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    Plan détaillé Texte intégral Un marqueur d’identité Révolution et reliques politiques : un combat antiféodal ? Souvenir, repentance et sentiment patriotique : les reliques des comtes de Champagne sous l’Empire Annexe Notes de bas de page Auteur

    Reliques politiques

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    L’union des habitants autour des figures anciennes ?

    Les reliques à Provins pendant la Révolution et l’Empire

    Maxime Hermant

    p. 83-95

    Texte intégral Un marqueur d’identité Les reliques identitaires Le souvenir du faste de l’époque médiévale Révolution et reliques politiques : un combat antiféodal ? Le corps et le cœur de Thibaut V La période révolutionnaire : préservation et profanation Souvenir, repentance et sentiment patriotique : les reliques des comtes de Champagne sous l’Empire L’aigle et le comte : exaltation de l’amour de la patrie Un élan unanime ? Le Palladium de Provins (1814-1815) Annexe Cérémonies de translation de reliques à Provins (1796-1808) Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Aux époques médiévale et moderne, la relique d’un saint ou d’un martyr garantit à l’église dans laquelle elle se trouve un rayonnement spirituel et offre à la localité le passage de nombreux pèlerins favorisant ainsi l’activité économique des alentours. Mais les restes d’autres individus participent également à l’identification des habitants à un lieu. Le monde profane a lui-même fabriqué ses propres reliques. La ville de Provins est marquée par son identité médiévale dont l’éclat rejaillit à l’évocation de son nom. Ces références se concentrent autour d’un événement – les grandes foires des xiie et xiiie siècles – et d’une figure, le comte de Champagne. La chose n’est pas nouvelle. Sous l’Ancien Régime déjà puis sous la Révolution et l’Empire, la présence des restes de certains d’entre eux a permis aux élites de rendre hommage à ces glorieux ancêtres. Les cérémonies organisées à l’occasion ont favorisé l’entente entre les autorités municipales et religieuses et l’unité des habitants autour de figures anciennes marquant ainsi le caractère identitaire de ces restes.

    2En quoi la relique favorise-t-elle l’identification des habitants à un lieu et fabrique-t-elle de l’identité ? Quelle utilisation les Provinois ont-ils fait des restes des comtes de Champagne ?

    Un marqueur d’identité

    3Outre son caractère mystique et sa fonction d’intercession avec le Ciel, la relique justifie la réputation d’un lieu en rappelant par sa présence les origines de sa fondation. Elle témoigne du passé et forme une partie d’un tout désormais révolu.

    Les reliques identitaires

    4À l’image des églises, des couvents et des abbayes, les reliques rappellent le faste de l’époque médiévale. La ville de Provins est divisée en deux parties : le Val et le Châtel. La ville haute, symbolisée par l’église collégiale de Saint-Quiriace, domine le bas, l’église paroissiale et le prieuré bénédictin de Saint-Ayoul. Les reliques des deux saints renvoient à des caractéristiques spécifiques de l’histoire de Provins : d’un côté saint Ayoul, moine martyr dont les restes furent exhumés au xie siècle près d’une chapelle, lieu où se développe ensuite la ville basse1 et, saint Quiriace, évêque de Jérusalem, qui aida Hélène, mère de l’empereur Constantin, à retrouver la croix2. La fondation de la communauté canoniale et la dédicace à l’évêque hiérosolymitain ont précédé l’arrivée des reliques rapportées en 1209 de Constantinople par un croisé provinois, Milon de Breban. La translation du chef de l’évêque martyr a constitué le moment d’apothéose de la collégiale3, l’instant où l’édifice se métamorphose en centre cultuel de premier plan et acquiert toute sa légitimité sur le plan sacré4. Les Provinois de la fin du xviiie siècle ont conservé le souvenir de ces événements et ne manquent pas de les commémorer chaque année5 :

    27 février Fête de l’invention des reliques de saint Ayoul découvertes dans la chapelle de Saint Médard au milieu du bois en 996. Office au prieuré et à l’église de Saint-Ayoul où il y aura salut du Saint Sacrement.
    1er mai Saint-Quiriace évêque de Jérusalem et martyr. Fête patronale de la chapelle et de la paroisse de Saint Quiriace, salut du Saint Sacrement.
    8 juin Saint-Médard, fête patronale de chapelle qui était dans les bois. Office solennel au prieuré de Saint-Ayoul.
    29 juillet Translation du chef de saint-Quiriace. Salut et procession du Saint Sacrement à Saint-Quiriace.

    5Ces célébrations attestent de l’importance de ces reliques pour les habitants. Les fêtes et les processions constituent de véritables moments d’unité du corps urbain et leur exposition rappelle à l’ensemble des fidèles la singularité de leur ville et la sacralité de leurs édifices religieux6. C’est pourquoi à la fin du mois de mai 1791 lors des discussions menées par l’évêque constitutionnel de Seine-et-Marne Pierre Thuin à propos de la nouvelle circonscription paroissiale, les habitants de Saint-Ayoul et de Saint-Quiriace ont exprimé leur volonté de conserver les reliques de leurs patrons7. Le curé et les marguilliers de la paroisse de la ville haute s’étaient déjà tournés vers le district afin de continuer à jouir du chef de leur saint pour l’exposer à la vénération publique le jour de l’octave de la fête8. L’évêque et l’ensemble des autorités locales n’ont pas manqué de souligner ces exigences dans le projet adressé à l’Assemblée nationale qui, après avoir été contrainte de revenir sur un premier décret repoussé par une grande partie de la population9, a voté un nouveau texte. Les députés n’ont pas oublié de préciser que les reliques continueraient à être exposées dans leur église d’origine10. Les mêmes doléances ont été prononcées du côté de Saint-Ayoul à propos de la procession de 1792 :

    « L’intérêt général de la ville de Provins exigeant que les chasses et reliques de St Ayoul soient exposées et presentées publiquement à la devotion des fidels la procession se fera au jour et à la manière accoutumés, sans vouloir admettre aucun changement ny pour la marche, ny pour le lieu de la celebration de la grande messe11. »

    Le souvenir du faste de l’époque médiévale

    6En 1789, les Provinois ont conscience du déclin de leur ville au cours de la période moderne et n’hésitent pas à multiplier les références à l’époque médiévale pour évoquer le faste passé. Ainsi, les doléances des avocats (1er mars 1789) appellent à revigorer le commerce anciennement « considérable et florissant » et soulignent que la ville était peuplée de plus de 60 000 habitants du temps des foires et des comtes de Champagne12. Un projet d’évêché adressé au roi au début de la Révolution13 atteste une fois encore du déclassement de la cité et fait remonter le début des « malheurs » au règne de Charles VI (1380-1422) et au traité de Troyes (1420).

    « Un déficit en amene essentiellement un autre, et de cette manière Provins est tombé de l’etat d’inertie dans la langueur et le deperissement presage de la ruine totale14. »

    7Cette supplique entend se plaindre de la léthargie provinoise « au moment où l’aurore d’une régénération universelle relève toutes nos espérance15 ». Le(s) rédacteur(s) s’appuie (nt) sur le passé de la ville pour étoffer leur demande. Provins était la capitale de la Brie champenoise et cette ancienne qualité suffit à ses habitants pour justifier l’érection d’un diocèse. Le projet d’évêché souligne les grands moments de l’histoire provinoise et rappelle l’action des comtes de Champagne dans le rayonnement de la cité :

    « Nous ne dirons pas que César y tenoit une legion commandée par un officier de marque, et qu’on y voit encore un monument de la résidence de cet empereur ou du cas qu’il faisoit de cette ancienne Cité ; que le grand Clovis après la défaite de Siagrius crut devoir s’en apurer la possession ; qu’au tems de Charlemagne il y avoit une fabrique de Monnoÿe ; que sous ses successeurs au milieu des secousses occasionnées par ceux qui se disputeront les debris de son Empire, la ville de Provins fut toujours pour les uns et pour les autres un objet de convoitise. Il suffit de savoir que sous les deux races des comtes de Brie et de Champagne, la premiere sortie de l’ancienne maison de Vermandois, l’autre de la maison de Blois et Chartres, fut le séjour ordinaire des souverains, qu’ils n’ont rien épargné pour en faire une place respectable, qu’ils y tenoient cour pleniere, qu’on y voit encore les restes de leur palais, que plusieurs y ont choisi leur sépulture et celle de leurs enfants16. »

    8La ville ne manque donc pas de rendre hommage aux comtes de Champagne dont les restes symbolisent son passé glorieux en particulier Thibaut IV le « chansonnier » (Thibaut Ier roi de Navarre) fondateur du couvent des Cordelières du Mont Sainte-Catherine (hôpital général en 1748) et Thibaut V (Thibaut II), gendre de saint Louis et fondateur du couvent des Jacobins17.

    Révolution et reliques politiques : un combat antiféodal ?

    Le corps et le cœur de Thibaut V

    9La volonté de glorifier ces personnages est ancienne. Mort en Sicile à son retour de Terre Sainte en 1270, Thibaut V a exprimé sa volonté de reposer à Provins : son cœur dans l’église des dominicains et ses ossements aux Cordelières près des cendres de son frère Jean et du cœur de son père morts tous les deux en 1253. Le corps de son épouse, Isabelle de France, l’y rejoint l’année suivante. Incendiée par les Anglais au xve siècle, l’église des Cordelières est rebâtie et les cercueils placés sous le chœur derrière le pupitre18. Ce n’est qu’en 1788 lors de travaux pour aplanir et recarreler que les restes sont retrouvés19. Les dépouilles renfermées dans un nouveau cercueil de plomb sont transférées dans un tombeau élevé dans l’embrasure d’une croisée de l’église le 7 mai 1789 lors d’une grande cérémonie à laquelle ont participé le clergé, le corps municipal, les officiers du bailliage et de l’élection20. On loue alors la figure de Thibaut V le défenseur du christianisme, symbole de la lutte contre les « ennemis de la croix » et on invite les vieillards et les infirmes se trouvant dans l’enceinte de l’hôpital général à remercier le ciel de leur avoir donné ce prince « consolateur de [leurs] derniers jours21 ».

    « Procès-verbal des docteurs Guyon, Salmon et Vennevault lors de l’ouverture du cercueil de plomb des “Thibaults” (26 mai 1788).
    – Trois os du front
    – Fragments de crâne de trois têtes
    – 4 vertêbres
    – Des bouts de lombaires
    – Des côtés
    – Une omoplate
    – 6 fémurs : « deux fort longs, deux moyens et deux plus petits »
    – Beaucoup de fragments
    – Un morceau de tissu22. »

    10L’absence de chartrier pour les dominicains rend opaque l’histoire du cœur de Thibaut jusqu’au 28 avril 1647, date à laquelle on procède à l’ouverture du reliquaire pour le transférer dans un cœur de plomb et un monument en pierre23. Bien plus que ses os, c’est son cœur qui est l’objet de toutes les attentions. On peut alors lire sur le cœur de plomb une inscription latine dont voici la traduction :

    « Dans ce cœur de plomb sont renfermé les cendres du cœur du très serennissme et très relligieux Prince Thibault autrefois Roy de Navarre onzième comte de Champagne gendre de Saint Louis Roy des François et fondateur de ce Couvent de Provins lequel mourut le 4 decembre 1270 d’abord mises dans un endroit peu digne d’elles sous les marches de l’eglise elles furent ensuite placées dans cet endroit plus decent et plus honorable le 28 avril 164724. »

    11Une confrérie des Saintes-Larmes – en adoration du Christ pleurant pour les péchés des hommes – avait été fondée dans l’église des frères prêcheurs en 1548. On recensait encore 374 confrères en 176225. Le succès de cette dévotion semblait être due à une méprise car « les bonnes gens de la campagne croyoient que Ste Larme étoit une sainte26 ». En effet, ceux qui avaient des problèmes de vue venaient au couvent des dominicains le jour de la fête pour se laver les yeux dans une petite source (la « source de sainte Larme ») ainsi que pour les frotter sur le globe de cristal qui se trouvait au sommet du monument renfermant le cœur de Thibaut V qu’on croyait être une relique de la prétendue sainte27. Ce n’était donc pas du comte qu’émanait cette dévotion mais du monument lui-même28.

    La période révolutionnaire : préservation et profanation

    12L’attachement des Provinois pour leurs reliques ne s’est pas démenti avec la Révolution. La refonte du paysage paroissial a soulevé de profonds mécontentements et la conservation des reliques saintes dans les églises a constitué une des principales revendications. De plus, les reliques n’ont pas été un objet de défiance pour les autorités centrales. Pour être plus précis, il n’y a jamais eu d’arrêté ordonnant leur destruction y compris en l’an II. Les envois de pierres précieuses, d’or, d’argent et de cuivre à l’hôtel de la Monnaie à Paris qui s’effectuent dès 1789 distinguent la relique de son reliquaire29. Les pauvres de l’hôpital général obtiennent ainsi en 1792 le droit de recueillir les reliquaires en provenance des églises, abbayes et couvents supprimés afin de ne pas soustraire les restes des saints à la dévotion populaire à l’unique condition qu’en soient extraits au préalable les métaux précieux30.

    13En ce qui concerne le cœur de Thibaut, la suppression des communautés religieuses et la nationalisation du couvent des frères prêcheurs conduisent la municipalité à ordonner le 31 janvier 1791 son transfert dans l’église de l’hôpital général pour le réunir aux cendres de son corps31 et aux autres dépouilles de la famille32. Le dimanche 6 février, le cortège accompagne donc « religieusement » le monument jusqu’à l’ancien couvent des Cordelières33. On trouve dans la procession le maire et les officiers municipaux, le chapelain et les religieuses de l’hôpital général. Il n’est pas fait mention du reste du personnel ecclésiastique provinois notamment des quatre curés qui ont prêté unanimement le serment constitutionnel une semaine auparavant tout comme le chapelain de l'hôpital, Nicolas Choiselat. Cette cérémonie s’inscrit à la fois dans la continuité des translations de reliques de l’Ancien Régime et dans les cadres de la société révolutionnaire puisqu’un détachement de la garde nationale participe à l’événement accompagné de son aumônier, Claude Victor Simon, ancien chanoine de Saint-Quiriace. Le procès-verbal ne détaille pas le déroulement de la procession ni même celui de l’office qui a sans aucun doute été célébré à l’arrivée mais on peut toutefois noter à cette occasion une véritable entente entre les autorités civiles et religieuses. Le couvent des Jacobins étant susceptible d’être vendu comme bien national, la municipalité est intervenue pour assurer la conservation du reliquaire de Thibaut en le plaçant sous la surveillance du clergé de l’hôpital général.

    14Au lendemain du 10 août et de la chute de la monarchie, la « déthésaurisation » des églises s’accélère34. Il ne s’agit plus uniquement des objets en provenance des établissements supprimés mais de l’ensemble des églises y compris paroissiales. Des commissaires sont nommés pour procéder à la réquisition de l’argenterie. Certains fidèles prennent les devants face à cette chasse aux reliquaires. Les reliques de saint Ayoul sont ainsi soustraites en novembre 1792 « à la fureur de ceux qui ont enlevé le reliquaire » par un paroissien35. On se rend en l’an II à l’hospice national (ci-devant hôpital général) pour emporter le cercueil de plomb. Les ossements se trouvant à l’intérieur sont alors dispersés et « jetés à la voirie36 ». Mais les religieuses et le chapelain réussissent à sauver et à cacher le cœur. Encore une fois, les silences des sources sont assourdissants. Les seules informations proviennent des documents produits par l’abbé Nicolas Pasques (1744-1840), bibliothécaire et secrétaire de la Société d’agriculture de Provins, à l’occasion de la réinstallation du reliquaire-cœur en 180737 et du récit proposé par Félix Bourquelot dans son Histoire de Provins de 1839-184038. Cet épisode se serait probablement déroulé en janvier 1794 à l’occasion d’un autodafé des titres féodaux dans « la prairie que baigne le canal39 ». Aucun document ne le confirme. Il n’y a pas de destruction d’archives féodales attestée au début de l’année 1794. D’autant plus que les armes, les titres et tous les signes de la féodalité avaient déjà été jetés aux flammes sur la place d’armes lors de la fête de l’Unité et de l’Indivisibilité de la République le 10 août 179340.

    15En l’an III, les Provinois profitent du décret sur la liberté des cultes pour réclamer la réouverture des édifices religieux. Ce retour des fidèles dans les églises s’accompagne de la réapparition des reliques que l’on sort de leur cachette. Ainsi, les ossements de saint Ayoul sont expertisés et authentifiés dès le 22 octobre 1795 permettant au desservant et ancien chanoine de Saint-Quiriace, Nicolas-Pierre Ythier, de descendre dans l’église de la ville basse célébrer la fête de l’invention des reliques le 28 février 1796 comme ce fut le cas jusqu’en 179241. À partir de là, les cérémonies de translation de reliques se poursuivent pendant de nombreuses années. On n’en recense pas moins de 16 entre 1796 et 1808.

    Souvenir, repentance et sentiment patriotique : les reliques des comtes de Champagne sous l’Empire

    16C’est dans ce contexte favorable que les religieuses et le chapelain de l’hôpital général réintègrent le petit monument contenant le cœur de Thibaut V dans leur église en 1807.

    L’aigle et le comte : exaltation de l’amour de la patrie

    17Une fête des saintes reliques est célébrée le 8 octobre 1807. Le clergé de Saint-Ayoul en profite pour exposer la nouvelle châsse de sainte Walburge dont les reliques proviennent du couvent des bénédictines42. Deux jours auparavant, une messe de Requiem avait été chantée dans l’église de l’hôpital général par le chapelain et le clergé provinois assemblé en habit de chœur pour la translation organisée par la Société d’agriculture de la ville. Le mausolée avait été ouvert afin de procéder à l’examen du cœur43. Le monument ne se suffit donc pas à lui-même. La présence des restes doit être attestée.

    18L’autel avait été recouvert d’un drap noir pour le repos de l’âme des anciens comtes mais également pour expier la profanation de leurs tombeaux pendant la Révolution. Le souvenir se mêle donc à la repentance. Le matin, les autorités civiles se sont réunies dans la salle du conseil municipal pour se rendre en procession dans l’ancien couvent des Cordelières. Sur son itinéraire, le cortège fait étape à l’hôtel de la sous-préfecture où Nicolas Pasques exalte « l’amour de la patrie44 ». Son discours loue la mémoire du comte dont le cœur est « le seul gage qui reste des dépouilles mortelles des souverains, comtes de Brie et de Champagne, [les] bienfaiteurs et les fondateurs de tant d’églises, d’abbayes, de couvens [sic], de paroisses45 ». Il rappelle que les Provinois ont toujours rendu hommage à leurs anciennes gloires par des fondations et des cérémonies célébrant le faste passé. À l’image de Pasques, le chapelain Choiselat prêche du haut de sa chaire le patriotisme d’un tel moment et remercie Dieu d’avoir dans sa miséricorde accordé à la France « Napoléon le Grand pour réparer les malheurs en l’élevant au comble de la postérité et de la gloire ». Il célèbre le retour de la paix et pourfend l’épisode révolutionnaire.

    « De là, ces révolutions terribles des empires, qui semblables à des volcans ou à des feux souterrains qui menacent d’engloutir une partie du globe, ébranlent les fondements des anciennes constitutions, renversent les trônes, changent les dynasties et laissent enfin l’ordre politique se fixer de nouveau, comme on voit dans l’ordre naturel la mer reprendre son niveau après le soulèvement des flots dans une affreuse tempête. La tranquillité renait dans l’état, dans l’Église, dans les consciences. La France sans autel et sans Roy, déjà désignée comme la proie des puissances voisines. Le Ciel lui réserve [plusieurs lignes ont été rayées] sous ses pas l’épouvantable abyme ou nous avons vu s’engloutir tant de crimes, tant de larmes, tant de victimes, tant de malheurs46. »

    19Cet hommage à Napoléon s’exprime également dans une romance écrite pour l’occasion :

    Quand la mort barbare, inhumaine,
    De Louis la trame trancha
    Thibaut lui survécut à peine
    Tant cette perte le toucha.

    Ce cœur est le précieux reste
    De nos illustres bienfaiteurs,
    Que la postérité déteste
    Leurs indignes prophanateurs !

    Pour notre ville quelle gloire !
    Pour ses magistrats quel honneur !
    De venger ainsi leur mémoire,
    En honorant ce noble cœur.

    Un attachement plein de zèle,
    Pour leurs rois et leur souverain,
    Est l’ habitude naturelle
    Des bons habitants de Provins.

    Tes vertus qu’on ne peut décrire,
    Auguste et grand Napoléon,
    Le sont dans leur cœur un Empire
    Aussi durable que ton nom47.

    20Plus largement, ces vers rapprochent l’empereur des anciennes familles royales et comtales. Le cœur de Thibaut V ne constitue plus désormais qu’un simple témoignage du passé glorieux de la cité provinoise et offre aux habitants et aux autorités l’occasion de réparer les fautes des années passées et d’exprimer leur attachement au régime impérial.

    Un élan unanime ?

    21L’administration et le clergé profitent de cette cérémonie pour célébrer la figure de Napoléon. La chose n’est pas étonnante puisque le contexte des années 1806-1807 favorise ce type de comportement. En effet, Napoléon a adopté une politique de sacralisation de l’Empire et de sa personne. La Saint-Napoléon est instaurée le 15 août (décret du 19 février 1806)48. La date n’est pas anodine puisqu’elle célèbre, outre l’Assomption, la naissance de l’Empereur et la conclusion du concordat de 1801. Le projet vise à instaurer une véritable monarchie chrétienne en rapprochant Napoléon des dynasties royales précédentes afin de lui conférer une pleine légitimité que le sacre n’avait pas réussi à lui assurer49. Ainsi, l’abbatiale de Saint-Denis est consacrée à la sépulture des empereurs le 20 février 180650. Il est peu probable qu’un élan unanime ait parcouru la population provinoise car le 31 juillet, le curé fait part à l’évêque, Louis Mathias de Barral, de son refus de déplacer la sainte Vierge au profit de saint Napoléon51.

    22Du côté de l’Empereur justement, la restauration du cœur de Thibaut V est la source d’un profond mécontentement. Le Journal de l’Empire dans son numéro du 13 octobre 1807 critique l’attitude de la Société d’agriculture – qualifiée alors d’« académie » – qui s’est adressée à la préfecture comme s’il ne s’agissait que d’une vulgaire affaire administrative. Le préfet, Eugène Lagarde, n’est pas épargné. On lui reproche d’avoir outrepassé ses compétences en autorisant cette célébration : « Nous pensions que l’autorité des préfets, nous dit le journal, se bornait à l’exécution des lois et des décrets de l’Empereur, qui leur sont envoyés par ses ministres52. »

    23Plusieurs coupures de journaux conservées dans un dossier au fonds ancien de la bibliothèque de Provins évoquent le courroux de l’Empereur qui serait entré « dans la colère du Père Duchesne » à l’annonce des événements et aurait dit à son ministre de l’Intérieur : « Voilà comme on détourne de l’autorité régnante l’amour du peuple pour le reporter à de vieilles dynasties53. » Les propos rapportés sont toujours difficiles à vérifier mais l’évocation de la procession provinoise dans plusieurs feuilles de presse atteste bien de l’hostilité de l’État. Toutefois, la réaction de Napoléon est difficile à analyser car elle entre en contradiction avec le dessein de sacralisation et de rapprochement avec les temps anciens. Il faut éventuellement regarder du côté de la volonté de réduire le nombre de fêtes religieuses. L’indult apostolique du 2 avril 1802 a maintenu un petit nombre de célébrations obligatoires : Pâques, la Nativité, l’Ascension, l’Assomption et la Toussaint. Les autres ont été transférés au dimanche le plus proche voire supprimées. L’objectif était alors de faciliter le quotidien des habitants en réduisant les jours chômés. Les autorités ont pu voir dans la restauration du cœur de Thibaut V la création d’une nouvelle fête que la législation consulaire et impériale n’avait pas prévu.

    Le Palladium de Provins (1814-1815)

    24La Société d’agriculture a cru préférable de laisser l’affaire s’assoupir en n’envoyant pas la réponse qu’elle avait rédigée54. La situation n’évolue donc plus du moins pour ce qui est du cœur du comte car ses os, ceux de sa femme Isabelle et du prince Jean sont miraculeusement découverts en 1814. Nicolas Pasques, encore lui, est au cœur de cette entreprise55. La rumeur s’était répandue dans la ville que les reliques de l’hôpital général et les ossements des Thibaut avaient été emportés et jetés dans le canal de la congrégation en janvier 1794 par Maurice Nicolas Isaac Le Lorgne, ancien sonneur de l’église paroissiale de Sainte-Croix et commissaire chargé de la collecte des métaux en l’an II. Le canal est mis à sec en octobre 1813 mais la fouille s’est avérée infructueuse. En revanche, des ossements ont été découverts sur le bord. Le conservateur du canal procède alors à leur expertise. On pensait que ces os avaient été pris dans les cimetières de la ville par un marchand de poisson qu’on accusait de polluer l’eau du canal pour dégoûter les habitants d’acheter le poisson qui s’y trouvait. Mais les résultats de l’expertise interpellent Pasques qui se met à prospecter dans les semaines et les mois qui suivent. Ces restes appartiennent en effet à trois individus : un homme, une femme et un enfant. Les commissaires qui étaient chargés du prélèvement du cercueil de plomb en l’an II avouent n’être au courant de rien. Il faut attendre le témoignage de l’ancien sonneur sur son lit de mort pour que l’affaire s’éclaire. Il reconnaît en effet avoir jeté les restes sur les berges du canal vingt ans auparavant56. Les ossements aperçus lors de la pêche à l’automne précédent étaient bien ceux de la famille comtale, c’est ce que Nicolas Pasques affirme en tout cas. La nouvelle fouille fait sortir de terre un fémur entier, un tibia en deux morceaux et la moitié d’un humérus57. La redécouverte de ces précieux restes ne s’accompagne pas du même cérémonial qu’en 1807. Le souvenir du mécontentement impérial est certainement encore présent dans les esprits mais surtout le contexte ne s’y prête guère. En 1814, le temps présent prévaut sur le souvenir du passé car Provins était une ville de casernement pour les troupes françaises et étrangères58. Les morts et la multiplication des soldats blessés et soignés dans les hôpitaux et les églises transformés en hospices de fortune ont favorisé les épidémies59. On recense 431 décès – habitants et soldats – de janvier à avril 181460.

    25La fin des hostilités est marquée par la procession annuelle de Saint-Ayoul avec la translation des reliques. Aucune référence n’est faite aux comtes de Champagne. Ces restes ne revêtent donc plus pour les Provinois une importance de premier ordre. C’est pourquoi Pasques peut les conserver chez lui sans que cela ne lui soit reproché. Comme tous les habitants, il a été soumis à l’obligation de loger des soldats. En janvier 1814, il accueille jusqu’à 20 militaires à la fois61. Mais il semble ne pas avoir subi de maltraitance et loue même l’honnêteté et la bonne tenue des gens de guerre ayant pris le couvert et le gîte dans sa « petite maison ». Son récit ne se borne pas à Provins puisqu’il évoque les localités voisines « pillées, dévastées, incendiées62 ». Il va même jusqu’à se demander si les ossements retirés de la « fange » n’avaient pas été le Palladium de la ville en l’épargnant des calamités dont les villages alentour avaient été les victimes63. Il fait de Thibaut V et d’Isabelle les dieux tutélaires de la cité et les protecteurs de sa maison :

    « En voici la raison : les ossemens de Thibaut V et de son épouse étoient enfermés respectueusement dans une armoire de mon salon. Lorsque Provins regorgeoit de troupes, tant des armées françaises que des alliés, j’eus à loger jusqu’à 12-20-26 militaires à la fois tant officiers que soldats, dans ma petite maison.
    Dans toutes les autres, on se faisoit ouvrir tous les appartemens ; jamais on ne me demanda d’ouvrir ces portes à deux battans, quoiqu’elles donnassent dans la salle à manger où tous les militaires passoient et les voyoient.
    La dent de Thibaut et la poussière de son cœur étoient enfermées dans le secrétaire de ma chambre ; jamais aucun officier ni soldat n’y entra ni me demanda d’y entrer, quoique la porte restât souvent ouverte.
    Les soldats couchoient, sans murmurer, sur la paille dans les greniers, et les officiers, sur des mattelats dans les corridors. Plusieurs Provinois et Provinoises furent insultés, frappés, maltraités ; tous les militaires que j’ai logés n’ont eu pour moi et ma maison que des attentions, je pourrois même dire du respect. Il est vrai que je leur donnois tout ce qui leur étoit nécessaire64. »

    26Ces reliques conservées chez Pasques appartiennent au monde profane. Désormais, ces croyances autour des ossements du comte et de la comtesse se développent dans l’intimité de l’ancien ecclésiastique qui n’a pas cherché à les offrir à la vénération de la population ni même à en tirer un quelconque prestige. La dévotion qui en ressort s’éloigne des pratiques traditionnelles définies par le catholicisme mais conserve toutefois une part de surnaturel. Pasques ne fait pas de ces reliques de simples objets de collection conservés dans une vitrine et continue à leur accorder une essence spirituelle en reconnaissant une part de crédulité :

    « Mon opinion sur la protection de mes reliques est peut-être d’un homme faible et à préjugés ; mais rien n’a pu me guérir de ma faiblesse ; et le petit monument que je viens d’établir est pour moi, le plus précieux meuble de ma maison ; il me tient lieu des Dieux-Lares des mythologistes65. »

    27Source de conflit lors de la redéfinition des limites paroissiales au début de la Révolution les reliques n’ont pourtant pas été une cible pour les pouvoirs révolutionnaires des années 1792-1794. En dehors des reliques saintes dont la translation participe à la mise en ordre de l’espace urbain sous l’Ancien Régime, les autorités civiles et religieuses ont su utiliser les restes des comtes de Champagne pour unir les habitants dans un sentiment commun. Ces reliques prolongent le souvenir d’un passé révolu et leur évocation appuie le désir de renouveau sous l’Empire. La cérémonie pour le cœur de Thibaut V célèbre Napoléon tandis que lors de la campagne de France Nicolas Pasques a vu dans les os du comte et de sa femme une intercession protectrice avec le ciel. L’objet lui-même nous l’avons vu a été déplacé et a subi les vicissitudes du temps. Sous la Restauration, on procède à de nouvelles recherches dans le canal asséché pour l’occasion. Une nouvelle fois, les fouilles sont inutiles. Pasques place les reliques en 1819 dans une châsse noire et dorée. L’inscription « Urbis Palladium » traduit sa conviction de leur pouvoir protecteur tout en reconnaissant ne pas voir en elles des restes de saints. Le reliquaire n’est plus un objet de dévotion après sa mort. Il devient la propriété de la famille Michelin qui en fait don en 1913 à la Société d’histoire et d’archéologie de Provins66. L’objet se trouve à présent au premier étage du musée de la ville. De nos jours, les comtes de Champagne appartiennent au passé et on ne prétend plus leur accorder une quelconque influence sur la destinée des Provinois. Pourtant leur souvenir est constamment entretenu, en témoigne l’affluence aux fêtes médiévales (45 000 visiteurs en 2013) et le thème du spectacle de son et lumière de 2015 : l’évocation du Moyen Âge provinois à travers entre autres la figure du comte de Champagne, Thibaut IV le Chansonnier.

    Annexe

    Cérémonies de translation de reliques à Provins (1796-1808)

    Dates Saint(e)s Reliques Lieux
    28 février 1796 Ayoul crâne Saint-Ayoul
    30 avril 1797 Quiriace crâne Saint-Quiriace
    27 mai 1798 Pacel une dent Saint-Quiriace
    Denis un ossement Saint-Quiriace
    César martyr un ossement Saint-Quiriace
    Marie-Madeleine un ossement Saint-Quiriace
    Sainte-Catherine un os de la jambe Saint-Quiriace
    Étienne Saint-Quiriace
    29 octobre 1802 Walburge crâne et ossements Saint-Ayoul
    7 février 1804 Anne Os, reliques diverses Saint-Quriace
    6 octobre 1807 Thibaut v cœur Hôpital général
    8 octobre 1807 Fête des saintes reliques Saint-Quiriace
    Incarnation de la Vierge Marie Saint-Quiriace
    « Sainte Relique » un petit ossement Saint-Quiriace
    12 juillet 1808 Mansuet 4 ossements Saint-Quiriace
    Victor Saint-Quiriace
    Paul Saint-Quiriace

    Notes de bas de page

    1François Verdier, Saint-Ayoul de Provins : un prieuré au temps des foires de Champagne, Langres, D. Guéniot, 2009.

    2Michel Veissière, Une communauté canoniale au Moyen Âge : Saint-Quiriace de Provins (xie-xiiie siècles), Provins, Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins, 1961, p. 120-121.

    3Ibid.

    4Les voyageurs et les historiens provinois de l’époque moderne et du xixe siècle n’ont pas hésité à comparer la ville à Jérusalem. « Provins est une ville, située sur une petite rivière, entre deux montagnes ; qui luy donne beaucoup de ressemblance, à la ville de Jerusalem », Albert Jouvin de Rochefort, Le voyageur d’Europe, où sont les voyages de France, d’Italie et de Malthe, d’Espagne et de Portugal, des Pays Bas, d’Allemagne et de Pologne, d’Angleterre, de Danemark et de Suède, Paris, Claude Barbin, 1672, 3 t., t. 2, p. 923 ; « Provins ressemble, dit-on, à Jérusalem et sa 1re église fut dédiée à St Quiriace évêque de Jerusalem qui aida Ste Hélene à trouver la vraie croix », bibliothèque diocésaine de Meaux, 4511.1818 C, Notes historiques de Allou sur Provins (1818), manuscrit, p. 16.

    5Almanach historique et littéraire de la ville de Provins, capitale de la Brie champenoise, pour l’année mil sept centre quatre-vingt un ; par la Société Patriotique, Provins, Chez les libraires, 1781, « tableau des fêtes et offices des églises de Provins ».

    6Gaël Rideau, « La construction d’un ordre en marche : les processions à Orléans (xviie-xviiie siècles) », in Id. et Pierre Serna (dir.), Ordonner et partager la ville (xviie-xviiie siècles), Rennes, PUR, 2011, p. 137-154.

    7AN, Divbis 104, dossier 2, circonscription paroissiale de Provins, conférence entre l’évêque du département et la municipalité de Provins (28 mai 1791).

    8AD Seine-et-Marne, L 1364, registre des délibérations et des arrêtés du directoire du district de Provins (23 juin 1790-12 mai 1791), fo 231 vo, séance du 28 avril 1791.

    9Les paroissiens de Sainte-Croix, paroisse centrale de Provins, se sont érigés contre la transformation de leur église en oratoire et le maintien du statut paroissial de Saint-Ayoul et de Saint-Quiriace (décret du 5 juillet 1791) AD Seineet-Marne, L 1365, registre des délibérations du district de Provins (14 mai 1791-12 mars 1792), fo 15 vo-21 vo, séance du 28 mai 1791.

    10Archives parlementaires, t. 38, p. 188, séance du 28 février 1792. Le décret du 28 février 1792 a érigé Sainte-Croix au statut de paroisse unique tandis que Saint-Ayoul et Saint-Quiriace ont été conservées comme succursales pour assurer la desserte du culte aux extrémités de la ville. La quatrième paroisse initiale de Saint-Pierre est quant à elle purement supprimée.

    11Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 137, pièces relatives à l’histoire ecclésiastique de Provins, t. 5, fo 159-160, délibération du curé et des marguilliers de Saint-Ayoul (13 mai 1792).

    12Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 176, recueil sur les assemblées préparatoires aux états généraux de 1789 des trois ordres du bailliage de Provins-Montereau, pièce 22, cahier de doléances des avocats.

    13Le document n’est pas daté mais on peut estimer sa rédaction aux premiers moments de la Révolution et notamment à ceux précédant le vote de la Constitution civile du clergé et la réorganisation des diocèses.

    14Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 224, recueil de pièces du xviiie siècle en provenance de Nicolas-Pierre Ythier (doyen de la collégiale de Saint-Quiriace), mémoire au roi pour l’érection d’un évêché à Provins.

    15Ibid.

    16Ibid.

    17AD Seine-et-Marne, 152J7, description du transfert du cœur de Thibaut V (1807), dossier 3, lettre d’Ythier à « Madame veuve Nyon l’aîné, libraire, rue du jardinet, no 1, à Paris », le 9 octobre 1807.

    18Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, notices, discours, vers et pièces justificatives pour le petit monument de Thibaut V et d’Isabelle de France, appartenant à l’abbé Nicolas Pasques, p. 7.

    19Ibid.

    20AD Seine-et-Marne, 152J7.

    21Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, recueil de pièces sur l’histoire civile de Provins, fo 269.

    22Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms 144, fo 251-255, copie du procès-verbal des docteurs Guyon, Salmon et Vennevault lors de l’ouverture du cercueil des « Thibaults » le 26 mai 1788.

    23Xavier Dectot, « Les tombeaux des comtes de Champagne (1151-1284). Un manifeste politique », Bulletin monumental, no 162, 2004, p. 3-62, p. 13

    24Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 249.

    25Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 100, « Histoire de Provins de Pierre Claude Rivot », t. 5, p. 813.

    26Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 336, histoire de Provins manuscrite de Nicolas Pasques (réécrite avant sa mort en 1830), t. 2, p. 256-257.

    27Ibid.

    28Nicolas Pasques souligne que les dominicains n’ont pas hésité à profiter de la situation en alimentant par exemple la source avec l’eau de la rivière lorsque celle-ci s’était tarie. « L’erreur etoit entretenue à cause de petits profits », ibid.

    29Stéphane Baciocchi et Dominique Julia, « Reliques et Révolution française (1789-1804) », in Philippe Boutry, Pierre-Antoine Fabre et Dominique Julia (dir.), Reliques modernes, Paris, EHESS, 2009, vol. 2, p. 483-585, p. 522-523.

    30AD Seine-et-Marne, L 1366, registre des délibérations du district de Provins (15 mars 1792-9 octobre 1792), fo 15, séance du 24 mars 1792.

    31Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 301, extraits des procès-verbaux de la municipalité de Provins (1791-1793), copie du xixe siècle, pièce 2, arrêté de la municipalité du 31 janvier 1791.

    32Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 283.

    33Ibid., fo 249, procès-verbal de la translation du cœur de Thibaut V (dimanche 6 février 1791).

    34S. Baciocchi et D. Julia, « Reliques et Révolution… », art. cité, p. 523.

    35Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 117, supplément à l’histoire du prieuré et de la paroisse de Saint-Ayoul (Nicolas-Pierre Ythier), p. 171-172.

    36Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 8.

    37Ibid.

    38Félix Bourquelot, Histoire de Provins, Provins, Lebeau, 1840, t. 2, p. 346.

    39Ibid. Il s’agit du canal de l’ancienne congrégation.

    40Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 378, pièce 19, « plan de la Fête de l’Union, de l’Unité, & de l’Indivisibilité de la République Française, qui sera célébrée en Commune de Provins, le 10 Août 1793 » ; Extrait du Registre des délibérations du conseil général de la commune de Provins (2 août 1793), Provins, Michelin père, 7 août 1793, 4 p.

    41Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 117, p. 171-172.

    42Archives historiques du diocèse de Meaux, P Provins Saint-Ayoul 1c1, registres de la paroisse de Saint-Ayoul (1806-1819), p. 105-107.

    43Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 9. L’analyse avait été réalisée par trois médecins et un pharmacien.

    44Ibid., p. 33.

    45Ibid.

    46Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 274.

    47Ibid., fo 308-309.

    48Sur la Saint-Napoléon, on se réfèrera notamment à Vincent Petit, « Religion du souverain, souverain de la religion : l’invention de saint Napoléon », Revue historique, no 663, juillet 2012, p. 643-58 et à Bernard Plongeron, Des résistances religieuses à Napoléon (1799-1813), Paris, Letouzey & Ané, 2006, p. 257-278.

    49B. Plongeron, op. cit., p. 257.

    50Jacques-Olivier Boudon, Napoléon et les cultes. Les religions en Europe à l’aube du xixe siècle (1800-1815), Paris, Fayard, 2002, p. 133.

    51Le curé se réfère au martyrologe universel de Cartelain dans lequel la « Saint Neapolis » est célébrée le 2 mai. Archives historiques du diocèse de Meaux, dossier de correspondance « Provins » (1802-1836), lettre de Nicolas-Pierre Ythier à propos de la Saint-Napoléon, 30 juillet 1806.

    52Journal de l’Empire (1805-1815), mardi 13 octobre 1807, p. 2.

    53Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 327.

    54Ibid.

    55Le récit des faits provient en grande partie du dossier constitué par Nicolas Pasques dans les années 1820 à propos du cœur et des os de Thibaut V et conservé au fonds ancien de la bibliothèque de Provins (ms. 196).

    56Maurice Nicolas Isaac Le Lorgne meurt le 12 mars 1814, AD Seine-et-Marne, 6E398/38, registre des décès de la ville de Provins (1814-1815), acte no 251.

    57Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 10-15.

    58Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 337, « Journal de Provins pendant les quatre premiers mois de 1814. Époque de la guerre des alliés pour remettre les Bourbons sur le trône par Mr l’abbé Pasques » suivi du « Journal de Provins pendant l’année 1815 », journal de l’année 1814, p. 29-32 et 65-68.

    59Nicolas Gotteri, La police secrete du Premier Empire. Bulletins quotidiens addressés par Savary à l’Empereur, Paris, Honoré Champion, 2004, t. 6 (juillet 1813-mars 1814), p. 762.

    60AD Seine-et-Marne, 6E398/8.

    61Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 337, journal de 1814, p. 22.

    62Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 15.

    63Ibid.

    64FABP, ms. 196, p. 16.

    65Ibid.

    66Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de l’Arrondissement de Provins, 1913, t. 11, procès-verbal de la séance du 7 avril 1913, p. 17.

    Auteur

    • Maxime Hermant

      Professeur d’histoire-géographie et docteur d’histoire moderne de l’université Paris Nanterre. Sa thèse, réalisée sous la direction de Monique Cottret, a porté sur le fait religieux à Provins pendant la Révolution et l’Empire.

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    1François Verdier, Saint-Ayoul de Provins : un prieuré au temps des foires de Champagne, Langres, D. Guéniot, 2009.

    2Michel Veissière, Une communauté canoniale au Moyen Âge : Saint-Quiriace de Provins (xie-xiiie siècles), Provins, Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Provins, 1961, p. 120-121.

    3Ibid.

    4Les voyageurs et les historiens provinois de l’époque moderne et du xixe siècle n’ont pas hésité à comparer la ville à Jérusalem. « Provins est une ville, située sur une petite rivière, entre deux montagnes ; qui luy donne beaucoup de ressemblance, à la ville de Jerusalem », Albert Jouvin de Rochefort, Le voyageur d’Europe, où sont les voyages de France, d’Italie et de Malthe, d’Espagne et de Portugal, des Pays Bas, d’Allemagne et de Pologne, d’Angleterre, de Danemark et de Suède, Paris, Claude Barbin, 1672, 3 t., t. 2, p. 923 ; « Provins ressemble, dit-on, à Jérusalem et sa 1re église fut dédiée à St Quiriace évêque de Jerusalem qui aida Ste Hélene à trouver la vraie croix », bibliothèque diocésaine de Meaux, 4511.1818 C, Notes historiques de Allou sur Provins (1818), manuscrit, p. 16.

    5Almanach historique et littéraire de la ville de Provins, capitale de la Brie champenoise, pour l’année mil sept centre quatre-vingt un ; par la Société Patriotique, Provins, Chez les libraires, 1781, « tableau des fêtes et offices des églises de Provins ».

    6Gaël Rideau, « La construction d’un ordre en marche : les processions à Orléans (xviie-xviiie siècles) », in Id. et Pierre Serna (dir.), Ordonner et partager la ville (xviie-xviiie siècles), Rennes, PUR, 2011, p. 137-154.

    7AN, Divbis 104, dossier 2, circonscription paroissiale de Provins, conférence entre l’évêque du département et la municipalité de Provins (28 mai 1791).

    8AD Seine-et-Marne, L 1364, registre des délibérations et des arrêtés du directoire du district de Provins (23 juin 1790-12 mai 1791), fo 231 vo, séance du 28 avril 1791.

    9Les paroissiens de Sainte-Croix, paroisse centrale de Provins, se sont érigés contre la transformation de leur église en oratoire et le maintien du statut paroissial de Saint-Ayoul et de Saint-Quiriace (décret du 5 juillet 1791) AD Seineet-Marne, L 1365, registre des délibérations du district de Provins (14 mai 1791-12 mars 1792), fo 15 vo-21 vo, séance du 28 mai 1791.

    10Archives parlementaires, t. 38, p. 188, séance du 28 février 1792. Le décret du 28 février 1792 a érigé Sainte-Croix au statut de paroisse unique tandis que Saint-Ayoul et Saint-Quiriace ont été conservées comme succursales pour assurer la desserte du culte aux extrémités de la ville. La quatrième paroisse initiale de Saint-Pierre est quant à elle purement supprimée.

    11Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 137, pièces relatives à l’histoire ecclésiastique de Provins, t. 5, fo 159-160, délibération du curé et des marguilliers de Saint-Ayoul (13 mai 1792).

    12Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 176, recueil sur les assemblées préparatoires aux états généraux de 1789 des trois ordres du bailliage de Provins-Montereau, pièce 22, cahier de doléances des avocats.

    13Le document n’est pas daté mais on peut estimer sa rédaction aux premiers moments de la Révolution et notamment à ceux précédant le vote de la Constitution civile du clergé et la réorganisation des diocèses.

    14Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 224, recueil de pièces du xviiie siècle en provenance de Nicolas-Pierre Ythier (doyen de la collégiale de Saint-Quiriace), mémoire au roi pour l’érection d’un évêché à Provins.

    15Ibid.

    16Ibid.

    17AD Seine-et-Marne, 152J7, description du transfert du cœur de Thibaut V (1807), dossier 3, lettre d’Ythier à « Madame veuve Nyon l’aîné, libraire, rue du jardinet, no 1, à Paris », le 9 octobre 1807.

    18Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, notices, discours, vers et pièces justificatives pour le petit monument de Thibaut V et d’Isabelle de France, appartenant à l’abbé Nicolas Pasques, p. 7.

    19Ibid.

    20AD Seine-et-Marne, 152J7.

    21Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, recueil de pièces sur l’histoire civile de Provins, fo 269.

    22Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms 144, fo 251-255, copie du procès-verbal des docteurs Guyon, Salmon et Vennevault lors de l’ouverture du cercueil des « Thibaults » le 26 mai 1788.

    23Xavier Dectot, « Les tombeaux des comtes de Champagne (1151-1284). Un manifeste politique », Bulletin monumental, no 162, 2004, p. 3-62, p. 13

    24Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 249.

    25Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 100, « Histoire de Provins de Pierre Claude Rivot », t. 5, p. 813.

    26Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 336, histoire de Provins manuscrite de Nicolas Pasques (réécrite avant sa mort en 1830), t. 2, p. 256-257.

    27Ibid.

    28Nicolas Pasques souligne que les dominicains n’ont pas hésité à profiter de la situation en alimentant par exemple la source avec l’eau de la rivière lorsque celle-ci s’était tarie. « L’erreur etoit entretenue à cause de petits profits », ibid.

    29Stéphane Baciocchi et Dominique Julia, « Reliques et Révolution française (1789-1804) », in Philippe Boutry, Pierre-Antoine Fabre et Dominique Julia (dir.), Reliques modernes, Paris, EHESS, 2009, vol. 2, p. 483-585, p. 522-523.

    30AD Seine-et-Marne, L 1366, registre des délibérations du district de Provins (15 mars 1792-9 octobre 1792), fo 15, séance du 24 mars 1792.

    31Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 301, extraits des procès-verbaux de la municipalité de Provins (1791-1793), copie du xixe siècle, pièce 2, arrêté de la municipalité du 31 janvier 1791.

    32Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 283.

    33Ibid., fo 249, procès-verbal de la translation du cœur de Thibaut V (dimanche 6 février 1791).

    34S. Baciocchi et D. Julia, « Reliques et Révolution… », art. cité, p. 523.

    35Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 117, supplément à l’histoire du prieuré et de la paroisse de Saint-Ayoul (Nicolas-Pierre Ythier), p. 171-172.

    36Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 8.

    37Ibid.

    38Félix Bourquelot, Histoire de Provins, Provins, Lebeau, 1840, t. 2, p. 346.

    39Ibid. Il s’agit du canal de l’ancienne congrégation.

    40Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 378, pièce 19, « plan de la Fête de l’Union, de l’Unité, & de l’Indivisibilité de la République Française, qui sera célébrée en Commune de Provins, le 10 Août 1793 » ; Extrait du Registre des délibérations du conseil général de la commune de Provins (2 août 1793), Provins, Michelin père, 7 août 1793, 4 p.

    41Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 117, p. 171-172.

    42Archives historiques du diocèse de Meaux, P Provins Saint-Ayoul 1c1, registres de la paroisse de Saint-Ayoul (1806-1819), p. 105-107.

    43Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 9. L’analyse avait été réalisée par trois médecins et un pharmacien.

    44Ibid., p. 33.

    45Ibid.

    46Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 274.

    47Ibid., fo 308-309.

    48Sur la Saint-Napoléon, on se réfèrera notamment à Vincent Petit, « Religion du souverain, souverain de la religion : l’invention de saint Napoléon », Revue historique, no 663, juillet 2012, p. 643-58 et à Bernard Plongeron, Des résistances religieuses à Napoléon (1799-1813), Paris, Letouzey & Ané, 2006, p. 257-278.

    49B. Plongeron, op. cit., p. 257.

    50Jacques-Olivier Boudon, Napoléon et les cultes. Les religions en Europe à l’aube du xixe siècle (1800-1815), Paris, Fayard, 2002, p. 133.

    51Le curé se réfère au martyrologe universel de Cartelain dans lequel la « Saint Neapolis » est célébrée le 2 mai. Archives historiques du diocèse de Meaux, dossier de correspondance « Provins » (1802-1836), lettre de Nicolas-Pierre Ythier à propos de la Saint-Napoléon, 30 juillet 1806.

    52Journal de l’Empire (1805-1815), mardi 13 octobre 1807, p. 2.

    53Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 144, fo 327.

    54Ibid.

    55Le récit des faits provient en grande partie du dossier constitué par Nicolas Pasques dans les années 1820 à propos du cœur et des os de Thibaut V et conservé au fonds ancien de la bibliothèque de Provins (ms. 196).

    56Maurice Nicolas Isaac Le Lorgne meurt le 12 mars 1814, AD Seine-et-Marne, 6E398/38, registre des décès de la ville de Provins (1814-1815), acte no 251.

    57Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 10-15.

    58Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 337, « Journal de Provins pendant les quatre premiers mois de 1814. Époque de la guerre des alliés pour remettre les Bourbons sur le trône par Mr l’abbé Pasques » suivi du « Journal de Provins pendant l’année 1815 », journal de l’année 1814, p. 29-32 et 65-68.

    59Nicolas Gotteri, La police secrete du Premier Empire. Bulletins quotidiens addressés par Savary à l’Empereur, Paris, Honoré Champion, 2004, t. 6 (juillet 1813-mars 1814), p. 762.

    60AD Seine-et-Marne, 6E398/8.

    61Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 337, journal de 1814, p. 22.

    62Fonds ancien de la bibliothèque de Provins, ms. 196, p. 15.

    63Ibid.

    64FABP, ms. 196, p. 16.

    65Ibid.

    66Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de l’Arrondissement de Provins, 1913, t. 11, procès-verbal de la séance du 7 avril 1913, p. 17.

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