14 C’est ce qu’atteste, par exemple, un diplôme de Charles le Chauve du 5 janvier 844 ou 845 attribuant à Saint-Martin un demi manse dans la villa de Rets pour y entreposer les manteaux réalisés à Courçay-sur-Dive (Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France, éd. G. Tessier, tome I, Paris 1943, n° 62, p. 177-180).
15 C’est ce qu’illustre le diplôme de Charles le Chauve du 10 mai 862, par lequel le roi donne à Saint-Martin, à la requête des frères, le manse au lieu-dit « La Lande », dans la viguerie de Sonzay, « près de leur villa de Thuré » (juxta villam eorum Tauriacum) ; ce manse avait été confisqué au criminel Bernard (Recueil des actes de Charles II le Chauve, roi de France, éd. G. Tessier, tome 2, Paris 1952, n° 242, p. 48-50).
16 Des biens semblent avoir été traditionnellement cédés en précaire, d’autres pas. On observe une distinction très nette entre les villae de la réserve et les autres dans le diplôme de Louis le Bègue du 5 septembre 878 qui, entre autres choses, affecte à l’hôtellerie des nobles et des pauvres les dîmes et nones perçues tant sur les villae seigneuriales que sur celles données en bénéfice : decime et none dominicalium rerum, scilicet tam ex dominicatis villis quam etiam ex villis in beneficio datis, hospitali nobilium atque pauperum deputate hebeantur. (Recueil des actes de Louis II le Bègue, Louis III et Carloman, rois de France [877-884], éd. R.–H. Bautier, Paris 1978, n° 15, p. 40-46).
17 O. Bruand, « La villa carolingienne : une seigneurie ? Réflexions sur les cas des villas d’Hammelburg, Perrecy-les-Forges et Courçay », dans : Liber Largitorius. Études d’histoire médiévale offertes à Pierre Toubert par ses élèves, éd. D. Barthélemy et J.-M. Martin, Genève 2003, p. 349-373.
18 On trouve également diverses mentions de la terre de tel saint dans les Formulae Andecavenses, dont le manuscrit (fin du viiie siècle) fut copié dans la vallée de la Loire (à Angers ou à Tours).
19 Formulae Turonenses, n° 8, éd. K. Zeumer, Formulae Merowingici et Karolini aevi, Hanovre 1886 (MGH, Leges, V : Formulae), p. 140. Il convient de rapprocher cette réserve de la « Formule de Tours » n° 42 (ibid., p. 158), un modèle de vente d’un terrain ou d’une maison à l’intérieur de la cité, se trouvant in ratione illius et dont la situation est précisée (in loco illo) : la transaction a lieu salvo iure ipsius terrae.
20 Sur cette expression dans la Touraine du xe siècle, cf. D. Barthélemy, La mutation de l’an mil a-t-elle eu lieu ? Servage et chevalerie dans la France des xe et xie siècles, Paris 1997, p. 113.
21 Cartulaire de Cormery…, éd. J.-J. Bourassé, Tours 1861, n° 13, p. 27-29.
22 Citons à ce propos le diplôme de Charles le Chauve du 22 août 854, par lequel le roi confirme l’immunité de Saint-Martin, interdisant à quiconque d’entrer dans le monasterium aut cellas vel villas seu agros aut silvas sibi pertinentes… ou d’inquiéter de quelque manière que ce soit les homines ejus (c’est-à-dire les « hommes de saint Martin »), colonos sive servos vel ingenuos, super ipsius terram commanentes (Recueil des actes de Charles le Chauve…, tome 1, op. cit., n° 167, p. 438-442).
23 E. Martène et U. Durand (éd.), Thesaurus novus anecdotorum, tome I, Paris 1717, col. 20-23. On y trouve la donation de domaines cum hominibus ibidem commanentibus, quos colonario ordine vivere constituimus (suivent les noms des couples avec allusion à leurs enfants), excepto, qui a nobis ingenuitates promeruerunt, vel alicubi delegati sunt. Cette réserve est répétée plusieurs fois, à chaque mention de domaine, avec quelques variantes (colonario ordine vivere censuimus ou statuimus ; quos colonarios fecimus). On y trouve aussi mention de l’établissement de ces colons avec jouissance à mi-fruits : et constituimus illos homines in omnibus praedictis locis commanentes illam terram et vineas et omnia ad medietatem collaborare, et nihil aliud eis requiratur. Sur ce document, cf. S. Sato, « Le contexte économique et social du haut Moyen Âge en Touraine. Le régime agraire et les exploitations rurales » dans : Actes du colloque « Alcuin à Tours », op. cit. – sous presse.
24 La notice de juin 857 relative au différend opposant Norbert, recteur de Saint-Epain (la villa de Saint-Epain compte parmi les domaines de Saint-Martin de Tours dès le diplôme de Charlemagne du 10 mai 775, un document qui « ne peut être considéré comme un acte sincère dans la forme sous laquelle il nous est parvenu, mais [qui] a été rédigé postérieurement [vers le milieu du ixe siècle], à l’aide des autres diplômes de Charlemagne que possédait le chartrier de Saint-Martin et surtout à celle des diplômes de Louis le Pieux et de Charles le Chauve », selon l’analyse de P. Gasnault dans : Documents comptables de Saint-Martin de Tours à l’époque mérovingienne, éd. P. Gasnault, avec une étude paléographique par J. Vezin, Paris 1975, p. 195), et trois personnes (une femme, son frère et son mari) à propos de biens sis dans la villa de Maubuisset s’avère particulièrement intéressante : alors que des missi de l’abbé rendaient justice, plainte fut déposée par Norbert en présence du prévôt de Saint-Martin aliorumque nobilium virorum eiusdem potestatis ; lors d’un autre plaid, jugement fut rendu a nobilibus viris et colonis (notice reproduite et traduite par J. Nelson dans : W. Davies et P. Fouracre [éd.], The Settlement of Disputes in Early Medieval Europe, Cambridge 1986, p. 248-250). Une autre notice, en date du 22 mars 890, offre un témoignage particulièrement cru sur l’emprise que le seigneur foncier pouvait exercer sur ceux qui exploitaient sa terre ; elle concerne le différend entre Gauzuin, prévôt de Suèvres, et un certain Ricbert (ancien miles de l’archevêque), dont la précaire était contestée. Tout débute par la plainte contre Ricbert déposée, lorsque le prévôt tenait audience judiciaire, par quidam homines ipsius potestatis, désignés plus loin comme coloni. On voit ensuite comment Saint-Martin parvint à rétablir ses droits lors d’une action qui mena les protagonistes jusqu’au roi Eudes : les colons se plaignirent non seulement qu’ils étaient exploités par la cruauté de Ricbert, mais que ce dernier ne payait aucun cens à Saint-Martin ! (E. Favre, Eudes, comte de Paris et roi de France [882-898], Paris 1893, p. 239-242).
25 Citons par exemple le diplôme de Louis le Pieux (816) repris dans Formulae imperiales (n° 29) : l’immunité est accordée à omnes res praefati monasterii, où qu’elles soient, quae non solum ab orthodoxis principibus, verum etiam a caeteris fidelibus collate, vel per quoslibet contractus et munimina cartarum usibus ejusdem legaliter traditae sunt. Interdiction est faite aux agents du roi de pénétrer ad causas judicario more audiendas in ecclesias aut villas seu reliquas possessiones et d’exiger quoi que ce soit des hommes, de condition libre ou servile (aut homines tam ingenuos quam servos super terram ipsius monasterii commanentes distringere). L’empereur accorde sa protection à l’abbé cum omnibus sibi subjectis vel ad se aspicientibus seu pertinentibus hominibus (MGH Formulae, op. cit., p. 307-308).
26 Cf. « Formule de Tours » n° 30 : relatio cum iudicio (notice relative au jugement d’un homicide) ; n° 31 : breve sacramenti (serment pour se disculper d’une telle accusation) ; n° 38 : securitas de homicidio pour le parent d’un homicide ; n° 41 : notitia de alodo evindicato (MGH Formulae, op. cit., p. 152-154, p. 156, p. 157-158).
27 Gallia christiana…, t. 14, éd. B. Hauréau, Paris, 1856, instrumenta, n° 32, col. 28-29.
28 Le Grand- et le Petit-Marigny, commune d’Esvres (Indre-et-Loire), cf. E. Mabille, La Pancarte noire de Saint-Martin…, op. cit., p. 228 ; commune d’Azay-sur-Cher, cf. P. Gasnault, « Les actes privés… », op. cit., p. 61 note 2.
29 La leçon Martiniaco est fournie par Dom Martène, la leçon Mariniaco est fournie par Baluze, qui avait vu l’original ; cf. Recueil des actes de Charles le Chauve…, tome I, op. cit., n° 63, p. 181 et note 3.
30 Indre-et-Loire, arr. Tours, cant. Montbazon.
31 C’est ce que nous apprend un acte de Cormery datant de 856 ; Milon et Guichard considéraient feu Amaury, devenu archevêque de Tours vers 849, comme leur patronus et ils souhaitaient entretenir sa mémoire (Cartulaire de Cormery…, op. cit., n° 20, p. 42-44). Le successeur d’Amaury, Hérard, fut ordonné le 21 mars 856.
32 Cette partie de la charte est traduite par Ch. Vulliez dans : G. Brunel et E. Lalou (éd.), Sources d’histoire médiévale, ixe – milieu du xive siècle, Paris 1992, p. 588-590.
33 Quidquid Amalricus nostri beneficii habet modo, videlicet de villa Fontanis, Curtiaco, sive Martiniaco.
34 Recueil des actes de Charles le Chauve…, tome 1, op. cit., n° 63, p. 183 : Insuper etiam addimus X quartas per hanc nostrae praeceptionis auctoritatem in ipsa eademque conditione praedicta quae nuper eidem Amalrico concessa fuerant in beneficium habenda.
35 Recueil des actes de Charles le Chauve…, tome 1, op. cit., n° 61, p. 173-177, et n° 62, p. 177-180.
36 E. Mabille, « Notice sur les divisions territoriales et la topographie de l’ancienne province de Touraine », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes 23 (1862), p. 309-332, 24 (1863), p. 388-428, 25 (1864), p. 232-258, 26 (1865), p. 303-337 et 27 (1866), p. 335-383, ici tome 24 p. 404, ; cet auteur dénonce la confusion avec le toponyme de Martigny. Dans l’édition de B. Hauréau (Gallia christiana), d’après la copie de Baluze, on lit bien Martiniaco, alors que pour la première occurrence, la variante Mariniaco – qui est correcte (cf. supra note 28) – n’est proposée qu’en marge. Etant donné qu’il s’agit d’une copie, cette différence dans l’orthographe des toponymes ne peut pas être tenue pour absolument probante.
37 E. Mabille, La Pancarte noire de Saint-Martin…, op. cit., p. 225.
38 Sur cette villa, cf. E. Lorans, « La villa de Courçay en Touraine : approche historique et archéologique », dans : E. Magnou-Nortier (éd.), Aux sources de la gestion publique, tome II : L’invasio des villae ou la villa comme enjeu de pouvoir, Villeneuve-d’Ascq 1995, p. 295 – 312.
39 E. Mabille, La Pancarte noire de Saint-Martin…, op. cit., p. 81 ; elle est acceptée également par E. R. Vaucelle, La collégiale de Saint-Martin de Tours des origines à l’avènement des Valois (397-1328), Paris 1908, p. 344. Je remercie E. Zadora-Rio (Laboratoire « Archéologie et Territoires », Tours) de m’avoir confirmé que les identifications de toponymes proposées par les érudits du xixe siècle n’avaient pas fait l’objet de révisions infirmant les analyses proposées jusqu’à présent.
40 Ch. Lelong, « La villa de Martigny à l’époque carolingienne. Étude provisoire », Bulletin de la Société archéologique de Touraine 43 (1991), p. 131-142. Ce toponyme n’apparaît ni dans les documents comptables (fin du viie s. – début du viiie s.), ni dans le diplôme de Charlemagne du 10 mai 775 (sur ce documents, cf. supra note 24), cf. Documents comptables de Saint-Martin…, op. cit., p. 203 (index). Il n’y a rien qui puisse nous intéresser ici dans P. Gasnault, « Deux nouveaux feuillets de la comptabilité domaniale de l’abbaye Saint-Martin de Tours à l’époque mérovingienne », Journal des Savants, 1995, p. 307-321, et dans Idem, « Nouveaux fragments de la comptabilité mérovingienne de Saint-Martin de Tours », Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de l’année 1989, p. 371-372.
41 E. Martène, U. Durand, Thesaurus…, op. cit., t. 1, Paris, 1717, col. 32-33 :… quidquid idem Amalricus nostri beneficii habet modo, videlicet in villa Fontanis, Curtiaco, sive Martiniaco, scilicet inter Calimacum et Picteum mundatum, mansos duos & medium…
42 E. Mabille, « Les invasions normandes dans la Loire et les pérégrinations du corps de saint Martin », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes 30 (1869), p. 149-194 et p. 425-460, pièce justificative n° xiv, p. 457 : il s’agit d’une concession à l’exception du bénéfice de l’école, scilicet inter Catiniacum et Puteum mundatum quartas decem.
43 Ibid., pièce justificative n° iii, p. 428-430.
44 Recueil des actes de Charles le Chauve…, tome I, op. cit., n° 63, p. 181 note 8. E. Mabille avait daté ce document du 17 janvier 879.
45 « Maigné, village aujourd’hui détruit, qui était situé en face de la Membrolle (Indre-et-Loire) » (E. Mabille, La Pancarte noire de Saint-Martin…, op. cit., p. 227).
46 Sur les difficultés d’identification de ce toponyme, cf. Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, rois de France (922-936), éd. J. Dufour, Paris 1978, p. 145 note 2.
47 E. Mabille, « Les invasions normandes… », op. cit., n° xiv, p. 456.
48 Ibid.
49 P. Gasnault a mis en doute la sincérité de ce diplôme du 27 juin 919 (P. Gasnault, « Étude sur les chartes de Saint-Martin de Tours, des origines au milieu du xiie siècle », dans : Positions des thèses de l’École nationale des Chartes, 1953, p. 37-40, à la p. 38). Le toponyme Martiniacum apparaît certes dans le diplôme du 5 septembre 878, par lequel Louis le Bègue confirmait les biens de Saint-Martin, mais il semble qu’il s’agisse d’une « erreur de scribe ou confusion volontaire dans un chartrier où la nature de la tradiction des actes est telle qu’il est souvent difficile de déceler avec certitude les interpolations des falsifications » (Recueil des actes de Louis II le Bègue…, op. cit., n° 15, p. 40-6 – citation p. 41 note 1) ; il s’agirait ici d’une confusion avec le domaine de Marsat (on trouve la même confusion dans la copie faite par Baluze du diplôme du 2 juin 896, cf. Recueil des actes d’Eudes, roi de France [888-898], éd. R.–H. Bautier, Paris 1967, n° 41, p. 167-178). Le domaine de Marsat avait été distrait du patrimoine de Saint-Martin par l’abbé Eudes en mai 887, à la faveur d’un échange avec Saint-Julien de Brioude (ibid., Appendice n° II, n° 56, p. 217-221) et ce fut une mauvaise affaire pour les chanoines tourangeaux (H. Noizet, « Les relations de Saint-Martin… avec ses possessions… », op. cit., p. 41-42). A la suite du diplôme de Charles le Simple, l’appartenance de la villa de Martigny à Saint-Martin et les privilèges accordés à ces biens furent confirmés par les diplômes suivants, copiés dans la Pancarte noire : Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, n° 15 des actes de Raoul, p. 60-70 (24 mars 931) ; Recueil des actes de Louis IV, n° 9, p. 25-29 (28 octobre 938) ; M. Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, tome 10, nelle éd. s. dir. L. Delisle, Paris 1874, p. 550-552 (diplôme d’Hugues Capet). Martigny est également mentionné parmi les biens de Saint-Martin dans des bulles du xiie siècle : Papsturkunden in Frankreich, nelle série, tome V : Touraine, Anjou, Maine und Bretagne, éd. J. Ramackers, Göttingen 1956, n° 138, p. 232-235 (acte d’Alexandre III, 25 avril 1170) et n° 194, p. 284-287 (acte de Lucius III, 21 mai 1184).
50 Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France (893-923), éd. Ph. Lauer, Paris 1949, n° 101, p. 237. À propos de cet acte, cf. également Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice 1, n° 49, p. 200.
51 E. Mabille, « Les invasions normandes… », op. cit., n° xiv, p. 457 :… excepto tantummodo Sancti Martini scolae beneficio, scilicet inter Catiniacum et Puteum mundatum quartas X.
52 Karl Ferdinand Werner, « Untersuchungen zur Frühzeit des französischen Fürstentums, 9. bis 10. Jahrhundert. IV : Rotberti complices. Die Vasallen Roberts des Tapferen », Die Welt als Geschichte 19 (1959), p. 146-193 ; IDEM, « Les premiers Robertiens et les premiers Anjou (ixe siècle-début xe siècle) », dans : Pays de Loire et Aquitaine, de Robert le Fort aux premiers Capétiens, éd. O. Guillot et R. Favreau, Poitiers 1997, p. 9-67.
53 C’est ainsi que Thibaut le Tricheur, pro animae suae remedio, sive parentum suorum, perdonavit omnes consuetudines quas de terra sancti Martini habebat, id est de Ventiaco, & Gaudiaco, & Martiniaco, & Britiniaco, exceptis quatuor foris facturis, sanguinis scilicet & incendii, rapti & furti, & hoc tantummodo de liberis hominibus in terra sancti Martini habitantibus (E. Martène-U. Durand, Thesaurus…, op. cit., tome I, col. 89-90). Cet acte est daté de manière contradictoire d’environ 944 et de 957 par E. Mabille, La Pancarte noire de Saint-Martin…, op. cit., p. 144 et p. 188 ; il est daté d’environ 956 par R. Monsnier (Tours, Bibliothèque Municipale, ms. 1294, p. 186).
54 Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice I, n° 39, p. 147 : Sed praevidens futuri temporis fraudes, per Eiricum, nostrum fidelem, et Gauzuinum, ejusdem loci decanum, qualiter ipse praedictas res per auctoritatem teneret, nobis mandavit, et in praesentia, si necesse extitisset, munimina cartarum se habere dixit […].
55 Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice I, n° 39, p. 147 : […] Cum prato inter Ligerim et Carum qui nuncupatur ad pratum Luci.
56 Ibid., p. 148.
57 Ibid., p. 147 : […] Ut beneficiolum quoddam ei concedere dignaremur in villa Catiniaco et Puteo mundato, quod […] et praedictus quidam Odalricus […] memoratum beneficiolum in praenominatis villis tenebat […].
58 Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice 1, n° 39, p. 147 lignes 14-18.
59 P. Gasnault, « Les actes privés… », op. cit., pièce justificative n° 2, p. 60-63.
60 J. -P. DEVROEY, Économie rurale et société dans l’Europe franque (vie – ixe siècles), tome 1, Paris 2003, p. 305.
61 Ch. Lelong, « La villa de Martigny… », op. cit., p. 132.
62 Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice I, n° 43, p. 170 :… Martiniacum, Sancti Martini villam, cum praedictis omnibus rebus, id est mansis supradictis xvii, tantum exceptis ab hoc numero mansis duobus et medium, qui ex praedicta villa quondam scolae Sancti Martini cum medietate de supradicto prato Luci per precariae auctoritatem a praecedessoribus nostris abbatibus et insuper per regium praeceptum perpetualiter habendi condonati fuerant, qui adjacent inter Catiniacum et Puteum mundatum, cum prato et carrecto in villa Catiniaco, et excepta insula, quae dicitur Ad Sanctum Cosmam, quam fratres ad ministerium cellarii fratrum et tractum piscationis ipsorum cum veridicis testibus super sanctas reliquias sibi vindicaverunt…
63 L’acte du 14 septembre 900 précise en effet : cum veridicis testibus super sanctas reliquias sibi vindicaverunt (p. 170).
64 Sur les difficultés d’identification de ce lieu, cf. Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., p. 166 note 1.
65 Recueil des actes d’Eudes…, op. cit, n° 34, p. 147-150 (acte du 15 octobre 893). Aux termes de l’acte du 14 septembre 900, Emma et son mari, Gui, donnèrent à Saint-Martin de Tours, pour le remède de leur âme et de l’âme d’Ebles, le premier mari d’Emma, divers bien dont un manse à Vontes (ou Vonne), que ce dernier avait reçu du roi Eudes : alodum videlicet Votnum nomine, id est mansum unum optimum et maximum, quem per seriem praecepti Ebolus quondam fidelis noster et praedicta uxor ejus Imma ex fisco regio a domno et seniore ac etiam germano nostro Odone, gloriose rege, adquisierant (Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice 1, n° 43, p. 166-172). Or le manse d’Artannes, qui constituait le noyau initial de la donation royale, était devenu terre fiscale en raison de la négligence de ceux qui le possédaient auparavant : quae olim pro neglegentia cujusdam eas possidentis in fiscum sunt versae, selon la formulation du diplôme de donation, en date du 15 octobre 893 (Recueil des actes d’Eudes…, op. cit., n° 34, p. 150). Comme le souligne R.-H. Bautier, la correction du nom de ce manse sur le diplôme et la notice dorsale apparemment quasi-contemporaine faisant mention d’Emma et précisant la localisation de ce bien, rendent probable l’hypothèse selon laquelle « un litige [vint] ultérieurement à surgir sur la légitimité des droits de Gui et d’Emma sur cette terre » et qu’ » on maquill [a] alors le diplôme royal en corrigeant Tarconnus en Votnus » (ibid., p. 149).
66 Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice I, n° 39, p. 147 : Quicumque vero cortem Martiniacum nostro aut futuri successoris dono obtinuerit, hanc auctoritatem sine ulla inquietudine sinat inviolabilem permanere.
67 C’est ce que laisse peut-être entendre, par exemple, la mention du pré, autrefois seigneurial, mais désormais plein de laîches : pratum, quod fuit quondam dominicatum sed jam videtur esse carectum (Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul…, op. cit., Appendice I, n° 43, p. 169) ; le fait que les manses sont alors absi suggère également une évolution dans la gestion du domaine, cf. Ch. Lelong, « La villa de Martigny… », op. cit., p. 134.
68 Recueil des actes de Pépin Ier et de Pépin II, rois d’Aquitaine (814-848), éd. L. Levillain, Paris 1926, n° 12, p. 44-47.
69 Recueil de chroniques de Touraine, éd. A. Salmon, Tours 1854, p. 43.
70 Cartulaire de Cormery…, op. cit., n° 19, p. 39-42. Un acte de donation à Marmoutier, en 833, suggère par ailleurs une réglementation des corvées : les donateurs, le comte Troannus et sa femme, prévoient qu’en conséquence de l’attribution des biens en précaire, un cens sera versé sous diverses formes ; en particulier, trois fois par an, trente hommes seront mis au service de l’abbaye pendant quinze jours (Cartulaire de Marmoutier pour le Vendômois, éd. Ch. A. de Trémault, Paris 1893, Annexe, n° 1, p. 273-277). Sur l’organisation des corvées au haut Moyen Âge, cf. Yoshiki Morimoto, « In ebdomada operatur, quicquit precipitur ei (le polyptyque de Prüm, X) : service arbitraire ou service hebdomadaire ? Une contribution à l’étude de la corvée au haut Moyen Âge », dans : Jean-Marie Duvosquel – Erik Thoen (éd.), Peasants & townsmen in medieval Europe. Studia in honorem Adriaan Verhulst, Gand 1995, p. 347-362.
71 G. Devailly, « Cormery », dans : Lexikon des Mittelalters, tome 3, Munich 1986, col. 239.
72 Sur Téotolon, cf. M. Courtois, « Remarques sur les chartes originales des évêques, antérieures à 1121 et conservées dans les bibliothèques et archives de France. Etude d’un cas particulier : Téotolon, archevêque de Tours », dans : À propos des actes d’évêques. Hommage à Lucie Fossier, éd. M. Parisse, Nancy 1991, p. 45-77 ; H. Galinié, G. Chouquer, X. Rodier et P. Chareille, « Téotolon, doyen de Saint-Martin, évêque de Tours au xe siècle, et urbaniste ? », dans B. Gauthiez, E. Zadora-Rio et H. Galinié (éd.), Village et ville au Moyen Âge : les dynamiques morphologiques, Tours 2003, vol. 1, p. 239-256, & vol. 2, p. 201-219.
73 E. Mabille, « Les invasions normandes… », op. cit., n° xiv, p. 456.
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Éric Roulet
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2008