Corps saints et dépouilles royales
Le rôle des reliques dans la redéfinition du sanctuaire de Saint-Denis au xixe siècle
p. 253-264
Texte intégral
1La basilique de Saint-Denis1 entre dans le xixe siècle avec le Génie du christianisme : la méditation sur l’antique nécropole royale demeure sans doute l’un des passages les plus emblématiques de la poétique des ruines promue par l’ouvrage2. Ce que chante Chateaubriand, en effet, c’est avant tout un grand vaisseau vide, au sens propre – l’ancienne abbatiale est réduite à ses murs – comme au sens figuré : avec la Révolution et la profanation de ses sépultures3, puis le pillage de son trésor, Saint-Denis a perdu sa fonction de reliquaire aussi bien que de dernière demeure des rois. Dans cette perspective, l’édifice lui-même devient une relique : un vestige de l’antiquité du christianisme sur la terre de France, l’expression de sa grandeur et le témoignage accusateur de la violence de la persécution subie4.
2L’objet de ces lignes est de retracer comment, en parallèle d’une entreprise de restauration désormais bien connue5, Saint-Denis a recouvré, au xixe siècle, les restes qu’il était censé conserver, en centrant le propos sur les reliques des saints, conformément à la vocation originaire du site – les corps royaux ne seront évoqués qu’à titre de comparaison. On voudrait notamment montrer comment le culte de ces reliques participe, au même titre que les réalisations des architectes, à une redéfinition de ce sanctuaire, dans laquelle s’affrontent diverses lectures politico-religieuses de l’histoire de la France.
Saint-Denis au sortir de la Révolution
3L’acte fondateur de la renaissance de Saint-Denis au xixe siècle est le décret du 20 février 1806, par lequel Napoléon opte pour la sauvegarde du monument en lui donnant pour destination la « sépulture des empereurs ». Il institue, à cet effet, un chapitre de 10 chanoines-évêques, formé de vétérans de l’épiscopat6. Les travaux de restauration commencent immédiatement, sous la direction des architectes Legrand puis Cellerier. Il s’en faut de beaucoup, toutefois, que la basilique renoue dès cette époque avec sa fonction cultuelle. À la chute de l’Empire, nul ecclésiastique ne dessert l’ancienne abbatiale, dont le chapitre n’a toujours pas été institué canoniquement. On n’y relève aucune cérémonie funéraire : la dépouille du fils aîné de Louis et d’Hortense, décédé en 1807, est déposée dans un premier temps à Notre-Dame de Paris, dans l’attente d’aménagements futurs, et il n’est pas question d’exhumer les corps des anciens dynastes pour leur rendre une sépulture digne d’eux. Le saint éponyme n’est pas plus à l’honneur : la commande de dix tableaux destinée à décorer la nouvelle sacristie n’intègre que tardivement une représentation de Denis, parmi tous les tableaux célébrant l’histoire de l’édifice7.
4La Restauration donne une nouvelle impulsion à l’entreprise avec le transfert des cendres de Louis XVI et Marie-Antoinette en 1815, suivi en 1817 de l’exhumation des restes profanés en 1793, regroupés dans deux cavités. Pour desservir l’édifice, Louis XVIII recrée le chapitre de Saint-Denis en lui adjoignant 24 chanoines-prêtres, chargés de l’accomplissement des obligations liturgiques. L’ensemble est placé, comme sous l’Empire, sous la direction du grand aumônier de France, qui reçoit le titre de primicier du chapitre. L’intention est funéraire, dynastique et nationale : au terme d’un premier règlement approuvé par Louis XVIII, neuf messes doivent être dites quotidiennement pour les défunts des trois races, ainsi qu’une messe capitulaire pour le roi et la prospérité du royaume. La tonalité expiatoire, caractéristique de la Restauration, est également marquée par le chant quotidien du psaume Miserere. Une ordonnance du 24 avril 1816 prévoit, en parallèle, de hâter les travaux de restauration, désormais confiés à François Debret. Reste la question des reliques de saint Denis et de ses compagnons Éleuthère et Rustique, arrachées en 1793 du pillage du trésor par l’ancien moine dom Warenflot, et qui reposent depuis 1800 dans l’église de la paroisse de Saint-Denis8.
La translation des reliques de Saint-Denis et de ses compagnons (26 mai 1819), un manifeste politique de l’Église de France
5La restitution à l’ancienne abbatiale (devenue église royale) des restes de saint Denis et de ses compagnons est envisagée assez tôt dans la Restauration. Louis XVIII, dès le 28 juin 1817, ouvre un crédit pour la confection de trois reliquaires9. Il est alors prévu de procéder à la translation le 9 octobre suivant, pour la fête du saint. Il faut cependant attendre le 26 mai 1819 pour que celle-ci ait lieu, sous forme d’une grandiose cérémonie ordonnée par le roi mais réglée de concert entre le cardinal de Talleyrand-Périgord, grand aumônier de France et primicier du chapitre de Saint-Denis, et les vicaires généraux capitulaires de Paris, administrateurs du diocèse. Une des caractéristiques de ces festivités, en effet, est qu’elles sont exclusivement ecclésiastiques. L’Ami de la religion et du roi, parle à ce propos d’une « cérémonie […] toute religieuse et toute sacerdotale10 ». Louis XVIII met à disposition du mobilier et sa chapelle de musique, mais le grand-maître des cérémonies n’a aucune part à l’organisation, singularité consignée dans ses archives11. D’ailleurs, ni le souverain, ni les princes, ni aucun ministre n’assistent à la cérémonie, abstention qui tranche avec ce que l’on observe lors d’événements contemporains similaires, telle la consécration de l’église Sainte-Geneviève en 1822, à laquelle sont présents le comte d’Artois et le duc et la duchesse d’Angoulême.
6Les trois reliquaires sont d’abord portés en procession derrière l’oriflamme ressuscitée pour l’occasion par l’architecte Debret, dans une scénographie très soignée destinée à souligner l’unité du sacerdoce : chaque corps saint arrive entouré de quatre ecclésiastiques d’un ordre différent (diacres pour Éleuthère, prêtres pour Rustique, évêques pour Denis). Mais ce qui donne le sens de cette fête est surtout le long discours de l’évêque de Troyes, Mgr de Boulogne, prononcé au cours de la messe, beau morceau d’éloquence, qui mérite qu’on s’y arrête. Notons d’emblée que l’usage de prendre la parole lors des fêtes de saint Denis paraît avoir été inconnu sous l’Ancien Régime ; aucun panégyrique, en tout cas, n’a été conservé12, ce qui souligne davantage l’exceptionnalité de cette translation.
7Après un tableau de la festivité du jour, l’orateur commence, sans surprise, par rendre grâces aux martyrs, crédités d’avoir implanté la foi chrétienne en France. Le discours prend toutefois rapidement un tour beaucoup moins convenu lorsque Boulogne déclare que la France devrait à ces trois saints « non seulement sa conversion, mais sa civilisation, non seulement sa foi, mais son existence sociale ; non seulement ses premiers pasteurs, mais ses premiers législateurs, mais ses premiers instituteurs, qui en fondant parmi nous le christianisme, ont posé les premiers fondements du trône13 ». Citant alors, de manière inattendue, l’historien britannique Edward Gibbon, qualifiant la France de royaume bâti par les évêques14, il conclut « que l’État, comme l’Église, est établi sur le fondement des apôtres ».
8Un très net renversement de perspective s’exprime, comme on le voit, dans ces lignes : ce n’est plus la monarchie, qui, en établissant dans le sanctuaire sa nécropole, fait de saint Denis un saint national ; c’est le saint qui devient lui-même au fondement de la monarchie. L’évêque de Troyes ressuscite, par ce biais, une appropriation ancienne de la figure du premier évêque de Paris, très répandue au temps des guerres de religion, puis passée dans la mouvance dévote : celle d’un saint témoin du catholicisme foncier de la nation, car antérieur à la fondation de la monarchie. Dans le même esprit, Boulogne n’hésite pas à qualifier, plus loin, l’Église gallicane de « fille aînée des Églises15 », transposition évidente du titre traditionnellement attaché aux rois de France, mais qui est semble-t-il peu répandue à cette époque16.
9La réintégration des reliques de saint Denis dans la demeure des rois adresse dès lors une mise en garde à la monarchie : elle lui rappelle sa nécessaire union avec l’Église, sous peine de dépérir, le tout accompagné de l’inévitable attaque contre les « novateurs » et les « philosophes ». Les allusions aux déceptions des catholiques français au début de la Restauration sont transparentes ; aucun grief n’est évité, comme les obstacles rencontrés par les missions ou le statut a minima reconnu au catholicisme dans les institutions monarchiques : la religion est qualifiée, au terme du discours, de « charte éternelle qui supplée à toutes les autres17 ».
10Les reliques de saint Denis envoient aussi un message aux évêques de France. Ces « saintes reliques », affirme l’orateur, attestent « l’antiquité de [leur] Église » – une antiquité opposée à « l’idole de la nouveauté18 », dans une valorisation de la Tradition typique du catholicisme intransigeant post-révolutionnaire. Mais il s’agit également de faire prendre conscience d’elle-même à une Église nationale alors incertaine de son identité. En la plaçant sous le patronage de saint Denis, Boulogne affirme l’unité de substance de l’Église de France de part et d’autre de la double rupture révolutionnaire et concordataire, comme entre toutes ses composantes.
11Il est indispensable, pour saisir cet enjeu, de revenir précisément sur le contexte immédiat de la cérémonie. Le 10 mai 1819 a été réuni à l’initiative du ministre de l’Intérieur Decazes un comité restreint d’évêques autour du grand aumônier. L’objectif du favori royal est d’obtenir leur adhésion aux négociations entreprises avec Rome pour sortir de l’impasse dans laquelle la non ratification par les Chambres du concordat du 11 juin 1817 a plongé l’Église de France. Que la lettre de Louis XVIII annonçant le transfert des reliques dans l’église royale soit datée du même jour n’est certainement pas fortuit, mais apparaît comme un geste de bonne volonté. En retour, la cérémonie du 26 mai devient l’occasion, pour les évêques consultés, de conférer de la situation avec leurs confrères présents (33 en tout). C’est là qu’est discutée une première version de leur réponse à Louis XVIII, finalement datée du 30 mai et souscrite, dans les semaines qui suivent, par la quasi-totalité des évêques, ce qui valide, a posteriori, la lecture unitaire du clergé de France opérée dans son discours par Mgr de Boulogne19. Un autre lien avec la cérémonie de ce jour est la sévérité avec laquelle cette lettre juge la politique religieuse de la Restauration, elle qui reprend l’ensemble des griefs formulés par l’orateur. De ce point de vue, et sans se départir d’un ton respectueux, le transfert des reliques de saint Denis et de ses compagnons est révélateur d’une certaine prise de distance de l’épiscopat vis-à-vis de la monarchie, devenue pour l’Église gallicane un partenaire incertain – d’où ces adjurations pressantes à resserrer les liens, qui semblent avoir été peu goûtées par les intéressés. On note en tout cas que seuls deux membres de la famille royale, le comte d’Artois et son fils le duc d’Angoulême, ont fait le déplacement pour vénérer les reliques des saints, le 4 juin suivant. Encore leur venue est-elle d’abord motivée par la messe anniversaire du décès de la comtesse d’Artois. En dehors des cérémonies funéraires, jamais on ne voit en fait les Bourbons prendre le chemin de Saint-Denis, auquel ils préfèrent d’autres centres de pèlerinage, aux accents plus nettement monarchiques et contre-révolutionnaires20.
12Une illustration de cette prise de distance se trouve dans le traitement réservé par Mgr de Boulogne aux cendres royales, réduites à servir de méditation sur la mort. Le propos, assez classique sous ce rapport, s’enrichit ici d’une dimension supplémentaire par la comparaison implicite qui s’instaure entre le sort de ces dépouilles et celui des reliques des saints, préservées, à la différence des premières, des profanations révolutionnaires. Ainsi, affirme le prédicateur, les châsses des martyrs vont-elles « exercer encore une sorte d’apostolat, et […] prêcher éloquemment la vanité des grandeurs et l’immortalité de la vertu21 ». De là à penser que les événements de 1793 auraient constitué un jugement de Dieu, il n’y a qu’un pas que d’autres d’ecclésiastiques n’hésitent à franchir plus tard dans le siècle, à mesure que s’éloigne la monarchie des Bourbons, à l’image de l’abbé Davin écrivant en 1897 : « Les reliques de saint Denys et de ses compagnons ont survécu aux dépouilles mortelles des rois trop peu fidèles à défendre leur culte traditionnel, et trop empressés à usurper les droits de cette Église de France fondée par leur sublime apostolat et par l’effusion très copieuse de leur sang22. »
Le développement discret du culte de saint Denis
13Restituées à leur sanctuaire, les reliques de saint Denis et de ses compagnons ne retrouvent pas pour autant leur ancienne position. Les reliquaires ne sont pas intégrés, comme avant la Révolution, à un autel, sous forme de confession, dans le chevet, mais placés au-dessus de la chaire du primicier, sous un baldaquin de pierre, à l’emplacement même de l’ancien autel de la confession des saints martyrs23. L’idée vient de l’architecte Debret, mais elle est adoptée avec empressement par les chanoines dès le mois d’août 181724. Elle entérine en quelque sorte la captation de saint Denis par le clergé contemporain, et singulièrement par le grand aumônier.
14En parallèle, est entreprise la relance du culte de saint Denis dans la basilique, quoique sur un pied plus modeste qu’auparavant. Des quatre grandes célébrations traditionnelles des martyrs, toutes signalées par l’exposition solennelle des reliques25, n’est reprise qu’une seule. La fête de la Dédicace du 24 février est désormais célébrée l’avant-dernier dimanche après la Pentecôte26. La fête du saint, le 9 octobre, et son octave le 16 souffrent de la coïncidence avec la messe anniversaire de Marie-Antoinette, qui se substitue à la seconde et gêne la tenue de la première en raison des travaux d’installation de la pompe funèbre. Reste la fête de l’Invention des reliques, le 22 avril. Pour la mettre davantage en valeur, et éviter toute concurrence avec les fêtes de Pâques, Mgr de Périgord, par une ordonnance du 13 mars 1821, la transfère au deuxième dimanche après Pâques, avec exposition des reliques et octave solennelle27. Devenue la principale manifestation de la dévotion dionysienne dans le sanctuaire, elle est organisée, sous la Restauration, avec un certain soin. La messe est généralement célébrée par un évêque et un prédicateur est désigné28. La pratique se perd au début de la monarchie de Juillet. En fait, malgré un indult de Grégoire XVI, mentionné pour la première fois en 1842, qui attache à la fête une indulgence plénière, son importance décline (elle perd son octave la même année), au profit des solennités du mois d’octobre, rendues à leur ancien rang. L’exposition solennelle des reliques est précisée pour le 9 octobre dans le « Tableau des offices » du chapitre à partir de 1840. En 1846, le 16 octobre est de nouveau exclusivement consacré à la célébration de l’octave, ce qui permet l’exposition des reliques pendant toute la semaine. Enfin, à compter de 1852, la fête est célébrée solennellement le dimanche qui suit le 9 octobre, avec, occasionnellement, messe pontificale et prédication. Tout porte à croire, cependant, que ces cérémonies, dont la fréquentation nous échappe, n’ont reçu qu’un écho limité. L’Ami de la religion et du roi, ordinairement très disert sur ces événements, ne rend ainsi presque jamais compte de la fête de l’Invention des reliques sous la Restauration. Si un pèlerinage s’est maintenu, il est resté discret, jusqu’à sa renaissance officielle dans les années 1870.
La reconstitution d’un patrimoine reliquaire et ses paradoxes
15En même temps qu’il prend en main le culte à saint Denis, le chapitre s’efforce d’élargir son patrimoine reliquaire, dans une démarche de « recharge sacrale » partagée alors avec de nombreux sanctuaires29. En dehors des châsses des trois martyrs, le chapitre n’a en effet en sa possession, au début des années 1820, qu’une relique de la vraie croix donnée par Mgr de Quelen. Cette situation est d’autant plus mal vécue que d’insignes reliques du trésor de Saint-Denis sont passées en d’autres mains à la faveur de la Révolution, à l’exemple du Saint Clou, devenu propriété du chapitre de Paris qui le fait figurer à ses grandes cérémonies. Il est question, un temps, de recourir à Rome, à un moment où commence le phénomène d’importation des restes des saints des catacombes30. Sont aussi recherchées en priorité des reliques de membres saints de la famille royale31. La plus importante cession, finalement, provient du chapitre de Trèves, sous la forme de restes de saint Philippe, d’un martyr de la Légion thébaine et d’un martyr de Trèves, déposés dans six pierres d’autel en 183332. D’autres les rejoignent par la suite : reliques de la Passion (le Saint Roseau et une épine de la Sainte Couronne), de saint Jean-Baptiste, de saint Benoît et sainte Scholastique (rappel du passé monastique de l’édifice), ou de saint Grégoire le Grand33.
16Parmi ces reliques, on voudrait surtout mettre en évidence celles de Saint Louis. Louis IX sous l’Ancien Régime, est incontestablement le second grand saint de l’abbatiale. Ses ossements, malgré les prélèvements importants opérés au cours du temps, y sont particulièrement vénérés, notamment lors de sa fête le 25 août34. Ils n’en sont pas moins perdus en novembre 1793, lorsque le trésor est porté à Paris sur ordre de la Convention. Un particulier, cependant, remet en 1817 aux vicaires généraux de Paris ce qu’il présente comme le chef de saint Louis anciennement conservé à la Sainte-Chapelle et sauvé des déprédations révolutionnaires35. Celui-ci est offert à son tour en 1820, moins quelques fragments, au chapitre de Saint-Denis36. Il s’en faut de beaucoup, pourtant, que ce don provoque une renaissance du culte ludovicien in situ. Ce qui frappe au contraire, contre toute attente, c’est la place marginale de ce dernier dans la vie liturgique du sanctuaire. Un projet de règlement du chapitre, daté des premières années de la Restauration, avait classé la Saint-Louis parmi les fêtes solennelles, ne doutant pas qu’elle dût l’être37 ; or, il n’en est rien. La décision du grand aumônier qui supprime en 1830 les prières expiatoires les jours de grande solennité ne retient pas la Saint-Louis parmi ceux-ci, à la différence de la Saint-Denis38. Rien ne distingue dans ces années le 25 août, marqué seulement par une grand’messe en rit solennel mineur, promue en 1843 au rang de solennel majeur. La cérémonie, il est vrai, s’étoffe progressivement, sur le modèle de la Saint-Denis. Une procession est instituée en 1843, tandis que le « Tableau des offices » pour 1849 cite désormais le saint comme « fondateur » de la basilique. Les prières expiatoires sont supprimées en 1852, mais il faut encore attendre deux années pour que soit indiquée l’exposition des reliques39. L’existence d’une châsse est même attestée en 1876 au-dessus de l’autel dans la chapelle (ancienne) Saint-Louis40, un emplacement néanmoins marginal au sein de l’espace de la basilique. Ces célébrations, au demeurant, passent quasiment inaperçues des contemporains. Les ouvrages consacrés à Saint-Denis n’évoquent qu’au passé la basilique comme lieu de sépulture de Saint Louis. En aucun cas elle n’est identifiée, après la Révolution, comme un sanctuaire ludovicien. La nouvelle chapelle Saint-Louis, érigée par Debret au début de la Restauration, apparaît davantage destinée à perpétuer la mémoire de Louis XVI et Marie-Antoinette, dont elle devait initialement recueillir les priants. Plus généralement, le personnage historique l’emporte sur le saint, comme le montrent les deux grands cycles de vitraux commandés par Debret sous la monarchie de Juillet et dans lesquels il figure : celui de l’histoire de l’édifice et celui des croisades. Sans doute cette double appartenance donne-t-elle à Louis IX, ainsi que le relève Jean-Michel Leniaud, une plus grande importance visuelle que saint Denis ; reste qu’à la différence de ce dernier, il ne fait pas l’objet d’un cycle propre, centré sur la manifestation de sa sainteté41.
17Comment comprendre cette désaffection ? On est en droit de supposer un mouvement de réaction, dans la continuité de ce que l’on a signalé plus haut à propos de la translation des reliques de saint Denis : Saint Louis apparaîtrait comme trop lié à la monarchie. Une hypothèse complémentaire s’impose par ailleurs, qui naît de la comparaison entre la préservation des reliques de saint Denis et la profanation de celles de Saint Louis, à l’instar des autres dépouilles royales. Deux poèmes du début du siècle évoquent explicitement la violation des restes du roi42, après quoi il n’en est plus question. Un « Tableau nominatif des princes inhumés à Saint-Denis », datant des débuts de la Restauration, classe sobrement « Louis 9, m. à Tunis en 1270 le 25 août âgé de 55 ans [sic] » parmi les monarques dont le corps a été profané43. On sent, à tout le moins, une certaine gêne devant le sort des reliques du saint capétien, qui explique peut-être leur tardive mise en valeur44. De manière plus générale cependant, le triomphe d’une lecture profane de Saint-Denis apparaît comme le facteur le plus lourd.
18Par-delà le cas particulièrement flagrant de Saint Louis, force est en effet de constater que c’est la nature même de Saint-Denis en tant que sanctuaire qui est sous-estimée. Face à un chapitre institutionnellement instable, les architectes chargés tour à tour de la restauration de l’édifice imposent leur propre conception du monument, temple de l’histoire nationale pour Debret ou conservatoire de la sculpture funéraire pour Viollet-le-Duc. Les ouvrages et autres guides sur Saint-Denis, même sous la plume d’ecclésiastiques, consacrent l’essentiel de leur propos à des considérations historiques ou esthétiques ; ils ignorent les reliques encore présentes dans les murs, tel le chanoine Testory, précisant l’ancien emplacement des reliques dans la crypte, mais ne disant mot des trois châsses données par Louis XVIII45. Au mieux font-elles l’objet d’une simple mention, parmi les éléments du nouveau trésor. Ainsi que le reconnaît en 1874 l’abbé Salmon, historien des pèlerinages du diocèse de Paris, à propos de la basilique, « ce ne sont plus guère les souvenirs du premier évêque de Paris qu’on vient y chercher. Les visiteurs ne se proposent que rarement de prier à son tombeau46 ». La remarque pourrait du reste s’appliquer tout aussi bien à la nécropole monarchique : si les monuments funéraires retiennent l’intérêt, les restes des princes sont négligés47. Desservi par un clergé dépendant étroitement de l’État, et enclin de ce fait à un strict loyalisme envers les régimes successifs48, Saint-Denis n’est guère propice au militantisme royaliste. Toutefois, alors que cette dernière situation se prolonge assez avant dans le xxe siècle49, le culte de saint Denis regagne en audience dès les années 1870, à la faveur de la reprise de son pèlerinage.
L’inauguration de nouvel autel des martyrs et la restauration du pèlerinage
19Élu en 1873 primicier du chapitre, Mgr Maret entend donner une raison d’être à cette institution dans le nouveau contexte républicain. Le réaménagement du chœur haut de la basilique autour de l’autel relevé des saints martyrs, qu’il obtient d’un Viollet-le-Duc réticent, s’inscrit dans ce projet, en parachevant dans un sens spirituel la restauration par trop profane de l’édifice. Cet autel, qui remplace la chaire du primicier imaginée par Debret, est consacré le 8 octobre 1875, en même temps que le nouveau maître-autel. La cérémonie marque le début d’une semaine entière de célébrations pour l’octave de la Saint-Denis et la réouverture officielle de son pèlerinage, à laquelle une indulgence plénière a été attachée. Ces fêtes rencontrent un écho certain. Annonçant en 1876 leur renouvellement, Maret avance le chiffre de 80 000 participants50. Jean-Michel Leniaud observe en tout cas, pour les années suivantes, une hausse sensible de la fréquentation, qui n’est peut-être pas sans lien avec le retour des pèlerins51.
20Comme en 1819, l’événement s’articule à une réflexion sur la place et la mission de l’Église dans la nation. Penseur de la démocratie chrétienne, convaincu de la compatibilité de la République et de l’Évangile52, Maret assigne un double rôle à Saint-Denis. De la renaissance du pèlerinage, Maret attend d’abord qu’elle réveille la foi des catholiques français, renvoyés à leurs origines. Sous sa plume, Saint-Denis devient le symbole de l’identité chrétienne de la France : « un témoignage national de cette foi catholique qui ne peut pas périr sur le sol de France53 ». On relèvera l’insistance sur le caractère essentiellement spirituel de ces manifestations, peut-être dans le but de conjurer les interprétations partisanes auxquelles avait donné lieu, à tort ou à raison, « l’année des pèlerinages » de 187354. Les fidèles n’en sont pas moins appelés à un engagement renouvelé au service de la patrie : auteur en octobre 1881 du panégyrique du saint, l’abbé Protois invite ses auditeurs, dans le même esprit que Maret, à s’affirmer « citoyens de la grande République chrétienne55 » afin de travailler au bonheur de la France.
21L’autre mission de Saint-Denis est de témoigner de la continuité historique de la nation française, des débuts du christianisme à la IIIe République. « Toute notre histoire, affirme Maret, est écrite sur ces tombes qui recouvrent aujourd’hui le sol de notre basilique, et cette histoire donne toujours à la France ses grandes leçons56. » Est remarquable, à cet égard, le récit que dresse le prélat de la restauration de la basilique au xixe siècle, qui unit dans un même hommage Napoléon, Louis XVIII, Louis-Philippe et Napoéon III. C’est que la République, selon lui, ne peut être elle-même qu’en assumant la trace laissée par les régimes précédents. « Quand la religion conserve et consacre le culte de ce passé, elle donne à la démocratie une des plus sages leçons qu’elle puisse recevoir. C’est la fonction sainte et patriotique que remplit le Chapitre de Saint-Denys, en célébrant le service divin au milieu de tous les plus grands souvenirs de notre histoire57. » Face aux voix de gauche qui, à partir de 1876, réclament la suppression du chapitre, l’argument est au cœur de la ligne de défense suivie par son primicier en faveur de son maintien. Le culte de saint Denis participe de cette stratégie, en ce qu’il permet de reléguer au second plan la prière pour les monarques défunts. Pour Maret, qui ne manque jamais de rappeler que le chapitre tient son existence légale de la République depuis sa refondation par un décret en 1873, le « but spécial » de cette institution est « de conserver, d’honorer le tombeau, le reste et les souvenirs du grand apôtre de la foi chrétienne dans notre vieille France58 ».
22Cette entreprise ne rencontre pas, cependant, tout le succès attendu. Elle doit en effet compter avec la concurrence du pèlerinage à la nouvelle église paroissiale Saint-Denis-de-l’Estrée, achevée en 1867. Des parcelles des ossements des martyrs, concédées en 1819 à la paroisse, y ont été déposées le 12 octobre 1873 dans de nouvelles châsses, en présence du cardinal Guibert, archevêque de Paris. Ce pèlerinage à Saint-Denis, premier déclaré pour tel depuis la Révolution, a drainé des foules importantes. Le contexte de « l’année des pèlerinages », succédant au traumatisme de la défaite et de la Commune, y a sans doute contribué, même si, comme plus tard à la basilique, la teneur est surtout patriotique (on signale un groupe d’Alsaciens-Lorrains). Plus encore, le pèlerinage paroissial tire profit du regain d’intérêt marqué depuis les années 1850 pour saint Denis, dont témoigne par exemple l’édition59. Dans les mêmes années est réédifiée, sur le lieu supposé du supplice de Denis à Montmartre, la chapelle du Martyrium ; le 9 octobre et son octave y sont également célébrés, à partir de 1873, de manière solennelle. Or, Saint-Denis-de-l’Estrée peut se prévaloir, sur ce terrain, de sa propre légitimité, au titre d’une ancienne tradition selon laquelle le prieuré (détruit sous la Révolution) dont la paroisse tient son nom aurait été la sépulture initiale du premier évêque de Paris – affirmation vivement réfutée par le chapitre60. La figure même du saint n’échappe pas à ces polémiques. Défendant le plus souvent l’identité entre le premier évêque de Paris et l’Aréopagite converti par saint Paul (pourtant à peu près unanimement rejetée avant la Révolution), divers auteurs repeignent le martyr aux couleurs de la cause romaine contre les tendances gallicanes. L’abbé Davin, soutenant la thèse d’une première sépulture à Saint-Denis-de-l’Estrée, repousse ainsi en bloc les travaux de l’érudition critique des xviie et xviiie siècles, au motif qu’ils seraient entachés de jansénisme ; il accuse Maret et le chapitre d’occulter le prétendu envoi de Denis et de ses compagnons dans les Gaules par les pontifes romains61. S’adressant à un des principaux opposants à la définition de l’infaillibilité pontificale au concile Vatican I, le reproche n’a rien d’anodin.
23La reprise en main du pèlerinage par Maret en 1875 nuit dans un premier temps à celui de la paroisse, qui n’est plus autorisée à convoquer les fidèles. En 1876, 70 paroisses sont annoncées à la basilique pour l’octave, contre 27 à l’Estrée62. Le pèlerinage paroissial se maintient toutefois avec les années, alors que décroît assez vite celui organisé par le chapitre. Le premier peut compter, il est vrai, sur l’appui des autorités diocésaines (peu enclines a contrario à favoriser la basilique, étrangère à leur juridiction). L’archevêque, ou son coadjuteur, ne manquent jamais d’y participer, tandis que la Semaine religieuse de Paris y consacre d’élogieux comptes rendus, qui contrastent avec la place plus réduite laissée aux célébrations dans la basilique, dont il n’est pas même fait mention en 1880 et 1881. Les conférences parisiennes de Saint-Vincent-de-Paul et les cercles catholiques d’ouvriers, présents dès 1873, demeurent également fidèles à la paroisse. Le décès de Maret en 1884, qui prélude à l’extinction du chapitre (les fonds ne sont plus renouvelés l’année suivante), fragilise un peu plus le pèlerinage à la basilique. Un ultime retournement de situation se produit en 1895 lorsque cette dernière est érigée en paroisse, ce qui l’impose définitivement comme le principal, sinon l’unique centre dionysien de dévotion aux reliques des martyrs. On est loin, pour autant, de l’élan des années 1870 : le pèlerinage à Saint-Denis ne dépasse pas, selon toute vraisemblance, une audience locale. Désormais, les principales cérémonies religieuses tenues dans la basilique dans la première moitié du xxe siècle le sont à l’occasion de commémorations historiques : septième centenaire de Bouvines (1914), sixième centenaire de la naissance de Du Guesclin (1921), treizième centenaire de la fondation de l’abbaye (1926) et du décès de Dagobert (1938), ce dernier donnant lieu à une très solennelle fête de la Saint-Denis, présidée par le cardinal Verdier. Les reliques (exposées à nouveau de manière permanente à la dévotion des fidèles en 1927 après avoir été retirées au moment des Inventaires63) y figurent en bonne place, mais ce n’est qu’à titre accessoire, comme un élément parmi d’autres (telle l’oriflamme) et non comme la raison d’être de ces festivités. Le sanctuaire, inexorablement, s’efface derrière le monument.
Conclusion
24Le xixe siècle voit le réinvestissement de Saint-Denis par son saint éponyme. Délaissée par ses dévots à la fin de l’Ancien Régime, parce qu’étroitement associée à la religion royale, la basilique est restituée à sa vocation de haut lieu du culte dionysien. La translation des reliques en 1819, puis leur installation en 1875 sur l’autel de la confession sont les deux temps forts de ce processus, qui passe aussi par le rétablissement d’un calendrier festif (Invention des reliques, octave de la Saint-Denis) et la reprise du pèlerinage. Dans un contexte politique agité, le recours à la figure fondatrice de Denis permet à l’Église de France d’affirmer sa pérennité par-delà les changements de régime en même temps que son rôle dans l’histoire de la nation. Il traduit, de manière plus ou moins affichée selon les circonstances, une prise de distance par rapport à la célébration du pouvoir monarchique. Le désintérêt relatif pour les reliques de Saint Louis, qui ne prend fin qu’au xxe siècle, est un autre symptôme de ce détachement.
25Cette ferveur retrouvée échoue néanmoins à imposer de manière incontestable l’identité de Saint-Denis en tant que sanctuaire. La fonction patrimoniale de l’édifice tend à prendre le pas sur sa destination cultuelle. Le divorce est consommé en 1895 par le décret de fondation de la paroisse, qui sépare l’espace ouvert aux visites de celui réservé aux fidèles, qui comprend alors l’autel des saints martyrs. Ce n’est même plus le cas aujourd’hui, où son accès est confondu avec celui – payant – des monuments funéraires et des caveaux. Entre-temps, la basilique s’est enrichie d’une nouvelle dimension, en devenant en 1966 la cathédrale du diocèse de Saint-Denis-en-France. Essentiellement nominal à ses débuts, ce patronage a depuis fait l’objet d’une appropriation progressive64 et la fête du saint, en octobre, est l’occasion chaque année d’un rassemblement diocésain, sans pour autant que la référence à Denis soit systématique65 ni que cela se traduise particulièrement par la vénération de ses reliques. Même si les fidèles sont activement invités à « venir prier sur le tombeau de saint Denis » pour le jubilé des cinquante ans du diocèse66, la démarche n’est peut-être pas si évidente, dans un lieu qui demeure avant tout, dans l’esprit du plus grand nombre, « le tombeau des rois de France67 ».
Notes de bas de page
1Pour une histoire complète de l’édifice, voir la récente synthèse de Jean-Michel Leniaud et Philippe Plagnieux, La basilique de Saint-Denis, Paris, Éditions du Patrimoine/Centre des monuments nationaux, 2012.
2René de Chateaubriand, Essai sur les Révolutions. Génie du christianisme, éd. Maurice Regard, Paris, Nrf/Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1978, p. 937-939.
3Jean-Marie Le Gall, « Violence et révolution : exhumation et profanation des tombes royales à Saint-Denis », in Annie Duprat (dir.), Révolutions et mythes identitaires. Mots, violence, mémoire, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2009, p. 157-171.
4Tatiana Weber-Maillot, « La basilique de Saint-Denis dans l’œuvre de Chateaubriand : aventures d’une métamorphose », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, vol. 1, 2000, p. 273-284.
5Notamment grâce aux travaux de Jean-Michel Leniaud, Saint-Denis de 1760 à nos jours, Paris, Gallimard/Julliard, coll. « Archives », 1996 et De Napoléon à la République. La basilique royale de Saint-Denis, Paris, Picard, 2012.
6Sur les vicissitudes institutionnelles du chapitre de Saint-Denis au xixe siècle, voir Adrien Friedmann, Le chapitre national et archiépiscopal de Saint-Denis : étude historique et canonique (1806-1885), thèse de doctorat de droit canonique, Institut catholique de Paris, 1938.
7Josette Bottineau, « Le décor de tableaux à la sacristie de l’ancienne abbatiale de Saint-Denis (1811-1823) », Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français, 1973, p. 255-281.
8Alors installée dans la chapelle de l’ancien carmel.
9Archives nationales (AN désormais), O3 20. Ce sont les trois reliquaires visibles aujourd’hui dans la basilique, sur l’autel de la confession.
10L’Ami de la religion et du roi, t. XX, 29 mai 1819, p. 87.
11AN, O3 526, « Note sur la translation des Reliques de St Denis et de ses compagnons martyrs St Rustic [sic] et St Éleuthère ».
12Constat établi par J.-M. Le Gall, Le mythe de Saint-Denis entre Renaissance et Révolution, Paris, Champ Vallon, 2007, p. 343, qui note de manière générale la faible place accordée à la prédication dans les sanctuaires à reliques.
13Étienne-Antoine de Boulogne, « Discours pour la translation solennelle des reliques de saint Denis et de ses compagnons, faite par ordre du Roi, prononcé dans l’église de Saint-Denis, le 26 mai 1819 », in Jean-Paul Migne (dir.), Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés, 2e série, Petit-Montrouge, Migne, 1856-1866, t. LXXIV, col. 692-707, col. 694.
14Citation jugée hardie par Bernard Plongeron, qui livre sur ce discours un commentaire très éclairant : Jean-Marie Mayeur, Charles et Lucie Pietri, André Vauchez et Marc Venard (dir.), Histoire du christianisme des origines à nos jours, Paris, Desclée, 1990-2001, t. X ; Bernard Plongeron (dir.), Les défis de la modernité (1750-1840), 1997, p. 698-699.
15É.-A. de Boulogne, « Discours… », op. cit., col. 701.
16Voir Joseph Lecler, « Le roi de France, “fils aîné de l’Église”. Essai historique », Études, t. 214, 1933, p. 21-36 et 170-189 et Bernard Barbiche, « Fille aînée de l’Église », in Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 1994, p. 676-677.
17É.-A. de Boulogne, « Discours… », op. cit., col. 707.
18Ibid., col. 699.
19Rémy Hême de Lacotte, « Seconde mort ou résurrection de l’Église gallicane. L’épiscopat français au défi du concordat de 1817 », Revue d’histoire de l’Église de France, t. XCVII, 2011, p. 291-313, notamment p. 307-312.
20Id., « Un pèlerinage politique sous le signe de la mission. Les Bourbons au Mont-Valérien (1814-1830) », in Luc Chantre, Paul d’Hollander et Jérôme Grévy (dir.), Politiques du pèlerinage du xviie siècle à nos jours, Rennes, PUR, 2014, p. 245-255.
21É.-A. de Boulogne, « Discours… », op. cit., col. 692.
22Vincent Davin, Les Actes de saint Denys de Paris. Étude historique et critique, Paris, Arthur Savaète, 1897, p. 80-81. Propos similaires chez l’abbé Ablin, Chroniques sur le culte de Saint-Denis, premier évêque de Paris, Paris, Victor Retaux, 1902, p. 137-138.
23Description dans Françoise Baron, « François Debret à Saint-Denis (1813-1846). La mise en scène de la sculpture », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques : Moyen Âge, Renaissance, Temps modernes, no 29, 2002, p. 105-139, p. 119.
24Archives départementales de Seine-Saint-Denis (ADSSD désormais), 220 J 1*, Registre des arrêtés du chapitre royal de Saint-Denis et délibérations, 9 août 1817.
25J.-M. Le Gall, Le mythe de Saint-Denis, op. cit., p. 340-343.
26Les renseignements qui suivent sur les célébrations liturgiques sont tirés du « Tableau des offices » du chapitre, tenu (avec d’importantes lacunes) de 1824 à 1874 (ADSSD, 220 J 11/5 ; 220 J 12* et 220 J 13).
27ADSSD, 220 J 11/5, ordonnance du cardinal de Périgord, 13 mars 1821.
28L’usage est d’inviter celui du carême précédent à la cour. AN, F19 1773 A, l’abbé de Vallongue à l’abbé Pieau, Saint-Denis, 13 mars 1830.
29Philippe Boutry, « Une recharge sacrale. Restauration des reliques et renouveau des polémiques dans la France du xixe siècle », in Id., Dominique Julia et Pierre-Antoine Fabre (dir.), Reliques modernes. Cultes et usages chrétiens des corps saints des Réformes aux révolutions, Paris, EHESS, 2009, vol. 1, p. 121-173.
30Voir Id., « Les saints des catacombes. Itinéraires français d’une piété ultramontaine (1800-1881) », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge-Temps modernes, t. 91-2, 1979, p. 875-930.
31ADSSD, 220 J 4/2, le grand aumônier à l’abbé de Vallongue, Paris, 26 juillet 1826.
32ADSSD, 220 J 11/5, procès-verbal de la cérémonie, 8 mai 1833.
33Archives du diocèse de Saint-Denis, I 2/4/1B, 220 J 11/3, « Énumération authentique et exacte des saintes reliques dont la basilique de St Denys est en possession », 25 août 1876.
34Voir J.-M. Le Gall, Le mythe de Saint-Denis, op. cit., p. 423-424.
35Archives historiques de l’archevêché de Paris, 3 G 1, 4, « Mémoire adressé au grand aumônier sur l’authenticité à donner au chef de Saint Louis » par l’abbé d’Astros, Paris, 13 mai 1817.
36AN, F19 1773 B, l’abbé Séguier au grand aumônier, Saint-Denis, 7 septembre 1820.
37ADSSD, 220 J 3/1, « Projet de règlement pour le chapitre royal de Saint-Denis » par l’abbé de Vallongue, s. d.
38ADSSD, 220 J 11/4, le grand aumônier au doyen du chapitre de Saint-Denis, Paris, 16 juin 1830.
39ADSSD, 220 J 13, « Tableau des offices », 1840-1874.
40Henri Maret, Lettre et mandement […] pour le rétablissement du tombeau et de l’autel de saint Denys, la célébration annuelle de son octave et de son pèlerinage, Paris, Delalain, 1876, p. 9-10.
41J.-M. Leniaud, De Napoléon à la République, op. cit., « Le programme iconographique des verrières de Saint-Denis : un monument dédié à l’histoire de la nation », p. 103-122, notamment p. 121-122.
42Joseph Treneuil, Les tombeaux de Saint-Denis, ou Les autels expiatoires, poëme élégiaque, Paris, Didot, 1810 (5e éd.), p. 19-20 ; Louis de Fontanes, Les tombeaux de Saint-Denis, ou Le retour de l’exilé, Paris, Le Normant, 1817, p. 6.
43AN, F19 6171.
44Sans compter que les restes remis en 1820 ne présentent pas les mêmes garanties d’authenticité que les reliques de saint Denis.
45Abbé Testory, L’église de Saint-Denis et ses tombes royales, Paris, Imprimerie Rochette, 1870, p. 61.
46François-René Salmon, Les pèlerinages des environs de Paris, Paris, Victor Palmé, 1874, p. 44.
47Le caveau des Bourbons, sous le Second Empire, est décrit comme « un lieu isolé, dont la porte est murée, et d’où s’exhale une odeur fétide de pourriture cadavérique » par l’historien Georges d’Heilly, Extraction des cercueils royaux à Saint-Denis en 1793, Paris, Hachette, 1868, p. 183.
48R. Hême de Lacotte, Entre le Trône et l’Autel : la grande aumônerie de France sous l’Empire et la Restauration (1804-1830), thèse de doctorat sous la direction de Jacques-Olivier Boudon, université Paris IV, 2012, p. 518-519.
49J.-M. Leniaud, Saint-Denis de 1760 à nos jours, op. cit., p. 270-272.
50Une relation publiée par la Semaine religieuse de Paris (t. XLIV, no 1137, 23 octobre 1875, p. 529) l’évalue de son côté à 40 000.
51J.-M. Leniaud et Ph. Plagnieux, La basilique de Saint-Denis, op. cit., p. 190.
52Voir Claude Bressolette, L’abbé Maret. Le combat d’un théologien pour une démocratie chrétienne 1830-1851, Paris, Beauchesne, « Théologie politique », 1977 et Le pouvoir dans la société et dans l’Église. L’ecclésiologie politique de Mgr Maret, doyen de la faculté de théologie de Sorbonne au xixe siècle, Paris, Cerf, 1984.
53Maret, Lettre de Monseigneur l’évêque de Sura, primicier de Saint-Denys, sur l’institution de l’insigne chapitre et Mandement pour le carême de 1875, Paris, Delalain, 1875, p. 15.
54Bruno Maes, « Les pèlerinages de 1873, préparation d’une restauration monarchique ? », in Paul d’Hollander (dir.), L’Église dans la rue. Les cérémonies extérieures du culte en France au xixe siècle, Limoges, PULIM, 2000, p. 285-295 ; Sylvain Milbach, « “L’année des pèlerinages” (1873), miroir de la pastorale pèlerine au xixe siècle », in Catherine Vincent (dir.), Identités pèlerines, Rouen, Publications de l’université de Rouen, 2004, p. 77-91.
55Félix Protois, Panégyrique de Saint-Denys, premier évêque d’Athènes et de Paris, Paris/Bruxelles, Société générale de Librairie catholique, 1882, p. 14.
56H. Maret, Lettre […] et Mandement pour le carême de 1875, op. cit., p. 14.
57Id., Le chapitre épiscopal et national de Saint-Denys dans la discussion du budget de l’année 1877, Paris, Delalain, 1877, p. 26.
58Ibid., p. 32-33.
59Entre 1855 et 1870, ce ne sont pas moins de huit vies du saint qui ont été publiées d’après le catalogue informatisé de la Bibliothèque nationale de France.
60Jules Jaquemet, Les pèlerinages de saint Denys. Étude historique sur le tombeau du premier évêque de Paris et des compagnons de son martyre, Versailles, G. Beaugrand et Dax, 1875.
61V. Davin, La tradition sur le premier tombeau de saint Denis, Paris, Au bureau de l’Enseignement catholique, 1875.
62Semaine religieuse de Paris, t. XLVI, no 1187, 7 octobre 1876, p. 455-457.
63Archives du diocèse de Saint-Denis, I 2/4/1B, doss. « Transfert des reliques » et I 2/4/2, doss. 2/A/6, procès-verbal de la translation des reliques, [octobre 1927].
64Entretien de l’auteur avec M. l’abbé Roland Lacharpagne, archiviste du diocèse de Saint-Denis-en-France (2 juillet 2015).
65Lors de la célébration du 11 octobre 2015, Denis et ses compagnons n’ont été évoqués que dans les oraisons prévues au missel (observation de l’auteur sur place).
66Livret Chemin du Jubilé 11 octobre 2015-9 octobre 2016, édité par le diocèse de Saint-Denis-en-France.
67Significativement, l’ouvrage consacré à Saint-Denis dans la collection « La grâce d’une cathédrale », publié en novembre 2015 sous la direction de l’évêque Mgr Pascal Delannoy, a lui-même pour sous-titre : Dans l’éternité des rois et reines de France.
Auteur
-
Rémy Hême de Lacotte
Maître de conférences en histoire contemporaine à Sorbonne Université. Il travaille principalement sur les rapports entre religion et politique en France et en Europe dans la première moitié du xixe siècle. Il a publié, en codirection avec Jacques-Olivier Boudon, La crise concordataire. Catholiques français et italiens entre Pie VII et Napoléon (1808-1814), Paris, SPM, « Collection de l’Institut Napoléon », 2016.

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