Une relique laïque
Le cœur de Gambetta
p. 325-335
Texte intégral
1À l’origine de cette recherche, qui s’appuie pour une part sur l’enquête que nous avons menée à propos du pèlerinage que les fidèles de Gambetta entreprenaient chaque année, de 1883 à 1940, à la maison des Jardies, à Sèvres, se trouve une surprise éprouvée il y a bien longtemps en découvrant au Panthéon l’urne contenant le cœur de Gambetta. Cette relique, précise l’inscription officielle qui figure au-dessus de l’urne, fut transférée dans le temple des grands hommes de la République, selon la volonté nationale, le 11 novembre 1920.
2Notre interrogation porte sur la présence de cette relique. Extraire le cœur d’un grand pour le donner à vénérer aux fidèles ou pour en partager la renommée avec les détenteurs des autres parties du corps du défunt est en effet une pratique héritée de l’Ancien Régime, réservée aux rois1 et aux grands2 ou encore aux saints et fut, à ce titre, unanimement blâmée par les républicains. En particulier, le culte cordicole, diffusé et encouragé par la Contre-Réforme catholique, fut l’objet de mille railleries de la part des libres-penseurs3. La vénération du Sacré-Cœur relevait d’une élucubration de mystiques exaltés et ne relevait ni d’une adhésion au message évangélique ni d’une pensée rationnelle.
3Il est donc légitime de se demander comment fut mise en place la vénération du cœur de Gambetta. Selon quel processus les amis du Tribun, puis les représentants de l’État républicain, en vinrent-ils à la décision de translation du cœur de celui qui était l’archétype du républicain anticlérical dans le Panthéon, qui se voulait le Temple de la raison triomphante ? Ce mystère soulève une foule de questions. Qui prit la décision de prélever le cœur de Gambetta ? Quand l’opération eut-elle lieu ? Eut-elle un caractère officiel ? D’autres reliques corporelles furent-elles prélevées ? Où repose le reste du corps ?
4Et surtout, comment interpréter cette présence du cœur de Gambetta au Panthéon ? La religion civile républicaine a-t-elle opéré un « transfert de sacralité », du religieux vers le politique ? Une exposition au titre évocateur – un saint pour la République – semblait tenir pour acquise cette interprétation. Pour autant, nous nous devons de vérifier si Gambetta fut l’objet d’un culte laïque, qui aurait emprunté ses rites à la religion ou aurait inventé ses propres pratiques. L’étude des reliques de Gambetta révèle qu’il s’agit d’un phénomène complexe, lié à un contexte bien particulier, qui ne peut être compris comme une étape dans un mouvement de transfert d’une religiosité catholique à une religiosité républicaine.
5Avant d’aborder cette question, il convient de rappeler pourquoi la personne de Gambetta jouissait, dans le pays, d’une renommée immense. Né à Cahors en 1835, il fit ses études de droit à Paris et contribua sous le Second Empire, à l’agitation politique qui enflammait le Quartier latin. Il fréquentait les milieux républicains alors en verve contre Badinguet et se fit remarquer par la célèbre plaidoirie qu’il prononça à l’occasion du procès intenté par l’Empire aux journaux libéraux et républicains qui avaient initié une souscription en l’honneur du député Baudin mort en décembre 1851 sur une barricade. Membre du gouvernement provisoire de la République en 1870, il fut l’animateur infatigable de la Défense nationale mais ne parvint pas à redresser la situation militaire et empêcher la victoire prussienne. Il s’employa ensuite à maintenir le régime républicain, en persuadant ses amis républicains d’abandonner la ligne radicale afin d’accéder au pouvoir par le vote et de transformer la société politique. Sa ligne politique fut critiquée par l’extrême gauche, par les bonapartiste et les monarchistes et provoqua la chute du gouvernement qu’il constitua.
6Après avoir fait l’objet d’un processus initial de désacralisation, le corps de Gambetta fut l’objet d’une vénération laïque, laquelle contribua à la fabrication de nouvelles reliques.
Corps banalisé
7Comme bon nombre de républicains de sa génération, Léon Gambetta non seulement dénonçait la place de l’Église catholique dans la société contemporaine mais en outre faisait sien le credo du rationalisme qui considérait la religion comme une survivance de la pensée archaïque et donc dépourvue de toute analyse scientifique. Lui et ses amis moquaient volontiers les croyances et les rites du catholicisme, traditions surannées destinées à soumettre les esprits faibles et dominer la société. Au cours du xixe siècle, des personnalités refusèrent des obsèques religieuses ou demandèrent que leur dépouille soit incinérée4.
8À première vue, le traitement que subit la dépouille mortelle de Gambetta dans les heures qui suivirent son décès correspond en tout point à cette attitude critique à l’égard de la religion.
9Dans les derniers instants du 31 décembre 1882 mourut Léon Gambetta, qui souffrait depuis plusieurs jours de douleurs abdominales. L’émotion fut grande dans toute la France, ce qui est le signe non seulement d’une personnalité hors du commun mais également de l’influence croissante de la presse. Amis ou ennemis, Gambetta ne laissait personne indifférent et sa mort subite à 44 ans surprit. Déjà en novembre un bulletin officiel avait appris que Gambetta s’était blessé à la main, sans gravité, « en manipulant un revolver ». Depuis son duel avec Fourtou, il avait en effet pris l’habitude de manier son arme. Des bruits invoquèrent une dispute avec sa maîtresse. Toutes sortes de rumeurs circulèrent. Ne s’était-il pas plutôt agi d’un attentat à main armée déguisé en accident ? Ces douleurs abdominales n’étaient-elles pas dues à un empoisonnement ?
10Pour couper court à ces supputations, le gouvernement décida de faire pratiquer l’autopsie du corps de Gambetta. Le 2 janvier au matin pas moins de 10 médecins et chirurgiens, dont des sommités comme Charcot, Cornil, Lannelongue, débarquèrent en gare de Ville-d’Avray et se rendirent, suivis d’assistants portant des boîtes noires, à la villa « Les Jardies » de Gambetta où veillaient sur lui ses amis proches et sa domesticité. Il était célibataire et sa maîtresse, Léonie Léon, avait quitté les lieux dès le lendemain de sa mort.
11La presse populaire fit le récit des opérations : « À l’aide d’une scie à chantrelles, il a scié les côtes sur la partie gauche du tronc. MM. Brouardel et Cornil ont alors extrait les viscères de la cage thoracique. […] Puis, enfonçant dans l’os frontal le crochet terminant le manche du marteau, il a détaché la calotte crânienne […]. Le cerveau a été confié à M. Mathias Duval, le savant professeur de la Faculté de Paris. Nous croyons savoir que le poids du cerveau de M. Gambetta est supérieur au poids moyen5. »
12Dans l’intention de faire taire les rumeurs de la mort provoquée, le compte rendu scientifique fut publié par Lannelongue, qui avait assuré le suivi médical de Gambetta du 24 novembre au 31 décembre. Il parut d’abord sous forme d’articles dans la presse médicale6 puis de brochure7. Le compte rendu donnait des descriptions précises et plus ou moins compréhensibles par le lecteur non spécialiste, mêlant termes techniques et vocabulaire familier8. Lannelongue s’attardait sur l’« empâtement intestinal », les gaz et « éructations fréquentes », les urines « très épaisses », « de couleur betterave et jumenteuses », les « garde-robe abondantes », la « langue saburrable », les « efforts de vomissements », « 16 décembre : pendant le pansement, M. Gambetta est tourmenté par d’assez violentes coliques, il a des renvois incessants ; sa figure est rouge, son ventre un peu tendu ». Sans dramatiser, se voulant le plus précis possible, le récit de l’agonie ne cacha pas non plus les hésitations et l’impuissance des médecins devant l’évolution de la pathologie qui affectait Gambetta. Sans chercher à apitoyer, le rapport Lannelongue révélait au public la souffrance de l’homme, sa fatigue, ses malaises. Le langage médical objectivait le corps du mort, le considérait comme un ensemble d’organes d’une personne à jamais disparue. Autant que médicale, l’intention de Lannelongue était politique : il s’agissait à la fois de disculper les médecins et de répondre à l’exigence de transparence que réclamait le public qui désirait savoir, de la plume d’un scientifique dont l’objectivité était incontestée, les causes véritables de la mort. Gambetta avait su utiliser la force des journaux, les gambettistes devaient désormais se soumettre à l’exigence d’information qui s’affirmait en ces jours de deuil public.
13Quelques années plus tard, le savant Mathias Duval adopta la même attitude en publiant le rapport de l’analyse qui avait été faite de l’encéphale de Gambetta9. Lors de l’autopsie, en effet, il avait été constaté que ledit encéphale était moins lourd que la moyenne. Il précisa sa morphologie, les formes des circonvolutions, donna les équations qui avaient permis de reconstituer le poids initial. Il démontra que le mystère du poids peu important du cerveau était dû en partie aux conditions dans lesquelles l’extraction puis le transport avaient été pratiqués.
14Ce qui se passa clandestinement après l’autopsie ne laisse pas d’étonner10. En effet, les amis libres-penseurs de Gambetta se partagèrent une partie de ses restes corporels. Lannelongue emporta le bras. Il fut confié au musée ouvert par lui à Castera-Verduzan, son village natal11. Le cœur fut emporté par Paul Bert. Le cerveau fut pesé, enveloppé dans un linge, placé dans une terrine, laquelle fut empaquetée dans une serviette. Le tout fut emporté par le train à Paris, où il fut étudié avec attention par les chercheurs puis déposé dans un bocal à la section d’anthropologie du musée de l’Homme12. Il se trouve actuellement au musée universitaire d’anatomie Orfila13, parmi une collection de crânes et de cerveaux d’aliénés et de guillotinés, à côté de celui de Fieschi. Nous savons par P. -B. Gheusi, petit-cousin de Gambetta, qui l’a constaté à l’exhumation de 1909, que ce qui restait de la tête n’avait pas été placé dans le cercueil. Qu’en a fait celui qui l’avait emportée ? On ne le sait. Il reste tout de même l’œil de Gambetta. En 1867, on avait dû remplacer par un œil de verre l’œil droit de Gambetta, blessé par un éclat d’acier dans une visite de coutellerie quand il avait 11 ans. Le médecin, assistant de l’ophtalmologue qui avait pratiqué l’énucléation, avait pris sur lui de conserver cet œil dans un bocal. En 1922, il remit ce bocal au petit-cousin de Gambetta, Gheusi, qui était directeur de l’Opéra-Comique. Ce dernier plaça le bocal sur une étagère dans son bureau. Actuellement, il est conservé dans les réserves du musée Henri-Martin de Cahors.
15Ce dépeçage ne fit pas de ces restes des reliques au sens religieux du terme. Il ne s’apparentait pas à une cérémonie sacrée. Il s’agissait d’une opération qui se voulait exclusivement scientifique. Lannelongue voulait sans doute analyser plus en détail le bras. D’autres voulaient étudier le cerveau de cet homme qu’ils estimaient hors du commun. Dans un ouvrage profondément admiratif, V. Laborde essaie d’expliquer l’exceptionnalité de Gambetta par l’étude de son cerveau. S’il reconnaît que son poids était inférieur à la moyenne, il n’en souligne pas moins que le cerveau de Gambetta avait « des circonvolutions dont la forme présentait un caractère de beauté et que la troisième frontale gauche (siège de la fonction du langage parlé) était beaucoup plus développée que la moyenne14 ». Dans le même temps, il s’agissait de garder un souvenir d’un être cher. Ces restes étaient considérés comme précieux, mais ils étaient placés sur des étagères, comme n’importe quel objet de collection15.
16Le refus de sacraliser Gambetta se perçoit également dans certains textes publiés à l’occasion de sa mort ou bien par la suite. Au long du mois de décembre, L’Intransigeant de Rochefort n’avait pas ménagé Gambetta, usant de termes virulents, mettant en œuvre les procédés les plus classiques de la diffamation. La rumeur de la dispute avec sa maîtresse avait été habilement distillée et exploitée. Au lendemain du décès, les mots ne manquèrent pas dans la presse pour commenter la vie, l’action et la mort de Gambetta. Si certains firent preuve de réserve, ne voulant pas poursuivre contre un mort le combat qu’ils avaient livré à un vivant, d’autres ne se privèrent pas de dire clairement leur désaccord devant l’adulation qui avait entouré le Tribun. Le Petit Parisien dénonça la théorie des « hommes providentiels et des sauveurs » et invitait à distinguer deux Gambetta, celui qui avait « vaillamment servi la République » et celui qui l’avait « compromise16 ».
17La version officielle de la mort de Gambetta fut difficilement admise par les conservateurs. Si les députés et sénateurs gardaient un silence respectueux à ce sujet, des moqueries populaires se déchaînaient. À Quimper, un compositeur populaire Mikeal Queinec s’en inspira17. Le texte en fut conservé sur une feuille volante. Après avoir attribué le coup de feu à la main d’une « putain », Queinec racontait l’autopsie et l’embaumement en insistant sur l’odeur de putréfaction dégagée, à l’image sans aucun doute de ce que pensait l’auteur du régime républicain. L’activité politique du défunt était ensuite passée au crible par de supposés spectateurs des funérailles nationales. Certains membres du cortège, fumant cigare et portant chapeau, rappelaient la participation de Gambetta à la fondation de la Troisième République, sa volonté de poursuivre la guerre de 1870, ainsi que diverses autres affaires. La laïcisation de l’enseignement était bien évidemment au centre du débat politique et Queinec ne se privait pas, par personne interposée, de mettre en avant l’anticléricalisme et la qualité de franc-maçon de Gambetta. Le décès était présenté comme une juste punition céleste et la dépense qu’il occasionnait était estimée trop élevée pour un homme qui avait « coûté si cher à engraisser ». La dernière partie de la chanson mettait en scène les acteurs généralement peu remarqués que sont les vers occupés à dévorer le cadavre. Ces derniers, âmes simples et cléricales, louaient leur Créateur de leur offrir un repas aussi succulent18.
18À première vue donc, comme en témoigne le dépeçage dont elle fut l’objet et la dispersion de certains organes, la dépouille mortelle de Gambetta ne constitua pas une relique au sens religieux du terme. Ce n’étaient que de simples objets destinés à réactiver la mémoire de l’ami républicain, ou la contre-mémoire du politicien détesté. Pour les cléricaux, les évoquer comme une pourriture en décomposition constituait une expression métaphorique du refus de la République.
Vénération
19Les analyses scientifiques réalisées sur les organes du corps de Gambetta ne doivent pas nous faire négliger la vénération dont la dépouille mortelle fit immédiatement l’objet. Notons tout d’abord que, avant même l’autopsie et le dépeçage, le corps de Gambetta avait été embaumé, c’est-à-dire injecté au chlorure de sodium19. Les témoignages ne précisent pas l’intention qui avait prévalu à cette décision, mais il est incontestable que l’opération était destinée à conserver la dépouille, selon une pratique qui se diffusa au xixe siècle20. Était-ce en vue d’une hypothétique autopsie ? Ou bien de la préparation des funérailles que l’on voulait nationales ? Nous ne saurions le dire mais la volonté était patente de traiter ce corps avec déférence, de le préserver et le vénérer.
20Si les restes corporels de Léon Gambetta furent finalement malmenés, pas moins de trois monuments furent destinés à constituer un mausolée en honneur du personnage, qui constituèrent autant de reliquaires. Le cénotaphe se substituait à la relique absente.
21Léon Gambetta fut inhumé à Nice, selon la volonté de sa famille. Pour Gheusi en effet, il s’agissait de réparer la « profanation sacrilège » dont son corps avait été l’objet. Le 6 janvier 1883, après la cérémonie des funérailles nationales à Paris, le corps mutilé fut transféré à Nice où il fut enterré au cimetière du Château. En 1909 la ville y fit élever en son honneur un monument funéraire dans lequel furent transférés le tronc éviscéré, sans bras ni tête. Chaque année, à la date anniversaire de sa mort, des amis ou des délégués d’associations républicaines accompagnaient la famille pour rendre un hommage à la mémoire de Gambetta.
22Assez paradoxalement cependant, ce ne fut pas la tombe de Gambetta qui, en raison de la vénération dont elle était l’objet, devint un lieu emblématique du souvenir, mais la maison que celui-ci avait achetée dans la banlieue parisienne. Gambetta avait pourtant peu vécu dans cette maison, qu’il avait achetée en 1878 pour se retirer de temps à autre loin de l’agitation parisienne, en compagnie de sa maîtresse Léonie Léon21. Cette maison/cénotaphe devint un lieu de pèlerinage régulièrement fréquenté par les amis et admirateurs de Gambetta, les militants républicains et les ministres des gouvernements nouvellement constitués, depuis les deux dernières décennies du xixe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les objets que déposait un public de plus en plus nombreux s’accumulèrent, au point d’en faire une sorte de gigantesque musée/reliquaire.
23Interrogeons-nous sur le succès de ce reliquaire. Pourquoi cette maison, que très peu connaissaient du vivant de Gambetta, acquit-elle une renommée immense ? Pour répondre à cette question, il y a lieu de se reporter aux commentaires qu’en firent les « gardiens de la mémoire », les amis proches de Gambetta, lesquels commentaires furent repris par la presse, transmis pieusement pendant des décennies comme un héritage politique.
24Plus qu’un lieu, c’était un moment que les amis de Gambetta se rappelaient lorsqu’ils venaient aux Jardies : les semaines et les jours de sa maladie, les dernières heures de son agonie. La maison était associée au souvenir des derniers instants de Gambetta et à l’émotion que ses amis proches avaient ressentie en ces instants tragiques. C’est pourquoi ils prirent soin de reconstituer la chambre mortuaire en installant de nouveau le lit et les meubles. Ce décor leur rappelait le 31 décembre 1882. Lors des commémorations de la mort de Gambetta, les visiteurs montaient les uns après les autres à l’étage, pénétraient dans la chambre à coucher, déposaient sur le lit leurs couronnes de fleurs. Celles qui étaient conservées devenaient autant de reliques que les visiteurs considéraient comme la preuve de la vénération que suscitait Gambetta et donc de son exceptionnalité.
25Si la maison acquit une dimension reliquaire symbolique, c’est qu’elle constituait elle-même un discours sur la République. Toutes les descriptions insistaient sur la modestie du lieu, qui était mise en rapport avec la grandeur proclamée du Tribun. Elle devenait ainsi un emblème adressé au pays tout entier. L’écart entre la République et la Monarchie ou l’Empire se lisait dans la pierre : aux palais dorés, aux fastes et à la corruption avaient succédé la simplicité d’une humble demeure et l’honnêteté de Gambetta. La maison des Jardies était l’exact opposé de Versailles ou des Tuileries. Plus précisément, ce discours s’adressait aux adversaires politiques de Gambetta, en particulier ses anciens amis de l’extrême gauche qui l’avaient accusé d’avoir trahi ses idéaux et, par opportunisme, de s’être laissé éblouir par les ors de la République lorsque, devenu président de la Chambre des députés, il résidait à l’Hôtel de Lassay. La bâtisse apportait un démenti post-mortem à cette injuste accusation. Elle rétablissait la vérité, réhabilitait le vrai républicain qu’avait été Gambetta.
26Il s’agissait cependant de la maison d’un mort, devenue cénotaphe. Des objets, véritables ex-voto laïques destinés à authentifier le lieu, furent déposés par les visiteurs et dévots de Gambetta : le moulage du visage et de la main du défunt, un tableau représentant les derniers instants de Gambetta22, une couronne de fleurs en perle, une gravure représentant Gambetta23. Le comité électoral du 20e arrondissement apposa une première plaque commémorative à la veille du 14 juillet 188424. D’autres suivirent. Les lycéens et professeurs de Cahors firent faire, pour la chambre mortuaire, une couronne en bois sculpté encadrant le buste de Gambetta, le tout étant agrémenté de vues des coins pittoresques du lycée25. Antonin Proust donna deux œuvres d’art, destinées à embellir la chambre mortuaire26.
27La maison devint davantage encore reliquaire lorsque, le 6 novembre 1891, Mme Paul Bert remit à Scheurer-Kestner, président du comité, l’urne dans laquelle son mari avait recueilli le cœur de Gambetta27. L’urne funéraire fut déposée sur un meuble, puis dans le monument commémoratif.
28La sacralité du lieu fut étendue au jardin, dans lequel fut érigé un monument, à l’initiative des associations d’Alsaciens et Lorrains. Bartholdi fut chargé du projet. L’inauguration eut lieu en 1894. Le monument, dans lequel fut déposé le cœur de Gambetta, représentait le tribun avec à ses pieds les allégories des deux provinces.
29Le lieu fut investi d’une charge sacrale. Gambetta y était honoré comme un « saint laïque ». La maison était devenue le « temple de la religion de la patrie28 ». Le souvenir du décès, la restitution de l’état originel, la présence de l’urne funéraire firent du rassemblement un moment de forte émotion. La religiosité qui imprégnait la démarche des pèlerins déplut probablement à certains républicains rationalistes. Il n’est pas anodin de constater que, hormis lors des obsèques nationales, Jules Ferry s’abstint de venir aux Jardies ; ce fut à Cahors, lors de l’inauguration de sa statue, qu’il choisit de rendre hommage à Gambetta29.
Fig. 1. – Le pèlerinage au monument des Jardies.

30Il s’agissait d’une sacralité sans Église, fondée sur le souvenir des amis et la dévotion des militants républicains. Gambetta avait été le héraut de l’anticléricalisme des années 1870 et ses amis étaient fidèles à ce principe. Ils se réunissaient pour faire mémoire ensemble de leur ami et raviver son esprit. L’invoquer permettait en quelque sorte de le rendre présent. Les paroles de Paul Bert sont, à ce sujet, fort éloquentes :
« En vérité, deux années se sont écoulées, et je ne puis croire que la mort absurde ait eu si facilement raison de cette nature exubérante de vie ; cependant ces témoins matériels du drame dont j’ai vu le fatal dénouement me rappellent à la réalité. Mais citoyens, Gambetta ne peut être de ces morts dont Luther disait : “Heureux les morts, parce qu’ils reposent !” Ce repos qu’il n’a pas connu pendant sa vie, la tombe silencieuse ne l’y a pas condamné. Il agit encore, sinon par la parole, du moins par le conseil et l’exemple. Son souvenir engendre l’énergie et l’activité. Il semble qu’en son tombeau une flamme soit cachée. Regardez autour de vous ; c’est ainsi que la nature domptée par l’hiver apparaît engourdie et comme morte. Mais vous savez bien que dans ces branches dénudées, que sous ces écorces rigides, une sève latente est prête à circuler, et qu’au premier rayon la vie va renaître et splendide et féconde, avec son cortège de fleurs et de fruits.
Que notre pieuse amitié soit ce premier rayon, et de la tombe de Gambetta surgiront, non certes les qualités personnelles qui y sont à jamais enfouies, et le génie créateur, et l’incomparable éloquence, mais l’enseignement des vertus imitables et accessibles : la ténacité indomptable, la joyeuse humeur dans les revers, la modération dans les succès, la grandeur d’âme, l’amour absolu et sans rival de la Patrie, si bien que le mot de la divine Lorraine lui pouvait être appliqué, et qu’il avait pour premier soin la “grande pitié du pays de France”, et par-dessus tout peut-être l’indulgence sans mesure et cette bonté douce et virile qui nous charmait tous et à qui il a tant dû30 ! »
31Cette invocation de l’esprit du défunt devint l’un des lieux communs des discours aux Jardies. Dans une démarche de religiosité intemporelle, inspirée de la religion positiviste, les vivants rassemblés tentaient, par leur invocation, de convoquer l’esprit du défunt et de capter son énergie. En 1920, Deschanel ayant décidé de célébrer Gambetta en mars, l’atmosphère printanière inspira au journaliste du Petit Parisien une chronique aux accents romantiques :
« Une âme sort de cette belle maison, du sol, des arbres, de cette foule de fidèles et d’amis, de l’air que nous respirons, des mille choses qui nous entourent, l’âme de Gambetta, elle s’éveille pour nous et vit aujourd’hui avec nous31. »
32Bien vite cependant, les reliques de Gambetta attirèrent les convoitises. Ses amis souhaitaient conserver le souvenir et les restes en cette humble demeure tandis que les pouvoirs publics auraient souhaité lui rendre un hommage plus éclatant en le transférant au Panthéon, qui redevint le temple des grands hommes de la nation en 1885. Dès le lendemain du vote de la loi qui fit du Panthéon le temple des grands hommes de la République, le député des Basses-Alpes, Alfred Picard, déposa un projet de loi en ce sens et demanda l’urgence. La presse républicaine approuva cette demande concernant le transfert des restes de Gambetta : « il serait naturel qu’on le rappelât enfin de cet exil trop lointain32 ». Le projet fut cependant ajourné33. Les amis de Gambetta l’emportèrent indirectement quelques années plus tard : le 14 juillet 1889, lors de la célébration du centenaire de la République, furent panthéonisés les généraux Lazare Carnot, Marceau, et La Tour d’Auvergne ainsi que le député Baudin, mort sur une barricade le 2 décembre 1851. Remarquons en effet que le souvenir de Baudin n’était pas sans lien avec Gambetta, car celui-ci était entré avec éclat sur la scène politique lors du fameux procès intenté par l’Empire aux journaux républicains qui avaient lancé la souscription pour élever une statue à sa mémoire. Le souvenir de Gambetta reprit une certaine vigueur à partir de 1900 ; les gouvernements successifs l’invoquaient régulièrement pour son anticléricalisme et pour son patriotisme. Poincaré lui rendit hommage lors de son passage le 13 septembre 1913 à Cahors. En 1920, le cœur de Gambetta fut solennellement transféré au Panthéon, tandis que la dépouille du soldat inconnu était inhumée sous l’Arc de triomphe.
Fig. 2. – L’urne contenant le cœur de Gambetta.

Fabrication de reliques
33D’autres reliques eurent la même fonction de conserver la mémoire de Gambetta et d’actualiser sa pensée. La famille et les amis conservèrent des objets ayant appartenu à Gambetta. Son cousin Gheusi fait plusieurs fois allusion aux objets conservés par la famille (arme avec laquelle il s’est blessé, bottes, lettres, etc.). Il les qualifie du titre de « reliques34 ». Une partie de ces objets ont été déposés à la maison des Jardies et une autre au musée Gambetta de Cahors.
34Anatole de Monzie, député radical de la IIIe République, qui fut dix-huit fois ministre, ministre de l’Éducation nationale en 1932, maire de Cahors ville natale du Tribun, constitua un musée Gambetta dans sa ville à l’occasion du cinquantenaire de sa mort. Nous avons retrouvé dans les archives du musée Henri-Martin, qui possède aujourd’hui un fonds Gambetta, un inventaire des objets qu’il avait recueillis, dont une partie venait sans doute de la famille (une partie des documents provenait en réalité du général Jouinot Gambetta) :
- des bustes et des médailles commémoratives ;
- des tableaux (Gambetta en pied, les funérailles de Gambetta) ;
- la correspondance échangée avec le général de Gallifet ;
- des caricatures ;
- des objets usuels :
- une chaîne de montre ;
- le sceau de Gambetta ;
- un coupe papier ;
- des objets source d’émotion :
- le drapeau ayant enveloppé Gambetta lors de sa mise en bière ainsi que les poignées de son cercueil ;
- les pistolets de Gambetta ;
- des couronnes mortuaires ;
- le masque mortuaire de Gambetta ;
35Sont conservés dans les réserves :
- des pantoufles ;
- des bretelles ;
- l’œil de verre de Gambetta.
36On retrouve parfois d’autres objets : un rapport de la Cour des comptes de 2011, qui dénonce l’absence de cohérence de la collection du musée national du sport, signale que cette collection détient entre autres objets « l’armoire de Gambetta dotée d’installations gymniques35 ».
37Les paroles du Tribun peuvent être considérées comme des reliques immatérielles. Elles furent recueillies par ses proches et ses collaborateurs de son journal La République française, parmi lesquels Joseph Reinach semble avoir été particulièrement actif. Lui qui avait été son jeune directeur de cabinet plaça toute sa carrière politique sous l’égide de son ami Gambetta.
38Les discours de Gambetta étaient publiés dès le lendemain dans ses deux journaux, La République française et La Petite République française. Les discours les plus marquants furent tirés à part et diffusées sous la forme de petites brochures bon marché. Enfin, l’ensemble fut rassemblé après sa mort dans une édition luxueuse, que Joseph Reinach agrémenta de notices contextualisant chacun de ces événements oratoires. De plusieurs de ces discours furent détachées des formules marquantes, qui constituèrent un répertoire dans lequel les républicains puisèrent abondamment pendant plusieurs décennies dans les discours officiels. Elles furent popularisées, inscrites dans les manuels et enseignées aux élèves. Voici les plus connues.
« Ne parlons jamais de l’étranger, mais que l’on comprenne que nous y pensons toujours. » |
Discours de Saint-Quentin, 16 novembre 1871 |
« Les couches nouvelles. » |
Discours de Grenoble, 26 septembre 1872 |
« la forme emporte le fond. » |
La Ferté sous Jouarre, 14 juillet 1872 |
« Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre ! » |
Discours de Lille, 15 août 1877 |
« Le cléricalisme ! Voilà l’ennemi ! » |
Discours à la Chambre des députés, 15 mai 1877 |

39Il s’agit bien d’un choix, effectué pour les besoins d’un moment et pour la postérité. En témoignent les oublis, comme le discours par lequel Gambetta définit et assuma le terme « opportunisme » et auquel il ne parvint cependant pas à donner une acception positive : « Vous allez peut-être m’accuser d’opportunisme ! Je sais que le mot est odieux, pourtant ce barbarisme cache une vraie politique36. »
40Ce parcours au milieu des reliques de Gambetta est le signe éclatant de l’aura qui entoura celui-ci et qui conduisit ses amis et ses proches à conserver des restes corporels, des objets usuels, des paroles fameuses. Il témoigne également d’une religiosité civique et positiviste que les républicains anticléricaux mirent en place pour concurrencer les fastes de l’Église romaine qu’ils avaient maintes fois dénoncés comme des vestiges d’une superstition d’un autre âge. En effet, l’État républicain prit une part active dans cette démarche de vénération.
41La politisation républicaine de la relique garibaldienne ne constitua pas une simple laïcisation d’anciennes pratiques chrétiennes. Elle relève à la fois de la captation par les pouvoirs publics de la vénération de la foule, suscitée et entretenue par la presse, pour un homme hors du commun et de la démarche consciente d’adeptes du positivisme religieux qui considérait que la vie continuait après la mort, pourvu que les vivants entretiennent le souvenir des grands hommes ayant rendu des services exemplaires.
Notes de bas de page
1Ernst H. Kantorowicz, Les Deux Corps du roi, Paris, Gallimard, 1989 ; Ralph E. Giesey, Le roi ne meurt jamais, Paris, Flammarion, 1987 ; Michel Vovelle, Mourir autrefois, Paris, Gallimard, 1974.
2Par exemple Pie VI dont le cœur est conservé dans la cathédrale de Valence.
3Gustave Téry, Les cordicoles, Paris, éd. Édouard Cornely, 1902.
4Citons les exemples de Lord Byron ou de Garibaldi.
5Le Petit Parisien, 5 janvier 1883.
6« Blessure et maladie de M. Gambetta », Le Concours médical, no 4, 19 janvier 1883.
7Blessure et maladie de M. Gambetta : Relation de l’autopsie : l’observation clinique a été rédigée par M. Lannelongue, l’autopsie par M. le professeur Cornil : avec 3 planches lithographies, Paris, G. Masson éditeur, Libraire de l’Académie de médecine, 1883, 98 p. Repris dans J. Reinach (dir.), Discours et plaidoyers politiques de M. Gambetta, 11 vol., 1881-1885, vol. 9.
8Dominique Damamme, « Corps de la république. Blessure et maladie de M. Gambetta », Genèses, 5, 1991, p. 160-171.
9Duval Mathias, « Le poids de l’encéphale de Gambetta », Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, IIIe série, t. 9, 1886, p. 399-416.
10Sur le dépeçage dont fut l’objet la dépouille de Gambetta, voir Pierre-Barthelemy Gheusi, La vie et la mort singulières de Gambetta, Paris, Albin Michel, 1932, p. 301-305.
11Ce musée a fermé en 1952, les collections ont été dispersées et le bras a disparu.
12D. Mathias, art. cité.
13Musée créé en 1847 par le Dr Mathieu Orfila (1787-1853) doyen de la faculté de médecine ; riche en pièces anatomiques et classé à l’inventaire du Patrimoine national.
14Jean-Vincent Laborde, Léon Gambetta, bibliographie psychologique. Le cerveau, la parole, la fonction et l’organe, histoire authentique de la maladie et de la mort, in-8o, 162 p., 10 gravures, Paris, Schleicher, 1898 et compte rendu Moulry-Vold J. I. « V. Laborde. Léon Gambetta », L’année psychologique, 1898, vol. 5, p. 743-748.
15Anne Rasmussen, « Science et croyance, Les récits de la mort de Gambetta », in Jacques Julliard (dir.), La Mort du roi. Essai d’ethnographie politique comparée, Paris, Gallimard, 1999.
16Le Petit Parisien, 3 janvier 1883.
17Mikeal Queinec (1849-1909), né à Pluguffan, fut employé comme concierge au grand séminaire de Quimper avant de s’établir comme chapelier rue Kéreon en 1898. Joseph Ollivier lui attribue une trentaine de chansons composées en majorité entre 1880 et 1893 et imprimées le plus souvent chez l’imprimeur De Kerangal. Si l’énoncé des titres : crimes, guerres et naufrages ne le distingue pas de nombreux autres compositeurs de chansons sur feuilles volantes, son engagement politique apparaît clairement dans la manière dont il traite et commente les événements. Ses intentions polémiques le poussent souvent à ajouter des textes en prose en dehors de la chanson afin de moduler ou de renforcer ses attaques.
18Thierry Rouaud, « Gambetta, e varo, un éloge funèbre très particulier… », in Musique bretonne, no 117 (avril-mai 1992) [http://follenn.chez.com/gambetta.html#ancre318865], consulté le 7 juin 2015. Site consacré aux « chansons en breton sur feuilles volantes ». Ces chansons en breton, vendues dans les foires et les pardons, ont servi de journaux à des générations de bretons. Les informant sur les guerres, les crimes, les catastrophes, les nouvelles modes ou la politique. Ce site propose de découvrir cette littérature populaire bretonne au travers d’exemples historiques, de biographies, d’analyses et d’extraits de la littérature. Cf. Thierry Rouaud, « “Gambetta, e varo”, un éloge funèbre très particulier… », Musique bretonne, no 117 (avril-mai 1992).
19Mathias Duval, art. cité.
20Anne Carol, L’embaumement, une passion romantique. France xixe siècle, Champ Vallon, 2015.
21« Le pèlerinage républicain à la mémoire de Gambetta », in Jérôme Grevy, Paul d’Hollander et Luc Chantre (dir.), Politiques du pèlerinage, Rennes, PUR, 2014.
22Plusieurs dessins, dont un de Jules Bastien-Lepage, représentent Gambetta sur son lit de mort.
23Des artistes qui éprouvaient des sympathies pour les idées républicaines et la personne de Gambetta contribuèrent à la construction de son mythe en représentant le défunt : photographies de Marres et Carjat, esquisses de Jules Bastien-Lepage. Le Petit Parisien, 1er janvier 1893, p. 3, col. 4.
24Journal des débats politiques et littéraires, 13 juillet 1883, p. 3, col. 4.
25Le Temps, 20 janvier 1893, p. 3, col. 2.
26Le Petit Parisien, 1er janvier 1906, p. 1, col. 4.
27Cf. le discours de Ranc prononcé lors des obsèques de Scheurer-Kestner et publié dans la brochure destinée à garder la mémoire de cette cérémonie. Scheurer-Kestner, Paris, P.-V. Stock, 1900, p. 16-17.
28Le Temps, 9 janvier 1899, p. 1, col. 3 et 4.
29Paul Robiquet (dir.), Discours et opinions de Jules Ferry, t. 6, Paris, A. Colin, 1897, p. 267 sq. Le légendaire républicain officiel taisait le différend qui avait séparé les deux hommes.
30Discours de Paul Bert lors de la cérémonie du 4 janvier 1884, édité par l’auteur dans Paul Bert, À l’ordre du jour, Paris, P. Ollendorff, 2e édition, 1885, p. 20-21.
31Le Petit Parisien, 29 mars 1929, p. 1, col. 3.
32Le xixe siècle, 29 mai 1885, p. 1, col. 1.
33Le 28 mai 1885, Alfred Picard déposa un projet de loi tendant à la nomination d’une commission chargée de décider quels hommes recevraient rétrospectivement l’hommage de la panthéonisation. Il citait au premier rang Gambetta et Thiers, pour lesquels un simple décret devait suffire, puisque leurs obsèques avaient été nationales. Il suggérait également Lamartine et Jules Favre. Journal officiel de la République, Débats parlementaires, Chambre des députés, 28 mai 1885, p. 223 et 29 mai 1885, p. 936.
34P. B. Gheusi, Gambetta, par Gambetta, lettres intimes et souvenirs de famille publiés par P.-B. Gheusi, Paris, Ollendorff, 1909.
35« Le musée national du sport : un projet mal suivi », Cour des comptes Rapport public annuel 2011, février 2011. La collection comprend les gants de boxe de Marcel Cerdan, une torche des JO de 1936, le piano de Pierre de Coubertin, etc. Toutefois, le portail du musée niçois ne signale pas cet objet.
36« Discours sur l’amnistie », Chambre des députés, 21 juin 1880, dans J. Reinach, op. cit.
Auteur
-
Jérôme Grévy
Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Poitiers. Il assure également des enseignements à Sciences Po. Ses travaux actuels portent sur les mystiques politiques, de la fin du xviiie siècle à nos jours.

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