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    Plan détaillé Texte intégral Situation et évolutions politiques municipales dans les années 1968 Le déroulement et les résultats des élections municipales de 1977 en Bretagne Quelques éléments de bilan du nouveau paysage municipal en Bretagne Notes de bas de page Auteur

    Les élections municipales de 1977

    Ce livre est recensé par

    • Nicolas Tardits, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, mis en ligne le 17 février 2022. URL : https://journals.openedition.org/chrhc/18103 ; DOI : https://doi.org/10.4000/chrhc.18103
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    Table des matières

    Les élections municipales de 1977 en Bretagne

    Quelle poussée de la gauche ?

    Christian Bougeard

    p. 155-168

    Texte intégral Situation et évolutions politiques municipales dans les années 1968 Le déroulement et les résultats des élections municipales de 1977 en Bretagne Quelques éléments de bilan du nouveau paysage municipal en Bretagne Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Afin de mesurer l’importance politique des élections municipales de mars 1977 en Bretagne, il convient de resituer cette consultation locale dans son contexte national et dans la situation politique de cette région depuis les débuts de la Ve République. En effet, depuis 1958, lors des élections législatives, référendaires et présidentielles, la Bretagne historique est une région qui vote à droite et au centre faisant plus confiance aux majorités gaulliste, pompidolienne puis giscardienne que la moyenne des électeurs et des électrices français. Après le raz-de-marée en sièges des élections législatives de juin 1968 qui n’avaient laissé qu’un seul député à la gauche socialiste (Georges Carpentier, SFIO-FGDS à Saint-Nazaire), les élections législatives de mars 1973 avaient donné 25 sièges sur 33 à la majorité pompidolienne dont 17 à l’Union pour la défense de la république, l’UDR gaulliste, ne laissant que deux élus aux centristes d’opposition. À l’occasion, la gauche socialiste encore divisée, cinq PS1 et un PSU2, était revenue à sa situation de 1967. Du fait du ralliement des centristes démocrates-chrétiens du Centre démocrate (CD) de Jean Lecanuet (ex-MRP), les élections présidentielles de 1974 confirment la solide implantation des droites et du centre en Bretagne : au second tour, Valéry Giscard d’Estaing y recueille 57,9 % des suffrages exprimés face à François Mitterrand, le candidat unique de la gauche, contre une moyenne nationale de 50,8 %3. Sauf dans quelques villes, jusqu’en 1977 les consultations locales confirment ces alliances majoritaires des modérés, allant des centristes (CD) aux droites libérales (républicains indépendants, RI et divers droite), tant dans les conseils généraux qu’au niveau municipal. Toutefois, on constate une assez faible représentation des gaullistes encartés à l’UDR. Dans le prolongement des événements de Mai 1968, cette configuration politique se modifie notamment en raison de la création du nouveau Parti socialiste (PS), puis de la signature du Programme commun de gouvernement de la gauche en juin 1972 qui a enclenché un dynamique unitaire entre le PS, le Parti communiste français (PCF) et le mouvement des radicaux de gauche (MRG). De ce fait, les élections municipales de 1977 sont clairement politisées dans un affrontement droite-gauche. Dans le cadre de la région administrative de Bretagne4, nous allons nous interroger sur la réalité et l’ampleur de ces changements municipaux, à partir des villes essentiellement, car il est souvent difficile de saisir la situation politique des petites communes. Au-delà des succès spectaculaires soulignés par tous les médias des listes d’Union de la gauche à Rennes et à Brest, y a-t-il vraiment une poussée de la gauche en Bretagne aux élections municipales de 1977 et quels en sont les ressorts ?

    Situation et évolutions politiques municipales dans les années 1968

    2Pour comprendre les résultats électoraux de 1977, il convient de les resituer en Bretagne dans un contexte de luttes sociales, paysannes et ouvrières, enclenchées au début des années 1960 et intensifiées lors du long « Mai breton », non seulement en mai et juin 1968 mais aussi dans les années suivantes. Durant les deux décennies 1960 et 1970, la région connaît de profondes transformations économiques, sociales, culturelles et religieuses. La société bretonne se modernise rapidement croisant révolution agricole, urbanisation accélérée et industrialisation, fruit de l’initiative régionale, notamment sous l’impulsion du Celib (Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons), et d’une politique volontariste de l’État favorisant la décentralisation industrielle5. Largement engagées par les mobilisations paysannes de 1967, puis celle du 8 mai 1968 sur le thème de « L’Ouest veut vivre ! », les grèves de mai et juin 1968 font émerger de nouveaux registres d’action dans les villes et les usines. Mais elles se sont traduites par « la grande peur » qui a consolidé politiquement la majorité en place, laquelle fournit bon nombre de ministres gaullistes venus s’implanter localement en bousculant les notables traditionnels6. La situation électorale paraît quelque peu verrouillée même si la gauche progresse en voix (en 1973). Des grèves emblématiques qui suscitent une véritable solidarité régionale secouent la Bretagne comme celle du Joint Français à Saint-Brieuc ou la « grève du lait » au printemps 1972.

    3Mais la contestation sociale ainsi que les mouvements lycéens et étudiants quasi récurrents n’ont pas encore de traduction électorale dans la première moitié des années 1970. Aux élections municipales de 1971, la gauche socialiste se renforce dans quelques-uns de ses bastions qui datent de l’entre-deux-guerres comme Saint-Nazaire (1925) et Lorient (1925-1929, puis à partir de 1935)7. En 1960, à la faveur de la création du Grand Quimper mais surtout à cause d’une bataille féroce au premier tour entre le maire sortant MRP et ancien député André Monteil battu par le candidat de droite devenu UNR Hervé Nader en 1958, le socialiste Yves Thépot allié aux radicaux contre une liste PCF-PSU est porté à la mairie. De même, en 1962, à la faveur d’une invalidation des élections de 1959, Saint-Brieuc a été gagnée par Antoine Mazier, ancien député SFIO et fondateur du Parti socialiste autonome (PSA) puis du Parti socialiste unifié (PSU), dans une configuration originale d’union des gauches alliant le PSU, le PCF, la SFIO et l’Union travailliste, des chrétiens de gauche issus du MRP8. L’expérience briochine va faire figure de « laboratoire » de l’Union de la gauche dans les années 1970. Quelques municipalités communistes ont pris le relais des socialistes dans des cités ouvrières après la Libération près de Lorient comme Jean Maurice, élu maire à Lanester en 1953, ou Eugène Crépeau qui en 1959 prend Hennebont9. Mais les maires PCF sont peu nombreux en Bretagne.

    4Dans les grandes villes, on rencontre des coalitions de Troisième Force souvent mises en place depuis 1947 contre le PCF et le RPF gaulliste. Démocrates-chrétiens, libéraux de droite, radicaux et même socialistes SFIO travaillent ensemble. C’est le cas à Rennes avec Henri Fréville (CD) depuis 1953 ou à Nantes avec André Morice (Centre républicain, ex-radical) depuis 196510. Centristes MRP et hommes de droite dirigent de nombreuses petites villes bretonnes : Vannes, Saint-Malo, Dinard, Fougères, Vitré, Redon en Ille-et-Vilaine, Dinan, Guingamp, Lannion, Loudéac dans les Côtes-du-Nord ainsi que la quasi-totalité des petites villes des autres départements (cf. tableau 1). Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur RI de 1968 à 1974, cumule la députation (1946), la présidence du conseil général du Morbihan (1964) et la mairie de Vannes (1965). Après un intermède RPF (1947-1953), Brest est solidement tenue en main par les centristes du MRP puis par l’indépendant Georges Lombard élu en 195911.

    5En 1971, dans un rapport de force droite-gauche globalement stable, les gauches engrangent quelques succès : Michel Masson (PS) est élu à Pontivy. Le Dr Jean-Jacques Cléach, ex-PSU, enlève Morlaix au Dr Le Duc, maire depuis 1947 et député indépendant « gaulliste » de 1958 à 196212. La gauche s’impose aussi dans le port de Douarnenez qui avait été le bastion du maire communiste Daniel Le Flanchec dans l’entre-deux-guerres et a eu une municipalité communiste de 1945 à 1953. En 1971, Michel Mazéas (PCF) est élu maire. Dans le Finistère et les Côtes-du-Nord, la SFIO qui avait une base non négligeable de maires dans des petites communes de Basse Bretagne depuis 1945, notamment dans le Trégor, la situation a un peu évolué par rapport à 1965. Dans les Côtes-du-Nord, en 1971, un tiers des maires (128) appartiennent aux partis de gauche : le PCF a presque doublé (31 maires), le PSU en a 62 et les socialistes 35, un chiffre stable pour ce parti comme dans le Morbihan (23 maires)13. Mais, du fait de la crise de la SFIO, de nombreux maires socialistes ne sont plus encartés depuis le milieu des années 1950 et il est bien difficile de classer des municipalités ou des maires étiquetés divers gauche ou centre-gauche (15,6 % dans les Côtes-du-Nord en 1971), c’est-à-dire partisans de la laïcité14.

    6Si la gauche n’a gagné que trois villes en 1971, la situation politique évolue dans les années suivantes. La signature du programme commun en juin 1972 va contraindre le PS, stimulé par de jeunes adhérents ambitieux qui veulent se démarquer d’une SFIO vieillissante, à clarifier ses alliances quitte à écarter de vieux militants qui refusent tout accord avec les communistes. Ce qui donne parfois lieu à des situations tendues comme à Quimper mais prépare les succès à venir.

    7Des signes de renouvellement générationnel se manifestent aux élections législatives de 1973 avec la victoire de deux jeunes socialistes qui ne viennent pas de la SFIO mais sont passés par les clubs : Louis Le Pensec à Quimperlé et Charles Josselin à Dinan15. Les élections cantonales de mars 1976 confirment la progression de l’Union de la gauche dans le pays puisque cette coalition est majoritaire au premier tour : 51,5 % des voix contre 43,6 % à la majorité. Le PS gagne 194 sièges de conseillers généraux et le PCF 175. L’Année politique précise que c’est un « coup de semonce inattendu » pour la majorité giscardienne16. Les Bretons y contribuent puisque le département des Côtes-du-Nord passe à gauche sous la présidence de Charles Josselin, à la faveur de la retraite de René Pleven (75 ans) qui le présidait depuis 1949. C’est l’un des quinze conseils généraux gagnés par la gauche et le seul de tout le Grand Ouest17. À la veille des élections municipales de 1977, une certaine volonté de changement paraît chercher à s’exprimer, favorisée par la constitution de listes d’Union de la gauche dans la plupart des villes et par une certaine usure des équipes en place dirigées par des notables de droite ou centriste vieillissants.

    Le déroulement et les résultats des élections municipales de 1977 en Bretagne

    8Les dynamiques nationales se télescopent avec les situations locales : généralement, les listes de droite et du centre, renouvelées ou non, jouent la carte de l’expérience, de « l’apolitisme » et de l’intérêt local en dénonçant les dangers représentés par les listes d’Union de la gauche qui rassemblent le PS, le PCF, le MRG et parfois les autogestionnaires du PSU – il en reste encore en Bretagne –, et dans quelques villes des candidats de l’Union démocratique bretonne (UDB). L’anticommunisme et l’accusation d’appartenance à « l’extrême gauche » cimentent le discours des majorités sortantes comme à Rennes où le professeur de droit Jean-Pierre Chaudet (républicain indépendant, RI) prend le relais d’Henri Fréville (centriste ex-MRP, membre du nouveau Centre des démocrates sociaux, CDS) ou à Vannes où Paul Chapel (RI), le premier adjoint de Raymond Marcellin, conduit la liste. Ainsi, pour tenter d’effrayer l’électorat modéré, lors d’un débat sur France Inter le 17 mars 1977, Jean-Pierre Chaudet accuse Edmond Hervé (PS), qui conduit la liste d’Union de la gauche à Rennes, d’avoir « caché son appartenance au CERES », c’est-à-dire selon lui « l’aile autogestionnaire et révolutionnaire du PS18 ». Mais, dans un contexte de difficultés économiques, de montée rapide du chômage, où le Premier ministre a mis en place un plan d’austérité et de libéralisation de l’économie en 1976, le premier Plan Barre, après l’échec du plan de relance de Jacques Chirac en 1975-1976, ces élections municipales sont politisées. En outre, dans bon nombre de villes de trois à cinq listes s’affrontent au premier tour : cinq à Rennes, quatre à Fougères, Saint-Malo et Saint-Brieuc, trois à Brest, Vitré, Dinan, Loudéac, Lanester, Concarneau, Quimperlé… (cf. tableau 1). Les divisions des droites, entre le nouveau RPR gaulliste et chiraquien et les RI giscardiens d’une part, le RPR et les centristes du CDS de l’autre, pèsent lourd dans les résultats à Brest et à Saint-Malo. En revanche, à Vitré, Pierre Méhaignerie, leader national du CDS et ministre, qui a repris en 1973 à un RPR le siège de député occupé par son père de 1945 à 1968, l’emporte dès le premier tour avec plus de 60 % des voix contre une liste gaulliste et une liste de gauche. À gauche, il y a bien quelques listes d’extrême gauche ou du PSU (à Rennes), mais des listes unitaires prévalent à peu près partout sauf à Saint-Brieuc. Dans cette ville, le communiste Édouard Quemper et premier adjoint revendique la tête de la liste d’union contre le député-maire sortant Yves Le Foll qui a rejoint le PS en 1974 si bien que trois listes de gauche sont en compétition au premier tour (PS, PCF, PSU) face à une liste de droite et du centre faible (37,5 %). Yves Le Foll arrivé en tête au premier tour de 88 voix est aisément réélu au second avec 57,2 % des voix avec une liste homogène comptant 19 PS, 2 MRG et 14 sympathisants ou membres de la « société civile19 ». Le PCF est allé à l’épreuve de force et a perdu faisant de la cité briochine le contre-exemple du modèle municipal unitaire de 197720. Ce qui était aussi en jeu, c’est le rapport des forces en vue des élections législatives de 1978 et une éventuelle alternance à gauche avec cohabitation avec Valéry Giscard d’Estaing.

    9En Bretagne, cette campagne municipale est « pimentée » par des attentats du Front de libération de la Bretagne (FLB), ou plutôt des FLB car on en dénombre au moins trois durant cette période. Depuis le début de l’année 1977, on a recensé sept attentats à l’explosif et un huitième vise un centre EDF à Rennes durant l’entre-deux-tours. Les partis de gauche mènent une campagne très active. Le 3 mars 1977, François Mitterrand fait même une visite éclair dans la région tenant des meetings à Saint-Brieuc, Brest, Quimper, Lorient où il improvise une conférence de presse21. À Quimper où la section du PS a refusé d’investir le maire sortant Lemeunier préférant une liste d’Union de la gauche conduite par le jeune Bernard Poignant, le premier secrétaire du Parti socialiste a estimé que « les décisions appartiennent aux militants ». À Rennes, ovationné par 8 000 personnes selon la presse, il met en garde contre « l’apolitisme ».

    10Les élections municipales de mars 1977 sont marquées par une poussée des listes de gauche dans tout le pays, dans les grandes comme dans les petites villes, avec un gain de 211 villes de plus de 30 000 habitants. En Bretagne historique, les droites en détenaient six et la gauche cinq22, le 20 mars au soir, elles n’en ont plus que deux : Vannes et Quimper. L’Union de la gauche a gagné quatre cités mais elle a perdu Quimper dès le premier tour, un des deux cas en France avec Cambrai. Marc Bécam (RPR), suppléant en 1967 puis successeur d’Edmond Michelet en 1970, enlève en effet la préfecture du Finistère avec 52,7 % des voix. Une partie de l’électorat de centre gauche de la municipalité sortante a refusé de suivre Bernard Poignant. Ailleurs, la gauche est aisément réélue dans ses bastions de Lorient, de Saint-Brieuc et de Saint-Nazaire où les maires sortants PS Jean Lagarde (59,6 %), Yves Le Foll (57,2 %) et Étienne Caux (58,8 % contre le RPR) s’imposent.

    11Mais ce qui frappe l’opinion, ce sont des succès spectaculaires de la gauche unie s’expliquant par plusieurs configurations différentes. L’enjeu rennais a donné lieu à d’âpres discussions entre les deux enseignants de la faculté de droit qui conduisaient les deux principales listes. En dépit de la présence sur sa gauche de trois listes concurrentes23, avec 48,6 % des voix Edmond Hervé devance nettement son adversaire de droite (42,4 %) au soir du premier tour et l’emporte facilement au second avec 55,85 % des suffrages exprimés. C’est le résultat du travail entrepris depuis plusieurs années par le PS24. Comme ceux de Nantes, de Brest ou d’Angers, le basculement à gauche de Rennes est un signal politique fort en Bretagne.

    12La situation est différente à Brest et à Saint-Malo : dans ces villes, c’est la division des droites et du centre qui expliquent la victoire de l’Union de la gauche. À Brest, l’ancien député-maire Georges Lombard devenu sénateur centriste en 1971 a laissé les clés de la mairie à son premier adjoint Eugène Bérest (RI) en 1973 pour prendre la présidence de la nouvelle communauté urbaine de Brest (CUB). Mais en 1977, s’opposant au maire sortant, il cherche à reprendre la mairie quitte à faire liste commune avec son ancien adversaire qui l’avait battu aux élections législatives de juin 1968, le député RPR Michel de Bennetot. Désorientée ou mécontente, une partie de l’électorat modéré s’abstient au premier tour (à plus de 30 %), se réservant de choisir au second. C’est ce qui permet à la liste d’Union de la gauche conduite par Francis Le Blé (PS), ancien secrétaire général de l’UD CFTC puis CFDT, passé par la Convention des institutions républicaines (CIR) mitterrandienne puis la FGDS de l’emporter de justesse dès le premier tour pour 32 voix (50,04 %) à la surprise générale25. À Saint-Malo aussi les divisions de la majorité sortante expliquent son échec. En effet, l’ancien maire Marcel Planchet condamné en justice en 1976 ne peut pas se représenter, ce qui aiguise les ambitions. Trois listes se disputent l’héritage : la liste centriste de son premier adjoint Réhel, une liste RPR et une liste RI. Au soir du premier tour, elles totalisent deux tiers des suffrages mais deux listes se maintiennent à droite au second tour, RPR contre centristes, permettant à Louis Chopier (PS) qui conduit la liste d’Union de la gauche de l’emporter dans un triangulaire avec 40,2 % des suffrages exprimés. Exploitant agricole, le nouveau maire est un ancien dirigeant de la Fédération départementale des exploitants agricoles (FDSEA) d’Ille-et-Vilaine qui avait appelé à voter Mitterrand en 1974. Le même jour, lors de l’élection partielle qui doit remplacer Planchet, le socialiste Alain Roman gagne le siège de conseiller général de Saint-Malo-Sud face au centriste Réhel et au RPR Demalvilain.

    13En 1977, des moyennes et des petites villes bretonnes sont aussi gagnées par l’Union de la gauche contre des maires sortants centristes ou de droite, souvent réélus mais désormais minoritaires à un ou deux sièges près. Dans les Côtes-du-Nord, les réseaux de notables plévénistes en sortent affaiblis. Ainsi, à Lannion, Pierre Jagoret (PS) bat le sénateur-maire sortant Pierre Marzin (14 élus contre 13). À Guingamp, le combat épique engagé de longue date entre deux professeurs du lycée Pavie se solde par la victoire de François Leizour (PCF) au détriment du député-maire sortant, le CDS Édouard Ollivro. Ces deux nouveaux maires entreront à l’Assemblée nationale l’année suivante. Deux cités de la périphérie briochine basculent à gauche en faveur de maires communistes : Roger Ollivier à Plérin et Jean Derian à Ploufragan.

    14Moins nette dans la région rennaise26, la métropolisation du vote de gauche se retrouve dans le Finistère, à Plouzané et au Relecq-Kerhuon aux portes de Brest où un maire socialiste et un communiste sont élus. C’est vrai aussi à Ergué-Gabéric près de Quimper. Plusieurs autres petites villes basculent à gauche : Rosporden, Carhaix où le communiste Jean-Pierre Jeudy bat le maire centriste sortant tout comme Yves Guillou (PS) à Quimperlé27. À Crozon, Claude Yvenat (PS) succède au Dr Jacquin (UDR) maire depuis 1947. Conduite par le communiste Robert Jan qui avait été maire de 1945 à 1947 et conseiller général, l’Union de la gauche enlève Concarneau dès le premier tour en battant le modéré Yves Couchouron élu en 197128 malgré une troisième liste de sensibilité écologiste-divers gauche.

    15Mais en 1977, en Bretagne, surtout en Haute Bretagne, bon nombre de municipalités centristes ou de droite résistent à la poussée de la gauche même si c’est parfois difficile comme à Vannes du fait de la présence d’une troisième liste qui se dit « apolitique et socio-professionnelle ». Au second tour, Paul Chapel, le premier adjoint et successeur de Raymond Marcellin, l’emporte de justesse avec seulement 50,7 % des voix29. Mais dans les petites villes solidement ancrées à droite, les maires sortants sont réélus sans difficultés comme le ministre de la Défense Yvon Bourges à Dinard, Tiger à Redon, Paul Ancelin à Ploërmel (RPR), Fernand Labbé (RPR) à Lamballe, Yves Blanchot (RI) à Dinan ou le Dr Étienne fils à Loudéac30. Châteaulin, prise en 1971 au maire (depuis 1945) et ancien député socialiste SFIO Hervé Mao, est conservée par la majorité. C’est plus difficile pour l’ancien ministre Michel Cointat (RPR) à Fougères car il doit affronter trois autres listes, celles de l’Union de la gauche, d’un réformateur giscardien et du Mouvement des démocrates de Michel Jobert. Cointat l’emporte néanmoins au second tour.

    16Des relèves et un renouvellement générationnel s’opèrent ici ou là. À Vitré, Pierre Méhaignerie (CDS), qui va devenir ministre de l’Agriculture de Valéry Giscard d’Estaing après avoir été secrétaire d’État, l’a emporté aisément. Il y a parfois un changement de leader mais pas d’orientation politique comme à Landerneau (Finistère) où François Hily, le premier adjoint du sortant Théophile Le Borgne (RPR), conduit la liste qui l’emporte dès le premier tour avec 54 % des voix contre l’Union de la gauche du jeune socialiste Jean-Pierre Thomin31. Le nouveau maire sera le modéré Ferdinand Grall. Mais à droite aussi, les électeurs aspirent à un changement des notables en place : à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), les deux anciens maires de droite sont battus. Dans le Morbihan, les maires de Larmor-Plage et de Malestroit le sont aussi tandis qu’à Guer et à Belz, ils ont été réélus mais sont en minorité dans le nouveau conseil municipal. À Quiberon où il avait développé un établissement de thalassothérapie, l’ancien champion cycliste Louison Bobet aspirait à devenir maire mais sa liste est minoritaire. Signalons que l’abbé Laudrin, député gaulliste depuis 1958 et seul ecclésiastique présent au Palais-Bourbon, décède durant l’entre-deux tours alors qu’il avait été facilement réélu quelques jours plus tôt dans sa ville de Locminé (Morbihan).

    Quelques éléments de bilan du nouveau paysage municipal en Bretagne

    17Nous manquons d’études départementales ou locales détaillées pour approfondir l’analyse du nouveau rapport de force politique à l’issue des élections municipales de 1977. Les succès spectaculaires de la gauche dans plusieurs grandes villes de l’ouest de la France, fort justement soulignés par les médias nationaux, et son indéniable poussée en voix dans les villes et en Basse Bretagne ne doivent pas masquer le fait que l’Union de la gauche est encore largement minoritaire dans la région en 1977.

    18Le département le mieux connu, mais aussi le plus à gauche avec le Finistère depuis l’entre-deux-guerres et surtout à la Libération, est celui des Côtes-du-Nord. La poussée municipale de la gauche y paraît sensible de 1965 à 1977 : en incluant les 3 maires radicaux, l’Union de la gauche compte désormais 135 maires, 36,6 % du total, auxquels s’ajoutent 64 maires divers gauche (17,3 %) mais dont la plupart refusent l’alliance avec le PCF32. Par rapport à 1971, le PCF qui était bien implanté depuis 1945 dans la partie bretonnante du département est le principal bénéficiaire car il a nettement progressé passant de 31 à 48 maires (13 %). En revanche, pour l’ensemble PSU (62)-PS (35) soit 97 maires (25,2 %) en 1971, on note un certain recul des socialistes encartés en 1977 (84 maires, 22,7 %, 82 PS, 2 PSU). Sans les radicaux qui étaient dans la mouvance plévéniste dans les années 1960, le glissement municipal à gauche (maires PCF, PSU, SFIO) semble avoir été plus conséquent entre 1965 et 1971, de 109 à 128, que de 1971 à 1977 où on atteint 132 maires clairement identifiés à gauche. Il y aurait donc plutôt stabilité que poussée mais la progression des maires divers gauche (de 52 à 67) donnerait la majorité à ce camp et elle est surtout porteuse d’avenir puisqu’une quinzaine d’entre eux vont ensuite adhérer au PS selon les travaux de François Prigent. En 1977, le nombre de maires centristes, plévénistes et démocrates-chrétiens, est stable (7,3 %), le RPR recule à six maires (1,6 %) tout comme les libéraux de droite et les modérés (32,2 %) tout en résistant plutôt bien. Il apparaît donc qu’on assiste en 1977 à une poussée limitée de l’Union de la gauche dans les Côtes-du-Nord et plutôt en son sein à une redistribution des cartes en faveur du PCF à l’occasion d’un fort renouvellement générationnel : un tiers de nouveaux maires (121) mais encore très peu de femmes (onze, 3 %). C’est le plus important renouvellement depuis celui de la Libération, il est vrai exceptionnel, puisqu’il avait été de 59,3 % en mai 1945. Désormais, la gauche unie administre six (en incluant Paimpol) des dix villes du département, un gain de quatre cités auxquelles s’ajoutent cinq chefs-lieux de canton33.

    19La poussée de l’Union de la gauche touche plus fortement le Finistère où elle s’impose dans une douzaine de villes même si les municipalités centristes ont bien résisté dans la région quimpéroise et celles de droite dans le Léon. La SFIO avait perdu son bastion de Landerneau en 1965 et Châteaulin en 1971. Surtout la SFIO qui avait encore un maire sur cinq en 1959 à côté d’une quinzaine de communistes était tombée à 13 maires encartés en 1971 pour une dizaine au PCF. Avec 33 élus, 11,5 % des maires finistériens, les élections de 1977 apparaissent comme le point de départ d’une reconquête municipale des territoires perdus et de nouvelles cités.

    20Les victoires d’Edmond Hervé à Rennes et de Louis Chopier à Saint-Malo, d’ailleurs de courte durée dans la cité des corsaires, ne doivent pas faire oublier qu’en Ille-et-Vilaine le PS part de très bas : de cinq maires en 1971 à neuf en 1977 et aucun communiste. Dans le Morbihan, c’est la stabilité qui prévaut car de 1965 à 1977 le PS a conservé 33 édiles (12,6 %) dans la couronne lorientaise et dans la zone bretonnante, le PCF n’ayant que quelques unités. Au niveau local, ce département reste dominé par les élus de droite. Signalons toutefois l’élection pour la première fois en Bretagne de deux maires « écologistes » en réaction contre le projet d’EDF de construire une centrale nucléaire à Erdeven : Michel Le Corvec, militant du CRIN, un comité d’information contre la centrale, devient maire d’Étel et Dr Le Formal, un conseiller municipal sortant de droite, le premier magistrat de Belz34. Autre spécificité bretonne : la présence sur les listes d’Union de la gauche de militants de l’Union démocratique bretonne, un parti régionaliste et autonomiste formé en 1964. 35 conseillers municipaux UDB sont élus en 1977 dont la moitié dans le Finistère et dans la plupart des grandes villes (Brest35, Rennes, Lorient).

    ***

    21La poussée électorale de la gauche unie est bien réelle en Bretagne lors des élections municipales de mars 1977. Du fait des succès dans les grandes villes, à Brest, et Rennes, elle paraît spectaculaire aux observateurs parisiens mais elle occulte en partie la poussée sensible aussi dans les villes moyennes et les petites villes, plus marquée en Basse Bretagne. Toutefois, il ne faudrait pas négliger la bonne résistance des listes du centre et de droite qui s’opposent à la dynamique de l’Union de la gauche. Ces succès résultent du travail militant de nouvelles équipes sur le terrain, au PS et au PCF, mais aussi de la volonté de changement porté depuis une décennie par une fraction de la société, de la jeunesse surtout, au travers de multiples combats sociaux et culturels. Depuis 1967-1968, une partie des Bretons aspire à bousculer l’ordre établi et à renouveler des notables vieillissants comme le notait le 22 mars Le Télégramme constatant que « beaucoup de maires âgés [ont été] battus ». La gauche unie et surtout le PS se sont mis en position de capter cette soif de changement politique. En effet, 1977 voit l’arrivée aux affaires de nouvelles générations d’élus, à gauche mais aussi parfois à droite, qui vont faire leur apprentissage de la gestion, la mairie leur servant de tremplin à des carrières politiques ultérieures. Un nouveau cycle politique s’ouvre et il va durer quarante ans pour de jeunes élus socialistes comme Edmond Hervé.

    22À chaud, dans Ouest-France, le 24 mars 1977 l’historien nantais Jean Guiffan met en avant le vote des chrétiens de gauche provoqué par le « virage à droite de la démocratie chrétienne », « la fin des notables » sans véritable « raz-de-marée » électoral36. Paul-Jacques Truffaut, l’éditorialiste de Ouest-France qui avait souligné « la poussée de la gauche » et « la bipolarisation » au lendemain du premier tour titre sur « le tournant décisif » au lendemain du second écrivant : « Cette fois-ci le doute n’est plus permis, la France a voté à gauche37. »

    23Pourtant un an après, alors qu’on s’attendait à une alternance voire une cohabitation aux élections législatives de 1978, la majorité giscardienne gagne. Elle résiste bien en Bretagne puisque le PS n’obtient que six sièges (plus un) dont trois en Loire-Atlantique. Si Pierre Jagoret est élu à Lannion et Marie Jacq à Morlaix, Charles Josselin est battu à Dinan tout comme le successeur d’Yves Le Foll à Saint-Brieuc38. Jean-Yves Le Drian (PS) prend la relève d’Yves Allainmat à Lorient et François Leizour l’emporte à Lannion, premier député communiste élu en Bretagne depuis 1958. Après les succès de 1977, une éventuelle nouvelle poussée de la gauche est reportée à 1981.

    Tableau 1. – Les élections municipales de mars 1977 dans les principales villes de Bretagne.

    * Maire sortant.
    Sources : Le Monde, 15 et 22 mars 1977 ; Ouest-France, Le Télégramme, mars 1977. Résultats des principales listes.

    Notes de bas de page

    1Georges Carpentier est réélu à Saint-Nazaire ; Christian Chauvel et le maire de Lorient Yves Allainmat regagnent le siège perdu en 1968 à Nantes-2 et à Lorient.

    2Le maire de Saint-Brieuc Yves Le Foll reprend la circonscription de Saint-Brieuc, gagnée de haute lutte en 1967 sur le député UNR-UDT sortant Robert Richet, perdue en 1968 au profit d’Arthur Charles, un proche de l’UDR. Le Foll et la majorité des adhérents du PSU des Côtes-du-Nord adhèrent au PS à la fin de 1974 dans le cadre des Assises du socialisme.

    3En Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan, le nouveau président de la République a dépassé les 60 % des suffrages.

    4Nous faisons également référence à Nantes, Angers et Le Mans pour mieux souligner les dynamiques régionales. Mais les Pays-de-la-Loire et l’agglomération nantaise sont étudiés dans les communications de Coralie Billard et de Christophe Batardy.

    5Pour une analyse détaillée de ces mutations, voir Bougeard Christian, Les années 1968 en Bretagne, Rennes, PUR, 2017.

    6Citons les UNR Yvon Bourges en 1962, Edmond Michelet, Michel Cointat, Olivier Guichard en 1967.

    7La SFIO a perdu Lorient en 1959 regagnée par Yves Allainmat en 1965. Jean Lagarde (PS) lui succède à la mairie en juillet 1973. Les deux hommes forts du PS lorientais sont en compétition, voire en conflit.

    8Saint-Brieuc avait été à gauche de 1931 à 1953 puis avait eu des maires MRP.

    9Il est vrai dans une situation particulière puisque le Dr Thomas, ancien de la SFIO, a rejoint l’UNR gaulliste.

    10Député de 1958 à 1968, Henri Fréville entre au Sénat en 1971.

    11Député de 1958 à 1962, puis en 1967-1968, Georges Lombard s’est opposé à la politique algérienne du général de Gaulle.

    12En 1958, le Dr Le Duc avait battu l’ancien ministre et député socialiste Tanguy Prigent qui, passé au PSU, a repris la circonscription 1962 et l’a transmise en 1967 à Roger Prat (PSU), battu en 1968.

    13Prigent François, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse d’histoire, Rennes 2, 2011, tableau 45, p. 275, et liste des maires socialistes dans le vol. 2.

    14À Quimperlé (Finistère), en 1971, le maire sortant a été battu par le divers gauche Héry.

    15Louis Le Pensec a été élu maire PS de Mellac en 1971. Charles Josselin l’a emporté en battant le centriste René Pleven (ex-UDSR) de 45 voix. Pleven était député depuis 1945, ancien président du Conseil de la IVe République et ministre de la Justice depuis son ralliement à Georges Pompidou en 1969.

    16L’Année politique 1976, p. 41.

    17Le rapport national droite-gauche passe de 69/26 présidences avant la consultation à 54/41 après. Charles Josselin a inversé le rapport des forces avec 28 sièges pour la gauche (18 PS, 10 PCF) contre 20. En 1973, la majorité pléveniste avait 27 sièges contre 21.

    18Ouest-France, 18 mars 1977.

    19Ouest-France, 4 mars 1977.

    20En 1983, Claude Saunier (PS) succédera à Yves Le Foll dans le cadre d’une Union de la gauche reconstituée.

    21Ouest-France et Le Télégramme, 4 mars 1977.

    22À droite, Rennes, Brest, Nantes, Vannes, Saint-Malo, Saint-Herblain ; à gauche, Lorient, Quimper, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Rezé.

    23La liste PSU-autogestion recueille 5,3 %, celle de Lutte ouvrière 2,3 % et celle de Rennes révolutionnaire-Drapeau rouge, un petit groupe maoïste qui s’est présenté au dernier moment, 1,4 %. L’extrême gauche pèse 9 % des suffrages à Rennes alors que les partis marxistes-léninistes (maoïstes) Humanité rouge – PCMLF et PCR (ML) ont appelé à « l’abstention révolutionnaire ».

    24Pour une analyse détaillée, voir la communication de François Prigent.

    25La liste Bérest dépasse les 30 % quand celle de Lombard n’atteint pas les 20 %. On peut suivre le psychodrame des droites brestoises dans Le Télégramme.

    26Selon Ouest-France du 22 mars 1977, la gauche passe de 26 à 45 élus sur 437 dans le district urbain de Rennes.

    27Il bat Héry le sortant de centre-gauche.

    28Le socialiste SFIO Charles Linement avait dirigé une municipalité de Troisième Force à Concarneau de 1947 à 1971.

    29Voir la communication de Thomas Grimonpez.

    30Il a succédé à son père en 1976.

    31Kerhervé Jean et Élégoët Louis, Histoire de Landerneau, Morlaix, Skol Vreizh, 2016, p. 195-197.

    32Prigent François, Les réseaux socialistes en Bretagne…, op. cit., p. 272-277.

    33Ouest-France, 22 mars 1977.

    34Il y a eu une liste verte à Roscanvel, la commune proche de l’île Longue qui abrite la base des sous-marins nucléaires.

    35L’UDB a trois élus à Brest dont son leader Roger Leprohon, adjoint au maire et conseiller régional.

    36L’interview précise : « Dans l’Ouest, les chrétiens ont donné un sérieux coup de main à la gauche mais cela ne s’est pas fait en une nuit. »

    37Ouest-France, 14 et 21 mars 1977.

    38De fait, le communiste Édouard Quemper a devancé Yves Dollo (PS) au premier tour et a été battu par le CDS Sébastien Couépel au second tour.

    Auteur

    • Christian Bougeard

      Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Bretagne occidentale de Brest et chercheur au Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC). Il a notamment publié : La Bretagne de l’Occupation à la Libération (1940-1946), Rennes, PUR, 2014 ; La Bretagne en portrait(s) de groupe. Les enjeux de la méthode prosopographique (Bretagne, xviiie-xxe siècle), Rennes, PUR, 2016 ; Les Années 68 en Bretagne. Les mutations d’une société (1962-1981), Rennes, PUR, 2017.

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    Les mouvements sociaux ouvriers en Bretagne dans les années 1950-1980

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    1Georges Carpentier est réélu à Saint-Nazaire ; Christian Chauvel et le maire de Lorient Yves Allainmat regagnent le siège perdu en 1968 à Nantes-2 et à Lorient.

    2Le maire de Saint-Brieuc Yves Le Foll reprend la circonscription de Saint-Brieuc, gagnée de haute lutte en 1967 sur le député UNR-UDT sortant Robert Richet, perdue en 1968 au profit d’Arthur Charles, un proche de l’UDR. Le Foll et la majorité des adhérents du PSU des Côtes-du-Nord adhèrent au PS à la fin de 1974 dans le cadre des Assises du socialisme.

    3En Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan, le nouveau président de la République a dépassé les 60 % des suffrages.

    4Nous faisons également référence à Nantes, Angers et Le Mans pour mieux souligner les dynamiques régionales. Mais les Pays-de-la-Loire et l’agglomération nantaise sont étudiés dans les communications de Coralie Billard et de Christophe Batardy.

    5Pour une analyse détaillée de ces mutations, voir Bougeard Christian, Les années 1968 en Bretagne, Rennes, PUR, 2017.

    6Citons les UNR Yvon Bourges en 1962, Edmond Michelet, Michel Cointat, Olivier Guichard en 1967.

    7La SFIO a perdu Lorient en 1959 regagnée par Yves Allainmat en 1965. Jean Lagarde (PS) lui succède à la mairie en juillet 1973. Les deux hommes forts du PS lorientais sont en compétition, voire en conflit.

    8Saint-Brieuc avait été à gauche de 1931 à 1953 puis avait eu des maires MRP.

    9Il est vrai dans une situation particulière puisque le Dr Thomas, ancien de la SFIO, a rejoint l’UNR gaulliste.

    10Député de 1958 à 1968, Henri Fréville entre au Sénat en 1971.

    11Député de 1958 à 1962, puis en 1967-1968, Georges Lombard s’est opposé à la politique algérienne du général de Gaulle.

    12En 1958, le Dr Le Duc avait battu l’ancien ministre et député socialiste Tanguy Prigent qui, passé au PSU, a repris la circonscription 1962 et l’a transmise en 1967 à Roger Prat (PSU), battu en 1968.

    13Prigent François, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse d’histoire, Rennes 2, 2011, tableau 45, p. 275, et liste des maires socialistes dans le vol. 2.

    14À Quimperlé (Finistère), en 1971, le maire sortant a été battu par le divers gauche Héry.

    15Louis Le Pensec a été élu maire PS de Mellac en 1971. Charles Josselin l’a emporté en battant le centriste René Pleven (ex-UDSR) de 45 voix. Pleven était député depuis 1945, ancien président du Conseil de la IVe République et ministre de la Justice depuis son ralliement à Georges Pompidou en 1969.

    16L’Année politique 1976, p. 41.

    17Le rapport national droite-gauche passe de 69/26 présidences avant la consultation à 54/41 après. Charles Josselin a inversé le rapport des forces avec 28 sièges pour la gauche (18 PS, 10 PCF) contre 20. En 1973, la majorité pléveniste avait 27 sièges contre 21.

    18Ouest-France, 18 mars 1977.

    19Ouest-France, 4 mars 1977.

    20En 1983, Claude Saunier (PS) succédera à Yves Le Foll dans le cadre d’une Union de la gauche reconstituée.

    21Ouest-France et Le Télégramme, 4 mars 1977.

    22À droite, Rennes, Brest, Nantes, Vannes, Saint-Malo, Saint-Herblain ; à gauche, Lorient, Quimper, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Rezé.

    23La liste PSU-autogestion recueille 5,3 %, celle de Lutte ouvrière 2,3 % et celle de Rennes révolutionnaire-Drapeau rouge, un petit groupe maoïste qui s’est présenté au dernier moment, 1,4 %. L’extrême gauche pèse 9 % des suffrages à Rennes alors que les partis marxistes-léninistes (maoïstes) Humanité rouge – PCMLF et PCR (ML) ont appelé à « l’abstention révolutionnaire ».

    24Pour une analyse détaillée, voir la communication de François Prigent.

    25La liste Bérest dépasse les 30 % quand celle de Lombard n’atteint pas les 20 %. On peut suivre le psychodrame des droites brestoises dans Le Télégramme.

    26Selon Ouest-France du 22 mars 1977, la gauche passe de 26 à 45 élus sur 437 dans le district urbain de Rennes.

    27Il bat Héry le sortant de centre-gauche.

    28Le socialiste SFIO Charles Linement avait dirigé une municipalité de Troisième Force à Concarneau de 1947 à 1971.

    29Voir la communication de Thomas Grimonpez.

    30Il a succédé à son père en 1976.

    31Kerhervé Jean et Élégoët Louis, Histoire de Landerneau, Morlaix, Skol Vreizh, 2016, p. 195-197.

    32Prigent François, Les réseaux socialistes en Bretagne…, op. cit., p. 272-277.

    33Ouest-France, 22 mars 1977.

    34Il y a eu une liste verte à Roscanvel, la commune proche de l’île Longue qui abrite la base des sous-marins nucléaires.

    35L’UDB a trois élus à Brest dont son leader Roger Leprohon, adjoint au maire et conseiller régional.

    36L’interview précise : « Dans l’Ouest, les chrétiens ont donné un sérieux coup de main à la gauche mais cela ne s’est pas fait en une nuit. »

    37Ouest-France, 14 et 21 mars 1977.

    38De fait, le communiste Édouard Quemper a devancé Yves Dollo (PS) au premier tour et a été battu par le CDS Sébastien Couépel au second tour.

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    Bougeard, C. (2020). Les élections municipales de 1977 en Bretagne. In M. Boisdron & M. Catala (éds.), Les élections municipales de 1977 (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/13zji
    Bougeard, Christian. « Les élections municipales de 1977 en Bretagne ». In Les élections municipales de 1977, édité par Matthieu Boisdron et Michel Catala. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2020. https://doi.org/10.4000/13zji.
    Bougeard, Christian. « Les élections municipales de 1977 en Bretagne ». Les élections municipales de 1977, édité par Matthieu Boisdron et Michel Catala, Presses universitaires de Rennes, 2020, https://doi.org/10.4000/13zji.

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    Format

    Boisdron, M., & Catala, M. (éds.). (2020). Les élections municipales de 1977 (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/13zlu
    Boisdron, Matthieu, et Michel Catala, éd. Les élections municipales de 1977. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2020. https://doi.org/10.4000/13zlu.
    Boisdron, Matthieu, et Michel Catala, éditeurs. Les élections municipales de 1977. Presses universitaires de Rennes, 2020, https://doi.org/10.4000/13zlu.
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