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    Plan détaillé Texte intégral La précocité de la constitution de reliques L’organisation et les fonctions des reliques Un sanctuaire : la Boisserie De la vénération à la collection Les grands collectionneurs sont-ils hagiographes ? De Gaulle, saint laïque ou intercesseur Notes de bas de page Auteur

    Reliques politiques

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    La vénération des reliques de de Gaulle

    Chantal Morelle

    p. 351-361

    Texte intégral La précocité de la constitution de reliques L’organisation et les fonctions des reliques Un sanctuaire : la Boisserie De la vénération à la collection Les grands collectionneurs sont-ils hagiographes ? De Gaulle, saint laïque ou intercesseur Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Parler de reliques au sujet du général de Gaulle ne va pas de soi, lui-même n’était pas attiré par ce genre de manifestation d’attachement ni de sa part ni à son égard. Deux propos l’attestent : pendant la guerre, Annette Pleven écrit que chez lui, à Londres, il n’y a aucun signe, pas la moindre croix de Lorraine, la moindre image qui puisse évoquer la France libre et la mission qu’il s’est assignée1. Plus tard, en 1966, Jacques Foccart rapporte dans son journal qu’il a demandé au président de la République d’envoyer un exemplaire dédicacé de ses mémoires à quatre petites îles qui en émettaient le souhait. Le Général refuse, Foccart insiste : « Quand on est le général de Gaulle et que les gens vous demandent vos Mémoires, qu’ils vont enfermer dans le placard en fer de leur mairie comme leur trésor le plus précieux qu’ils se transmettent de chef en chef… » De Gaulle considère qu’on ne remercie pas quelqu’un en envoyant ses mémoires mais, face à l’insistance de son conseiller, il offre des pendules2 ! Cette anecdote est cependant révélatrice de l’importance que les gens attachent à ce qui touche le Général – on garde soigneusement et on transmet un objet considéré comme le bien le plus précieux et d’autant plus qu’il le touche de près ; et l’on peut remarquer qu’il n’est pas particulièrement flatté par cette forme de considération qui relève davantage du fétichisme que d’un attachement politique.

    2Et pourtant, l’intérêt porté aux objets gaulliens en fait assez tôt des reliques. La quête est ancienne, car elle commence pendant la guerre, elle s’amplifie avec les années, s’inscrivant dans une chronologie toute gaullienne bien sûr, marquée par les temps forts de la guerre et de la Libération, de la démission du président de la République en avril 1969 puis de sa mort en novembre 1970. Ce sont en effet les moments de rupture qui suscitent les manifestations de dévotion dont les formes sont multiples passant par la recherche d’objets qui rappellent le grand homme, leur mise en scène et l’attribution d’une fonction spécifique, mais elles se marquent aussi par les propos, les pèlerinages sur les lieux gaulliens à des dates anniversaires, le plus souvent.

    3Les sources qui permettent de retrouver ces reliques et ces formes de dévotion sont diverses, orales, écrites et matérielles : la correspondance3 est particulièrement abondante et révèle beaucoup des formes de vénération à l’égard du Général4. Les représentations iconiques ne sont pas moins intéressantes car apparemment peu nombreuses (bustes du Général, croix de Lorraine sur des supports multiples, vaisselle, photographies, autographes, Mémoires), mais la diversité des formes et de la qualité, la multiplicité des regards et des usages sont révélateurs de leur importance. Les lieux gaulliens, la Boisserie à Colombey-les-Deux-Églises notamment, sont à prendre en compte quand ils montrent les réactions des visiteurs, touristes, curieux, gaullistes ou gaullolâtres, devant certains objets ayant appartenu au grand homme, et qu’ils les associent pleinement à ses qualités – les reliques ne sont pas nécessairement entre les mains de l’admirateur. Il convient alors de voir si ces manifestations diverses révèlent une forme de culte populaire rendu à une figure exceptionnelle, une sorte de vénération qui remplace une religion en perte de vitesse, ou tout simplement la reconnaissance due à un grand homme.

    4Après avoir présenté ce qui fait relique, nous verrons leur mise en scène et leur usage, puis les manifestations multiples qui disent la place hors du commun du général de Gaulle dans la vie et l’esprit des populations.

    La précocité de la constitution de reliques

    5Qu’est-ce qui fait relique ? et pourquoi Charles de Gaulle incite-t-il les collectionner ? Très tôt, les gens considèrent comme telles une lettre du général de Gaulle, des photos, des autographes qu’ils possèdent, voire seulement des souvenirs, et ce phénomène perdure. Les termes de « relique » ou de « bien précieux » voire « le plus précieux » sont souvent utilisés, à l’instar de cette dame qui écrit une lettre de condoléances à Yvonne de Gaulle, en tenant « une lettre du général de Gaulle entre les mains, datant du 11 juillet 1969 (relique sacrée de son écriture pour ma postérité)5 », ou alors de cette Italienne qui a « l’honneur de conserver, comme reliques, deux autographes de l’illustre général de Gaulle6 ». La correspondance est d’une richesse exceptionnelle car les Français et les étrangers, de tous âges et de tous milieux, disent leurs sentiments à l’égard du général de Gaulle et montrent un attachement parfois très ancien ; et ceux-ci se manifestent par un intérêt très net pour les objets convertis en reliques auxquelles les admirateurs rattachent les souvenirs qu’ils jugent aussi précieux. Cela produit des reliques matérielles mais aussi immatérielles ou virtuelles.

    6Notons que la sacralisation de l’homme du 18 Juin et de ce qui s’y rattache, et particulièrement la croix de Lorraine, retombe sur les acteurs de l’épopée : tels les disciples du Christ, les Français libres sont sujets de vénération, comme le note une Américaine qui a gardé très précieusement une croix de Lorraine qu’un aviateur Français libre lui a donnée7.

    7L’époque du RPF, le Rassemblement du Peuple français, temps du gaullisme d’opposition, n’exclut pas la constitution de reliques de la part des adhérents. Le Rassemblement a peu de moyens, de Gaulle ne bénéficie plus des avantages ou des privilèges qu’ont les chefs d’État, aussi est-il logé chez l’habitant lors de ses tournées à travers le pays : c’est évidemment un honneur de le recevoir, et l’occasion pour ses hôtes de garder des souvenirs qui deviendront des reliques, virtuelles ou matérielles, qu’il s’agisse du souvenir d’un dîner ou d’une nuit passée chez eux, ou d’une photo, plus chère sans doute car tangible. C’est ce que rappelle une femme qui a reçu le Général en 1949, lors de sa tournée dans le Languedoc8 ; elle possède deux reliques, l’une est matérielle : « je garde avec fierté la photographie que vous avez bien voulu dédicacer […] au nom de mon fils qui venait de naître », l’autre est virtuelle c’est le souvenir d’un dîner chez elle : « le souvenir nous est précieux ».

    8La mémoire entretenue transforme l’événement passé en relique immatérielle : un regard, une poignée de main, moins encore parfois, ce sont des signes conservés avec autant de soin qu’un objet. Une Anglaise rappelle qu’elle a vu le général de Gaulle se rendant à Birch Grove (en novembre 1961) chez le Premier ministre Harold Macmillan : « ce jour-là était pour moi, une petite étudiante anglaise, une journée inoubliable dont je garderai toujours le souvenir quand j’ai crié de tout cœur “vive de Gaulle !” quand il est passé en voiture, avec son épouse, tous [sic] près de moi9 ». Un Turc se rappelle de l’avoir salué au lycée Galatasaray à l’occasion du voyage présidentiel, en octobre 1968.

    9Pourquoi de Gaulle a-t-il suscité une vénération quasi-religieuse ? Les jalons de sa vie et son œuvre la justifient. Les événements de la guerre et de la Libération ont été vécus comme des temps forts, à juste titre. Charles de Gaulle est un sauveur et un martyr. D’abord et avant tout, il est le sauveur de la France : il l’a été le 18 juin 1940, puis à nouveau en 1958 ; jamais il n’a reculé devant le devoir qui l’appelait et cela seul justifie qu’on le place au-dessus de quiconque. Les occasions de le dire ne manquent pas : de nombreuses lettres le rappellent, qu’elles soient écrites par des étrangers ou par des Français ; des objets l’évoquent comme chez lui, à la Boisserie, où une sculpture en bronze, faite par un ancien résistant, est exposée dans le salon : un homme hisse hors de l’eau un bateau au nom de « France », alors en train de sombrer. Symbolisant l’action de la France libre et de son chef, cette image reste d’actualité pour beaucoup de visiteurs : aujourd’hui encore, la France s’effondre, et le Général n’est plus là pour la sauver ; c’est aussi ce qu’un pèlerin déplore dans le livre d’or conservé au Mémorial de Colombey : « Au plus grand homme du siècle qui, malheureusement, ne pourra plus sauver la France en perdition d’aujourd’hui10. » La vénération prend un tour particulier lors du départ du chef de l’État en 1969, surtout chez ceux qui prennent en considération la façon dont il a été « congédié », après le référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat, le 27 avril. La souffrance réelle ou supposée que le rejet de 52,4 % des électeurs représente, tient une place essentielle dans la correspondance des Français. Parce qu’eux-mêmes ont souffert dans leur vie – et les détails ne manquent pas – ils sont capables de prendre en charge la douleur du chef de l’État déchu et renié. Après avoir évoqué son admiration et sa reconnaissance envers le Général, un gaulliste écrit : « Mais j’ajoute à tous ces sentiments un sentiment qui n’a peut-être pas cours en politique : l’affection fidèle. Et aussi la vénération qu’on porte à quelqu’un à qui, jour après jour, on a donné son respect sans réserve11. » Charles de Gaulle s’est donné à la France et aux Français, il s’est sacrifié et il est devenu un martyr, et à ce titre, il est honoré et vénéré. De là une religion laïque se construit, avec ses symboles, ses rites et ses reliques.

    10Ainsi de Gaulle est vénéré du fait de son action au cours de l’histoire, de son abnégation, du sacrifice qu’il a fait de lui-même à la France. Ses multiples fonctions ont été l’occasion pour ses admirateurs, qui ne sont pas nécessairement des militants gaullistes, de se constituer un trésor de reliques, matérielles ou mentales, substituts du corps de Charles de Gaulle, remplaçant des morceaux du corps des saints. Il est indispensable de communier avec l’objet de dévotion, aussi les reliques sont-elles plus ou moins mises en scène.

    L’organisation et les fonctions des reliques

    11Les gens n’évoquent pas systématiquement la mise en place et l’usage de leurs reliques, mais toutes les marques qui émanent directement du Général ont une fonction particulière, allant parfois jusqu’au culte, renforçant alors la dimension surnaturelle du personnage, au point que certains admirateurs lui accordent un pouvoir thaumaturgique.

    12La vénération et les dévotions privées impliquent parfois une mise en scène, spectaculaire ou plus intime, au cœur du foyer. La place des photos du Général peut être discrète, quand elles sont collées dans les albums de famille, et ce n’est pas rien car il a sa place dans l’histoire personnelle et familiale12. Cette place au sein de la famille peut être touchante, comme le rapporte un petit garçon de 8 ans et demi qui opère un véritable transfert de sacralité, sans aucun doute dicté par ses parents : son poisson a changé trois fois de nom pour devenir « Charles13 ». Il ne s’agit pas là d’une relique à proprement parler, mais cet enfant a choisi d’attribuer à l’animal fétiche le nom de celui qu’il ne peut choyer en personne.

    13La sacralisation des reliques induit une mise en espace qui relève plus nettement d’une ferveur plus intime. Les souvenirs ne suffisent pas, les épistoliers de 1969 ou de 1970, vont plus loin en évoquant une dévotion plus spectaculaire – ou au moins sa promesse, et certains organisent de véritables autels chez eux, afin de rendre un culte au président sauveur. Ainsi, une militante de longue date, qui garde très précieusement trois lettres qu’elle a reçues du Général, demande à Mme de Gaulle une photo « qui ne soit pas officielle », c’est-à-dire une photo de famille « qui occuperait à mon foyer la place d’Honneur […] et à laquelle je pourrais rendre, chaque jour un filial hommage14 ». Car la piété est répandue et exposée : une gardienne d’immeuble a encadré une lettre reçue du Général, « en bonne place sous la croix, à côté d’une Vierge au mur de ma loge », et elle souhaite agrandir son autel en ajoutant une photo du couple de Gaulle ; cette dame ajoute qu’elle pourrait bien en acheter mais elle ne veut pas de photo officielle, la sacralité passe par l’intimité, l’humilité, la modestie qu’incarne Mme de Gaulle, aussi faut-il que cette photo vienne d’elle-même15. La photo n’est pas nécessairement exposée dans un espace exclusivement dédié au culte gaullien, mais elle doit être en bonne place, au milieu des objets les plus importants : un professeur américain demande deux photos du « très grand homme » « qui seraient un très grand trésor pour nous tous », et elles seraient exposées dans la vitrine-bibliothèque16.

    14Le pouvoir surnaturel de de Gaulle et des choses qui le rappellent est aussi souvent évoqué. Les objets lui ayant appartenu ou l’ayant touché ont des vertus particulières ; lui-même et son âme dégagent « une présence toute spirituelle » qui ne peut qu’être éternelle17 ; c’est ce qu’écrit une femme à Mme de Gaulle, avec l’espérance de le retrouver dans l’au-delà. Cette ferveur prend des proportions particulières parfois. Charles de Gaulle qui a sauvé la France par son appel à la résistance, le 18 juin 1940 et grâce à son retour en 1958, peut sauver les individus tel un roi thaumaturge. Ainsi, une femme, atteinte d’un cancer, a voulu être transportée à la Boisserie18 ; un ancien résistant handicapé a fait, en tricycle, le trajet de Lourdes à Colombey, mettant la résidence du Général à l’égal de la grotte miraculeuse19. S’il ne soigne pas les maladies, il peut soigner la France et protéger les Français. La dévotion n’est pas forcément intéressée : en 1970, une Française vivant en Allemagne, trop malade pour se rendre à Colombey, envoie des fleurs aux couleurs de la France pour les faire déposer sur la tombe : est-ce seulement dans l’espoir d’une guérison ou pour honorer le Général ?

    15Au demeurant, l’homme qui a sauvé la France, de son vivant, peut encore le faire dans la mort et la dimension surnaturelle qui lui est donnée inspire quelques prières en ce sens :

    « Mon Dieu, Mon Général,
    Mon Général, montrez-nous notre chemin
    Merci mon Dieu, Merci mon Général20. »

    16Au fil du temps, le phénomène s’atténue : par exemple, il est moins fréquent de trouver un bouquet de fleurs devant la porte de la Fondation Charles-de-Gaulle à Paris, le 9 novembre, jour anniversaire de la mort du Général. Cependant, Charles de Gaulle fait toujours le lien entre les vivants et les morts. Il faut marquer pour l’éternité le lien qui unit les résistants à de Gaulle. Les tombes portent parfois des signes rappelant la vie du défunt : des décorations de la Légion d’honneur, ou autres décorations qui ne sont pas liées au Général, sont souvent gravées sur les pierres tombales ; il n’est donc pas étonnant de trouver aussi la croix de Lorraine sur celles des anciens Français libres : avec l’assentiment de sa mère, Française libre, le fils d’un Français libre a fait graver une croix de Lorraine sur la tombe de son père décédé en 2013. Plus modestement, une veuve a tenu à mettre un signe du Général sur la tombe de son époux qui fut gaulliste, en y collant une modeste croix de Lorraine en plastique, et moins pérenne qu’une gravure, achetée résolument dans une boutique de Colombey.

    17La vénération n’est pas nécessairement liée aux reliques, ce peut être même le contraire : faire une offrande est parfois la marque la plus sensible de considération envers le général de Gaulle, surtout de la part des plus humbles. On offre ce que l’on a, et qui constitue un réel sacrifice. Un Tunisien écrit de façon extrêmement touchante après la démission du chef de l’État en 1969, pour lui dire l’admiration qu’il lui porte, et il joint à sa lettre un des « plus chers souvenirs que je détiens de vous depuis bien longtemps, j’espère qu’il vous fera plaisir » ; il s’agit d’une page très abimée d’une revue de novembre 1945 sur laquelle sont reproduites une photo de Charles de Gaulle ainsi que la couverture d’un de ses livres21. Un couple d’Italiens a dédié à Mme de Gaulle une journée de travail dans l’oliveraie familiale : « la simplicité de notre travail dans ce jour [le 11 novembre 1970] était très voisine de l’esprit des dernières volontés de Mr de Gaulle22 ».

    Un sanctuaire : la Boisserie

    18Comme à Lourdes, la vénération est souvent détournée et transformée en tourisme. Il ne s’agit pas dans ce cadre d’évoquer les pèlerinages gaulliens23, mais de mentionner l’attitude des visiteurs de la Boisserie, car la demeure du Général est perçue comme le sanctuaire par excellence. Pénétrer chez Charles de Gaulle ou entrer dans un lieu de culte provoquent des attitudes assez similaires : les touristes ou pèlerins s’apaisent, parlent moins fort lorsqu’ils empruntent le chemin qui les conduit à la maison, ils sont plus silencieux quand ils pénètrent dans les différentes pièces, davantage encore dans le salon où se trouve la table à jeu sur laquelle le Général faisait sa dernière réussite le 9 novembre 1970 quand il est mort, près du bureau, dernière pièce (et dans laquelle on n’entre pas). Certaines personnes observent le silence, cachent plus ou moins leur émotion, les plus âgés essuient quelques larmes. Ce trouble déférent se manifeste à la lecture du testament que le Général a rédigé en 1952 et qui a été scrupuleusement observé24. La simplicité des dernières volontés, comme la sobriété de sa tombe, pousse à l’admiration, et les visiteurs achètent une reproduction du texte éditée sous forme de carte postale25.

    19D’une certaine façon, la Boisserie est un reliquaire où tout est resté à sa place : les meubles, les livres, les objets divers, tels que le grand homme les a connus. Pour un moment, on est réellement chez le général et madame de Gaulle. La modestie relative de l’ameublement et de la décoration plaît, mais puisqu’il s’agit d’un sanctuaire, ce qui marque de l’homme vénéré attire l’œil. Il s’agit principalement de tous les objets qui portent une croix de Lorraine, tant l’homme du 18 Juin a de l’importance, mais aussi ce qui rappelle son attachement à la France profonde, à la province : il en va du beau coq métallique et de la plaque de la rue Princesse à Lille, où est né Charles en 1890, offerts par la municipalité, ainsi que des lampes de mineurs qui le rattachent encore au Nord en même temps qu’aux travailleurs modestes ; quelques cadeaux des chefs d’État sont là pour rappeler sa dimension exceptionnelle – mais ils relèvent davantage de la curiosité comme celle que suscite la cave à cigares, assez spectaculaire, avec des tiroirs secrets et des « havane » dont la bague est à l’effigie du Général, offerte par Fidel Castro le 22 novembre 1968 à l’occasion de l’anniversaire du président de la République.

    De la vénération à la collection

    20La religion gaullienne a des caractères plus laïques ou prosaïques26 quand il s’agit de conserver et de mettre en scène des objets gaulliens, sans leur conférer de dimension religieuse mais en en faisant davantage des objets de collection – ce qui n’exclut pas un respect très particulier. La collection des œuvres écrites du Général, dite « collection bleue », éditée chez Plon est centrale. La priorité est donnée aux Mémoires du Général, avec dédicace si possible, celle de l’auteur lui-même bien entendu, ou à partir de 1970, celle d’Yvonne de Gaulle et plus tard de son fils, l’amiral Philippe de Gaulle. Cela peut tourner au fétichisme. En effet, il arrive que des gaullolâtres se rendent à la Fondation Charles-de-Gaulle, où le président du RPF a eu son bureau, pour y acheter des livres, de de Gaulle ou sur lui, car ils doivent sortir de cette maison – ce qui est impossible, la Fondation n’étant pas autorisée à faire du commerce ; ils font donc leurs achats dans la librairie la plus proche et reviennent faire dédicacer les ouvrages par « quelqu’un » de la Fondation de Gaulle : l’esprit du grand homme retombe sur ceux qui travaillent à sa mémoire, dans les lieux devenus mythiques.

    21Ainsi, à Colombey-les-Deux-Églises, le Mémorial est ouvert en 2008 ; il s’agit d’un espace dédié à la mémoire et à l’histoire du Général ; à côté de ce musée à la fois matériel et virtuel, il y a une boutique27, assez différente de celles qui se trouvent dans le village. Outre les livres, un certain nombre de choses sont proposées au public, du crayon au porte-clefs et aux médailles. Le respect dû au Général interdit sa représentation, si ce n’est trois objets : un porte-clefs pour satisfaire une importante demande des visiteurs, un billet-souvenir de 0 € sur lequel se trouvent le Général – celui de la guerre – et en arrière-plan le Mémorial et la Croix de Lorraine, et un buste. Ce respect interdit la vente d’objets par trop utilitaires – parce que salissants ? ; on ne trouvera pas de cuillers ou d’assiettes, mais une concession est faite aux mugs qui sont de plus en plus demandés. L’édition de cartes postales suit la même règle de respect à l’égard de Charles de Gaulle. Sur tous ces supports sont représentés la Croix de Lorraine souvent réclamée par les plus âgés, le village, de rares photos du Général, des représentations de la scénographie du Mémorial, ou encore, des chronologies et l’historique de la Croix de Lorraine ainsi que des citations du grand homme ; le texte du testament, que l’on trouve ailleurs, est considéré comme déplacé dans la boutique du Mémorial et n’y est pas vendu. Certains objets symboliques du général de Gaulle ont été retenus pour illustrer le bon de commande de la boutique en ligne : le képi, le Concorde, la DS, le micro de la BBC et un pavé ; chacun est une référence claire de la carrière du grand homme : le militaire, la guerre et la résistance, le président et le modernisateur, mais aussi celui qui a subi l’incompréhension de la jeunesse, en mai 1968.

    22Il faut aller dans le village, où le nombre de boutiques s’est considérablement restreint depuis quelques années, pour trouver plus « humain », plus iconoclaste aussi, ce qui signifie généralement plus « kitch ». La principale boutique, tenue par Mme Piot, une fidèle de l’illustre habitant de Colombey-les-Deux-Églises, offre des objets plus variés ; malgré l’immense respect qu’elle lui voue, la rigueur n’est pas aussi marquée qu’au Mémorial, et la clientèle plus diverse doit être satisfaite. On trouve de tout : de la vaisselle aux bustes, en porcelaine, en bois ou en plastique, et aux « boules de neige », mais aussi de quoi satisfaire les placomusophiles, ces collectionneurs de capsules (plaques de muselet) que l’on trouve sur les bouteilles de champagne. Le président de la République n’offrait pas du champagne de l’Aube à l’Élysée, mais deux viticulteurs du département ont reçu de l’amiral Philippe de Gaulle l’autorisation de faire une étiquette et une capsule avec l’effigie du Général ; dans ce cas encore, le respect est requis : les producteurs qui n’ont pas demandé l’autorisation se font plus discrets, et mettent juste un papillon sur un coin de l’étiquette ; pourtant certains osent représenter le cercueil du chef de l’État sur l’affût de canon, comme il l’était au sortir de la Boisserie le 10 novembre 1970 : « c’est la différence entre ceux qui ont du respect et les autres », constate Mme Piot qui refuse de les vendre28. Elle-même a chez elle quelques objets, dans un coin du bureau : émaux de Longwy avec la croix ; porcelaine de Limoges bleu marine avec un filet de croix de Lorraine et de Gaulle. Les objets de la boutique sont à classer parmi les souvenirs pour les touristes ; bien que modestes ils sont parfois achetés avec le sentiment de faire un geste en direction du grand homme.

    23Dérisoires ou plus précieux, tous les objets sont révélateurs de la vénération portée au Général, car ils sont choisis avec le plus grand soin et présentés de façon très précise. « Il s’agit de respect envers le Général, mais je n’ai pas le culte de la personnalité », dit Martial Gout, le gardien des locaux de la Fondation à Paris. Ce n’est pas toujours le cas. Chacun, homme ou institution, a ses principes, sa politique pour ce qui concerne les objets se rapportant au grand homme. Les ouvrages sont exposés en bonne place, à part dans une vitrine, car ils ne peuvent être mêlés aux autres ; cette vitrine remplace, en quelque sorte, l’oratoire gaullien que d’autres construisent et elle permet d’exposer des objets rappelant le Général. Chez l’un, la vitrine expose et protège « la collection bleue », à peine masquée par trois bustes du Général, choisis avec attention car il faut que le visage soit parfaitement ressemblant « surtout en ce qui concerne le nez et les oreilles, […] à l’échelle et que les insignes de son uniforme soient les bons et surtout mis dans le bon ordre29 ». Les voitures au 1/43e doivent se rapporter à l’histoire du Général, avec fanions, feux longue-portée, immatriculation, etc. ; mais la réplique de la DS du Petit-Clamart n’a plus les traces d’impacts de balles, parce que c’est « déplacé30 ».

    24Ce désir individuel de contribuer à la mémoire gaullienne collective se manifeste aussi au Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises dont les réserves recèlent des « trésors ». Des photos, parfois des photocopies de photographies, éventuellement déjà publiées dans la presse, montrent la personne qui fait l’envoi à côté du Général lors d’un voyage officiel par exemple ; ce genre de documents n’apporte rien d’autre que le signe de la vénération que l’on porte à de Gaulle, ainsi que l’honneur d’avoir été immortalisé par l’appareil de photo à proximité du grand homme. On garde la relique, mais la nécessité de se montrer est quasiment impérieuse31.

    25Le mimétisme n’est pas absent : après la chute du Mur de Berlin dont beaucoup ont voulu récupérer un morceau, on est venu à la Boisserie ou à la Fondation Charles-de-Gaulle ramasser des cailloux ou des gravats !

    Les grands collectionneurs sont-ils hagiographes ?

    26À côté des amateurs de reliques plus ou moins sentimentales, de grands collectionneurs32 se situent dans un autre registre : la constitution de leur fonds n’obéit pas aux mêmes mobiles et il n’a pas la même valeur marchande ; pour eux, il ne s’agit pas tant d’une quête de reliques que de celle d’objets rares. Être « gaullo-collectionneur » ne relève pas du hasard, ni d’une question de marché : deux collectionneurs interrogés reconnaissent que leur démarche originelle est liée au général de Gaulle, sans être sentimentale ou partisane. L’un, Philippe Ézan, appartient à une famille bretonne résistante qui lui a fait découvrir de Gaulle ; il était numismate et c’est en cherchant des documents susceptibles d’apporter des éclaircissements sur les monnaies et les médailles de sa collection qu’il l’a étendue à la vie et l’œuvre du Général et son entourage. Le second, Lucien Jugé, a été marqué par la mort du Général et la cérémonie à Notre-Dame le 12 novembre 1970, au point de vouloir en savoir plus33.

    27Acheter ou vendre n’est pas neutre, exposer ou non sa collection ne l’est pas non plus, car le sujet exige une certaine proximité avec le général de Gaulle pour comprendre l’intérêt d’un objet, et le respect qu’il inspire oriente les achats. Il n’y a pas recherche de relique, mais plutôt d’une pièce qui explique, éclaire, en complète une autre. Au demeurant tout grand collectionneur part à la recherche de la pièce rare. Chacun des deux hommes interrogés possède la sienne : Philippe Ézan considère comme la pièce maîtresse de sa collection, le Livre d’or d’un restaurant londonien, L’Écu de France, ouvert à la fin de l’été 1940 ; les signatures sont très nombreuses jusqu’en 194534 et, ce qui compte à ses yeux, ce sont celles de de Gaulle, Churchill, Leclerc, Maurice Schumann, et de nombreux Français libres, Eisenhower et d’autres Américains et Canadiens qui l’ont signé avant le débarquement. L’histoire de l’acquisition du Livre d’or est significative du respect dû au chef de la France libre qui peut, éventuellement, avoir plus d’importance que la valeur marchande de la pièce. En effet, un ancien FFL breton lui a prêté ce Livre d’or pour une exposition en 1990 et a finalement accepté de s’en séparer et de le lui vendre sept ans plus tard, car il avait confiance dans le collectionneur. Ainsi, ce qui était une relique pour le premier propriétaire serait respecté par le second et la fidélité imposait de ne pas lâcher une pièce qui racontait, pour une part, l’histoire des FFL. L’homme du 18 Juin à qui est associé le micro – on le surnomme parfois « le général micro » – a incité Lucien Jugé à faire l’acquisition d’un micro de la BBC de ces années de guerre ; il l’a acheté lors d’une vente aux enchères difficile car ce micro était convoité par d’autres collectionneurs – mais il faut toujours une chose unique dans une collection dit-il ; il possède aussi deux morceaux du drapeau de la libération de Paris. Les lettres manuscrites, les tracts, timbres et monnaies, menus de repas de l’Élysée, affiches ou tampons constituent une bonne part des milliers de pièces de la collection de chacun dont il n’est pas question de faire ici l’inventaire. Leurs fonds sont exceptionnels, et en évoquant l’une ou l’autre pièce, les deux collectionneurs ne peuvent s’empêcher de dire : « cette pièce est exceptionnelle ! celle-ci est formidable ! » mais elles ne sont pas des objets de vénération. D’ailleurs ils n’exposent pas chez eux mais ils classent, notent, entassent, échangent à l’occasion, et guettent les ventes.

    28Surtout, leurs collections doivent servir aux autres, elles ont davantage une fonction didactique mais peuvent faire réagir les chercheurs ou possesseurs de reliques. Lucien Jugé a décidé de mettre la sienne à la disposition des écoles, et pour cela il a fondé une association35, « de Gaulle, mémoire pour l’avenir », car, dit-il, il y a beaucoup à apprendre, encore, du Général ; aussi a-t-il créé un musée dans sa commune de Scorbé-Clairvaux, dans la Vienne, tandis que Philippe Ézan fait régulièrement des prêts pour des expositions quand il n’en organise pas lui-même à Pierrelatte ou ailleurs, y compris au Mémorial de Colombey. La publicité de ces collections suscite des réactions de la part de fidèles du général de Gaulle ou de gaullolâtres qui veulent d’une façon ou d’une autre apporter leur contribution à ces trésors gaulliens, avec une petite pièce ou le récit d’un souvenir. On retrouve alors, dans une certaine mesure, les dispositions qui prévalaient chez les épistoliers de 1969 et 1970.

    De Gaulle, saint laïque ou intercesseur

    29La diversité des sources et des acteurs montre que la couleur politique, l’origine sociale ou le niveau culturel n’ont pas d’importance. Ce qui est mis en avant par les « dévots », ce sont les vertus du grand homme, vertus tellement exceptionnelles qu’elles lui donnent un pouvoir d’intercesseur, non pas entre eux-mêmes et Dieu, mais entre eux-mêmes et leurs malheurs que de Gaulle peut prendre en charge comme il l’a fait pour la France. Il ne s’agit pas à proprement parler de religion, ni de sainteté – personne ne demande sa béatification – mais de Gaulle, être d’exception, a, finalement, des pouvoirs hors du commun, thaumaturgiques : il a sauvé la France, il a sauvé les hommes de leur triste quotidien, il a partagé leurs souffrances, dans une sorte de communion. Il est reste un intercesseur entre le passé et le présent, le présent et l’avenir.

    30La vénération de de Gaulle, ses formes et les rites qui l’accompagnent – même moins vifs –, sont-ils proches de la tradition hagiographique ? Il y a bien d’une permanence des manifestations cultuelles, les similitudes ne manquent pas, tout en étant représentatives de la société des années 1960, tant les lettres, les manifestations de la vénération ou les pèlerinages à des dates symboliques de l’histoire gaullienne, en disent plus long sur les gens que sur de Gaulle, sujet de leur vénération36. À la suite de Marie-Christine Pouchelle, il est possible de noter une forme de syncrétisme dans la mesure où la religion fournit son vocabulaire et ses représentations à la vénération37. Celle-ci se manifeste par la quête et la possession de reliques, directes ou indirectes, objets ou souvenirs, reflets de la place du Général et de son importance, de sa puissance hors du commun. Celui qui est vu comme un grand homme, dont la mission exceptionnelle, au-delà de son rôle politique, est devenu très tôt, de son vivant déjà, objet de culte, et plus encore après sa mort politique, en 1969 puis sa mort physique en 1970. Plus qu’un saint il est alors vénéré comme les héros de l’Antiquité qui le furent après leur mort, et dont le culte a pris une place centrale à l’égal de celle des dieux.

    Notes de bas de page

    1« Il [de Gaulle] donne l’impression de vous écouter avec tellement d’attention et avec une intelligence si rapide, servie par une mémoire remarquable… […] C’est un homme qui appartient à une tâche. […] C’est la première fois que je vois ça. Il n’y a pas une caricature de lui, un souvenir, un objet à Croix de Lorraine – rien chez lui – personne ne pourrait deviner d’après la maison, chez qui il se trouve », Annette Pleven in Guillaume Piketty (dir.), Français en résistance. Carnets de guerre, correspondances, journaux personnels, Paris, Laffont, 2009, p. 1027.

    2Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle, vol. I, Paris, Fayard, 1997, p. 471 (15-09-1966) ; je dois à Julian Jackson ces deux informations.

    3Archives de la Fondation Charles-de-Gaulle (FCG) ; les fonds consultés concernent le courrier adressé au Général en 1969 après son départ, et les lettres de condoléances adressées à madame de Gaulle en novembre et décembre 1970. Je remercie Frédéric Fogacci, ainsi que Martial Gout de la Fondation, Céline Anché du Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises.

    4Notons que les majuscules sont de mise lorsqu’il s’agit de de Gaulle, comme dans les Écritures saintes.

    5FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, novembre 1970.

    6FCG, idem, « Sono una moglie italiana che ha l’onore di conservare, come cimeli, due autografi dell’Illustre Generale de Gaulle », 10 novembre 1970.

    7FCG, idem, 7 décembre 1970.

    8FCG, correspondance au général de Gaulle, AE3/6, lettre du 28 avril 1969.

    9FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, 11 novembre 1970.

    10Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises, Livre d’or des pèlerinages, 10 juillet 1982.

    11FCG, correspondance au général de Gaulle, AE3/6, lettre du 30 avril 1969.

    12FCG, idem, lettre d’un couple de cultivateurs au Général, 29 avril 1969.

    13FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, 11 novembre 1970. « J’ai toujours été gaulliste », ajoute-t-il.

    14FCG, idem, 22 novembre, jour de l’anniversaire de naissance du Général, celui où cette dame a demandé une messe dans sa paroisse.

    15FCG, idem, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, sans date.

    16Idem, lettre d’un professeur de l’Ohio, 13 novembre 1980.

    17Idem, 11 novembre 1970. « Sa présence toute spirituelle imprimera en nous une marque ineffaçable dans le temps, jusqu’à l’éternité, où nous espérons retrouver tous ceux qui auront servi la cause du monde, de l’homme, et de Dieu, dans cette recherche obstinée du Vrai, du Beau, et du Bien… »

    18La Haute-Marne libérée, 6 janvier 1983, cité par Sudhir Hazaaresingh, Le Mythe gaullien, Paris, Gallimard, 2010, p. 163.

    19Ibid., 4 juillet 1980.

    20Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises, livre d’or, de la part des « compagnons fidèles de la Nièvre », 13 novembre 1977.

    21Cette page d’Image du Monde reproduit la photo de la couverture de la pièce de théâtre que le jeune Charles de Gaulle avait écrite en 1906, et, en dessous, une photo du capitaine après la Première Guerre et une autre de lui en civil, en 1945. FCG, correspondance, 1969, AE3/6, sans date.

    22FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, 11 novembre 1970.

    23Éric Kocher-Marboeuf, « Une manifestation de l’attachement des Français pour leur monarque républicain : pèlerinages sur les tombes des présidents défunts de la Ve République (Colombey, Orvilliers, Jarnac) », in Luc Chantre, Paul d’Hollander et Jérôme Grévy (dir.), Politiques du pèlerinage du xviie siècle à nos jours, Rennes, PUR, 2014, p. 351.

    24La reproduction du texte est affichée dans le salon ; en outre, il y a quelques explications, discrètement présentées dans chaque pièce, à l’attention des visiteurs.

    25Cette carte postale du testament, relativement récente, est vendue à la billetterie de la Boisserie, située de l’autre côté de la rue, dans les boutiques du village mais pas au Mémorial, cf. ci-dessous.

    26Je remercie Martial Gout, de la Fondation Charles-de-Gaulle, pour ses témoignages et ses souvenirs.

    27À l’image de ce que l’on trouve dans les bibliothèques présidentielles américaines.

    28Témoignage de Mme Piot que nous remercions, 9 avril 2015.

    29Témoignage de Martial Gout, 5 mai 2015.

    30Ibid.

    31D’autres dons ont davantage d’intérêt mais ne relèvent pas de la vénération, comme les clefs des salons des trains présidentiels par exemple.

    32Je remercie Jérôme Grévy et Éric Kocher-Marboeuf de m’avoir permis d’entrer en contact avec Lucien Jugé ; Philippe Oulmont et Claude Marmot, avec Philippe Ézan.

    33Témoignages de Lucien Jugé, 7 avril 2015, et de Philippe Ézan, 13 avril 2015.

    34Le Livre d’or a quelques signatures plus tardives comme celle de Charlie Chaplin en 1955.

    35Sur le site de la commune de Scorbé-Clairvaux, il est indiqué que cette association « veillera au devoir de mémoire : de la mémoire combattante, de l’Homme du 18 Juin, du chef des Français libres, du fondateur de la Ve République. […] Elle servira la mémoire du général de Gaulle. […] Enfin, elle aspirera à comprendre et développer la philosophie de l’action gaulliste sur “une certaine idée de la France” ».

    36Jean-Claude Schmitt note que les stars « empruntent sans doute certains des traits [des saints] mais participent d’un système social, voire d’une “religion”, profondément différents », Jean-Claude Schmitt (dir.), Les Saints et les stars, Paris, Beauchesne, 1983, 302, p. 17.

    37Marie-Christine Pouchelle, « Claude François objet de dévotion populaire », ibid., p. 296.

    Auteur

    • Chantal Morelle

      Docteur en histoire, professeur en classes préparatoires aux grandes écoles. Auteur de Louis Joxe, diplomate dans l’âme, André Versaille éditeur, 2008 ; Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin à la guerre d’Algérie, André Versaille éditeur, 2012 ; De Gaulle, la passion de la France, Armand Colin, 2015.

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    1« Il [de Gaulle] donne l’impression de vous écouter avec tellement d’attention et avec une intelligence si rapide, servie par une mémoire remarquable… […] C’est un homme qui appartient à une tâche. […] C’est la première fois que je vois ça. Il n’y a pas une caricature de lui, un souvenir, un objet à Croix de Lorraine – rien chez lui – personne ne pourrait deviner d’après la maison, chez qui il se trouve », Annette Pleven in Guillaume Piketty (dir.), Français en résistance. Carnets de guerre, correspondances, journaux personnels, Paris, Laffont, 2009, p. 1027.

    2Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle, vol. I, Paris, Fayard, 1997, p. 471 (15-09-1966) ; je dois à Julian Jackson ces deux informations.

    3Archives de la Fondation Charles-de-Gaulle (FCG) ; les fonds consultés concernent le courrier adressé au Général en 1969 après son départ, et les lettres de condoléances adressées à madame de Gaulle en novembre et décembre 1970. Je remercie Frédéric Fogacci, ainsi que Martial Gout de la Fondation, Céline Anché du Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises.

    4Notons que les majuscules sont de mise lorsqu’il s’agit de de Gaulle, comme dans les Écritures saintes.

    5FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, novembre 1970.

    6FCG, idem, « Sono una moglie italiana che ha l’onore di conservare, come cimeli, due autografi dell’Illustre Generale de Gaulle », 10 novembre 1970.

    7FCG, idem, 7 décembre 1970.

    8FCG, correspondance au général de Gaulle, AE3/6, lettre du 28 avril 1969.

    9FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, 11 novembre 1970.

    10Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises, Livre d’or des pèlerinages, 10 juillet 1982.

    11FCG, correspondance au général de Gaulle, AE3/6, lettre du 30 avril 1969.

    12FCG, idem, lettre d’un couple de cultivateurs au Général, 29 avril 1969.

    13FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, 11 novembre 1970. « J’ai toujours été gaulliste », ajoute-t-il.

    14FCG, idem, 22 novembre, jour de l’anniversaire de naissance du Général, celui où cette dame a demandé une messe dans sa paroisse.

    15FCG, idem, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, sans date.

    16Idem, lettre d’un professeur de l’Ohio, 13 novembre 1980.

    17Idem, 11 novembre 1970. « Sa présence toute spirituelle imprimera en nous une marque ineffaçable dans le temps, jusqu’à l’éternité, où nous espérons retrouver tous ceux qui auront servi la cause du monde, de l’homme, et de Dieu, dans cette recherche obstinée du Vrai, du Beau, et du Bien… »

    18La Haute-Marne libérée, 6 janvier 1983, cité par Sudhir Hazaaresingh, Le Mythe gaullien, Paris, Gallimard, 2010, p. 163.

    19Ibid., 4 juillet 1980.

    20Mémorial de Colombey-les-Deux-Églises, livre d’or, de la part des « compagnons fidèles de la Nièvre », 13 novembre 1977.

    21Cette page d’Image du Monde reproduit la photo de la couverture de la pièce de théâtre que le jeune Charles de Gaulle avait écrite en 1906, et, en dessous, une photo du capitaine après la Première Guerre et une autre de lui en civil, en 1945. FCG, correspondance, 1969, AE3/6, sans date.

    22FCG, correspondance, lettre de condoléances à Mme de Gaulle, 11 novembre 1970.

    23Éric Kocher-Marboeuf, « Une manifestation de l’attachement des Français pour leur monarque républicain : pèlerinages sur les tombes des présidents défunts de la Ve République (Colombey, Orvilliers, Jarnac) », in Luc Chantre, Paul d’Hollander et Jérôme Grévy (dir.), Politiques du pèlerinage du xviie siècle à nos jours, Rennes, PUR, 2014, p. 351.

    24La reproduction du texte est affichée dans le salon ; en outre, il y a quelques explications, discrètement présentées dans chaque pièce, à l’attention des visiteurs.

    25Cette carte postale du testament, relativement récente, est vendue à la billetterie de la Boisserie, située de l’autre côté de la rue, dans les boutiques du village mais pas au Mémorial, cf. ci-dessous.

    26Je remercie Martial Gout, de la Fondation Charles-de-Gaulle, pour ses témoignages et ses souvenirs.

    27À l’image de ce que l’on trouve dans les bibliothèques présidentielles américaines.

    28Témoignage de Mme Piot que nous remercions, 9 avril 2015.

    29Témoignage de Martial Gout, 5 mai 2015.

    30Ibid.

    31D’autres dons ont davantage d’intérêt mais ne relèvent pas de la vénération, comme les clefs des salons des trains présidentiels par exemple.

    32Je remercie Jérôme Grévy et Éric Kocher-Marboeuf de m’avoir permis d’entrer en contact avec Lucien Jugé ; Philippe Oulmont et Claude Marmot, avec Philippe Ézan.

    33Témoignages de Lucien Jugé, 7 avril 2015, et de Philippe Ézan, 13 avril 2015.

    34Le Livre d’or a quelques signatures plus tardives comme celle de Charlie Chaplin en 1955.

    35Sur le site de la commune de Scorbé-Clairvaux, il est indiqué que cette association « veillera au devoir de mémoire : de la mémoire combattante, de l’Homme du 18 Juin, du chef des Français libres, du fondateur de la Ve République. […] Elle servira la mémoire du général de Gaulle. […] Enfin, elle aspirera à comprendre et développer la philosophie de l’action gaulliste sur “une certaine idée de la France” ».

    36Jean-Claude Schmitt note que les stars « empruntent sans doute certains des traits [des saints] mais participent d’un système social, voire d’une “religion”, profondément différents », Jean-Claude Schmitt (dir.), Les Saints et les stars, Paris, Beauchesne, 1983, 302, p. 17.

    37Marie-Christine Pouchelle, « Claude François objet de dévotion populaire », ibid., p. 296.

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    Morelle, C. (2020). La vénération des reliques de de Gaulle. In A. Burkardt & J. Grévy (éds.), Reliques politiques (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/13z4e
    Morelle, Chantal. « La vénération des reliques de de Gaulle ». In Reliques politiques, édité par Albrecht Burkardt et Jérôme Grévy. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2020. https://doi.org/10.4000/13z4e.
    Morelle, Chantal. « La vénération des reliques de de Gaulle ». Reliques politiques, édité par Albrecht Burkardt et Jérôme Grévy, Presses universitaires de Rennes, 2020, https://doi.org/10.4000/13z4e.

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    Burkardt, A., & Grévy, J. (éds.). (2020). Reliques politiques (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/13zc6
    Burkardt, Albrecht, et Jérôme Grévy, éd. Reliques politiques. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2020. https://doi.org/10.4000/13zc6.
    Burkardt, Albrecht, et Jérôme Grévy, éditeurs. Reliques politiques. Presses universitaires de Rennes, 2020, https://doi.org/10.4000/13zc6.
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