Le custode des reliques et des cimetières
p. 145-157
Note de l’auteur
La présente contribution reproduit dans les grandes lignes, avec de légères modifications, le texte de l’intervention lue au colloque international Reliques Politiques I. Corps Saints d’Ancien Régime qui s’est tenu à Madrid, à la Casa de Velázquez, les 19 et 20 mars 2015. Les notes, réduites à l’essentiel, ont été ajoutées et quelques points ont été précisés.
Texte intégral
1Bien que le phénomène de la dispersion des reliques catacombaires ait été extraordinairement diffus à l’époque moderne, la figure du custode des reliques et des cimetières est demeurée presque inconnue, oubliée dans les méandres de l’historiographie. Créée, après de longues expérimentations et de nombreuses sollicitations, durant les trente dernières années du xviie siècle avec le Bref apostolique Ex commissae – promulgué par Clément X le 13 janvier 1672 et adressé au cardinal Gaspare Carpegna1 –, la figure du custode fut étroitement liée à celle du cardinal-vicaire, sous les ordres duquel il travaillait.
2Le Bref de Clément X, dont l’intention principale était d’interrompre la longue suite d’abus qui avaient été perpétrés à l’encontre des reliques, confiait au cardinal-vicaire la gestion totale et exclusive de la question des reliques et concédait en même temps au vicaire la possibilité de désigner un expert – le custode des reliques et des cimetières, justement – qui aurait supervisé les travaux de repérages, d’extractions et de distributions des restes d’ossements. Grâce à ce que rapporte un chapitre d’une œuvre rédigée durant les vingt premières années du xviiie siècle (le chapitre sur les reliques date de 1717) par le chanoine originaire de Brindisi Nicolò Antonio Cuggiò, secrétaire du tribunal du vicariat, nous sommes en possession de la liste des premiers custodes entrés en fonction à partir de 1672, ainsi que des principales informations concernant les tâches qu’ils étaient appelés à accomplir2. Pourtant, précisément en raison de la nature synthétique du document mentionné – il s’agit, en substance, d’un texte normatif –, il n’est jamais possible de comprendre de façon exhaustive l’activité du custode et les champs spécifiques dans lesquels son intervention était nécessaire ou possible. Le manuscrit conservé auprès des Archives historiques du vicariat de Rome, intitulé Vite dei Custodi delle Ss. Reliquie et rédigé en 1840 par le custode Felice Clementi, est déjà connu de certains spécialistes qui l’ont consulté avec profit dans le passé. Toutefois pas même ce document, bien que contenant la liste très utile des titulaires de la custode rédigée par Cuggiò (elle inclut tous les custodes, du premier, Giovanni Vincenzo Guizzardi, jusqu’au rédacteur du manuscrit lui-même, élu en 1837), n’aide à la compréhension des fonctions spécifiques recouvertes pour le pieux office des reliques par le religieux choisi par le cardinal-vicaire. À cette carence d’informations s’ajoute également la disparition totale de toute la documentation de la custode depuis son année de fondation jusqu’en 1737 : le 25 mars de cette année-là, en effet, la maison du custode, à cette époque Marcantonio Boldetti3, dans laquelle était également située la custode, fut détruite par un terrible incendie qui se propagea à l’étage inférieur où se trouvait une officina stamnearia, la boutique d’un ferblantier4. Rien ne fut épargné par l’incendie, dont même les chroniques romaines de l’époque relatèrent la violence : ni les registres, ni les reliques et inscriptions exhumées des cimetières. Le patrimoine de la custode – reliques, inscriptions, monnaies trouvées et registres –, péniblement reconstitué par les custodes qui succédèrent à Boldetti, subit une nouvelle atteinte grave durant le mandat de Giacomo Severini, custode de 1782 à 1801. Gravement malade et affaibli, il ne put en effet empêcher son frère de prendre possession de tous les biens de la custode et de les aliéner à des particuliers. De nombreuses reliques furent ainsi perdues, ainsi que tout le patrimoine épigraphique recueilli depuis 1737 et toute la documentation relative aux explorations catacombaires conduites depuis l’époque de Boldetti jusqu’à celle de Severini5.
Un manuscrit de Giacinto Ponzetti
3Ce manque de connaissance de la figure du custode, véritable lacune historiographique, est à présent comblé par la découverte – par l’auteur de ce texte – de plusieurs manuscrits de la custode du cardinal-vicaire, conservés à une époque auprès de la Lipsanothèque du vicariat de Rome, mais éparpillés par la suite par le fonds « reliques » des archives du Latran – qui se trouve aujourd’hui aux Archives historiques du vicariat de Rome – et qu’on pensait perdus dans des archives privées. Parmi ces manuscrits figure notamment un document particulièrement précieux, le Regestum Secundum Corpora et Reliquiae Ss. Mm. quae conceduntur a Custode ab anno MDCCLIV ad annum MDCCC, à l’intérieur duquel – aux f. XXV-CLXXXX – est conservé un texte inédit rédigé en 1805-1806 par le chanoine romain Giacinto Ponzetti6, intitulé Istruzzione sopra l’Officio del Custode delle S.e Reliquie dell’E.mo, e R.mo Signor Card. Vicario di N.S. Visitatore de Sacri Cimiterj, e deputato specialmente alle estrazioni de corpi de Ss. Martiri. Dans ce manuscrit divisé en dix-huit chapitres, Ponzetti décrit de manière détaillée les fonctions des custodes en insistant, parfois de façon pédante, sur chaque secteur de leur activité, à partir de leur élection jusqu’aux aspects les plus minutieux de l’exhumation et de la distribution des reliques.
4Avant de s’attarder sur les aspects les plus intéressants du manuscrit, je souhaiterais en quelques mots rendre compte de ce document en établissant une brève liste du contenu des chapitres qui constituent le corps de l’œuvre, laquelle était destinée à un usage pour ainsi dire interne, dans la mesure où l’auteur l’adressait aux custodes qui assureraient la fonction dans les années à venir.
5Après avoir retracé les principales coordonnées historiques de l’office du custode et avoir fait rapidement la liste des chanoines qui, à partir de 1672, s’étaient chargés de cette fonction7, Ponzetti prend le temps de rappeler les nombreux édits pontificaux promulgués, à partir du 25 septembre 1599, « Contre ceux qui vont dans les Grottes et les cimetières », pour protéger les reliques, ainsi que les cimetières où ces dernières étaient exhumées de façon illégale8. Ces édits, qui d’après Ponzetti auraient dû être republiés plus fréquemment, auraient également dû prévoir le durcissement progressif des peines envers les contrevenants : des punitions qui allaient de la simple amende pécuniaire à la mise au pilori, des tortures corporelles (flagellation ou estrapade) à l’excommunication latae sententiae9.
6L’auteur de l’Istruzzione en arrive ensuite à la liste des livres fondamentaux – la bibliographie de base, dirions-nous aujourd’hui – que chaque custode devait connaître pour pouvoir exercer son activité de manière correcte10 : le De ritu sepeliendi mortuos apud veteres christianos et eorundem coemeteriis liber d’Onofrio Panvinio, la Roma sotterranea d’Antonio Bosio, surtout dans sa version latine, Roma subterranea novissima, éditée par l’oratorien Paolo Aringhi (« la meilleure œuvre qui ait jamais vu le jour à ce sujet11 », selon Ponzetti), les Inscriptionum antiquarum quae in aedibus paternis asservantur explicatio de Raffaele Fabretti, les Acta Martyrum du bénédictin Thierry Ruinart, les Osservazioni sopra alcuni frammenti di vasi antichi di vetro ornati di figure trovati nei cimiteri di Roma de Filippo Buonarroti, les Osservazioni sopra i Cimiterj de’santi Martiri ed antichi cristiani di Roma de Marcantonio Boldetti, la Dissertatio et animadversiones ad nuper inventum Severae martyris Epitaphium d’Antonio Maria Lupi, plusieurs œuvres de Giovanni Marangoni (parmi lesquelles les Acta S. Victorini Episcopi Amiterni et Martyris illustrata et Delle cose gentilesche e profane trasportate ad uso, e adornamento delle Chiese), les Sculture e pitture sagre estratte dai cimiterj di Roma pubblicate gia dagli autori della Roma sotterranea ed ora nuovamente date in luce colle spiegazioni de Giovanni Gaetano Bottari et le De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione de Prospero Lambertini.
7Après s’être formé à travers ces lectures, le custode devait faire en sorte de visiter tous les cimetières en refermant tous les accès aux galeries trouvés ouverts et en plaçant sur les portes, de manière bien visible, une grande plaque qui interdisait de rouvrir l’accès aux hypogées et d’y pénétrer12. Ponzetti, non sans esprit polémique, souligne souvent avec force que la juridiction des cimetières était exclusivement réservée au cardinal-vicaire, et par conséquent au custode, et que personne d’autre ne pouvait gérer l’extraction des reliques et, par la suite, la conservation et la distribution de ces dernières. Il se référait en particulier au Praefectus Sacrarii Apostolici, le Sacriste du Palais apostolique13, qui tentait depuis longtemps d’interférer avec prépotence dans la gestion de la matière sacrée (Ponzetti définit cette attitude comme « une vraie usurpation faite par connivence, et par inadvertance de la part des Cardinaux-vicaires14 »). L’attaque de Ponzetti à l’encontre de la figure du Sacriste – charge réservée par Alexandre VI aux agostiniens comme un privilège exclusif et assuré à l’époque de Ponzetti par Mons. Giuseppe Bartolomeo Menocchio (« homme ignare de ces matières Sacrées, et peu pratique des choses de Rome », d’après le rédacteur de l’Istruzzione15) faisait référence à un passage peu clair du Bref de 1672 de Clément X, dans lequel on affirmait qu’une part des reliques exhumées dans les cimetières devait être conservée directement par le Sacriste pour le compte du Saint-Père. En profitant de l’ambiguïté de la recommandation de Clément X, qui avait pour conséquence une reconnaissance difficile des autorités respectives en matière de reliques et une passation de pouvoir pas toujours claire et immédiate, le Sacriste institua très vite, comme le custode, sa propre équipe assignée aux exhumations et se dota de modules d’attestation autonomes – tout droit sortis, comme ceux de la custode, des presses de l’Imprimerie apostolique – sur lesquels appliquer son sceau d’authenticité16. Comme on peut facilement l’imaginer, la confusion dut être grande, surtout au début, car en plus, par ailleurs, les équipes de fouilles utilisèrent souvent les mêmes cimetières, véritables gisements inépuisables de sainteté17. Ponzetti souligne donc que seules les reliques délivrées par la custode avec le sceau du cardinal-vicaire devaient être considérées comme authentiques, tandis qu’il fallait considérer comme fausses ou en suspens dans l’attente d’une validation celles qui étaient authentifiées de façon autonome par la Sacristie18.
8Les chapitres xi-xvi de l’Istruzzione rédigée par Ponzetti sont fondamentaux pour retracer dans le détail l’activité du custode et indispensables si l’on veut comprendre la politique de distribution des reliques de cimetières19. Ce dernier souligne en effet de manière analytique, dans de longues pages descriptives, le modus operandi des équipes de fouille engagées sous la direction du custode, les modalités d’extraction et de conservation des ossements et leur distribution par la suite.
Surveiller les travaux – identifier les martyres
9Avant de commencer les véritables opérations de déblaiement des galeries des catacombes, il fallait que le custode rassemble chez lui l’équipe de fouille (généralement composée de 8-10 personnes, mais fixée à 6 hommes par la suite en raison des difficultés économiques croissantes de la Daterie apostolique qui était chargée de leur rémunération20) et leur lise à voix haute l’édit « Contre ceux qui vont dans les Grottes et les cimetières », en insistant sur les peines qu’ils auraient encourues en cas de non observation des règles21. Afin que l’accès aux vignes de la zone où se trouvaient les entrées du cimetière lui soit assuré, chaque membre de l’équipe se voyait remettre par le cardinal-vicaire un permis spécial – une sorte de laissez-passer dans lequel était également garantie l’honnêteté de celui qui le possédait22. Ce permis devait être remis au custode au terme de la campagne annuelle de fouille, pour éviter les abus de la part de son possesseur – qui aurait pu l’utiliser pour un usage personnel à des fins illicites23. Chaque année, les recherches commençaient à l’occasion de la fête des défunts, le 2 novembre, et continuaient jusqu’au jour consacré à Saint Philippe Neri, le 26 mai : durant l’été, en raison du froid qui régnait dans les tréfonds du sous-sol romain, il était absolument impossible de travailler à l’exhumation des reliques24. Le recrutement des membres de l’équipe, dont on peut souvent lire les noms, aujourd’hui encore, sur les parois des catacombes romaines, était réalisé grâce aux signalements des curés, qui devaient se porter garants de la moralité et de la capacité de travail des candidats. En plus d’une moralité irréprochable et de la garantie que les hommes recrutés ne soient ni originaires du même endroit, ni unis par des liens de parenté – ce qui aurait pu donner lieu à des connivences –, la seule condition requise pour entrer en service, étant donné la typologie du travail qui consistait essentiellement en un remblaiement des galeries des hypogées, était d’être jeune et fort25. Les horaires de travail longs et pénibles réalisés dans le contexte aliénant d’un lieu souterrain étaient rémunérés – au début du xviiie siècle – par une paie quotidienne de trente baïoques, tandis que trente-cinq baïoques étaient destinés au Contremaître de l’équipe, seul ouvrier de confiance avec lequel il était opportun que le custode soit quotidiennement en rapport pour obtenir des informations sur le comportement des creuseurs employés dans les hypogées, sur l’état d’avancement des recherches et sur les éventuelles découvertes26.
10Le custode, de son côté, devait se rendre souvent – sans aucun préavis – dans les catacombes où se déroulaient les fouilles pour surveiller le travail des ouvriers27. Il n’était pas peu fréquent, en effet, que les fossoyeurs – délaissant le travail pour lequel ils avaient été embauchés – se consacrent à des activités illicites qui jetaient le discrédit sur la custode. Les possibilités de délinquance, si l’on en croit les affirmations du rédacteur de l’Istruzzione, étaient multiples. Les ouvriers, en effet, pouvaient se mettre d’accord avec des vendeurs de marchandise de contrebande ou avec des antiquaires sans scrupule et leur revendre en cachette les restes d’ossements de martyrs présumés ou différents types d’antiquités (des médailles, des monnaies, des bijoux, des pierres tombales, des lampes à huile, des vases en terre cuite ou en verre, etc.), au point que Ponzetti suggère au lecteur, futur custode, de visiter souvent les boutiques d’antiquaires, les foires et les marchés, ainsi que de contrôler qu’il n’y ait pas, parmi les marchandises exposées à la vente, des objets provenant illégalement des cimetières paléochrétiens28. Le vol d’antiquités n’était cependant pas le seul dommage que pouvaient créer les ouvriers. En effet, ils pouvaient également nuire aux propriétaires des vignes en pillant les récoltes dans les champs et en les revendant. Ou bien, au contraire, ils pouvaient porter préjudice à la custode en se mettant d’accord avec les vignerons et en travaillant dans les champs : ils pouvaient ainsi recevoir une double paie, tant pour les heures supplémentaires dans les champs, sous-traitées par les vignerons, que pour le travail quotidien dans les galeries souterraines. Veiller sur les ouvriers n’était toutefois que l’une des fonctions secondaires du custode. C’était en effet à lui que revenait en premier lieu le devoir ardu de réaliser des rondes et des repérages dans tous les champs des faubourgs de Rome à la recherche de nouvelles galeries de cimetières, ainsi que la tâche extrêmement délicate de tenter de s’accorder avec les propriétaires des vignes pour permettre sans trop de difficultés l’accès éventuel de son équipe de creuseurs aux propriétés privées. Il n’était évidemment pas toujours simple de vaincre les résistances des propriétaires des vignes en dessous desquelles on retrouvait les galeries de cimetières : dans les cas les plus extrêmes, le custode pouvait recourir à la force et en appeler au tribunal du cardinal-vicaire29.
11Surveiller les ouvriers, ratisser la campagne romaine et nouer des liens amicaux avec les propriétaires des champs, leurs administrateurs ou leurs employés (paysans, vignerons, bergers, éleveurs, etc.) n’étaient cependant pas les seuls devoirs dont le custode était appelé à répondre. Le vrai office du custode était de reconnaître dans les sépultures des cimetières les corps des martyrs en les distinguant des défunts ordinaires, mission extrêmement difficile qui demandait de grandes compétences historico-religieuses et une sensibilité dévotionnelle tout à fait particulière. La question, c’est évident, était liée à la reconnaissance d’une série de « signes » que les sépultures devaient posséder et qui avaient été définis au cours de longues décennies de débats par des congrégations spéciales convoquées par les autorités ecclésiastiques, pour être ensuite définitivement approuvés par la Congregatio pro Sacris Ritibus et Caeremoniis30. Le signe le plus certain, outre les inscriptions dans lesquelles apparaissaient des références explicites au martyr, était ce que l’on appelle le « vase de sang », récipient – généralement en verre – dans lequel, d’après la vulgate de l’époque, aurait été recueilli par les fidèles le sang des témoins de la foi juste après le terrible martyre. On a beaucoup écrit – et pas toujours de façon juste – à propos de ces récipients de verre qui, exposés dans la chaux fermant les loculi, décoraient la tombe des défunts communs et ce n’est certainement pas le lieu le plus approprié pour revenir sur ce sujet31. Cela vaut tout juste la peine de rappeler qu’il s’agissait évidemment d’unguentaria et certainement pas de fioles de sang et que leur fréquence dans les trousseaux sépulcraux du Bas-Empire romain – presque toujours dans des contextes d’hypogées « explosées » à l’intérieur des loculi pour des raisons décoratives – est très commune dans les cimetières souterrains romains : ce qui signifie, clairement, que les martyrs présumés reconnus par le custode sur la base de ce signum ne furent pas réellement des martyrs32. La chasse au « vase de sang » guida toujours la main des fossoyeurs et des custodes dans les excavations souterraines : il suffit de lire un bref passage de l’Istruzzione de Ponzetti pour s’en rendre compte facilement. D’après le chanoine romain, en effet, le « vase de sang », en plus d’être enfoncé ou à moitié caché dans la chaux qui refermait les loculi, pouvait aussi se trouver à l’intérieur de la sépulture et il était ainsi opportun d’ouvrir toutes les tombes et de vérifier que le précieux indice y avait été déposé :
« Il arrive parfois que le Vase de Sang n’apparaisse pas, mais soit néanmoins caché dans le mur soigneusement bouché à la chaux, où on le découvre au moyen d’une Observation attentive, d’un léger Effleurement ou Frottement : il est en fait déposé dans le loculus même, avec le Corps, comme il m’est arrivé plusieurs fois de le retrouver, et c’est pourquoi il est nécessaire d’ouvrir même les loculi qui ne présentent pas à l’extérieur le signe du Martyr, parce que souvent celui-ci se trouve à l’intérieur avec le Corps, comme je l’ai dit33. »
12Inutile d’insister, après avoir lu ce passage, sur les gravissimes destructions de cimetières qui furent entreprises entre la moitié du xviiie siècle et la moitié du siècle suivant, précisément à l’initiative de ceux que les institutions avaient appelés à les préserver.
13Seul le custode – et non pas ses ouvriers, comme nous l’avons annoncé plus haut – était responsable de la reconnaissance des signes du martyr et l’ouverture des loculi supposés appartenir à des martyrs ne pouvait advenir qu’en sa présence. Les opérations d’exhumation des restes osseux appartenant à des martyrs prévoyaient une ritualité exacerbée et des attentions spasmodiques. Une fois retirée la pierre tombale qui refermait les loculi – inscription qui devait être transportée chez le custode qui veillait à en reproduire dans un cartulaire spécial le dessin fidèle avant de l’envoyer en donation au musée lapidaire du Vatican34 –, on procédait au prélèvement des ossements. Seul le custode, en présence d’un témoin, qui avait parfois des fonctions notariales, pouvait toucher les reliques sacrées, qu’il se chargeait de déposer dans des boîtes spéciales, soigneusement scellées par la suite, sur lesquelles il notait non seulement les généralités concernant la fouille, mais aussi la topographie anatomique en vue d’une recomposition future35. Avant d’être transférés à la custode, les ossements étaient transportés chez le custode, où ils restaient deux ou trois jours ; ensuite, après avoir enfin rejoint la custode, ils étaient étendus sur de grandes tables, puis traités. Il était avant tout nécessaire que les ossements perdent l’humidité dont ils s’étaient imprégnés des siècles durant, puis – une fois secs – ils étaient libérés des incrustations de terre jusqu’à ce que, propres, mais très fragiles, ils soient immergés et bouillis dans un chaudron rempli de colle qui leur restituait une compacité remarquable. Le séchage advenait ensuite à travers l’exposition à l’air libre sur des grilles en cuivre aménagées sous les arcades de la custode, située à cette période – il est opportun de le rappeler – dans le Séminaire pontifical romain au Palais Saint-Apollinaire. Une fois secs et consolidés, les ossements des corps intégralement retrouvés, pas encore recomposés par régions anatomiques, étaient rangés dans des boîtes et déposés dans des petites pièces différentes, selon leur appartenance à des corps saints portant leur « propre nom » ou des corps saints « baptisés » ; la différence, comme on l’imagine facilement, n’est pas anodine, puisque les martyrs nomine proprio étaient considérablement moins nombreux (on en trouvait moins dans la pratique) et il faut souligner que seul le custode avait accès à ces petites pièces et qu’il était le seul à connaître le patrimoine reliquaire disponible qu’on pouvait mettre sur le marché de la sainteté. Les os fragmentés des corps non intégralement retrouvés – jusqu’aux plus petits éclats – étaient en revanche conservés dans de petites boîtes scellées par le sceau du cardinal-vicaire et déposés dans de grandes armoires à tiroirs disposées le long des couloirs de la custode, prêtes pour être données36.
Une politique distributive
14C’est à ce moment qu’intervient une autre caractéristique particulière de la charge du custode, considérablement importante et délicate : je fais référence aux aspects concernant la politique de distribution des reliques. La marche à suivre, selon Ponzetti, était de ne pas contenter indistinctement toutes les demandes des fidèles, parce que beaucoup de concessions faites pendant les années qui précédèrent son arrivée – surtout celles demandées par les pèlerins – avaient pris la route du commerce. Il fallait donc éviter de concéder des restes osseux aux particuliers et ne satisfaire que les requêtes avancées par des hommes d’Église pour l’érection de nouveaux oratoires ou pour les consécrations d’autels, ou bien par des notables à l’intégrité morale reconnue, qui garantiraient par ailleurs des conditions d’exposition et de vénération des restes sacrés convenables dans des contextes domestiques37. Le custode devait conserver soigneusement dans la custode toutes les demandes présentées au cardinal-vicaire – qui était le seul à pouvoir accorder de façon formelle la licence pour la concession des reliques – et, une fois obtenu de la part de ce dernier un avis positif sur les assignations, il devait inscrire dans un registre toutes les reliques données, après avoir rempli le certificat d’authenticité correspondant38.
15On ne pouvait évidemment pas vendre les reliques, sous peine de s’exposer au délit de simonie, mais ceux qui en faisaient la demande et entraient en possession de reliques allaient à l’encontre d’une longue série de dépenses, qui comprenaient les honoraires notariaux, l’offrande à la custode pour l’obtention du corps et le remboursement des frais engagés pour l’exhumation et la préparation des restes sacrés. Dans certains cas, comme en témoigne Ponzetti, un paiement anticipé était demandé sous forme de caution à ceux qui avaient présenté une demande pour l’obtention d’un corps saint de nom propre. Comme l’explique le custode, cela était dû à la rareté de ce genre de découvertes, car on risquait d’occuper les ouvriers pendant des jours dans des activités de fouille sans réussir à obtenir un résultat satisfaisant :
« Quelques Personnages distingués ont ensuite pour habitude de demander au Custode de faire réaliser les Fouilles et les travaux à leurs frais, pour pouvoir obtenir le Corps d’un Saint Martyr de nom propre. Le Custode doit être très prudent dans cette opération, et en avertir également S. E. le Vicaire lorsqu’il estime qu’il peut accéder à cette demande, laquelle ne devrait pas être concédée, sinon à de grands Personnages ou à des ecclésiastiques éminents comme on l’a fait par le passé, cependant il devra exiger que l’on fasse d’abord le dépôt d’argent à utiliser pour ces travaux, parce qu’il pourrait arriver que si, après plusieurs jours de travail, on ne trouve pas de Corps Saints, ils refusent de remettre l’argent nécessaire pour payer les Travaux réalisés par les Ouvriers et qu’en cette circonstance les dépenses occasionnées restent à la charge du Custode39. »
16Une circulation d’argent remarquable se vérifiait encore dans le cas où les fidèles influents – une fois obtenue la concession d’un corps saint – décidaient d’habiller les reliques et de les préparer à une exposition publique : les coûts, dans ce cas, étaient très élevés et il fallait ajouter aux dépenses pour l’exhumation des restes osseux les frais d’installation. Les tissus utilisés pour réaliser les vêtements des martyrs devaient en effet être de valeur considérable – et ils étaient parfois même ornés de pierres précieuses ou brodés de fil d’or –, tout comme les matériaux employés pour la réalisation de la châsse, monumentale boîte en bois, revêtue intérieurement de satin ou de velours et refermée par des plaques de cristal. Afin de simuler un corps réel, les restes osseux étaient disposés, sous le contrôle permanent du custode, par des mains expertes, de préférence des religieux, puisqu’il était opportun d’éviter que des hommes ou des femmes mariés touchent les ossements sacrés en les contaminant avec leurs impuretés. Un masque de cire, simulant souvent le moment culminant et extatique du passage ultra-terrestre, était déposé sur les os de la face. De cire devaient aussi être revêtues les parties anatomiques exposées, mains, bras et pieds, mais la couche de cire devait être très fine afin que les fidèles puissent apercevoir la présence effective de l’os en dessous. Après avoir vérifié que tout fût réalisé dans les règles de l’art et avec l’emploi des matériaux les plus précieux, appropriés à la sacralité des reliques, et après s’être chargé de remplir le certificat d’authenticité dans lequel devait également être transcrite – en plus de la description des vêtements et de la vitrine – l’inscription qui refermait le loculus funéraire retrouvé, le custode fermait hermétiquement la boîte avec le sceau du cardinal-vicaire40. Il est impossible de réaliser un recensement complet et fiable des corps saints habillés remis à la custode, en raison du caractère fragmentaire de la documentation conservée. Cependant, ne serait-ce qu’en effectuant une enquête sur des échantillons, il n’est pas difficile de comprendre que les corps saints en cire envahirent irrésistiblement le marché de la dévotion de l’orbis christianus entre les pontificats de Pie VI et de Pie VII en se diffusant presque partout, du centre de la chrétienté jusqu’aux terres les plus éloignées nouvellement converties. En comparant les corps des saints disséminés dans le monde, presque tous identiques par leur pose et leurs vêtements – et parfois par les châsses (même si, dans certains cas, ces dernières ont été refaites au cours du temps) –, il est possible de comprendre que nous nous trouvons face à une production en série, qu’il ne serait pas excessif de définir « industrielle41 ». Les historiens de l’économie ne se sont pas encore suffisamment penchés sur ce sujet de microhistoire religieuse de l’époque moderne, même s’il ne serait certes pas inapproprié d’enquêter sur les retombées anthropologiques, économiques et sociales de ce monde caché géré par la custode et confié principalement à des couvents, parfois féminins et de clôture, qui fonctionnaient comme de véritables ateliers42 de fabrication de la sainteté martyrielle43.
17Selon Ponzetti, l’autre spécialité en matière de reliques réservée aux couvents féminins de clôture était de réaliser avec les plus petits fragments d’os – c’est-à-dire la poudre, ou presque, des corps – des objets à mi-chemin entre la dévotion et l’art :
« On distribue également les poudres d’Os Sacrés, qui sont mis de côté et conservés par le Custode, et on les cède aux sœurs qui en font la demande, à Rome et aussi en dehors de Rome, en particulier les Sœurs Capucines, qui en font une pâte avec laquelle elles forment des médaillons où elles peignent l’Image de Jésus Christ de la Très-Sainte Marie et celles d’autres Saints44. »
18Il s’agit de toute évidence de ce que l’on nomme la « pâte de reliques », produite dès les dernières décennies du xviie siècle dans les couvents romains et obtenue à partir de l’union des os récupérés dans les catacombes, finement écrasés, avec un liant naturel, le plus souvent de la caséine. Le composé « pâteux » ainsi obtenu était versé dans des moules afin de créer des figurines ou des reliefs avec des images et des scènes sacrées en série qui étaient ensuite peintes et parfois ornées de mica ou de morceaux de verre brillants, puis vendues comme objets d’art et de dévotion45.
19Ces politiques de distribution effrénée, justifiées par la tentative de répondre aux demandes en croissance constante du marché, marquèrent en quelque sorte le déclin de la figure du custode. La frénésie de découvrir des reliques à tout prix – générée et amplifiée par les entrées économiques – conduisit progressivement les cimetières paléochrétiens à la ruine et à la désolation. Les creuseurs, bras armé des custodes, laissèrent ainsi derrière eux des kilomètres de galeries vides et détruites. La dévastation des lieux les plus sacrés du christianisme primitif, des lieux dans lesquels, selon une vision romantique, même la terre que l’on foulait était imbibée du sang des martyrs, et les commerces vils qui se jouaient autour des restes osseux, suscitèrent vers 1840 l’indignation du jésuite de Tolmezzo P. Giuseppe Marchi46, maître de Giovanni Battista de Rossi. Il dénonça en effet sans ambages dans une épître au cardinal secrétaire d’État Luigi Lambruschini le délabrement des anciennes galeries, les commerces douteux qui gravitaient autour des reliques et la profonde ignorance de ceux qui étaient appelés à conserver les antiquités funéraires chrétiennes47. Selon P. Marchi, un simple expédient comme la lecture et l’interprétation d’une inscription latine et d’une inscription grecque aurait suffi à démontrer publiquement l’ignorance des custodes et des Sacristes du Palais apostolique48. Par ailleurs, il aurait été simple, comme l’indique encore ce jésuite érudit dans un autre manuscrit, de pouvoir montrer au Saint-Père les modalités de réalisation des fausses reliques, créées dans un second temps par les custodes par avidité ; la confrontation entre les registres des découvertes et ceux des cessions des reliques aurait suffi pour comprendre que souvent la promotion du status martyriel d’un corps saint advenait par pur calcul49.
20Les sollicitations incessantes adressées par le jésuite aux autorités ecclésiastiques convainquirent bientôt le pape Grégoire XVI, au début de l’année 1842, d’instituer précisément pour P. Marchi la charge de « Conservateur des cimetières sacrés50 ». Le jésuite de Tolmezzo commença bientôt à exercer ses fonctions avec rigueur et sévérité, ne manquant pas d’attirer sur lui l’envie et la haine du custode et du sacriste, qui voyaient ainsi leur sphère d’action compromise, ainsi que, par conséquent, les gains provenant des exhumations. L’œuvre de tutelle des anciens cimetières chrétiens qu’il entreprit ne s’arrêta pas à la mort de Grégoire XVI, mais se consolida encore plus au cours du pontificat de Pie IX. Il était désormais temps que le Saint-Père, accueillant la proposition formulée par P. Marchi lui-même et par Mons. Vincenzo Tizzani51, qui avait déjà recouvert la charge de l’épiscopat à Terni, instituât, le 5 juillet 1851 – en la ratifiant ensuite officiellement le 6 janvier 1852 – la « Commission d’Archéologie Sacrée », organe pontifical préposé de manière définitive à la tutelle des antiquités chrétiennes52. Par volonté de Pie IX, les aides économiques réservées auparavant au custode et au Sacriste furent dévolues à la nouvelle Commission, marquant ainsi l’arrêt de la pratique de l’exhumation des corps saints dans les cimetières (soit dit en passant, le registre des exhumations s’interrompt en 1851, ce qui confirme la présente reconstruction des faits). Les deux différentes équipes de fossoyeurs, celle du custode et celle du Sacriste, fusionnèrent en une seule équipe employée uniquement pour les fouilles, la recherche et la documentation des anciennes galeries de cimetières. La figure du custode, tout comme celle du Sacriste, ne fut pas immédiatement abolie, mais l’interruption progressive de la recherche systématique des corps des martyrs la priva d’une grande partie des tâches pour lesquelles elle avait été instituée53. Ainsi prenait fin, à cent-quatre-vingts ans de distance de la Bulle de Clément X, l’activité et le pouvoir des custodes. Custodes seulement de nom, parce que dans les faits – exceptés quelques cas isolés – ils ne firent qu’infliger des dommages très graves aux cimetières hypogés de la communauté chrétienne primitive de Rome, des lieux sacrés – comme put les définir Léon XIII – qu’il fallait considérer comme le « berceau et les archives de l’Église Catholique54 ».
Notes de bas de page
1On peut lire le texte du Bref de Clément X dans Bullarium Romanum seu novissima et accuratissima collectio Apostolicarum Constitutionum. Ex autographis, quae in Secretiori Vaticano, aliisque Sedis Apostolicae Scriniis asservantur. Cum Rubricis, Summariis, Scholiis, & Indice quadruplici, tomus septimus, Complectens Constitutiones a Clemente X. editas, Romae, Typis, et Expensis Hieronymi Mainardi in Platea Montis Citatorii, 1733, XCII : Diversae Ordinationes circa extractionem Reliquiarum ex Coemeteriis Urbis, & Locorum circumvicinorum, illarumque custodiam, & distributionem, p. 161-162.
2L’œuvre, conservée à l’état de manuscrit auprès des Archives historiques du vicariat de Rome, a été republiée récemment avec les notes exhaustives de Domenico Rocciolo ; voir Della giurisdittione e prerogative del Vicario di Roma. Opera del canonico Nicolò Antonio Cuggiò segretario del tribunale di Sua Eminenza, Rome, Carocci, 2004 (le chapitre sur les reliques se trouve p. 112-118). À propos de Cuggiò, secrétaire du tribunal du vicariat de Rome de 1700 à 1739, on peut consulter les informations données par Rocciolo dans son introduction au volume (p. 15-24).
3On peut consulter à son sujet la notice actualisée, détaillée et dotée d’une riche bibliographie de Heid Stefan, s. v. Marco Antonio Boldetti, in Stefan Heid et Martin Dennert (dir.), Personenlexikon zur Christlichen Archäologie. Forscher und Persönlichkeiten vom 16. bis 21. Jahrhundert, I-II, Regensburg, Schnell & Steiner, 2012, I, p. 201-203.
4C’est Giovanni Marangoni qui relata l’incendie en détail (on peut consulter à son sujet la notice de Stefan Heid, s. v. Giovanni Gaetano Marangoni, in Personenlexikon zur Christlichen Archäologie, op. cit., II, p. 862-863), successeur de Boldetti dans la charge de custode : voir Acta S. Victorini Episcopi Amiterni et Martyris illustrata, Romae, Apud Joannem Mariam Salvioni Typographum Vaticanum, 1740, p. x, xi, xv, 173. La nouvelle est également rapportée par Giacinto Ponzetti (à son sujet, voir infra note 6) dans un long passage tiré d’un manuscrit inédit conservé auprès des Archives historiques du vicariat de Rome, Fondo reliquie, 84, Regestum Primum Corpora et Reliquiae Ss. Mm. quae conceduntur a Custode ab anno MDCCXXXVII ad annum MDCCLIV, f. XIV-XX.
5Ces faits ont été reconstruits par Antonio Ferrua, « Le pene di Giacinto Ponzetti », Rivista di Archeologia Cristiana, no 68, 1-2, 1992, p. 175-182. D’autres éléments utiles à la recomposition de cet épisode ont récemment été présentés par M. Ghilardi, « Non fuimus et fuimus Gaetano Marini e le reliquie », in Marco Buonocore (dir.), Gaetano Marini (1742-1815) protagonista della cultura europea. Scritti per il bicentenario della morte, I-II, Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, 2015, p. 1656-1687.
6À propos de Giacinto Ponzetti (1737-1812), custode des reliques et des cimetières de 1801 à 1812, on peut maintenant consulter – outre les brèves notes recueillies par Giuseppe Ferretto, Note storico-bibliografiche di archeologia cristiana, Città del Vaticano, Tipografia Poliglotta Vaticana, 1942, p. 298-299 – la notice, actualisée et plus détaillée, rédigée par S. Heid, s. v. Giacinto Ponzetti, in Personenlexikon zur Christlichen Archäologie, op. cit., II, p. 1033-1034.
7Capo I. Dell’Elezione del Custode, f. XXVII-XXXII.
8À propos de ces édits, je renvoie à M. Ghilardi, « “Auertendo, che per l’osseruanza si caminarà con ogni rigore”. Editti seicenteschi contro l’estrazione delle reliquie dalle catacombe romane », Sanctorum, no 2, 2005, p. 121-137.
9Ponzetti s’attarde longuement sur la question des édits concernant les reliques et les cimetières et consacre à ce thème six chapitres de son traité : Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. XXXII-LXXXIV.
10Capo VIII. Della Cognizione che deve avere il Custode de Sagri Cimiterj, f. LXXXVIII-LXXXXIII (les f. LXXXXIV-CII sont blanches).
11Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. LXXXIX.
12Capo IX. Delle Visite, che deve fare il Custode nei Sacri Cimiterj, f. CIII-CXIII.
13À propos des devoirs du Sacriste, consulter les informations recueillies par Gaetano Moroni, s. v. Sagrista del papa, in Id., Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica da S. Pietro ai nostri giorni, I-CIII, Venise, Tipografia Emiliana, 1840-1861 (auxquels s’ajoutent les six volumes d’index analytiques parus à Venise entre 1878 et il 1879), LIX (1852), p. 171-196. Consulter aussi le tableau scrupuleux proposé par Gabriel Monti, « De Palatii Apostolici Sacrista brevis historia e genuinis documentis desumpta », Analecta Augustiniana, no 16, 1973, p. 233-247 et Id., « Il Sagrista del Palazzo Apostolico. Cenni storici », Bollettino storico agostiniano, no 13, 1937, p. 132-149. En référence, plus particulièrement, à l’entretien des reliques, je me permets de renvoyer à mon étude « Il Sacrista, il pittore e le reliquie. Una lettera inedita di Angelo Rocca, Praefectus Sacrarii Apostolici », Analecta Augustiniana, no 76, 2013, p. 131-150.
14Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CLXXXVIII.
15Ibid., f. CVII.
16On en trouve un témoignage éloquent chez Marcantonio Boldetti, Osservazioni sopra i Cimiterj de’santi Martiri ed antichi cristiani di Roma, aggiuntavi la serie di tutti quelli che fino al presente si sono scoperti, e di altri simili, che in varie parti del mondo si trovano, con riflessioni pratiche sopra il culto delle sagre reliquie, Rome, Presso Gio. Maria Salvioni Stampatore Vaticano nell’Archiginnasio della Sapienza, 1720, p. 257.
17Boldetti affirmait en fait exactement le contraire, c’est-à-dire que les cimetières examinés par les ouvriers du custode des reliques étaient différents de ceux examinés par les ouvriers du Sacriste pontifical (Osservazioni sopra i Cimiterj de’santi Martiri, op. cit., p. 257), mais on peut vérifier sans difficulté en confrontant attentivement les très nombreux certificats d’authenticité délivrés par les custodes ou par les Sacristes conservés auprès des Archives historiques du vicariat de Rome que, la même année, le même cimetière était soumis aux excavations des deux équipes d’ouvriers.
18Capo X. Nota Delle Autentiche delle Reliquie sospese approvata e pubblicata li 28 Decembre MDCCLXIX da Monsig. Domenico Giordani Patriarca di Antiochia, e Vicegerente dell’Emo Cardinal Vicario di Roma, f. CXIII-CXVIII.
19Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CXX-CLXXXIII.
20Ibid., f. CXXII-CXXIII.
21Ibid., f. CXXI.
22Ibid., f. CXXVIII.
23Ibid., f. CXXI-CXXII. Du reste, comme le remarque le rédacteur du l’Istruzzione dans un autre passage du manuscrit (voir ibid., f. CXXX), la restitution du permis était aussi le signe pour le travailleur que l’emploi de Carrier était, pour ainsi dire, « à durée déterminée » et qu’il n’y avait pour l’employeur aucune obligation contractuelle.
24Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CXXVII.
25Ibid., f. CXXX-CXXXI ; voir ibid. CXXXIV.
26Ibid., f. CXLI-CXLII.
27Ibid., f. CXXIII-CXXIV.
28Ibid., f. CXXXIV-CXXXV. Sur le même thème, plus en détail, voir le Capo XVI. Della Cura, che deve avere il Custode, che ne privatamente, ne pubblicamente si vendino, o si tenghino per vendere qualsivoglia sorta di Reliquie, o Agnus Dei benedetti, f. CLXXVIII-CLXXXIII.
29Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CXXV-CXXVII. À propos des compétences du tribunal évoqué par Ponzetti, on peut maintenant consulter l’étude de Domenico Rocciolo, « Competenze, struttura e procedure del tribunale del Cardinale Vicario (secc. xvi-xix) », in Maria Rosa Di Simone (dir.), La giustizia dello Stato pontificio in età moderna, Atti del convegno di studi, Rome 9-10 aprile 2010, Rome, Viella, 2011, p. 69-84 (en particulier p. 70 pour les reliques).
30Je me permets à ce sujet de renvoyer à M. Ghilardi, « Quae signa erant illa, quibus putabant esse significativa Martyrii ? Note sul riconoscimento ed autenticazione delle reliquie delle catacombe romane nella prima età moderna », Mélanges de l’École française de Rome-Italie et Méditerranée, no 122, 1, 2010, p. 81-106.
31À ce sujet l’ouvrage de référence est aujourd’hui encore Sulla questione del vaso di sangue. Memoria inedita di Giovanni Battista de Rossi con introduzione storica e appendici di documenti inediti del P. Antonio Ferrua S. I., Città del Vaticano, Pontificio Istituto di Archeologia Cristiana, 1944. Pour cette question je renvoie à la synthèse de M. Ghilardi, Sanguine tumulus madet Devozione al sangue dei martiri delle catacombe nella prima età moderna, Rome, Aracne, 2008.
32Voir Umberto Maria Fasola, « Il culto del sangue dei martiri nella Chiesa primitiva e deviazioni devozionistiche nell’epoca della riscoperta delle catacombe », in Francesco Vattioni (dir.), Sangue e antropologia nella letteratura cristiana, Atti della settimana di studi del Centro Studi Sanguis Christi, Rome 29 novembre-4 dicembre 1982, I-III, Rome, Edizioni Pia Unione Preziosissimo Sangue, 1983, III, p. 1473-1489.
33Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CXXV.
34Ibid., f. CXXXII-CXXXIII. Pour plus de détails au sujet des inscriptions retrouvées dans les déblais des cimetières, on peut consulter le Capo XII. Delle Lapidi, e Delle Iscrizioni che si trovano nei Sacri Cimiterj, f. CXLV-CXLIX.
35Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CXXXVIII-CXXXIX.
36Ibid., f. CXLIX-CLII.
37À ces thématiques délicates est entièrement consacré le Capo XIV. Della Donazione dei Corpi de SS. MM., f. CLII-CLXVII. D’autres informations apparaissent aux f. CLXXIV-CLXXVII.
38Il s’agit de volumes – véritables mines d’informations – conservés aujourd’hui encore auprès des Archives historiques du vicariat de Rome et déjà analysés en partie par les spécialistes : je pense par exemple à l’essai pionnier et à ce jour inégalé de Philippe Boutry, « Les saints des Catacombes. Itinéraires français d’une piété ultramontaine (1800-1881) », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge – Temps modernes, no 91, 2, 1979, p. 875-930.
39Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CXLII.
40Ibid., f. CLV-CLVI.
41Sur cet aspect, je me permets de renvoyer aux observations de M. Ghilardi, « Paolino e gli altri martiri. Il culto dei “corpi santi” nella prima età moderna », in Il “Cardinal Montelpare”. Giornata di studi su Gregorio Petrocchini, agostiniano di Montelparo, a quattrocento anni dalla morte (1612-2012), Atti della Giornata di Studi, Montelparo 17 giugno 2012, Teramo, Archivio Diocesano San Benedetto del Tronto, 2013, p. 99-123.
42En français dans le texte.
43On peut trouver quelques éléments sur ce thème dans la contribution de Giuseppe Cantelli, « Pazienza e religiosità vaga e mondana : la confezione delle reliquie nei conventi tra Barocco e Romanticismo », in Ève Borsook et al., Fantasia in convento. Tesori di carta e stucco dal Seicento all’Ottocento, Florence, Cenacolo di Fuligno, 1er novembre 2008 – 6 gennaio 2009, Florence, Polistampa, 2008, p. 15-21. À propos de la « manipulation » des reliques réalisée par les sœurs de clôture spécialisées – « figures de médiations avec l’extra-humain » – voir les réflexions intéressantes de Francesca Sbardella, « “On fait les reliques”. Un sapere nascosto », Sanctorum, no 2, 2005, p. 85-97. Voir aussi Ead, « Produzione e vita di oggetti prodigiosi. Il caso delle reliquie di Françoise d’Amboise », in Francesco Remotti (dir.), Morte e trasformazione dei corpi. Interventi di tanatometamòrfosi, Milan, Bruno Mondadori, 2006, p. 169-182 ; Ead, « Abilità manuale e resti “sacri”. Pratica, creatività e produzione di reliquie », in Gianluca Ligi (dir.), I Saperi del fare : tecniche, abilità, culture, Milan, CUEM, 2007, p. 31-55 ; ou encore Ead, « Secrets de clôture : reliques et production de puissance sacrale (France et Italie contemporaines) », Revue de l’histoire des religions, no 228, 2, 2011, p. 289-305. D’une grande utilité est également l’essai de Ead, Antropologia delle reliquie. Un caso storico, Brescia, Morcelliana, 2007, en particulier p. 139-166.
44Istruzzione sopra l’Officio del Custode, op. cit., f. CLXVI-CLXVII.
45Généralement assimilée et souvent confondue avec les Agnus Dei, la « pâte de reliques » commença à circuler sur le marché de la sainteté vers la fin du xviie siècle. Voir G. Moroni, s. v. Superstizione, in Id., Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, op. cit., LXXI (1855), p. 54-73, en particulier p. 67-70. Pour un tableau typologique complet et détaillé de cette singulière classe de reliques, on renvoie au récent catalogue de l’exposition déjà mentionnée Fantasia in convento. Tesori di carta e stucco, op. cit., passim et en particulier p. 263-265. Voir également ce que propose Barbara Schleicher, Eleonore Roskamp-Klein et Andrea Rothe, « “Pasta di reliquie” – eine liebenswerte Form der Reliquienverehrung », in Ornella Francisci Osti (dir.), Mosaics of friendship. Studies in art and history for Eve Borsook, Florence, Centro Di, 1999, p. 267-285.
46Voir maintenant à son sujet la notice détaillée, dotée d’une riche bibliographie, rédigée par S. Heid in Personenlexikon zur Christlichen Archäologie, op. cit., II, p. 863-865.
47L’épître de P. Marchi au cardinal Lambruschini est publiée dans Romano Fausti, « Documenti inediti sull’azione innovatrice del P. G. Marchi S. J. († 1860) negli studi di archeologia », Rendiconti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia, s. III, no 19, 1942-1943, p. 105-179 (en particulier p. 132). Une partie significative de la lettre est également publiée dans Id., « G. Marchi S. I. e il rinnovamento dell’Archeologia Cristiana auspici Gregorio XVI e Pio IX », Miscellanea Historiae Pontificiae, no 7, 1943, p. 454-455.
48Voir R. Fausti, « Documenti inediti sull’azione innovatrice del P. G. Marchi », art. cité, p. 132. On peut lire le même passage dans Id., « G. Marchi S. I. e il rinnovamento dell’Archeologia Cristiana », art. cité, p. 455.
49R. Fausti, « Documenti inediti sull’azione innovatrice del P. G. Marchi », art. cité, p. 143.
50Ibid., passim et en particulier p. 120-123. Cf. R. Fausti, « G. Marchi S. I. e il rinnovamento dell’Archeologia Cristiana », art. cité, p. 451 sq.
51À propos de la vie et des œuvres de Tizzani, on peut maintenant consulter la reconstruction extrêmement détaillée et développée de Giuseppe Maria Croce, Vincenzo Tizzani. Effemeridi romane, Volume primo, 1828-1860, Rome, Gangemi, 2015, partic. p. xxv-cdlxxi. En ce qui concerne exclusivement les intérêts archéologiques de Tizzani, uni comme on le sait par d’étroits liens d’amitié à Giuseppe Gioachino Belli, je me permets de renvoyer à M. Ghilardi, « Giuseppe Gioachino Belli, mons. Vincenzo Tizzani e l’archeologia cristiana », in Ilde Consales et Gabriele Scalessa (dir.), Belli e l’archeologia, Atti delle giornate di studio, Rome 4-5 dicembre 2009, Rome, Aracne, 2011, p. 29-53.
52Voir A. Ferrua, « I primordi della Commissione di Archeologia Sacra 1851-1852 », Archivio della Società Romana di Storia Patria, no 91, 1968, p. 251-278. On peut voir également la synthèse Id., « La Pont. Commissione di Archeologia Sacra », in Guglielmo Matthiae et al. (dir.), Arte, scienza e cultura in Roma cristiana, Bologne, Cappelli, 1971, p. 355-360, et la notice encore plus concise de Raffaella Giuliani, « L’istituzione della Pontificia Commissione di Archeologia Sacra », in Pontificia Commissione di Archeologia Sacra, 1852-2002. Centocinquanta anni di tutela delle catacombe cristiane d’Italia, Città del Vaticano, Pontificia Commissione di Archeologia Sacra, 2002, scheda num. 2.
53Voir A. Ferrua, « I primordi della Commissione di Archeologia Sacra 1851-1852 », art. cité, p. 260-261.
54Voir La Direzione, « Il Sommo Pontefice Leone XIII e gli scavi delle catacombe romane », Nuovo Bullettino di Archeologia Cristiana, no 7, 1901, p. 176-177.
Auteurs
- Melinda Palombi (trad.)
-
Massimiliano Ghilardi
Directeur adjoint de l’Institut national d’études romaines (Istituto Nazionale di Studi Romani) est spécialiste d’histoire et de topographie de Rome dans l’Antiquité tardive ainsi que de la redécouverte de la chrétienté primitive à l’époque moderne. Outre ses contributions à diverses études, il a publié : Sanguine tumulus madet. Devozione al sangue dei martiri delle catacombe nella prima età moderna (Rome, 2008) ; Gli arsenali della Fede. Tre saggi su apologia e propaganda delle catacombe romane (da Gregorio XIII a Pio XI) (Rome, 2006) ; Subterranea civitas. Quattro studi sulle catacombe romane dal Medioevo all’Età Moderna (Rome, 2003).

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